— Ah ! les vacances !Tels furent les premiers mots que j’entendis prononcer par Nathalie, ma troublante inconnue. Comme chaque fois que j’en ai le loisir, j’étais parti faire une petite balade dans le bois qui n’est qu’à quelques kilomètres de chez moi. Deux heures de marche, ça retape un homme !Une fois mon circuit terminé, j’avais pour habitude de m’asseoir dans un coin pour rêvasser, à l’écart des promeneurs.C’est ainsi que ce samedi-là , je fis la connaissance – si l’on peut dire puisque jamais, je ne vis son visage – de Nathalie. En fait, elles étaient deux femmes, installées derrière la haie de fougères qui nous séparait. Elles aussi, certainement, avaient voulu s’écarter des sentiers trop fréquentés pour faire la causette. Et c’est cette conversation délicieuse que je retranscris maintenant :— Ah ! oui, quelles vacances ! J’en frissonne encore.— Eh bien, raconte !— Ce n’est pas si facile !— Allez, Nathalie, ne te fais pas prier ! (silence)— Eh bien, voilà , j’ai rencontré un homme !— Oh ! la coquine !— Non, ce n’est pas ce que tu crois ; enfin, si, mais c’était incroyablement délicieux, et si inattendu. Pour la première fois, je me suis retrouvée dans les bras d’un homme, autre que mon mari.— Tu as trompé ton mari !— Une fois, une fois seulement, mais si c’était à refaire, je crois que je recommencerais. (rires) C’est un homme que je ne reverrai sans doute jamais, mais qui m’a fait connaître un plaisir que je ne soupçonnais même pas.— Eh beh ! dis donc. Allez, raconte ; tu m’en as trop dit, ou pas assez. Je veux connaître ton histoire.Nathalie semblait réticente, à en juger par les silences qui ponctuaient cette conversation (je ne les retranscris pas tous, évidemment).— Allez Nathalie, ne te fais pas prier, tu en meurs d’envie. (silence, à nouveau)— Tu ne m’interromps pas, alors…— Promis.— Eh bien, voilà . Comme chaque année, nous sommes partis en vacances, en Bretagne, à P. Le terrain de camping nous plaît, car il est tout petit et on y est merveilleusement tranquille. On y a nos habitudes. Enfin, bref, on s’y plaît. Il ne restait plus que trois jours avant notre départ quand nos voisins de camping sont partis. En rentrant de la plage, nous avons vu que sur leur emplacement, était dressée une tente. C’est au moment de dîner que nous avons fait la connaissance de Franck, notre nouveau voisin : un homme d’une trentaine d’années, c’est à dire un gamin pour moi. (rires)— Comme si t’étais déjà si vieille avec tes quarante-deux ans !— Tu as promis de me laisser parler. (silence) Bref, Franck était en panne de gaz et nous a demandé de chauffer son repas, une boîte de cassoulet. Jean (je suppose que c’est le mari de Nathalie) lui a proposé de partager notre repas, son cassoulet pouvant attendre. Franck a accepté et nous avons, ma foi, passé une agréable soirée en sa compagnie. Il s’est montré sympathique et d’une grande culture. On a dû aller se coucher à une heure bien avancée de la nuit. Une fois au lit, Jean a voulu faire un câlin ; enfin tu vois ce que je veux dire, et il s’est mis à fantasmer sur Franck et à imaginer une nuit dans la caravane à trois. Je dois dire que j’ai pris un plaisir certain à le suivre dans cette histoire. Je n’imaginais pas la suite. Tu connais la passion de Jean pour la pétanque.« Le lendemain, était organisé un grand concours dans un autre terrain et il ne voulait manquer un pareil événement. Donc, de bonne heure, il est parti, pour la journée, m’a-t-il dit, participer à ce concours. Je restais donc seule. Vers onze heures, alors que je terminais de ranger sous l’auvent, Franck est arrivé. La veille, j’avais évoqué mon goût pour la plage, surtout quand elle est déserte et il m’a proposé un endroit peu connu, donc tranquille : une crique accessible que jusqu’au milieu de la marée. Ensuite, la mer nous emprisonne jusqu’au milieu de la marée descendante. On était sûr, ainsi, d’être au calme. Il m’a dit qu’on avait juste le temps de passer si on partait maintenant. Je n’ai pas eu le temps de vraiment réfléchir ; je me suis retrouvée dans sa voiture. J’aurais dû me méfier, mais, son sourire m’a convaincue.— Comment était-il physiquement ?— Rien d’extraordinaire, mais, une voix douce, un sourire comme apaisant, de l’humour à revendre, bref, un charme certain ! (Nathalie toussote) En effet, nous avons juste eu le temps de passer : ça ne faisait pas un quart d’heure que nous étions installés que j’ai vu qu’on ne pouvait plus s’échapper. Nous étions seuls, du moins je le croyais. C’est alors que Franck m’a dit qu’il profitait de cet endroit pour se baigner nu. Il m’a proposé de faire comme lui. J’ai refusé. Il n’a pas insisté. Je me suis allongée sur le ventre et je me suis plongée dans un livre. Enfin, c’est ce que j’ai trouvé pour éviter de le regarder enlever son maillot de bain.« Quand je me suis retournée, il était déjà dans l’eau, jouant, criant comme un gamin, et me faisant de grands signes pour le rejoindre. Je me suis remise à lire, ou plutôt à essayer de lire, car j’étais très troublée. Je ne l’ai pas entendu revenir. Il s’est allongé sur sa serviette et m’a (silence) demandé de lui mettre de la crème solaire. Je devais être rouge comme une ingénue qui découvre la nudité des hommes dans un dictionnaire, mais je ne me suis pas dégonflée. J’ai pris le produit et j’ai commencé à beurrer son dos, puis ses jambes. « Partout » a-t-il dit sans lever le visage. Je l’ai fait et quand mes mains se sont posées sur lui, j’ai cru défaillir de plaisir. Toucher la peau d’un homme nu, quasiment inconnu, dans des endroits habituellement cachés, m’émoustillait. Je me sentais l’âme d’une gamine en train de faire quelque chose de défendu, donc, de délicieux. Je n’ai pas osé m’y attarder mais j’en mourais d’envie.« J’ai repris ma place et c’est alors qu’il m’a proposé de me faire la même chose.« Si vous voulez » ai-je susurré. Je me suis bien allongée, j’ai tourné la tête sur le côté pour éviter de voir son corps nu et j’ai attendu avec une fièvre extrême, je dois le reconnaître, ses mains sur moi. Mon cœur me faisait mal tellement il me semblait qu’il cognait fort. Je n’étais plus moi-même, car la veille, j’aurais pu jurer que jamais un inconnu n’aurait pu se permettre une telle familiarité avec moi. Je crois, avec le recul, que je souhaitais le péché et qu’il fallait que j’y participe. Pour qu’il puisse me caresser, car c’est comme ça, que j’entendais cet « enduisage » de crème, j’ai dégrafé le haut de mon maillot.« Quelle douceur, quelle chaleur aussi, quand ses mains se sont posées dans ma nuque puis ont glissé sur mon dos pour revenir ensuite plus haut, dans un ballet de plaisir, je ne te raconte pas. Tout à coup, j’ai senti ses mains se poser de chaque côté de mon slip de bain et il a commencé à vouloir le faire descendre. J’étais comme envoûtée ; non seulement, je n’ai pas résisté mais, en plus, je me suis même soulevée pour faciliter son entreprise. Avec une lenteur et une douceur extrême, j’ai senti le tissu glisser le long de mes jambes. Quand je me suis retrouvée nue comme un ver, il s’est penché à mon oreille et m’a dit : « Maintenant, vous pouvez aller vous baigner ». Et il s’est rallongé sur sa serviette.— Oh ! le mufle !— Mais non, idiote, c’était un artiste de l’amour ! Il m’a poussée jusqu’à mes derniers retranchements. Il savait que j’étais prête pour l’estocade, mais il voulait que ce soit moi qui réclame la mise à mort, non, la mise à jouir ! (rires) J’ai dû hésiter, oh, quelques secondes, j’ai vérifié quand même qu’il ne tournait pas son visage vers moi, et je me suis levée et j’ai couru jusqu’à ce que les vagues me couvrent le corps. Que c’est bon de nager nue dans la mer ; l’eau qui se glisse dans les moindres replis de ton corps, quelle caresse, tu as déjà essayé ?— Non, à vrai dire, ça ne m’a jamais tentée.— Je te le conseille ! Au bout d’un moment, quand j’ai eu bien profité de ce bain, j’ai regardé vers Franck. Il s’était tourné et offrait son ventre, et le reste, (rires) au soleil ! J’étais coincée, je n’allais quand même pas rester une heure dans l’eau à attendre qu’il se retourne à nouveau. J’ai pris mon courage à deux mains, et j’y suis allée. J’avais envie de caresses et en même temps, je redoutais de me montrer nue devant lui. J’ai couru aussi vite que j’ai pu et je me suis allongée à plat ventre sur la serviette. Un regard vers Franck, il semblait dormir. Ce n’était qu’une impression puisqu’il m’a dit aussitôt : « Alors, qu’en pensez-vous ? » J’ai bien été obligée de reconnaître que je regrettais d’avoir attendu si longtemps pour découvrir un tel plaisir. Ce qui l’a fait bien rire. Le soleil était toujours aussi tenace et j’ai regardé autour de moi où était la crème solaire. Avant que je n’aie pu esquisser le moindre geste, il s’était déjà saisi du tube, et j’ai connu une seconde fois, le plaisir divin de ses mains me caressant du haut en bas.— Du haut en bas ?— Oui, et je me suis laissé faire avec ravissement. Quand il a eu fini, il s’est remis sur le dos et m’a demandé de lui en faire autant.— Tu veux dire, quand il était sur le dos ?— Oui, et les soins qu’il m’avait apportés ne l’avaient pas laissé indifférent, tu vois ce que je veux dire ! (rires) Même dans de bonnes dispositions, Jean n’a jamais une taille pareille. (nouveaux rires) J’ai pris la crème, d’abord en évitant soigneusement de m’approcher des zones sensibles, tu me comprends, mais il a insisté : « partout » et j’y suis allée de mon massage intégral. C’est lui qui m’a dit d’arrêter car je crois bien que le plaisir final n’était pas loin. Normalement, dans une pareille situation, il aurait dû me plaquer au sol et me faire l’amour, mais c’était un subtil, qui voulait voir monter le plaisir en moi à son maximum et que ce soit moi qui mène les ébats – il me l’a dit, après.— Après quoi ?— Attends. Je t’ai dit que je croyais que nous étions seuls. En fait, non. À l’autre extrémité de la crique, il y avait deux hommes. Ça devait faire quelques minutes que nous avions repris nos places, sagement, l’un près de l’autre, quand, tout à coup, j’ai senti le souffle de la voix de Franck me chatouiller l’oreille : « Vous avez vu, nous ne sommes pas seuls ! » J’ai relevé la tête et c’est là que je les ai vus. Je les ai observés quelques instants pour être sûre de ce que je voyais, et j’ai dit : « Mais, ils s’… » Je n’ai pas pu finir ma phrase ; c’est la première fois que je voyais un tel spectacle ; un des hommes était couché sur le second et ses mouvements ne laissaient aucun doute sur ce qu’il était en train de faire avec son ami.« Bien malgré moi, j’étais troublée par ce spectacle, et en plus, depuis déjà un moment, j’avais fait monter mon taux d’adrénaline par ce que Franck m’avait fait vivre. Pour finir de m’exciter, Franck s’était littéralement collé à moi. Je sentais le centre de son corps vibrer contre ma cuisse. L’homme qui subissait l’assaut de son ami, un léger sourire aux lèvres, me fixait droit dans les yeux et son regard semblait me dire : « Mais qu’attends-tu ? toi aussi, prends du plaisir, tu vas voir comme c’est bon ! » C’est alors que sans que ma raison semble me commander, des mots se sont échappés de ma bouche : « Franck, s’il te plaît, moi aussi, je veux ! » Jamais je n’aurais pu imaginer une telle scène mais je n’étais plus Nathalie, la femme si sage, mais, Nathalie, l’assoiffée de plaisir.« Franck a posé ses lèvres au creux de mon dos comme pour donner le signal. Une nouvelle fois, il s’est montré patient et prévenant. Tous ses gestes n’étaient que douceur et plaisir. Il s’est placé sur moi mais en se tenant sur ses bras afin que nos corps ne fassent d’abord que se frôler. J’ai ouvert mes cuisses pour que ses caresses se précisent et c’est comme si nos corps se connaissaient depuis longtemps car il n’a pas eu à chercher longtemps pour trouver le chemin, bien trempé, d’ailleurs, et avec une lenteur infinie, il s’est introduit en moi. Il s’est alors plaqué contre moi et ne s’est mis à bouger que quand il m’a sentie plus décontractée. Ses baisers dans le cou, ses mains berçant mon corps, ces hommes que je regardais. Je sentais la vague prête à déferler. Là -bas, les deux hommes approchaient du plaisir final, à en juger par la cadence imprimée et Franck s’est mis lui aussi à accélérer ses va-et-vient, et je crois que c’est quasiment en même temps que, tous les quatre, nous avons atteint le septième ciel.Un long silence suivit.— Bravo, Nathalie ! Quelle histoire ! J’en ai les joues toutes rouges et le cœur tout retourné. (nouveau silence)— En fait, je t’ai un peu menti.— Ça n’est pas arrivé ?— Si, oh ! si, mais.— Mais quoi ?— Eh bien, j’ai dit à Franck : « Franck, s’il te plaît, moi aussi, je veux ! Comme l’homme, je veux ! »— Tu veux dire qu’il…— Oui ! J’étais vierge de ce côté-là , si tu veux savoir, mais ce spectacle, joint à ce que Franck m’avait fait connaître, eh bien, j’ai voulu essayer.— Et, tu as aimé ?— Franck a su me préparer avec tellement de douceur, la crème solaire nous a aidés, et j’ai senti mon corps s’ouvrir millimètre par millimètre. Ce n’est que seulement quand il a forcé le passage que j’ai eu un peu mal. Mais il a su attendre que je me décontracte à nouveau avant de bouger. Un instant inoubliable. Mais, je le veux unique, pour qu’il reste beau.À nouveau, le silence s’installa entre mes inconnues. La tenue de cette conversation ne m’avait pas laissé indifférent, et ma main droite avait glissé vers mon short pour que je participe, à ma façon, à ce moment de plaisir.J’aurais pu assez facilement voir le visage de mes inconnues, (c’est surtout celui de Nathalie qui m’intéressait) mais j’ai trouvé une excitation supplémentaire à la laisser sans visage.Je suis parti, sur la pointe des pieds.Notre ville n’est pas grande et imaginer que je puisse, dans un magasin, dans une soirée dansante, croire reconnaître, par la voix, mon inconnue, me plaisait bien davantage. Plusieurs fois depuis, j’ai cru, au timbre de certaines femmes, voir ma « Nathalie ». Mais, à aucune je n’ai voulu demander : « Vous vous appelez Nathalie ? » et de temps en temps, la nuit, « Nathalie » m’accompagne dans mes plaisirs solitaires.