Il est dix-sept heures quinze. Martin est assis sur le bord du lit, Nadia sur ses genoux, dans une chambre banale d’un hôtel banal de la place de la Gare. Heureuses de se revoir, les lèvres, les mains et la peau des deux amants savourent le plaisir de retrouver le contact de l’autre.Le mobile de Martin sonne. Il le sort de sa poche, machinalement. Le nom qui s’affiche est celui d’un collègue et pote, Thomas, par ailleurs mari de Nadia.— Ton mec, qu’est-ce que je fais ?— Regarde ce qu’il veut, il me cherche peut-être. Je lui ai dit que j’allais faire des courses en ville, mais comme il est jaloux…— Salut Thomas, qu’est-ce que tu veux ? Dépêche-toi, je suis occupé…— Ça te dit de venir courir avec moi ? Ma femme est partie en ville avec ta femme pour voir de nouveaux rideaux, et j’ai pensé que nous deux pouvions en profiter pour transpirer un peu.— Oui, je les ai vues partir ensemble. Mais j’ai mieux à faire que de transpirer avec toi.— Mon salaud… Encore une femme ? Tu n’es jamais fatigué ? Je la connais ? Qui c’est ? L’une des nouvelles stagiaires de la boîte ? Laquelle ? Sacré queutard ! Je t’envie… Toutes ces femmes qui te courent après… Moi, tu sais, depuis quelque temps, avec Nadia, tout ne va pas très bien, mais je ne veux pas t’ennuyer avec mes problèmes de couple. Mais dis-moi… Vous en êtes où ? Vous en êtes aux choses sérieuses ? Vous êtes déjà à poil ? Ne sois pas si pressé de raccrocher…— Salaud, tu m’avais caché que tu les draguais toutes… Je croyais que j’étais la seule ! — C’est pas vrai, c’est ce qu’il croit, mais tu sais bien que je n’aime que toi !— Ouais… on va faire comme si et, puisque je t’ai là , pour moi toute seule, je vais bien en profiter !— On ne peut rien te cacher… Si tu me promets d’être discret et ne rien dire à Lisa, oui, j’ai une femme dans les bras.Contre le corps de Martin, Nadia se raidit, mais il la calme d’une légère caresse sur l’oreille.— Je la connais ?— Je ne crois pas que tu la connaisses, ou alors à peine…Nadia embrasse Martin dans le cou, lui mordille le lobe de l’oreille…— Sale menteur… mais c’est en partie vrai, mon mari me connaît bien mal…— Elle est comment ?— Pas mal carrossée, à l’ancienne, en rondeurs… pas trop de kilomètres au compteur, semble en bon état, réactive, une belle cylindrée, chaude…— Salaud, comment tu parles de moi… je ne suis pas une bagnole ! »)— Si je te promets silence et discrétion, tu me racontes ce que vous faites ?— T’es gonflé de me demander ça, c’est difficile, faudrait que je demande à la dame…— Oui, demande-lui, et arrange-toi aussi pour que je puisse vous entendre…Martin consulte Nadia du regard. Elle lui sourit et hausse les épaules. — S’il le faut pour garantir sa discrétion, pourquoi pas ? Mais on est de sacrés pervers, tous les deux…Martin met son téléphone en mode haut-parleur et le pose sur le chevet.— Elle est d’accord… Nous n’en sommes qu’à l’échauffement. Nous venons de nous embrasser, et nos langues se sont bien régalées, puis j’ai ouvert son chemisier et j’ai glissé une main exploratrice dans son décolleté, afin de tâter le terrain… La coquine n’a pas mis de soutif… Le terrain ne semble pas hostile à mes tâtonnements. Je poursuis et prends un sein dans ma main droite, je le palpe, je le lutine, j’en taquine le mamelon, et l’insolent me remercie en se dressant fièrement entre mes doigts. Je change de sein, lui fais subir les mêmes tourments, il se rebelle, comme son frère… Elle m’embrasse dans le cou, et commence à gémir… Tu l’entends ?— Non, pas bien, fais-la hurler de plaisir ! Parle-moi de cette chienne en rut, parle-moi de son con dégoulinant, de ses mamelles dressées, de son cul affamé de foutre !— Ne sois pas con et vulgaire ! Cette femme n’est pas une bête. Elle a un corps que je respecte… et son chant de plaisir sera une vraie musique… Quand j’entends ça, j’ai envie de raccrocher !— Non mon chéri, ne raccroche pas, ce petit jeu commence à drôlement m’exciter… Fais-moi voir dans quel état de forme tu es et… ne me respecte pas trop tout de même…— Nonnnn ! T’en as de la chance… Si seulement j’arrivais à faire jouir Nadia comme tu fais jouir cette meuf… euh… cette femme…— Bon, je veux bien continuer… Maintenant, elle a ouvert ma braguette, a sorti mon sexe et le caresse délicatement, comme une porcelaine… Elle se penche vers lui, l’embrasse doucement, le prend entre ses lèvres, commence à le suçoter, ou plutôt, à le téter, et c’est délicieux…— J’ai envie de voir sa tête en train de te sucer, filme-la, de dos…— T’es fou ? J’ai pas envie que ça finisse sur internet ! Mais je suis trop excité pour résister longtemps à ses lèvres et à sa bouche… Je la redresse, j’ai trop envie d’embrasser sa bouche, qui m’a si bien honoré ! Elle est maintenant torse nu, et met ses seins sous mes yeux, qui les dévorent avidement, les regardent onduler sous les frissons qui agitent son corps… Elle m’embrasse à nouveau, dans le cou. Sa main a lâché mon sexe pour me caresser la nuque. Ma main descend vers son ventre, vers son pubis velu…— Mais il est tout glabre, je l’ai fait épiler de frais hier, rien que pour toi !— Chut, c’est pour l’égarer… — Ah bon… — Mes doigts entortillent ses poils, descendent vers son petit bouton, le titillent doucement, elle gémit… Tu as entendu le petit cri qu’elle vient de pousser, malgré ma main sur sa bouche, pour ne pas effaroucher le personnel de l’hôtel ?— Je l’ai pas entendu, mais je l’imagine… Continue !— Elle se pend à mon cou, me mordille le lobe de l’oreille… Elle semble avoir terriblement faim… Depuis quand n’a-t-elle pas… mangé ? J’engage doucement un doigt dans son ventre, ruisselant, puis deux doigts… Elle écarte un peu plus les cuisses pour accueillir un troisième doigt, qui ne se fait pas prier. Mes doigts fouillent dans son sexe, préparent l’entrée du quatrième, qui profite bientôt de l’invitation… Elle sait bien ce qui va lui arriver, elle se crispe un peu et enfonce sa tête dans mon épaule. Je pousse un peu et, ça y est, toute ma main est enfoncée dans son corps. Je remue les doigts dans son vagin, comme le ferait une araignée emprisonnée, et qui ne peut s’enfuir. Son ventre est pris de spasmes, elle s’agite comme une diablesse, me griffe le dos, me mord l’épaule, pour étouffer ses cris, que je connais si bien. Elle crie ! Tu l’as entendue crier ?— Oui, j’ai entendu, j’ai même cru que tu l’avais poignardée…— Maintenant, elle a perdu tout contrôle de son corps, elle est déchaînée, elle jouit en hurlant (s’il y a des voisins, qu’est-ce qu’ils vont imaginer ?), elle agite violemment son ventre autour de ma main, au risque de me la casser… Elle redescend doucement du énième ciel où elle est montée, et je peux retirer, délicatement, ma main de son sexe.— Avec un pareil traitement, comment sa chatte… euh… son vagin va-t-il percevoir ta queue… ton sexe ? À moins que tu fasses partie du club Anaconda…— Je n’en suis pas encore là , chaque chose en son temps ! Il faut d’abord qu’elle reprenne son souffle, on n’est pas à l’usine, que diable ! Et la taille de l’outil est moins importante que le savoir-faire de l’ouvrier… Je continue… Elle revient à la vie, me sourit d’une façon très coquine, s’allonge sur le lit, écarte les cuisses et lève les jambes, qu’elle prend dans ses mains… Ça, c’est une invitation directe, ou je n’y connais rien ! Va falloir que j’assure dignement le ou les services, sous peine de révocation immédiate…— Arrête de parler, viens…— Bon, maintenant, silence radio… Contente-toi d’écouter ce que tu peux entendre… Je cause plus, j’agis ! Il faut maintenant que j’aille au fond des choses !Martin passe de la position assise à la position allongée, sur sa maîtresse, et son exubérance ventrale trouve facilement une cavité accueillante pour s’y loger, s’y vautrer et y entamer une mécanique binaire (genre : je vais – je viens) avec quelques variantes improvisées, de type : il fait semblant de sortir, pour qu’elle languisse, et se plaigne, avec force gémissements, elle, la si excitante hôtesse de son bas-ventre.Mais une intuition l’assaille, il se rend compte que le haut-parleur de son smartphone lui renvoie, en écho de ses ahanements, les ahanements de Thomas… Il se met en pause— Ne t’arrête pas, continue, je veux encore jouir…Puis reprend la parole :— Dis-moi, Thomas, t’es en train de te branler, ou je me trompe…— Oui, ça m’excite trop, ce que tu fais avec cette femme.— Ben, mon salaud… Tu manques pas d’air. Te masturber en écoutant ton collègue s’envoyer en l’air…— C’est beaucoup plus excitant que faire l’amour avec Nadia… Elle est un peu frigide, tu sais…— Non, je ne sais pas, et je ne veux pas le savoir !— Moi, frigide ? Le con, s’il me voyait !— Il t’entend jouir, et semble bien apprécier ton chant d’amour… Tu vas finir par le faire jouir, à distance.Alors Martin relève Nadia, la met à genoux sur le lit, le visage tourné vers le téléphone, se place derrière ses fesses et rengage le dialogue (je te prends, tu te donnes, etc.) avec elle. Martin est gêné d’entendre se masturber ce Candaule inconscient, car tel est le prix de sa discrétion, mais il est aussi un peu honteux du jeu qu’il joue, avec tant de perversité, avec la femme de son collègue. Son sang commence à bouillir, il lui faut mettre un terme à cette scène. Il accélère ses mouvements dans le ventre de Nadia, son ventre cogne les fesses de celle-ci, son sexe frotte de plus en plus vite les parois de son vagin, en heurte le fond de plus en plus fort. Surprise par ce brusque galop dans son corps, Nadia s’abandonne, geint, de plus en plus fort, puis se met à crier, d’abord d’une voix rauque, puis plus claire, jusqu’à jouir en poussant un hurlement de louve, qui déclenche le plaisir de son amant, presque aussi bruyant que le sien.— C’était top, qu’est-ce qu’elle a pris ! J’ai pas pu me retenir… Ah, c’est pas ma femme qui crierait comme ça… Mais… cette voix me dit quelque chose… Tu es sûr que je ne la connais pas ? En tout cas, rappelle-moi quand vous recommencerez !— Non ! Tu as eu ce que tu voulais. Le spectacle est terminé pour aujourd’hui ! Les actes suivants seront joués à huis clos…