L’amour, longtemps j’y ai cru. Comme toutes ,je pense, mais la vie a fait que jamais je ne le rencontre. Pourtant on me dit avenante, drôle et jolie. Alors, à l’aube de mes trente-cinq ans j’ai pris une décision radicale : ne plus attendre l’homme idéal.Pas que je sois restée sage ou prude, sans pour autant sauter sur tout ce qui bouge, j’ai malgré tout quelques beaux coups à mon palmarès. Pour autant, en faisant le point sur ma vie, je me suis rendu compte que je n’avais pas réellement d’homme idéal. Des six avec lesquels j’avais passé plus d’une nuit dans un lit, aucun ne se ressemblait physiquement. Que ce soit en taille, en couleur de cheveux ou d’yeux, ou encore de carrure j’ai eu plus petit et plus grand que moi, Monsieur tout en muscle, Monsieur gringalet, Mister ours au pelage tout aussi rêche que noir et jeune homme tout blond sans presque un poil sur le corps. Bref, pas de critères bien définis comme certaines de mes copines en ont. J’ai bien essayé de faire une liste, inscrivant dans une colonne ce que j’aime et dans une autre ce que je n’aime pas, mais ce que je notais d’un côté était contredit peu de temps après. De toute évidence, le physique n’étant pas primordial, je suis passé à lister le mental. Là encore, en relisant mes notes, le boute-en-train qui avait égayé mon quotidien quelques mois annulait le calme et posé qui m’avait si timidement donné un plaisir incroyable. Voilà pourquoi, plus perdue que jamais, sans être déçue ou résignée, j’ai décidé de ne plus attendre l’homme idéal et profiter pleinement de la vie.Le premier changement découlant de cette résolution fut de renouveler ma garde-robe. Pas que je m’habillais comme un sac, mais le constat lors de l’inventaire était flagrant : trois robes et deux jupes longues faisaient pâle figure face à une quinzaine de jeans et trois survêtements. Et je ne parle même pas de la pile de t-shirts pour beaucoup délavés. Mais le pire fut la commode renfermant mes sous-vêtements. Deux pauvres tangas perdus au fond d’un tiroir regorgeant de collants patientaient sagement pour que je les porte. D’ailleurs, je ne savais même plus si je les avais portés un jour ! Le comble fut le dernier tiroir. Deux piles de shortys, deux autres de culottes rangées par couleur vieillissaient paisiblement à côté des soutiens-gorge assortis. Merde ! la vie n’est pas toujours rose, mais de là à n’être que blanche ou noire y’a une marge, non ?Forte de ce bilan j’ai tout mis dans des sacs, et, habillée du tanga blanc qui portait encore l’étiquette, prouvant comme présumé que je ne l’avais encore jamais porté, sans soutif et de la seule robe digne d’être encore accrochée à un cintre de mon armoire, j’ai tout emmené chez Emmaűs avant de faire fumer la carte bancaire. Exténuée après six heures de shopping, j’ai toutefois trouvé la force de tout mettre à laver et sécher avant de me coucher.Pour la première fois de ma vie, j’ai dormi nue. Sensation bizarre, mais signe, s’il m’en fallait un de plus, que ma vie allait prendre un tournant radical. Au petit matin de ce dimanche, veille de trois semaines de vacances, j’ai simplement enfilé un string avant de petit-déjeuner. Ce n’est qu’après m’être douchée que, pleinement réveillée, je me suis rendu compte que, par habitude, j’avais machinalement ouvert les volets sitôt levée. Passé un léger moment de flottement, regard perdu dans le reflet du miroir de la salle de bain à me demander si quelqu’un avait pu me voir, je me suis souri et j’ai dit à voix haute :— Salut Cathy. Prête pour ce premier jour ?Le plus étrange ne fut pas que je me parle à moi-même, je l’avais déjà fait, mais la réponse.— Cat, si j’étais un homme, je te draguerais.Debout devant le lavabo, sans fermer les yeux jusqu’à le devoir, je me suis branlée. Ainsi ai-je joui, et ainsi ai-je, pour la première fois, senti puis léché les doigts qui venaient de m’emporter à en perdre l’équilibre.— Eh ben ma cochonne, t’étais en manque, ai-je dit, souffle recouvré en me regardant droit dans les yeux. Cathy, tu veux que je te dise, t’es belle quand tu jouis.— Cat, pas Cathy. Cathy est restée chez Emmaűs. Dois-je te le rappeler, Cathy ?ooOooJ’ai passé la matinée à repasser et plier tous les achats de la veille. Une fois tout rangé, assise sur mon lit, j’ai contemplé la quinzaine de robes et jupes suspendues dans mon armoire, puis la pile de strings et de soutiens-gorge posée sur la commode. À nouveau, une folle envie de me toucher m’a envahie. Mais avant de céder à cette pulsion, un encore plus impensable besoin me fit me lever. Vêtue simplement de bas accroché à un des trois porte-jarretelles fraîchement achetés, face au miroir de mon armoire, je me suis regardée.La branlette, je connaissais pourtant, mais c’était comme si je découvrais mon corps pour la première fois. Allongée sur mon lit, lentement ma main droite s’est aventurée dans ma toison que j’ai appréciée, soyeuse, même si trop fournie. Après que mes doigts se soient perdus dans cette profonde jungle, j’étais convaincue qu’une légère tonte n’était pas un luxe… ils ont poursuivi leur chemin. Le sillon était tout tracé, et humide ! J’avais la chatte trempée et déjà tant ouverte que deux s’y sont engouffrés. Une petite pause afin d’apprécier du regard cette presque nouvelle exploration, que la main gauche venait rejoindre la droite. Complice, elle se glissa elle aussi de deux doigts dans une fente qui semblait capable d’en accueillir bien plus. Ayant perdu le contrôle de mes membres, je me suis vue m’ouvrir le sexe de deux index et majeurs, tandis que deux pouces mettaient à découvert un clitoris que j’observais jaillir. La position était inconfortable, le cou me tirait tant je me courbais, mais la vision était si inattendue et extraordinaire que j’ai écarté les cuisses comme jamais. Accompagnant ce mouvement, annulaires et auriculaires jusqu’alors demeurés sages m’ouvrirent un lieu encore jamais réellement dévoilé à mes yeux. Je ne savais plus où porter mon regard. Je passais du mont où mon clito semblait vouloir prendre son envol à ma grotte luisante, pour finir sur un cul tout aussi mis à découvert que palpitant. Si mon corps me l’avait permis, je serais restée longtemps à assister à un tel spectacle, mais je n’étais plus que courbatures. Alors je me suis offert une pause, le temps de récupérer de cette extrême tension, la tête en fusion tout en sachant déjà quelle serait la suite de cette incroyable mise en appétit.Ainsi me suis-je branlée, en position de levrette de mon gode qui m’avait donné tant de plaisir depuis son achat, mais pour la première fois, niché dans mon cul. Jamais personne ne m’avait sodomisée, mais pour une première, j’avoue que si j’ai joui, le cul rempli et vibrant, c’est de mes doigts que j’ai déclenché l’explosion finale. Pour autant, ce dimanche matin-là, à mesure que j’approchais du point de non-retour, je me suis posé une question. La réponse a fusé juste après l’envolée au septième ciel.— Cathy, Cat te dit que si tu veux savoir, faut t’en prendre une dans l’cul.J’étais partie si loin, si fort que je me suis endormie. Moi qui ne fais jamais de sieste, allongée sur le ventre, j’ai rouvert les yeux. Encore groggy et le ventre qui grognait de faim, après avoir fait le tour de tous les placards et du frigo, rien ne me tentait plus qu’un truc bien gras et pas du tout équilibré.— Bonjour, quatrième porte droite.— Euh… c’est que normalement c’est à vous de descendre.— Je savais pas. Pardon, c’est la première fois que je me fais livrer.— OK, je vais faire une exception.À la tête qu’il a fait lorsque j’ai ouvert la porte, nul doute imaginait-il livrer une dame d’un certain âge. À moins que ce ne soit ma tenue qui le laissa pantois !— Vous… avez le code, Madame ?— Le code ?— Le code oui. Ça permet de s’assurer que c’est bien vous qui avez commandé. Dans l’appli, section mes commandes, vous avez un code à me donner.— Ha ! bah, entrez. Mon tél. est à la cuisine.— C’est que…J’avais déjà tourné les talons. Fièrement perchée sur une nouvelle paire d’escarpins, la Cathy devenue Cat s’est déhanchée comme jamais. Un furtif coup d’œil dans le miroir de l’entrée confirma l’effet produit : ce gentil livreur matait mon cul en me suivant. À sa décharge, j’avais tout fait pour : mini-jupe laissant clairement apparaître que je ne portais pas des bas autofixants.Passée derrière l’îlot central, tout en me baissant, dos droit, j’ai saisi mon smartphone. Après avoir reluqué mon cul, il avait maintenant un bel aperçu du profond 90C qu’un ample petit haut laissait largement apercevoir. Accoudée au plan de travail, j’ai lancé l’appli non sans vérifier que ce beau jeune homme regardait bel et bien ce que j’offrais à sa vue.— Dans l’appli, vous dites ?— Oui. « Mes commandes » et vous cliquez sur la dernière.— Dernière et première, répondis-je en le regardant.Relevant les yeux, il m’a souri. Baissant les miens, j’ai constaté que mon petit manège produisait l’effet escompté : il bandait. C’était plus qu’évident, c’était flagrant.— Ah, voilà ! 2290.Il a entré ces quatre chiffres dans son téléphone puis m’a rejointe. Sachet déposé, regard dans mon décolleté, il m’a souri. Debout si près de moi, la vue était plus que plongeante, elle était arrogante. Sans aller jusqu’à dire que je sentais son regard me caresser, j’avais les seins brûlants et les pointes en érections. Comme lui !— Bon appétit, Madame ! me dit-il tout en se retournant.— Attendez !— Non, merci Madame ! déclina-t-il le billet que je lui tendais.— Vous ne pouvez pas accepter les pourboires ?— Si, bien sûr que si. Mais vous m’en avez déjà donné un que je ne suis pas près d’oublier.Il est parti, me laissant le bras tendu au milieu de ma cuisine. Le claquement de la porte me ramena sur terre.Hamburger – pas top – et frites froides avalés, j’ai vidé dans l’évier ce qui était normalement un coca.— Cat, t’es d’accord avec moi si je désinstalle l’appli.— Tout à fait. La prochaine fois, on commande un chef à domicile.— Super idée ! ai-je dit avant d’éclater de rire !ooOooHabiter le centre-ville à ses avantages et ses inconvénients, mais, paradoxalement, ce qui m’avait toujours ennuyée me ravit. Voir les hommes se retourner sur moi, me détailler timidement pour certains, pour d’autres ouvertement, ne fit qu’accroître l’humidité de mon string. Après une longue balade dans le parc voisin sous le soleil rayonnant d’un début juin, une pause vrai coca zéro me fit m’asseoir en terrasse d’un café pas très reluisant d’extérieur et de toute évidence pas très fréquenté.— Bon… jour, s’annonça le serveur.— Bon jour oui. Le temps est splendide et je suis trempée, répondis-je en décroisant, puis recroisant les jambes. Un coca zéro bien frais s’il vous plaît, commandai-je sans même regarder le type debout à côté de moi.Évidemment, il profita de la vue encore quelques secondes avant de se décider à bouger.— Merci. Vous fumez ?— Euh… non, désolé. Mais je crois qu’un tabac est ouvert à deux rues d’ici.— Non, trop chaud. Tant pis.— Si vous voulez, je peux aller vous chercher un paquet.— Vous feriez ça pour moi ?— Bien sûr. Quelle marque ?— J’sais pas, j’ai jamais fumé de ma vie.— Vous êtes bien sûre que ça va, Madame ? s’inquiéta-t-il.— Oui, très bien. Je n’ai jamais été aussi moi-même, je crois. Tenez, gardez la monnaie.Il resta quelques instants la main en l’air à tenir le billet refusé par le charmant livreur un peu plus tôt, puis il rentra. Était-il retourné derrière le comptoir, servait-il en salle ou restait-il derrière la vitrine à m’observer ? Sans m’obnubiler, cette pensée attisa ma curiosité tandis que j’avalais une grosse gorgée. À la seconde, le besoin de savoir était trop pressant, alors je me suis levée.— Un problème, me demanda-t-il, surpris que je le découvre dans l’encadrement de la porte ?— Il est périmé votre coca.— Pardon ?— Votre coca, il est périmé.— Je ne pense pas non.— Bah moi je vous l’dis, il est périmé votre coca. On parie ?Tandis qu’il réfléchissait à mon défi, j’ai pris le temps de le détailler. De ma taille sans talons, cheveux châtains, yeux marron, petit ventre naissant, mais sans plus. Pas mal, même s’il ne collait absolument pas avec l’image d’un serveur de café ainsi habillé.— Bon, on va pas y passer la nuit ! Suffit d’aller voir la date sur la bouteille.— Impossible Madame.— Tiens donc ! Peur de perdre, je suppose.— Non, venez… Vous voyez ce trou, c’est par là que finissent toutes les bouteilles en verre. Et celui-là…— Ben voyons ! Et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu !— Ça, je ne sais, mais ce qui est sûr c’est qu’elle est en mille morceaux, la bouteille.— Dans ce cas, regardez sur une autre. Au pire j’ai raison, vous m’avez servi un coca périmé, au pire j’ai raison, tous vos cocas sont périmés d’un bon mois.— Encore impossible, je vous ai servi le dernier. Tenez.Je l’ai regardé me rendre le billet de dix euros, me demandant si c’était du lard ou du cochon.— Ouais, bah moi j’serais le patron, je s’rais pas fier. Un seul coca en réserve, non mais je rêve debout, là ! D’ailleurs, il est où votre boss que j’lui apprenne le métier ?— Vous tenez un café, me demanda-t-il sérieusement ?— J’ai une tronche de cafetière ? éclatai-je de rire.— Non, pas vraiment, non. Comme ça, je dirais que vous avez tout d’une trentenaire célibataire qui vient de se réveiller en se disant qu’elle a raté sa vie. Mais ça n’engage que moi, évidemment Madame.— Hé ! j’ai été polie moi ! Il est où le patron que je lui explique comment on gère un stock ?— Pas loin. Même si proche de vous que vous lui cassez les… enfin, j’vous fais pas un dessin, Madame.— C’est vous le boss ! Non mais je rêve. Pincez-moi que… aïe !— Je réponds toujours aux désirs des clients, me répondit-il se retenant de rire.— Vous savez que je peux porter plainte ?— Oui, mais ce sera votre parole contre la mienne, Madame.Il disait vrai : pas âme qui vive dans ce troquet. Il ne semblait pas réellement dangereux, et je n’avais pas vraiment peur d’être face à lui dans un bistro désert de clients. Au contraire, un truc assez inexplicable me faisait trouver l’instant… comment dire… charmant.— Bah merde alors ! Pas un client le dimanche ! Les comptes ne doivent pas être florissants d’excédents de tréso, tenta Cat pour reprendre la main.— J’tiens pas un quatre étoiles, c’est clair, mais vu que je viens d’hériter de ce… truc, lâcha-t-il enfin en balayant la salle de la main et des yeux, je suis surtout en phase découverte, voyez-vous, Madame.— Pardon, je suis désolée, tentai-je de m’excuser.— Allez, assez parlé des morts. On fait quoi ? Je rembourse ou vous prenez autre chose de périmé ?— Pourquoi pas ? Un whisky sans glaçon.— Excellent choix. D’une part, l’alcool n’a pas de « à consommer de préférence avant », ce qui sous-entend qu’on peut le boire sans risque, et d’autre part, mettre un glaçon dans un whisky est un manque de respect. Je vois que Madame, à défaut de respecter certains congénères, respecte au moins le travail des autres.Il venait de me scotcher sur place. Incapable de bouger, je l’ai regardé aller derrière le bar, sortir une bouteille et remplir un verre à vin presque à ras bord.— Madame désire-t-elle le déguster en salle ou en terrasse ?— Ici. Et accompagnez-moi, c’est moi qui rince.— Rincer ! Ah, ça non ! C’est moi et moi seul qui rince les verres ici. Mais j’accepte de bon cœur votre proposition.On s’est avalé les trois quarts de la bouteille, se balançant à tour de rôle pique sur pique. Tant et si bien que j’avais atteint ma limite.— Désolé, mais un verre de plus et je ne réponds plus de moi, dis-je en posant une main sur mon verre vide.— OK. Un café, un taxi et une bonne… Monsieur ! C’est fermé, désolé.— Fermé, dis-je après avoir tant bien que mal réussi à tourner la tête et voir un type ressortir !— Oui, comme tous les dimanches.— Ah ! Pourtant y’avait une table et une chaise… putain que je suis conne, dis-je après avoir réfléchi.— Du peu que je vous connais, je ne dirais pas conne.— Quoi alors ?— Joueuse qui a de la répartie, mauvaise perdante qui sait pourtant se retirer du jeu avant de perdre et…— Quoi ? C’est pour le verre que vous dites ça ? Allez, ressers-m’en un qu’on la torche cette bouteille.Deux légères doses d’alcool bues en silence à se jauger plus que se défier, pour lui du moins qui remplissait son verre bien plus que le mien, et j’étais plus que pompette. J’étais littéralement bourrée.— Allez, un dernier et je rentre, m’entendis-je articuler avant de m’effondrer sur le bar.ooOooDes cuites, à ne plus savoir où l’on est ou comment on s’appelle, je n’en avais pris qu’une. Mais rien de comparable avec cette mémorable deuxième. Tout était pire, dix fois pire que la première qui m’avait fait jurer « plus jamais ». Mal de crâne énorme, bouche sèche et estomac en vrac, après avoir lutté ce qui m’a semblé des heures j’ai enfin réussi à ouvrir un œil. Le second a suivi de peu, quoique légèrement moins douloureux. Ce qui tournait déjà se transforma en tornade. Mais le pire n’était pas mon état physique, c’était d’ignorer où j’étais. Tout ce dont j’étais certaine était d’être couchée, pas dans mon lit et donc pas chez moi. Que je me sache nue me sembla être un détail sur le coup, jusqu’à ce que ma main touche un corps. Tétanisée par ce contact, j’ai refermé les yeux et tenté de me souvenir. Mais rien. Trou noir sans fond.— Bonjour, ça va mieux ? entendis-je.— Vous êtes qui ? Et qu’est-ce que je fous à poil dans votre lit ? Vous m’avez violée ?— Pas que l’envie me manquait, mais non. Je n’abuse jamais d’une femme en détresse, et encore moins quand elle dégueule ses boyaux.— Je… je vous ai vomis dessus ?— Si peu.— Désolée, mais je ne me rappelle de rien.— C’est pas plus mal. Café ?— Beurk !— Thé, lait ?— Flotte, c’est possible ?— Vos désirs sont des ordres, Cathy.Je l’ai regardé se lever, incapable de bouger moi-même ne serait-ce un orteil. La pièce était sombre mais j’ai bien vu qu’il était nu, lui aussi. Pour autant, plutôt que de paniquer, et puisque cela faisait bien trop longtemps que je n’avais pas vu un homme sortir d’un lit, j’ai admiré ce corps se mouvoir. Il bandait, ça ne m’avait pas échappé tant c’était évident, mais plus que cette érection ce fut la stature que je détaillai. Bien qu’en ombre chinoise, les proportions de celui qui allait me chercher de l’eau étaient parfaites. Ni trop musclé, ni gringalet, ni grand, ni petit, pilosité entretenue sur les cuisses et absente sur le torse d’après ce que j’avais tâté à mon réveil. Bref, le type parfait. Du moins à mon goût.— Au fait, pourquoi vous connaissez mon prénom alors que je ne vous connais pas ? l’interpellai-je avant qu’il ne sorte.— Qu’on ne se connaît pas ! Dois-je te rappeler qu’on vient de passer la nuit dans le même lit, Cathy ? Ou peut-être devrais-je dire Cat ?À son retour, assise dans son lit, j’ai avalé d’une traite un demi-litre d’eau pétillante.— Vous pourriez au moins tourner la tête et passer un truc, merde ! dis-je en me couvrant enfin les seins d’un bras !— Tu sais, je t’ai déshabillée, lavée, et même si tu t’en souviens pas, tu m’as vu nu. Alors un peu plus un peu moins, pour moi ça fait pas une grande différence. D’ailleurs, une bonne douche froide te ferait le plus grand bien. Allez, viens.Sans réfléchir, confiante, je lui ai tendu la main. Délicatement, il m’a aidé à m’asseoir sur le bord du lit, puis, telle une plume, passant ses bras sous mes aisselles, il m’a soulevée. Tête sur son épaule, bouche sur sa peau, j’ai savouré la douceur de ce contact avant qu’il ne bouge enfin. C’était la première fois qu’un homme me portait ainsi, et j’avoue que, malgré mon état, ce corps à corps a réveillé un feu en moi. D’autant qu’à chaque pas son sexe glissait de haut en bas, puis de bas en haut contre le mien. La douche n’était pas très loin de sa chambre, et heureusement car je crois que les gémissements que je n’arrivais pas à retenir à chaque enjambée auraient fini en un monstrueux et puissant cri d’orgasme.Arrivés dans la douche, toujours suspendue à lui, pour ne pas dire accrochée tant je le serrais des bras autour de son cou et des jambes calées derrière ses cuisses, il a fait couler l’eau.— Vache, c’est glacé ! dis-je au premier jet sur mon dos.— Pour éteindre un feu, rien ne vaut l’eau bien fraîche.— Ou bon quick sex, chuchota Cat pleinement réveillée.Il n’a fait que légèrement me soulever et nos sexes se sont trouvés.Ainsi ai-je joui, sous une pluie froide accrochée à un type dont je ne connaissais même pas le nom, mais persuadée que, pour celui-là, je ferais tout pour le garder dans mon lit. Ou rester dans le sien très longtemps.ooOOooÀ mon réveil, tout en bâillant bruyamment j’avais les idées un peu plus claires. Et surtout quelques bribes de souvenirs. Notamment un : avoir joui comme jamais avant de m’endormir telle une souche dans les bras d’un homme.— Ça va mieux ?— Oui. Flagada, mais toute ma tête. Enfin, je crois.— Tant mieux parce que tu m’as foutu une de ces trouilles.— Désolée, d’habitude je sais quand m’arrêter mais je crois que j’ai un peu déconné.— Un peu ! J’ai cru que je t’avais tuée tellement t’as gueulé avant de devenir un poids mort.— Ah ça ! Bah… au moins maintenant tu sais.— Je sais quoi ? Qu’il faut que tu sois bourrée pour prendre ton pied ?— Non, c’est accessoire ça. Mais plutôt que j’exprime mon plaisir, comment dire, bruyamment.— Clair. En même temps si ça donne des idées à tes voisins c’est plutôt cool.— Et aux tiens du coup.— T’inquiète, j’en ai pas vraiment et les murs sont épais.— Ah ! Dans ce cas…En mode anguille je me suis glissée sous le drap. Il n’a pas bougé. Non qu’il était surpris, sa quasi instantanée érection me témoignait le contraire, mais surtout que j’avais déjà son sexe en bouche. La pipe n’est pas ma pratique préférée en général, mais pour lui, sans savoir vraiment pourquoi j’ai pris un plaisir nouveau et insoupçonné. Si jusque-là j’avais sucé sans réelle envie ou passion, étonnement, de cette queue palpitant sous mes coups de langue, réagissant à chaque petit mordillement, et de ce gland me donnant parfois quelques gouttes dont j’appréciais le goût, je me suis délectée à le porter jusqu’au point de non-retour.— Arrête, sinon je vais…Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase tant je l’ai pompé en affamée. Était-ce la Cathy que j’avais toujours été ou la toute nouvelle Cat à peine née qui œuvrait que je l’ai gardé en bouche ?— C’est de loin la meilleure de toute ma vie, m’avoua-t-il lorsque je me recouchai contre lui. T’as beaucoup d’autres talents comme ça ?— Si tu savais, tu me séquestrerais dans ta chambre, plaisantai-je.— J’y penserais, mais avant, ton ventre réclame sa pitance.Il disait vrai : mon estomac grognait. D’un bond, il s’est levé.— Hé ! Machin !— Machin, répéta-t-il en se retournant devant la porte.— Bah oui, machin vu que je ne connais même pas ton prénom.— Machin… c’est mieux que truc. Vendu.Il m’a laissée tout sourire assise dans son lit à me dire que, ce machin-là, j’allais tout faire pour me réveiller longtemps à ses côtés. Surtout si chaque réveil serait d’attaquer la journée avec un peu de lui en moi.ooOooAujourd’hui, depuis que Cat a pris la vie de Cathy en main, j’ai tout abandonné : mon job, mon appart, et surtout la vision de ce qu’est une vie épanouie. Car aujourd’hui, depuis que Machin a pris possession de nous deux, je suis la plus heureuse des femmes. Et je dis machin parce que c’est mieux que truc, non ?