Me voilà ici, à nouveau.Me voilà de retour devant cette porte à la peinture écaillée.Cet endroit où pourtant, à chaque fois, je jure ne jamais revenir.Je suis faible…Je sonne à la porte.Je me sens sale, moche, et, alors qu’il ouvre, vêtu uniquement d’un bas de survêtement, les pieds nus, les cheveux ébouriffés, pas rasé depuis un moment, je me dégoûte encore plus. Il n’est ni beau, ni bien bâti, en fait, il n’a rien qui puisse normalement m’attirer chez un homme. Qu’est-ce que je fais là  ?— Julia ! Ça fait longtemps, dit-il, en souriant.Mais je sais que son sourire n’est que de façade.Une lente nausée monte au creux de mon estomac. Une petite voix en moi me dit de sourire aussi, de m’excuser de l’avoir dérangé et de m’enfuir en courant. Je devrais écouter cette petite voix, mais je n’en fais rien. Comme à chaque fois.Il ouvre plus largement la porte.— Toi, t’as l’air d’avoir besoin de te faire défoncer.Il dit ça d’un ton relax, comme il dirait « t’as l’air d’avoir pris la pluie » ou « t’as l’air d’avoir faim ».Comme il sait que jamais je ne lui réponds, tout simplement parce que je ne peux pas lui dire que c’est vrai, que je ne viens que pour ça, il fait ce qu’il fait à chaque fois : il hausse les épaules, franchit le seuil, attrape mon poignet et m’entraîne dans ce couloir humide et crasseux qui sent le renfermé.À peine suis-je rentrée, qu’il ferme la porte d’un coup de pied et me repousse violemment contre le mur, l’air s’évacuant d’un seul coup de mes poumons. Son corps vient s’écraser contre le mien, comme un prédateur qui s’assure de sa proie. Ses mains ouvrent mon manteau, puis il écrase ma poitrine avec la gauche pendant que la droite vient soulever ma jupe. Juste ce qu’il lui faut pour s’assurer que je ne vais pas changer d’avis maintenant.— Ouais, ça fait longtemps. Tu sais que je m’inquiétais ? gronde-t-il en collant son front contre le mien. Mais je savais que tu reviendrais. Parce que t’en as besoin, n’est-ce pas, petite salope en manque ?Ça commence toujours comme ça : pas de conversation de salon, pas de préliminaire, il va droit au but, instinctivement. Il sait ce dont j’ai besoin. En réaction à cette absolue intensité, un flot de mouille inonde ma chatte. Mon cerveau analyse que je vais avoir une tache qui se verra sur ma jupe, mais mon corps se presse quand même contre lui.Il est instantanément dur, frottant son érection contre ma hanche. Parfois, il n’attend pas de réponse à sa question, mais cette fois, si.— Dis-le ! Allez, petite traînée. Dis-moi à quel point tu veux te faire baiser !La gorge serrée comme dans un étau, tout ce que j’arrive à répondre, c’est une sorte de croassement, alors je bouge mon visage, glissant ma joue contre la sienne. Sa barbe râpeuse frotte contre ma peau alors que j’acquiesce.Mais aujourd’hui, ça ne lui suffit pas. Il se recule et me gifle :— Dis-le, salope !— Ouiiiii !J’ai hurlé.La gifle n’a pas été très forte, mais elle pique et je sais déjà que j’aurai de légères contusions au niveau de la mâchoire.J’ai l’habitude. J’ai déjà bien souvent quitté cette maison avec des marques sur le corps. Pas de cicatrices, non, juste la preuve que quelqu’un s’était occupé de moi, de mon addiction.— C’est mieux, dit-il, m’attrapant alors par le cou pour me pousser à travers la porte ouverte du couloir.Dans la pièce d’à côté, il n’y a qu’un lit – que je n’ai jamais vu fait –, une table et une télévision. Je n’ai aucune idée de son job ou comment il vit. Je ne m’en suis jamais soucié et je m’en fiche toujours autant.J’enlève mon manteau et le laisse tomber sur le sol par-dessus de mon sac. Puis je me retourne pour déboutonner mon chemisier.Mais aujourd’hui, il ne veut pas attendre. Il me pousse, fort, le plat de sa paume planté entre mes omoplates, jusqu’à amener mon visage contre le matelas.Je sens son odeur sur les draps. Son odeur ainsi qu’un parfum de sexe : le sien, peut-être, ou celui d’une autre femme – peut-être les deux. Je me demande quelle femme, et depuis combien de temps elle est partie, et si elle est comme moi, en manque…Rien qu’à cette idée, je mouille encore plus. Avant que je ne puisse me retourner, il descend ma jupe à mes pieds.— Ne bouge pas, gronde-t-il, puis il respire un grand coup.Quelques instants de silence épaississent l’atmosphère.— Je sens ta chatte. Tu mouilles déjà tellement.Ses mains chaudes viennent caresser mes fesses, puis effleurer mes cuisses. J’ai mis des Dim-up aujourd’hui, parce que, la dernière fois que je suis venu ici, il a détruit une magnifique paire de bas Cervin. Cette fois, j’ai préféré anticiper sa violence.Dehors, une voiture passe le long de la route mouillée, son moteur résonnant fortement dans la rue entre ces maisons de ville peintes en blanc. La rue est calme en ce milieu de matinée, et le son de sa respiration lourde remplit la pièce.— La prochaine fois, ce n’est pas la peine de mettre une culotte. Compris ?Le lit bouge alors qu’il grimpe dessus, pressant un genou entre mes jambes pour les séparer. Je lève la tête pour le regarder. Je veux lui dire qu’il n’y aura pas de prochaine fois. Qu’aujourd’hui, c’est la dernière.— D’accord, murmuré-je à la place.Sa main jaillit, attrape mes cheveux et enfonce mon visage dans les draps froissés.— Non, grogne-t-il, soudainement en colère. Ne me regarde pas !Alors qu’il me crie cet avertissement, son autre main s’est glissée entre mes cuisses, et ses doigts s’enfoncent dans le tissu trempé de ma culotte. Il sait exactement comment me faire lever les hanches pour éviter la douleur, et il le fait jusqu’à ce que je sois obligée d’utiliser mes genoux pour la faire cesser. Ce n’est que lorsque mon cul s’est élevé à la hauteur qu’il souhaite, qu’il relâche la pression.Ses doigts cruels qui ont labouré ma chair tendre sont soudainement remplacés par le plat de sa main venant envelopper ma chatte et la caresser jusqu’à ce que je me mette à haleter.— Tu vois, ma belle, tu es totalement prête pour moi.— Oui, je le suis.Le moins que je puisse faire est d’éviter l’hypocrisie.Il s’agenouille derrière moi. Le tissu de son bas de survêtement est doux sur la peau exposée de mes cuisses. Comme il se rapproche, je peux sentir son érection entre mes fesses alors qu’il se frotte, encore habillé, contre elles.Les doigts de sa main s’immiscent sous la partie inférieure de ma culotte, l’écartant de mon entrejambe. Puis ces mêmes doigts épais parcourent ma chatte, séparant les lèvres gonflées et humides.Je ne peux tout simplement pas rester immobile et muette : grognant comme un animal, je remue mes hanches. J’ai besoin de ressentir quelque chose, quelque chose en moi.Mais même agissant ainsi, je sais qu’il ne me donnera pas ce que je désire pour le moment. C’est le jeu auquel nous jouons : je supplie et il refuse.Tandis qu’une de ses mains me tourmente ainsi, l’autre suit la ligne de ma colonne vertébrale, de mon coccyx jusqu’au milieu de mon dos, entraînant avec elle l’ourlet de mon chemisier en soie.Je sais ce qui va arriver. Avant même que ses doigts ruisselants de ma cyprine ne se soient retirés de ma chatte, je me raidis et tends le dos.Quand le premier coup vient, il est si rapide, si net que je n’ai pas le temps d’émettre le moindre son. Ma mâchoire se verrouille. Je paie pour mon impatience ; avec les doigts humides de ma mouille, la piqûre de la fessée est pire.Il fait une pause, regardant la peau de mes fesses devenir cramoisie. Ce n’est que quand la marque de ses doigts s’affiche visiblement sur ma peau blanche, qu’il me frappe à nouveau.La deuxième frappe est aussi dure que la première, et cette fois je hurle. Ça a l’air de lui plaire ; je sens sa queue, toujours sous son survêtement, tressaillir contre ma cuisse.Il s’acharne maintenant sur mes deux fesses et mes larmes commencent à couler, chaudes et humides, trempant les draps sous mon visage.Je ne me retiens pas. De profonds sanglots montent de mon ventre, d’abord de manière hésitante, puis de plus en plus fort à chaque explosion de douleur, comme si chaque coup sur mes fesses générait une réaction en chaîne dans tout mon corps.C’est l’accord qui nous lie : il nourrit mon appétence pour la douleur et je nourris son amour d’infliger des sévices.Quand il en a assez, il s’arrête. Sa respiration est lourde, il se penche sur mon cul écarlate et presse ses lèvres sur ma peau brûlante. La chaleur de sa bouche intensifie la piqûre, mais la même main qui m’a battue revient entre mes jambes pour se délecter de l’étrange bizarrerie de ma nature. Autant que mes yeux, ma chatte a « pleuré », à un point tel que l’intérieur de mes cuisses en est luisant et que ma cyprine a inondé jusqu’au à la lisière de mes bas.— Tu veux que je te baise ? murmure-t-il contre ma chair brûlée, soulevant son corps uniquement pour tirer ma culotte trempée le long de mes jambesJe prends une bouffée d’air et acquiesce :Il recule pour enlever son pantalon. C’est tout ce qu’il a à faire parce qu’il ne se soucie pas de mettre des sous-vêtements. Puis il est de retour entre mes jambes, glissant son gland turgescent le long de la peau humide de l’intérieur de mes cuisses.— Parfait, alors ! Je vais baiser ta chatte. Ou alors tu préférerais que je t’encule ?C’est toujours la question qu’il pose en plaçant son gland entre les lèvres de ma chatte. Je ne lui réponds jamais et, pour une raison quelconque, il ne choisit jamais mon cul. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais je sais, avec une certitude absolue que ce que je pourrais dire n’aurait pas d’importance, de toute façon, il choisirait l’orifice qu’il souhaite.Et c’est ce qu’il fait, s’enfonçant en moi avec une douceur surprenante compte tenu de ce qui vient de se passer. Malgré tout, la pénétration me fait mal. Mon vagin est encore serré, crispé par la douleur que je viens de ressentir, et il faut un certain temps à mes muscles pour s’assouplir et accueillir cet envahisseur.Au lieu de se tenir à mes hanches, il glisse ses deux mains en dessous, agrippant le haut de mes cuisses d’une manière qui force mon bassin à se soulever. Ainsi, il peut s’enfoncer plus loin en moi. Et encore une fois, il y a de la douleur, plus profonde maintenant.Je me concentre sur la façon dont il gonfle à l’intérieur de moi, la façon dont ses doigts s’enfoncent dans mes cuisses, la façon dont sa peau chaude se presse contre la mienne, toujours brûlée par la fessée. Toute autre pensée parasite m’ayant quittée, une fois que sa queue m’a délivré de mes dernières inquiétudes existentielles et évacué toute angoisse de mon crâne, mon corps peut alors prendre le dessus.Progressant de synapse en synapse, des réactions chimiques s’allument et déclenchent en moi une tempête de plaisir insensé. Mes muscles obéissant au message de mon cerveau, se contractent de plus en plus fort, de plus en plus vite, et l’orgasme m’envahit.Je sens qu’il me parle alors que je jouis, mais ses mots n’atteignent pas ma conscience : le mécanisme qui normalement leur donne un sens est brisé, toute la place étant prise par un intense sentiment de béatitude me rendant aveugle et sourde au monde extérieur.Alors il se tait lui aussi, s’abandonnant aux contractions de mon vagin, forçant sa queue à travers elles, les laissant l’amener lui aussi au point de non-retour. Se raidissant dans un ultime spasme, il explose en jets puissants à l’intérieur de moi.— J’aurais dû essayer ton cul, murmure-t-il, une fois qu’il a repris son souffle.Il se penche vers mon visage et essaie d’enlever les cheveux qui s’égarent sur ma joue. Quelques mèches sont engluées par mes larmes ; il les cueille avec une délicatesse bien étrange après ce qui vient de se passer.Quand il retire enfin sa queue de moi et me laisse me blottir à ses côtés, il pose la question qu’il pose toujours :— On recommencera ?— Oui, s’il te plaît.Oui, on recommencera, encore une fois. Quoi que je pense de lui, de l’abjection qu’il y a à se délecter de faire du mal aux autres, j’ai besoin de lui. Il est le meilleur exutoire à mes tourments – c’est un expert dans son domaine.Je ne l’aime pas, je n’apprécie même pas sa compagnie et ne voudrais certainement jamais le rencontrer ailleurs que dans cette petite maison blanche.Mais je sais que grâce à lui, pendant de nombreuses semaines, je vais pouvoir prétendre que mon jardin intérieur est beau et coloré, qu’il n’a pas besoin de désherbant. Mais ça ne dure jamais. Alors je viens le voir.Il entretient mon jardin sombre avec une compétence que nul autre ne possède.C’est pourquoi je me promets, à chaque fois que je quitte la petite maison blanche, que je ne reviendrai jamais.Et c’est pourquoi, pourtant, je reviens toujours.