Aix-les-Bains, septembre 1817Chère Julie,Seul !Je viens, seul, m’asseoir sur cette pierre où je vous ai vue pour la première fois. Vous me manquez, mon Aimée, vous me manquez terriblement.C’était il y a un an. Il y a un siècle. Il y a une éternité.Rappelez-vous ! J’étais venu à Aix-les-Bains pour, officiellement, y soigner une affection des bronches, alors qu’en fait, je testais un nouveau traitement du Docteur Renaudot : quotidiennement, je subissais des séances d’immersion dans les eaux de la source de Marlioz, ce qui était censé m’aider à lutter contre la mélancolie, cette mélancolie qui broyait mon âme.Mais cette âme, mon Amour, ce ne sont pas les eaux de source qui l’ont aidée à renaître, l’été dernier. C’est vous, ma chère Julie !Vous qui étiez venue à Aix pour soigner vos bronches, pour apporter un répit à cette phtisie qui vous dévorait de l’intérieur.Vous qui vous étiez assise sur ce même rocher, les orteils baignant dans les eaux du Bourget, jouant avec le vent qui jetait l’écume des ondes du lac sur vos pieds adorés.Vous qui glissâtes dans l’eau tourmentée, bousculée par une bourrasque s’engouffrant sous votre jupon.Oh ! Mon aimée ! Comme vous eûtes peur en cet instant !Heureusement, le destin fit que je passais par-là , l’âme submergée par de sombres idées d’en finir avec la vie ; je pus plonger dans les eaux vertes du lac et, promptement, vous ramener sur le rivage, je pus de ma bouche insuffler un air salvateur dans vos poumons… et je pus, instantanément, tomber éperdument amoureux de vous… Ainsi que vous de moi !Peu importe que vous ayez été unie à Jacques, votre mari de trente-cinq ans votre aîné,Peu importe que vous ayez eu six ans de plus que moi,Peu importe les on-dit, les ragots, les rumeurs,Nous nous aimâmes !D’un amour de prime abord platonique, mais tellement fort, tellement puissant, que tous deux nous connûmes une véritable rémission des maux qui nous affectaient.Tous les jours, nous flânions ensemble sur les bords du lac. Nous admirions le reflet du Revard dans les eaux vertes où parfois nous trempions nos pieds. Nous nous attardions dans cette merveilleuse grotte creusée et polie au fil du temps dans les falaises calcaires au pied du mont du Chat. Nous nous dévorions du regard, enfermés dans une bulle de bonheur d’où personne ne pouvait nous tirer.Puis, platonique, notre amour ne le fut plus après cette merveilleuse journée du 17 juillet.Il faisait si beau que nous décidâmes d’emprunter une barque au père Grimaud, et nous voguâmes, seuls, jusqu’aux alentours de l’abbaye d’Hautecombe.Était-ce la grande spiritualité des lieux ? Était-ce le romantisme de ces vieux bâtiments perdus dans la forêt et se reflétant dans les ondes du Bourget ?Je ne saurais le dire, mais soudain, vous fûtes dans mes bras. Soudain, vos lèvres contre les miennes, nos langues se mêlèrent pour la première fois en un vrai et long baiser d’amour. Soudain, je ressentis la chaude et sensuelle présence de votre corps contre le mien.J’éloignai alors la barque pour l’abriter dans une crique sauvage, et nous nous aimâmes !Vous en souvenez-vous mon amour ? Laissez-moi vous conter comment je l’ai ressenti.***Vous vous glissez devant moi, sur la barque, vous m’enlacez et cherchez à nouveau mes lèvres pour un baiser langoureux. Pendant que nos langues s’apprivoisent, vous descendez votre main le long de mon ventre et vous vous emparez de ma virilité, à travers mes frusques, vous mettant à me caresser, tout en continuant de m’embrasser.Je l’avoue, je me mets immédiatement à bander très fort entre vos doigts.C’est ce que vous attendez pour abandonner mes lèvres et vous mettre à genoux devant moi. Défaisant ma ceinture et repoussant ma culotte vers le bas, vous prenez d’abord tout votre temps pour contempler mon sexe en érection. Nul doute que, vu son âge, votre mari ne peut plus présenter d’érections aussi flamboyantes.Vous vous amusez ensuite à poser de légers baisers sur mon membre qui tressaute à chaque attouchement. Puis, après vous être accrochée à mes fesses à pleines mains pour mieux vous stabiliser, vous me faites lentement glisser entre vos lèvres, laissant échapper un divin soupir de contentement. Je m’abandonne avec délice à votre langue agile, Julie, alors que vous prenez un malin plaisir à parcourir les points les plus sensibles de mon glaive durci, alternant succions et lapements avec une grande habileté.Rapidement, les premières ondes de plaisir échauffent mon ventre, et quelques gouttes de liqueur suintent de mon gland. Vous vous en délectez, vous amusant à en extirper encore plus de mon champignon violacé, par de délicates pressions de votre langue. Je me sens approcher du paradis, c’est pourquoi je vous demande alors de cesser un instant vos caresses ensorcelantes.Vous relevant alors vivement, vous m’expulsez de l’antre chaud où vous m’aviez glissé, me laissant brutalement à l’air libre, gonflé et luisant de désir. Après un dernier regard sur l’objet de votre convoitise et une légère caresse sur mes bourses devenues cramoisies, vous vous retournez, relevez vos jupons (petite friponne, vous n’avez pas mis de culotte aujourd’hui), et, appuyant vos mains sur les bords de la barque, vous me tendez vos fesses en vous cambrant, jambes écartées, pour ne laisser aucun doute sur ce que vous attendez de moi.Toutefois, juste avant d’entreprendre le siège de votre séant, un reste de galanterie me pousse à m’agenouiller un instant devant votre croupe somptueuse, et de commencer mes dévotions en soufflant légèrement sur votre vulve frissonnante, Julie, et sur les poils dorés qui la protègent.Vous cambrez alors encore plus vos reins, comme pour mieux profiter de cette exquise sensation. Je saisis l’occasion pour effleurer vos nymphes du bout de la langue, avant de retourner souffler le froid et le chaud sur vos délicates muqueuses. Reculant un peu, vous amenâtes votre bassin contre mon visage, enfouissant ma bouche et mon nez entre vos fesses. Tirant alors un peu la langue, j’arrivai à titiller votre adorable bouton d’amour que je devinai, sous son capuchon, déjà aussi dur et impatient que ma verge. Je ne me privai pas de ce bonheur, vous arrachant ainsi un chapelet de gémissements de plaisir.Vous ouvrez encore plus les cuisses, pour mieux me laisser m’emparer de votre féminité déjà si trempée de votre liqueur de femme. Excité de vous sentir si réceptive, je me laisse aller à aspirer votre bouton sans ménagement. Vous en manifestez une certaine surprise, reculant légèrement sous l’assaut, mais vous vous ressaisissez vite, et vous offrez à nouveau complètement, tout en balançant vos hanches au rythme de la montée de votre plaisir.Vous vous cambrez encore un peu plus pour faciliter ma fouille intime, vous préparant à jouir sans retenue. Vous êtes à deux doigts d’exploser de plaisir.— Oh oui ! Encore ! Vous me rendez folle, Alphonse. C’est si bon de vous sentir juste là , fouillez-moi encore avec votre langue…— Même si ce que nous faisons est un péché ?— Oui, n’arrêtez surtout pas ! Je suis toute à vous, aimez-moi !Projetant vos mains vers l’arrière, vous vous emparez alors de mon sexe durci pour m’inciter à pénétrer dans le sein des seins sans plus attendre.J’avoue qu’alors l’esprit malin se saisit de mon âme et je vous embroche d’emblée à grands coups de reins, comme un damné. Le sourire que je vois se dessiner sur votre visage tourné vers moi me laisse penser que vous appréciez cette manière impétueuse d’exprimer l’envie que j’ai de vous.J’essaie de maîtriser quelque peu ma fougue, mais les contractions de votre vulve contre mon vit turgescent sont bien trop voluptueuses pour que je j’arrive à résister longtemps. Vous respirez de plus en plus fort, accompagnant mes gestes à chaque fois que je m’enfonce plus loin en vous, fermant les yeux pour mieux vous concentrer sur le plaisir que nous nous offrons mutuellement.Vos fesses collées à mon ventre, je ressens les moindres ondes de votre plaisir grandissant. Enfin, alors que vous subissez encore l’une de mes puissantes poussées, les premières crispations de jouissance apparaissent sur votre visage.Il n’en faut pas plus pour déclencher en moi un feu d’artifice, concomitamment à celui qui vous emporte et nous jouissons de concert. Je jette un dernier regard sur vous puis, fermant les yeux, je m’abandonne au plus puissant orgasme qu’il m’ait été donné de vivre.Je reste immobile de longues minutes, comme sonné par ce plaisir qui m’a dévoré, les yeux fermés, le corps épuisé par de si véhéments transports. Quand j’ouvre à nouveau les yeux, je constate que vous-même, Julie, êtes dans un même état et que nous sommes plus unis que jamais dans un immense sentiment de plénitude.***Le soir tombait alors que nous rentrions sur Aix. Nous voguions en silence ; on entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux, que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence les flots harmonieux.Et je me souviens, je me souviens très bien de ce que vous m’avez dit ce soir-là , il y a une éternité, un siècle, il y a un an :Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices,Suspendez votre cours !Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours !Assez de malheureux ici-bas vous implorent,Coulez, coulez pour eux ;Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;Oubliez les heureux.Mais je demande en vain quelques moments encore,Le temps m’échappe et fuit ;Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l’auroreVa dissiper la nuit.Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,hâtons-nous, jouissons !L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;Il coule, et nous passons !Comme vous aviez raison, mon aimée : le temps vous échappe et fuit ! Cette année, nous ne nous sommes pas revus sur le lac du Bourget, la cruelle maladie qui vous tourmente vous a obligé à rester à Paris.Mais j’ose espérer que l’année prochaine, sur le lac du Bourget, le roseau qui soupire, les parfums légers de l’air embaumé, tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire, tous diront : ils se sont aimés !Votre Alphonse, à tout jamais !***Paris, avril 2018Mon Aimée,Je reste seul, mais j’ai presque la certitude que ce ne sera pas pour longtemps ; je puis déjà d’avance me compter au nombre des morts.Alphonse***Paris, août 2018(…) Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! (…)Lisez, relisez Alphonse de Lamartine – Méditations Poétiques.Toujours !Et merci aussi à Joe Dassin…