J’ai grandi en Normandie, dans la ville portuaire du Havre. Parisien depuis vingt ans maintenant, j’aime me ressourcer de temps en temps au bord de mer. Ce n’est pas la Méditerranée, la pluie est souvent au rendez-vous, mais on s’y habitue, on finit même par la voir comme un bout de folklore. Ce ciel grisâtre devient poétique.Ma voiture bloquée par plusieurs problèmes, j’avais réussi à attraper le train de justesse à Saint-Lazare. Empoignant mon sac de voyage, je me cherchai une place dans le wagon de 1re classe, relativement vide. Le Havre n’est pas spécialement prisé par les touristes en cette saison venteuse, froide et humide, et c’est très bien comme ça, je n’aime pas la foule.Je jetai mon dévolu sur un carré vide, deux fois deux places se faisant face et séparées par une tablette étroite. Je sortis ma tablette de mon sac, et plaçai celle-ci dans le compartiment au-dessus de moi, avant de m’installer confortablement, mes écouteurs sur les oreilles.Sur le quai, un sifflet retentit, annonçant notre départ imminent, et la voix un peu étouffée du conducteur crachota dans les haut-parleurs :— Mesdames et Messieurs, vous êtes à bord du train 9240 à destination du Havre. Il desservira les gares de Oissel, Rouen rive droite, Yvetot et Bréauté-Beuzeville. Attention à la fermeture des portes, attention au départ.À peine eut-il fini son annonce qu’une ombre furtive passa en coup de vent devant ma fenêtre, probablement un retardataire qui tentait de sauter dans le train in extremis. Le « clac » caractéristique m’annonça que les portes étaient maintenant verrouillées, et le train amorça lentement son départ.J’allais alors me plonger dans ma tablette, lorsque le bruit des portes automatiques du wagon me fit lever le nez. Elle apparut, essoufflée, dans l’encadrement, encombrée d’un sac de voyage et d’un sac à main. Elle balaya le wagon d’un rapide coup d’œil circulaire, et avisa le carré central à côté du mien. Elle me jeta un regard furtif, plaça son sac de voyage sur un siège, et s’assit en face, le souffle encore un peu court, son sac à main sur la table devant elle. Elle en sortit un petit miroir circulaire, à l’aide duquel elle entreprit de se recoiffer.J’essayais de me forcer à reporter mon attention sur ma tablette, sans grand succès, à vrai dire, j’avais toutes les peines du monde à détacher mon regard de ma nouvelle voisine. Elle n’était pas très grande, peut-être 1,65 m, mais avait beaucoup d’allure, beaucoup de charme avec sa chevelure d’un blond vénitien soigneusement peigné qui lui tombait sur les épaules. Pour autant que j’ai pu en juger, elle devait avoir les yeux vert sombre, et était vêtue d’une élégante jupe blanc cassé qui lui tombait sous les genoux, d’escarpins noirs, et d’un pull en laine vierge à col roulé assorti à sa jupe, qui laissait deviner une poitrine opulente, mais fermement maintenue. Elle portait un imperméable, blanc lui aussi, qui portait les traces de la pluie fine qui avait commencé à tomber.Je dirais qu’elle devait avoir entre quarante-cinq et cinquante ans, mais tout montrait qu’elle prenait soin d’elle et qu’elle se traitait avec goût. Elle sortit un MacBook, l’alluma, chaussa une fine paire de lunettes et, concentrée, commença à travailler.Je réussis finalement à me replonger dans ma tablette, et ne lui prêtai plus attention. Je crois même avoir réussi à m’assoupir. Je fus réveillé en gare de Oissel lorsque le conducteur fit son annonce.— Mesdames et Messieurs, nous arrivons en gare de Oissel, Oissel, trois minutes d’arrêt.Me frottant les yeux, je regardai machinalement du côté de ma belle voisine. Elle était toujours concentrée sur son écran, et manipulait de temps en temps son téléphone. Le train repartit, et je posai ma tête sur ma fenêtre, laissant mon regard vagabonder sur la campagne normande, me laissant rêveusement bercer par le train.Quelques minutes plus tard, je crois, j’étais brusquement tirée de ma rêverie :— Excusez-moi, je vois que vous avez un iPad, est-ce que vous auriez un chargeur par hasard ? Elle s’était approchée de moi, et me souriait timidement. Quelques secondes interdit, je fouillai nerveusement dans mon sac, en bafouillant machinalement.— Je… euh… oui, je dois pouvoir vous trouver ça.— Merci, c’est gentil, j’ai oublié le mien.— Je… pas de problème !Elle était suffisamment proche de moi pour que je puisse sentir son parfum. Champagne d’YSL, un des parfums de femme les plus entêtants. Je lui tendis fébrilement le chargeur sur lequel j’avais réussi à mettre la main.Elle retourna s’asseoir et le brancha sur son MacBook. Une vingtaine de minutes plus tard, elle cessa d’écrire, bascula sa tête en arrière et se massa la nuque.Je brûlais d’envie d’engager la conversation avec elle, mais je ne trouvais rien d’intelligent ou d’original à dire, et je me refusais à lui jeter des banalités à la figure. Contre toute attente, c’est elle qui engagea la conversation.— Vous voyagez souvent au Havre ?— Ça m’arrive assez souvent, oui. J’y ai grandi, et j’y vais souvent voir des amis ou juste me reposer. Et vous ?Elle avait encore ce léger sourire.— Oui, je voyage souvent à Rouen pour le travail, et au Havre pour me reposer. J’aime l’air de la mer.— Vous travaillez à Rouen ?— Oui, enfin, je travaille à Paris, mais nous avons des équipes à Rouen, et je suis régulièrement obligée de m’y déplacer pour des entretiens.— Vous travaillez dans quoi ?Elle était directrice des ressources humaines dans une entreprise spécialisée dans la reliure et la restauration de livres et manuscrits anciens. Sous des dehors timides, je pressentais une femme capable de se faire respecter et faire montre d’autorité. Un volcan sous la glace. Elle avait gardé ses lunettes, qui ajoutaient à son charme.— Et vous, vous travaillez ? s’enquit-elle.— Je travaille dans une start-up spécialisée dans les systèmes de guidage, je dirige des équipes de développement.— Ah, vous êtes un geek, alors ! me dit-elle en riant doucement.— Je… Oui, on peut dire ça, je suis un techno-addict, répondis-je en souriant.Nous bavardâmes jusqu’à Rouen. Elle me parla de son divorce d’avec un mari absent, de sa fille qui entre au lycée, de son amour pour la campagne normande et de ses projets d’y acheter un jour une petite maison. Je lui racontai mes dix ans de célibat entrecoupés d’histoires sans conséquence, de mes rêves de voyages au Japon ou en Écosse. Le courant passait bien et, reconnaissant les environs proches de Rouen, je redoutais le moment où elle allait descendre.Une fois encore, à ma grande surprise et pour mon plus grand bonheur, c’est elle qui tira la première.— Vous savez, je serai au Havre en fin d’après-midi, ça vous dirait qu’on s’y retrouve pour boire un verre, peut-être même dîner ? — Avec plaisir, oui ! lui répondis-je, en m’efforçant de ne pas laisser transparaître mon excitation.— Très bien. Nous pourrions nous retrouver au bord de mer ? J’aime le bord de mer du Havre.— Oui, ça me va très bien. Puis-je vous demander votre numéro de téléphone ?— Oui, bien sûr, ce sera plus simple pour se retrouver ce soir.Elle fouilla dans son sac et me sortit une carte de visite de sa société.Madeleine Durand-FroissardDirectrice des Ressources Humaines— Enchanté, Madeleine, moi c’est Frédéric. Vous pouvez m’appeler Fred !— Enchanté, Fred ! me répondit-elle avec son sourire timide. Je peux garder votre chargeur jusqu’à ce soir ?— Oui, pas de problème ! À propos, vers quelle heure voulez-vous que je vous appelle ?— Appelez-moi vers 18 h, je pense que je serai arrivée au Havre.— 18 h, ça marche !— Mesdames et messieurs, nous arrivons en gare de Rouen rive droite, Rouen rive droite, trois minutes d’arrêt.— À ce soir, alors ! me lança-t-elle en me faisant un signe de la main. Je lui rendis son signe, et la regardai descendre du train avec sa valise, le cœur battant, les tempes brûlantes.Calme-toi, me dis-je. Ce n’est peut-être rien du tout, ne t’emballe pas. Je n’en croyais pas un mot, et alors que le train redémarrait et qu’elle avait disparu dans les escaliers, je me tordais nerveusement les mains en me demandant comment j’allais patienter jusqu’au soir.Je sortis sa carte de visite de ma poche, et enregistrais son numéro de téléphone dans ma liste de contact. J’essayais en vain de la chasser de mon esprit, mais après presque un an de traversée du désert affective, Madeleine faisait figure de miracle. Elle était belle, vive d’esprit… que demander de plus ? J’avais conscience qu’échafauder toute sorte de rêves sur ce qui n’était pour le moment qu’une chimère était dangereux, et pouvait provoquer de cruelles désillusions.Je fus sauvé par l’appel d’un de mes meilleurs amis qui voulait organiser un déjeuner, le lendemain, avec d’autres amis de longue date, ce que j’acceptais avec joie. Le reste du voyage se déroula sans histoire, et en fin de matinée, le conducteur fit sa dernière annonce.— Mesdames et messieurs dans quelques instants, nous entrerons en gare du Havre, terminus de ce train. Nous espérons que vous avez effectué un agréable voyage. Avant de descendre, assurez-vous de n’avoir rien oublié à votre place. Au nom de la SNCF et de tout le personnel de bord, nous vous souhaitons une bonne journée.Le train entra en gare sous une pluie fine, et s’immobilisa. Je descendis, accueilli par un vent frais et humide, je sortis de la gare, et avisai la station de taxis la plus proche.— 101 avenue Foch, s’il vous plaît !— C’est parti !Le chauffeur démarra, et une quinzaine de minutes plus tard, je me trouvai devant la porte de mon appartement, hérité de ma regrettée grand-mère.Le temps de poser mon sac, de passer deux ou trois coups de fil, et je ressortis me promener dans cette ville que je connaissais et affectionnais. Chaque coin de rue était un souvenir, chaque enseigne éveillait une réminiscence.Je flânai une bonne partie de l’après-midi, visitai ma librairie favorite, et me laissai aller à l’une de mes activités préférées : déambuler sans but. J’avais relativement bien réussi à gérer Madeleine dans mon esprit, et cette balade sous la pluie me permit de me focaliser sur autre chose.L’heure approchant, j’étais de plus en plus fébrile. Je ne cessai de regarder ma montre, guettant le moment. Je ne voulais pas appeler avant l’heure convenue, et je ne voulais pas non plus appeler à 18 h pile, je ne voulais pas laisser transparaître mon trouble à travers une trop grande fébrilité.J’attendis péniblement 18 h 10, et n’y pouvant plus, je sortis mon téléphone, je me cherchai un abri sous un porche, fit défiler mon carnet de contacts, et sélectionnai son prénom : Madeleine.Le cœur battant, j’attendis. Une sonnerie, puis deux, puis trois. Je tombai sur son répondeur. Déçu et frustré, je rangeai mon téléphone et me mis à faire les cent pas sous la pluie. Quelques minutes plus tard, alors que j’échafaudais toute sorte d’hypothèses et de théories toutes plus tordues les unes que les autres, mon téléphone sonna. Tremblant, je le sortis de ma poche et scrutai l’écran.C’était elle. Je laissai sonner deux fois, puis je répondis, tentant de contenir mon excitation.— Bonsoir, Fred, c’est Madeleine, je ne vous dérange pas ?— Non ! Non non, pas du tout ! Comment ça va ?— Bien, merci ! Je suis arrivée au Havre. Je suis en route pour mon pied-à -terre, je vais déposer mes affaires et ensuite je suis toute à vous.Je déglutis avec difficulté, mais parvins à me reprendre.— Très bien, où voulez-vous que l’on se retrouve ?— Je vous propose qu’on se donne rendez-vous à 18 h 45 devant le club des Régates ? Ensuite, nous pourrons marcher un peu et chercher un restaurant ?— Ça me va très bien, à 18 h 45, aux Régates.Je raccrochai, les joues en feu. Je me sentais comme un collégien avec son premier flirt. Je rentrai chez moi, sautai dans la douche, et me préparai pour notre dîner. Enfin prêt, je jetai un œil à l’averse qui ne faiblissait pas dehors, et sortis.Je hélai un taxi et m’y engouffrai. En quelques minutes, j’étais arrivé à destination, où un autre taxi venait également d’arriver. Je la reconnus d’emblée lorsqu’elle descendit de son taxi. Elle était encore plus belle que dans mon souvenir. Ses cheveux étaient attachés en chignon, et des mèches tombaient sur ses joues.Je tendis un billet de vingt euros à mon chauffeur et lui fis signe de garder la monnaie.Nous nous retrouvâmes soudain seuls, sous cette pluie battante, devant l’entrée des Régates. Elle sortit un parapluie de son sac à main et l’ouvrit.— Je vous offre l’hospitalité ? me proposa-t-elle, son petit sourire timide aux lèvres.— J’accepte volontiers, lui répondis-je. Mais, permettez-moi…Ce disant, je m’étais saisi du parapluie et le tenais fermement au-dessus de nous.— Il y a un restaurant en haut de la rue, spécialités de poissons et de fruits de mer, ça vous tente ?— Je vous suis ! m’écriai-je.Nous remontâmes la rue, et pénétrâmes dans le restaurant. L’ambiance était feutrée, il y avait un piano et une très belle vue sur la mer démontée.Un serveur nous accueillit.— Messieurs-dames, pour deux ? — Oui, s’il vous plaît, répondit Madeleine.Le contraste entre son apparence timide et l’assurance de son ton me frappait encore. Le volcan sous la glace.Nous nous assîmes, et le serveur nous apporta les cartes. Il me tendit la carte avec les prix, et l’autre, sans prix, à Madeleine.— Permettez ! dit-elle en se saisissant de ma carte et me tendant la sienne. Je ne sus quoi dire, et le serveur ne put que balbutier un semblant d’excuse.— Vous nous apporterez une bouteille de Villeneuve-Saint-Georges 1959, je vous prie. Le serveur acquiesça et s’éclipsa.— Je sais que le vin rouge avec le poisson fait un mélange un peu iconoclaste, mais je ne peux m’en empêcher, j’adore ce vin. Alors, comment s’est passée votre journée ? me demanda-t-elle nonchalamment en relevant ses lunettes au-dessus de son front.— Ma foi, plutôt bien, répondis-je un peu décontenancé. Je me suis promené, et j’ai visité les endroits que j’affectionne dans cette ville. Et vous, votre travail ?— Fatigant. Ce n’est jamais facile de travailler avec des gens peu compétents, il faut être tout le temps derrière eux. Mais j’ai fait ce que je voulais faire. Maintenant, j’ai trois jours devant moi pour me détendre.Ce disant, elle avait planté son regard dans le mien, sans se départir de son léger sourire.Je me perdais dans ce regard vert sombre et pétillant. Je sentais que cette femme allait me posséder, et faire de moi ce qu’elle voudrait. Je sentais que je serais beaucoup trop faible pour lui opposer quelque résistance que ce soit.— Messieurs-Dames, le Villeneuve-Saint-George 1959 ! Le serveur nous présenta la bouteille. Madeleine lui tendit son verre, lui signifiant qu’elle goûterait et s’assurerait de la qualité du vin. Je n’étais pas expert en vin, mais le prix de la bouteille parlait de lui-même. Le serveur versa un peu de vin dans son verre et patienta.Madeleine porta le verre à ses lèvres et, en véritable experte, goûta le vin. Elle acquiesça et fit signe au serveur de lui verser un « vrai » verre, ce qu’il s’empressa de faire, avant de m’en verser un.— Avez-vous déjà choisi ? s’enquit-il.Avant que j’aie pu ouvrir la bouche, Madeleine répondit.— Oui, vous nous apporterez votre filet de sole aux petits légumes, ainsi qu’un plateau de fruits de mer. Nous verrons ensuite pour les desserts.— Bien, madame, répondit le serveur avant de se retirer.— Filet de sole, excellent choix, dis-je.— Je sais ! me répondit-elle en souriant.Le repas fut délicieux, la conversation agréable, elle était cultivée et intelligente, envoûtante. Mais je ne perdais pas de vue qu’elle dirigeait notre soirée, comme un chef d’orchestre, ne laissant aucun détail au hasard, et je me demandais ce qu’elle mijotait pour la suite.— Messieurs-dames prendront-ils des desserts ?— Non merci, apportez-nous l’addition, s’il vous plaît, intima-t-elle.J’aurais volontiers pris un morceau de gâteau, mais c’est elle qui avait les commandes, et j’étais incapable de la contredire.Le serveur lui apporta l’addition, ainsi qu’un sabot de carte de crédit. Avant que je n’aie pu esquisser le moindre geste, elle avait tendu une carte American Express au serveur.L’addition payée, nous sortîmes du restaurant. La pluie avait cessé, mais à quelques encablures du bord de mer, le vent était puissant. Ses mèches étaient balayées par le vent. Elle me regarda longuement. J’étais hypnotisé, littéralement. Je la désirais de toutes mes forces, chaque fibre de mon être la désirait. Sans me quitter des yeux, elle leva un bras, et un taxi s’arrêta à notre hauteur. Elle s’y engouffra, et attendit que je la suive.Le chauffeur se retourna.— Je vous dépose où ? Madeleine se tourna vers moi, son éternel sourire aux lèvres.— Alors, Fred, il nous dépose où ? Les battements de mon cœur étaient devenus incontrôlables, je sentais la sueur perler dans ma nuque. Je répondis machinalement.Le taxi démarra, et descendit la promenade du bord de mer, jusqu’au rond-point de l’avenue Foch. En quelques minutes, nous fûmes devant ma porte. Toujours beaucoup plus rapide que moi, elle dégaina un billet de vingt euros qu’elle tendit au chauffeur.Pris d’une sorte de vertige, je descendis du taxi et lui tendis la main pour l’aider à faire de même. Le taxi s’éloigna, et nous restâmes quelques instants devant la porte de l’immeuble. C’est comme si je devenais spectateur de la scène, tout me paraissait si irréel.Elle me sortit de ma torpeur.— Je propose qu’on entre, qu’en dites-vous ? — Oui, bien sûr, pardon, je… je suis un idiot, excusez-moi !J’ouvris la porte de l’immeuble et nous prîmes l’ascenseur. Arrivés au quatrième étage, j’ouvris la porte de mon appartement, et la laissai entrer. Elle me fit l’effet d’un chat découvrant un nouveau territoire. Je l’invitai à me donner son imperméable, et allai l’accrocher avec le mien dans la penderie de l’entrée. Il faisait chaud dans cet appartement, j’avais alerté le syndic sur le problème du thermostat depuis des mois, en vain.Je rejoignis Madeleine dans le salon, elle s’était assise sur le canapé, et envoyait des SMS.— Qu’est-ce que je peux vous proposer ? Café ? Thé ? Whisky ? Cognac ?Elle ne répondit rien. Sans jamais se départir de son petit sourire, sans se lever, elle tendit la main vers moi, attrapa ma ceinture et m’attira vers elle. Je crus défaillir. Sans me quitter des yeux, elle entreprit de déboucler ma ceinture. Dehors, la pluie tombait à nouveau violemment. Le tonnerre grondait. J’étais tétanisé, fasciné, comme une proie face au serpent.Ma ceinture débouclée, mon pantalon tomba à terre. Mon souffle était court. Elle agrippa mes fesses, et les caressa, les palpa. J’avais perdu la notion du temps et de l’espace, ses caresses avaient provoqué mon érection. Mon sexe était dur, presque douloureux. Ses yeux accrochés aux miens, elle continuait son massage. Ses mains passèrent de mes fesses à mes hanches. Elle s’approcha, ses lèvres gobèrent ma queue brûlante à travers le tissu de mon caleçon. J’étais perdu, sonné. Haletant, incapable de produire un son ou de faire un geste.Délicatement, elle pinça mon caleçon aux hanches, et commença à le baisser, délivrant progressivement ma hampe tendue de son enveloppe de tissu. Toujours sans me quitter des yeux, elle prit ma verge palpitante de désir dans sa main, déposa un tout petit baiser sur mon gland, et commença à donner de petits coups de langue, tout en me masturbant doucement. Sans crier gare, elle avala mon sexe d’un coup. Jouant de sa langue, caressant et malaxant mes bourses, elle entreprit de doux va-et-vient, s’arrêtant de temps en temps pour respirer, et pour recueillir mon liquide séminal qui s’écoulait de la commissure de ses lèvres.Elle me possédait, entièrement. J’étais à elle, j’étais sa chose. Elle se leva, et m’embrassa. Nos langues tournoyaient dans une danse endiablée et fébrile. Mon désir pour elle était total, absolu. Elle avait réveillé la bête en moi. Alors qu’elle continuait à me masturber, j’entrepris de lui enlever son pull, et de déboutonner son chemisier. Je voulais la voir, dans toute sa splendide nudité. Non sans mal, je parvins à me défaire de tous mes vêtements, et l’aidai à faire de même. Elle était magnifique, ses seins lourds et superbes, son corps exsudait une odeur vanillée qui me rendait complètement fou. J’étais aiguillonné, je me sentais déchaîné, fou de désir. Je la fis s’asseoir sur le canapé, mais cette fois, je me mis à genoux devant elle. Je l’agrippai par les genoux, et l’attirai vers moi.Cette fois, elle était à moi. J’allais la posséder. Le souffle court, j’approchai mon visage de son odorante toison bouclée d’or. Je déposai à mon tour quelques baisers sur son pubis et, sans coup férir, ma langue attaqua l’entrée de sa vulve. Elle émit un gémissement aigu qui me confirma que j’avais tapé dans le mille. Ma langue la fit alors chanter sur tous les tons. Je lapais, titillais et agaçais son sexe, je fouaillais son clitoris, la faisant se cabrer intensément. Elle gémissait et murmura dans son souffle.— Oui… oui… encore… ne t’arrête pas, tu me tues…Je redoublais d’efforts, je la sentais de plus en plus humide, ruisselante de plaisir. Sa main s’était accrochée à ma nuque, et tout son corps suppliant était traversé de spasmes, annonciateurs de l’hallali. Ma langue tournait sans pitié ni repos pour son clitoris. Elle s’arc-bouta soudain plus violemment, et laissa échapper un cri de plaisir intense, inondant mon visage de sa jouissance. Elle se redressa et m’embrassa à pleine bouche, goûtant sur ma langue les arômes vivaces de son orgasme.Je me redressai péniblement pour reprendre mon souffle, et elle en profita pour empoigner mon sexe et mes bourses, caressant, léchant, malaxant, et gobant à nouveau mon phallus tendu à l’extrême. De haut en bas, de haut en bas, ses va-et-vient étaient divins, et les moulinets de sa langue sur mon gland se firent de plus en plus électrisants.Elle cessa sa fellation, et me tournant le dos, grimpa sur le canapé, sa croupe généreusement offerte.Je m’approchai d’elle, titubant de désir, et présentai ma queue à l’entrée de son sexe ruisselant. Je poussai légèrement, puis me retirai. À nouveau, je fis mine de la pénétrer, mais me contentai d’agacer sa vulve avec mon gland. N’y tenant plus, elle se saisit de mon sexe, et s’empala dessus, sans autre forme de procès. Je savourais chaque centimètre de son délicieux fourreau, chaque seconde de notre étreinte sauvage. Je restais là , planté en elle, les mains sur ses hanches. Elle gémit et se tortilla, tentant de me faire démarrer notre coït. Une main toujours posée sur ses fesses, j’attrapai la broche qui maintenait son chignon, et le défit. Sa magnifique chevelure vénitienne tomba sur ses épaules. Je m’en saisis et tirai doucement en arrière, attirant son visage vers le mien. Je voulais qu’elle suce ma langue, je voulais l’embrasser fougueusement avant de l’honorer comme il se doit.Sa tignasse toujours en main, je commençai mes va-et-vient, doucement, sortant et pénétrant entièrement à chaque passage. Tout en la pénétrant, je décidai d’aller caresser à nouveau son clitoris. Je voulais que son prochain orgasme soit explosif. J’accélérai mes mouvements de hanche, et intensifiai mes caresses entre ses jambes. À nouveau, à travers ses halètements, des gémissements, caractéristiques, annonciateurs d’un orgasme qui montait crescendo et approchait de son paroxysme.— Aaah ! Aaaaah ! Aaaaaaaaaaaaaah ! Oui… C’est… c’est bon ! Elle se tordit soudain de plaisir et agrippa les coussins du canapé pour ne pas tomber. Je n’en avais pas fini, avec elle. Mon plaisir était immense, mais mon bonheur était encore à venir.J’agrippai ses seins magnifiques et voluptueux, ruisselants de sueur, et entamai une cadence régulière, de plus en plus rapide. Je voulais tout lui donner, je voulais aller tout au bout de notre étreinte.Je sentis qu’elle m’encourageait en synchronisant ses mouvements de hanches de manière à accentuer mon plaisir.La levrette est toujours excitante. Mais celle-ci fut particulière, et particulièrement intense. Pendant de longues, interminables minutes, je continuai mes va-et-vient. Je sentis la jouissance poindre, j’accélérai, je voulais aller à sa rencontre. Soudain, le temps s’arrêta complètement, j’avais quitté le monde réel. J’atteignis l’orgasme à un niveau d’intensité inconnu jusqu’alors, et ses seins toujours au creux de mes mains, je me déversai en elle, en longs jets puissants.Nous restâmes comme ça, mon sexe fiché dans le sien, dégoulinant de mon sperme, reprenant notre souffle, dans une étreinte passionnée et magnifique. Mon érection mourut doucement dans l’intimité sublime et chaude de cette femme incroyable.Le souffle toujours un peu court, je l’aidai doucement à se relever, et l’enlaçai tendrement, l’invitant à me suivre dans la chambre à coucher.Nous nous écroulâmes sur le lit, nous nous embrassâmes longuement, et sombrâmes bientôt, enlacés, dans un sommeil sans rêves.Le lendemain matin, j’ouvris un œil, encore ankylosé par nos étreintes de la nuit. Elle n’était pas dans le lit. Je me redressai, angoissé à l’idée que tout cela ne fut qu’un rêve ou le fruit de mon imagination, ou pire, qu’elle se soit éclipsée !Je me levai, enfilai prestement un caleçon, et me dirigeai vers le salon. J’entendis alors du bruit dans la cuisine.Elle était là . Magnifique. Ses fines lunettes sur le nez et, avec pour tout vêtement, sa petite culotte et l’une de mes chemises, ouverte, laissant entrevoir ses seins magnifiques.Elle tenait dans chaque main un mug fumant, et me regardait, avec son éternel petit sourire.— Ah, tu es encore là  ! m’écriai-je avec soulagement.— Bien sûr que je suis là , me répondit-elle. N’oublie pas, j’ai maintenant trois jours devant moi !À suivre…