Le temps est bon, le ciel est bleu, j’ai deux amis qui sont aussi mes amoureux… La chanson me trotte dans la tête inexorablement. Elle a cette capacité-là, c’est d’ailleurs un peu trop récurrent ces jours-ci. J’essaye de fredonner « Vive le vent » pour voir, mais sans grand espoir. La rengaine me poursuit et je la laisse mollement faire. De fait : le temps est bon et le ciel bleu. Pour les amis amoureux on repassera. Je suis seule, dans ma vie affective, depuis quelques semaines. Dans ma vie sociale depuis deux ou trois heures. Mais cela je l’ai choisi et m’en délecte.Les autres ont voulu visiter les arènes de Nîmes. Trop chaud pour moi, trop de soleil et de poussière urbaine. Je suis partie seule de mon côté, le maillot de bain dans un sac, à tout hasard. J’ai grimpé à vélo la côte derrière la maison que nous louons et j’entame maintenant une longue descente dans la garrigue épaisse. Les cigales ivres de chaleur couvrent le cliquetis de la chaîne de la vieille bicyclette bleue.Une fois que les fourrés se font moins denses, que le soleil recommence à partiellement atteindre ma tête et mes épaules, peu protégées par une petite robe trop légère, je dissimule le vélo près de la route et suis un sentier. Un panneau indique un itinéraire balisé : pas question de s’aventurer seule n’importe où. Mais aucune voiture n’étant garée sur cette route, je présage pouvoir trouver la tranquillité voulue. Le sentier descend, raide. Il se fait caillouteux et rapidement je devine le chuchotis de l’eau vive en contrebas. Les cigales font pourtant un bruit assourdissant. Ça sent le saule et le buis. L’air est moite et tiède.Après un ultime virage abrupt, je débouche inopinément dans une sorte de clairière ombragée par des chênes verts plus hauts et denses que ceux de la garrigue. Une rivière y coule. Elle doit faire dans les deux mètres de large et n’est visiblement pas profonde. J’enfile mon maillot, un bikini vert, et m’y aventure, en tâtonnant pour ne pas m’écorcher les pieds sur le fond. Au milieu du cours d’eau, je m’allonge sur les cailloux. L’eau recouvre mon corps mais tout juste. Le courant est faible, l’ondée fraîche et revigorante. Je ferme les yeux et me laisse aller à une sorte de profonde paix intérieure doublée de bien-être physique.Peut-être me suis-je assoupie ? Je n’ai pas entendu arriver le groupe qui s’installe dans la clairière. Il faut dire qu’ils sont étonnamment discrets. Je ne sais pas quelle attitude adopter aussi je reste exactement où je me trouve, après avoir lancé un simple « bonjour » dans leur direction. Les huit m’ont répondu sobrement. Ils ont à peu près mon âge, une grosse trentaine d’années. Deux femmes et six hommes. Leurs looks les rangent dans la catégorie des branchés bourges à tendances vulgaires. Mais une fois nus il n’y paraît plus. Car ils sont désormais tous nus. Je suis stupéfaite. Je plonge ostensiblement le regard dans la direction opposée, le menton dans l’eau.L’instant d’après, les filles sont dans la rivière, debout, de l’eau jusqu’aux chevilles. Elles papotent doucement. Je ne comprends pas ce qu’elles disent et devine une intonation étrangère : hollandaise ? Du coin de l’œil, je distingue la forme de leurs corps, leur peau claire. La plus blonde des deux lâche ses cheveux et secoue son crâne pour les répandre sur ses épaules. Ce faisant elle regarde dans ma direction. Je les admire d’être ainsi libres dans leurs nudités. Je ne vois plus leurs compagnons, ni à la réflexion ne les entends.Je ne sais pas pourquoi je ne pars pas. Je voulais être seule et voilà que je ne bouge pas de ce qui est manifestement un espace occupé. Une part de moi est curieuse. Une part est sereine. Rien ne me pousse vraiment à fuir. Pas même le fait que la plus brune s’approche de moi et s’allonge à mes côtés. À la réflexion elle n’est pas si brune, plutôt rousse. Elle a un corps comme j’aimerais en avoir un. Un corps qui me fait envie. Sa peau est lisse, son ventre plat, ses hanches étroites, ses seins menus avec de petits tétons sombres. On la dirait maigre, moi je la dis belle. Elle me regarde, alors je la regarde. Nous n’avons pas le mauvais goût de nous exprimer en anglais. Nous n’avons pas besoin de ce terrain commun. Elle tend sa main vers moi et puis l’arrête à mi-chemin.Ses yeux verts dans mes yeux verts. Son sourire fin, ma perplexité. Et puis je sors une main de la rivière, de sous mon sein, tend le bras et effleure ses doigts. Nos mains s’enlacent, nos doigts se cherchent, s’accrochent. Elle me tire doucement vers elle. Nos yeux ne se sont toujours pas quittés. Les siens sont clairs, lumineux, et en cet instant, rieurs. Elle s’amuse, manifestement. Mon corps immergé se rapproche d’elle d’un bloc. Je dois lever la tête plus haut pour soutenir son regard, présenter ma gorge. Soudain je réalise que je ne suis pas nue et loin d’en être soulagée, moi si pudique, je me sens ridicule, pleine de faux semblants.C’est donc une chance que l’amie blonde nous ait rejointes et soit en train de dégrafer le haut de mon maillot… ! Mes seins sont libérés et s’offrent à leurs regards alors que je m’assieds comme elles au fond du ruisseau. Les yeux verts ont quitté mon visage. Mais ils n’ont en rien perdu leur chaleur. Ils sont même rehaussés d’un éclat d’excitation, me semble-t-il de façon peut-être trop peu modeste.La fille bouge. Se lève. Son pubis est presque au niveau de mon visage et je ne m’en trouble pas. C’est pourtant bien la première fois que cela m’arrive ! Elle me tend à nouveau sa main. Cette fois, je la saisis sans hésiter et me lève à sa suite. Nous avançons ainsi toutes trois vers la clairière, sans nous presser. Les filles s’allongent sur un grand paréo étendu là. Elles me font signe de venir entre elles. Si j’avais voulu partir c’était le moment ! Mais je suis restée.Étendue dans la clairière, je suis exposée. Mes seins de gabarit moyen mais pourvus de tétons trop larges à mon goût ont exceptionnellement cessé d’être pour moi une source de gêne : visiblement les filles ne les trouvent pas disgracieux. La main menue de mon amie aux yeux verts en frôle la pointe déjà dardante, de sa paume, avant de se saisir du sein dans son ensemble. Elle caresse, cajole, prend son temps. À ma droite, la blonde pince et fait rouler le téton provoquant une douleur exquise. Je vois leurs têtes se rapprocher, des lèvres entre-ouvertes et des yeux mi-clos. Bientôt deux bouches s’affairent, léchant et mordillant, tantôt doucement, tantôt fermement. En appui sur un coude, leurs mains libres soupèsent la masse du sein ou caressent mon ventre. Je ne songe même pas à occuper mes propres mains ou ma propre bouche. Je gis, me délecte, tangue un peu. Les chênes verts, les cigales, le bruit de l’eau, la chaleur. Je ferme les yeux.Et puis, tandis que les lèvres s’affairent toujours, les deux mains s’envolent. Ma culotte glisse le long de mes jambes blanches. C’était inévitable. C’était attendu et espéré. Deux doigts de deux mains distinctes se posent délicatement sur mon clitoris. Mais ne bougent pas. Comme d’un accord tacite, il a dû y avoir un accord tacite ! Ils restent immobiles. Je veux m’en offusquer, prête à demander grâce « Qu’on en finisse, ça y est presque ! » pour ensuite – bientôt – quitter la clairière et ramener avec moi cet incroyable souvenir intense. Mais je n’ose parler, je pourrais tout briser. Je reste là, toujours gisante et presque inerte alors que les filles ont cessé leur activité. Tout juste se contentent-elles d’un petit coup de langue ou de dent de temps en temps.Je réalise soudain qu’elles attendent. Sur une vague intuition j’ouvre les yeux et bien que passablement aveuglée je constate – non sans effroi – que les hommes nous ont rejointes. Ils forment un demi-cercle à environ un mètre de nous, à nos pieds. Ils sont debout, campés sur leurs jambes, nus et en érection. Aucune agressivité dans leur posture, beaucoup d’amusement empreint d’excitation dans leurs yeux. Je ne sais pas s’ils sont beaux, je ne sais pas s’ils me plaisent. Mais je sais que je désire ardemment chacune de ces six verges.Les filles se redressent et s’agenouillent de part et d’autre de moi, dans une sortie de posture de prière musulmane. Elles poursuivent ce faisant leur cajoleries sur mes seins et ne retirent que ponctuellement leurs doigts. Leurs fesses rondes sont maintenant dressées, tendues vers le ciel, à tel point que je les distingue sans avoir à tourner vraiment la tête. Je devine leurs dos cambrés à l’extrême. Je comprends l’invitation muette mais très explicite. Je les envie déjà.Deux des garçons quittent leur rang et se positionnent derrière ces culs. Manifestement les filles ont apprécié les soins qu’elles m’ont prodigués car sans préambule et à toute vitesse les deux verges pénètrent dans les sexes offerts. Commence un va-et-vient, puissant mais relativement lent. À chaque coup de boutoir, presque en cadence à ma gauche et à ma droite – tout cela doit nécessairement avoir été planifié, chorégraphié – les demoiselles me heurtent doucement l’épaule et me mordillent plus vivement les tétons tandis qu’enfin – et bien malgré elles – les doigts bougent très légèrement sur mon clitoris en feu. Peut-être d’ailleurs s’en aperçoivent-elles car l’une puis l’autre retirent leur main.Je me tortille. J’en viens à appeler de mes vœux l’un de ces quatre gaillards debout à mes pieds pour qu’enfin il daigne me soulager, alléger mes souffrances en me pénétrant vivement, entièrement, profondément. Je me sens béante et incomplète. Je ne dis toujours rien mais je supplie du regard. Peine perdue car les yeux des hommes sont ailleurs, embrassant la scène dans son ensemble, caressant chacun leur hampe avec délectation, sans ferveur, comme pour ménager leurs forces.Mes propres mains sont désormais bloquées sous le buste de mes jolies tortionnaires, la croupe en l’air. Sans quoi j’en aurais fait bon usage, sans plus me soucier d’aucune pudeur élémentaire ! Je serre les jambes, les écarte, je cherche un soulagement, en vain.Quoique non, pas en vain : j’ai finalement attiré l’attention des hommes. Leurs yeux m’interrogent, leurs mains n’ont pas quitté leurs verges. Je ne réfléchis pas et tend un pied vers celui qui se trouve en face de moi. Je n’ai plus guère de pudeur et écarte mes cuisses, afin de faciliter la tâche que je lui destine.Quelle illusion de croire que l’on va me laisser décider quoi que ce soit ! Je ne suis qu’un objet destiné à amuser ces gens, à allumer ces demoiselles ! Je ne sers donc finalement que de centre de symétrie à leurs ébats muets et de souffre-douleur d’un genre particulièrement pervers ?L’homme désigné se dirige vers ma tête et s’agenouille près du flanc de mon amie aux yeux verts. Il dégage alors ma main qui lui sait gré de ne plus subir indirectement les coups de boutoir imposés au corps fin. Main qui trouve immédiatement une activité en rencontrant la peau lisse d’une verge particulièrement raide. Je me concentre sur cette nouvelle tâche, résignée et somme toute très satisfaite d’avoir à mon tour emprise sur le corps d’un autre. Je sens rapidement que l’on dégage ma seconde main et je coordonne les mouvements pour offrir une cadence identique aux deux beaux membres qui me sont offerts. Inconsciemment, c’est le même rythme que celui qu’imposent les deux baiseurs à mes satyres, et elles-mêmes à mes seins. Toute cette symétrie me mettrait presque en transe.Ladite symétrie s’interrompt, d’ailleurs, lorsque les deux queues s’approchent de mon visage : je leur fais sans hésitation les honneurs de ma langue, à tour de rôle, tout en continuant l’œuvre de mes mains. La position ne me permet pas de les prendre vraiment dans ma bouche mais personne ne semble s’en plaindre.Mes jambes sont toujours écartées et mon sexe offert, douloureux de tant de vacuité. À ma gauche et à ma droite je sens quatre mâles dont l’excitation s’accroît fortement. Les mouvements imposés par les deux baiseurs sont plus amples et profonds, plus rapides. Les cigales ne couvrent plus les gémissements des filles. Mes mains aussi accélèrent insensiblement leurs mouvements et renforcent leur pression. Je suis transportée par l’excitation alentours tandis que mes tétons constituent mon unique forme de stimulation physique, insuffisante à mon goût : le cocktail est insoutenable !Alors explosent en jouissance successives les filles, leurs partenaires puis, peu de temps après, mes deux branlés.Personne n’a encore repris son souffle, surtout pas moi, quand un des hommes encore debout se baisse vers moi, s’agenouille et – pitié de sa part ou désir véritable – dépose un baiser, un simple baiser presque chaste, sur mon clitoris, déclenchant un orgasme aussi bouleversant qu’il avait été attendu, attisé.C’est toujours sans un mot, mais non sans sourires, que nous nous sommes quittés.Et le sixième homme ? Je n’ai aucune idée de ce qu’il a fait pendant tout ce temps. Des photos peut-être ?