Julie et moi nous sommes connus par minitel à la fin des années 80. Nous avons eu un véritable coup de foudre. Mais nous étions mariés l’un et l’autre, et vivre ensemble des moments libertins n’était pas chose aisée, surtout dans une ville de province. Aussi Paris est-il devenu le lieu de nos évasions. Tout au début de notre relation, Julie a cependant eu une idée machiavélique qui nous a permis de nous retrouver dans notre ville, NANCY, dans une situation peu banale.J’ai appris à connaître Julie au fil d’une longue correspondance échangée par minitel durant plusieurs mois. Nos dialogues sont vite devenues quotidiens. À mon bureau chaque soir, mes secrétaires parties, je me connectais avec impatience à la recherche de « Julie ». (Vous aurez compris que lorsque je parle de Julie dans ce récit, ce n’est pas son véritable prénom que j’utilise, mais son pseudo de l’époque, comme « Marc » était le mien. C’est étonnant le nombre de Marc et de Julie qu’il y a Revebebe, il doit y avoir des modes pour les pseudos comme il en existe pour les prénoms).Julie ne pianotait pas dans le but de faire des rencontres, mais par curiosité ou par amusement. En fait foi le temps qu’il m’a fallu pour que je lui arrache un premier rendez-vous. En dépit de la fréquence de nos discussions, du ton devenu très proche et intime de notre dialogue, je devais vaincre la réelle résistance de Julie.Il m’arrivait bien sûr d’aiguiller nos dialogues sur le sexe même si bien sûr, surtout au début, je prenais soin de ne pas exagérer maladroitement sur ce sujet. J’avais envie de tout connaître d’elle, ses désirs, ses expériences passées, y compris et surtout ses expériences libertines.Julie m’a confié que son mari voulait à toute force l’entraîner vers l’échangisme, ce qui me rendait le personnage à priori sympathique, mais qu’elle était réticente. Ce qu’elle n’aimait pas, m’expliquait-elle, c’était la méthode de son mari. Il manquait selon elle de nuance, de sensibilité. Il faut se souvenir qu’à la fin des années 80, je ne sais pas quelle est la situation actuelle, le minitel était un formidable outil de rencontre. Pour un homme seul, obtenir un rendez-vous avec un couple ou même une femme seule était chose facile, pourvu d’y mettre un tout petit peu les formes. À fortiori, pour un couple, rencontrer un autre couple n’était qu’une simple formalité. Le mari de Julie était à l’en croire un adepte du minitel, qui revendiquait haut et fort sa liberté de vivre toutes les expériences dont il avait envie, et qui voulait qu’elle accepte de le suivre sur ce chemin.Monsieur pianotait depuis son bureau.Madame le faisait depuis la maison.Peut-être cette désillusion conjugale expliquait-elle la curiosité de Julie, mêlée d’amertume, qui m’a permis de faire sa connaissance et de vivre avec elle, au centuple, ce qu’elle refusait à son époux.Toujours est-il que Julie m’a avoué, après que j’aie beaucoup insisté, que les tentatives de son mari n’avaient pas toutes été vaines. Elle avait accepté le principe de plusieurs rencontres avec d’autres couples mais, me disait-elle, avait le plus souvent été très déçue. Déçue par des couples qu’elles jugeait laids, ou vulgaires, ou inintéressants, ou les trois à la fois. Déçue par l’attitude de son mari qui vivait ces rencontres égoïstement, pour son unique plaisir, sans qu’il existe la moindre complicité, le moindre jeu entre elle et lui.Une chose m’intriguait : comment en était-elle venue à accepter des rencontres avec de parfaits inconnus, elle qui jusqu’alors était si sage ? Et comment pouvait-elle accepter la totale liberté revendiquée par son mari ?Après bien des atermoiements, Julie admit qu’elle et son mari avaient été amis pendant longtemps avec un couple et que cette relation s’était transformée peu à peu pour devenir plus tendre, plus sensuelle, puis carrément sexuelle. À quatre, cette relation était amoralement douce. Mais, poison des poisons, le sentiment s’en était mêlé, et elle était devenue une relation doublement adultère. S’en était suivie une rupture entre les deux couples, une rupture entre les amants, et accessoirement une cassure entre Julie et son mari.Voilà donc qui expliquait l’attitude de Julie. Et voilà sans doute aussi qui expliquait l’intérêt qu’elle semblait prêter à mes longs développements sur ma conception du libertinage, l’exigence d’un plaisir cérébral sans lequel le plaisir du sexe n’est rien, la nécessaire complicité dans le couple sans laquelle le plaisir cérébral ne peut pas davantage exister, etc. Bref, j’exposais avec succès à Julie toutes ces théories qui sont tellement vérifiées, mais tellement connues qu’il serait vain que je vous les inflige. Vous aurez sans doute remarqué que lorsque deux personnes font connaissance, et quel que soit l’objet de leur discussion, les évidences trouvent aussitôt leur place.N’en déduisez pas que j’étais cynique ou intriguant, que je prenais à dessein le contre-pied de son mari pour séduire Julie : je recherchais réellement et sincèrement une femme qui partage ma conception du libertinage, et le minitel avait ceci de remarquable qu’il permettait ce jeu des questions-réponses, et tant pis pour les évidences !J’ai vu Julie pour la première fois, presque par hasard, un soir très tardJ’ai dîné avec des confrères et il est minuit passé. Julie est dans mes pensées, je suis comme un adolescent amoureux. Je décide de passer à mon bureau pour « faire » un peu de minitel. Si j’ai de la chance, elle fera un passage, sinon je pourrai toujours tenter mon va-tout avec des noctambules d’autant plus frustrés, et donc plus déterminés, qu’il est tard.Miracle, Julie est là .Je ne suis pas saoul, ce n’est pas dans mes habitudes, mais j’ai un peu bu. Je n’ai vraiment pas envie de rentrer chez moi, et ma légère griserie me donne avec elle une audace que je n’ai pas habituellement. J’insiste, sinon pour la voir, au moins pour lui parler au téléphone. J’invoque ma bonne foi, mon innocence, ma fidélité démontrée par de nombreux mois de dialogues anonymes mais denses, ma beauté reconnue par tous et en particulier vantée par ma mère, ma lassitude face à la résistance qu’elle m’oppose, et arme ultime, arme de dissuasion, je la menace de mettre un terme à notre relation minitellienne.Elle cède. Elle cède tellement qu’elle me donne rendez-vous chez elle, après tout de même une bonne heure de palabres, au cours desquels je lui redis mes qualités, et mon grand découragement. Son mari est en voyage en Allemagne me répond-elle, pour m’expliquer pourquoi elle était devant son écran aussi tard, et pour me dire, finalement, que je peux venir à son domicile.Moi qui ne voulais pas finir la soirée aussi tôt, et seul qui plus est, je suis transporté de bonheur. Chemin faisant, l’inquiétude me gagne toutefois. D’abord je n’aime pas trop l’idée d’aller chez elle, même si son mari est censé être à l’étranger. Et puis, comment est-elle finalement ? Bien sûr, nous nous sommes décrits mutuellement, mais peut-être sa résistance face à mes innombrables propositions de rencontres s’explique-t-elle par quelque mensonge qu’elle aurait voulu dissimuler ?Lorsque la porte de son appartement s’ouvre, je ne comprends pas. Je ne comprends plus. Pourquoi m’avoir infligé ce supplice de l’attente ?J’ai en face de moi une jeune femme d’une grande beauté, très élancée, avec de grands yeux bruns qui lui mangent le visage. Son visage est mince, son nez un peu grand, mais je l’aime d’emblée, et ses cheveux frisés bruns sont tout fous. J’entre à sa suite comme un automate, emprunté comme un collégien, complètement décontenancé par cette femme avec qui j’ai tellement discuté sur minitel, que j’ai l’impression de connaître depuis toujours et que je découvre en fait pour la première fois. Sa voix est douce et claire.Nous nous asseyons face à face dans son salon, séparés par une table basse. Elle aussi me regarde avec embarras, avec un petit sourire qui éclaire son visage et qui me fait fondre. Ce ne sera pas la dernière fois. Je suis séduit, totalement sous son charme. Elle a ce soir-là , comme toujours, ce regard étincelant et rieur malgré sa visible retenue. Elle me propose bien sûr à boire, et je remarque seulement quand elle se lève pour aller vers le bar qu’elle m’a fait un cadeau, ça ne peut pas être une coïncidence : elle porte un chemisier très échancré.Je lui ai souvent écrit dans nos dialogues que j’étais un adorateur inconditionnel des seins de femme (lire « Premier week-end parisien »), que je demanderais en mariage sur l’heure une femme qui aurait le goût et l’élégance de porter des vêtements entrouverts sur ses seins nus. Je lui ai même exposé ma théorie du décolleté vertical, infiniment supérieur selon moi au décolleté horizontal que j’assimile à un décolleté fessier sur le plan du rendu esthétique. Elle a exaucé mes vœux, sans même que je les lui rappelle tout à l’heure au téléphone.Ce soir-là , elle n’a pas exaucé que ce seul vœu. La nuit, car je suis resté chez elle jusqu’au petit matin, a été pour moi une découverte. J’ai découvert avec elle le plaisir, le seul, le vrai.Ces heures que j’ai passées dans ses bras, je ne vous les raconterai pas. D’abord, je ne saurais pas le faire, mais ensuite et surtout, ces heures relèvent de la plus stricte intimité. Elles font partie de notre amour, à Julie et à moi, qui est né ce soir-là .Ce que je vous raconterai volontiers en revanche, ce sont nos aventures libertines.Et d’abord celle qui a été imaginée, conçue et mise au point par Julie peu après notre rencontre.Même si le couple de Julie était quelque peu distendu, il lui était moins facile qu’à moi de se libérer le soir.Bien que son mari soit, pour le moins, volage, il était jaloux, le disait et le montrait à Julie.C’est donc elle qui, par téléphone, m’a fait cette curieuse proposition :— J’ai trouvé une solution pour nous revoir cette semaine— Laquelle ?— Tu as bien une réunion jeudi soir dans ton club ?— Mouais— Tu pourrais passer à la maison après ta réunion— Ton mari sera à nouveau en voyage ?— Non— Là , il y a quelque chose qui m’échappe— Puisqu’il veut toujours me faire faire des rencontres par minitel, porte-toi candidat…Ainsi donc cette délicieuse Julie avait-elle conçu un plan machiavélique, faire en sorte que son mari me sélectionne…pour m’offrir à elle, ou le contraire, ce qui revient au même.J’ai un peu hésité, mais je vous épargnerai mes objections et réserves puisque finalement, j’ai accepté cette proposition saugrenue.Identifier sur minitel le mari de Julie qui se cachait derrière un pseudo anonyme n’a pas été difficile, j’avais mes informations. Être retenu parmi les nombreux postulants à une rencontre avec un couple s’avérait plus aléatoire. Le premier contact s’est d’ailleurs soldé par un échec cuisant. Hubert, nous l’appellerons ainsi, souhaitait rencontrer un couple et seulement un couple, égoïstement soucieux de son bien-être personnel. Il a d’ailleurs conclu notre dialogue par cette formule élégante que je n’ai jamais oubliée « apporte ton sandwich ». Ce Hubert était décidément un con qui ne méritait pas Julie.Avec l’aide de Julie, les choses se sont arrangées dès le lendemain. Sans doute a-t-elle négocié dans l’intervalle le droit d’avoir, auprès d’un mari tellement désireux de l’entraîner dans des rencontres glauques, une soirée glauque à sa façon, avec un homme seul.Rendez-vous fut pris.Il est à nouveau aux alentours de minuit quand je quitte mes amis pour me rendre au rendez-vous convenu dans un bar. Je n’en mène pas large. Il y a quand même quelque chose de tordu dans ce scénario qui suscite chez moi une sorte de malaise. Bien sûr, je suis heureux de revoir Julie, et je ne me fais pas beaucoup d’inquiétude quant à l’examen de passage que je vais subir : un des deux membres du jury me semble acquis. Mais l’autre ? La question n’est pas tellement de savoir ce qu’il pense de moi, il est simplement éminemment désagréable de devoir jouer la comédie.Comédie de la rencontre d’abord. Son souvenir m’est pénible, comme est pénible la discussion qui s’instaure et qui ressemble à un marchandage de mauvais goût. Après l’épisode du sandwich, rien ne m’est épargné. Ni la référence à l’indispensable discrétion, réciproque bien sûr, ni l’exclusion de toutes les pratiques déviantes que, par pudeur, je ne cite pas. Ce type est non seulement con, il est odieux.Comédie ensuite quand nous partons et que je m’enquiers de l’adresse et de l’itinéraire.Au moins en montant l’escalier et en appuyant sur la sonnette, je n’ai plus l’appréhension de la présence inopportune du mari. Il est là .Je dépose sur la table du salon la bouteille que j’ai apportée avec moi et m’assieds sur le canapé, au même endroit que la dernière fois. Ce bon Hubert s’assied à côté de moi, et Julie en face de nous.Exquise et belle Julie qui porte ce soir encore un décolleté troublant. Elle a choisi un tailleur dont la jupe est assez courte. La veste est déboutonnée, trop pour que ce soit innocent, assez peu pour demeurer élégante. C’est elle qui remplit nos verres, et lorsqu’elle se penche, je peux voir bien sûr ses seins nus sous le vêtement qui baille. Serais-je en visite chez des amis, je m’efforcerais d’être discret dans ma façon de regarder ces seins qui sont offerts à mon regard. Je m’en dispense, parce que j’aime follement les seins de Julie, parce que finalement cette situation équivoque commence à m’amuser.Lorsque Julie se rassied en face de nous, sa jupe remonte sans ostentation sur ses longues jambes, mais assez haut pour que, imaginant qu’elle porte des bas, je me dise qu’il faudrait un tout petit mouvement de sa part pour qu’elle en découvre la lisière. Ai-je pensé si fort ? Elle croise les jambes, et j’entrevois sa peau nue au-dessus de ses bas.Je ressens intensément le désir que je lis dans les yeux de Julie. Si son mari est observateur, il ne va pas manquer de s’en apercevoir. Moi non plus, je ne dois pas avoir un regard très neutre. Mais sans doute met-il mon attitude vis à vis de Julie au crédit du minitellien que je suis.Je me sens résolument bien, et ma gêne du début a complètement disparu. Julie est assise en face de moi, et elle est belle. Désirable aussi, tellement désirable. L’expression est galvaudée, mais elle est très bcbg. Bourgeoise, élégante, perverse, objectivement indécente, mais tellement réservée que cette indécence paraît involontaire. Quand elle sert à nouveau nos verres, je me noie dans la vision de ses seins nus sous la veste entrouverte. Elle me regarde, ses yeux illuminent son visage, et j’ai une envie folle de prendre ses lèvres quand elle s’approche de moi.Ce n’est certainement pas moi qui vais pouvoir prendre une quelconque initiative. Je suis l’invité. Je doute que Julie le fasse.C’est cet excellent Hubert qui se lève et va se placer derrière Julie, toujours debout devant la petite table avec la bouteille à la main. Il pose les mains sur ses épaules puis les fait descendre pour ouvrir la veste de Julie et m’invite à m’approcher. Je suis émerveillé par ces seins magnifiques, petits mais pas minuscules, dont le contact est si ferme et si doux. Je les caresse doucement pendant que Hubert fait glisser par terre la veste du tailleur. Julie est là devant moi, seins nus, avec juste une jupe courte sur ses longues jambes gainées de soie. J’ai envie de l’embrasser, ses lèvres m’attirent, mais ce serait incongru. Je suis censé être un noctambule en visite, pas le prince charmant.Hubert non plus n’est pas le prince charmant. Il nous propose d’aller dans la chambre « parce que nous y serons mieux ». En fin de compte, il n’a pas tort. L’obscurité de la chambre et le lit seront sans doute plus propice à cette intimité dont Julie et moi avons tellement envie. Cette intimité qui permet de se parler par le contact des mains, des caresses, des baisers.J’ai le privilège d’enlever à Julie sa jupe. La seule lumière de la chambre provient de la porte restée ouverte sur le couloir. Nous ne pouvons pas nous embrasser, pas maintenant, mais nous en mourrons d’envie. Julie se tourne et plaque ses fesses sur mon sexe gonflé de désir. Je peux caresser ses seins et l’embrasser dans le cou. Elle me prend la main et m’entraîne vers le lit sur lequel elle s’allonge. Je ne peux pas résister au désir de poser ma bouche sur son sexe. Elle est inondée, son sexe coule abondamment et j’ai envie de boire à cette fontaine. Je suis à genoux sur le lit, et mes reins son tendus vers le haut. Mon sexe est dur et me fait mal. J’ai envie de pénétrer Julie, vite, fort. Mais j’ai envie de prolonger cette attente, et je veux encore et encore embrasser ce sexe que m’offre Julie, ma Julie. Je sens alors sur mon sexe bandé une main d’homme qui emprisonne ma queue, avec force et douceur à la fois, une main qui se saisit de mes bourses et les caresse avec douceur. Je ressens tellement de plaisir et de désir que je serais prêt, ce qui ne m’est jamais arrivé, à me laisser pénétrer par le mari de Julie s’il en avait envie. Les sensations que je ressens sont indescriptibles, tellement nouvelles. Jamais je ne me suis trouvé avant ce soir dans un lit avec un couple, jamais je n’ai été caressé ou même simplement effleuré par un homme. Jamais je n’ai ressenti cet immense plaisir de me trouver dans une situation aussi troublante, dans les bras d’une femme dont j’étais amoureux, une femme qui en plus soit capable d’avoir envie elle aussi d’être libertine, indécente, offerte à deux hommes.Pendant que je pénètre Julie, Hubert continue à caresser mes testicules. J’ouvre tout naturellement la bouche quand il présente son gros sexe devant mes lèvres. Il fait aller son énorme queue de ma bouche à celle de Julie, et quand son sperme inonde nos visages, j’explose en même temps dans le sexe de Julie.Je l’embrasse et sens sur sa bouche le sperme de son mari. Je m’en fiche. Je l’embrasse enfin et c’est ce qui compte.Me croirez-vous ? La personne qui vous paraît la plus antipathique peut vous donner un infini plaisir.La personne qui vit avec elle, aussi. Surtout si elle vous aime et que vous l’aimez, et surtout si elle a résolu de devenir votre maîtresse, pour toujours, pour le meilleur et pour le pire.Marc