Le grand jour était enfin arrivé. Marie avançait, perdue dans ses pensées, fébrile à la perspective de la rencontre qui se profilait. Elle attendait ce moment depuis bien trop longtemps à son goût. Plus elle s’approchait de sa destination, plus le chemin semblait s’allonger. À son impatience s’ajoutait une sorte de frustration latente, l’impression qu’elle n’arriverait jamais à destination.Tout avait débuté quelques semaines plus tôt. En surfant sur le net, Marie était tombée par hasard sur un forum où les sujets abordés étaient relativement diversifiés et l’ambiance paraissait assez bon enfant. Dans ce genre de lieu, des affinités finissent forcément par se créer. C’est ainsi qu’elle avait fait la connaissance de Dominique. Quelques messages échangés sur le forum, suivis de conversations sur le tchat puis de conversations plus privées sur messagerie instantanée. Toutefois, Marie n’avait jamais réussi à percer une partie de l’identité de Dominique. Homme ou femme ?Beaucoup de sujets avaient été abordés, certains légers et d’autres plus intimes. Intellectuellement, elle était sous le charme. Sexuellement, elle était dans l’expectative. En effet, ils avaient des fantasmes communs et voyaient là un moyen parfait d’en assouvir quelques-uns. Encore fallait-il se rencontrer. Se livrer, bien au chaud, à l’abri derrière son clavier et son écran, rien de plus facile. Sauter le pas et franchir le cap de la rencontre est un exercice autrement plus périlleux. Marie était résolument hétérosexuelle et n’avait jamais envisagé d’avoir des relations avec une femme. Mais tout était différent.Une occasion se présenta d’elle-même. Dans le cadre de ses fonctions professionnelles, Marie se devait d’assister à certaines soirées mondaines. La prochaine devait avoir lieu dans un immense manoir surplombant la Loire. Elle détestait ce genre de soirée et n’y participait que contrainte et forcée. En expliquant à Dominique la raison pour laquelle elle ne serait pas au rendez-vous vendredi, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que, pour une fois, elle aurait un(e) ami(e) sur place. Incroyable, mais Dominique devait s’y rendre également…Le manoir se profilait enfin à l’horizon. L’allée principale était éclairée par des torches disposées de part et d’autre. La lumière ainsi fournie permettait de distinguer une partie du parc, tout en créant un jeu d’ombres, rendant la demeure plus imposante et majestueuse. Encore quelques marches à gravir. Les rosiers grimpant libéraient un parfum enivrant et sauvage. Marie fut accueillie par un majordome stylé qui s’enquit de son identité. Elle lui tendit son carton d’invitation et son manteau. Le majordome cocha son nom sur une liste, lui remit une enveloppe et disparut. Perplexe, elle inspecta l’enveloppe sous toutes ses coutures avant de se décider à la décacheter. « Retrouve-moi à 22 heures. 1er étage, 3ème porte à droite » Signé Dominique.Et il n’était que 20h30 ! Prenant son mal en patience, Marie pénétra donc dans le grand salon à la recherche de son hôte et entama la valse des mondanités. « Très chère amie, comment allez-vous ? », « Mon Dieu, avez vous vu cette robe ? Elle est divine. Je me demande de quel couturier elle provient ». Marie parvint non sans mal à se dégager du groupe des langues de vipères. Pour atterrir directement dans les conversations d’affaires. Difficile d’éluder la conversation lorsque son patron est présent…Aussi discrètement que possible, elle surveillait l’heure. Il ne s’agissait pas de rater ce rendez-vous. Mais le temps s’égrenait lentement, exacerbant les nerfs de Marie, mis à rude épreuve. Son calvaire ne prendrait-il jamais fin ? Elle se dirigea vers le buffet afin de ne pas devoir engager une autre conversation. Le maître des lieux avait pensé à tout : petits fours salés et sucrés, mini brochettes de fruits… Tout était disposé de façon à attirer le regard et flatter les papilles. Ce festin était accompagné de l’inévitable champagne servi dans toute réception digne de ce nom, de différents vins provenant tous de grands vignobles et de quelques jus de fruits aux consonances exotiques. Marie opta pour un sauternes et, contournant les groupes, alla le déguster sur la terrasse.Enfin, le carillon de l’horloge annonça 21h45. Comme si de rien n’était, elle se dirigea doucement vers le hall, s’assurant que personne ne lui prêtait attention, sa crainte majeure étant d’être interceptée. Parvenue enfin dans le hall, n’en pouvant plus d’attendre, elle monta les escaliers quatre à quatre. Son cœur battait la chamade, et pas uniquement à cause de l’effort physique qu’elle venait de faire. Premier étage. Troisième porte à droite. Elle vérifia que personne ne se trouvait dans les parages. Elle exhorta son cœur au calme, prit une grande inspiration et ouvrit la porte. *************************************La première chose que vit Marie en entrant était ce grand lit au centre de la pièce. La faible lumière provenait de quelques bougies disséminées dans la pièce ainsi que de la cheminée. L’ameublement était plutôt sommaire : un grand lit, un fauteuil situé à côté d’une porte-fenêtre menant sur un balcon et donnant dans le parc, une chaise dans l’angle et une grande armoire. Mais les quelques tableaux complétant la décoration et les murs couleur ocre donnaient à la chambre une douce impression de chaleur et de sérénité. Elle fit le tour du lit en frôlant le matelas avec sa main. Elle découvrit ainsi des draps en satin. Petit à petit, son excitation montait. Elle anticipait la douce caresse de ces draps contre sa peau nue. Un frisson la parcourut.Un des tableaux attira son attention. Elle l’examina d’un peu plus près. Il représentait un couple en pleine nature. La femme était allongée sur le dos, nue, dans une pose lascive, transportée par le plaisir. Son compagnon avait la tête entre ses cuisses, explorant goulûment avec sa langue et ses doigts sa caverne aux merveilles. Nouveau frisson d’anticipation chez Marie. Elle regarda les autres tableaux. Les autres peintures représentaient des scènes toutes plus excitantes les unes que les autres.Elle alla jusqu’à l’armoire et en ouvrit les portes. Elle ne pût contenir un petit cri de surprise en examinant son contenu. Des écharpes de soie, des huiles essentielles, de longues plumes, une robe en voile suspendue à un cintre et d’autres accessoires qu’elle ne voyait même pas. Si elle avait eu un doute sur ce qui allait se passer dans les minutes à venir, il n’était plus de mise. L’angoisse commençait à prendre le pas sur l’excitation. Et si Dominique décidait de ne pas venir ? Et s’il la trouvait quelconque et décidait de s’en aller ? Et si…. Tout en se posant mille questions aussi futiles qu’inutiles, Marie se dirigea vers la fenêtre et s’installa sur le balcon.Au bout de quelques minutes, la fraîcheur de la nuit la força à rentrer. En se retournant, elle vit que les bougies étaient éteintes. Sans doute le vent, pensa-t-elle. Le fauteuil semblait confortable et accueillant. C’est tout naturellement qu’elle alla s’y asseoir. Elle regarda sa montre quand l’horloge de l’entrée carillonna 22 heures. Les réponses à ses questions lui seraient bientôt fournies. *************************************Elle venait juste de fermer les yeux quand elle sentit une légère caresse sur son visage. Étonnée, elle ouvrit les yeux mais ne vit rien d’autre qu’une écharpe de soie bleue. Une voix murmura à son oreille :— Enfin, te voilà . Ferme les yeux et ne bouge pas.Le corps de Marie se mit à trembler. Ses interrogations ne comptaient plus, seule lui importait la présence de Dominique. Elle sentit la caresse d’un foulard soyeux tandis qu’on lui bandait les yeux. Une main vint se poser délicatement tel un papillon sur son sein, frôlant et survolant plus que caressant. Le papillon délaissa le sein gauche pour venir s’attaquer à celui de droite. Puis il se mit à virevolter, allant de l’un à l’autre, montant jusqu’au cou puis redescendant jusqu’au ventre. Marie ne put retenir un soupir. La voix chuchota tandis que le papillon continuait sa course folle :— Cela ne fait que commencer. Livre-moi ton corps et, pour toi, j’ouvrirai les portes du paradis.Captivée par le manège des mains, elle ne put consentir qu’en poussant un nouveau soupir. Le papillon cessa son vol et des doigts très habiles vinrent défaire le bustier, dégageant une poitrine opulente, toujours prisonnière d’un soutien-gorge en dentelle. De légers baisers vinrent se déposer ici et là sur la peau dénudée. Dominique lui prit les mains et la fit se lever. Ses mains étaient douces et chaudes. La jupe descendit doucement le long des jambes de Marie et rejoignit bientôt le bustier. Puis vint le tour du soutien-gorge. Les seins ainsi libérés jaillirent comme deux beaux diables hors de leur carcan. Le papillon reprit son manège, taquinant les pointes roses, virevoltant autour des deux globes. De la lave en fusion commençait à couler dans ses veines. Soudain le papillon s’arrêta. *************************************Ramenée sur terre quelque peu brutalement, Marie tenta de reprendre ses esprits et comprendre ce qui se passait. Elle tendit l’oreille. Un grincement lui parvint suivi de bruits qu’elle ne reconnaissait pas. Puis, plus rien. Marie avait beau tendre l’oreille elle ne captait plus rien. Ooh ! Le papillon était revenu. Différemment. Il virevoltait toujours d’un sein à l’autre, descendant vers le nombril et remontant jusqu’à la pliure du cou. Mais il semblait à Marie qu’une nuée de petits papillons parcourait tout son corps, prodiguant des caresses aussi douces que des pétales de rose.L’armoire. Les accessoires. Cela devait être une des écharpes aperçues tout à l’heure qui lui frôlait maintenant le haut des cuisses. La jeune femme commençait à gémir doucement sous cette douce torture. Elle tendit les mains pour toucher à son tour son partenaire mais sa main ne fit qu’effleurer une peau douce et soyeuse. Chaque fois que ses mains cherchaient à toucher et caresser, l’autre s’esquivait et Marie ne frôlait qu’occasionnellement une peau chaude et douce.Une écharpe de soie vint s’enrouler autour de son poignet droit. Une autre autour de son poignet gauche. Marie était livrée à la merci de Dominique mais ne ressentait aucune crainte, seulement l’annonce de plaisirs à venir. Une légère traction se fit sentir. Docile, elle suivit le mouvement. Arrivée au bord du lit, elle s’allongea et leva les bras qu’on attachait aux barreaux. Marie qui n’avait jamais été passive allait devoir apprendre la soumission.Un bruit de verre qu’on entrechoque, de frottements. Une agréable senteur se répandait dans la pièce. Que lui réservait-on maintenant ?Des mains vinrent lui enserrer les chevilles et commencèrent un massage, remontant progressivement vers les genoux, ne ratant aucun millimètre de peau, continuant leur douce ascension. Arrivées en haut des cuisses, les mains changèrent de jambe et recommencèrent leur ballet. Frôlant sans vraiment s’approcher de l’intimité de Marie, attisant sans cesse ce désir lancinant. Montant, encore et toujours…Elle flottait sur un nuage de douceur et de volupté, savourant chaque seconde. *************************************Les mains encerclaient maintenant ses seins, en faisaient le tour, inlassablement et inexorablement. Elle se remit à gémir doucement. La caresse de modifia peu à peu. Tandis que les paumes continuaient à épouser les contours, les doigts caressaient, titillaient les pointes durcies par le désir. Marie tenta d’esquisser un geste mais ses bras étaient doucement mais fermement attachés aux extrémités du lit. Elle sentit finalement Dominique monter sur le lit mais le doux supplice ne fit que continuer. En effet, la langue vint remplacer les doigts, courant sur le globe et la pointe, s’éloignant, revenant, encore et encore.Un genou vint s’insinuer entre les cuisses tandis qu’une bouche remplaçait la langue, tour à tour mordillant et suçant tandis que des doigts implacables s’occupaient de l’autre sein. Marie n’en pouvait plus. Son bassin commençait à onduler, son intimité frottant contre la jambe de Dominique faisait ressembler les chutes du Niagara à un vague crachin breton. Les gémissements s’étaient transformés en râles au fur et à mesure que la lave en fusion envahissait ses veines. La bouche et les mains passaient sans relâche d’un sein à l’autre. Elle sentait les vagues de plaisir qui déferlaient, plus importantes les unes que les autres, jusqu’au moment où l’orgasme survint, lui arrachant un cri et la laissant pantelante. *************************************Elle avait dû s’assoupir car lorsqu’elle revint à elle, elle reconnut les mains de Dominique lui administrant un autre massage, relaxant cette fois-ci.Elle s’étirait, alanguie et heureuse. Avec toutefois certaines interrogations.Elle n’avait jamais rencontré Dominique. De cela, elle était certaine. Alors comment quelqu’un qui ne la connaissait pas a pu trouver aussi vite et aussi précisément tous les attouchements et toutes les caresses qui lui plaisaient ? Comment son amant(e) mystère avait pu trouver le chemin direct jusqu’à un des orgasmes les plus mémorables de sa vie ?Seule une femme pourrait savoir comment rendre folle une autre femme, en lui infligeant toutes les caresses qu’elle-même aimerait recevoir. Ça expliquerait certaines choses : la mise en scène, l’huile parfumée, les foulards en soie….D’un autre côté, les mains étaient larges, puissantes et chaudes. Sans parler de la jambe musclée contre laquelle elle s’était laissée aller… Décidément, même maintenant elle n’était pas plus avancée sur le sexe de Dominique. En dehors de la certitude qu’il s’agissait probablement de la plus inoubliable des expériences…Au souvenir des évènements de la soirée, les images défilant les unes après les autres comme dans un kaléidoscope, elle sentit son entrejambe s’humidifier et la pointe de ses seins durcir.Dominique s’en tendit compte et laissa échapper un petit rire de gorge. Marie devait s’interroger sur son identité. Et à voir les réactions physiques (pointes durcies, la chair de poule et sans aucun doute un début d’humidité), l’expérience ne lui avait pas déplu. N’aimant pas laisser attendre une femme, Dominique se fit un devoir de changer de registre dans le massage. Les tétons durcis l’attiraient comme un aimant. Sa tête s’approcha du sein afin d’en gober la pointe et de téter goulûment les trésors que Marie lui offrait.Tandis que le bout de son sein était happé par une bouche gourmande, une langue sournoise tournait et jouait avec le téton durci. Le deuxième sein ne resta pas seul bien longtemps : une main vint le malaxer et le triturer sans merci. Marie enrageait de ne pouvoir se servir de ses mains pour pouvoir encourager son « bébé glouton » ou tout simplement s’occuper d’une autre partie de son anatomie.La bouche lâcha son sein. La langue se mit à tracer des sillons de feu et commença à descendre jusqu’au nombril. Elle arrêta son manège. Dominique se leva… pour aller s’installer en bout de lit. Deux mains écartèrent ses cuisses et une pluie de bisous s’abattit dessus, remontant jusqu’à la fontaine. La langue reprit son manège, inspectant les moindres recoins de chair. Le bouton rose fut trouvé sans aucun mal, arrachant à Marie des gémissements à chaque passage. La bouche gourmande se posa sur l’intimité de Marie et commença les outrages, alternant les coups de langue et les succions. Pendant ce temps, une main était remontée pour s’occuper du buste. Marie n’était plus en état de réfléchir. La seule chose qui lui restait à faire était de se laisser porter et de se soumettre au bon vouloir de son amant(e) et de se laisser bercer par les flots de plaisir qui l’envahissait…Elle avait un goût de miel. Son goût, son odeur et ses gémissements contribuaient à rendre Dominique complètement dingue. Afin de laisser sa langue se reposer un peu, les doigts prirent le relais. Le pouce tournait sur le bouton gonflé à bloc tandis que le majeur et l’index décidèrent d’aller vérifier la grotte des délices. Elle était douce et chaude, exactement comme sa propriétaire. Les doigts commencèrent un mouvement de va-et-vient, bientôt amplifié par les mouvements du bassin de Marie. Ce qu’elle était belle dans cet abandon complet, complètement cambrée, les joues rougies par le plaisir, les seins dressés et le bassin se jetant à la rencontre de ses doigts. Les gémissements se transformèrent en cris, le vagin se contractait de façon spasmodique, annonçant l’arrivée d’une nouvelle petite mort.L’angoisse s’empara soudain de Dominique : les mouvements désordonnés de Marie avaient fait bouger le bandeau, qui ne couvraient plus ses yeux…. Elle allait bientôt pouvoir apercevoir son bourreau…. Ça y est ! Le bandeau est descendu complètement sur le nez. Non ! Elle ouvre les yeux….Marie sentit que ses yeux n’étaient plus entravés par le bandeau. Dominique étant assis entre ses jambes, elle pourrait enfin le voir. Ou la voir…. Elle ouvrit les yeux et vit… Elle ne vit rien du tout car la vague du plaisir avait atteint son paroxysme et ses yeux se fermèrent sous la puissance d’un tel orgasme.Dominique l’avait échappé belle. Le but étant de combler Marie sans rien dévoiler de sa personne. Sa mission était largement accomplie. L’ange mystérieux d’un soir déposa une enveloppe sur l’oreiller, défit les liens retenant la prisonnière et s’en alla, s’évanouissant dans la nuit.