Camille
et Sophie se lèvent et quittent la table, partent directement sur
la berge et trouvent un coin légèrement isolé des autres badauds.
Le soleil est de plomb et une lĂ©gère brise s’est levĂ©e, traçant
des sillons Ă la surface des eaux sombres du lac, mais au grand
bonheur des surfeurs. Le reflet Ă la surface de l’onde profonde est
si puissant qu’il est impossible de la fixer sans protection. La
chaleur est Ă nouveau Ă©touffante, bien plus que la veille encore.
Chacun a gardé dans son esprit le violent orage de la nuit
précédente et devine une réplique pour la nuit suivante. Les
branches des saules pleureurs majestueux frissonnent sous la brise
bienfaitrice, sous lesquels les pĂŞcheurs taquinent de la carpe. Les
gamins se débattent dans le sable, pelle et rateau à la main.
Quelques courageux affrontent les morsures cuisantes du soleil et
s’osent Ă une partie de beach ball. Camille et Sophie, allongĂ©es
l’une Ă cotĂ© de l’autre, sur le ventre, la tĂŞte cotĂ©
lac,savourent les simples instants
d’un bonheur tranquille d’un dimanche après-midi.
« Dr
Camille BOURDEUX – Psychiatre….. » Camille admire sa plaque
flambant neuve vissĂ©e sur le pilier de l’entrĂ©e du cabinet qu’elle
occupe depuis 3 ans, comme un gamin le ferait avec son nouveau
joujou. Elle l’a dĂ©cidĂ© elle vient mettre de l’ordre dans ses
papiers. Sa secrétaire ne la satisfait plus depuis un certain temps.
Elle ouvre la porte de son cabinet. Elle entre. Les courriers sensés
partir samedi dans la matinĂ©e n’ont pas Ă©tĂ© expĂ©diĂ©s, les
dossiers des clients sont éparpillés sur le bureau et pas sériés.
L’imprimante est encore en marche ainsi que l’ordinateur. Un mug Ă
café est posé près du calendrier amovible, sale, le cendrier
rempli de mégots et une odeur nauséabonde de tabac froid flotte
dans la pièce . « LĂ , c’est le bouquet.. Elle commence Ă me
gonfler sérieusement ». Camille prend son mal en patience et
commence à ranger méthodiquement les feuilles volantes dans les
dossiers auxquels elles sont destinées pour ensuite les ranger dans
les armoires métalliques design jouxtant au bureau. Elle ignorait
trouver un tel capharnaĂĽm. Camille est un peu de l’ancienne Ă©cole.
Même si tous les dossiers de ses patients sont informatisés, elle
tient à avoir un double sur papier. Le matériel informatique
n’Ă©tant pas infaillible le support papier peut-ĂŞtre d’un grand
secours. Ce système de double sauvegarde n’a jamais convenu Ă
Magalie le trouvant désuet. Mais la secrétaire, confortablement
payĂ©e n’a jamais rechignĂ© au travail. Depuis plusieurs semaines, il
semblerait pourtant qu’elle prenne un malin plaisir Ă la contrarier.
Les relations des deux femmes n’ont jamais rĂ©ellement Ă©tĂ© au beau
fixe mais la compĂ©tence de Magalie Ă©tait indĂ©niable. Camille n’a
pas le temps de s’Ă©taler sur le problème, il lui faut Ă prĂ©sent
saisir sur le logiciel les notes manuscrites et numériser les
documents. Cela va lui prendre une bonne partie de la matinée mais
c’est le prix Ă payer si elle ne veut pas accumuler trop de retard
et ĂŞtre dans les cordes la semaine suivante. L’ordinateur est sur
l’Ă©cran de veille. Apparaissent des paysages paradisiaques, des
plages de sable blanc, cocotiers, eaux turquoises, pirogues
sillonnant des lagons de toute beauté. Elle clique pour afficher le
bureau avant d’ ouvrir le logiciel. Son regard fixe l’Ă©cran et reste
interdit. Internet est restĂ© ouvert et ce qui s’affiche Ă ses yeux
la met dans une rage folle. « Elle a gagné, je la
vire ».Elle se saisit du
combiné téléphonique et compose le numéro de son
comptable.« Marc ? Salut,
c’est Camille.Salut Camille, vous allez bien ? Vous avez passĂ© un
bon week-end ?- Excellent, et vous
?- Aussi, mais ces fichus orages ont
gâchĂ© ma soirĂ©e barbecue..Qu’est-ce qui vous amène ?-
Magalie, encore Magalie.- Encore
le foutoir ?- Elle a rien fichu
samedi matin. J’ai trouvĂ© les dossiers en vrac sur le bureau, j’ai
du faire tout son boulot. Le courrier n’est pas parti alors que
certains plis devaient arriver sans faute aujourd’hui. Le bureau sens
dessus-dessous, le matériel informatique allumé..- Elle
a toujours pas compris, malgré le blâme.- Non,
mais ce que j’ai dĂ©couvert aujourd’hui est matière Ă licenciement
je crois. Madame va sur des sites sadomasochistes ! Discute avec
d’autres forumeurs et Ă©change des photographies !-
Magalie ? !- Oui,
et visiblement, c’est pas nouveau..Elle a laissĂ© la session ouverte
et j’ai pu lire tous ses mouvements sur le site..Je respecte sa vie
privée, mais naviguer sur le web pendant les heures de
travail…Elle est pas payĂ©e pour ça.- C’est
clair. Je m’occupe des papiers et de la lettre de licenciement. Vous
voulez que je contacte PĂ´le Emploi ?- Faites
au mieux, je n’ai pas le temps de m’en occuper.- Pas
de souci !- Et GĂ©raldine, elle en
est oĂą ?- Encore deux semaines.
Elle en peut plus !- J’imagine..Vous
lui enverrez mes amitiés. Tenez-moi au courant, je tiens à aller la
voir, elle et vos bébés, quand ils seront nés.- Ca
marche, bonne journée Camille- Au
revoir Marc »Midi.
Camille achève de ranger le dernier dossier. Elle regrette amèrement
de devoir se sĂ©parer de Magalie mais elle n’a pas le choix. Elle
espère que sa remplaçante sera tout aussi compétente et le restera
! Elle sort du bureau, satisfaite de son travail. L’endroit est net,
bien rang. Elle met les persiennes en projection avant de fermer les
fenĂŞtres restĂ©es ouvertes afin d’assainir l’air. Le temps est restĂ©
gris et la pluie menace. La fraĂ®cheur installĂ©e depuis l’orage de
cette nuit est plutôt la bienvenue après des de chaleur accablante.
Elle attrape son sac, se saisit des clés, ferme le cabinet et se
dirige vers son Vespa. Direction l’hĂ´pital.Elle
se dit qu’elle a eu le bon rĂ©flexe de laisser l’ Audi au garage ce
matin, la circulation est dense. Elle se faufile sans problème au
milieu du trafic de la pause déjeuner. Il lui tarde de retrouver
Sophie. Pas de chance, ce dernier contretemps Ă cause d’Adeline a
contrecarré leurs projets de ce lundi. Elles devront se contenter de
la cafĂ©taria de l’hĂ´pital Ă dĂ©faut de passer la journĂ©e
ensemble. Pendant son parcours, elle pense aux moments denses et
dĂ©licieux qu’elle a partagĂ©s avec Sophie ce week-end. Vivre
ensembles est la dernière pièce du puzzle qui manquait à son
bonheur, Ă leur bonheur. Elle stoppe sa machine Ă l’emplacement
prĂ©vu Ă cet effet, Ă l’entrĂ©e du centre hospitalier, quand son
téléphone sonne. Texto de Sophie : « Je suis dispo chérie.
Viens vite. JTM » Sophie va être ravie de voir son vœu si
vite exaucĂ© ! Mais c’est Camille qui l’est d’avantage quand elle
l’aperçoit dĂ©valer les escaliers de l’entrĂ©e quatre Ă quatre et
se diriger vers elle.Un tendre
baiser et un sourire plus tard, Camille l’interroge :
« Bein,
on devait pas aller Ă la caf ?
Hilda
est revenue ! Elle reprend son service Ă 14h. Le temps Ă©tait
tellement pourri qu’elle a prĂ©fĂ©rĂ© rentrer . Elle est arrivĂ©e
dans la nuit mais il Ă©tait trop tard pour prĂ©venir l’hĂ´pital. Son
mari a préféré prolonger le séjour chez sa sœur à Aubenas et,
tu la connais, elle aime pas rester sans rien faire, elle reprend le
taff cet après-midi !- Ca nous
arrange que trop cette histoire ! Cette Hilda est une sainte. Bon,
on va manger où chérie ?- Chez
moi mon cœur. On prend notre repas au chinois et on file
tranquilles à la maison. Je suis épuisée. Ce matin, ça a été
l’enfer.- Un bon massage s’impose
mon cĹ“ur… »« Ca
y est, c’est fait, je vire Magalie !
Tu
fais bien chĂ©rie. Elle n’est plus opĂ©rationnelle-
Opérationnelle, si, mais pour tout autre
chose ! »Et Camille
explique à Sophie la découverte sur sa secrétaire pendant le
plantureux repas qu’elles se sont offert. Elles ont dĂ©posĂ© leurs
victuailles sur le bar de la cuisine américaine et se sont
installĂ©es sur des chaises hautes assorties. L’une Ă cotĂ© de
l’autre, elles se donnent amoureusement la becquĂ©e tout en
discutant. Le reste de Sidi brahim ne rĂ©siste pas Ă l’assaut des
jeunes femmes affamées qui engloutissent en un temps record leur
repas. La dernière bouchée cependant finit sur Camille dont le
décolleté vertigineux a éveillé chez Sophie des envies
volages.« Et merdeuuuuuu,
entre les nénés ! » Sophie, amusée mais au regard pétillant
ne pensait pas avoir une telle opportunitĂ©. Elle se saisit d’un
tissu avant de se tourner face à sa compagne, défait un à un
quelques uns des boutons du bustier de Camille et retire avec
douceur la tâche sombre qui macule sa chair, la fixant droit dans
les yeux. Elle recommence la manœuvre avec une lenteur extrême,
descendant entre ses seins et en remontant, accompagnant à présent
le tissu de baisers mouillés et très chauds, ses mains libérant
du tissu, des seins magnifiques aux pointes sombres et durcies.
Camille sent sur sa peau le souffle chaud et la bouche gourmande de
Sophie qui finit par laisser choir le tissu et enveloppe de ses
mains les seins de Camille, les pouces jouant avec les tétons. Sa
tĂŞte s’acharne sur son buste en effervescence. Les yeux clos et la
bouche entre ouverte, sa jeune maîtresse accueille cette caresse
dans un gémissement. Dans son ventre, un feu ardent
s’anime.Sophie descend de
sa chaise haute et se pelote contre Camille sans avoir séparé sa
bouche de son corps et ses mains entreprennent de déshabiller la
jeune brune étourdie de volupté. De ses doigts agiles, elle fait
glisser les bretelles du tissu sur les Ă©paules rondes de Camille
avant de déboutonner entièrement le bustier de dentelles noir
qu’elle affectionne particulièrement. Une fois le haut retirĂ©,
Sophie suspend sa manœuvre quelques secondes, le temps de savourer
la beautĂ© de sa compagne. Elle l’invite Ă se lever et se colle
contre elle qui, à son tour, lui décoche un baiser sulfureux et
lui rend ses caresses. Sophie dégrafe le jean de Camille et le fait
glisser rapidement le long de ses jambes avant de le lui retirer
complètement. Camille dévore le cou de Sophie et suit la veine
jugulaire , passant par le carré de sa mâchoire pour finir sur la
bouche dont elle dessine le contour de sa langue. Sophie, toujours
collée à Camille, fait glisser ses doigts sur son string et lui
fait subir le mĂŞme sort que le jean. Elle invite sa jeune compagne
Ă s’asseoir sur deux chaises, les bras Ă©tendus sur le comptoir
américain. Très lentement, elle se glisse entre les cuisses de
Camille qui, dans le mouvement, séparent légèrement les deux
chaises, laissant la jeune femme Ă la merci de ses aussauts. Elle
s’approche de Camille dĂ©sormais nue et toujours aussi superbe. Des
larmes montent dans ses yeux bleu profond et roulent discrètement
sur ses joues en feu. Elle n’aimera jamais et ne pourra jamais aimer
quelqu’un comme elle aime Camille.
« Ne
bouge pas chérie, je ne veux plus que tu bouges » (bisou)
« Laisse toi faire » (bisou dans le cou)..Sophie va
jusqu’Ă son sac posĂ© sur le sofa blanc cassĂ© du salon et en
ressort son foulard Hermes avec lequel elle bande les yeux de son
amie.
« ,
chuuuuuuuut, ne bouge pas mon cœur !
Mais
qu’est-ce-que.. » Les mots de Camille se transforment en
murmures alors que la bouche de Sophie se pose sur la sienne.
Ellese colle davantage Ă elle
et couvre son visage de baisers, le front, les joues, les yeux, le
nez, sa lèvre supérieure, la lèvre inférieure avant de savourer
sa bouche entière et de l’Ă©treindre dans ses bras protecteurs.
Elle caresse son dos et remonte le long de sa colonne vertébrale du
bout des ongles provocant chez Camille des frissons délicieux qui
parcourent tout son corps. Sophie s’attarde Ă prĂ©sent Ă la base
du cou qu’elle se met Ă aspirer, Ă sucer et Ă embrasser alors que
sa main gauche affole les seins de Camille et sa main droite embrase
son ventre. Camille s’abandonne totalement et laisse Ă prĂ©sent son
dos reposer sur le bois chaud du bar. Ouvrant ses jambes Ă Sophie,
elle l’emprisonne ensuite dans une invitation de caresses nouvelles
et plus osées. Sophie dépose un baiser sur ses lèvres ardentes en
signe d’approbation et laisse descendre sa main droite sur le mont
de Venus de sa compagne où elle sent une chaleur et une humidité
gĂ©nĂ©reuses. Tout en mâchouillant le lobe d’oreille de Camille,
elle glisse ses doigts dans la fente trempée en quête de bien être
et les fait tournoyer autour de son bouton magique dressé et fier.
Cette caresse sur son sexe dans le vide lui provoque des vagues de
volupté indicibles, des décharges électriques dans son bas ventre
qui la font s’ouvrir encore. Sophie interrompt ses caresses,
laissant une Camille pantelante et insatisfaite. Elle l’abandonne
quelques secondes et s’empare du collier de perles qui orne son cou.
Elle pose un regard satisfait sur sa compagne dont le souffle s’est
accéléré et devenu plus dense, soulevant à chaque inspiration un
buste luisant de sueur. Le sexe rougi de Camille suinte abondamment,
gonflĂ© Ă souhait, l’antre largement ouvert. Sophie se rapproche de
sa maĂ®tresse et couvre de baisers ce trĂ©sor qui s’offre Ă elle et
qu’elle se met Ă honorer et l’Ă©nerver de sa langue. Les soupirs de
Camille l’encouragent Ă passer Ă la prochaine Ă©tape. Tout en
savourant de sa bouche la vulve de Camille, elle la pénètre
lentement du collier qu’elle tenait dans son autre main. Perle après
perle, le bijou disparaît dans son vagin alors que sa langue lape
son clitoris. L’effet produit sur Camille est immĂ©diat et ses
hanches se mettent Ă danser sur la bouche de Sophie qui noie son
entrejambes de bisous tendres et mouillĂ©s. L’autre main parcours
ses fesses et ses reins puis Sophie, passant sous ses jambes, se
glisse à présent dans son dos avant de se coller à elle. Elle
entreprend de dévorer son cou et sa nuque alors que les doigts de
sa main droite impriment des petits mouvements circulaires autour de
son bouton de rose et ceux de la main gauche se frayent un passage
vers l’autre antre secrète avant de la pĂ©nĂ©trer dĂ©licatement.
Camille pousse un gémissement, écartelée, à la merci de Sophie.
Ses fréquences respiratoire et cardiaque sont passées à un degré
supérieur, son excitation aussi. Sophie part alors en quête des
perles et retire le collier, perle après perle, faisant en sorte
que chacune caresse son clitoris au passage, en appuyant légèrement
dessus. Elle continue ainsi, en pénétrant Camille de temps en
temps, partant Ă la recherche d’autres perles, qu’elle fait
tournoyer dans son vagin alors que l’autre doigt imprime des va et
vient de l’autre cotĂ© et rencontre ceux de l’autre main au travers
du léger rideau de chair. Camille frissonne, Camille frémit,
Camille râle, Camille explose dans un orgasme puissant et sans fin,
inondant de son suc la main de Sophie alors que son corps cambré
par le plaisir est envahi de spasmes violents.Dans
la laguna grise, Ă l’abri des regards indiscrets, lĂ oĂą personne
ne peut les surprendre, des jumelles n’ont pas perdu une once du
spectacle. Voir les deux femmes s’envoyer en l’air est un petit
bonus qui égaye une journée sombre et triste. Un rictus
machiavélique sur la commissure des lèvres, les yeux fixent une
dernière fois la maison de Sophie au travers des volutes de fumée.
« Sophie
Faraday, hopital saint-Honoré, dom : 13 rue des Platanes : Services
des Urgences. 2 gardes par semaine suivant planning, 08h00 Ă 18 h en
heures normales. Camille Bourdeux, Cabinet 21 rue des Alpes, :
08h00/12h00 et de 14h30 à 18h30. Dom : 24 Impasse de la Fonderie. »
Les notes sont prises soigneusement et le document rangé dans la
boîte à gants et prennent place à coté des jumelles. La laguna
dĂ©marre et s’Ă©loigne dans la grisaille et la fraĂ®cheur de
l’aprĂ©s-midi.Pauline se
prélasse dans son bain, un verre de Pacherenc dans une main, une
cigarette dans l’autre. L’ambiance sereine de la pièce la berce
d’une douce torpeur dans laquelle elle se laisse glisser. Sa petite
incursion au lac en filant Camille et Sophie, au milieu de tous ces
abrutis du dimanche en manque de sensations fortes, a fait surgir en
elle le plan qui la vengera de celle qui a gâché sa vie. Elle
l’atteindra dans ce qu’elle a de plus cher : sa pĂ©tasse, cette psy
aussi cinglée que ses patients. Sophie doit souffrir pour comprendre
. Elle porte Ă ses lèvres le verre de vin et le termine d’un trait
avant de le poser sur le rebord de la baignoire vĂ©nitienne d’un
geste impérieux et dédaigneux. Ces petites gens la dégoûtent.
Comment peut-on se contenter d’une vie si minable, ĂŞtre heureux au
milieux de tant de médiocrité ? Et Sophie se complaît dans ce
monde dérisoire et crasseux! Elle vient lui offrir une vie
merveilleuse et lisse, un bonheur sans nuage, la félicité mais elle
n’en veut pas. Qu’elle reste donc dans sa petite vie la bobologue et
qu’elle en profite pleinement, ça ne durera pas. Elle a le plan, il
lui manque l’occasion.Elle sort de
son bain, l’eau ruisselle sur son corps parfait, elle s’admire dans
le miroir sur pied qui trĂ´ne dans la salle de bain immense et
apprĂ©cie l’image qu’il lui renvoie. Un sourire se dessine sur sa
bouche pulpeuse, avant de laisser apparaître une rangée de perles
parfaites. Elle glousse en imaginant la tĂŞte de Sophie si elle se
trouvait devant elle à ce moment précis. Les deux années passées
auprès de son richissime compagnon lui ont permis de goûter aux
plaisirs de la vie que son salaire de secrétaire de direction ne
pouvait lui permettre. Son premier caprice fut de reconstituer sa
plastique superbe, mais que ne lui convenait pas : blépharoplastie,
rhinoplastie, liposuccion, abdominoplastie, implants mammaires,
lifting, agrémentés ensuite par des séances de body building.
Peut-être un désir inconscient de ne plus ressembler à ce qui la
rapprochait de ce passĂ© qui Ă©tait devenu pesant et qui l’empĂŞchait
d’Ă©voluer : son homosexualitĂ©. Mais ces transformations physiques
allaient, finalement lui ĂŞtre d’une grande utilitĂ© Ă
l’accomplissement de ses desseins.