Dans cette histoire, comme dans la vie réelle, il existe autant de faits véritables que de faits fantasmés. Qui sait ce qui a été vécu et ce qui a été imaginé ? Peu importe, bien souvent, la réalité nous réserve des situations bien plus étonnantes et bien plus cocasses que la fiction elle-même.L’histoire commence à la fin des années 80. Après une faillite d’entreprise, les parents de Éva décident de commencer une nouvelle vie dans un petit village de pêcheurs. Éva et sa sœur sont inscrites dans l’école locale et c’est ainsi qu’elle fait la connaissance d’Istvan. Istvan et Éva s’entendent bien, même si la hardiesse verbale d’Istvan déstabilise parfois Éva, notamment ses blagues les plus licencieuses. Il en sait des choses à dix ans !À la fin de la dernière année de primaire, les enfants se séparent sans savoir qu’ils ne se retrouveront que vingt-cinq ans plus tard, à l’occasion d’une régate.Ce jour-là, lorsqu’elle l’aperçoit, Éva reconnaît instantanément Istvan et sait aussitôt qu’elle ne doit surtout pas s’approcher de cet homme si elle ne veut pas nuire à son mariage ni à sa famille. Il n’est évidemment plus l’enfant qu’elle connaissait et, à sa seule vue, une vague de désir inonde immédiatement son bas-ventre. Elle se sait guidée par ses instincts et ses émotions. Elle sait aussi qu’elle aurait du mal à résister à la tentation : il a une telle prestance. Il ne l’a pas vue. Elle se dit que c’est mieux ainsi…Mais quelques mois plus tard, ils se retrouvent à la sortie de l’école, leurs enfants sont scolarisés au même endroit ! S’ensuit un jeu de séduction et de cache-cache. Tous deux sont mariés et veulent préserver leur mariage et leur cellule familiale, mais chacun aime ne serait-ce qu’apercevoir l’autre.Les années passent, ils aiment discuter de temps à autre à la sortie de l’école et commencent doucement à se rapprocher. Chacun de leurs regards laisse transparaître ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Éva le désire ardemment : Istvan est athlétique, intelligent, cultivé et très intéressant. Et cette fois, ses blagues licencieuses trouvent un tout autre écho : elle en rit sincèrement et se demande aussi si elles ne seraient pas porteuses d’un message… Toutefois, le premier confinement les sépare. Pour ne pas rester sans nouvelle de lui, Éva entreprend de lui fournir du matériel pédagogique pour ses enfants. Chaque semaine, elle lui écrit à cette fin et se risque même à terminer ses e-mails par un « Je t’embrasse » pour lui signifier son affection ; elle aimerait tant pouvoir lui en montrer plus !Ce confinement de deux mois lui révèle une chose : il lui manque et elle se rend compte que ce sentiment n’est absolument pas anodin, étant mariée. Elle essaie de combattre ce qu’elle ressent, mais elle sait déjà que la lutte est vaine. Elle le sait au plus profond d’elle-même, elle se connaît très bien.À la fin du confinement, tous les prétextes sont bons pour faire la fête. Les parents d’élèves de l’école organisent un pique-nique géant sur la plage… on en profite aussi pour fêter les anniversaires que l’on a pu que souhaiter sur Zoom.Istvan fête le sien, Éva l’a appris, alors elle a acheté un petit cadeau : un t-shirt… Istvan ouvre ses paquets ; il parle fort, il commente chaque cadeau. Arrive le paquet d’Éva, il n’hésite pas une seconde, il défait sa chemise suffisamment lentement pour que Éva puisse apprécier, il aime se montrer à elle. Il lui envoie un baiser de la main tout en plaisantant sur le COVID.Quelques jours après, Éva envoie sur le groupe de l’école un avis de recherche : « Ma fille a perdu une figurine sur la plage… elle est désespérée… quelqu’un l’a-t-il retrouvée ? »Le hasard (y en a-t-il vraiment ?) fait que c’est Istvan qui l’a ramassée ! Il n’hésite pas une seconde et lui propose de la lui apporter si elle lui donne son adresse, ce qu’elle fait instantanément.Il lui dit qu’il a le temps de passer dans la matinée. Elle lui assure qu’une bière fraîche l’attendra. Alors il enfourche son vélo et file chez elle. À son arrivée, il se penche vers elle pour lui faire la bise. Malgré les injonctions gouvernementales et médiatiques sur le virus, elle ne recule pas. Il prend ça comme une petite victoire.Elle le fait entrer, il la déshabille du regard… Sa robe d’été noire près du corps épouse parfaitement ses formes et il admire ses fesses. Elle lui tend une bière et maintenant il peut voir que ses seins ne sont retenus par aucun soutien-gorge et que ses tétons pointent joliment à travers le tissu. Il lui tend la figurine, elle le remercie. En la saisissant, leurs doigts s’effleurent, il essaie de prolonger le contact pour lui montrer son intérêt, mais pas trop tout de même, il ne voudrait pas effaroucher la belle.Les vacances arrivent et il lui propose un après-midi à la plage. Les enfants s’entendent bien et le prétexte est tout trouvé. L’après-midi passé ensemble est très beau et très joyeux. Chacun peut s’imaginer en train de déshabiller l’autre sans fausse pudeur, mais tout reste sous contrôle, rien n’est affiché. Istvan possède ce sens de l’humour qui lui permet de dire ce qu’il pense vraiment au détour d’une blague et avec beaucoup d’esprit ! Il sème le doute chez elle, cependant Éva a assez peu confiance en elle et elle se dit que ce n’est peut-être que de la plaisanterie, elle ne veut surtout pas oser y croire. Elle n’est d’ailleurs pas certaine d’être à son goût, elle trouve qu’elle a quelques kilos de trop, mais elle a très envie de le revoir.Elle propose cette fois d’aller faire du bateau. Elle en a déjà discuté avec une très bonne amie, elle sait que plus rien ne pourra la retenir, son destin est maintenant entre les mains d’Istvan…S’il témoigne de l’intérêt, elle lui montrera nettement le sien. Mais elle refuse de s’emballer : un après-midi de plus avec lui est déjà une perspective formidable !Lorsqu’ils se retrouvent sur le quai, leur posture a changé. Le dialogue des corps est nettement plus engagé. À une époque où plus personne n’ose la bise, ils s’embrassent audacieusement en effleurant chacun une partie du corps de l’autre. Ça y est, ils savent tous deux qu’ils ont très envie de flirter. Alors qu’ils sont chacun dans une embarcation différente, Istvan propose de rentrer en accrochant les bateaux. Les enfants sont devant et, pour que les bateaux avancent de concert, il faut que les adultes passent chacun leur main dans l’autre bateau. Ce faisant, il effleure le mollet de Éva…Le signe qu’elle attendait tant ! En retour, elle presse son mollet contre sa main, les longs doigts d’Istvan demeurent posés contre sa jambe, puis il les déplace progressivement pour que sa main soit à l’intérieur de sa cuisse ; ils n’ont maintenant plus aucun doute sur le chemin qu’ils prendront.Plus rien ne pourra s’interposer… mais pas tout de suite, les enfants sont avec eux… Ils n’auront plus qu’à attendre le bon moment pour se retrouver, parce que, finalement, une relation clandestine ne s’improvise pas.Pendant cette période, leurs échanges écrits sont riches et prometteurs. Ils se trouvent en commun, le même goût pour le beau verbe, l’eau et les plaisirs aquatiques. Elle découvre qu’Istvan a également le goût de la transgression et un attrait prononcé pour l’amour physique. Istvan lui envoie rapidement des messages osés et des photos suggestives, mais tout se fait très naturellement, avec une étonnante confiance ainsi qu’une grande complicité. Ils connaissent déjà leurs corps respectifs avant même de se retrouver.D’ailleurs, comment se retrouver ? Éva se délecte de cette relation épistolaire, mais ne sait pas encore ce dont elle est capable ni qui elle est, intrinsèquement. En revanche, ce dont elle est certaine, c’est qu’elle a envie de le suivre dans toutes ses envies, tous ses plaisirs et besoins d’expériences. Éva est déjà conquise. Tous les fantasmes d’Istvan constitueront autant de défis à relever, tous ses mots seront mémorisés. Elle veut lui plaire, le satisfaire et être à la hauteur de ses attentes, de son imaginaire et de son appétit qu’elle subodore aussi immense que sa stature. Car elle le trouve magnifique, magnifique au sens héroïque et romantique du terme. Mais surtout, elle a envie de vivre tout ce qu’elle pourra vivre avec lui. Elle sait que leur histoire ne pourra être qu’éphémère, mais elle sait aussi d’avance qu’elle l’aimera dans tous ses états et que c’est avec lui qu’elle a envie de vibrer et de découvrir l’amour sous toutes ses formes, quel que soit le temps qui leur est accordé.Alors, pendant une dizaine de jours, ou plutôt de nuits, ils entretiennent une correspondance enflammée. Ils attendent chaque soirée avec impatience pour se retrouver et faire monter la température. Chacun envoie à l’autre des photos et vidéos exposant son corps et son avidité physique, mais ils se font également part de leurs fantasmes et de leurs attentes. Éva découvre le plaisir de capturer son image et de présenter ses atours sous le plus bel angle pour la seule jouissance visuelle et sensuelle de son amant en devenir.Elle retrouve une libido qu’elle croyait perdue et s’étonne de prendre autant de plaisir à recevoir des vidéos d’Istvan qui se caresse, sans aucune gêne ni retenue, devant l’objectif. Elle aime son corps et la forte masculinité qu’il dégage. Cet homme-là, se dit-elle, ne peut être qu’un étalon. Elle voit également en lui un homme aussi passionné qu’elle peut l’être elle-même. Ils se découvrent chaque jour un peu plus, ils partagent leurs goûts musicaux (comme le feraient des ados), des anecdotes relatives à leur vie passée et tout cela avec beaucoup de légèreté. Car ils savent déjà qu’ils recherchent tous deux la légèreté qu’ils ne retrouvent pas dans leur vie quotidienne.Istvan évoque ses relations extra-conjugales passées. C’est un séducteur, mais un séducteur qui s’attache au bien-être de ses maîtresses, même s’il n’en tombe jamais amoureux. Éva a peu d’expérience avec les hommes, elle en a connu deux en presque vingt-cinq ans de vie de couple… Elle espère juste être à la hauteur, mais ils sont sur la même longueur d’onde : cette relation n’entachera aucunement leur vie de couple, puisque chacun attend de cette liaison un moment hors du temps, fait de plaisirs sexuels et de complicité intellectuelle.Leurs échanges nocturnes se terminent chaque fois dans une explosion des sens mutuelle et simultanée… Le délicieux plaisir solitaire est cette fois partagé, et de quelle manière !Cet homme réussit, uniquement par ses récits érotiques, à lui procurer un plaisir magistral.Éva a l’impression de se sentir enfin vivante. De vivre pleinement, tout simplement.La rencontre tant attendue a lieu un jour de septembre. Istvan s’est rendu seul chez le médecin, il propose donc à Éva de le rejoindre sur un parking peu fréquenté. Éva est impatiente de le retrouver, une impatience teintée d’appréhension : ils s’apprêtent à franchir le Rubicon, ce rendez-vous marque un point de non-retour… Qu’importe, Éva sait qu’elle a franchi ce seuil depuis la sortie en bateau. Elle est maintenant sur le parking, dans sa voiture. Elle a quelques craintes, cet homme qu’elle a tant espéré ne sera-t-il pas décevant ? Ne manquera-t-il pas la spontanéité d’une rencontre impromptue ? Ses baisers, son goût, sa façon de la toucher ne se révéleront-ils pas au-dessous de ses espoirs ? Car elle a de grandes espérances…Toutes ces questions s’évanouissent lorsqu’elle le voit arriver sur son vélo. Son cœur bat la chamade et sa gorge est nouée, plus aucun mot ne paraît vouloir sortir de sa bouche. Istvan est majestueux aux yeux de Éva et l’envie d’échanger ce premier baiser est aussi impérieuse chez les deux futurs amants. Ils s’échangent un immense sourire et s’embrassent aussitôt, Istvan n’a même pas eu le temps d’ôter son casque. Hmmm, qu’il est franc et savoureux, ce baiser… Vite, on s’engouffre dans la voiture, nous sommes en plein jour et l’on doit se garder de tout faux pas, il ne faut surtout pas être vus.