C’est depuis une fin de mois difficile que je vends mes charmes. J’ai beau avoir un bon job, la vie seule avec un ado n’est pas aisée tous les jours. J’avais, il y a trois ans de cela, entendu parler de prostitution occasionnelle. Depuis mon divorce, je n’avais jamais été en manque de sexe très longtemps. Et à bientôt quarante ans, on me trouve toujours aussi jolie, menue mais sans être maigre pour autant.J’avais donc décidé, après des semaines d’hésitation, de passer une annonce. Je n’y montrais pas mon visage : juste deux photos, l’une avec une vue de mon décolleté, l’autre où l’on voyait ma silhouette en tailleur bleu marine. J’avais acheté un téléphone portable spécialement dédié aux suites de cette annonce. Le tout très discrètement. Je mourais d’envie de vendre mon corps, c’était un fantasme qui me tenait depuis l’adolescence mais qui s’accompagnait dans le même temps d’une appréhension sans nom.Dès la parution de l’annonce, mon téléphone se met à sonner régulièrement. Après plusieurs refus (les grossiers, les impolis, ou tout simplement le manque de feeling), je finis par dire « oui » à un homme de passage dans la ville où je vis. Nous nous donnons rendez-vous pour le soir, au bar de l’hôtel où il a posé ses valises.La fébrilité qui entoure mes préparatifs n’est pas descriptible. Je me demande toutes les cinq minutes si oui ou non je dois y aller. Je sais que j’ai besoin d’argent, mais le nombre de questions qui m’assaillent en permanence me fait hésiter, encore et encore… Je m’habille, ainsi qu’il l’a demandé, comme sur la photo, en tailleur, chemisier et dessous blancs plutôt sages. Une paire de Dim-Up clairs vient porter la touche finale. Je téléphone, annonçant mon retard d’environ un quart d’heure, car ces interrogations sans réponse ont pris du temps. Lorsque j’arrive devant l’hôtel, même si c’est un hôtel assez cher (ce qui me rassure quelque peu), je me demande une fois de plus si je ne vais pas repartir sans garer ma voiture.Je finis, le cœur battant à toute vitesse, par pénétrer dans l’hôtel. Et là , surprise : il n’y a qu’une seule personne au comptoir du bar. Il m’a annoncé quarante-cinq ans au téléphone, et je lui en donne dix de moins, facilement. Je m’attendais à un vieux libidineux, et je tombe sur un bel homme ! De toute manière, je ne peux plus reculer. Cet homme qui me sourit maintenant, et m’invite d’un geste charmant à le rejoindre est mon amant de ce soir. Que nos amours lui soient tarifées ne doit plus rien changer : les dés sont jetés.Nous faisons connaissance, il me dit s’appeler Thierry, et je n’en crois rien : je me suis moi-même donnée un prénom d’emprunt. Il est plutôt charmant, et doit avoir l’habitude de se faire escorter, il est très détendu. Au bout d’environ un quart d’heure, toujours en me vouvoyant, il me demande de l’accompagner. Je sens à nouveau mon cœur redémarrer à toute vitesse, alors qu’au fond de moi, je pense aussi : « enfin » !Nous nous levons et dans l’ascenseur, brusquement il me saisit la taille et me colle contre lui sans mot dire. Je sens le désir monter, doublé toujours de cette inquiétude qui me taraude. Une fois arrivés à la porte de sa chambre, il me fait entrer et je sens sa main glisser sur mon dos jusqu’à mes reins. Sur le meuble à côté de la télé est posée une enveloppe à mon prénom. Il me la passe, je vérifie prestement que les billets y sont et la mets au fond de mon sac. J’ai à peine posé celui-ci que je me sens saisie : « Thierry » m’a prise dans ses bras et ses mains sont partout sur moi. Son ventre se colle au mien, il me fait sentir combien il me désire. Il déboutonne mon chemisier, sort mes seins de mon soutien-gorge et les caresse presque violemment.Je me sens utilisée, pour la première fois de ma vie. Et en même temps, inexplicablement, j’en suis fière. Je réalise alors que je suis restée bien passive, et mes mains se mettent aussi à explorer le corps de mon partenaire d’un soir. J’ouvre sa chemise, puis son pantalon, et je sens, toujours sans un mot, une pression sur mes épaules. Ça y est, je suis devenue une escort : on n’a même pas besoin de me parler pour me dire ce que je dois faire.Je m’agenouille sur la moquette, et je frotte d’abord ma joue sur le caleçon tendu par l’érection. Je me surprends moi-même à donner de telles caresses dans ce cadre. Puis je baisse le sous-vêtement, et commence de petits coups de langue de bas en haut. J’entends celui qui est devenu mon client soupirer d’aise. Je gobe un de ses testicules et tout son corps se tend. Je remonte à nouveau avec de petits coups de langue et embouche d’un coup ce sexe tendu, autant que je peux. Dans un souffle, j’entends :— C’est trop bon, moins fort.Je ralentis le rythme et joue à ce jeu que les femmes adorent quand elles sucent une queue, accélérer, ralentir, changer de caresses… Soudain, je suis saisie aux épaules et remise debout. Les mains courent à nouveau sur moi et me débarrassent de mes vêtements et sous-vêtements, à l’exception de mes bas et de ma culotte. Mon partenaire est nu aussi : pas mal fichu, un tout petit peu de ventre, et ce sexe dressé, que je dois satisfaire contre l’argent qui est au fond de mon sac.Toujours dans le silence de la chambre, les mains qui me parcourent me jettent en travers du lit, agrippent mon shorty et le font glisser par terre, écartant largement mes cuisses, offrant ainsi mon intimité fraîchement épilée. Je sens une certaine excitation monter en moi, mais c’est une excitation intérieure, peut-être le fait de me sentir pute. Pour la première fois depuis longtemps, je n’ai pas le frisson physique. Mais je n’ai pas le temps d’y penser plus longuement : sa bouche vient se coller sur ma vulve, sa langue s’immisce entre mes lèvres et remonte sur mon clitoris. Je pense alors à simuler et de longs soupirs s’échappent de ma bouche, alors que je me cambre et me tords. Deux doigts me fouillent le vagin et je pousse de petits cris de satisfaction. « Thierry » se relève. J’attrape mon sac et saisis une capote. Je la lui pose.Nous n’échangeons toujours pas un mot alors qu’il me fait mettre à quatre pattes sur le lit. Je le sens disposer sa bite à l’entrée de mon vagin, caresser mes grandes lèvres avec son gland, et tout à coup il me pénètre brutalement tandis que ses mains saisissent mes hanches. La surprise et une légère douleur quand son gland vient buter au fond de mon ventre me font pousser un petit cri qu’il prend pour une manifestation de plaisir, ce qui lui fait m’asséner de grands coups de boutoir. Devant de toute manière donner le change, je recommence à soupirer de plus belle, l’encourageant.De toute manière je ne ressens rien, ni plaisir, ni déplaisir. Je me fais juste une drôle d’impression, moi la cadre moyenne, à quatre pattes sur un lit d’hôtel, vêtue de mes bas, en train de lui dire : Viens fort ! Ma main se glisse sous mon ventre et je caresse ses testicules. Au bout d’un moment, il me retourne, me couche sur le dos, s’allonge sur moi et me pénètre fort, puis relève mes jambes sur ses épaules. Je continue de simuler de plus belle pour l’encourager tout en le regardant dans les yeux. Ses traits se tirent et se crispent, il se retire d’un coup, arrache le préservatif et éjacule à longs traits sur mon ventre en poussant un râle de plaisir. Je lui caresse doucement les couilles pour l’aider à se vider.Un quart d’heure plus tard, je suis au volant de ma voiture, ne sachant que penser, sinon que cet argent tombe à point.