C’est il y a cinq ans que ma vie sexuelle a basculé. J’avais alors trente ans tout juste. En l’espace d’un mois à peine, j’ai découvert de nouvelles voies, exploré de nouvelles pistes. Tout cela, en partie, grâce à l’incarcération de mon ex-conjoint à Fleury-Mérogis durant quarante-cinq jours pour une banale affaire d’escroquerie. Non pas que je l’aie trompé, bien au contraire. Mais parce que j’ai tout mis en œuvre pour l’aider à oublier ses conditions d’emprisonnement. Car la maison d’arrêt de Fleury, surpeuplée, a la réputation d’être invivable pour tout délinquant primaire, Blanc de surcroît.Sans chercher à critiquer la juge d’instruction qui a pris la décision d’enfermer Franck — là n’est pas mon propos — j’ai rapidement compris que l’état psychologique de mon époux allait pâtir de cette mesure. Car Franck n’a ni l’envergure d’un caïd de cité, ni le physique d’un boxeur. Un mètre soixante-quinze pour soixante-huit kilos, délinquant à « col blanc » comme avait dit la juge, il semblait tout destiné à s’emmurer dans le silence, encaissant, acceptant patiemment railleries, injures et autres violences dans un recoin de sa cellule. Geôle qu’il partagea la plupart du temps avec un Black de La Courneuve, incarcéré pour trafic de drogue, et un Beur des Yvelines qui prétendait avoir « planté » un type à l’occasion d’une bagarre de rue.Il n’a jamais vraiment évoqué ses conditions de logement, que ce soit dans ses courriers ou après sa libération. Encore aujourd’hui, je n’en sais qu’à peine plus, excepté le fait qu’il dormait en bas de la mezzanine, les places du haut étant réservées aux plus forts. Devant ma détresse de le savoir seul et de l’imaginer victime de sévices, voire d’idées noires, c’est Muriel, ma voisine et meilleure amie, qui me réconfortait sur le canapé à coups de sages paroles et de câlins. Combien de nuits avons-nous passé à noyer nos chagrins de femmes seules et désœuvrées dans mon appartement ? Je ne les compte plus.Un comble d’être consolée par cette jeune femme de vingt-sept ans, que j’ai toujours connue seule, vivant avec sérénité un long célibat, dû à une épaisse cicatrice lui zébrant le front, vieux stigmate d’un accident de voiture. Car pour le reste, Muriel n’avait pas d’égale : longue chevelure blonde, yeux couleur miel, bouche légèrement ourlée, silhouette admirable avec formes harmonieuses pour qui l’avait vue nue. J’avais cette chance pour avoir partagé mon lit avec elle à quelques reprises, de peur de la solitude de la nuit en l’absence de Franck.Ce fut elle, le détonateur.— Pourquoi ne lui écrirais-tu pas, Lucie ? me dit-elle.— Mais j’écris déjà tous les jours !— Non, ce que je veux dire, c’est qu’il pourra peut-être arrêter de se morfondre si tu lui écris des lettres un peu cochonnes. Tu vois ce que je veux dire ?— Bien sûr que je vois. Mais qu’est-ce que ça changera ?— Ça changera qu’il pensera peut-être un peu moins à la prison.— Mais j’ai jamais écrit de choses cochonnes, comme tu dis.— Je pourrais t’aider, si tu veux.Muriel était une mère pour moi. J’étais son aînée de deux ans, j’avais un salaire trois fois supérieur au sien grâce à un emploi de directrice des ressources humaines dans une boîte de publicité, mais c’était elle, une nouvelle fois, qui prenait les choses en main.— Mais qu’est-ce que tu veux que je lui raconte ?— Je ne sais pas, ce qui te passe par la tête, des phantasmes, des cochonneries. Allez, sors une feuille, on va s’y mettre. Et à toi aussi, ça te fera du bien…Elle avait raison. L’exercice nous conduisit à mille lieux de mon quotidien, ce qui fait qu’on passa une bonne soirée. Rouge comme une pivoine en début de séance, j’étais devenue plus à l’aise au fil des minutes, bien que la rédaction m’obligeât à lutter contre ma pudeur, étant condamnée à aborder ma sexualité devant ma meilleure amie auprès de qui, malgré tout, je ne m’étais jamais épanchée. J’eus droit à toute la palette des expressions sur le visage de ma voisine : fous rires intenses, sourires mielleux, étonnements devant la pauvreté de mes pratiques.— Quoi ! Tu n’as jamais sucé ton mari ?— Bien sûr que si. Franck n’était jamais contre une bonne petite pipe, même si la pratique de la fellation n’était pas mon jeu favori. À condition qu’il n’éjacule pas dans ma bouche.C’est ce que je pris soin de préciser à Muriel.— Et il n’a jamais cherché à te remplir la bouche ?— Il en crève d’envie, mais il n’a pas intérêt. Je ne l’accepterais pas.— Pourquoi ?— Je sais pas, j’ai pas envie, c’est tout.Les questions de Muriel étaient insistantes. Mais je pris soin d’y répondre. Je tenais trop à elle pour la contrarier. Finalement, nous rédigeâmes une pleine page de phantasmes, lesquels, pour la plupart, m’avaient été soufflés par ma copine : gorges profondes, masturbations solitaires en son absence, visite carcérale nue sous une minijupe, et même sodomie. Franck n’était pas sans savoir que je me faisais un honneur de repousser cet acte et ses dérivés. Mais Muriel me persuada, me rappelant que la lettre n’avait qu’un but curatif, le but étant de donner du rêve, de l’évasion à mon chéri.Vendredi. Il me restait trois jours avant le nouveau parloir. Une demi-heure, une fois par semaine, c’était insuffisant pour lui redonner le moral. Intense bonheur lors des retrouvailles, mais chaque retour sur Paris était un véritable déchirement. Une fois, Muriel m’y avait conduite, mais en règle générale, je m’y rendais seule, en RER puis en bus. Une nouvelle fois, je passais ma soirée en compagnie de ma voisine. Le matin même, j’avais envoyé le courrier, hésitante devant la boîte aux lettres.— Et pourquoi tu ne passerais pas du phantasme à la réalité ?Désormais, je m’attendais à tout avec Muriel. Depuis la veille, elle ne cessait de me surprendre, faisant mine d’être une experte dans les jeux sexuels.— Comment ça ? demandai-je.— En lui écrivant à nouveau. Par exemple, tu lui dis que tu désires faire telle position avec lui, et lorsque tu vas au parloir, tu mets à exécution ton plan.— Dans un parloir ! Mais c’est impossible.— Comment ça, impossible ?— Il y a du passage. Et puis les parloirs sont petits et composés d’une grande baie vitrée.Je ne mentais qu’à moitié. J‘avais en effet remarqué que les surveillants n’étaient pas spécialement attentifs, lors des parloirs. Ils faisaient effectivement des rondes mais, par respect, faisaient fracasser leur trousseau de clefs sur les parois métalliques de manière à prévenir de leur arrivée à hauteur des box. Et puis, des bruits émanant des parloirs voisins ne laissaient aucun doute sur leur origine. Franck lui-même avait bien tenté de me caresser à travers mes vêtements, mais l’indécence des lieux et la peur d’être vue par les matons m’avaient refroidie.— Et alors, il n’y a pas moyen de lui tailler une petite pipe ?Muriel semblait accroc aux fellations. Mais c’est elle qui avait raison. Mon absence de propos valait réponse.— Sors une feuille, dit-elle.Et nous étions reparties. Une nouvelle fois, elle guida l’écrit, mais c’est moi qui, désormais, choisissais les termes. Ni une, ni deux, je rentrais dans le box où m’attendait mon chéri, je lui mangeais la langue pendant qu’il me collait contre une paroi une jambe coincée entre les miennes, et, sans un mot, me plaçais à genoux pour le sucer.— Et comment tu envisages la fin ? me demanda à nouveau Muriel.— Je le suce. C’est déjà pas mal. Qu’est ce que tu veux que je fasse d’autre ?— Une fellation partielle c’est bien, répondit-elle. Mais je te rappelle que s’il n’éjacule pas, il va rester sur sa faim.— Tu veux que je le masturbe pour qu’il jouisse ?— Par exemple. Le mieux serait qu’il te jute dans la bouche.— Hein !!!Muriel me déstabilisa. Son vocabulaire était cru, sans ambages. Surtout, elle m’expliqua que Franck, là où il se trouvait, avait besoin de certitudes. Un acte d’amour, un tel agissement, qui de tout temps lui avait été refusé, ne pouvait que conforter l’idée qu’il avait de notre relation. Sa théorie ne me semblait pas fausse. Mais le sperme n’était pas ma tasse de thé.N’en restait pas moins qu’elle avait raison. Ce qui fit que je dormis très mal cette nuit-là , perturbée par le sacrifice à accomplir pour donner du bonheur et par l’idée d’avoir la bouche inondée d’un liquide nauséabond. Le sommeil, finalement, m’emporta. Au réveil, j’eus la surprise d’avoir l’entrejambe mouillé.Le courrier envoyé, je passai le week-end à faire des recherches sur internet. Car la fellation, si elle était un art pour d’autres, n’avait rien de naturel pour moi. Une nouvelle fois, l’aide me vint de Muriel qui sut me télécharger un film pornographique intitulé l’Art de la Fellation, dans lequel plusieurs déesses présentaient leurs pratiques, la plupart étant avides de recevoir dans leur bouche le produit de leurs coïts.À l’écran, le sperme blanchâtre et l’attribut de leurs partenaires n’avaient rien à voir avec ceux de Franck. Si ce dernier avait visionné le film, il en serait vraisemblablement sorti complexé, car avec ses seize centimètres, il ne pouvait rivaliser avec les énormes bites de ces acteurs professionnels aux pectoraux bronzés et sculptés. Mais seize centimètres en érection me convenaient. De ce point de vue, je fus particulièrement rassurée lorsque je m’enfonçai presque entièrement dans la bouche un double-décimètre.Restait à savoir si j’étais en mesure de recevoir la totalité du jus de mon homme dans la bouche car, en tombant sur des témoignages dans un forum féminin, j’appris que plusieurs filles avaient vomi sous les jets puissants de leurs compagnons, ceux-ci leur déversant les giclées sur les amygdales en leur maintenant profondément la tête. Surtout, l’état de propreté du sexe de Franck m’inquiétait. Saurais-je résister à l’odeur, sachant que les détenus ne se douchaient qu’une fois par semaine ?Puis le mardi arriva. Le mois de juin aidant, je mis une jupe courte faisant ressortir mon cul ferme, un chemisier blanc échancré mettant en valeur mes seins, le tout surmontant des escarpins noirs à talons aiguilles. Je pris soin de placer un paquet de mouchoirs en papier et des lingettes dans mon sac à main. Deux heures plus tard, j’arrivais en bus devant la prison. Des familles entières patientaient.La lourde porte métallique s’ouvrit. Silencieusement, au milieu de nombreuses femmes — des mères et des jeunettes essentiellement — je rentrai. Je sentais le peu d’hommes présents me mater le cul. Mais je m’en moquais. J’étais toute chose, absente, guidée par le besoin de satisfaire Franck. Une femme-objet en quelque sorte. Bizarrement, je n’y allais pas à reculons. Il y avait du défi dans la démarche, celui de donner du plaisir, celui de se découvrir vicieuse, celui aussi de prouver à Muriel, ma cadette, que j’étais capable de me comporter en salope.Au loin, j’aperçus la rotonde. Une serrure, une deuxième, le couloir D et au fond, les parloirs. Une table en formica, deux chaises en plastique. Équipement sommaire dans six mètres carrés. Franck m’attendait. Une demi-heure devant nous. Mais avait-il reçu mon courrier ? Que savait-il de la démarche qui me gouvernait ? Dans l’affirmative, me croyait-il en mesure de mener à bien le phantasme décrit ? S’était-il lavé le sexe ?Il se leva, un léger sourire au coin des lèvres. D’emblée je lui tendis les miennes, sans prendre soin d’enlever mon sac à main toujours en bandoulière. Son baiser fut fougueux. Long et fougueux. Rapidement, je fus envahie par cet organe puissant qui pressait ma langue, qui me fouillait, qui s’insinuait sous mes lèvres fines, le long de mes dents. Puis ses lèvres happèrent ma langue, délicieusement, tendrement, virilement, comme une chatte aspire un phallus.En même temps, il glissa sa main gauche sous mon chemisier et se mit à me caresser mes seins gonflés. Ses gestes étaient désordonnés, irréfléchis. Sa deuxième main chercha hâtivement, sous ma jupe, mon sexe gonflé, trempé. J’étais excitée par la situation, confuse également. Mais il fallait réagir. Reprendre le dessus. Car il n’était pas prévu qu’il me pénètre, ni même qu’il me touche. S’il voulait baiser, qu’il le fasse, mais avec ma bouche.Je réussis à me libérer de mon sac à main, qui tomba au sol, avant de glisser une main à hauteur de son entrejambe. À travers le tissu, je sentais son sexe plein de désir, dur comme de la pierre. Ma chatte échappa à ses doigts au moment où je m’accroupis, frottant mon visage et ma bouche à travers l’étoffe du pantalon et du slip. Il porta ses doigts plein de ma mouille dans mes cheveux mi-longs couleur de jais.Plus rien ne me gênait, même pas l’odeur diffusée par un sexe qui devait être en érection depuis de trop longues heures, ni même les bruits de couloir. J’étais entièrement soumise. Mais je lui faisais confiance, espérant qu’il me respecte suffisamment pour m’avertir d’une arrivée imminente des matons. J’avais désormais une folle envie de baiser, de l’insulter, de lui dire toute la souffrance qui était mienne en son absence, d’évoquer ses comportements coupables l’ayant conduit ici.Mais ma seule activité fut de déboutonner son pantalon et de baisser son slip. Du même coup, je le repoussai dans un coin opposé à la vitre, caché en partie à l’aide d’un dossier de chaise. Sans desserrer la bouche, je lui jetai un regard avide lui faisant comprendre que j’entendais désormais respecter le contrat : celui de lui faire cracher son venin.Sa bite, fine, était tendue vers le plafond. Décalotté, son gland était turgescent, cramoisi. Une goutte perlait au sommet. Que faire ? Était-ce bon ? Mon cœur battait la chamade. Je ne maîtrisais plus rien. Ma bouche à hauteur de ses couilles, je sortis la langue. Ses parties étaient lisses. Longuement, je m’appliquai à glisser ma langue dans le sillon séparant les deux boules. Puis, je la glissai contre la colonne de chair, remontai contre la veine irrigant la bête. Je rouvris les yeux. Les redressai vers Franck.Il était bien là , la tête collée au mur, les yeux clos. Cette goutte, toujours au sommet. La bite, même si elle sentait fort, semblait propre. Peut-être avait-il récemment pris sa douche. Seule au monde avec cette goutte fixée sur le méat urinaire. Ni une ni deux, ma langue aborda le gland, en titilla les abords de la pointe, et vint glisser sur le sommet, léchant avec force le liquide séminal. Un ouf de contentement sortit de la bouche de Franck. Un ouf qui me donna envie de recommencer la manœuvre, doucement, puis en cadence, de long en large, puissamment, avidement.Pas d’odeur, pas de rejet, pas d’envie de vomir. Je mouillais abondamment. Mon slip était trempé. Une envie furieuse de me branler, comme dans mes jeunes années, me tiraillait les entrailles. Je repris de plus belle la fellation. Comme dans le film. À coups de langue contre la colonne de chair, à coups de succion sur le gland, à coups de mouvements du poignet de bas en haut. Ces derniers agitaient Franck. Je calmai le jeu. Le repris en bouche, guidant le gland contre les parois intérieures de mes joues. J’étais en feu. J’enfonçai à plusieurs reprises toute la bite de mon homme dans ma bouche, le gland venant frotter contre le fond de mon palais. Un geste brusque me donna la nausée. Mais je tins bon. Le sexe ressortit plein de bave poisseuse, du liquide que je pris soin de récupérer. Ça faisait un quart d’heure maintenant, dont près de dix à jouer avec son engin. À la maison, il n’était jamais si endurant. Mais les bruits gutturaux qui émanaient de Franck en disaient long sur son état. Il ne tiendrait plus très longtemps. Certes j’allais rester sur ma faim. Mais là n’était pas le problème.Je repris son sexe dans ma main, m’employant à faire coulisser la peau contre la chair, lentement, plus vite, à nouveau lentement, puis en serrant fort sa bite. Une main suffisait contrairement aux bites extravagantes que j’avais eu l’occasion de voir deux jours plus tôt avec Muriel. Soudain, je sentis monter le désir. Les bruits de gorge devenaient des râles, sa bite était saccadée de spasmes.Ne modifiant en rien mes coups de poignet, je portai le gland entre mes lèvres. Aidé de ma langue, je repassai sur le méat. J’entendais surtout ralentir la pression des jets à l’aide de mon muscle. Je ne réfléchissais plus. J’allais tout boire, je le savais. Je rouvris les yeux, Franck était toujours dans un état comateux.Puis il éjacula. Ma langue n’y put rien, elle résista à grand-peine sous les giclées, chaudes et saccadées. Il en venait énormément, de toute part, presque en continu. De quoi vous remplir la gorge. Je ne pus compter les saccades. Mais eus l’agréable surprise de ne pas détester. Goût âcre, voire légèrement salé, ce n’était pas détestable du tout. Franck avait ouvert les yeux. Il me regardait, enfin. Du jus s’échappait à la commissure de mes lèvres. Mon palais était couvert de foutre. Mais je n’avais encore rien avalé. Je pris mon temps. Il me regardait. Je soutenais son regard. Quelques secondes. J’eus bien un haut-le-cœur au moment de déglutir.— Dépêche-toi de sortir de là si tu veux qu’on recommence, lui dis-je en me relevant.Je lui remis des lingettes pour qu’il se nettoie le sexe, m’essuyai la bouche à l’aide d’un mouchoir et repartis. Sans le regarder, ni même lui dire au revoir. Nous n’étions pas au terme de notre demi-heure de parloir mais le geste que je venais d’accomplir valait tous les mots d’amour. Et surtout, il le savait.Le retour sur Paris fut moralement compliqué. J’avais la chatte en feu, le slip trempé et la bouche malodorante, mais surtout, je retournais dans mon trois-pièces du quartier Montparnasse, seule, et dans l’incertitude d’une libération à venir. Une nouvelle fois, ce furent les bras de Muriel qui me réconfortèrent. Je lui racontai tout. Y compris les sentiments qui avaient été miens durant la fellation. Muriel n’avait pas besoin de savoir lire entre les lignes. Elle comprit rapidement que, dans l’adversité, j’avais pris un réel plaisir à sucer Franck dans un lieu insolite. Surtout, elle m’encouragea à recommencer ce type d’expérience, à réveiller la chienne qui sommeillait en moi.— Car nous sommes toutes des chiennes, me dit-elle au moment de boire un troisième verre de Monbazillac.Puis, comme un peu trop souvent ces derniers temps, elle resta manger avec moi. Muriel était belle et lumineuse. Elle était désirable malgré une mèche de cheveux blonds qui masquait à peine sa cicatrice frontale. Je l’enviais d’être aussi radieuse et forte. Je la remerciai mille fois de me soutenir car les larmes, de nouveau, envahissaient mon visage rond et mes yeux gris-vert.Nous nous assîmes sur le canapé, puis elle se leva, revint avec deux verres de Cognac, « pour nous ressaisir » dit-elle. Légèrement enivrée, je me sentis mieux. Puis, comme une mère et son enfant, instinctivement je me lovai sur ses jambes, en partie allongée sur le canapé. Elle me caressa les cheveux, doucement, longuement, langoureusement. Après les cheveux, le visage, les tempes, le front. Ses mains étaient douces, chaudes. Ses doigts me faisaient du bien.Puis elle écarta mes cinquante-trois kilos, se leva et se dirigea vers la chaîne hifi pour y insérer un CD de James Blunt. Ses mélodies, sa voix aérienne, me firent chavirer un peu plus. Dehors il faisait nuit. Les larmes ne cessaient de couler, les mouchoirs s’alourdissaient. Elle me reprit dans ses bras, me pressa à ses côtés. Puis elle m’embrassa, par petites touches, sur les joues, sur la tête, sur le front. Sa douceur m’affolait. Je voulais la câliner à mon tour. Elle le méritait tant. À genoux sur le canapé, face à elle, je pris son visage dans mes mains avant de glisser ma bouche sur toutes les parties. Délicatement j’écartais sa frange. Posément, j’en vins à embrasser son épaisse cicatrice, la longeant de milliers de bisous. Elle aussi pleurait désormais. Je buvais ses larmes, ma langue accrochant parfois ses cheveux blonds. Je suivais les sillons, j’effaçais les traces de pleurs. Jusqu’aux commissures de la bouche.Ce qui se passa, je ne peux vraiment le dire, ni le situer. En tout état de cause, nos lèvres se frôlèrent, puis s’emprisonnèrent. Longtemps. Puis je sortis la langue et la passai sur sa lèvre supérieure, goûtant à ses larmes, humant son odeur. Nous continuâmes, allongées sur le sofa, nos bouches enchevêtrées, nos langues en lutte. Troublée, conquise, elle m’avait mise en confiance à coups de caresses et de câlins.Une demi-heure, peut-être une heure, nous sommes restées dans cette position, elle dessous, moi dessus. Bassin contre bassin, parfois une jambe entre celles de ma partenaire, nous nous frottions, et surtout nous nous embrassions. Puis elle me retourna, d’un coup (plus grande que moi de dix centimètres, elle n’y eut aucun mal) avant de se placer à califourchon sur moi. Ses pleurs avaient disparu. Ses cheveux brillaient dans la pénombre. Son regard était ténébreux.Elle me fixa, tout en dégageant sa tunique puis son soutien-gorge. Torse nu, elle resta immobile quelques secondes, avant de prendre mes mains et de les porter sur ses magnifiques seins, fermes, ronds, avec de belles aréoles. Ils étaient aussi désirables qu’elle. On avait envie de les manger, de les croquer comme deux belles pommes. Mes caresses se voulaient douces, langoureuses, symétriques, réfléchies.J’en massai les contours pour mieux me rapprocher des tétons que je pris délicatement entre le pouce et l’index. Puis recommençai la manœuvre. Elle en bombait le torse, la tête rejetée en arrière dans un équilibre précaire. Puis elle revint à la verticale. Son regard à nouveau, ses yeux dans les miens, pendant qu’elle dégrafait mon chemisier. Elle extirpa mes seins qui n’avaient rien à envier aux siens, et se pencha pour me les lécher.— J’ai envie de te manger, me dit-elle à l’oreille.— Bouffe-moi, baise-moi.L’effet de l’alcool, peut-être. Jamais je n’avais fait l’amour avec une femme. Elle non plus, me dit-elle plus tard. Mais je ne la crus pas, vu le savoir-faire qu’elle démontra par la suite. Elle me prit par la main et me conduisit dans la chambre. Je n’étais pas réellement amoureuse. J’étais psychologiquement éreintée de tant d’émotions, de ma solitude. J’étais à l’abandon, résignée à offrir mon corps, à accepter tous les outrages. Y compris ceux qui me paraissaient peu catholiques.Debout, au pied du lit, nous nous embrassâmes à nouveau. Lentement, ses baisers se dirigèrent sur mes seins, puis sur mon nombril. Elle fit glisser ma jupe et mon Tanga, baisant au passage les poils de mon pubis. Enfin, elle ma bascula en arrière. J’étais inerte. Je ne maîtrisais plus rien, je la laissais faire. Je savais déjà à peine faire l’amour à un homme, j’étais incompétente avec les femmes. Elle s’allongea sur moi de tout son long après avoir retiré son string en dentelle. Puis elle se frotta à moi, descendit vers mon puits d’amour pour y placer la bouche. J’étais gênée, mais je mouillais abondamment. Je fis mine de garder les jambes serrées, ce qu’elle fit rompre d’un regard.— Je vais faire de toi ma pute, dit-elle en commençant à passer sa langue sur mes grandes lèvres.Les mots, dans sa bouche, me choquèrent ; elle qui, il y a une demi-heure encore me cajolait comme une mère. Mais je la laissai faire. Surtout, je m’électrisais à chaque coup de langue. Le muscle mou et puissant de Muriel s’enfonçait toujours un peu plus dans mon antre. J’étais désormais dans un état second, un état que je n’avais guère connu avec Franck, lequel n’était pas un adepte des cunnilingus.— Retourne-toi ! m’ordonna-t-elle.J’obéis, persuadée qu’elle allait s’allonger de tout son long sur moi, mimant ainsi une pénétration par derrière. Ce fut le cas, quelques minutes. Puis elle descendit à nouveau, humidifiant de sa langue les omoplates, l’épine dorsale, les reins. Puis sa tête à hauteur de mes fesses. Que faisait-elle ? Je voulus me retourner. Elle m’en empêcha, ses mains posées sur mes deux lobes. Elle écarta mon petit cul, et y glissa le nez et la bouche. Jamais, au grand jamais, je n’aurais permis à quiconque de fureter de ce côté-là . Franck n’avait jamais osé d’ailleurs. Vierge du cul j’étais, vierge du cul je resterai, pensais-je souvent.Force fut de constater qu’elle trouva rapidement le chemin de mon œillet avec sa langue. Je me mis à gigoter, mais Muriel se rebella à son tour, pesant de tout son poids pour que je ne bouge plus. Finalement, je cédai. D’autant que la caresse anale, même si je la contestais, était miraculeusement agréable. Ses coups de langue, circulaires, puissants, me faisaient chavirer. Je n’en pouvais plus de ce bonheur, appuyant mon pubis contre le matelas en espérant secrètement m’empaler sur un ressort fatigué. Mais Muriel s’arrêta.— Mets-toi à quatre pattes ! Par terre !Nouvel ordre, auquel, encore, je ne résistai pas. Pourquoi par terre ? Pour avoir plus d’assise, le matelas étant jugé trop bancal pour qui voulait se positionner sur les genoux. Et le manège reprit.J’obéis. Sa voix, habituellement suave, était moins agréable. Sa réponse à mon geste dépassa mes espérances. À nouveau elle glissa sa langue entre mes fesses, la faisant coulisser entre mon sexe trempé et mon anus désormais humidifié. Elle m’obligea à descendre sur les avant-bras, les reins cambrés, le cul offert, comme une chienne. Elle jouait de son menton également, massant par à -coups ma chatte pendant qu’elle forçait de la pointe de sa langue ma grotte interdite.Petit à petit, pourtant, mon anus se dilatait et les sphincters devenaient moins résistants face aux assauts. Bonheur intense, j’étais dans un autre monde. De petits cris, désormais, accompagnaient les coups de boutoir de ma meilleure amie. Puis elle se retira. Revint vers ma chatte où elle se délecta de mon jus avant d’y glisser deux de ses longs doigts manucurés. Elle les ressortit juteux, trempés, et les porta à ma bouche. Sans résistance aucune, je léchai les ongles de ma maîtresse, je goûtai le suc de mes entrailles. Puis elle recommença, deux fois, trois fois, nos bouches se délectant de ce doux nectar qui ne ressemblait en rien au sperme âcre de Franck. Toujours positionnée derrière moi, elle m’inonda le fessier de ma mouille. Ma raie était gluante. Le démon m’habitait. J’en voulais encore plus. Plus de doigts dans ma chatte, et un bon coup de langue dans le cul.— Oui, recommence, dis-je.En guise de réponse, elle m’enfonça, sans coup férir, son index dans le cul. Instantanément, sous le coup de la surprise, je me mis à jouir, enserrant son doigt de mes sphincters avant de m’affaler à plat ventre.— La prochaine fois, je t’enculerai ! lança-t-elle en s’allongeant sur moi.Qu’entendait-elle par m’enculer ? Ne venait-elle pas de le faire ? Et pourquoi une prochaine fois, après tout ? Car, personnellement, je mettais cet événement, certes riche en émotions intenses, sur le compte d’un dérapage, d’une tendresse mal maîtrisée.Pourtant, ce n’était que le début.