Le 30 juin 2015 fut pour Philippe Guérin un jour de bonheur et de malheur. Sa fille Sophie venait de naître alors que sa femme venait de mourir. Émeline et lui avaient longtemps hésité à faire un enfant. La santé plus que fragile de sa femme lui avait fait reculer ce projet plusieurs fois. Mais elle avait tellement insisté, pendant de longs mois et de longues années. Il avait cédé. Ils furent fous de joie en apprenant qu’elle était enceinte. Il fut très fier de savoir qu’il allait avoir une fille.Le médecin qui suivait sa femme depuis longtemps les avait mis en garde. Les parents d’Émeline aussi étaient contre ce projet. Mais tout le monde s’était mis à croire que tout se passerait pour le mieux. Ce ne fut pas complètement faux, la grossesse se passa très bien, épargnant même à la future maman ses problèmes habituels. Le bébé prévu pour fin juillet décida que fin juin était une bonne date pour naître. Et la petite Sophie fut très pressée d’arriver.Ils eurent tout juste le temps d’arriver à la clinique et d’être admis en salle de travail qu’elle pointait déjà la tête. Pas le temps pour une péridurale, pas le temps pour une césarienne comme c’était prévu au départ. Il fallait accoucher par voie normale. Émeline poussa et se débrouilla très bien sous les encouragements de son mari et des sages-femmes. Sophie naquit ainsi et eut le temps d’être déposée quelques instants sur le ventre de sa mère. Émeline souriait malgré la fatigue, elle était follement heureuse. Jusqu’à ce que ses constantes chutent brutalement. L’obstétricien fut appelé en urgence. Ils cherchèrent tous l’hémorragie qui visiblement avait eu lieu. Ils cherchèrent au niveau de son utérus et à côté. Ils étaient loin du compte. L’effort fourni par Émeline avait causé une déchirure au niveau de son aorte, tout près du cœur. Le trou béant laissa s’échapper le sang et la vie de la femme de Philippe.Les parents d’Émeline ne purent le supporter, ils rompirent les ponts avec lui, ne voulant jamais voir Sophie. Philippe n’en voulait pas à ceux-ci ni aux médecins qui les avaient prévenus et qui avaient tout mis en œuvre pour la sauver. Ses propres parents habitaient au fin fond de la Creuse. Ils vinrent l’aider pendant quelque temps, tout juillet. Mais ils avaient leur propre vie à mener, ils étaient repartis. Philippe put retourner à son travail. Il était expert dans les logiciels d’analyse d’imagerie médicale. Il était souvent en déplacement dans toute la France, mais il avait demandé à rester sur Paris pendant quelque temps.Son travail l’obligeait souvent à partir très tôt ou rentrer très tard, selon les urgences. Il avait contacté la nounou qu’avait eue Émeline lorsqu’elle était enfant. Gisèle voulait bien prendre la petite Sophie, mais elle lui dit qu’il lui fallait plutôt une garde à domicile. Réveiller très tôt Sophie pour l’emmener chez Gisèle et la réveiller très tard pour la ramener à l’appartement n’était pas très bon pour elle. Et Gisèle était proche de la retraite. Néanmoins, elle connaissait une jeune femme qui cherchait un emploi de ce genre. Une jeune maman, qu’elle avait gardée aussi. Elle avait un fils du même âge que Sophie et cherchait un emploi pour s’occuper de lui quand même. Philippe accepta de la rencontrer. Il était un peu perdu, un peu fatigué. Il se laissa faire malgré des questions qui se posaient naturellement.* * *Émine se présenta à son domicile un samedi, accompagnée de son fils. Celui-ci dormait dans son landau, tandis que Sophie faisait de même dans sa chambre. Philippe détailla la jeune femme, elle avait tout juste vingt ans et elle était d’origine turque, même si elle était bien française, car née ici. Elle avait de beaux cheveux noirs et brillants, mais attachés en chignon informe et un joli visage, quoiqu’un peu marqué. Son allure de fille de la citée, jogging et tout, ne lui avait pas donné trop confiance de prime abord. Elle également était mal à l’aise avec son corps de jeune maman, lui sembla-t-il.Émine le détailla aussi. Son allure générale un peu guindée la rebuta au départ. Il avait trop l’air de ne pas être du même monde qu’elle. Et puis il avait trente ans, c’était un vieux pour elle. Mais sa voix était agréable à entendre. Il paraissait s’inquiéter pour l’avenir de sa fille. Elle tenta de le rassurer. Elle dut lui dire pourquoi elle cherchait ce poste. Son copain, qui lui avait fait cet enfant, était soudainement parti juste après la première échographie. Il avait prétendu ne pas être le père, lui faisant mauvaise réputation dans son quartier. Ses parents, au lieu de soutenir Émine, lui avaient reproché de faire honte à sa famille. Seule une association pour jeunes mères isolées l’avait aidée jusqu’à l’accouchement et depuis sa sortie de la maternité. Mais elle voulait être autonome et vivre par ses propres moyens.Philippe fut positivement impressionné par la volonté de la jeune femme. Il lui expliqua qu’il avait des horaires un peu compliqués et qu’il pouvait rentrer tard ou partir très tôt. Elle lui répondit que ce n’était pas un problème, elle vivait seule avec son fils. Personne ne l’attendait chez elle à part ses problèmes. À ce moment, Sophie se réveilla et pleura très fort. C’était l’heure du biberon. Philippe se leva et alla le préparer. Émine regarda où tout était rangé et comment il souhaitait qu’il soit préparé. Puis ils allèrent dans la chambre, Sophie hurlait comme la morte de faim qu’elle était. Il la prit dans ses bras et l’emmena dans le salon.Le temps de lui donner le biberon, Daniel fut réveillé par les pleurs de Sophie. Il pleura également. Philippe fut désolé d’avoir réveillé le garçon. Émine lui dit que c’était l’heure pour lui aussi de boire. Elle chercha dans son sac son biberon de lait maternel, mais elle l’avait oublié sur la table de son appartement. Elle était très embêtée par la situation. Philippe lui proposa de prendre ce dont elle avait besoin, biberon et poudre. Mais elle lui dit qu’elle donnait le sein. Elle avait tiré son lait avant de venir. Daniel pleurait de plus en plus fort. Philippe lui dit que si elle voulait il pouvait finir de donner le biberon de Sophie ailleurs le temps qu’elle donne le sein à son fils. Elle le remercia et accepta. Mais Sophie ne fut pas d’accord du tout, elle hurla à son tour dès qu’il voulut bouger. Émine lui dit alors qu’elle se tournerait de côté et qu’elle mettrait un lange sur sa poitrine. Il lui promit de ne pas regarder. Il s’y tint tant que Sophie resta tranquille. Mais elle voulut voir l’autre bébé qui était là. Cela lui fit tourner la tête, il vit Émine donner le sein à son enfant comme sa propre femme aurait pu le faire. Daniel bougea et tira le lange. Le sein d’Émine apparut à la vue de Philippe. Il détourna prestement le regard. Il rougit d’avoir été aussi faible.Émine rougit aussi. Elle était très gênée que son futur employeur lui voie un sein. Il aurait pu croire qu’elle l’avait fait exprès. Le lange était tombé au sol, elle n’arrivait pas à le récupérer. Dès qu’elle se penchait, Daniel criait, car il ne pouvait plus téter. Sophie finit son biberon la première. Philippe, avant de lui faire son rot, se pencha pour ramasser le lange. Il le tendit à Émine sans la regarder. Elle apprécia le respect pour sa pudeur dont il faisait preuve. Une fois les rots faits, les deux bébés se regardèrent un long moment. Puis ils se rendormirent. Après que Philippe et Émine eurent réglé quelques détails d’organisation, ils convinrent qu’Émine commencerait dès le lundi suivant.La première semaine se passa à merveille pour Philippe. Elle fut d’ailleurs tranquille au niveau horaire, on était en plein mois d’août. Cela permit à Émine et à lui de finaliser leur mode de fonctionnement. La semaine suivante, il finit tard plusieurs fois, devant prendre le relais de collègues en vacances. Quand il rentrait, Sophie dormait déjà dans sa chambre et Daniel aussi dans son landau, prêt à partir. Émine lui rappela plusieurs fois de racheter du lait en poudre pour Sophie. À chaque fois il oubliait. Résultat, le vendredi, Émine l’appela à son travail pour lui dire qu’il n’y avait plus assez de poudre pour finir la journée. Philippe promit de partir tôt et d’en acheter en chemin. Il tint parole, mais un incident voyageur bloqua son métro de longues minutes entre deux stations. Il envoya un message à Émine. Elle lui répondit que pour l’instant sa fille dormait. Il fut rassuré, mais espéra être débloqué avant l’heure de la tétée. Le redémarrage fut long et il tomba en rade de batterie. Impossible d’avoir des nouvelles de sa fille. Il se dépêcha d’acheter le lait en poudre au supermarché près de son appartement. Quand il entra chez lui, il n’y avait pas un bruit. Avec un peu de chance, Sophie dormait encore. Il déposa doucement ses affaires dans la cuisine et entra dans le salon.Émine ne l’avait pas entendu entrer. Elle avait mis ses écouteurs et lancé de la musique sur son portable. Daniel avait eu sa tétée et Sophie s’était réveillée. Elle avait hurlé comme une damnée. Elle avait fixé Émine et Daniel en faisant des bruits de succion avec sa bouche. Et Philippe qui n’arrivait pas, et ne répondait plus à ses messages. Quand Daniel eut fini, elle prit Sophie dans ses bras pour la calmer. Mais le bébé chercha à téter le sein encore à l’air. Daniel l’avait vidé, elle ne risquait pas d’en tirer quoi que ce soit. Émine ne vit pas d’autre solution que de lui donner l’autre sein. Sophie eut du mal à téter le sein au début, mais elle y parvint, buvant avidement le lait de la jeune femme.Philippe trouva ainsi Émine donnant le sein à sa fille. Elle le vit non pas en colère ou quelque chose de ce genre. Non, il pleurait avec un sourire triste sur les lèvres. Elle rougit et cacha vite son sein en mettant un lange sur la tête de Sophie. Philippe ressortit en disant qu’il était désolé. Sophie finit de boire et fit son rot. Émine la plaça sur un tapis d’éveil à côté de Daniel et partit voir Philippe. Elle était très gênée et espérait qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle le trouva dans la cuisine, toujours en pleurs. Elle lui demanda si ça allait. Qu’elle était désolée et qu’elle ne le referait plus. Il dit que c’était de sa faute et qu’il n’y avait pas de problème. Il pleurait, car sa femme voulait allaiter. Alors voir Sophie téter le sein d’Émine l’avait fait craquer. Il sécha ses larmes et ils retournèrent dans le salon.Les deux enfants s’étaient endormis l’un contre l’autre. Sophie ne se réveilla pas de la nuit alors qu’elle avait toujours du mal à faire des nuits complètes. Par contre, Philippe rêva de la scène plusieurs fois. Il se morfondit le lendemain quand il se rêva à téter le sein d’Émine à la place de Sophie. Émine fit le même rêve pendant la nuit. Philippe tétait son sein à la place de son fils. La nuit du samedi et celle du dimanche furent de nouveau très compliquées pour Sophie. Philippe en fit part à Émine, il n’avait de toute façon pas grand monde à qui se confier. Ils étaient seuls tous les deux pour élever leurs enfants. Cela leur faisait du bien de confier leurs problèmes à quelqu’un. Émine comprit vite que le lait maternel avait été plus nourrissant pour Sophie. Elle murmura qu’elle pouvait peut-être lui donner le sein le soir avant de partir. Philippe refusa, il ne voulait pas priver Daniel du sein de sa mère. Elle lui répondit qu’elle en avait beaucoup, à tel point qu’elle en tirait en plus pour un lactarium. Il finit par accepter, sans s’avouer qu’une part de lui aurait aimé être à la place de sa fille. Émine avait aussi proposé cet arrangement sans réaliser consciemment que c’était pour qu’une partie de Philippe lui tète le sein.* * *Les semaines et mois suivants se passèrent sans encombre. Émine continua de donner le sein le soir à Sophie. Il arriva même que, pendant quelques jours, elle ne prît que ça, car elle fut malade. Philippe ne vit plus le sein d’Émine. Elle prenait soin de bien se cacher les rares fois où il rentra tôt. Et lui se forçait à ne pas regarder non plus. Sophie et Daniel grandissaient bien. Mais le petit Daniel avait du mal à faire ses nuits alors que Sophie n’avait plus de problème de ce côté-là.Fin novembre, Philippe rentra un peu plus tard que d’habitude. Émine l’attendait pour partir à son tour. Il s’excusa, mais elle lui dit qu’il n’y avait pas de problème. Alors qu’ils parlaient, la pluie fine et le léger vent se transformèrent en mini tempête. Émine reçut une notification sur son téléphone, le dernier bus de la soirée était annulé. Son appartement n’était qu’à deux arrêts, mais par ce temps, si elle sortait, elle se ferait tremper avec son fils. Philippe dut insister lourdement pour qu’elle accepte qu’il la raccompagne en voiture au pied de son immeuble. Ils descendirent au garage et installèrent les bouts de chou à l’arrière, dos à la route.Émine fut très gênée, cela faisait très famille : les deux parents devant et les enfants derrière. Philippe le vit et tenta de détendre l’atmosphère. Mais lui aussi était gêné. Arrivés devant l’immeuble, Émine descendit avec Daniel. Philippe prit Sophie et la poussette d’Émine, elle prenant Daniel dans son cosy et son sac à langes. Elle le remercia et lui demanda de simplement déposer la poussette dans l’ascenseur. Problème supplémentaire, celui-ci était, encore une fois, en panne. Philippe s’avisa que dans le hall quatre jeunes les regardaient méchamment. L’entrée de l’immeuble était abîmée, défraîchie. L’ascenseur devait en voir des vertes et des pas mûres. Elle voulut tout monter toute seule, mais encore une fois Philippe la força à accepter son aide. Ils montèrent donc au cinquième étage par un escalier couvert de tags.Émine stressait de montrer à Philippe dans quel endroit elle vivait. Qu’allait-il penser d’elle ? et de son petit studio ridicule ? Elle ouvrit et regarda partout pour voir s’il n’y avait rien de honteux comme des culottes sales ou quelque chose comme ça. Philippe la complimenta sur la propreté et l’aménagement du studio. Il avait bien vu la crainte d’Émine de le faire monter. Et il fut très agréablement surpris par la façon dont elle se débrouillait pour faire de ce studio un nid douillet pour elle et son fils. Émine rougit et le remercia. Philippe repartit avec Sophie quelques instants plus tard, mais il comprit pourquoi Daniel avait du mal à faire ses nuits. Des bruits, des cris, de la musique se faisaient entendre d’un peu partout autour d’eux.Noël approchait, Philippe chercha un cadeau pour sa fille. Il prit également un petit truc pour Daniel. Il ne voulait pas prendre un jouet trop cher alors qu’Émine aurait peut-être du mal à en acheter un elle-même. Il chercha aussi un cadeau pour elle, Sophie et Daniel quittaient son sein, elle l’avait donné sans que ce soit prévu au départ, simplement par gentillesse et attention envers Sophie. Il choisit pour elle un appareil pour faire du step. Il en avait aperçu un à moitié cassé chez elle.Quelques jours avant de prendre des congés, le chef de Philippe le convoqua. Il lui demandait de reprendre les déplacements en France sur plusieurs jours. Philippe lui rappela sa situation. Son chef en avait conscience, mais la société ne pouvait se passer plus longtemps de son expertise. Du coup, il avait vu avec la direction et la RH, il serait possible de prendre en charge, en tant que frais de déplacement, le coût d’une personne à domicile pour garder sa fille.Avant de partir dans sa famille en Creuse, Philippe fit les cadeaux à Émine et Daniel. Elle fut très émue. Elle avait aussi pensé à un jouet pour Sophie. Elle lui avait pris la girafe du même nom. Elle avait pris aussi une cravate pour Philippe, une pas cher, mais il fut très touché par ce geste. Du coup, il eut des remords à lui demander si elle pouvait coucher ici de temps en temps quand il serait en déplacement. Il proposa éventuellement que Sophie dorme chez elle. Mais elle refusa, car ce n’était pas adapté. Elle préférait venir ici. D’un côté elle vivait seule avec Daniel et de l’autre elle obtiendrait plus de moyens pour changer d’appartement. Elle lui demanda seulement de prévoir un bon lit pour Daniel et de pouvoir laisser quelques affaires pour elle et son fils. Philippe la remercia, ils se firent la bise pour la première fois pour fêter Noël, leur accord, leurs enfants.Le premier déplacement fin janvier de Philippe fut une épreuve pour lui. Il envoyait tout le temps des messages et appelait plusieurs fois par jour. En rentrant, sa fille ne lui fit pas la tête. Il fut soulagé que cela se soit bien passé. Il remercia chaleureusement Émine. Elle lui dit que c’était bien normal, qu’elle aurait souhaité ça pour son fils. Puis Philippe eut deux autres déplacements qui se passèrent tout aussi bien. Au troisième il rentra beaucoup plus tard à cause des conditions météo. Il avertit Émine qu’il n’arriverait pas avant 21 h. En fait il n’arriva que vers 23 h. Daniel dormait profondément, Philippe était très embêté de laisser Émine repartir si tard et réveiller Daniel. Il déploya pour elle le canapé convertible. Quand il n’était pas là, elle dormait dans son lit. Le canapé n’était pas vraiment fait pour dormir plusieurs nuits dedans.Au matin, il fut étonné de la voir sans son sempiternel jogging. Elle portait un débardeur à fines bretelles et une sorte de caleçon pour dormir. Les deux enfants s’étaient mis à pleurer en même temps. Ils s’étaient donc retrouvés dans la chambre de Sophie. Émine découvrit pour la première Philippe autrement qu’en costume, comme elle, il portait un caleçon pour dormir, accompagné d’un simple t-shirt. Quand ils prirent leurs enfants dans leurs bras, Émine s’aperçut que le caleçon de Philippe bâillait un peu. En plus il devait avoir une érection matinale, comme en avait son copain avant. Elle entraperçut le sexe de son employeur. Elle eut chaud tout à coup, elle sentit aussi ses tétons se dresser. Elle pria pour qu’il ne s’en rende pas compte. Philippe vit les tétons pointer sous le débardeur de son employée. Il sentit son sexe s’agiter un peu. Il savait que ce caleçon avait tendance à bâiller un peu. Il pria pour qu’elle ne voie rien de ce début d’érection.Ils donnèrent ensuite un biberon à chacun des enfants et prirent le petit-déjeuner ensemble. Philippe devint maussade, sa femme lui manquait. Ils aimaient tous les deux prendre le temps le matin, parler, rire, faire des projets. Émine vit sa tristesse et fut aussi touchée que lui. Elle aussi avait fait des projets avec son copain avant qu’il ne parte. Elle aussi aurait aimé en faire de nouveaux. Émine partit se préparer pour rentrer chez elle. Pendant qu’elle était dans la salle de bain, Daniel se frappa lui-même avec un jouet, il pleura fort. Philipe vint le voir et lui fit un câlin pour le consoler. Émine sortit à ce moment-là. Elle fut troublée de voir Daniel aussi bien dans les bras d’un homme, lui qui n’avait connu que des bras maternels. Elle remercia Philippe, prit Daniel et le prépara pour partir.* * *D’autres déplacements eurent encore lieu, deux fois au moins Émine dormit sur le canapé convertible à cause de problèmes d’avion ou de train pour Philippe. Émine ne revit pas le sexe de Philippe, même si sans s’en rendre compte elle jeta un œil les deux matins où ils furent là tous les deux. Philippe cherchait à voir les seins d’Émine de la même façon et sans succès.Fin mai, il faisait chaud et il y eut une soudaine grève de train suite à une agression d’un contrôleur le vendredi où Philippe devait rentrer. Philippe prévint Émine qu’il allait être bloqué à Lyon. Elle lui répondit qu’il n’y avait pas de problème. Puis finalement, une annonce aux haut-parleurs indiqua qu’un train allait partir pour Massy, ce n’était pas sa destination, mais avec un taxi il pouvait rejoindre son domicile facilement. Il sauta dans ce train inespéré, il attendit qu’il parte, avec trente minutes de retard sur l’annonce, pour prévenir Émine que finalement il pouvait rentrer, mais qu’il arriverait très tard. Il n’en pouvait plus de cette journée et de ce déplacement qui avait été compliqué. En plus, avec cette chaleur qui l’accablait, il somnola dans le train. Il fut tout juste réveillé par l’annonce de l’arrivée en gare de Massy. Le train était blindé, tout le monde se précipita vers les taxis. Il dut attendre un long moment avant d’en trouver un. Celui-ci l’amena au pied de son immeuble, Philippe le paya et rentra chez lui. Devant la porte de son appartement, il se dit que tout le monde devait dormir. Il enleva ses chaussures et entra doucement.Il alluma juste dans la cuisine pour y déposer ses affaires. Émine devait dormir dans le salon sur le canapé convertible. D’habitude, il prenait son temps avant de se coucher, mais là il en avait trop marre. Avec la lumière de son téléphone, il alla dans la salle de bain, il s’y déshabilla, mais il ne trouva pas ses affaires pour dormir. Elles étaient dans la valise dans la cuisine. Tant pis, il dormirait en caleçon, de toute façon il faisait chaud et il n’avait plus le courage de rien faire. Il se brossa les dents et sortit de la salle de bain. Toujours éclairé par son téléphone, il alla dans sa chambre et se glissa sous la couette. Il ne lui fallut que quelques instants pour s’endormir.Au petit matin, Émine se mit à rêver d’être à nouveau une femme et pas seulement la mère de son fils. Elle rêva qu’elle pouvait de nouveau se blottir contre le corps d’un homme pour se réchauffer. Elle redécouvrit même le désir de faire l’amour avec un homme. Sentir un sexe dans le sien, le toucher, le sentir gonfler de désir pour elle. Elle s’imagina un homme, doux, attentionné, mature comme pouvait l’être Philippe.Philippe rêva aussi de sa femme, quand il pouvait poser sa main sur un sein ou une fesse pour s’endormir ou se réveiller à ce contact. L’image passa subtilement d’Émeline, sa femme, vers celle d’Émine. Elles avaient la même taille, presque le même nom, un joli visage. Il s’imagina que l’une des deux le masturbait de sa petite et douce main tandis que lui caressait un de ses seins.La sensation trop réelle les réveilla tous les deux. Émine et Philippe étaient dans le même lit ! Il ne s’en était pas aperçu la veille, mais son message n’était pas parti. Et la nuit, trop fatigué, il n’avait pas fait attention à la forme qui dormait d’un côté du lit. Quant à Émine, elle dormait trop profondément pour se rendre compte que quelqu’un rentrait dans le lit. Elle s’était collée contre lui, une main sur son torse avant que celle-ci ne descende plus bas. Elle se redressa soudainement la main toujours sur le sexe bandé de Philippe. Malgré l’étonnement, lui n’avait pas lâché le sein qu’il était en train de pétrir. Grâce à la lumière qui filtrait des volets, il put le voir, car il était sorti du débardeur d’Émine. Il était aussi beau que dans son souvenir. Ils se fixèrent les yeux dans les yeux. Émine sentait son sexe s’humidifier malgré elle. Philippe sentait le sien palpiter d’envie. Pour tous les deux, cela faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient plus fait l’amour. Tellement longtemps…Imperceptiblement ils recommencèrent les caresses sur le sexe ou le sein qu’ils tenaient en main. Philippe voulut parler, mais Émine lui posa un doigt sur la bouche pour le faire taire. Elle descendit l’autre bretelle dévoilant son deuxième sein. Philippe reçut le message, il le caressa également et vint même y coller sa bouche pour le téter. Émine ne resta pas inactive. Elle accentua sa masturbation sur le sexe de Philippe, sa queue lui emplissait bien la main. Un peu plus que son ancien copain, mais sans être gigantesque. Elle gémit sous le bien-être que lui procurait Philippe avec ses mains et sa bouche sur ses seins. L’homme cessa de téter Émine et la regarda prendre du plaisir ; sa bouche légèrement entrouverte l’appelait. Il se décida et vint poser ses lèvres sur les siennes. Elle faillit se dérober, mais succomba à son propre manque de contact charnel. Ils échangèrent un long et profond baiser.Émine était maintenant grimpée à califourchon sur Philippe. Son sexe frottait contre celui de son employeur. Émine n’y tenait plus, elle fit glisser sur le côté le caleçon qui lui servait à dormir. Elle positionna à l’entrée de son vagin le gland de Philippe puis s’arrêta. Lui aussi, il hésitait à franchir le pas. Sans qu’aucun des deux ne le veuille consciemment, leurs deux sexes fusionnèrent. Émine gémit doucement, heureuse de sentir son antre de nouveau empli d’un membre masculin. Philippe grogna doucement de sentir sa hampe enferrée dans un sexe féminin. Ils bougèrent tous les deux pour faire aller et venir leurs sexes l’un dans l’autre. Émine cacha son visage dans le cou de Philippe. Rapidement leurs abstinences les rattrapèrent, ils jouirent tous les deux au bout d’une toute petite minute. Philippe se libéra silencieusement dans le vagin de la jeune turque, il se contenta de crisper ses doigts sur les fesses de la jeune femme. Émine feula doucement et longtemps puis elle se pelotonna contre lui. Il l’enlaça, sentir son corps chaud et doux contre le sien le rassura, mais le rendit triste. Qu’allait-elle penser de lui ? Il se maudit d’avoir abusé de sa position d’employeur. Elle pouvait lui en vouloir et cesser d’être là pour Sophie. C’était ce qui le rendait le plus triste.De son côté, Émine avait honte d’avoir succombé à ses pulsions. Allait-il penser qu’elle voulait profiter de la situation ? Lui soutirer de l’argent ? Il pouvait rompre le contrat également. Elle perdrait un travail vital pour elle. Elle ne verrait plus la petite Sophie. Son fils Daniel ne verrait plus Philippe non plus, car cette présence masculine, qui le prenait dans les bras de temps en temps lui faisait beaucoup de bien. Elle lui dit qu’elle était désolée, qu’elle n’aurait jamais dû faire cela. Il la stoppa et lui dit que c’était de sa faute. Qu’il regrettait d’avoir fait cela. Ils se supplièrent mutuellement d’oublier ce faux pas malheureux. Ils se le promirent pensant rassurer l’autre sur leurs intentions. Mais au fond, tout au fond, bien caché, ils ne le regrettaient pas une seconde. Émine se leva et partit à la salle de bain. Pendant que l’eau coulait, les enfants se réveillèrent, Philippe alla préparer les biberons et prit les enfants dans leurs lits. Ils ne pleuraient pas, ils babillaient entre eux. Émine le retrouva, Sophie et Daniel de part et d’autre de lui sur le canapé. Il lui laissa la place sans que cela ne trouble les deux bambins.* * *Ils reprirent une vie normale. Autant qu’ils pouvaient la faire revenir à la normale. Comme l’anniversaire de Sophie approchait, Philippe voulut organiser une mini fête. Il ne serait en congés que deux semaines après, où il pourrait le fêter avec les grands-parents de Sophie. En attendant, il ne savait quoi faire. Il se rappela que Daniel devait avoir un anniversaire proche de celui de Sophie. Il proposa à Émine de fêter ensemble, entre solitaires, les anniversaires des enfants. Ils s’aperçurent à ce moment-là que Sophie et Daniel étaient nés le même jour dans la même clinique. Gisèle avait préparé tous les papiers pour eux, ils n’avaient eu qu’à signer. Émine se rappela alors que pendant qu’une sage-femme l’encourageait à faire naître son fils, des bruits, des murmures alarmés courraient dans les couloirs. Une maman allait très mal dans la salle d’accouchement n°2. Philippe lui révéla que c’était dans celle-ci qu’ils étaient. Daniel était donc né quelques minutes après ce drame. Tous les deux s’étaient donc retrouvés avec un nouveau-né dans les bras, mais seuls sur Terre.Ces souvenirs douloureux les firent pleurer tous les deux. Ils se prirent dans les bras, leurs solitudes avaient besoin de réconfort. Ils sentirent soudain qu’on leur enlaçait les jambes. Sophie et Daniel s’étaient mis debout seuls et avaient marché vers eux. Daniel serrait la jambe de Philippe et Sophie celle d’Émine. Ils les regardaient d’un air de dire : nous sommes là il ne faut pas pleurer. Ils se retrouvèrent chez Philippe un samedi midi. Ils mangèrent ensemble et soufflèrent les bougies sur les gâteaux. Daniel et Sophie eurent des cadeaux qui eurent beaucoup moins de succès que les papiers et les boîtes.Ils partirent après la sieste des enfants à une piscine en plein air pas très loin. Philippe découvrit le corps de la jeune femme pour la première fois. Oui, ils avaient fait l’amour dans la pénombre. Il l’avait vu quelques fois le matin dans un caleçon large et informe. Là, elle était en maillot de bain. Il la sentit mal à l’aise et gênée par son corps de jeune maman. Il la complimenta pourtant. Il la trouvait belle et attirante. Oui, elle avait encore de la cellulite sur les cuisses et un ventre encore un peu rebondi. Philippe avait choisi ses mots pour ne pas paraître attiré par elle. Ils se devaient de respecter leur promesse de reprendre une vie normale. Elle le remercia et se détendit quelque peu. Elle éprouva beaucoup plus de reconnaissance qu’elle ne le laissa paraître. Il avait utilisé des mots simples et dénués de sous-entendus. Mais cela avait touché son cœur quand même.Ils passèrent un très bon après-midi et les enfants s’endormirent sur le chemin du retour. Ils se dirent à lundi et se séparèrent le cœur plus léger d’être moins seuls. Les deux semaines suivantes, Philippe fut impatient de partir et de se ressourcer un peu chez ses parents. Sophie était toute contente de les voir. Ils habitaient loin, mais venaient régulièrement croisant parfois Émine. Elle les connaissait bien. Sophie eut du mal à comprendre que Daniel et Émine ne viennent pas. Ceux-ci allaient rester ici pour l’été, mais pas seuls. Les parents d’Émine reprenaient doucement le contact avec elle, enfin surtout sa mère. Les premiers jours des vacances, Sophie et Daniel pleurèrent beaucoup de ne plus se voir tous les jours ou presque. Il fallut se téléphoner en appel vidéo pour les calmer.