Gaspard Thame prenait cette route pour la première fois. D’habitude, il empruntait la départementale 69, mais les intempéries de ces derniers jours venaient de rendre la route principale impraticable et une déviation avait été mise en place. Déviation qui passait par ce prétendu chemin vicinal.Pas de signalisation au sol, une route si étroite que deux véhicules pouvaient à peine se croiser.Comme de bien entendu, il pleuvait encore des cordes et il n’y voyait pas à vingt mètres en ce début de soirée d’hiver.Il faillit heurter l’automobile qui apparut devant lui dans un virage. Il freina brutalement et se mit en travers. Un personnage engoncé dans un imperméable informe se plaquait terrorisé contre l’aile de la berline immobilisée. Il ouvrit la portière et fut trempé en quelques secondes.— Vous êtes en panne ?— Non, je fais un tennis.— Je vous laisse alors.— Nooon, hurla l’inconnu.Gaspard sortit et s’approcha.— Désolée, je suis à bout de nerfs, j’ai crevé et je n’arrive pas à changer ma roue.À la voix, il se rendit compte qu’il avait affaire à une femme, une femme au bout du rouleau.— Vous auriez une lampe torche ?— Justement non.— Je prends la mienne, profitez-en pour allumer vos feux de détresse.— Je suis bonne à rien, je ne pense à rien.— Mais non, c’est juste la panique.Il farfouilla dans la boîte à gants, revint près de la voiture en panne et s’intéressa au pneu.— Crevé, percé sur le flanc, foutu, bon pour la décharge.— Merde, c’est bien ma veine.— Attendez, on va mettre la roue de secours.Il sortit le cric, puis la roue de secours.— C’est votre jour de chance on dirait, la roue de secours est à plat.— Non, gémit la malheureuse, je suis maudite, je vais devoir passer la nuit ici, toute seule.— Euh, permettez, je ne vais pas vous laisser dans la mouise quand même. Vous habitez où ?Elle le regarda, indécise.— Mondoit-sur-l’Onion, dans les nouveaux pavillons.— Oh, moi aussi ! On va faire un truc, vous fermez votre voiture, vous récupérez tout ce dont vous avez besoin et moi je prends la roue de secours et on va s’arrêter au garage, à l’entrée de la ville, Edgard va réparer regonfler tout ça et je vous prends au passage demain matin et vous installe le tout.— Vous feriez ça ?— C’est normal, entre voisins faut s’aider.La femme enfourna tout un fourbi dans le coffre tandis qu’il y ajoutait la roue à plat.Elle retira son imperméable avant de s’affaler sur le siège passager, il n’eut pas le temps de la dévisager avant que le plafonnier ne s’éteigne.Ils firent la dizaine de kilomètres en silence, lui concentré sur la route, elle songeant aux tuiles qui s’accumulaient.Arrivés au garage, il fut interpellé par le patron.— Gaspard ! Quel bon vent ? Un blême ?— Non, c’est pour madame, elle vient de crever et sa roue de secours est à plat, expliqua Gaspard en extirpant la roue du coffre.— Éternel problème, émit le meccano confucéen.Tandis que le garagiste nommé Edgard Ogorille s’affairait, Gaspard s’approcha de la naufragée de la route.— Soyez sans crainte, Edgard travaille bien.— Merci.Elle lui fit un pauvre sourire, ses cheveux dégoulinaient et lui collaient au visage, ses vêtements trempés faisaient une mare autour de ses pieds.Il ne vit que les grands yeux gris, affolés. Il ne devait pas être très reluisant non plus, il ruisselait autant qu’elle, ses vêtements trempés lui collaient à la peau.— Et voilà le travail, manquait juste une citerne d’air.— Combien vous dois-je ?— Z’y pensez pas, vais pas vous faire payer un coup de pompe. Par contre, amenez-moi le pneu crevé, que je le répare, car maintenant vous allez rouler sans protection.— D’accord.Gaspard la ramena chez elle de suite.— C’est marrant, j’habite à moins de 500 mètres d’ici, nous ne nous sommes jamais croisés. Je garde le pneu, je passe vous prendre vers 7 heures demain matin, ça vous va ?— Oui, encore merci.####Le lendemain matin Gaspard passa prendre l’inconnue au pneu comme il la nommait et la conduisit à sa voiture.Un coup de cric, la roue fut changée, la voiture prête à repartir.— N’oubliez pas de passer ce soir au garage, vous devez changer le pneu crevé.— Je n’y manquerai pas, encore merci.— C’est normal, vous auriez fait pareil pour moi.— Je ne connais même pas votre nom.— Gaspard Thame, je travaille comme chef de chantier à Saint-Fémoi-les-Burettes.— Claire Delune, je tiens un commerce de vêtements dans la même ville ! Le monde est petit.Ils repartirent chacun dans leur voiture, se suivirent un bout de temps et il donna un petit coup d’avertisseur guilleret en signe d’adieu lorsqu’elle changea de direction.~o~Il rentrait du boulot, la nuit était tombée depuis quelque temps déjà et le ciel lourd de nuages rendait l’obscurité encore plus sombre que sombre. Il serpentait sur la petite route où la veille il avait secouru une jolie naufragée de la route.Si la veille au soir il ne pouvait se faire une opinion bien précise vu qu’elle dégoulinait de partout ; ce matin, bien coiffée, bien habillée et reposée, il la trouvait très à son goût. Une belle brune aux formes épanouies et aux jolis yeux gris presque bleus. Il se prit à rêver ; si, par le plus grand des hasards il la trouvait encore une fois en détresse, au bord de la chaussée, peut-être qu’il lui proposerait-il une boisson chaude, pas un alcool, du moins pas de suite.Il en était là de ses rêveries quand il s’approcha trop près de l’accotement, sa direction se mit à faire n’importe quoi tandis qu’un Pfflloop-pfflloop de mauvais augure résonnait au-dehors, couvrant le bruit du moteur.— Meerde, quel con ! Voilà le résultat quand on a la tête aux abonnés absents.Feux de détresse allumés, lampe torche à la main il entreprit d’évaluer les dégâts.— Putain de putain, ne cessait-il de répéter en donnant des coups de pied dans le pneu ouvert.Mince consolation, il ne pleuvait pas comme la veille. Il sortit son cric, sa roue de secours…— Oh non, hooo nooon, hurla un loup solitaire dans les collines.Bien la peine de fanfaronner devant une belle en expliquant que la roue de secours devait toujours être gonflée, lui n’avait même plus de roue de secours !Il trépignait sur place en se traitant de tous les noms quand une paire de phares transpercèrent la nuit. Ébloui, il entendit plus qu’il ne vit le conducteur descendre et approcher.— Besoin d’aide pour faire un tennis ?— Vouzici, c’est un miracle.— À peine, je prends cette route tous les jours moi aussi, presque à la même heure que vous. Puis-je vous aider à changer la roue ?— Pas la peine… je n’ai PAS de roue de secours.— Désolée, hoqueta-t-elle entre deux éclats de rire.— Je l’ai mérité !— Bon, aujourd’hui c’est moi qui vous transporte.— Merci de tout cœur, pourriez-vous passer chez Edgard, qu’il me change le pneu sur cette jante.— Volontiers, je dois récupérer chez lui une roue neuve.Gaspard s’installa aux côtés de la conductrice, cette fois elle ne sentait pas le chien mouillé, mais un délicat et sensuel parfum.Ils discutèrent comme de vieux amis tout le long du trajet. Les emmerdements communs créent des liens.— Dites voir, vous le faites exprès tous les deux, c’est une sorte de jeu, s’exclama Edgard qui s’en donnait à cœur joie, lançant vanne sur vanne. Bon je vous ai mis une roue de secours, mais il faudra songer à changer carrément les deux pneus, les usures sont trop différentes. C’est dangereux et surtout, vous risquez de prendre une prune.— Moi, ça va être pareil, avertit Gaspard.— Ça va être compliqué, j’ai besoin de ma voiture, gémit Claire.— C’est simple au contraire, Edgard nous dit quand il peut prendre nos véhicules, vous laissez votre voiture une journée, je vous emmène au boulot, le lendemain on fait l’inverse. Par contre, demain vous m’emmenez à ma voiture, que j’installe ma roue.— Pas de souci.Pendant ce temps Edgard posait la nouvelle roue sur la voiture de Claire, posait un pneu neuf sur la jante de Gaspard tout en commentant l’évènement.— Dites, vous ne profiteriez pas de ces crevaisons pour vous filer rendez-vous, parce que dans ce cas, moi je ne vais pas avoir assez de pneus !Gaspard s’esclaffa dans un rire gêné, Claire rougit jusqu’aux oreilles.####Ils passèrent les jours suivants à faire des allées et venues entre leurs domiciles, le garage d’Edgard et leurs lieux de travail.Ces trajets, propices à la discussion, permirent à Gaspard d’apprendre qu’elle vivait seule, qu’elle approchait les quarante-cinq printemps et qu’elle avait un fils de vingt ans, à l’université.Il expliqua que lui aussi vivait seul, qu’il allait sur ses quarante-sept ans et qu’il élevait une fille de dix-neuf ans, elle aussi à l’université.Ils se trouvèrent nombre de points communs, et surtout un intérêt commun, pourquoi faire la route chacun de son côté alors qu’ils pouvaient faire du covoiturage. Foin des discours sur la survie de la planète et de l’espèce, ils songeaient à la survie de leur portefeuille.Il ne leur fallut qu’une dizaine de jours avant de se retrouver au restaurant le midi. Elle se contentait d’une salade composée et d’un fruit – ligne oblige – dans un petit restau sympa et pas cher à deux pas de sa boutique. Il en avait marre de la boustifaille de la cantine ou des sandwiches avalés sur le pouce, il vint la rejoindre régulièrement chez « Marie Nière ».Au cours de ces rencontres ou sur la route, ils se dévoilaient comme jamais ils ne l’avaient fait depuis bien longtemps.Lui, Gaspard, veuf, sa femme décédée dans un accident de la route alors que leur fille venait de fêter son dixième anniversaire. Il raconta sa période sombre, à la limite de tomber dans un trou noir. Sa fille qui le maintint à flot, qui s’occupa de la maison et de lui comme si elle était sa mère. Il se rappelait même de ses paroles : Tiens bon, papa, je suis là , on y arrivera !Sans demander l’aide de qui que ce soit elle se débrouilla, et au bout de quelque temps il se reprit, se désola de se reposer sur les frêles épaules d’une petite fille.Un lien indéfectible unissait le père et la fille, un lien qui comme elle le disait personne ne viendrait casser.Elle, Claire, se confia, narra ses tourments. Elle tenait une boutique de prêt-à -porter depuis quelques années. Des vêtements de qualité qui, sans faire dans le déjanté, surfaient sur la mode de l’époque. Sa clientèle lui restait fidèle, souvent de mères en filles.Une erreur de jeunesse lui fit fréquenter un jeune homme bien sous tous rapports. Ils filaient le parfait amour lors de leurs études. Jusqu’à ce qu’un grain de sable fasse basculer ce bel équilibre.Des nausées et un ventre qui s’arrondissait firent paniquer l’amoureux.Rejeton d’une famille de la haute bourgeoisie locale, il ne pouvait se mésallier avec la fille d’un métallo et d’une femme de ménage. Ses parents lui mirent tellement la pression qu’il quitta Claire tel un voleur. Elle voulait garder le bébé, elle reçut une somme rondelette comme solde de tout compte. Elle investit cet argent dans un magasin, son magasin.Elle ne regretta jamais son choix de garder son enfant. Un jour son ex vint lui rendre visite, voulait voir son fils, dix ans plus tard. Dressé sur ses ergots comme un petit coq, Damien refusa de voir son père. Il refusait de voir ce gars qui faisait pleurer sa mère lorsque les soucis la rattrapaient, et ils couraient vite les salopards, souvent en meutes. Damien vouait à sa mère un amour exclusif, la protégeant du haut de ses dix ans. Encore maintenant, il veillait sur elle comme un papa veillerait sur son nouveau-né.Une belle opportunité lui permit d’acquérir cette maison, maintenant bien vide que le fiston étudiait loin de chez elle.~~De jour en jour leur entente devint de l’amitié. Le matin et le soir ils se faisaient la bise. Puis l’amitié se mua en quelque chose d’autre, les baisers se firent plus sensuels. Pour un jour, se dire qu’ils pourraient se donner une autre chance, ne pas finir leur vie seuls, quand les petits trouveraient du boulot ou une âme sœur et que malgré les promesses ils partiraient.Qu’ils avaient encore l’âge des câlins, l’âge d’être heureux et de s’envoyer en l’air, l’âge de faire des projets.Ce fut elle qui fit le premier pas. Alors qu’il la ramenait chez elle lui prit la main et lui dit simplement :Aussitôt dans le hall d’entrée, ils se roulèrent un patin d’enfer. Après une minute ou une heure, ils se séparèrent, tout étourdis.Rougissante comme une gamine, elle déboutonna la chemise de Gaspard, fit tomber le pantalon tandis qu’il s’escrimait sur un soutien-gorge récalcitrant. Il n’avait jamais compris le système d’arrimage de ces engins. Elle vint à son secours en riant, le jeu en valait la chandelle. Il saisit à pleine main ces moelleux et blancs airbags.Car la dame exposait une très belle avant-scène encore très ferme ; à peine s’inclinait-elle en une gracieuse révérence due la gravité.De belles aréoles et des tétons dressés paraient le tout.La culotte en dentelle subit elle aussi la loi de la gravité. Une sombre toison épaisse cachait le fruit défendu, enfin pas trop défendu, espérait-il. Gaspard ne savait où donner des yeux et des mains.Claire le délivra de son calbute à fleurs. Elle aussi se rinça l’œil, satisfaite de l’effet qu’elle faisait à ce mâle ; pas de muscles proéminents, mais pas de graisse non plus, à part un petit bedon naissant – qu’il faudrait surveiller. Et surtout un bel organe dressé rien que pour elle. — Allons dans ma chambre, nous y serons mieux.Gaspard la souleva comme une plume, et sur ses indications rejoignit la chambre. Nichée dans ses bras virils elle gloussait comme une gamine.Il la posa avec délicatesse sur le lit, s’agenouilla à ses côtés et lui dévora la bouche. Ses mains ne restaient pas inactives pour autant, elles découvrirent les seins, en taquinèrent les tétons, les faisant se dresser tels de petits cairns sur une colline drapée de neige.Claire se laissait faire, goûtant cet instant où un homme s’occupait de son corps. La bouche vint remplacer la main, suçant les fraises et les mordillant, tandis que les doigts investissaient la toison à la recherche de ses trésors cachés.Elle sentit monter l’orgasme, la saisir, la tétaniser et la laisser inerte et essoufflée. Il y avait tellement longtemps qu’un homme ne s’était occupé d’elle ainsi qu’elle n’avait pu résister. D’autant plus qu’elle adorait les caresses sur la poitrine.Un peu surpris, la main tout humide de son plaisir, il examina sa compagne, dubitatif, il craignait avoir fait une bourde.— Ça va ?— Oui, j’en avais tellement envie que j’ai fait comme un orgasme précoce.Ils rirent tous deux de cette saillie.Toujours agenouillé, il s’installa entre les cuisses, caressa le minou angora et présenta son bonheur des dames sur le museau de l’animal.— Sois…— Prudent, je sais.— Oui, mais surtout, il y a tellement longtemps que je n’ai pas…— N’aie crainte, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.Il s’introduisit tel un prince dans le palais de la belle au bois dormant, sur la pointe du gland. Il lui souleva les fesses pour avoir une meilleure position. En une seule poussée toute la colonne entra, du pinacle à la base de l’édifice, elle poussa un petit cri, enroula ses jambes autour de la taille de Gaspard et par de petits mouvements du bassin invita son amant à continuer son œuvre.Leurs mains s’étreignaient tandis qu’il alternait de lents coups de piston ou de vigoureuses allées et venues. Un homme doux et rugueux, tendre et fort, un rêve. De nouveau elle sentit la marée monter, l’envahir.Gaspard se repaissait de ce spectacle sublime, voir grandir le plaisir chez une femme. D’abord les yeux hallucinés, le regard devenait fixe et la respiration s’accélérait ; les joues se paraient de rose vif tout comme la poitrine et ses tétons. De son triangle velu sourdait une liqueur onctueuse.Un gémissement continu sortait de ses lèvres. Durant plusieurs minutes leur félicité se hissa dans les tours. Le cerveau de Gaspard s’obscurcissait aussi, mais il tenait bon, il voulait la mener au bout de sa jouissance. Le corps de Claire se tendit, un feulement retentit dans la chambre alors que Gaspard continuait à s’activer en elle pendant quelques instants encore. Ils se serrèrent l’un contre l’autre, sans échanger une parole, se contentant de s’embrasser, sur les yeux, le front ou la bouche.— Reste ici cette nuit.— Je travaille demain moi aussi, je n’ai rien pour me changer…— S’il te plaît, fit-elle, implorante.— Bon, je vais chercher quelques vêtements chez moi, j’en ai pour un quart d’heure maxi.Vingt minutes plus tard, il revenait avec un sac de sport contenant de quoi faire sa toilette et passer des vêtements propres le lendemain. La joie des retrouvailles les remit en en appétit. Cette fois elle réclama une bonne vieille position du missionnaire, elle voulait sentir son homme sur elle, sentir son poids sur son corps, et ainsi se sentir aimée.Pour les autres positions, on verrait plus tard.~o~Gaspard resta une nuit, puis deux, pour finir par amener une bonne partie de sa garde-robe chez Claire. Ils partaient au boulot, allaient au cinéma, au restaurant ou se promener ensemble. Ils menaient presque une vie de couple, sans oser sauter le pas ; Gaspard relevait son courrier trois fois par semaine, ne voulant pas encore signaler son changement d’adresse à la poste, à son employeur ou ses amis.Il pensait finir ses jours en veuf solitaire, attendant de recevoir la visite de sa fille ou de ses petits-enfants. Au lieu de cela il se sentait revivre avec cette jolie femme, qui elle aussi avait eu son lot de vicissitudes.Ils se sentaient bien ensemble, s’embrassant à chaque fois qu’ils le pouvaient, faisant l’amour aussi souvent et tendrement que possible. Les galipettes avec son ex, Claire n’en gardait pas un souvenir impérissable, juste un échange de fluides à la va-vite ; peut-être songeait-il déjà à reprendre l’affaire familiale.Mais Gaspard la faisait vibrer comme jamais depuis son adolescence. Un viril tendre, une espèce très rare à sauvegarder. Elle se fit trousser dans la cuisine, allongée sur la table en érable massif – une Ikéa en carton massif n’eut point résisté à l’assaut ; honorée dans la salle de bain, agrippée à la barre de douche, les fesses tendues en arrière, les seins emprisonnés dans ses larges paluches. Même la buanderie reçut leur visite, installée sur la machine à laver en mode essorage.Et, bien sûr, dans la chambre, où elle lui prodiguait des fellations dignes de courtisanes royales. Elle que la pratique rebutait y prenait maintenant plaisir avec son mec. Il lui rendait la pareille en enfouissant son nez dans la sombre et dense toison, venant titiller de la langue son huître perlière.Elle voulait se faire débroussailler la motte, lui l’en empêchait, il trouvait un charme fou à cette mystérieuse forêt-noire et sa délicieuse griotte.En cette période estivale, les soirées longues permettaient de faire de belles promenades dans la campagne environnante en se tenant la main, ou un peu de bronzette allongés dans la pelouse.Leurs emplois du temps respectifs leur causaient bien quelques tracas, elle travaillait le samedi, lui non ; lui le lundi, elle non. Ces jours-là ils se retrouvaient parfois en ville pour faire du lèche-vitrines, ou se payer une toile ou un restaurant. Ils aimaient aussi lire, blottis l’un contre l’autre sur le canapé. Ils adoraient des petits moments d’intimité.Gaspard tondait aussi la pelouse tandis que Claire entretenait le parterre de fleurs, officialisant ainsi leur relation au vu et au su de tout le voisinage qui ne trouva rien à redire.Un soir, allongés l’un contre l’autre dans le lit, il caressait distraitement les cheveux de sa compagne.— Chéri, j’ai peur.— Ah. Je crois en connaître la raison, moi aussi j’ai la frousse.— Dans quinze jours, c’est la fin des cours à la fac. Damien va revenir.— Pareil pour moi. Clémence m’a annoncé son arrivée pour samedi en huit.— Gaspard, qu’allons-nous faire ? Mon fils a tellement peur qu’un homme me refasse du mal qu’il mène une enquête digne d’un détective privé sur le candidat.— Tu en as eu beaucoup, des candidats ?— Jaloux ? demanda-t-elle dans un sourire.— Nooon, enfin, un peu quand même.— Un seul, que mon fils a fait fuir, il y a quatre ans, depuis, personne… Et toi ?— Personne, à part une prof du collège qui me faisait les yeux doux. Clémence m’a bien spécifié qu’elle ne voulait pas de prof à la maison, elle en avait assez en classe.Ils rirent tous deux, mais n’en menaient pas large quand même.####Ils songeaient à divers subterfuges pour présenter la chose aux enfants, même de cacher cette liaison. Projet vite abandonné, ils s’aimaient : point ! Aux enfants de se faire à cette situation.Gaspard laissa une petite lettre sur la table de la cuisine à l’attention de sa fille. « Je suis au 32 de la rue Louis Armstrong, viens m’y rejoindre. »Le hasard faisant bien les choses, la petite Twingo de Clémence Thame se garait devant le 32 alors que Damien Delune arrivait devant chez sa mère dans sa 207.Ils se regardèrent intrigués.— Vous désirez, interrogea Damien.— On m’a donné rendez-vous au 32.— C’est ici. Entrez.Il ne connaissait pas cette jolie fille, mais la courtoisie voulait qu’il ne la laissât point dehors. Courtoisie ne voulait pas dire imprudence, quand il s’agissait de sa mère, il redoublait de méfiance.Cette petite bonne femme ne manquait pas de charme, avec ses longs cheveux blonds, son visage angélique et sa taille fine. Il appréciait en connaisseur le volume du postérieur dans le jean serré, et aussi son balancement régulier.Clémence se posait de multiples questions. Pourquoi venir ici, à quelques centaines de mètres de chez elle, que voulait son père, et qui était ce gars, plutôt mignon d’ailleurs, à qui appartenait cette maison. Sur le portillon elle avait pu lire : C et D DELUNE, ce qui ne la renseignait guère.Non sans une certaine méfiance, elle entra.L’air étonné de l’inconnu la rassurait un peu. Il semblait en savoir autant qu’elle-même.Dans le salon elle retrouva son père qui tenait la taille d’une femme.Damien vit sa mère serrée contre un homme, la tête sur l’épaule du gars.~o~Dans des pièces différentes se tenaient les mêmes discussions.— Tu le connais à peine !— Tu la connais à peine!— Nous nous connaissons depuis quelques mois, nous avons attendu avant de vivre ensemble.— Nous nous connaissons depuis quelques mois, nous avons attendu avant de vivre ensemble.— Tu as pensé à moi ?— Tu as pensé à moi ?— Mais mon chéri, je n’ai fait que ça. Je sais qu’un jour tu trouveras une fille, vous vous plairez et tu quitteras la maison, me laissant seule pour mes vieux jours.— Mais ma chérie, je n’ai fait que ça. Je sais qu’un jour tu trouveras un garçon, vous vous plairez, me laissant seul pour mes vieux jours.— Mais maman, je ne te quitterai jamais.— Mais papa, je ne te quitterai jamais.— Ne dis jamais jamais.— Ne dis jamais jamais.— J’avais dit, plus jamais je ne regarderais une femme.— J’avais dit, jamais plus je ne ferais confiance à un homme.— Et pourtant elle s’est retrouvée sur ma route ; elle est la plus belle chose qui me soit arrivée depuis bien longtemps. Je croyais être mort pour les sentiments, je me trompais.— Et pourtant il s’est retrouvé sur ma route ; il est la plus belle chose qui me soit arrivée depuis bien longtemps. Je croyais être morte pour les sentiments, je me trompais.~~Clémence et Damien comprirent très vite qu’il ne servait à rien de s’entêter à tenter de les faire changer d’avis, aussi s’enquirent-ils de la logistique. Où habiter.— Ma chérie, la maison de Claire est plus grande que la nôtre, avec trois chambres, celle de Damien, une pour toi et la nôtre.— Ahh, parce que vous dormez ensemble, s’écrièrent les deux marmots horrifiés.— Ben oui, c’est la définition de vivre ensemble, c’est même un des intérêts, précisa Claire.Un enfant, qu’il soit grand ou petit, ne peut imaginer ses parents faire l’amour. Papa-maman sont des êtres asexués et idéalisés. Alors les imaginer nus, faire une partie de jambes en l’air juste pour le plaisir se trouve au-delà de leur entendement. Si la partie de bête à deux dos se déroule de surcroît avec un inconnu, c’est l’horreur. Ces gamins croient à l’Immaculée Conception ou quoi ?La discussion continua encore plusieurs heures. Sans que les parents cèdent.— Non, Clémence, tu ne vivras pas seule. Tu resteras ici, avec nous, comme une vraie famille.— Non Damien tu n’invites pas tes potes ce soir, nous devons encore instaurer un code de bonne conduite.À voir la tête de la jeune fille, et aussi celle de Damien, ça n’allait pas être de la tarte.~o~Allongé dans son lit, Damien réfléchissait à cette invraisemblable situation.Merde maman, nous n’étions pas bien tous les deux ici ? Tu m’avais dit toi même que jamais plus tu ne ferais confiance à un homme. D’abord de belles paroles, des promesses puis la trahison. Ce gars – avec un enfant en plus, une pimbêche sûrement – va certainement te laisser tomber comme « l’autre », pour une jupe un peu courte, un décolleté généreux ou une chute de reins appétissante. Pas question de partager ma mère en trois !Il lui fallait trouver une solution. S’attaquer ouvertement au type, Gaspard, trop dangereux. Sa mère semblait trop y tenir… pour l’instant. Mais en s’en prendre à la fille, Clémence, pourquoi pas. Lui rendre la vie impossible pour que, elle et son père fassent leurs valises semblait une bonne idée à creuser.~~Allongée dans la chambre, Clémence réfléchissait à cette improbable situation. Elle se remémorait encore les discussions avec son père :Jamais je n’oublierai ta mère, jamais je ne pourrais la remplacer.Quel faux-cul ! Que pouvait-il lui trouver à cette… bonne femme. Bonne femme avec un fils, une espèce de grand dadais à tête de faux témoin. Elle n’allait plus avoir son père rien que pour elle. Il lui fallait trouver un stratagème pour mettre un terme à ce psychodrame. Son père semblait tenir à cette voleuse de Papounet et elle à lui, elle ne songeait même pas à tenter de les séparer.Elle ne voyait qu’un seul angle d’attaque, le rejeton. Lui rendre la vie si infernale que les parents seraient obligés de se séparer. On ne touche pas à mon papa.####La vie s’organisa, cahin-caha, une méfiance réciproque taraudait les enfants.Une crainte conjointe tenaillait les parents : que rien ne vienne perturber ce fragile équilibre.Pour ne pas arranger les affaires, Clémence et Damien avaient tous deux trouvé un job d’été, lui comme manutentionnaire, elle comme caissière, dans le même supermarché. Ils ne se quittaient pas de la journée.Pour parfaire la situation Gaspard et Claire les incitèrent à faire la route ensemble, une sorte de covoiturage, histoire de mieux faire connaissance et d’économiser des frais de carburant, comme eux même le firent quelque temps auparavant.Interdiction leur fut notifiée de ramener des copains ou copines à la maison durant les premiers temps.Attaque surpriseLes trajets aller-retour se faisaient souvent dans un silence assourdissant, chacun regardait droit devant lui, ignorant superbement l’autre. Mieux faire connaissance, mon cul, plutôt crever que d’échanger un mot avec l’autre.La première banderille vint de Damien qui un soir « oublia » Clémence. La pauvre attendit une demi-heure l’arrivée de son chauffeur, avant de téléphoner à son père, affolée :— Papa, il n’y a plus personne sur le parking, j’ai peur !— Je croyais que tu finissais plus tôt aujourd’hui et que tu étais déjà rentrée, fut la seule explication que Damien donna.Il se fit enguirlander par sa mère, jura main sur le cœur, tel Le Tartuffe, que cela ne se reproduirait pas.L’empire contre-attaqueLa réplique ne tarda pas. Il se mit à se gratter de plus en plus souvent l’entrejambe, de façon de plus en plus frénétique, à s’en écorcher la peau des roupettes. Il eut beau se passer de la crème de jour, de nuit, apaisante, anti-moustiques ou anti-morpions, des lotions de toutes sortes, ça grattait toujours autant.Sa mère lava les slips, sans effet notoire.Clémence passait régulièrement les fibres de cynorhodon – encore appelé gratte-cul – sur les boxers, caleçons et slips de ce sale type. Elle savait que ce fruit sympathique faisait un excellent poil-à -gratter, bio de surcroît. Il faut toujours s’en référer à la nature, elle regorge de merveilles.Il parvint à enrayer l’attaque en mettant ses vêtements sous clef.Le retour de la revancheEntre-temps il prépara une nouvelle sournoiserie. Clémence ne laissait à personne le soin de faire sa lessive. Elle possédait des vêtements auxquels elle tenait comme à la prunelle de ses yeux. Elle avait son propre savon, son propre adoucissant.Damien savoura comme il se doit le hurlement qui retentit un dimanche matin.Il écouta avec plaisir les gémissements de la gamine.— Regarde, mes tee-shirts, mes jeans, même mes chaussettes, tout est rose. Délavé, dégueulis, qu’est-ce que je vais me mettre… je vais ressembler à une fraise Tagada.— Ce n’est pas grave, on ira faire les boutiques.— Mais j’y tenais, à ces vêtements.Damien avait glissé dans la machine une de ses paires de chaussettes infernales. Des trucs rouges qui déteignaient toujours autant après de multiples lavages. Il en possédait une autre paire en bleu, qu’il songeait à utiliser un peu plus tard. Le mélange des couleurs risquait d’être intéressant.Lors des repas suivants ou des trajets, il prenait l’air aussi innocent que l’agneau qui vient de naître, le rendant d’autant plus suspect.Clémence n’en fait pas preuve.Tu veux jouer au con, je suis bonne à ce petit jeu aussi, mon gaillard.Damien ne pouvait s’imaginer les perfidies dont faisaient preuve les collégiennes et lycéennes en classe ou en internat. Clémence décida de frapper fort, là où ça faisait mal, sur l’ego du mâle, sur son apparence.Le cri que poussa le jeune homme dut s’entendre à l’autre bout du département, il rivalisait avec le hurlement de Clémence face à sa lessive.Gaspard et Claire sortirent en catastrophe de la cuisine, s’imaginant le voir en sang, vêtements en lambeaux, défiguré par une brûlure à l’acide ou une morsure de scorpion.Il sortit de la salle de bains les cheveux rose fluo.— Ahhg, ahhhh, ne cessait-il de répéter.Il se vantait d’avoir un rencard avec une copine. Le rendez-vous galant tombait à l’eau. Il tenta par tous les moyens de se défaire de cette teinture, en vain. Sa mère dut même l’empêcher de se nettoyer à l’eau de javel.Clémence avait échangé les contenus du flacon : teinture contre shampoing !Il portait un bonnet en plein mois de juillet, ne se résignant pas à se raser la tête. « La Fraise Tagada te salue bien. »####Puis survint le drame. Lors d’un repas les deux grands enfants se faisaient face, se lançant des regards assassins, elle en rose dégueulis, lui avec son bonnet sur la tête.Les parents se désespéraient, ne sachant que faire pour les réconcilier. Clémence prit une bouchée de son entrée et sembla s’étouffer, elle recracha le morceau de pâte feuilletée et se mit à tousser. Elle se tenait la gorge, sa peau devenait rouge, ses lèvres bleuissaient et gonflaient, les yeux exorbités elle semblait ne plus rien voir.— Allergie, hurla son père.— À quoi, demanda Claire affolée.— Son adrénaline, vite, où l’a-t-elle flanquée, ragea Gaspard sans répondre.Damien partit ventre à terre vers les chambres. Claire téléphonait aux pompiers quand son fils revint quelques secondes plus tard avec des seringues qu’il tendit à Gaspard.Le père planta l’aiguille dans la cuisse de sa fille qui manquait de plus en plus d’air.Les pompiers arrivèrent et emmenèrent Clémence à l’hôpital, Gaspard l’accompagna.Claire les suivit en voiture, Damien s’installa à ses côtés.— Maman, je te jure que je n’y suis pour rien, je ne savais même pas qu’elle était allergique.Il semblait tellement désespéré qu’elle le crut. La gamine resta quelques heures en observation, puis comme elle dégonflait, elle put rejoindre les siens.Pour confirmer les dires de Damien, le toubib précisa qu’ils avaient analysé la garniture du feuilleté récupérée par les pompiers, elle contenait des traces d’arachide.####— L’un des deux va y laisser sa peau, ragea Gaspard.— Ça ne peut plus durer, même si je crois Damien quand il me dit qu’il n’y est pour rien, répondit Claire en pleurant.— Je suis désolé, nous allons devoir nous quitter.Claire pleura de plus belle, consciente que la situation devenait ingérable. Ils avaient donné une excuse bidon, faire quelques courses, pour pouvoir discuter tous deux tranquillement. Et en arriver à la conclusion qu’ils devaient se séparer.— Peut-être qu’un peu plus tard, ils seront plus réalistes, plus raisonnables.Gaspard disait ça sans réelle conviction.— Viens, rentrons, nous les avons laissés seuls, mais je ne suis qu’à moitié rassurée, j’espère qu’ils ne se sont pas en train de se faire la peau.Ils ne trouvèrent personne dans le séjour, ni dans le salon, ni dans la cuisine. Par contre, des bruits et des cris inquiétants retentissaient à l’étage.— S’ils s’entretuent, je les étripe s’exclama Gaspard en grimpant les marches quatre à quatre.####Clémence se reposait dans sa chambre. Elle se reposait et réfléchissait aux derniers événements. Elle devait la vie sauve à Damien, elle se rendait compte que leur guéguerre ne menait nulle part. Au contraire, leurs parents respectifs semblaient s’aimer, de quel droit pouvait-elle empêcher son père d’être heureux.D’autre part, Damien ne manquait ni de charme ni d’humour. Ils pouvaient au moins être amis au lieu de se déchirer. Ils étaient adultes, et en tant que tels ils devaient se montrer responsables. Elle devait faire le premier pas.Damien se rendit dans la salle de bain pour prendre une douche et se calmer un peu. Il venait de voir la jeune fille frôler la mort et se rendait compte que toutes les idioties qu’ils faisaient ne rimaient à rien.La terreur dans les yeux de Clémence, le désespoir de Gaspard qui voyait sa fille mourir, l’affolement de sa mère ; tout cela lui mit un peu de plomb dans la tête. Il fallait s’arrêter de suite, parce que, tout compte fait, elle n’était pas aussi chiante que ça, Clémence, au contraire même. À tout dire, pas désagréable à regarder, intelligente et marrante. Le poil à gratter dans le calbute, c’était une vachement bonne idée. Il lui fallait faire la paix et le premier pas.Clémence entendit Damien prendre sa douche. Elle entra en silence dans la salle de bain, vit le jeune homme en ombre chinoise derrière la paroi ; il resta bouche bée en la voyant pénétrer dans la cabine.Sa nuisette trempée qui lui collait au corps rendait la scène encore plus sensuelle et érotique que si elle se promenait nue.Aveuglé par la rancune et la jalousie, il se rendait seulement compte au bout d’un mois que cette nénette était ultra-canon. Ses seins pointaient droit sur lui, le tissu transparent dévoilait les tétons dans toute leur splendeur. La nuisette trempée adhérait partout à tel point qu’elle épousait parfaitement les formes des lèvres de sa minette pour dessiner le logo Volkswagen.La petite touffe noire lui apprit que ce n’était pas une vraie blonde, mais il s’en foutait. En un rien de temps son missile Tomahawk se dressait prêt à déclarer la guerre à n’importe quelle paire de fesses.Elle posa sa main sur le torse du jeune homme, en de longues arabesques descendit et vint empoigner Excalibur, le rendant encore plus dur par un lent va-et-vient qui le fit gémir.— Comment savais-tu que l’adrénaline se trouvait dans le tiroir de ma commode ?— J’ai fouillé ta chambre, je voulais te faire un sale tour.— Lequel, demanda-t-elle, intéressée, en se saisissant des précieuses.— Je voulais mettre des araignées dans tes petites culottes, gémit-il.— Et ?— Elles sont jolies, tes culottes, et je n’ai pas osé mettre les araignées. Au début, je croyais à de la dope, mais sur internet j’ai vu que ça soignait les allergies graves… en plus, j’ai peur des araignées.Clémence s’agenouilla et emboucha la trompette de Jéricho pour jouer un petit solo de sa composition. Quelques coups de langue autour du nœud et elle l’avala goulûment, presque à toucher la glotte.Les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, Damien se demandait s’il ne rêvait pas. Jamais une de ses conquêtes ne lui avait taillé une plume avec tant d’ardeur et de maestria. À sa façon de se tendre, de sentir le dard vibrer, elle savait qu’il n’allait pas tarder à larguer les amarres.Il agrippa la nuisette et lança son cri de guerre :— Allez, les bleus !Elle le garda en bouche, avalant tout au fur et à mesure des éruptions. Ses jambes se dérobèrent sous lui et il glissa le long du mur, un sourire béat aux lèvres tandis qu’elle suivait le mouvement, lui suçant la tétine jusqu’à ce qu’elle ramollisse.Il lui caressa le visage et l’embrassa comme un dément. Il lui restait bien un peu de liquide blanchâtre aux commissures des lèvres, mais il n’en avait rien à cirer, elle n’en était que plus désirable.— Pourquoi, interrogea-t-il en reprenant son souffle.— Tu m’as sauvé la vie, maintenant entre nous c’est à la vie à la mort.— Viens !— Une chance, je ne suis pas allergique à ton sperme.— Ça arrive vraiment, s’écria-t-il, épouvantifié.— Rarement, mais ça arrive.Ils traversèrent le couloir, flanquant de l’eau partout, elle se débarrassa de sa nuisette inutile quand il l’entraîna dans sa chambre.Ils s’allongèrent côte à côte sur le lit, s’embrassèrent, se caressèrent, il enfouit son visage entre les seins opulents, la faisant glousser et piailler quand il lui mordilla les fraises. Il explora la douce entaille d’un doigt délicat, Clémence écarta les jambes brusquement et d’un coup de pied, elle jeta au sol une rangée de livres qui s’écrasa sur le parquet avec grand bruit.Damien s’allongea sur elle, tandis qu’elle lui attrapait le légume d’amour et le présentait à l’entrée de son fourneau.Car Clémence s’échauffait de plus en plus, son petit trésor se transformait en hammam, chaud et humide. Elle cria de bonheur lorsqu’il investit les lieux. D’un coup de coude, il bazarda une étagère qui tomba dans un boucan de tous les diables.Clémence s’agrippait à son mec comme un bébé koala à sa maman, les bras autour du cou, les jambes autour de la taille. Il lui tenait le visage entre les mains et ils se dévoraient la bouche.Il lui flanquait de grands coups de boutoir, le lit craquait et heurtait le mur, elle rythmait ces perforations par des coups de talons dans les fesses, l’incitant à la fouiller encore plus. Ils grognaient tous deux comme des bêtes furieuses, le bassin de la jeune femme se soulevait et venait à la rencontre du pieu qui la perforait.Un râle puissant émana de leur gorge lorsqu’ils atteignirent le point sublime.C’est à cet instant que les parents entrèrent sans frapper, s’attendant à trouver un bain de sang. Ils se regardèrent tous quatre pendant de très longues secondes sans dire un mot – lors de ces instants, les secondes sont toujours très, très longues.Un moment hors du temps, un moment où l’on voudrait se trouver ailleurs, on ne sait pas où, mais autre part.Les premiers à sortir de la stupéfiction furent les jeunes.— C’n’est pas ce que vous croyez.— Il ne s’est rien passé !Claire eut une crise de fou rire nerveux. Gaspard s’apprêtait à pousser une gueulante quand un geste de Damien le stoppa net.Le jeune homme ramena un drap sur le corps de sa compagne, pour la protéger, geste inconscient, mais ô combien révélateur.— Je vais aller prendre un verre, venez nous rejoindre quand vous aurez… fini. Faut qu’on parle, dit-il en fermant la porte, à moitié hébété.Les parents n’imaginent jamais leurs enfants pratiquer, même lorsqu’ils ont vingt ans. Pour eux ce sont toujours leurs bébés, des êtres asexués et angéliques. Enfin… presque.~oOo~Assis côte à côte, Damien et Clémence admiraient le plancher tandis que le père ronchonnait.— Avec vous c’est tout ou rien, z’êtes fatigants, très fatigants !— Vous vous êtes protégés au moins, s’inquiéta la mère.Deux hochements de têtes négatifs répondirent.— Mais ils sont trop cons, rugit le paternel.— On n’y a pas pensé.— Je suis trop vieux pour toutes ces conneries.Claire posa la question :— Et… c’est sérieux entre vous ?Pour toute réponse ils s’agrippèrent la main et se regardèrent avec des yeux de merlans frits.— Et dire que nous voulions nous séparer pour éviter qu’ils ne s’étripent.— Bande de petits cons, conclut Gaspard en souriant dans sa barbe.Après un repas où Gaspard abusa un peu de la bouteille pour se remettre de ses émotions et fêter l’évènement tout le monde partit se rouler dans les torchons.— Qu’est-ce qu’ils foutent encore, hurla Gaspard alors qu’il venait de se mettre au plumard.Dans le couloir les deux gamins transportaient un lit d’une chambre à l’autre.— Deux lits de quatre-vingt-dix, ça fera comme un grand lit, on sera mieux, dirent-ils en guise d’excuse.Le pauvre père secoua la tête en se lamentant :— Ils sont encore plus chiants quand ils sont amoureux que quand ils se foutent sur la tronche !####Blottis l’un contre l’autre, Clémence et Damien dormaient comme des anges quand un hurlement de loup enragé retentit.Les deux tourtereaux se réveillèrent en sursaut.La jeune fille se faufila sous la couette en disant :— Planque-moi viiite !— Qu’est-ce que tu as fait ?— Ben, c’était avant, je te préparais une entourloupe et j’ai oublié de jeter le machin, mais tant pis pour lui, mon père n’avait pas à prendre ton flacon.— Un flacon de quoi ?— J’ai remplacé ton shampoing par de la crème dépilatoire.