En ce temps là…J’ai toujours été un gros nase, mais à cette époque de ma vie ce n’était pas simplement une couche qui me recouvrait… mais plutôt une carapace ! J’en avais vraiment un bon coup dans la cafetière, passablement fêlé le bougre, le style du personnage qui vous laisse pantois, baba, atterré et scotché aux mécanismes obscurs d’un délire incompréhensible.Tel un ’poor lonesome cowboy’ dégingandé, j’errais donc dans le no man’s land de ma folie passagère, cherchant par-dessus tout à échapper au vivant. Il me fallait la solitude, beaucoup de solitude, toujours plus de solitude, les grands espaces, les déserts infinis, à perte de vue, une saine tranquillité pour rassasier ma démesure.Armé de mitraillettes virtuelles, de bazookas dévastateurs, prêt à tirer sur tout ce qui bouge, je progressais avec panache dans l’inextricable méli-mélo neuronal qui prenait naissance dans mes cervicales pour m’exploser le nerf optique. Alors que je rêvais d’épurations, de carnages et de massacres, tout en moi réclamait « vengeance », vengeance et rébellion, rébellion et revanche. Ralliez-vous à mon panache blanc !C’est certain. J’allais un jour devenir leur idole, leur divinité passagère, l’entité biblique de toute une foutue génération d’encenseurs qui ne pourraient que m’aduler et se jeter à mes pieds dans un sursaut d’admiration béate.Evidemment que je déconne : J’étais encore bien pire que tout ce que je ne pourrai jamais en raconter… et tout ça dans la gamme du psycho-tarabiscoté. Car vraiment j’y croyais. Ce n’est que maintenant que je m’aperçois que je déconnais vraiment, parce qu’à cette époque je n’avais aucun doute ni aucun point de repère : Un jour j’allais forcément tous les niquer, ils finiraient tous par m’aimer et ils se mettraient à chouiner comme de pauvres loques en regrettant amèrement de ne pas m’avoir plus tôt glorifié.Parallèlement à cela, je cherchais désespérément l’âme sœur, une entité féminine nécessairement encore plus atteinte que moi, un être totalement improbable, autant dire que ma recherche était nécessairement chimérique, et ce depuis toujours (Et surtout dans les endroits que je fréquentais, de vieux sous-bois dégoulinants d’ennuis et grignotés par les ronces).On finirait par s’aimer, à la folie et sans limite en faisant des bras d’honneur à tous ces enculés. À nos côtés juste une petite bande de bandits sans foi ni loi qui nous seraient fidèles et tous les autres étaient à détester, on les massacrerait. Inévitable !Je m’étais fait une cabane au milieu de nulle part, une sorte de petit fortin préhistorique où je vivais reclus, à même le sol véreux et détrempé. J’y passais toutes mes journées l’été, à rêvasser, à ne rien faire, recroquevillé sur moi-même, inquiet au moindre bruit.Je ne rentrais ’at home’ qu’à la tombée de la nuit, tout simplement par lâcheté, profondément débile jusqu’au bout de mes actes, juste pour dormir dans des draps rêches, pour coucher dans un lit pouilleux, tout en m’obligeant à échanger quelques syllabes bâtardes avec tous ces fantômes qui m’entouraient et qui m’étaient parfaitement étrangers. Mais qu’avais-je de commun avec eux ? Rien, et rien depuis longtemps et rien depuis toujours !Par moments cela ne faisait aucun doute : J’avais été largué d’une soucoupe volante et j’étais tombé là par hasard, dans cette tribu de morts vivants, ces zombies qui se faisaient appeler « êtres humains » mais qui n’avaient rien à voir avec moi, de pâles copies de la caste des dieux dont j’étais descendant, en ligne directe.Et donc je vivais dans les bois, en attendant mon tour, à grignoter des pommes véreuses et à fumer des P4. Mes idées fixes qui jouaient la sarabande et qui creusaient des sillons.J’avais été traîner du côté de la décharge, sauvage et illégale. Sous le soleil de Juillet ça empestait l’asticot et la nuit sous la lune les rongeurs grouillaient. Sous tout ce fatras, on aurait pu enterrer n’importe quel cadavre, n’importe qui balançait d’ailleurs n’importe quoi.Et moi j’avais trouvé des livres de cul. Enfin des livres de cul c’est un bien grand mot ! Ce n’était que quelques vieilles revues en grande partie en noir et blanc et qui n’avaient déjà plus cours à l’époque. Probablement un vieux cochon qui avait eu des remords. J’en avais trouvé tout un stock mais je vous dis pas l’odeur !Comme je n’avais pas trop de lecture, ça me faisait rêver.J’avais même découpé les photos de Diane chasseresse, c’était une brune lascive complètement dénudée qui prenait des poses suggestives sur des meules de foin.Elle avait un sein bien plus gros que l’autre, elle avait dû perdre un sein. Ca, ça m’avait choqué. Mais en même temps ça me fascinait. Comment une femme amputée d’un sein avait pu oser se prêter au jeu des photos coquines. J’essayais de deviner à travers ses regards ce qu’elle pouvait avoir de plus que les autres. J’aurais bien aimé la connaître. J’avais collé ses photos jaunies sur tous les murs de la cabane. Et j’essayais de coller sur ces clichés des brides de textes pris au hasard dans les autres bouquins. Tout était bidon, rien de vraiment très excitant mais dans cette pénurie je m’étais quand même construit un univers de plaisir. Et il m’arrivait même de me masturber en m’imaginant croisant Diane dans un des champs avoisinants, et surtout en l’imaginant elle, entièrement nue, dans un endroit familier.Début Août la réalité a rejoint la fiction car j’ai fait une bien étrange rencontre à quelques pas de là.Il devait être six ou sept heures, un soleil de plomb avait rendu l’atmosphère étouffante tout l’après-midi. Le temps était à l’orage. Le tonnerre résonnait dans le lointain. S’il y a quelque chose qui me fascine, c’est bien l’orage avec cette délicieuse odeur d’ozone qui enveloppe l’atmosphère et ces grosses gouttes chaudes qui dégringolent du ciel.J’étais donc sorti de ma tanière, décidé à profiter à l’occasion pour prendre une bonne saucée, j’espérais même rentrer à la cambuse avec des vêtements à tordre, imprégné d’une bonne odeur de chien mouillé pour bien me faire engueuler. Et je traversais les prés à grandes enjambées, l’air guilleret, le cœur léger.C’est alors que j’ai remarqué ce curieux personnage à l’autre bout du pré. Elle était complètement enroulée contre un arbre, le jean à moitié débraillé, on aurait dit qu’elle se frottait ! Je ne savais pas au juste ce qu’elle faisait, simplement je devinais. Et puis j’étais aussi beaucoup trop loin pour voir quoi que ce soit. Simplement mon intuition me disait qu’il devait s’agir de quelque chose de sexuel qui se tramait sous mes yeux. Je n’avais encore jamais vu personne et encore moins une femme faire concrètement quelque chose avec son corps. Il me semble qu’elle se tenait plus qu’elle ne se frottait contre l’arbre mais son pantalon était bel et bien entrouvert et son autre main était sans nul doute entre ses cuisses, affairée à quelque entreprise solitaire.J’étais cloué sur place. Je ne me suis pas approché. Je suis sûr que ce jour là elle non plus ne m’a pas vu. J’étais suspendu à son désir de jouir et je regardais, émerveillé. Ça a duré longtemps, ça n’en finissait plus… jusqu’à ce qu’elle se torde enfin en deux et qu’elle s’assoit par terre, terrassée par la jouissance.Elle a mis un certain temps à se relever. Puis elle a prestement rajusté son jean et s’en est allée de l’autre côté.C’est la première fois que j’ai fait l’amour ou que j’en ai eu l’impression, si l’on peut appeler ça faire l’amour. En tout cas ça m’a beaucoup marqué.Les jours qui suivirent furent obsessionnels : Une seule idée en tête, revoir cette fille en train de se toucher. Combien de fois je me suis masturbé en pensant à elle ? Je ne l’avais pas bien vue, ce qui est certain c’est qu’elle n’était pas vraiment brune. Mais dans ma tête c’était un mélange de Diane chasseresse et de Josiane qui se mélangeaient.Je ne sais pas pourquoi, j’avais décidé qu’elle devait s’appeler Josiane et déjà pour moi toutes les Josiane de la terre devaient être de sacrées coquines, peut-être encore plus que les Diane. Elle devait se toucher tout autant que moi… alors que je pensais vraiment à cette époque que les autres jeunes femmes, les normales, les bien élevées, ne pouvaient vraiment avoir aucune idée sexuelle en tête ! Pour elles tricots, parfums, cuisine et papotage et pour les garçons foot, bibine, bagnoles et cul !!!!Les premiers jours je me suis contenté de faire le guet devant ce point fétiche… Puis, devant son absence répétée, je me suis décidé à élargir mon cercle d’intervention. D’où venait cette fille ? Elle devait bien venir de quelque part ! Probablement de pas très loin. J’avais aussi très peur de ne jamais la revoir.La chance fut avec moi. La veille du 15 Août, je l’ai repérée aux abords de sa ferme. Elle vivait beaucoup plus au Nord, à quatre ou cinq kilomètres de ma tanière, dans une des métairies du château. Apparemment c’était la fille du métayer ou tout du moins une des filles. Le père avait la cinquantaine grisonnante et la mère était sans âge. Quant à ma Josiane, elle n’avait rien de spécialement attirant, grande, sèche, une abondante crinière châtain clair, et son inévitable accoutrement (pantalon sans forme, chemise épaisse, bottes crottées) rien de bien séduisant. Je lui donnais plus de 25 ans, peut-être même 30, mais pour moi c’était une déesse sortie tout droit des cieux, un ange merveilleux qui effaçait d’un coup toutes mes années de souffrance.Je les regardais depuis les fourrés à quelques centaines de mètres, elle et son entourage, j’avais fauché une paire de mauvaises jumelles à l’épicerie du coin. Je m’imprégnais de chacun de leurs gestes, je voulais tout savoir, tout connaître, tout savoir et surtout ne pas rater ses prochaines incartades ! J’étais d’une patience infinie, restant des heures à surveiller, à ne rien faire.J’ai passé le premier jour dans les orties, à la surveiller, à guetter ses moindres allées et venues, à attendre surtout de longs moments tandis qu’elle vaquait à ses affaires dans l’un des bâtiments.Ensuite j’avais pris un peu de hauteur en grimpant dans un arbre. Tous les matins, de bonne heure, je regagnais mon perchoir. Je n’étais pas à l’aise, d’ailleurs à la fin de la journée j’étais tout engourdi. Mais qu’importe cette mission était pour moi capitale, rien ni personne n’aurait pu m’en détacher.Ma patience fut enfin récompensée au bout de cette longue semaine où il ne se passa à vrai dire pas grand chose lorsque je la vis s’éclipser discrètement en fin d’après-midi en direction des bois. Branle-bas de combat, je lui ai immédiatement emboîté le pas tout en prenant bien soin de garder mes distances. Elle s’est enfoncée dans le sous-bois à grandes enjambées, elle allait tellement vite et la végétation était à cet endroit tellement abondante que j’ai eu un instant peur de la perdre…Le craquement d’une branche m’a permis de la repérer. Elle s’était arrêtée aux abords d’une clairière tout contre un arbuste. À cet endroit quelques arbres abattus laissaient les rayons de soleil passer, ils inondaient ma dulcinée.Elle me tournait le dos, je ne voyais pas grand chose mais je devinais quand même qu’elle avait dégrafé son jean et qu’elle s’affairait, lentement, doucement, sans geste excessif.J’étais très frustré de ne pouvoir rien voir, j’ai décidé de me déplacer. J’ai contourné lentement les arbres en essayant d’éviter de faire du bruit. Quelle galère ! Il me semblait que j’allais tout rater.Je me suis retrouvé à 9 heures derrière un gros tronc d’arbre qui me protégeait. Debout, bien droite, elle avait effectivement la main entre les cuisses et elle s’astiquait, jean et culotte baissés à mi-cuisses. Elle fermait les yeux et se laissait aller, une main sur la chatte et l’autre fermement agrippée au jeune bouleau pour ne pas tomber.Malgré les jumelles, je ne voyais pas grand chose, je ne faisais que deviner. Au bout d’une dizaine de minutes, j’ai décidé à nouveau de me déplacer pour me retrouver de face. Et là quel spectacle : voir cette main fébrile s’agitait dans ce buisson ardent, quel spectacle ! Je bandais comme un ours en m’acharnant sur les jumelles. J’aurais voulu voir sa chatte, l’intérieur de sa chatte, elle était trop poilue et ses doigts camouflaient le reste.Elle n’en finissait pas de se caresser. Par moment elle ralentissait pour reprendre de plus belle. Un spectacle enchanteur, je vous dis.Depuis un certain temps, ses yeux étaient ouverts et elle semblait chercher quelque chose dans les buissons, quelque chose ou quelqu’un… J’avais dû faire du bruit. Elle semblait un peu inquiète quoique qu’inquiète n’est sans doute pas le mot approprié. D’ailleurs elle continuait de se masturber. J’ai essayé de me cacher du mieux possible pour ne pas être repéré. Le problème c’est que dans cette posture je ne voyais plus grand chose, et mon désir de tout voir était vraiment trop fort. Un instant rassuré par le fait qu’elle regardait ailleurs, j’ai continué à mater cette main qui progressait dans sa chatte. J’étais réellement fasciné par son activité fébrile, j’aurais aimé la voir encore plus débridée arracher ses vêtements, totalement s’exhiber… mais elle ne semblait pas décidée.Cette longue masturbation a duré presque une heure, une heure de frotti-frotta effréné, quel divin spectacle ! Le soleil qui jusqu’à présent l’inondait commençait à vaciller. Elle s’est finalement tordue dans la jouissance. Sa main qui jusqu’à présent agrippait le bouleau a lâché d’un coup, elle s’est retrouvée sur le cul, complètement hébétée, hagarde, méconnaissable, les yeux révulsés par le plaisir. Elle est restée un long moment dans cette posture, peinant visiblement à reprendre haleine, avant d’émerger à nouveau. Puis elle s’est relevée et a rajusté prestement son pantalon comme la première fois avant de reprendre le chemin du retour.J’ai attendu un peu et puis je l’ai suivie. Comme à l’aller elle avançait très vite. J’avais du mal à la suivre, d’ailleurs je l’ai perdue. Qu’importe, je savais désormais où elle allait !Une surprise m’attendait. En émergeant du bois j’ai été accueilli par un « Bonjour » grinçant. J’ai dû rougir jusqu’aux deux oreilles, je me suis liquéfié sur place. Elle était à deux mètres, elle me regardait, j’étais pitoyable.— Savez-vous que vous êtes sur une propriété privée ? Je pourrais le dire à mon père !J’avais les jambes qui flageolaient.— Allez, partez, mais j’espère que ce que vous avez vu restera entre nous… Et que je ne vous vois plus traîner de ce côté.Bien sage, je n’y suis jamais retourné.Longtemps pourtant l’image d’une femme, debout, en habits crottés, en train de se branler, a hanté mes rêves. Combien de fois je me suis masturbé en pensant à ces deux saynètes, combien de fois j’ai crié le nom de Josiane en lâchant ma purée ? Mais à quoi ressemblait-elle vraiment ? Lorsque je ferme les yeux, je la vois avec la tête de Diane et je l’imagine amputée d’un sein sous son épaisse chemise de coton…