Elle
se laisse tomber sur le sofa et rouvre les yeux. Sophie a disparu, la
dure rĂ©alitĂ© apparaĂ®t. Sophie est en ce moment dans les bras d’une
autre femme et elles s’envoient en l’air. Couverte de sueur et encore
sous l’emprise de l’alcool, elle se lève et dĂ©ambule dans
l’appartement, titube Ă tâtons dans le noir, Ă la recherche d’une
nouvelle bouteille de whisky. Mais il ne reste plus une goutte de ce
précieux liquide, qui a, lui seul, le pouvoir de lui faire oublier
son chagrin et ses idĂ©es noires…Mais pas l’ombre d’une fiole.
Totalement ivre, elle si dirige sous la douche et se laisse noyer
sous l’eau froide sans avoir pris le temps de se dĂ©barrasser de son
soutien gorge et de son shorty. L’eau glaciale fouettant son visage
pendant de longues minutes la dĂ©grise et remet ses idĂ©es Ă
l’endroit. Elle savoure ensuite le jet d’eau chaude qui finit par
l’apaiser avant de se doucher gĂ©nĂ©reusement. Elle n’a pas envie de
finir la nuit, seule.Les stroboscopes muraux saluent
son arrivée sur la piste de danse. Le « Jaguar » est
encore noir de monde, l’ambiance est au summum. Pauline se noie dans
la foule et se cale au rythme des nombreux danseurs. L’entrĂ©e de
cette rousse pulpeuse et flamboyante ne passe pas inaperçue et déjà ,
hommes et femmes papillonnent autour d’elle. Pauline savoure son
effet et se laisse entraĂ®ner par le rythme endiablĂ© que crachent Ă
tue-tête les hauts parleurs de la discothèque. Il ne lui faut que
quelques instants pour repérer un couple de lesbiennes dont les
regards insistants traduisent un intérêt particulier pour elle. Les
morceaux s’enchaĂ®nent et les trois femmes se dĂ©chaĂ®nent sur la
piste, improvisant chacune, une chorégraphie propre à allumer ses
deux partenaires. Les dĂ©cibels, le jeu des projecteurs et l’ambiance
générale leur donne des ailes et elles se laissent volontiers
emporter par cet atmosphère lourde et ensorcelante.« On va
boire un verre ? lance Florence..
–
Bonne idĂ©e rĂ©pond Isabelle son amie- Ca te dit de te joindre Ă
nous ?- Pourquoi pas rĂ©pond Pauline, j’ai très soif moi aussi
!- Tu veux quoi ?demande Florence, alors qu’elles s’installent Ă
leur table et que passe une serveuse- Un Margarita !- Deux
mojitos pour nous ! Heu, moi c’est Florence, elle, c’est Isabelle et
toi ?- ..Pauline ..vous venez souvent ici ? C’est la première
fois que je vous vois.- Ouais, à peu près deux fois par
semaine, mais d’habitude, c’est plutĂ´t le vendredi et le mercredi.
Ce samedi, c’est plutĂ´t une exception, on va dans une autre disco
habituellement, mais comme c’est fermĂ© pour travaux, on se rabat
ici..Toi non plus on t’avait pas encore vue ici.- Je suis arrivĂ©e
il y a peu, je connais pas encore grand monde.- Tu sais au moins
dans quel type de boîte tu es rit Isabelle..Tu as remarqué ?-
Je sais et mon choix est dĂ©libĂ©rĂ©..J’avais envie de faire des
rencontres. Seule dans une ville presque inconnue, c’est pas le
top.- En tout cas, nous, ça nous arrange s’esclaffe Florence..-
C’est rĂ©ciproque rĂ©torque Pauline…Cheers les filles..- A
notre nuit renchérissent les deux femmes. »Le DJ
change de registre et lance des slows. Des couples se forment. Les
filles dansent à 3 sur la piste, se serrant très fort. Isabelle et
Florence commencent Ă s’embrasser, puis Florence se met Ă goĂ»ter
aux lèvres de Pauline avant de laisser Isabelle en faire de même.
Pauline se noie dans les dĂ©cibels, se noie dans l’alcool et se
dĂ©lecte de la suite qui s’annonce.Ses yeux pĂ©tillants
savourent le spectacle qui s’offre Ă ses yeux. Isabelle, la
trentaine, brune, cheveux coupés très courts et les yeux bleus,
Florence, châtain clair aux yeux noisettes, la quarantaine, se
dĂ©shabillent mutuellement en souriant. Dans l’appartement des deux
femmes plane l’odeur caractĂ©ristique de la marijuana qu’elles
viennent de fumer Ă trois en absorbant un dernier verre. Pauline ne
perd pas une miette de ce fabuleux duo qui s’embrasse fougueusement
devant elle. Isabelle et Florence interrompent leurs jeux et
s’installent chacune aux cĂ´tĂ©s de Pauline avant de la couvrir de
baisers sulfureux. Alternant par des léchouilles dans le cou et au
visage, elles se mettent en quête de la déshabiller à son tour.
Pauline devient leur centre d’intĂ©rĂŞt, elle adore et s’abandonne
totalement entre leurs mains et leurs bouches expertes. Aucun répit
ne lui est laissĂ© par ses deux amantes d’un soir qui ont fait d’elle
l’objet de leur dĂ©sir et la cible de leur plaisir.
L’orage
s’est enfin dissipĂ©, les esprits aussi. L’aube d’un dimanche
tranquille pointe son nez sur la ville encore endormie, offrant un
ciel vierge de tout nuage, qui dépose ses tons rosés sur un paysage
malmené par les intempéries de la veille. Quelques corps
s’abandonnent au sommeil après une nuit agitĂ©e alors que d’autres
se lèvent aux premiers rayons du jour, bien décidés à profiter
d’une journĂ©e qui s’annonce radieuse. La laguna est lĂ , arrivĂ©e
aux premières lueurs du jour, les yeux rivĂ©s sur l’appartement de
Camille où tout est calme. Un café fumant dans la main, un
croissant au beurre dans l’autre, les yeux scrutent le moindre
mouvement Ă l’intĂ©rieur.« Allez, debout
feignasse…mmm, hum, quoi..- Regarde ce que je t’apporte..-
mmm ça sent bon, ah mais ferme le rideau, ça fait mal aux
yeux..J’ai encore envie de dormir mon cĹ“ur pourquoi me reveiller si
tĂ´t ?- Il est 11h30 chĂ©rie et il fait un temps splendide. J’ai
envie de t’emmener au lac Ă lĂ©zarder après un petit resto. Tu
pourras dormir autant que tu voudras tout en te dorant la pilule.-
Mffff laisse moi encore quelques minutes.- Le petit déjeuner va
refroidir chérie, allez, ouvre tes beaux yeux verts. »
Joignant
le geste à la parole, Sophie dépose délicatement le plateau sur le
lit, qui n’en a plus que le nom, et s’assoit Ă cĂ´tĂ© de Camille,
encore embrumée de sommeil. Son corps halé à la plastiquesuperbe
contraste magnifiquement avec les draps de soie blanche froissés
.Nue, sur le ventre, elle ouvre enfin les yeux et se positionne
sur le dos. Sophie se penche sur son visage et l’embrasse du bout des
lèvres ;« Bonjour mon amour, bien dormi ?
mmm
non, j’ai encore envie de dormir..comment tu fais pour ĂŞtre
toujours bon pied bon Ĺ“il toi ?- Je fais ce que tu devrais
faire pour te lever : tu te mets des coups de pied au cul. C’est
radical, puis une bonne douche et c’est parti mon kiki !- Moui,
je sais à quoi ressemblent les douches avec toi chérie..- Moi,
c’est dĂ©jĂ fait mon cĹ“ur..allez, assieds toi et dĂ©jeune. ..Bon
appetit »- Bein, où tu vas ? Tu restes pas avec moi ?-
J’ai quatre bricoles Ă faire. DĂ©jeune tranquillement, j’en ai pour
5 minutes..et je vais m’habiller.- Mais, t’as des Ă©pingles aux
fesses ou quoi ?- Il faut qu’on se dĂ©pĂŞche..J’ai rĂ©servĂ© une
table au Panier Gourmand. Ils nous attendent Ă midi et demi, une
heure.- Fallait me réveiller plus tôt chérie..- Non,
c’est bon, on est dans les temps..bon appĂ©tit ma puce »Camille
lui rend son sourire et son baiser. Elle regarde Sophie se lever et
se diriger d’un pas impĂ©rieux mais naturel vert le salon de son
appartement. « Je vais ranger un peu vite fait le temps que tu
déjeunes et que tu te prépares, cet appart ressemble à un
bunker..Quel dĂ©sordre ! – Et Ă qui la faute ?? lui rĂ©pond Camille
dans un Ă©clat de rire. Camille se cale confortablement sur les
oreillers et pose sur ces genoux son plateau dĂ©jeuner avant d’y
faire honneur . Sophie n’a rien oubliĂ© : grand bol de cafĂ© noir
fumant, sans sucre, deux croissants au beurre, beurre, jus d’orange
et, une rose rouge, sa fleur prĂ©fĂ©rĂ©e. Alors qu’elle se saisit de
la serviette de papier, un petit paquet rouge apparaît accompagné
d’un mot : « Bon anniversaire mon amour. Je t’aime »
Camille, émerveillée, ouvre ses grands yeux, comme le ferait un
enfant un matin de Noël en voyant les tonnes de cadeaux déposés
sous le sapin. « Oh chérie ! Tu y as pensé ! Oh merci, je
t’adore ! » dit-elle en se levant d’un bond pour aller
remercier Sophie.Et bien…ouvre !Si si…attends..C’est…On
dirait….Prends tout ton temps mon coeur » Sophie
s’adosse Ă l’encadrementde la porte de la chambre et
savoure le spectacle. Elle suit d’un Ĺ“il attentif le dĂ©roulement
des Ă©vĂ©nements afin d’intervenir au moment propice. Du papier
d’emballage, Camille sort un Ă©crin de velours bleu foncĂ© et, d’une
main prudente et légèrement tremblante, elle en soulève le
couvercle.« ChĂ©rie…Il est magnifique..Attends, laisse
moi faire.. » Sophie s’approche et prend dĂ©licatement
l’anneau des mains de sa compagne avant de le passer solennellement
Ă son annulaire.« J’ai le mĂŞme ma chĂ©rie..Hier
encore, je voulais juste que ces anneaux représentent notre
amour..Aujourd’hui, je veux qu’il reprĂ©sente symboliquement notre
union.Sophie…c’est une demande en mariage ça..J’aimerais que
tu sois ma femme ma chérie »Pour toute réponse,
Camille prend l’anneau de Sophie et le lui passe au doigt avant de
l’embrasser tendrement en signe d’approbation. « Je le veux
mon ange. Je veux vieillir à tes côtés et avoir des enfants plein
la maison »Le Panier Gourmand donne plein sud,
directement sur l’embarcadère qui surplombe le lac. Le soleil
gĂ©nĂ©reux darde de mille feux les eaux bleues du lac et redonne Ă
la nature les belles couleurs d’une journĂ©e d’Ă©tĂ©. Le lac est
encore pris d’assaut par les citadins qui n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă se
dĂ©placer de quelques kilomètres pour goĂ»ter Ă l’oisivetĂ©
estivale. Quelques touristes profitent des bienfaits de l’astre
solaire en faisant du pĂ©dalo, d’autres, de la planche Ă voile, se
laissant porter par la brise. D’autres enfin, se baignent ou jouent
au badminton sur la grève. Il y a même une école de plongée mais
elle est fermée le dimanche. Devant le Panier Gourmand, une immense
terrasse que protège une tonnelle fraîchement taillée, donnant
directement sur le lac et les montagnes qui se détachent sur fond
d’horizon.Sophie a passĂ© sa petite robe bleue de la veille pour
le grand plaisir des yeux de Camille. Elle a remonté ses longs
cheveux blonds au-dessus de sa nuque qu’elle a nouĂ©s et fixĂ©s Ă
l’aide d’une pique, tout en laissant quelques mèches folles
retomber sur son cou gracile. Camille a opté pour une mini jupe et
caraco noirs en coton ultra moulants mettant en avant ses formes
gĂ©nĂ©reuses et tentantes. C’est main dans la main que les jeunes
femmes se dirigent vers l’entrĂ©e du restaurant oĂą Sèverine, une
amie de longue date de Camille, les accueille bras ouverts.« Salut
les poulettes ! Ca va ?
Oui,
répondent en stéréo Camille et Sophie, super, et toi ?-
Ouais, ça va, ça va, toujours autant de monde.- Bein tant
mieux, ça tourne..Tu le mérites après tant de galère..-
Moui, et je vous remercierai jamais assez pour votre aide précieuse
mes chĂ©rinettes ..Mais…y’a quelque chose qui m’Ă©chappe..Vous
avez un quelque chose qui se dégage..comment dire..- On peut
rien de cacher à toi..Sophie et moi, on a décidé de vivre
ensemble. Tu es la première à le savoir.- A la bonne heure !
Je me demandais quand vous le feriez !! ah je suis contente, si
contente..Et au fait, ça fait deux choses à fêter alors ! Vous et
ton anniversaire poulette…Allez, hop, champagne ! Je vous invite
les filles ! Tiens, c’est pour toi cocotte. Je savais que tu venais
alors je me suis permis d’aller te chercher ce petit quelque
chose,-Waohhhhhh , elles sont magnifiques, merci Sèverine, tu
es adorable..Dis, tu as un vase ?- Pas besoin, regarde, c’est un
bouquet bulle, l’eau est dĂ©jĂ dedans..OulĂ , toi, tu as la tĂŞte
dans les nuages..- Non, elle dort encore !- Je suis
juste…très amoureuse..sourit Camille- Bein pardi, je l’aurais
pas deviné !! » dit Séverine de sa voix joviale des gens du
Sud.Les 3 amies Ă©clatent d’un rire franc et sonnant qui
attire les regards de l’assistance mais elles s’en moquent,
préférant savourer ce simple instant de pur bonheur. Séverine
s’Ă©loigne quelques secondes avant de revenir avec la carte des
menus et une bouteille de champagne Salmon-Billecart demi-brut
enrobĂ© d’un liteau et baignant au milieu des glaçons, dans un seau
prévu à cet effet. « Allez, les filles, à la
votre…Trinque avec nous Sèverine..Merci mes chĂ©ries, mais
j’ai plein de trucs qui m’attendent et je prĂ©fère vous laisser
savourer ces instants en amoureuses. » Dans un seul élan,
Camille et Sophie se lèvent et déposent chacune un bisou bien
sonore sur les joues de la restauratrice. »Le
couple de la table voisine a tout vu et tout entendu. La tĂŞte haute
et le regard noir, ils toisent les deux jeunes femmes d’un air
suffisant. Ils Ă©changent quelques mots qu’eux seuls comprennent
puisque pratiquement inaudibles et se mettent Ă rire, l’air
mauvais.Sophie et Camille s’en aperçoivent et se font un clin
d’oeil complice avant que Camille s’adresse Ă eux tout bas afin de
ne pas incommoder les autres tables : « Nous, on a au moins le
courage de montrer ce que nous sommes, vous, vous ne l’avez mĂŞme
pas pour nous parler en face. »fin de la discussion. Et les
deux jeunes femmes de remonter sur leur petit nuage rose et de
reprendre leur conversation. Leurs flĂ»tes s’entrechoquent et elles
trempent leurs lèvres dans le spiritueux frais à souhait.A
l’extĂ©rieur Ă une table isolĂ©e et Ă l’abri des rayons du soleil
ardents une paire d’yeux scrute l’intĂ©rieur du restaurant tout en
sirotant un martini dry. Portant un ample chapeau et de larges
lunettes noires qui lui dĂ©vorent le visage, Pauline ressemble Ă
une touriste parmi les autres. Fumant cigarette sur cigarette, elle
guette les moindres faits et gestes des deux jeunes femmes
insouciantes qui étalent leur bonheur, un bonheur éclatant, acéré
comme un poignard qui transperce son cœur et nourrit sa haine
envers Camille. Dans les volutes de fumĂ©e qui l’enveloppent, les
yeux mis-clos et emplis de haine, elle pense, réfléchit. Triturant
son pouce dans sa bouche un long moment encore, un sourire
machiavélique se dessine enfin sur ses lèvres. Elle se lève et
quitte la table ombragée avant de monter dans son véhicule et
quitter l’endroit. Trouver le cabinet de Camille est un jeu
d’enfant. Elle tient enfin son plan.
Camille
et Sophie, attablĂ©es, sirotent un dĂ©licieux sherry dans l’attente
du repas dont elles ont pris commande auprès de leur amie. Comme
d’habitude, elles savent qu’elles ne seront pas déçues. Le Panier
Gourmand est un restaurant simple, sans orgueil et sans prétention
mais dont la renommĂ©e n’est plus Ă faire, tant par sa bonne table,
une des meilleures du coin, que par son accueil hors du commun.
Chacun s’y sent chez lui, chacun y est un hĂ´te privilĂ©giĂ© Ă qui
les meilleurs soins et attentions sont apportés. Séverine, toujours
égale à elle-même, ne dépareille jamais dans son caractère.
Toujours souriante et affable, elle connaît pratiquement tout le
monde et reçoit chaque nouvelle tête comme un vieil ami. Camille,
qu’elle connaĂ®t depuis son enfance, et Sophie, lui ont apportĂ© un
sĂ©rieux coup de main lorsqu’elle a mis en route son projet,
notamment au point de vue financier et sur les démarches à suivre.
Elles papotent tranquillement quand quelqu’un vient s’asseoir Ă la
table voisine.La silhouette
s’installe et les dĂ©visage dans la plus grande discrĂ©tion. Les
joues creuses, les yeux enfoncés dans les orbites et quasi
cachexique, l’homme Ă©ponge son front luisant de sueur. La chaleur
est Ă©touffante mais il n’a pas tombĂ© son blazer. Peut-ĂŞtre par
souci de garder son image d’homme de classe et afficher sa position
sociale. A son poignet gauche, une rolex en or massif, assortie Ă
ses boutons de manchette. SĂ©verine, s’approche de lui et prend
commande avant d’aller servir ensuite, Camille et Sophie.« Un
autre sherry chérie ?
Non
mon cĹ“ur, j’ai la tĂŞte qui tourne. Par contre, j’ai faim !-
C’est chiant de pas t’avoir demain. Pourquoi
Sébastien a-t-il changé ta garde ?- Je
t’ai pas dit, mais Adeline a tapĂ© dans les boites et il faut la
remplacer. Son mec l’a plaquĂ©e gentiment par texto-tu vois un peu
le courage- en lui disant qu’il avait trouvĂ© quelqu’un d’autre.
Elle a pĂ©tĂ© un plomb direct. En fait, elle s’est saoulĂ©e Ă mort
ce week-end. Elle a fait un coma éthylique. Elle est hospitalisée
dans nos murs. Mais rassure toi, je fais ça à titre de dépannage,
SĂ©bastien refait tout le planning pour mardi. Hilda, Nicole et
Christelle sont en congĂ© et ne rentrent qu’en milieu de semaine. Le
calcul est vite fait.- Il s’est foutu de sa gueule se
mec. C’Ă©tait Ă prĂ©voir. Haha, c’est bienfait pour elle cette
conne. L’arroseur arrosĂ©..Elle sait ce que souffrir veut dire
maintenant. Elle avait largué le précédent comme une merde..et
toc, retour Ă l’envoyeur. La vie se charge toujours de renvoyer
l’ascenseur.- Quand je lui ai dit mon
Ă©tonnement qu’ils ne se voyaient pas beaucoup, elle m’a rĂ©pondu
tout sourire, et naĂŻvement, qu’ils aimaient leur libertĂ© et ne
voulaient pas s’Ă©touffer mutuellement.- Bein
il l’a apprĂ©ciĂ©e sa libertĂ© ! Mais qu’est-ce-qu’elle croyait
bonté divine !? Un mec, ça peut pas rester chaste plus de trois
jours, et encore !- Pousse pas
chĂ©rie, y’en a de biens quand mĂŞme..- Des
hommes sensibles, compréhensifs, attentionnés, délicats oui, ça
existe, mais ils sont pĂ©dĂ©s chĂ©rie.. »Elles Ă©clatent d’un
rire franc puis Camille continue :
« J’irai
faire un tour Ă mon cabinet mettre de l’ordre dans les
papiers..J’ai une secrĂ©taire de plus en plus bordĂ©lique! Je suis
forcĂ©e de passer derrière pour contrĂ´ler..C’est usant Ă la fin.
C’est dommage, j’avais pris la journĂ©e pour ĂŞtre avec toi ma
chérie..Bah, tant pis..une autre fois..Je passerai déjeuner avec
toi Ă la caf de l’hĂ´pital, si tu es dispo, bien Ă©videmment. Je
verrai bien.- Ouais, comme d’hab..
ah..voilà le plat de résistance..ah Sèverine, ça sent drôlement
bon..- Merci Sophie..allez, régalez
vous les filles..- Il est vraiment
beau ce petit bouquet, tu m’as gâtĂ©e Sev’- C’est
rien Ă cotĂ© de ce que je te dois, Ă toi et Ă Sophie…Allez, je
file! Mangez tant que c’est encore chaud! »L’homme
Ă cotĂ©, n’a rien perdu de la conversation. Il avale d’un trait le
verre d’eau qu’il vient de se verser. Il fait dĂ©cidĂ©ment trop
chaud, ça va encore se gâter. Ce qu’il fait lĂ ? Il ne le sait que
trop bien. Son regard est fixé sur la sculpturale blonde attablée
juste Ă cĂ´tĂ©. Il l’a trouvĂ©e, pas question de la lâcher.« S’il
vous plait Mesdames, auriez-vous l’amabilitĂ© de me prĂŞter un peu
de votre sel ? Ma salière est vide !
Mais certainement
Monsieur, avec plaisir ! RĂ©pond Sophie- Je
vous la rends dans la foulée. Merci de votre gentillesse.-
Pas de quoi Monsieur…Puis d’un regard
inquiet Â
 ites, vous vous sentez bien ?- Oui
pourquoi ?- Je vous trouve bien
pâle et vous transpirez abondamment, vos mains tremblent.. Je suis
mĂ©decin et….- Non, je vous
assure, je vais très bien. Je suis fatiguĂ©, c’est vrai. J’ai perdu
énormément de poids en peu de temps et je suis écrasé par mon
travail.- Mais cette perte de poids
est due Ă quoi ?- C’est
volontaire. J’Ă©tais Ă©norme. J’ai perdu plus de 40 kg en l’espace
d’une annĂ©e..- Vous ne voulez pas
que je jette un coup d’oeil ?- Non,
non, je vous remercie, ça ira..Vous êtes très gentille, mais ça
ira.- Quoiqu’il en soit, vous
pouvez me trouver Ă l’hopital Saint-HonorĂ©. Docteur Sophie
Faraday. Ou alors allez voir un confrère.- Pas
de souci. Je vous remercie de votre gentillesse Docteur.-
Tout Ă fait normal Monsieur.-
Bonne continuation- Merci,
vous aussi »« Il
existe un Dieu se dit l’homme. Je sais qui elle est et oĂą la
trouver, mais ça ne sera certainement pas pour une auscultation.
Enfin la chance me sourit. Cette petite caille vient de tomber rĂ´tie
entre mes mains. »
Tellement
fier de cette rencontre, il s’offre une coupe de champagne. Grâce Ă
cette femme, il pourra appréhender la vie différemment. Son visage
prend soudain une apparence détendue et sereine. Il termine sa
coupe avec nonchalance non sans fixer Sophie mais en toute
discrétion.« Encore
une fois, c’Ă©tait dĂ©licieux Sev, tu nous surprends toujours autant
par tes talents culinaires.
Je
ne suis pas seule, tu le sais. Frédéric bosse super bien aussi-
Certes, mais les recettes sont de ta propre
création, donc..- Vous allez vous
balader au milieu des roseaux mes chéries ?Regard
interdit de Camille.Faites gaffe, ça grouille de monde partout
aujourd’hui, quelqu’un pourrait vous surprendre ! Dit SĂ©verine dans
un sourire malicieux.- Mais, que
veux-tu dire par lĂ ?- Parce-que
je vous ai vues la dernière fois mes chéries ! Surtout entendues !
Soyez un peu plus discrètes ! S’esclaffe la restauratrice-
Non, mais je rêve ! Et tu nous dit ça, comme
si de rien n’Ă©tait ! Non, mais c’est vrai ? Vrai de vrai rougit
Sophie- Mais non couillonne, mais
maintenant, je sais ce que vous faites près du vieil arbre ! A part
cet endroit, je ne vois pas oĂą vous pourriez vous cacher. !-
Mais t’es pas possible toi !- Ahah,
si vous aviez vu vos tĂŞtes Ă toutes les deux !- C’est
surtout qu’on a dĂ©jĂ failli se faire griller chez Minouche, et lĂ ,
ça aurait fait un peu trop tu vois !- En
fait, on va aller faire bronzette sur la grève..On a pas trop dormi
cette nuit..- ah oui, c’est vrai,
l’orage dit Sev en clignant de l’oeil..- Tu
veux bien nous donner la note ? On va aller s’allonger et on va
rester sages, promis ! »