RESUMÉRoberta me défie depuis 6 épisodes, n’acceptant pas de coucher avec moi, alors qu’elle fornique avec tous les autres bipèdes rencontrés. Elle me propose même le mariage. Je la nargue en vivant calmement avec Marion, violoncelliste un peu exhibitionniste.Le désir, pourtant, me taraude, même si je ne veux pas l’avouer.VII – Le désirJe ne suis pas fanatique de musique classique, préférant le jazz ou le blues, mais quand Marion joue du Vivaldi au violoncelle, nue et sans pudeur, j’ai l’archet qui se tend. Je me mets à vibrer en rythme, à jouer sur la peau de ma verge un accompagnement vicieux, à me caresser effrontément pour humecter à distance cette fente obsédante, exposée à mon regard lubrique.Au bout d’un moment, jaloux de cet instrument qu’elle caresse voluptueusement, je remplace l’archet.Elle joue alors de mon outil, d’une main experte, en tire des sons lascifs par des étirements souples. Prend ma verge en bouche, enserre l’embouchure du gland comme une trompette, tripote mes bourses comme Miles Davis manie la sourdine. Elle pose ensuite ses lèvres sur les veines turgescentes de la tige, en joue de la flûte traversière, les doigts caressant les fesses, bouchant le trou de l’anus, générant un son plaintif, une musique extrêmement sensuelle.La symphonie de nos corps démarre en coups de timbales, mettant en route la danse des sexes qui se rapprochent et s’éloignent en accord avec le tempo de la vie. Et cette « touffe de noir-Jésus, qui ruisselle dans son berceau, comme un nageur qu’on n’attend plus… », que je chante avec Léo Ferré, clamant au public: « C’est extra !… »La pénétration de la hampe, par la porte du paradis qui, après plusieurs explorations en profondeur, là où c’est le plus sombre, explose comme un feu d’artifice dans la caverne d’Ali baba. Il est vrai que « C’est extra !… »J’en reste, encore et toujours, le souffle coupé, haletant, émerveillé que tout cela soit si bon.Un concert de musique douce parachève la volupté de nos élans, morceau de harpe en caresses veloutées des cordes de nos fesses tendues, fragments de chuintement des balais sur le tambour de nos ventres lisses, frôlements de vibraphones sur nos pubis duveteux.Marion n’en démord pas : je suis son homme, celui qu’elle attendait depuis toujours. Elle veut vivre avec moi, partager mon existence. Elle attendait un homme mûr, noiraud, avec un corps de sportif « soft », aux muscles peu voyants, une peau légèrement halée, des yeux marron, de petites oreilles bien formées, un ventre plat ou légèrement proéminent, des fesses solides et rondes, une verge de diamètre et longueur « acceptables ».Et, par-dessus tout, des mains de bonne grandeur, ni trop fines, ni trop carrées, elle en fait même un critère éliminatoire, appliquant le précepte : « Montre-moi tes mains, je te dirai qui tu es ! ».Passé à l’examen de son oeil de lynx, j’en suis ressorti grandi, elle m’a adopté, annexé à son existence. Je n’ai plus la possibilité ni l’envie de voir quelqu’un d’autre, tellement je suis comblé de gentillesses, d’attentions, de sourires, de caresses.Après un mois de vie en autarcie, il me semble que nous avons toujours vécu ensemble. Et c’est vrai, nous avons quasiment les mêmes goûts, les mêmes envies, les mêmes besoins, qu’ils soient sexuels, pratiques ou domestiques.Il m’arrive cependant, de temps à autre, de penser à Roberta, à sa demande en mariage. Je n’y ai pas répondu. Je laisse lâchement le temps résoudre le problème. Mais y a-t-il une réponse, une possibilité de ne pas avoir de solution ? J’attends…!C’est Marion qui me fait part d’un coup de téléphone de Roberta, demandant des nouvelles et me signalant qu’elle l’a invitée pour le vendredi suivant. Je fais un peu la moue, ne suis pas très heureux de cette perspective de rencontre, hésite, et parle ouvertement du contentieux qui subsiste entre Roberta et moi.« On lui doit bien cette invitation, c’est elle qui a provoqué notre rencontre, » me dit impérativement Marion.Et Roberta arrive, rayonnante, belle et attirante, en longue robe noire moulante, une étole turquoise cachant mal son décolleté plongeant. Marion observe ma réaction, souriante et insouciante.Je dois avouer que l’aiguillon de la fascination titille insidieusement mon regard et mes pensées. Je constate, avec évidence, mais déçu, que je suis toujours amoureux de Roberta. Son attitude hautaine m’énerve et m’attire, sa beauté me subjugue, son aura trouble la mienne.Le repas se déroule dans une ambiance de franche camaraderie. Marion souvent absente pour des préparations à la cuisine, le vin détendant l’atmosphère, je me hasarde à frôler le bras de Roberta, elle frissonne. Je m’approche d’elle, lui caresse les cuisses, elle se laisse faire, jubile et me tend les lèvres.Marion arrive avec un plat, esquisse un franc sourire, écarte Roberta et m’embrasse à pleine bouche. Marion tend ses seins à Roberta qui s’affaire immédiatement à les dégager de leur prison, écartant les pans de la robe, arrachant littéralement le soutien-gorge. Elle les triture, les lèche, excite les tétons qui durcissent intensément. La partie paraît bien engagée, mes deux femmes sont « à point », mais le repas n’est pas terminé. Roberta déshabille Marion, qui, un peu exhibitionniste, se plaît à déambuler nue pour nous servir et se faire caresser en nous frôlant.Avant le dessert, Marion va chercher son violoncelle et joue un slow langoureux. Je regarde Roberta, son sourire me fait fondre, je la prends dans mes bras. Tous mes souvenirs, toutes mes envies reviennent à la surface et ravivent ma passion. Nous esquissons un pas de danse, lent, voluptueux, chargé de désirs. Nos corps se frottent, nos jambes glissent l’une contre l’autre. Nos mains deviennent baladeuses. Elle m’embrasse le lobe de l’oreille et chuchote : « Mets-moi nue…! ».Lentement, je déroule l’étole turquoise. Mes yeux esquissent une chorégraphie sensuelle passant de son cou gracieux à son décolleté plongeant, de sa bouche ardente à la peau laiteuse du vallon des ses seins. Je descends la fermeture Eclair de sa robe, glisse le tissu de ses épaules, fais tournoyer ma danseuse et regarde avidement cette étoffe soyeuse glisser sur sa peau. N’ayant pas mis de dessous, elle se retrouve nue devant moi.Nous continuons de danser voluptueusement, mon désir grossit fortement mon slip. Je suis hypocritement enchanté de la tournure des évènements et observe Marion, jouant de son instrument, les yeux baissés, un sourire peut-être un peu triste sur les lèvres, le sexe béant, brillant de cyprine humide.Roberta se détache de moi, annonce:« Passons au dessert ! »Quel spectacle, mes amis : deux femmes en tenue d’Eve évoluant autour de la table, profitant de la moindre occasion pour se lever, me frôler, tendre leurs seins vers mes yeux ébahis, laisser tomber une serviette ou un couteau pour me faire admirer leur croupe.Elles en profitent souvent pour se caresser, s’enlacer, s’embrasser comme deux lesbiennes amoureuses. Mon pantalon va exploser, je ne tiens plus la distance et leur fais partager mon souci.Marion s’approche de moi, m’embrasse goulûment et enlève mon pull. En même temps, Roberta s’occupe de ma braguette, de mon pantalon, de mon slip, puis rive sa bouche sur ma verge, offrant un écrin de velours à la peau de mon gland. Je suis aux anges et le clame haut et fort.Marion tourne autour de nous, se glisse entre Roberta et moi, frotte ses seins sur ma poitrine, ses tétons turgescents prêts à griffer, colle sa bouche sur la mienne et s’empale sur mon sexe dans un grand bruit succion. Roberta n’est pas en reste, elle lèche mes bourses, ma hampe, la fente de Marion, son périnée, la raie de ses fesses, la rosace de l’anus, s’y arrête et d’un mouvement de rotation pénètre sa langue dans le conduit étroit. Marion exulte.Roberta se lève, se dirige vers son sac à main, en retire un objet de plastique vert, avec ceinture, qu’elle ajuste à sa taille. Avait-elle prévu nos copulations et préparé ce godemiché en vue de nos ébats ? Elle approche le phallus artificiel de l’oignon offert, titille l’entrée de l’anus et s’y enfonce à la lenteur de l’escargot.Marion, prise par les deux trous, se cambre, agite sa tête, frotte ses seins sur mon torse, se contorsionne, entame un mouvement de va-et-vient sur ses deux queues. Elle décharge bruyamment en haletant, provoquant l’explosion de mon sperme au fond de sa matrice.Rapidement, Roberta, continuant ses mouvements de va-et-vient sur la longueur de son manche synthétique, agrippant les seins de Marion, se met à jouir aussi, mugissant comme un bœuf en rut.Repus, heureux, nous prenons le café dans le plus simple appareil, entrecoupant cette pause d’effleurements, de caresses, d’embrassades, d’enlacements.J’essaie de m’occuper à temps égal de l’une et l’autre de mes femmes, qu’il n’y ait pas de jalousie.Roberta en profite pour nous démontrer le fonctionnement de son godemiché spécial. Il possède, en effet, une deuxième verge que le porteur s’introduit dans le vagin avant de fixer la ceinture. Le mouvement du pénis externe a la particularité de manœuvrer le manche interne, le raccourcissant et l’allongeant en synchronisme, en grossissant et réduisant le diamètre avec un mouvement vertical.Marion, très intéressée, désire l’essayer immédiatement. Elle glisse le premier manche dans son conduit suintant et rempli de sperme, attache la ceinture et pointe son membre viril devant nos visages. Nous le caressons de nos mains fébriles, Marion trouve les sensations particulièrement incroyables.Elle se couche sur Roberta, glisse immédiatement le godemiché dans le sexe humide et accueillant. Elle repart en voyage lubrique, triturant les seins, embrassant la bouche, se frottant sur la peau de cette femelle consentante.Lentement, je reprends forme devant ce spectacle lesbien, mon érection se confirme, Marion s’en aperçoit, et m’ordonne, méconnaissable :« Encules-moi…! » et continue, pratique : « La vaseline est dans le tiroir de la table ».Je ne me fais pas prier, titille la rosace de son anus avec un doigt graissé, puis deux, approche mon gland de l’ouverture et m’enfonce dans son rectum, lentement, sur la longueur de ma hampe. Marion jubile, remue le popotin de plaisir, réalise un grand mouvement de va-et-vient dans le sexe de Roberta, de façon à ce que ma verge parcoure, elle aussi, toute la profondeur du conduit de son arrière-train.Je palpe des fesses, des seins, des pubis, des clitoris, la chaleur monte. Grisés de plaisirs sensuels, nous jouissons en chœur, j’éjacule dans la raie des fesses de Marion et m’empresse d’étendre le liquide séminal sur sa peau douce dans une grande caresse voluptueuse, finissant le mouvement, de mes doigts dégoulinants, dans sa bouche. Elle les avale goulûment, les lèche, les mordille, émettant des sons évocateurs d’aspiration et de succion.Je prends un peu de distance et me rince l’œil du spectacle charnel de ces deux femmes, belles à souhait, désirables et désirées, se caressant lentement, délicatement, explorant chacune la totalité de surface de peau de sa compagne.Je ne peux pas résister au désir d’aller chercher mon appareil de photo et réaliser encore une fois des clichés d’anthologie. Il me semble évident que je ne pourrai jamais me lasser de la beauté de la nudité, du charme de ces caresses lesbiennes, de la féerie de ces courbes féminines, de la majesté de ces enlacements érotiques. La photo est là pour fixer ces instants, les mettre en valeur, les rendre intemporels et peut-être aussi, je dois me l’avouer, pour conjurer la vieillesse et le flétrissement.Le lendemain, Marion revient sur « le sujet »: le mariage avec Roberta. Et de façon très diplomatique, me laisse en face de mes responsabilités :« Il est évident que tu es toujours amoureux d’elle. Devant Roberta, tu rampes, te fais tout petit, écarquilles les yeux comme un matou amoureux de sa maîtresse. »Elle continue, fataliste:« La vie est ainsi faite, certains s’assemblent, sont faits l’un pour l’autre, comme les pièces d’un puzzle. D’autres essaient de s’accoupler, ont du plaisir, mais gardent toujours des éléments dissonants, c’est notre cas. »Je tente de protester, elle me fait taire d’un geste gracieux.« Par exemple : la musique classique ne te convient pas vraiment ! Elle te plaît parce que je la joue nue, avoue que ce n’est que mon sexe qui t’attire, et ceci dès le début. Voilà un motif de discorde futur… Avec Roberta, je pense que tu n’auras pas une surprise pareille, m’affirme-t-elle. Vous êtes faits l’un pour l’autre ! »Le jugement est sans appel. Il ne me reste qu’à m’incliner. Nos six semaines de vie commune, avec Marion, m’ont inspiré une réflexion profonde et une aspiration à un peu de calme et de stabilité. C’est dans cet esprit que j’avise Roberta de mon accord à un engagement de vie commune.Nous convenons d’un rendez-vous pour un repas « en amoureux » dans un restaurant sympa. Nous définissons les modalités de notre mariage et Roberta m’annonce une exigence insensée :« J’aimerais que nous ne consommions pas notre mariage avant la nuit de noce…! Je désire rester « vierge » de toi avant l’officialisation de notre liaison…»Je reste muet, une minute, vide de réflexions et m’entends dire d’une voix monocorde :« Ok, tu es ma maîtresse, dans tous les sens du terme. »Trois mois plus tard, nous nous sommes mariés. Sans avoir fait l’amour, mais gardant à l’esprit les possibilités infinies de jouir de nos sexes.J’écris ce texte six ans après notre mariage, père de deux enfants de cinq ans et trois ans, et témoignant d’une rare complicité sexuelle ma femme.Roberta vient de lire ma confession, elle réfléchit et lance, cinglante:« Tu ne te corrigeras jamais de ton voyeurisme de photographe ! »Elle ajoute aussitôt :« J’ai apprécié tes descriptions, tu exagères quelque peu la vérité, certaines parties sont aussi ennuyeuses qu’ »Emmanuelle », d’autres aussi irréelles qu’ »Opus Pistorum » de Henri Miller, mais je t’aime. »La partie de jambes en l’air qui suivit fut encore une fois intense et mémorable.