Milk TodayC’est en 1976, l’année de la sécheresse.Pour vivre, je cueille des cerises, des journées entières dans les arbres. Je suis noir comme du chocolat.Chez des amis, je rencontre une très belle jeune femme, à la peau rose, avec des yeux bleus au bord des larmes, tempérés par un large sourire. Elle s’appelle Danièle.Elle est triste, désemparée, nantie d’un mari brutal, qui séjourne souvent dans des cliniques pour dépressifs.Elle me plaît, me touche, mais presque sans désir. Nous nous voyons toutes les semaines. Drôle de relation. Tendre, attentive, avec des élans arrêtés, des frôlements attardés, comme un amour fini depuis longtemps.Un dimanche, nous partons à plusieurs pour une journée à la campagne. Elle m’attend au bord de la route dans une forêt, assise sur l’aile de sa 4L blanche, avec ses deux enfants blonds à l’arrière. Elle porte une chemise en coton écru et un jean délavé. C’est la première fois que je la vois sans soutien-gorge. Le tissu est creusé, soulevé, par la forme excessive du bout de ses deux seins ; une violence de chair, inattendue, qui me rentre dans le ventre.C’est une journée de langueur douloureuse, assis face à face, sous l’ombre verte d’un arbre autour de la couverture du pique nique. Il fait très très chaud, j’ai envie de me déshabiller ; je ne peux rien manger. Les insectes bruissent et le rosé m’assomme. Mes muscles se tendent dès qu’elle change de position, quand elle bascule sur le côté pour prendre quelque chose dans le panier, ses fesses serrées dans la toile bleue. Je regarde les bosses de sa poitrine ; Mon sexe se tend.Ça me fait mal.Je passe le temps, derrière mes lunettes noires, à guetter le moindre mouvement qui me permette de voir quelque chose dans le col de son chemisier. Elle a défait le troisième bouton, mais rien à faire, trop étroit, juste le léger début du sillon entre ses seins. Ils semblent assez écartés, pas très gros, certainement pas ronds, se balancent horizontalement, soulèvent le coton de leur raideur.Les gosses sont partis jouer, les amis nous ont laissés avec des sourires entendus. Elle parle, parle d’elle, de son enfance solitaire, de ses amours perdues, les yeux dans le vague ; elle est intarissable.Vers la fin de l’après-midi, pendant qu’elle joue machinalement avec ses boutons tout en parlant, nos regards se croisent (j’ai enlevé mes lunettes deux ou trois minutes). Je suis dans un état lamentable, mon corps est retourné comme une chaussette, l’élastique de mon slip est trempé, et écrase mon sexe. Au secours, bobo, etc. Cela doit se voir dans mes yeux et se sentir sur ma peau.Elle me regarde la bouche ouverte, rougit violemment.Terrassé, séché, je vois les deux mamelons se raidir brutalement, pousser dans le tissu, se détacher avec une crudité impensable, ne pouvant dissimuler l’évidence du message.Elle me regarde avec un léger sourire, se laisse tomber sur son coude droit et défait deux boutons. Ecartant légèrement le tissu, elle glisse sa main gauche, et la fait doucement aller et venir autour de son sein droit.Et d’une voix basse que je vais bientôt apprendre à connaître, elle me dit très naturellement :« Tu vois, ça, c’est la petite fille qui voulait avoir des seins allongés… L’allaitement, ça aide. »Elle ne montre rien.Moi, je ne vois que ce mouvement souple de va-et-vient, cette lente masturbation sous le tissu. Mes joues sont brûlantes comme celles d’un gamin qui voit son rêve se réaliser d’un coup. Je veux qu’elle me les donne, je veux les goûter, les faire glisser entre mes lèvres, connaître leur forme, leur chaleur, leur couleur. Sans forces, les reins tremblants, je vis l’instant comme séparé de tout le reste, étiré comme mon malheureux sexe qui hurle.Elle regarde ma main passer sur la toile de mon jean qui commence à être un peu imbibé et me dit :« Il est tard. Il faut que je rentre donner leur bain aux petits. Viens à la fenêtre ce soir après onze heures. Fais attention aux voisins ».Elle retire sa main, saute sur ses pieds en se reboutonnant, récupère ses enfants, part. Et je reste là  ; vidé et plein.Elle habite dans un village de vignerons. Elle et son mari louent le rez-de-chaussée d’une grande maison avec un jardin, au bord d’une rue. Le premier étage est habité par un couple âgé parfaitement désagréable. Je suis venu plusieurs fois, pour l’apéro ; un dîner. Je sais que la fenêtre de gauche est celle de leur chambre.Je gare ma voiture cent mètres plus haut, longe la rue en silence, dans l’ombre des murs. Devant la fenêtre, les volets sont entr’ouverts et laissent filtrer une faible lumière. Je frappe doucement et les volets s’ouvrent. Elle est là , environnée des fleurs du papier-peint, se découpant sur la lumière de deux bougies, de chaque côté du lit.Avec le sourire de celle qui maîtrise tout, elle me dit : »Entre… ».Je franchis la rambarde, elle referme la fenêtre. Elle est là , debout, avec seulement sa chemise de l’après-midi qui descend sur ses cuisses. Elle vient vers moi, me serre les deux bras et me chuchote :« Habille-toi comme moi… ».Je quitte mes sandales, fait glisser mon jean, et devant mon air interrogateur, elle soulève légèrement sa chemise : elle a une culotte blanche. Ah. Elle me prend par la taille, me mène jusqu’au lit, me pousse en arrière sur les oreillers légèrement inclinés. Je tombe dans une odeur verte de couverture piquée.Je suis là , les jambes étendues, à la regarder. Elle, debout près du lit, regarde mes cuisses, la bosse de mon sexe, à moitié cachée par ma chemise. Elle monte, se met à genoux au-dessus de moi, et dit :« Regarde. »Et, souriante, commence à défaire ses boutons tranquillement, lentement, les joues très rose, la peau luisante sous les bougies.Elle ouvre en grand sa chemise, les yeux fermés, et se penche un peu en avant. Ses deux seins s’inclinent vers moi.Allongés, comme des mamelles, avec à leur bout deux mamelons très longs, épais et tendus, comme je n’en ai jamais vu chez une femme jusque là . C’est un instant d’amour de la chair qui prend tout mon corps ; une seconde d’enfant.Elle, elle se regarde, avec son sourire.Elle me prend les deux mains, et les porte à ses deux mamelons. Je tremble au contact, stupéfié par cette raideur souple, par cette dureté qui pousse entre mes doigts, comme deux museaux bruns et roses. J’ai peur de ne pas savoir les nourrir.Dans le silence bourdonnant de mes oreilles, bouleversé, j’entends sa voix :« Ils aiment beaucoup être mouillés. »Et se penchant vers moi, son sein droit dans sa main, elle pousse le bout prodigieux entre mes lèvres. J’ouvre grand ma bouche et j’aspire le sein presque en entier. Il n’est pas très gros, il est long ; je me sens fouillé par sa dureté, roulant sur ma langue sa rigidité salée.Ce n’est pas moi qui suce sa mamelle. C’est elle qui utilise ma langue pour se caresser. Elle le ressort, prend son mamelon entre ses doigts, le visage humide de plaisir, tire dessus et plonge son autre sein dans ma bouche, recommence, en se balançant doucement.Tout d’un coup, elle se redresse, les prend dans ses mains et les regarde alternativement, toute joyeuse. Ils sont recouverts de ma salive et luisent sous les bougies, détrempés, tendus.Raidi sur mes coudes, je ne peux plus bouger, cloué par la violence de cette poitrine. Mes fesses sont dures sous la tension, se lèvent, s’abaissent. Mon sexe est à moitié échappé, la culotte baissée de travers par les frottements sur la couverture piquée verte. Le bout, à moitié dénudé est dilaté ; J’ai une tache sur le ventre.Elle recule sur mes jambes, fait glisser ce qui me reste de coton blanc. À plat-ventre sur moi, je ne vois que ses cheveux, ses yeux baissés, son sourire et ses deux seins qui saisissent doucement mon sexe.Nous restons là , saisis dans la contemplation de ses trois frères inversés, si semblables. Le violet, la tension, l’humidité.Elle rapproche ses deux mamelons et, du bout des doigts, se met à les frotter lentement sur le gros bourgeon plein à craquer, sur l’orifice qui baille. Je veux à la fois téter et donner à boire.Le ventre, les fesses, le sexe comme du bois, je pousse à sa rencontre, mon corps est rempli du sperme que ses deux seins veulent traire de plus en plus vite.Il éclate bruyamment sur sa peau, dans une douleur qui couvre le plaisir. Les petites flaques lourdes glissent, glissent sur les pentes souples des seins rougis.Elle se relève d’un coup sur ses genoux, et très calmement, elle étale toute cette crème sur les bouts engorgés, dessus, dessous. La fait pénétrer comme une pommade. Nous contemplons cette peau mouillée qui reflète les deux flammes.Elle pose sa main gauche à plat sur ma poitrine ; pour la première fois, elle me regarde droit dans les yeux, et de sa voix basse, dit :« Toi et moi, nous allons avoir beaucoup de lait. »Même l’année de la sécheresse.