Lorsque tout est sur le point de commencer, j’ai vingt-huit ans, un poste de préparateur dans un entrepôt près de Paris par où transitent des tonnes de livres destinés à cinq librairies d’un même groupe. C’est aussi le siège social de cette entreprise, on y trouve le bureau de la présidente, le service informatique et économique. J’ai un salaire médiocre, mais à durée indéterminée et je suis en couple avec Claire. Elle, c’est une perle. Elle a trois ans de moins que moi, mais est clairement plus mature. Libraires en devenir, nous nous sommes rencontrés un jour où je procédais à une livraison en catastrophe pour une séance de dédicace imprévue. J’avais accepté de le faire sur mes congés et gracieusement, elle avait tenu à m’inviter pour manger avec elle et l’auteur pour me remercier.Cela fait deux ans maintenant et depuis nous avons emménagé ensemble. Tout va pour le mieux, je me vois faire ma vie avec elle. Son intelligence, sa douceur, sa façon de se rouler en boule devant une série et de la vivre par procuration, tout me touche et me séduit. Je la trouve belle avec ses cheveux courts en bataille d’un joli brun qui tire vers le blond sur les pointes. J’aime son corps menu, ses petits seins qui se tiennent bien droits, son rire et comme elle me mordille dans le cou, juste sous l’oreille. Et puis au lit, on ne s’ennuie pas, elle est entreprenante, joueuse, amoureuse…Je ne suis pas beaucoup plus demandeur qu’elle et, si jamais… elle ne voit pas d’inconvénient à ce que je me soulage en regardant une vidéo ou deux dans mon coin. L’idée de me surprendre en plein acte l’excite et je crois qu’elle cherche parfois à provoquer cette situation. Mais parfois, rarement, j’ai aussi droit à sa bouche seule, à défaut du reste. Elle le fait consciencieusement, mais avec une retenue timide, ça ne suffit pas toujours à me faire aller au bout ; il faut que je sois un peu frustré d’abord.Je pense à cela quand Patricia nous dit :— La fellation, au début c’est sympa, j’aime bien faire ça, mais franchement pas tous les jours non plus. J’en fais à mon mec, mais c’est lassant à force.C’est l’heure du repas, nous sommes trois en salle de pause et la conversation a légèrement dévié sur les pratiques sexuelles qui font consensus ou non. Tout est parti d’un bouquin, une édition du Kamasutra hors de prix commandée par un client sûrement fortuné, et que presque tout le monde a consulté dans la matinée avec les précautions de rigueur.Étienne, notre recrue de la rentrée, un peu efféminé sans être maniéré, est un gay qui s’assume. Il a tout juste vingt ans, mais participe avec décontraction à la discussion.— Moi, j’adore ça. J’aime donner ce plaisir et personne ne s’est jamais plaint !Nous rions et je crois bon d’ajouter :— Dommage que toutes les femmes ne soient pas aussi enthousiastes que toi.J’ai droit à un clin d’œil de sa part.— Jamais satisfait, lui, se moque Patricia. J’en parlerai à Claire si tu veux.— Hmmm, c’est gentil, non. Merci. Elle fait déjà tout ce qu’elle peut.Patricia glousse en mâchant sa tourte aux poireaux. Et puis la conversation repart sur des terrains moins équivoques.Tout cela aurait dû rester dans l’oubli, mais un événement inattendu se produit dès le lendemain.Il est dix heures du matin ce jeudi de printemps, il fait déjà lourd dans notre vaste bâtiment mal aéré. Je vais rapidement remplir ma bouteille d’eau aux toilettes. Celles-ci consistent en une pièce fermée par une porte battante, avec deux lavabos et deux cabines attenantes. Étienne est en train de se laver les mains quand j’entre. On se salue, je commence à remplir ma bouteille tandis qu’il se sèche les mains. Puis, juste avant de s’éclipser, il me glisse :— Si une fois tu veux essayer… en mimant vulgairement avec sa main et sa bouche ouverte une fellation énergique.— Okay, ça marche ! dis-je par-dessus mon épaule sur le ton de la plaisanterie. Mais mon sourire est éphémère ; je suis surpris pour ne pas dire choqué. Je finis de remplir ma bouteille en réalisant que rien chez lui ne laissait transparaître d’humour. C’est une proposition on ne peut plus sérieuse.Je reste un peu abasourdi. Étienne c’est 1,85 m de bonne humeur, pantalon slim et t-shirt près du corps à thèmes geek. Pas du genre à mettre en avant son homosexualité à la moindre occasion, même s’il ne s’en cache pas. Il est délicat dans tout ce qu’il fait, très posé, avec un langage précis et dénué de grossièreté qui tranche avec sa voix grave, inattendue chez un homme de son gabarit. Je ne suis pas spécialement sensible à la beauté masculine, mais son visage est fin et il ne laisse jamais une barbe pousser plus de deux jours. Et puis sa coupe de cheveux dénote aussi tout le soin qu’il prend de lui, impeccablement coupée court sur les tempes, mais plus broussailleuse et cirée au-dessus.Je retourne à mon poste pour gérer les flux de commandes. La matinée se passe sans que je ne cesse de repenser à cet instant. Je suis sûr de mon orientation sexuelle, mais je me demande tout de même ce qui a pu amener Étienne à me faire cette avance. Il aura mal interprété ma remarque d’hier au déjeuner. Le hasard fait qu’aujourd’hui je me retrouve à côté de lui avec mon plat à réchauffer. Nous sommes presque une dizaine autour de l’alignement de tables qui meuble la salle de pause. Ça discute foot, vacances, opérations de BD promotionnelles, on peut venir se servir dans le tas cet après-midi.Pendant toute l’heure de repas et de détente, aucune allusion de la part d’Étienne, encore moins de gestes déplacés. Je le regarde un peu en coin, parfois, entre deux plaisanteries avec Patricia, la grande Alice de la compta ou Pierre, le coordonnateur des livreurs.Il m’est arrivé de ramener Étienne en ville le soir en voiture, puisqu’il habite pas loin d’un carrefour du centre que j’emprunte tous les jours. Mais il a fini plus tôt que moi aujourd’hui et pris un bus. Sur le trajet, je revois son geste obscène, son regard on ne peut plus ferme.***— Hello, Max-mon-amour, ronronne Claire en passant ses bras à mon cou pour poser suavement ses lèvres sur les miennes.Elle a sa petite jupe fleurie et un haut qui offre un décolleté fort appréciable. Je serre avec plaisir son corps contre moi, passe la main dans son dos et sur ses fesses pendant que nous nous embrassons mutuellement dans le cou. La pièce baigne dans une palpable odeur sucrée. Une tarte ou une brioche doit prendre de beaux tons dorés dans le four. Je pose mes affaires quand elle m’annonce qu’elle a aussi prévu un bon petit repas pour ce soir, que je ferais mieux de simplement me détendre en attendant.— T’es adorable, ma puce. Je vais prendre une douche.— Oui, je suis adorable, mais fais vite… je pourrais bien boire les deux bières que je vais ouvrir si tu traînes.— Jamais de la vie !— Ben non, tu me connais trop bien.— Carrément.Je file en souriant. Dans la salle de bains, je me déshabille devant le miroir, je regarde ce type plutôt costaud. Je visualise presque immédiatement aussi Étienne à genoux devant moi. Qu’est-ce que ce serait de baiser cette bouche délicate ? Je suis sûr que lui il avale, que je pourrais me lâcher complètement. Je commence à bander, je me regarde grandir et devenir dur. Je me caresse un peu. Qu’est-ce que ce serait de baiser cette bouche délicate ? Qu’est-ce que ce serait ?Sous la douche, je m’attarde sur mon sexe, que je branle, bien moussant. J’ai vraiment envie de gicler, il ne me faudrait pas bien longtemps, mais je pense que Claire compte sur moi ce soir et je veux me réserver pour elle. En me séchant j’anticipe les sensations quand je la pénètre et que je peux mordre doucement les pointes de ses seins. J’ai une érection solide en me posant dans le canapé. Petits fours, bière fraîche, émission de télé-réalité quelconque.Claire me rejoint, dit « t’es trop beau » et s’assoit à califourchon sur moi en troussant sa jupe. Elle m’embrasse avec lenteur, sa langue parfumée à la bière ambrée s’aventurant loin dans ma bouche. Un son de gorge interrogateur ne tarde pas à lui échapper. Ses hanches tournent sur moi, sa petite chatte reconnaît à travers la culotte légère ce qui palpite durement sous le tissu du jean.— Dis donc… souffle-t-elle, sourcils froncés, comme un reproche factice entre deux baisers.Mains plantées dans ses fesses, je lui dis que c’est de sa faute et lui fais bien sentir la bosse accusatrice. Puis je la fais se lever un peu, le temps de me libérer et d’écarter sa petite culotte.— Dis donc… redit-elle. Mais tout ce qu’elle ajoute n’est qu’un soupir libérateur, comme je glisse doucement en elle.Les bières n’ont pas le temps de se réchauffer. Nous faisons l’amour ainsi, vite et fort. Je jouis le premier et puis elle se caresse, toujours assise sur moi, jusqu’à sa propre délivrance. Le repas est délicieux ; la séance, tous deux enlacés devant une série, est parfaite. Mais quand je ferme les yeux dans notre lit, je n’ai pas oublié Étienne de la soirée. Je suis à nouveau dur lorsque je m’endors, m’imaginant très bien ce que ce serait.***On pourrait croire que je n’ai pas débandé de la nuit quand le réveil sonne. Je me lève sans déranger Claire qui commence bien après moi. En m’habillant, en prenant mon café, en préparant mon sac, mon repas pour midi, je ne pense qu’à lui. Je m’imagine ce que je pourrais lui dire en le dominant de toute ma hauteur. Pompe-moi bien, allez… Allez, suce…Je suis l’un des premiers à arriver au dépôt. Je prends un café en compagnie d’une secrétaire et de la responsable paye, puis je m’installe à mon poste. C’est simple. Étienne est l’un des informaticiens, j’ai juste à lui envoyer un mail.Objet : tu es gâtéSalut Étienne,J’ai réfléchi à ta proposition d’hier. Comment on s’arrange pour décharger ce gros dossier ?LOL.MaxJ’ai le cœur qui bat au moment de cliquer sur « envoyer ». Je me garde une porte de sortie, je pourrai toujours prétexter un humour merdique si je me suis trompé sur son compte. J’aimerais vous dire que je reprends mon travail, les réceptions de commande et les demandes à nos fournisseurs. Mais non, je reste sur ma boîte mail, que je réactualise toutes les dix secondes. Et je bande, je suinte dans mon caleçon.Objet : Re : tu es gâtéSalut Max, 9 h 45, toilettes de droite.E.Il n’a pas traîné, et encore une fois je ne devine aucun second degré dans sa réponse. C’est dans moins d’une heure. J’ai encore le temps de reculer, de ne pas faire ça à Claire. En même temps, ce n’est que moi que ça regarde, ma liberté d’expérimenter, de vivre… Et c’est un mec, ça ne compte pas vraiment. Pour tout dire, ce n’est que de la curiosité, il n’y a aucun sentiment là -dedans.Les minutes se traînent, se marchent les unes sur les autres, ça n’avance plus du tout. Je suis fébrile. Je vais le baiser. Juter entre ses lèvres. Je m’essuie tout de même discrètement avec un mouchoir en patientant. Il est l’heure, je traverse les couloirs avec une nonchalance de façade. Petit sourire à la compta. Je bifurque, pousse la porte battante des toilettes. Personne devant les lavabos… Parfait ! La cabine de droite est fermée. Je tremble en donnant un petit coup contre.— Heu, c’est Max, je cherche Étienne.La porte s’ouvre, c’est bien lui, souriant comme toujours. Il porte un t-shirt Nirvana et je suppose que ce n’est pas le fait du hasard. Il me fait signe d’entrer et referme à clef.— Détends-toi, bébé, dit-il en s’agenouillant.Le surnom est grotesque, mais je m’en fous. Il ouvre mon jean sans hésitation, grogne de satisfaction en constatant que je suis bandé, et déjà sa bouche est contre mon caleçon à me mordiller à travers le tissu. Je suis bras ballants tandis qu’il me serre entre ses doigts et mord doucement. Puis il descend mon caleçon, hume mon sexe en pressant son visage contre et me lèche. Avec douceur, avec passion, avec science. Il descend sur mes testicules durcis, les prend en bouche, les aspire. J’ai le souffle court et lorsqu’il m’attire dans sa bouche, c’est le paradis promis.Il est incroyable, c’est un fourreau doux et ferme à la fois. Sa langue ondule et frappe. Il me déguste, me fait coulisser avec lenteur et la seconde d’après me branle de ses lèvres avec vivacité. Je soupire aussi doucement que possible, mais lorsqu’il parvient à me faire entrer sur toute ma longueur, jusqu’à explorer l’orée de sa gorge, je geins sans retenue.— Ça vient, dis-je.— Hmm-humm…Chaque giclée est divine, des spasmes inédits dans mes reins, un sentiment de bien-être, de plénitude qui me bouleverse. J’ai une main sur sa tête, comme une bénédiction. Sa bouche me flatte encore quelques instants et puis se retire, abandonne mon sexe d’un brun assombri par l’excitation. Étienne me sourit.— Ça t’a plu ?— C’était incroyable.— Pour moi aussi. J’adore tes réactions.Je réalise qu’il m’a avalé sans hésitation. Il me fait un clin d’œil, ouvre la porte et sort après avoir vérifié que personne n’attendait.C’était incroyable, je n’ai pas menti. Il y a un monde entre ce que savent faire Claire et lui. Je me réajuste, encore enivré, mais la culpabilité monte en moi, irrémédiable. Claire n’en saura rien, ça ne la concerne pas. Je vivrai avec ça, c’est tout.Le reste de ma journée est flou, je travaille comme un automate. Relativement peu de commandes à préparer, je peux rentrer chez moi un peu plus tôt que d’habitude avec soulagement. Lorsque Claire arrive à son tour, rien n’a changé, je ressens toujours cet amour profond pour elle. Nous nous racontons nos journées respectives. Ses clients farfelus, mes tonnes de bouquins à préparer. Au moment du dessert, elle me fait la surprise d’une petite boîte de macarons.— Pour tenir avant le dernier jour de la semaine, dit-elle d’une voix d’enfant qui se cherche des excuses.Je cache ma gêne derrière un appétit de circonstance. C’est vrai que je n’ai pas beaucoup pensé à elle aujourd’hui. Malgré tout, je m’étonne à quel point la soirée qui suit est on ne peut plus normale. Elle s’endort dans notre lit, blottie contre moi ; c’est chaud et délectable.***Le lendemain lorsque je vois Étienne, il est au milieu de nos collègues, à reconfigurer un poste informatique. Autour de lui, les piles de livres montées sur les chariots défilent, sont défaites et réparties dans des cartons. Nous nous saluons de loin, comme si de rien n’était. Je consulte tout de même ma boîte mail avec fébrilité. Rien de particulier.Les heures passent, Alice de la compta est la seule à passer me voir dans mon bureau pour discuter un moment. Ses histoires avec son mec incertain qui a peur de s’engager. Je ne le comprends pas, elle est grande et sexy, je sais qu’elle est sportive et j’aime sa sensibilité. Elle a toujours des avis subtils, jamais rien de définitif. J’hésite à lui demander ce qu’elle pense d’Étienne, comme il est nouveau dans la boîte, mais un coup de fil l’interrompt avant que je ne le fasse et elle repart à petites foulées vers le bout du couloir.À midi, nouvelle vaste tablée durant la pause. Grosse ambiance avec la perspective du week-end, tout le monde est aussi fatigué qu’excité. Étienne me fait face, mais il est tel que lui-même et se moque gentiment d’Alice assise à côté de moi. Au hasard de la discussion, nous nous rendons compte que nous finissons à la même heure.— Tu me ramènes ?— Ouais, bien sûr.Mon cœur s’emballe à ce bête échange. D’un seul coup, je ne suis plus vraiment là . Tout est plus léger, je me prends à demander des précisions à Alice sur le comportement de son copain. Les minutes filent, chacun retourne à son poste et pour moi l’attente commence. J’hésite à envoyer un mail à Étienne, mais… pour lui dire quoi ? Un coin de mon esprit imagine des trucs, mais ma conscience me dit que ça suffit comme ça.Mais je ne peux m’empêcher de le revoir à genoux, de sentir ses dents et sa bouche accueillante… je ne débande presque pas deux heures durant.Et peu avant 17 h, Étienne m’envoie un message sur WhatsApp. J’avais oublié qu’il a les coordonnées de tous les employés.— Go ?— Oui, je ferme tout.Je salue les bureaux en partant, un au revoir respectueux à la présidente. Nous nous retrouvons sur le parking, il attend à côté de ma voiture. J’ai une érection terrible au moment de démarrer. Nous n’avons pas échangé un mot, mais j’ai besoin de rendre tout cela quelconque.— Je te dépose au rond-point ?— Oui, comme d’habitude.— OK.Je devine qu’il me regarde en coin alors que je manœuvre pour sortir du parking, et je m’élance à peine sur l’avenue que sa main se pose sur ma cuisse. Je suis comme tétanisé, mon cœur tape à tout rompre. Je ne dis rien, je ne le regarde pas. Sa main trouve sans peine la barre de mon sexe et quand Étienne fait mine de se pencher j’écarte mon bras pour le laisser venir. Je jette des coups d’œil désormais, lorsqu’il ouvre mon jean et sort ma queue bandée. Puis je ne vois que sa nuque, et des vagues de plaisir intense me font soupirer. Je lève le pied, j’essaie de rester concentré sur la route. Ses doigts tirent sur mes testicules, les manipulent, et son majeur vient me masser plus bas. Je gémis librement tant sa bouche est délicieuse. Ses va-et-vient aqueux m’arrachent des trépidations de désir. Je ralentis encore, dans une ligne droite peu fréquentée.Il reprend un peu de champ pour m’encourager.Il m’engouffre, ses lèvres épousent mon pubis. Je le maintiens d’une main et mon foutre entraîne avec lui mes certitudes et mes résolutions. Je râle de bonheur, gardant tant bien que mal les yeux ouverts et le contrôle de la voiture. Étienne déglutit, se dégage pour respirer un peu et me reprend, me savoure de longues minutes.Il s’essuie d’un revers de main, reprend une posture plus conventionnelle.— Bon week-end, dit-il comme je me gare sur le bas-côté.— Carrément. À lundi.— Ouep, salut !***À partir de là , une espèce de rythme s’installe. Deux à trois fois par semaine, dire que mon jeune collègue me suce ne serait pas lui rendre justice. Non, mon collègue génère et draine hors de moi de la jouissance pure. Je me répands dans sa gorge aux toilettes, à mon bureau, dans un recoin du dépôt, en voiture…Complètement perdu, je m’invente le pseudo-Kantitio sur le forum de pyschologies.com et je poste mon histoire en modifiant quelques détails pour rester anonyme. Les réponses ne m’aident guère et ma déroute perdure. Parfois, c’est moi qui l’invite sur WhatsApp, parfois c’est lui qui me dit où le retrouver. Je culpabilise, bien sûr, j’aime Claire plus que jamais, mais lui, sa bouche… il est juste trop doué. Je ne vois pas comment trouver le courage de m’en passer. Aucun sentiment pour lui malgré tout, et je pense que c’est réciproque.Je ne devrais pas le dire, mais il entreprend des choses que je n’aurais normalement jamais acceptées. Je repense en particulier à ce jour dans mon bureau. L’après-midi touche à sa fin, je pense bien être le dernier membre des bureaux administratifs avec lui. Lorsqu’il passe ma porte en silence et la repousse doucement derrière lui, j’ai un sursaut immédiat d’excitation.— Fini ce que tu as à faire, j’ai juste envie de ta belle queue tout de suite.— Heureusement que je n’ai plus rien d’important à boucler…Il vient à côté de moi, se glisse dans l’espace sous le bureau entre mes jambes et défait mon jean. Comme il ne s’embarrasse plus, il le descend sur mes chevilles avec mon boxer. Sa langue, sa langue… sa langue partout, entre chaque pli, enroulée à mon gland, caressante et gourmande. Il m’attire plus avant et sa langue descend, fait tressauter mes couilles, darde entre mes fesses et son contact sur mon anus m’électrise. Une onomatopée indistincte m’échappe. Il me tient bien aux cuisses, je ne peux pas le repousser et sa langue m’envoie des frissons jusque dans les reins. Si Claire me voyait…À nouveau, je suis dans sa bouche et ce doigt qui pousse en moi m’arque contre le dossier de ma chaise. C’est trop, c’est exquis et en moins d’une minute il recueille dans sa bouche le fruit de ses efforts. Je suis effondré, sans force, presque haletant. Quand Alice toque, pousse la porte et s’invite dans la pièce, je n’ai que le temps de me redresser et de me coller au bureau.— Hello, tu as deux minutes ?— Heu… oui, oui, bien sûr.— J’en peux plus de cette journée, dit-elle en s’avançant pour se poser sur le siège en face de moi.— Pareil, je suis à bout. Je finis juste un truc et je me sauve.Je devine Étienne prendre une posture aussi confortable que possible, coincé qu’il est dans l’espace exigu. Et mes yeux sont des billes quand je sens qu’il me reprend dans sa bouche pour me téter en silence. Je voudrais serrer les cuisses, mais c’est impossible, il prend trop de place et me tient fermement. Je n’ai même pas eu le temps de débander, j’ai l’impression d’avoir dix ans de moins et une libido infinie.Alice parle en regardant ses genoux et cherchant parfois à croiser mon regard. J’écoute tant bien que mal ses inquiétudes ; au bout de combien de temps nous nous sommes mis en couple avec Claire ? Et comment se passe le quotidien ? Vous avez déjà parlé bébé ?Ma voix n’est pas assurée, mais j’essaie de répondre aussi naturellement que la situation me le permet, sans lui donner trop d’opportunités de rebondir sur mes propos.— Et ménager un espace de liberté pour l’autre dans un petit appart’ ? C’est pas trop dur ?Cette pipelette ne se rend compte de rien, mais j’ai envie de lui dire que si, je suis bien trop dur à cet instant même et que j’ai des sueurs froides dans le dos à l’idée de devoir gicler sans rien laisser paraître devant elle. Mes mains tremblent sur le clavier, l’idée me vient de faire semblant de taper des choses en plissant les yeux, faussement concentré.— Ben, il te restait plus de boulot que moi en fait, dit-elle en souriant.— Oui…C’est un oui soufflé péniblement qui, pour ma grande mortification, a des intonations de supplique. Étienne me malmène d’une lenteur extrême qui me fait sentir chaque millimètre de mon sexe emprisonné entre ses lèvres. Alice me sourit.— Je crois que tu travailles trop, il faut que tu apprennes à te décharger sur les autres.— Carrément, t’as raison.— Mais oui ! Bon…C’est à ce moment que je ne peux plus résister aux assauts de notre informaticien et que je me prends le visage à deux mains pour dissimuler les marques du plaisir, en me frictionnant comme pour essayer de me réveiller.— … ça va aller, conclut Alice qui se lève. Prends soin de toi. Bonne soirée, la bise à Claire.— Oui, toi aussi, dis-je d’une voix étouffée en me penchant pour chercher un dossier imaginaire dans le tiroir. À demain !Étienne extirpe les dernières gouttes de jouissance de ma queue essorée. Il semble heureux de son petit tour. Je ne ressens même pas le besoin de lui reprocher le risque qu’il nous a fait courir. C’était trop intense une nouvelle fois.Et le rythme étrange de cette relation ne cesse pas. Quand je fais l’amour avec Claire, je suis tout à elle, aucune pensée parasite ne m’affecte. Pour autant, je ne suis pas serein, non. Je me prends à craindre d’être découvert, au boulot comme à la maison. L’excitation retombée je me convaincs que c’était la dernière fois, mais ma volonté flanche au moindre message sur WhatsApp. Et puis j’essaie peu à peu de faire comprendre à Claire que j’aimerais sentir ses doigts en moi aussi, pendant nos préliminaires… mais je la soupçonne de faire semblant de ne pas comprendre, alors je n’insiste pas.***La vraie bascule, si je devais la situer, intervient un vendredi pendant les vacances scolaires, jour de peu de poids logistique pour nous. Quand mon téléphone vibre cet après-midi et que mon sexe frémit en réaction, je ne me sens pas plus glorieux qu’un des chiens de Pavlov. Étienne sera rentré avec la voiture de fonction d’une des librairies dans la demi-heure. Le dépôt est presque abandonné avant ce long week-end.Et quarante minutes après ce message, nous sommes dans les toilettes. Il est à mes genoux, fourré jusqu’à la gorge et j’ai l’impression de revivre encore et encore le même rêve. Mais alors que j’approche du moment attendu, il se recule.— Bébé, j’aimerais sentir ta queue en moi— Quoi ?— Je veux que tu me prennes, bien fort.— Non, non, je…— Attends.J’ébauche un geste, mais déjà il se tourne dans l’espace étroit, baisse en même temps pantalon et boxer. Son cul pêche, juste là , joliment bombé, avec deux fossettes au niveau des reins. Je suis acculé contre le mur et il se colle à moi, ondulant comme un reptile, mon sexe comprimé à la verticale entre ses fesses.Je pense « non », mais assiste à ses manœuvres avec une passive complaisance. Ce n’est pas moi qui veux le sodomiser, c’est lui qui me guide d’une main, vous voyez, un pied en appui sur la cuvette des toilettes pour ouvrir ses cuisses. Il est bien droit contre ma poitrine et j’ai le réflexe de passer mon bras autour de sa taille. Je l’enlace gauchement, comme pour prévenir une chute, ce n’est pas l’inquiétude qu’il s’échappe maintenant. Je m’abaisse un peu et j’avance le bassin pour l’aider, juste pour l’aider. S’il en a envie, je lui dois bien ça, vous comprenez.Lorsqu’il trouve le bon angle, mon excitation dégoulinante est le meilleur des lubrifiants. Je grogne à son oreille en sentant comme il m’accueille, la chaleur moite et glissante autour de mon sexe. Il est serré le coquin, et soupire de contentement. J’ai honte de l’avouer, mais c’est bon, délicieux même. Simple spectateur, je le laisse me baiser ; c’est bien lui qui donne le rythme selon son goût. Chaque descente est comme un poing qui m’enserre, impitoyable, jusqu’à la base. Chaque remontée, un supplice délectable qui m’étrangle le gland.Étienne se masturbe à gestes vifs, tandis que je reste presque immobile, les mains sur ses hanches. Je n’aurais jamais imaginé cela et pourtant c’est bien moi qui peine à contenir des gémissements en me faisant chevaucher par un homme. Il ne me faut pas deux minutes pour que la situation n’ait raison de moi et mes jambes flanchent presque lorsque je jouis dans ce joli cul. Étienne ne tarde pas non plus, contenant tant bien que mal entre ses mains des giclées irrépressibles. Je réalise que c’est la première fois qu’il éprouve un orgasme avec moi.Je reste abasourdi. Il me retire de lui, s’essuie avec une boule de papier toilette. J’ai le souffle court.— Oh bébé, dit-il avec un grand sourire. Et il me nettoie, ses yeux dans les miens. Ton foutre était brûlant.— Oui.Que répondre d’autre ? Il se réajuste en silence. Avant de sortir, il presse mon sexe fort à travers le jean que je viens de refermer.Je voudrais dire non, mais hoche la tête. Et puis je reste là , le sexe encore irradiant. Ça ne nous empêche pas de rentrer ensemble sans évoquer cet instant qui m’a bouleversé.— Salut, bon week-end, dit-il en descendant au rond-point.— Carrément. À lundi.***C’est un dimanche matin, peu après, qu’il frappe chez moi. Je suis seul, Claire est chez ses parents pour trois jours. Je suis censé en profiter pour faire du sport, voir des vieux potes, jouer en ligne. J’ai presque respecté le plan. Je viens de finir ma séance de musculation hebdomadaire, je suis encore en short et torse nu.— Salut, Étienne ! Entre…— Wow, bel accueil ! dit-il en souriant.Il porte une chemise fleurie, l’un de ses éternels slims. Et ne résiste pas une seconde à l’envie de passer sa main sur mes abdos, encore moites d’effort. Il me repousse dans le salon, contre la table à manger.— J’adore ! j’adore ! dit-il, ses mains sur mon torse, mes épaules, mes abdos à nouveau et puis pour saisir ma queue fermement à travers le short. Le week-end se passe bien ?Question de pure rhétorique, nous ne nous voyons pas pour papoter. J’acquiesce tandis qu’il me branle distraitement. Il incline la tête, sa langue papillonne contre un téton, qu’il mordille ensuite. Et le voilà à sa place, à genoux devant moi. Je passe la main dans ses cheveux en l’encourageant à bien me sucer. Retour sur le nuage où je plane depuis des semaines désormais.— On va innover, dit-il en me faisant pivoter contre la table.Il m’ouvre les fesses et je le laisse faire, oui, oui, sa langue, là … C’est vivant et chaud, ça s’insinue en moi, ressort et lape mes couilles par-dessous. D’une main, il empoigne mon gland et tire sur mon sexe vers le bas. Obscène façon de me branler, comme s’il voulait me traire, sans cesser de fourrer sa langue entre mes fesses. C’est juste une fellation, un peu améliorée, me dis-je. Rien de mal.J’entends le zip de sa braguette, les frémissements du slim qu’il baisse.— Oh bébé, tu me fais mouiller…Les clapotis de sa main autour de son sexe sont sans équivoque. Je gémis, accoudé sur la table. Et je me prends à me demander : qu’est-ce que ce serait de me faire prendre ? Qu’est-ce que ce serait de le sentir frapper mon cul ?La réponse ne tarde pas. Il est là , derrière moi, il pousse gentiment sans que je dise un mot et me déflore sans peine, comme s’il ne m’avait préparé qu’à cela depuis le début. Claire, il me baise sur notre table à manger, mais c’est juste un truc entre mecs, pour voir. Je me sens rempli, abandonné à lui plus qu’offert. Pas besoin de me toucher, je sais que je bande ferme. Je râle à chaque avancée, cambré, en sueur. Il retrouve mon sexe à tâtons et le maltraite sans cesser de me forcer contre la table. Je ne sais plus qui de nous deux jouit le premier, mais lorsque mon tour vient je m’effondre contre le bois pour deux ou trois minutes, gorgé de plaisir.Nous faisons un tour dans la salle de bains à tour de rôle. Je me regarde dans la glace sans vouloir me reconnaître et puis nous nous retrouvons dans le salon. Je ne lui propose pas de manger avec moi. Il ne demande rien non plus.— C’était cool, dit-il.— Oui. C’était cool.— À lundi.— À lundi.Je referme la porte à clefs. Cette fois, c’est fini. L’expérience est terminée. Je veux m’engager sérieusement avec Claire, parler avenir, mariage un jour, qui sait ? Cette histoire de fellation c’est du passé. Voilà ma décision, prise tandis que je passe l’éponge au sol à trois reprises pour parvenir à effacer toutes les étoiles de sperme répandu.***Trois jours plus tard, le repas de midi est la copie conforme de centaines de repas de midi antérieurs avec une dizaine de convives. Étienne est à deux ou trois places de moi. Nous parlons cinéma, il y a plusieurs sorties intéressantes comme tous les mercredis et, comme à chaque fois, Claire m’abandonne pour aller se faire une séance entre copines, ce dont je me plains à Patricia.— Pauvre chou, tu voudrais que je t’accompagne ? Je pourrais te tenir la main si tu veux.— Haha, non, c’est gentil. Je vais m’effondrer sur mon canapé et ça ira bien comme ça.— T’es pas très marrant comme type.L’information essentielle, quoiqu’involontaire, est parvenue à Étienne. En début d’après-midi, je reçois une invitation WhatsApp :Ce soir, 21 h ? J’amène une surprise.C’est pas possible : mon corps dit oui, ma conscience dit non, mes doigts tapent :OK pour moi. Claire absente de 21 h à 23 h.Je suis pathétiquement faible. Mon esprit tourne à plein régime, j’ai envie qu’il me suce, oui, encore, toujours, envie de le prendre peut-être… Ou bien qu’est-ce que ce serait de le recevoir dans ma bouche ? De le faire juter sur ma langue ? Juste pour voir.***— Je suis partie. Bisous mon amour.Nous nous embrassons, Claire me mordille l’oreille et souffle : — Attends-moi avant de t’endormir, on ne sait jamais… Puis elle glousse et sort de notre appartement pour sa séance de cinéma. Mon dieu comme je l’aime. Quelle heure est-il ? 20 h 46, Étienne ne va plus tarder. Je baise sa bouche une fois ou deux et basta. Fin de l’histoire. Il comprendra. Je passe juste un short et une chemisette, histoire d’être à l’aise.Dix minutes plus tard, j’ouvre la porte sur Étienne qui n’est pas à court d’humour muet avec un t-shirt portant l’affiche de Pulp Fiction avec à ses côtés un grand Noir très élégant en costume gris et chemise blanche. Il me semble aussi musclé que moi, mais avec un relâchement dans la posture qui me fait défaut.— Naïm, mon meilleur ami, dit Étienne.— Enchanté, dit Naïm d’une voix douce.— Tu n’as pas idée de ce qu’il sait faire avec sa langue, reprend Étienne.Sous le coup de la surprise, je leur fais simplement signe d’entrer, ne voulant pas paraître grossier. Je referme la porte.— Qu’est-ce que je vous propose ?— T’embête pas, va, me répond Étienne. Le mieux c’est que tu te mettes bien à l’aise sur ton canapé, non ?Il a sûrement raison. J’acquiesce, contourne la table basse et m’assois sur le coussin du milieu. Étienne est le premier à s’agenouiller devant moi et pendant qu’il tire sur mon short dont l’élastique fait danser ma queue, Naïm le rejoint avec de l’amusement dans le regard.Il n’y a pas de mots pour décrire avec justesse ce qui se déroule ensuite. Je jouis vite une première fois, leurs langues lovées sur mon gland ; une image que je n’oublierai jamais. Et puis nous tournons, je m’enivre de luxure, de sucs et d’odeurs. C’est drôle cette texture en bouche.Je veux le prendre fort, avec juste la bonne dose de souffrance. Des doigts en moi. Je lape. On gémit à mon oreille. C’est doux. Dur. J’ai soif.— Ouvre bien la bouche, mon bébé.Des fesses noires et serrées.Comprenez bien, ce n’est pas de ma faute si j’ai oublié l’heure.Lorsque Claire passe la porte, je suis projeté au fond des reins d’Étienne à chaque fois que Naïm vient claquer son bassin contre mon cul, sa queue en moi, étourdissant pilon mécanique. Je pousse des gémissements rauques, désespérés.Claire est tétanisée sur place, sac en bandoulière et mâchoire en berne. Nous la voyons simultanément et notre trio se fige comme pour un improbable selfie.— Claire, mon amour, ce n’est pas du tout ce que tu crois !— Carrément pas, dit-elle.