Le feu de l’enfer…SĂ©rie estivale de portraits, cartes postales, piquĂ©s sur les plages de France et quelques lieux de villĂ©giature estivale. Portraits de femmes et d’hommes, Ă qui, sous prĂ©texte que c’est l’étĂ© et qu’ils sont en vacances, tout semble ĂŞtre permis…L’étĂ©, propice Ă toutes les rencontres, toutes les opportunitĂ©s, toutes les excentricitĂ©s ? Pour bon nombre d’entre nous, tout le monde en a entendu parler, mais très peu les vivent. Jamais lĂ au bon moment, au bon endroit ! Et vous dĂ©couvrez, souvent après coup, que vous ĂŞtes passĂ© Ă cĂ´tĂ© de ce qu’il fallait voir, car vous n’en Ă©tiez pas loin… Et cela pourrait presque venir gâcher vos vacances, enfin leurs souvenirs.Alors, pour vous Ă©viter de rentrer moroses, je vous propose quelques portraits, piquĂ©s au vif, sur les plages, dans quelques stations balnĂ©aires de nos cĂ´tes, ou dans quelques lieux touristiques que vous avez peut-ĂŞtre frĂ©quentĂ©s… Adaptez-les Ă vos souvenirs et faites-les vĂ´tres… Ils sont Ă vous.Le feu de l’enfer…La Provence, par ce temps chaud et estival, m’envoie dans le nez ses mille odeurs de terre brĂ»lante, cuite par le dur soleil qui plombe une vĂ©gĂ©tation rabougrie et odorifĂ©rante. Cistes, romarins, thym, fenouil, toutes leurs odeurs se mĂ©langent et s’amalgament avec celle des vieux figuiers qui Ă©talent largement leurs feuilles vertes et me procurent un semblant d’ombre et de fraĂ®cheur. Et toutes ses odeurs se mixent aussi avec celle des pins, qui balancent leurs cimes dans un ciel d’un bleu Ă©clatant.En traversant cette pauvre garrigue, mes semelles dĂ©placent des gerbes de criquets et sauterelles tandis que mes oreilles sont assourdies par le crĂ©pitement des cigales. Je n’ai qu’une hâte : arriver au plus vite Ă destination, trouver l’ombre fraĂ®che et un grand pastis…Oui, mais en attendant, je dois avancer, un peu perdu dans ce dĂ©sert vĂ©gĂ©tal, et mon point de rendez-vous semble encore loin ! Et ici, pas question de faire une pause, de griller une clope. D’ailleurs, le garde forestier qui m’a indiquĂ© le chemin de la tour de guet, m’a aussi très sympathiquement confisquĂ© allumettes et cigarettes. Prudence est mère de sĂ»retĂ©, dit le proverbe, on ne sait jamais !ArrivĂ© la veille d’Arbois, je me suis installĂ© dans un de ces petits villages du LubĂ©ron oĂą, le soir, il fait si bon vivre, mais qui est envahi de touristes et de Parisiens. Heureusement, le patron, qui a compris ma soif de tranquillitĂ©, m’a indiquĂ© cette balade en me glissant Ă l’oreille :— Pour sĂ»r, personne y va dans la journĂ©e, parce qu’avĂ© ce cagnard, faut ĂŞtre fada ou estranger pour aller s’y promener. Pourtant, du haut de la tour de guet, vous aurez la plus belle vue sur notre LubĂ©ron !Le tout dit avĂ© l’assent, chantant comme une source intarissable au moment du pastis, qu’on sirote sous les hautes futaies des platanes de la petite place.Et voilĂ comment, ce matin, je me retrouve, arpentant la garrigue, dans un chemin « que mĂŞme un mulet, y voudrait pas y monter et les chèvres l’évitent », en direction de la fameuse tour de guet.Cette tour, fiertĂ© du village, est loin d’être un vestige historique. Cela serait mĂŞme le contraire. Elle a, paraĂ®t-il, Ă©tĂ© l’objet d’une querelle dans la communautĂ© villageoise et entre les diffĂ©rents villages du coin, tant elle est laide, moderne et inesthĂ©tique.Oui, mais c’est la tour de guet. Celle qui doit empĂŞcher que les incendies qui mettent Ă mal les pauvres restes de forĂŞt qui dressent, de-ci, de-lĂ , quelques troncs Ă©chappĂ©s Ă leurs flammes dĂ©vorantes.Soufflant comme une forge, suant comme dans un sauna, j’arrive enfin en haut d’un promontoire, pour dĂ©couvrir que mon sentier pour chèvres, dont les ronces et autres Ă©pineux ont dĂ©chirĂ© mes mollets, coupe une belle piste bien large. Piste qui me conduit au pied de la fameuse tour.Un bâti carrĂ©, mastoc, peint en blanc Ă©clatant, haut de plusieurs dizaines de mètres et surmontĂ© d’une sorte de lanterne, reproduisant les tours de contrĂ´le des aĂ©roports. Le toit est hĂ©rissĂ© d’antennes et, tout autour, un balcon promenoir est suspendu dans le vide.Alentour, le paysage qui s’étale sous mes pieds est Ă couper le souffle (mais ça, ma petite grimpette, vient dĂ©jĂ de s’en charger toute seule !). Le regard porte loin. Aux quatre points cardinaux, rien n’est lĂ pour l’arrĂŞter. Après que j’aie admirĂ© cet endroit, une voix venue d’en haut, fraĂ®che comme un baquet d’eau de source alpine, m’interpelle :— HĂ©Â ! Montez si vous vous voulez…Je dresse la tĂŞte, positionne mes mains en visière au-dessus de mes yeux, pour apercevoir, plus ou moins en contre-jour, une silhouette fĂ©minine, fluide, cheveux mi-longs flottants dans la brise chaude qui souffle ici.— Merci ! J’arrive…Dans un dernier effort, je pousse la porte vert pomme qui est face Ă moi et entame la montĂ©e d’un escalier Ă vis qui grimpe au sommet de la tour. Pas de palier, juste des marches qui montent, montent, montent… et montent encore ! Quand j’arrive au bout de mon ascension, un sourire Ă©clatant sur un visage cuit par le grand soleil m’accueille, avec deux yeux gris verts qui me font oublier les efforts, mon souffle court et les premières courbatures dans mes mollets.— Salut ! Je suis Magali.— Bonjour ! En bas, au village, on m’a dit que je pourrais voir le paysage depuis ici !— SĂ»r. Y a pas de problème. De toute façon, je savais que vous alliez arriver. Adrien – c’est le garde forestier – m’a avertie de votre venue.— Ah !— Oui, ici et d’ici, on surveille tout ! Je vous ai vu de loin, monter par le sentier. Mais vous auriez pris la piste forestière, vous vous seriez moins enquiquinĂ© la vie ! dit-elle en riant.Et voilĂ comment on se fait avoir, comme un touriste… On vous expĂ©die sur les sentiers de chèvres, alors que cent mètres plus loin a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e une piste nettement moins difficile. Mais je ne regrette pas mes efforts.Bien au contraire. La dite Magali, qui ne cesse de parler – pensez donc, une femme qui passe son temps seule et n’a que des vacations radio pour se dĂ©lier la langue – est une très belle fille.Près d’une trentaine d’annĂ©es, les cheveux noirs, les yeux gris verts, le nez en trompette, une petite fossette qui marque son menton pointu. Ses seins ronds dĂ©bordent, sans pour autant ĂŞtre disproportionnĂ©s, d’une chemise kaki, manches retroussĂ©es sur des bras fins. Les fesses moulĂ©es dans un pantalon de treillis qu’elle a dĂ» retailler, car il lui sied Ă merveille, lui fait presque une seconde peau et met en valeur des fesses musclĂ©es.Après m’avoir dĂ©saltĂ©rĂ© d’eau fraĂ®che et sans quitter des yeux le paysage, elle m’explique son travail, son rĂ´le : surveiller toute fumĂ©e suspecte dans la pĂ©riphĂ©rie immĂ©diate et au loin.Elle me fait faire le tour du propriĂ©taire… Une surface minuscule oĂą elle passe ses journĂ©es et une partie de ses nuits… Et sur la terrasse, suspendue Ă près de trente-cinq mètres de haut, elle me fait visiter sa rĂ©gion, m’indique en pointant le doigt tel sommet de colline ou les directions de Marseille, d’Aix, de Montpellier… Elle me dĂ©signe le Mont Ventoux… C’est vrai que la vue est encore plus belle d’ici, surtout avec un guide aussi aguichant que Magali, qui ne dĂ©pare pas dans le paysage.Et durant le temps de ses explications, en raison de l’étroitesse des lieux, Ă plusieurs reprises, nos corps s’effleurent, se touchent. Chaque fois qu’elle lève un bras pour me montrer tel ou tel point remarquable ou la direction de… des effluves capiteuses de son parfum viennent remplacer celles de la garrigue qui s’échauffe. Ă€ chacun de ces moments, mon nez frĂ©mit et une onde de dĂ©sir parcourt mon corps. De temps Ă autres, le regard de Magali se fait plus lourd. Elle aussi me regarde Ă la dĂ©robĂ©e, m’observe. Brièvement, car ses yeux ne quittent que rarement la ligne d’horizon et ils sont sans cesse en mouvement.Durant de longues minutes, nous restons, accoudĂ©s Ă la balustrade, face au paysage que nous surplombons, moi Ă l’admirer, elle Ă le surveiller. Nos corps sont au contact. Nos bras et nos hanches se touchent. Contre ma cuisse, je sens la chaleur de la sienne et, de temps en temps, il me semble que ses muscles tressaillent, imperceptiblement.— C’est beau, mais un peu monotone ! lui dis-je.— Oui, mais quand on a la chance d’avoir de la visite, ça rompt la monotonie, ça fait une distraction.Cette petite phrase courtoise est accompagnĂ©e d’un regard rapide et plein de sous-entendus… et d’un immense sourire Ă faire damner toutes les âmes du paradis. Et je ne peux y rĂ©sister. Puisque je suis une « distraction », jouons jusqu’au bout.Je me serre un peu plus contre elle, passe mon bras au niveau de ses reins et, avec mon autre main glissĂ©e sous son menton, j’attire son visage vers le mien et l’embrasse.Ses lèvres sont sèches, un peu rugueuses, mais sa bouche est fraĂ®che, sa langue pointue et fouineuse, car Magali accepte mon baiser et me le rend, sans fermer les yeux, qui continuent leur travail.Nous restons enlacĂ©s ainsi, Ă nous embrasser un long moment. Échangeant nos salives, jouant avec nos langues, nez Ă nez, lèvres Ă lèvres… Mes mains montent et descendent dans son dos. De temps en temps, elles s’égarent sur les fesses. Ă€ travers le tissu du treillis, je les empaume. Elles sont fermes, musclĂ©es et Ă mon contact, le bassin avance, recule, tangue de gauche et de droite.Magali, Ă ce moment-lĂ pousse de petits soupirs, Ă©touffĂ©s par notre baiser. Contre mon torse, ses seins se frottent. MĂŞme Ă travers le tissu un peu rĂŞche de sa chemise, j’en sens les pointes qui se dressent.Les mouvements de son bassin, sorte de danse excitante et languissante, font redresser mon sexe et l’irritent.Mais Magali se dĂ©tache de moi et, en reprenant son souffle, me repousse un peu :— Non, pas maintenant. Ce soir, je viens te chercher ! D’acc ?Bien que frustrĂ©, j’accepte et elle me pousse vers la sortie, en me faisant un grand sourire.Tout en redescendant, je me maudis, mais la comprends parfaitement. Elle est dĂ©positaire d’une mission et elle n’a nullement l’intention de faillir Ă sa tâche.Il est près de dix heures du soir, quand un vrombissement troue le calme de la place, interrompt les conversations et les quelques joueurs de boules, qui tournent tous la tĂŞte en direction d’un vĂ©hicule rouge, qui dĂ©boule d’une des ruelles et fait crisser les pneus en s’arrĂŞtant pile devant la table oĂą je dĂ©guste une pression toute embuĂ©e de fraĂ®cheur. Sans broncher de derrière son volant, Magali met le nez Ă la fenĂŞtre :— TĂ©, tu montes ! J’ai dĂ» accepter du service jusqu’à trois heures.Une telle invitation ne se refuse pas. Et sous les yeux amusĂ©s de quelques habituĂ©s, et mĂ©dusĂ©s des touristes de la terrasse, je contourne le lourd vĂ©hicule tout-terrain, type pick-up, aux couleurs des sapeurs-pompiers locaux, et prends place dans la cabine.— Il me faut remplacer une Ă©quipe qui est malade. Alors, je me suis dit que tu pourrais m’accompagner ! Hein ?Et nous voilĂ partis, brinquebalants, pour les chemins escarpĂ©s des collines provençales, seulement Ă©clairĂ©s par la lueur des puissants phares du vĂ©hicule.Devant nous, de temps en temps, un renard, un blaireau, un lapin de garenne ou une famille de faisans, forcent Magali Ă ralentir sa conduite. Et nous nous enfonçons dans les bois, dans la garrigue, secouĂ©s comme des sacs de pommes de terre.Seuls les crachotements de la radio de veille nous accompagnent et arrivent Ă couvrir le bruit du moteur, martyrisĂ© par Magali.Autour de nous, la nuit est noire d’encre. Sauf au loin, une lueur jaune orangĂ©.— C’est quoi ? demandĂ©-je Ă Magali en pointant la direction de la lueur.— Ô putain ! C’est un dĂ©part.Et tout d’un coup, la jeune femme semble trouver un calme Ă©tonnant, alors que mon cĹ“ur se met Ă battre la chamade et que j’ai l’impression que mon sang reflux de mes joues. En quelques gestes, elle stoppe son lourd vĂ©hicule, sort son GPS, sa carte, localise sa position, utilise un instrument de mesure, une paire de jumelles (je me demande bien ce qu’elle peut voir, par cette nuit noire et sans lune), puis entre dans la cabine d’oĂą elle m’a intimĂ© l’ordre de ne pas bouger. Elle s’empare du microphone et signale d’une façon très prĂ©cise le point qui est en train de commencer Ă brĂ»ler.— Okay ! Papa Charly… Je vais sur place voir ce qu’on peut faire.Et elle dĂ©marre pour foncer vers le foyer.— Heu… C’est pas dangereux ?— Ben non… De toute façon, l’alerte est donnĂ©e et puis, dans cet engin, on risque strictement rien.— Ah ! dis-je, Ă moitiĂ© rassurĂ©.En quelques minutes, nous arrivons au-dessus d’un vallon, sur une piste qui mène nulle part et ne semble venir de nulle part, Ă cent lieues de toutes habitations. Mais Magali continue Ă avancer, plus prudemment, moins vite. Conduisant d’une main, le micro dans l’autre, elle dĂ©taille les premiers dĂ©gâts, dresse les premières constations. Le chemin monte et descend, et nous traversons les premières zones rouges de braises… Des flammèches viennent lĂ©cher la carrosserie.D’un coup de volant, Magali entre dans un layon… La vĂ©gĂ©tation est très dense et griffe les vitres… Mais Magali avance doucement, faisant tanguer et rouler le vĂ©hicule.Dans l’habitacle, la chaleur est torride d’autant plus que toutes les vitres sont hermĂ©tiquement fermĂ©es. Et cahin-caha, le vĂ©hicule avance, renâcle, se fraye un chemin en Ă©cartant les buissons qui sont plus hauts que lui. Et plus nous nous enfonçons, moins je me sens rassurĂ©. Par endroits, quand la vĂ©gĂ©tation est moins dense, j’entraperçois les flammes, plus bas.Mais Magali semble savoir ce qu’elle fait, oĂą elle va.— T’inquiète, je maĂ®trise ! me dit-elle en me coulant un Ĺ“il malicieux, un grand sourire aux lèvres.Soudain, devant nous, puis autour de nous, sortant de nulle part, une fumĂ©e dense, Ă©paisse, nous barre le passage.— Oh putain de merde ! jure Magali. On y est !— OĂą ça ?— On est dans un retour.En calant le vĂ©hicule immĂ©diatement, rapidement et sans prĂ©cipitation, elle m’explique que le vent vient de tourner et que nous allons voir passer le feu sur nous, Elle tripote divers boutons.— Sur nous ?— T’inquiète pas !Elle en a de bonnes ! Je suis pas venu au milieu de la Provence, pour griller comme un steak ! Donc : je m’inquiète et, mĂŞme, je m’affole !Mais Magali, d’un simple regard, avec son calme, sait modĂ©rer ma peur. Et soudain, l’air de la cabine se rafraĂ®chit, alors que dĂ©jĂ les premières flammes approchent. Et Ă leur lueur, je vois qu’une sorte de buĂ©e recouvre la carrosserie.Magali, tranquillement, sort de derrière son siège, fait un rapide compte-rendu Ă la radio et les rassure, puis me propose de passer derrière, oĂą je n’avais pas remarquĂ© la banquette.— LĂ , on sera mieux, en attendant.— En attendant quoi ?— Ben que le feu nous passe dessus et que les copains nous sortent de lĂ .En rĂ©alitĂ©, le vĂ©hicule est Ă©quipĂ©, m’explique-t-elle, de brumisateurs et d’un système de ventilation qui le transforme en Ă®lot de survie. Elle a fait descendre des protections sur les roues, actionner la ventilation et le système d’arrosage. Alors, maintenant, elle sait que nous n’avons rien Ă craindre et qu’il ne reste plus qu’à attendre que ça passe… et les secours.Alors que je m’affale, les membres tremblants, sur la banquette arrière, Magali m’accueille dans ses bras et, avec des gestes presque maternels, quelques paroles d’encouragement et de rĂ©conforts, calme mes angoisses, mes craintes.— Regarde le bon cĂ´tĂ© des choses… me dit-elle. On pourrait ĂŞtre plus mal ! Non ?— C’est sĂ»r ! Mais on pourrait aussi ĂŞtre mieux ! je maugrĂ©e.Elle m’embrasse. Son baiser est goulu, vorace. Ses lèvres aspirent les miennes, sa langue dure vient fouiller ma bouche, loin et longtemps. Ses mains palpent mon torse, elles s’insinuent partout, presque nerveusement.Et elle ferme les yeux ! Extraordinaire… Elle ferme les yeux, elle qui, ce matin, les conservait grands ouverts. C’est moi qui les laisse Ă©carquillĂ©s, surveillant en coin, l’énorme masse rouge orangĂ©, Ă la base blanche et bleu verdâtre, qui avance vers nous Ă très grande vitesse et nous illumine presque comme en plein jour.La main de Magali se fait de plus en plus baladeuse, plus prĂ©cise aussi. Elle masse mon entrejambe Ă travers mon pantalon et, malgrĂ© ma frousse, j’arrive Ă rĂ©agir, Ă bander. Magali lâche mes lèvres, ma bouche, se penche au-dessus de mon sexe, qu’elle a rĂ©ussi Ă dĂ©shabiller, et entreprend de m’exciter encore plus.Curieuse sensation que cette bouche fraĂ®che, cette langue qui me titille, m’échauffe, alors que les premières flammes commencent Ă vrombir autour de nous ! Et plus les flammes nous lèchent, plus la bouche de Magali s’agrandit, m’avale, m’aspire, me mordille le bout, la hampe et les bourses, qu’elle termine de mettre Ă nu. J’ai l’impression d’être Ă la fois en enfer, pour la chaleur, les flammes, la fumĂ©e, et au paradis, par la sensation de bien-ĂŞtre qu’elle me procure.Maintenant le feu est tout autour de nous. Ă€ travers l’épaisse carrosserie, on entend les crĂ©pitements des flammes, les craquements des bois, la sève qui fuse des troncs qui Ă©clatent et s’enflamment comme des centaines de torchères.Et avant que je n’aie le temps de poser ma main sur sa tĂŞte, ou sur ses fesses, Magali, en un tournemain, Ă´te son pantalon, au moyen de quelques contorsions, et m’enjambe. Elle s’installe Ă califourchon et s’empale sur mon sexe raidi par sa bouche. Elle se laisse tomber sur mes cuisses, m’absorbe en entier.Son antre est aussi brĂ»lant que doit l’être l’extĂ©rieur, trempĂ© de dĂ©sir, et mon sexe coulisse dans le sien. Elle cale ses deux mains sur mes Ă©paules, renverse la tĂŞte en arrière et entame une sĂ©rie de va-et-vient qui la mènent Ă la jouissance, rapidement, et recommence, plus doucement, avant d’accĂ©lĂ©rer… se tĂ©tanisant chaque fois, enfonçant ses ongles dans mon tee-shirt.Les yeux mi-ouverts, tant la luminositĂ© des flammes est forte, je la vois jouir dans cette lumière si irrĂ©elle, rouge-orangĂ©e, faite de feu et de flammes dantesques.Elle a fait glisser sa chemise et se dĂ©poitraille. Ses seins ronds, aux mamelons pointus et aux tĂ©tons fins et durs, oscillent au rythme effrĂ©nĂ© de sa pĂ©nĂ©tration. Elle se mord les lèvres, ferme les yeux. Ses cheveux sont en bataille, Ă force de remuer la tĂŞte de tous cĂ´tĂ©s. Ses cuisses sont dĂ©goulinantes de sueur et d’excitation. De temps en temps, elle cesse ses mouvements, s’immobilise puis entame une sĂ©rie de contraction avec ses muscles du ventre, qui me massent presque douloureusement, avant de repartir pour une nouvelle chevauchĂ©e… qui est en train de me faire perdre la tĂŞte.J’ai calĂ© mes deux mains sur ses hanches et accompagne ses mouvements. Sous mes mains, sa peau satinĂ©e est luisante de chaleur et de transpiration.Maintenant, j’ai presque enfin compris qu’a priori, on ne risque rien… Et je profite d’un moment, oĂą elle s’immobilise et marque une courte pause dans la montĂ©e de son plaisir, pour changer de position.Je la force Ă bouger, Ă s’agenouiller sur la banquette, mains posĂ©es sur le dossier et, en me contorsionnant un peu, je me glisse derrière elle. Ainsi, Ă la lueur des flammes qui commencent dĂ©jĂ Ă diminuer, j’ai en premier plan une superbe vue sur ses fesses, oĂą mon ombre inquiĂ©tante se projette et entame une danse satanique. La raie de ses fesses, largement Ă©cartĂ©e et Ă©clairĂ©e dans cette position, met en valeur son intimitĂ© luisante de plaisir. Je l’empoigne par les hanches et c’est sa main qui me dirige vers son petit trou… aussi humide que son intimitĂ©, luisant d’elle, dĂ©jĂ ouvert et prĂŞt Ă m’accueillir. Je n’ai pas beaucoup d’efforts Ă rĂ©aliser pour la pĂ©nĂ©trer lĂ .Le muscle s’ouvre, me masse au passage et se contracte pour mieux m’inciter Ă aller plus loin. Et j’entame des allers et retours qui ont pour effet de faire grogner Magali qui mord le dossier de la banquette. De temps en temps, elle redresse la tĂŞte, la fait virevolter de gauche Ă droite, feule comme une tigresse…et jouit en mĂŞme temps que j’explose en elle…Ahanant, ayant dĂ» perdre autant d’eau que des coureurs du Tour de France, nos corps luisants de transpiration, nous nous s’amollissons tout doucement et nous nous affaissons sur la banquette, en attendant de retrouver nos esprits, notre souffle.De temps Ă autre, je lève la tĂŞte vers l’extĂ©rieur… Le feu est passé… Les flammes les plus grosses s’éloignent et continuent Ă dĂ©vorer la vĂ©gĂ©tation du vallon. Autour de nous, les troncs continuent Ă brĂ»ler, certains se consument. La lumière de l’incendie qui vient de nous submerger s’amenuise. La chaleur reste forte et l’odeur de la fumĂ©e commence Ă envahir la cabine. C’est une odeur âcre, mais qui sent bon. Elle se mĂŞle Ă l’odeur de nos transpirations et de notre plaisir. Curieux mĂ©lange.Magali, commence Ă s’ébrouer, Ă Ă©merger de la torpeur dans laquelle cette sĂ©ance vient de la plonger. En se rajustant, elle me dĂ©pose un langoureux baiser sur les lèvres.— Merci… me dit-elle.— Merci ? Mais de quoi ?— C’était magique…— Magique ? Je ne comprends pas, explique-moi…— Tu n’as pas aimĂ©Â ? Moi, j’ai adorĂ©. Depuis longtemps, je rĂŞvais de faire l’amour au milieu du feu, mais je n’avais jamais eu cette occasion. Ce soir, tu m’as fait vivre un fantasme, un rĂŞve fou…Je reste stupide, sans vĂ©ritablement comprendre… Et Magali continue :— Jusqu’à prĂ©sent, lorsqu’un vĂ©hicule Ă©tait pris dans un retour, pour son Ă©quipage, c’était la mort assurĂ©. Maintenant, avec ces nouveaux Ă©quipements, on peut attendre les secours, Ă l’abri, sans craindre pour sa vie. Alors, je me suis dit qu’un jour, j’aimerais me trouver au milieu des flammes, imaginer que c’est peut-ĂŞtre la dernière fois que je fais l’amour et lĂ , au cĹ“ur du feu, lĂ oĂą jamais personne n’avait pu le faire, laisser aller mon corps, faire l’amour comme une folle !Je la regarde avec de l’admiration pour son sang froid (enfin, si l’on veut !). En mĂŞme temps, je m’interroge sur sa santĂ© mentale ! Cette fille est-elle folle de jouer avec sa vie, avec ma vie ! Et si sa protection n’avait pas fonctionnĂ©Â ?— Ben on aurait grillĂ© comme des lapins ! Et mĂŞme un peu carbonisé… me rĂ©pond-elle du tac au tac, en riant.Mais notre conversation est interrompue par la radio, qui cherche Ă obtenir des nouvelles. Nouvelles qu’elle donne d’une voix posĂ©e, claire. Magali a repris son travail. Elle sait qu’à quelques centaines de mètres de lĂ , une colonne de lourds camions-citernes est lĂ , pour nous sortir de cette situation. Elle remet le vĂ©hicule en route, allume les phares, tous les phares qui trouent la nuit rougeoyante qui nous entoure. Devant nous, un spectacle de dĂ©solation. Tout est gris, noir. Fumerolles, fumĂ©es. Brandons et souches en flammes nous cernent de toute part.Avec une savante manĹ“uvre, Magali, doucement, fait demi-tour et entame la remontĂ©e. Plusieurs fois, le lourd vĂ©hicule tangue et roule, patine dans la montĂ©e, dĂ©rape sur des cailloux.— T’inquiète ! Je maĂ®trise… Mais comme le sol est très chaud, et pour Ă©viter d’éclater les pneus, j’arrose devant eux, alors, il y a de la boue chaude, c’est pour ça qu’on dĂ©rape…Et durant le trajet de retour, qui se fait Ă l’allure d’un escargot, la peur remonte en moi… et si… surtout ne pas penser et se concentrer sur le chemin… c’est l’ordre que Magali m’a donnĂ© et je tente de me raisonner. Mais pas facile !— Tu vois, on arrive ! crie-t-elle.En effet, nous sortons Ă la lisière du brĂ»lis… de nouveau la vĂ©gĂ©tation, roussie, mais non consumĂ©e, griffe le pick-up. Magali s’arrĂŞte, tâtonne sur le tableau de bord, puis repart, Ă plus vive allure… Au croisement, oĂą nous avons obliquĂ©, le chemin se fait plus carrossable et, au loin, des lumières de phares et des gyrophares bleus trouent la nuit…En amont, l’incendie progresse en direction d’une haute crĂŞte qui se dĂ©coupe dans la lueur du brasier.Il est plus de quatre heures du matin quand enfin je peux passer sous la douche de mon hĂ´tel. Au village, c’est l’effervescence. Personne ne dort. Beaucoup d’hommes sont partis combattre le feu. Les femmes rĂ©confortent les enfants, apeurĂ©s et Ă moitiĂ© endormis. Les touristes commentent, chacun dans leur langue, les nouvelles.Le patron de l’hĂ´tel est soulagĂ© de mon arrivĂ©e et m’offre une pression bien fraĂ®che.— On se faisait de l’inquiĂ©tude… SĂ»r, on vous savait en de bonnes mains, mais quand mĂŞme !Bien entendu, tout le monde sait dĂ©jĂ que nous avons Ă©tĂ© cernĂ©s par le feu et que c’est grâce Ă d’ingĂ©nieuses protections que nous avons eu la vie sauve. Et tout le monde veut connaĂ®tre l’histoire, ce qu’on a fait, dit, pensé… Pour la Ă©nième fois, je raconte ce que j’ai vu. J’oublie – un peu – de m’appesantir sur ma peur et omets complètement de parler de notre sĂ©ance d’amour… par discrĂ©tion et galanterie. Mais le patron de l’hĂ´tel, qui semble bien connaĂ®tre Magali, me glisse Ă mi-voix :— Si cela avait Ă©tĂ© moi, Ă votre place, avec une belle fille comme la Magali, bĂ© je crois que je l’aurais sautĂ©e, des fois que les systèmes, ils tombent en panne…Il me fait un petit clin d’œil, complice et souriant.HĂ© bien, non. Je ne dis rien. Je ne lui rĂ©vèle rien. Mais, prĂ©textant ma fatigue (qui est bien rĂ©elle) et l’odeur de l’incendie qui me colle Ă la peau, sans compter que je suis tout noir de fumĂ©e, je monte dans ma chambre.Vous dire qu’après cette douche, je trouve le sommeil, serait vous mentir. Non. Je tente bien de fermer les yeux, mais des images de flammes viennent aussitĂ´t hanter mes pensĂ©es. Et puis, dehors, c’est un incessant ballet de phares, de gyrophares, de klaxons deux tons, de brouhahas…Alors, plutĂ´t que de passer un reste de nuit Ă cauchemarder, je prĂ©fère vous Ă©crire cette histoire.Magali est repartie au feu… peut-ĂŞtre qu’elle rĂŞve de refaire l’amour au milieu des flammes ? En tout cas, ce sera sans moi !Et puis, en tout Ă©tat de cause, je sais maintenant ce que signifie l’expression « avoir le feu quelque part ! », et d’ores et dĂ©jĂ , j’éviterai les femmes qui exercent la profession de forestier ou de pompier, des fois que… Mieux vaut ĂŞtre prudent ! Hein ?Pour ma part, sur cette dernière aventure, je suis obligĂ© de rejoindre mes pĂ©nates pour reprendre le travail. Toutes les bonnes choses ont une fin, dit-on… mĂŞme quand on a failli terminer en grillade !Ainsi s’achève mon tour de France des lieux de villĂ©giature, oĂą vous avez peut-ĂŞtre pu me croiser, au hasard de vos propres pĂ©rĂ©grinations et vous, anonymes ami(e)s lecteurs et lectrices, j’ai aussi pu vous rencontrer, vous frĂ´ler, vous cĂ´toyer… A moins que ce ne soit les aventures de l’un ou l’une d’entre vous que j’ai (involontairement) racontĂ©es…Mais après six semaines de vacances, de dĂ©tente vouĂ©e au sexe, Ă la luxure, j’ose espĂ©rer que votre Ă©tĂ© aura pu ĂŞtre aussi chaud (et lĂ , c’est vraiment le cas de le dire) que le mien et surtout moins dangereux… pour votre plus grand plaisir…Pour ceux qui partent maintenant, sachez profiter des gens qui vous entourent, soyez prudents et « sortez couverts » ! Pour les autres, je vous souhaite une bonne rentrĂ©e…A très bientĂ´t.