Premières constatations et premiers dérapages.
(Roman d’arrêts de bus en six épisodes) Résumé de l’épisode précédent Un cadavre, le visage affreusement mutilé et le corps à la Marylin très bien conservé, a été découvert dans le petit hameau de Mérissard (Cherchez pas sur google maps, ce village existe juste dans l’atlas de mon imagination). La gendarmerie enquête… Extraits du journal de Louise-Marie Nobert.Entrée du 8 juillet 2002.Quel week-end ! Andréa m’a dit, en cette fin de nuit, alors que nous roulions vers Genève, que j’étais enfin une vraie femme. Un moment plus tard, alors qu’il avait ses doigts dans ma chatte, il m’a avoué avec de l’émotion dans la voix qu’il n’avait jamais vu une salope comme moi. Il avait trouvé sa complice idéale. Il faut dire que je m’étais éclatée comme jamais. Depuis que nous étions ensemble, Andréa m’avait fait découvrir toutes les facettes de la sexualité. Fellation, sodomie jouissive, petits jeux SM et toujours avec au bout l’orgasme et même très souvent des orgasmes multiples. Il n’avait plus besoin d’avoir recours à des escorts. Notre relation, si elle n’était pas exclusive de son côté, restait duelle. Depuis plusieurs semaines, il me titillait pour que nous rencontrions un couple de ses amis. Au début j’ai été réticente. Pas par morale mais je craignais de ne pas être à la hauteur.Johannes, la quarantaine bien entamée, très élégant dans un smoking à la coupe impeccable s’est montré courtois mais réservé. Son épouse, Paolina, m’a traitée immédiatement comme une amie de longue date. Il existait une vraie complicité entre mon Andréa et ce couple. On aurait pu penser à un simple dîner entre amis si on oubliait que nous, les filles, étions très peu vêtues, à la limite de l’indécence. Mon divin marquis m’avait demandé de porter à même la peau une robe qui, sous certains angles, dévoilait totalement mon anatomie. Johannes a remarqué d’ailleurs que j’avais une cicatrice d’appendicite très élégante. Notre hôtesse, quant à elle, portait une tenue en apparence plus sage, une robe longue, mais en réalité plus érotique que la mienne : chacun de ses mouvements dénudait une partie de son corps, pour la recacher immédiatement, laissant le regard sur sa faim. Quelle poitrine, elle a ! Je me sentais ridicule avec mes deux citrons pressés.À la fin du repas délicieux et bien arrosé, notre hôte et mon homme se sont esquivés pour parler affaire. Paolina m’a pris par la main et m’a entraînée dans une pièce meublée uniquement de divans profonds et confortables, posés sur une moquette douillette. Aux murs, étaient affichées de très belles gravures érotiques qui montraient des enchevêtrements de corps masculins et féminins. Profitant de ma contemplation, son corps s’est collé au mien. Sa poitrine s’est écrasée contre mon dos. La pointe durcie de ses tétons s’est enfoncée dans ma chair. Ses mains ont empaumé mes seins à travers le frêle voilage de ma robe. Elle a pincé mes tétons entre ses doigts, les rapprochant l’un de l’autre tout en déposant mille baisers frissonnants au creux de ma nuque. Quand elle a vu l’effet produit par ses attouchements, sa main s’est glissée sous l’étoffe pour taquiner mon petit minou. Elle a ri de bon cœur quand elle a découvert dans quel état de moiteur, il se trouvait. Très vite, elle m’a retournée, s’est agenouillée, a plongé sa tête sous ma robe et sa bouche a remplacé ses doigtsUne langue de femme ! Une découverte pour moi ! C’était la toute première fois, qu’une femme me touchait, me léchait, me procurait du plaisir. Je n’ai pas les mots pour dire ce que ça a déclenché en moi. Ouragan ? Tempête ? Tornade ? J’exagère, mais elle a provoqué un sacré charivari. Jamais, je n’avais regardé une femme comme une partenaire possible. Jamais je n’avais ressenti aucun désir pour un corps féminin. Pire, lorsqu’Andréa, qui aimait qu’on baise, en regardant un porno, mettait une vidéo où apparaissaient des lesbiennes, ça ne m’excitait pas du tout. Mais Paolina ! Rien que de l’imaginer, nous imaginer, ma main se porte entre mes cuisses. La délicatesse de sa langue sur mon bouton tandis que ses doigts trottinaient sur mon ventre, du haut de mon pubis jusqu’à mes tétons. J’en ai encore la chair de poule en écrivant. Sa bouche est remontée. Je me suis débarrassée de ma robe pour lui faciliter la tâche. J’ai eu un premier orgasme quand, pour la première fois, nos bouches se sont rencontrées, quand sa poitrine a écrasé la mienne, quand ses mains ont cramponné mes fesses et plaqué nos monts l’un contre l’autre. Mon Dieu. Il faut…Mon petit journal, je t’ai abandonné quelques minutes mais je n’en pouvais plus. Il fallait que je me caresse. J’ai joui comme une folle en pensant à ce que nous avons fait, à ce qu’elle m’a fait. Andréa a raison : je suis devenue une vraie salope. Et ce crétin de Paul qui me trouvait frigide. Connard ! Je reprends mon récit, apaisée.Avant que nos hommes ne reviennent, nous avions partagé deux orgasmes. À leur retour, ils nous ont trouvées tête-bêche, avachies sur un des sofas, nous donnant mutuellement du plaisir.Ils se sont joints à nous et bientôt la scène que nous présentions aurait pu figurer parmi les gravures accrochées au mur. Comme j’étais la petite nouvelle, j’ai eu droit à un feu d’artifice. À un moment mon Andréa me sodomisait alors que je suçais Johannes et que Paolina me réjouissait le clitounet. Nous nous sommes aimés sous toutes les formes, je crois même qu’à un moment Johannes et Andréa se sont sucés. Après cette soirée de débauche, je ne serai jamais plus pareille. Pas parce que nous avions partouzé mais parce que j’avais découvert l’amour au féminin et que ça m’avait transporté sur des rivages insoupçonnés… **********Castagnette et Moitoux visitèrent la maison de fond en comble. Le sous-sol, une ancienne cave voûtée, transformée en garage, abritait une Citroën C2. La morte devait être maniaque : pas une once de poussière, chaque objet était à sa place. Cet ordre contrastait avec le chaos qu’ils avaient constaté dans les pièces à l’étage. Ils n’avaient pu jeter qu’un œil rapide dans le salon et la chambre car Électre les avaient virés mais tout y était sens dessus dessous.La porte qui donnait sur l’arrière de la maison n’était pas verrouillée. Elle ouvrait sur une petite cour proprette prolongée par un jardinet. La propriété était fermée par une haie de thuyas doublée d’un mur. Au bout d’une allée qui traversait le jardin, un vieux portail métallique fabriqué à partir d’un montant de lit, permettait d’accéder à un chemin piétonnier bien entretenu. Dépourvu de toute serrure, il s’ouvrait sans peine mais avec un couinement sinistre et ne protégeait guère la propriété sur une éventuelle intrusion.— L’assassin a dû emprunter ce chemin affirma Castagnette. Il faudra que Starsky et Hutch regardent ça de plus près.— Starsky et Hutch ?— Électre et Robin !Que le meurtrier ait emprunté ce chemin était une hypothèse envisageable mais pas une certitude. Élodie ne trouva rien à répliquer. Alors qu’ils remontaient les escaliers conduisant à l’appartement, ils croisèrent Fleur Demaville, la légiste. Moitoux, nouvelle venue, n’étant pas un public intéressant, la toubib resta sobrement dans son rôle.— Si vous voulez vraiment la voir, dépêchez-vous. Le « corbillard » ne devrait pas tarder et tes adjoints PTS ont commencé à faire des prélèvements.— Ok ! T’as du neuf ?— Non pas vraiment ! Pas d’autre trace de violence. Et si ça peut te consoler, la relation qu’elle a eue était consentie. Si j’en juge par les traces qu’elle avait sur et dans le corps, ils ont dû prendre leur pied tous les deux ! Lui c’est sûr !— Il l’emmène au septième ciel avant de l’envoyer ad patres.— Tu devrais écrire un bouquin. Tu as déjà le titre. Autopsie cet après-midi. Je te tiens au courant.Posant sa main, sur l’avant-bras du flic, dans un geste tendre qui contrastait avec les vacheries qu’ils s’étaient envoyés plus tôt :— Je sais que tu veux la voir mais c’est vraiment pas beau. Je ne suis pas sure que ça te serve à grand-chose et tu n’es pas obligé d’imposer ça à cette jeune dame.De quoi, elle se mêle celle-là, maugréa silencieusement Élodie. J’espère qu’il va la renvoyer dans ses 22. Ben non !— Merci Fleur. Lieutenant, elle a raison. Vous n’êtes pas obligée…Connard de macho ! Elle ne prit même pas la peine de répondre, les dépassa et se dirigea directement vers la cuisine. Chez les néo-cals, elle avait vu quelques morts après des bagarres d’ivrognes qui avaient dégénéré mais là… Elle retint un hoquet et dut faire appel au plus profond d’elle-même pour ne pas recouvrir le corps de son dégueulis. La scène évoquait un tableau d’un Dali sous acid. Le corps intact, malgré des lividités suspectes, offrait l’image, sexuellement attrayante, d’une femme à l’âge de la maturité. Image rétro d’une Marilyn allongée dans un déshabillé blanc vaporeux, jambes découvertes. Le décolleté profond exhibait deux seins laiteux, épanouis aux sombres et larges aréoles : un appel à la luxure. Élodie eut un pincement au cœur : ils ne réjouiraient plus personne.L’horreur commençait au-dessus du cou. Une flaque de sang coagulé d’un rouge sombre entourait son visage d’un halo surréaliste. On s’était acharné sur lui jusqu’à ce qu’il devienne un salmigondis sanguinolent. Ce visage qui avait dû être séduisant n’était plus qu’une plaie où on ne distinguait ni yeux, ni nez, ni bouche. Une dent incongrue pointait. Dans un bon polar, l’auteur en aurait déduit qu’on avait voulu que le cadavre ne soit pas identifié. Mais ici, rien de tout ça. Les voisins et le maire l’avaient formellement reconnue. Ou l’avaient-ils identifiée en tant que Louise-Marie Henneau car le cadavre était chez elle ? Il fallait tenir compte de cette hypothèse même si elle semblait peu probable. À cet instant, Élodie comprit que cette agression n’avait rien à voir avec un vol ! Si elle n’avait pas été défigurée pour dissimuler son identité, c’était personnel, très personnel ! Haine… ou Amour. La frontière entre les deux était parfois très ténue. Elle remarqua une trace de pas en limite de la flaque. Seule, l’avant de la chaussure avait marqué, trop peu pour être utile sauf si l’on trouvait la chaussure et du sang sur la semelle.Cité et Desbois, occupés à prélever des indices, ne semblaient nullement affectés par l’état du cadavre. Elle sentit derrière elle la présence de son supérieur. Il observa le corps un instant.— Encore un petit con qui a perdu son sang-froid. Maudit bougnoule !Elle eut la langue levée pour lui faire remarquer que… Elle se retint : Castagnette commandait la brigade. Elle arrivait, il valait mieux qu’elle observe une certaine réserve. Un connard raciste et certainement sexiste. Elle allait devoir faire gaffe. Pas besoin de se le mettre à dos dès le premier jour.— Bon, tous les deux nous allons interviewer le voisinage proche en commençant par les trois qui ont découvert le corps et je vais demander aux pandores locaux de faire le tour du hameau.Il regarda sa montre et haussant la voix :— Robin, on se retrouve au camion vers treize heures. On fera un premier point. Électre, vous essaierez de nous trouver des sandwiches, j’ai vu qu’il y avait un troquet au carrefour avec la dep.Élodie se dit qu’avec un macho comme ça, elle n’allait pas rigoler tous les jours. Ça n’avait pas l’air d’inquiéter l’adjudant Cité qui, sans même lever les yeux, fit un doigt, au capitaine qui avait déjà tourné le dos.**********Robert Tignac, dissimulé derrière l’embrasure de sa fenêtre, avait observé l’arrivée du camion de la PTS. La maison de Corine se dressait à une dizaine de mètres de sa fenêtre. Il l’avait souvent vue se balader à moitié nue dans son salon. Pas qu’il fut voyeur mais bon… mater une paire de nichons et un cul, quand l’occasion vous est offerte, ce n’est pas pécher, seigneur ! La Corine, elle avait une sacrée cabine avancée. Elle affectionnait les décolletés plongeant qui exposaient à la vue de tous deux globes arrogants que tout honnête homme eut aimé tenir en main. Quant à son cul, Robert pensait faire partie des privilégiés. Si elle portait la plupart du temps des vêtements qui moulaient suggestivement cette partie de son individu, lui profitait régulièrement de la vision réjouissante de ses fesses charnues à peine dissimulées par de petites culottes à dentelles bien plus érotiques que celles en coton de sa moitié. En d’autres circonstances, il aurait tenté sa chance mais il n’était vraiment pas en manque.Aujourd’hui, il aurait eu l’occasion de voir sa foufoune mais il avait eu juste le temps d’ouvrir la fenêtre et de rendre son déjeuner. Ensuite, il avait détourné la tête et s’était empressé de sortir. S’il n’avait pas été étonné de la réaction flegmatique de Marco, la Berthe l’avait scotché. Pas bronché la vieille ! Quand il le lui avait fait remarquer, alors que Marco prévenait la flicaille et le maire, elle lui répondit simplement :— Au temps de ma jeunesse, on égorgeait le cochon.Qui avait bien pu commettre cette horreur ? Devait-il parler aux flics de l’homme qu’il avait vu hier soir ? S’il leur disait, il devrait aussi leur expliquer ce qu’il faisait dehors derrière la chapelle. Et ça, il n’y tenait pas vraiment.Son téléphone émit le bruit caractéristique qui annonçait l’arrivée d’un message. Il le lut :— Bobby, la nature demande !Rien ne l’arrêtait celle-là. Ils avaient prévu, son mari étant absent et son austère Esther derrière son guichet à la perception, de se voir pour une petite partie de jambes en l’air. Mais après les événements de la matinée, il avait complètement oublié ce rendez-vous galant. Point d’idées lubriques dans son esprit après leur découverte macabre. Dès qu’il fermait les yeux, il voyait un corps sanguinolent. Elle ne serait pas contente mais il n’avait pas du tout le cœur à batifoler et encore moins la bite à… Il lui répondit assez sèchement qu’il avait un empêchement. Robert ne se faisait guère de souci, elle était trop accro au sexe pour lui en vouloir.**********Lorsqu’ils se retrouvèrent à la camionnette, il était plus de quatorze heures. Cité et Desbois classaient et listaient tout ce qu’ils avaient récolté sur la scène de crime. La jeune technicienne avait trouvé le temps pour aller chercher un en-cas. Pour cela, elle avait réquisitionné la voiture de la brigade de Pont d’Ain.Pendant qu’ils se restauraient, Castagnette esquissa une synthèse des renseignements qu’ils avaient glanés sur la victime. Il nota les plus intéressants sur un tableau blanc collé sur une des cloisons latérales de leur véhicule labo.Seules, six personnes avaient pu être interrogées, à savoir le maire Humbert Tignac, les trois « découvreurs », Anna, la femme de Marko Linka, Sandrine Bayolle, une femme au foyer plutôt sexy qui avait fait baver Castagnette. Une septième, Elvira Goth, compagne d’un viticulteur, avait refusé de leur ouvrir sa porte et de dire quoi que ce soit en l’absence de son compagnon qui travaillait dans les vignes et « sans un papier du juge ». Les autres habitants de la rue brillaient par leur absence. Plusieurs maisons n’étaient occupées qu’à la belle saison. Des habitants à l’année du hameau manquaient à l’appel : une professeure des écoles, Adèle Lechat et un couple de lesbiennes Amandine De Hort, sous-officier dans l’armée de l’air et Gaëlle Zéneur, infirmière à l’EHPAD du canton.Le maire habitait au chef-lieu et ne savait rien sur la victime. Les trois « découvreurs » leur avaient fait des récits concordants, en précisant qu’ils n’avaient touché à rien. Électre plaisanta sur l’utilité des séries télé. Ils leur avaient confirmé l’identité de la morte. Robert Tignac s’était même permis une allusion salace à son incomparable « cabine avancée » qui avait fait sourire Castagnette. Sinon, personne n’avait rien vu de suspect et aucun étranger n’avait été aperçu traînant dans le village.Élodie, cette fois, ne peut s’empêcher d’intervenir. Elle consulta ses notes :— Robert Tignac, le préretraité ! Je suis sûr qu’il cache quelque chose.— Que voulez-vous qu’il cache. Vous n’avez pas vu : c’est un gauchiste, pire un socialiste ou un écolo. Ces gens-là ne peuvent pas nous sentir.— Je ne sais pas mon capitaine mais quand on a abordé la soirée de vendredi, il est devenu fuyant. Et puis sa remarque déplacée sur la poitrine…Il ne lui laissa pas finir sa phrase et continua son one man show.— Si comme le laisse supposer les premières constatations, le meurtrier est passé par derrière…— C’est probable capitaine, intervint Cité. La serrure a été forcée et les poignées soigneusement essuyées.— Alors ça va être coton ! Demaville confirmera après l’autopsie mais il est probable que le crime ait eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi. Pour les témoins on va pouvoir se brosser. Tous ses ploucs dormaient ou étaient devant leur télé.— Capitaine, on pourrait peut-être réinterroger…— Vous avez trop d’imagination Moitoux. On n’a pas de temps à perdre. Résumez-nous plutôt ce que l’on sait de la victime.— Louise-Marie Henneau, infirmière qui, selon les voisins, travaillait en Suisse comme dame de compagnie. Âgée de quarante-cinq ans, elle vivait à Mérissard, ce petit hameau de Saint Pons, depuis 2011. Quand je dis « vivait », c’est un bien grand mot. Elle passait la semaine à Genève et rentrait pour le week-end. Sinon elle avait de bonnes relations avec tout le monde…— Même avec les goudous de la maison mitoyenne ?— Ce qui aurait tendance à prouver sa tolérance contrairement à certains.La remarque fit pouffer Électre tandis que Desbois regardait ailleurs. Castagnette allait parler mais elle enchaîna sans lui laisser le temps.— Mais elle gardait ses distances. Elle n’était pas du genre à copiner autour d’une tasse de thé. Aucune des personnes interrogées ne connaît l’existence d’un amant, ni d’une quelconque famille.— Sauf Berthe Tignac qui est certaine qu’elle a un coquin en Suisse, intercala Castagnette.— Ils s’appellent tous pareil dans ce bled, s’exclama Électre.— Paraît qu’ils ne sont même pas cousins. Le maire aussi s’appelle Tignac… Humbert Tignac.— Je croyais qu’on ne devait pas perdre de temps capitaine…— Alors abrégez.— J’ai fini.— La PTS ?Desbois fit signe à Électre.— Les pièces d’habitation étaient dans un désordre indescriptible mais sans une once de poussière. On a trouvé sept jeux d’empreintes mais seulement trois dans la chambre. Deux verres sales dans l’évier avec les empreintes de Henneau sur l’un et, sur l’autre, une des empreintes trouvées dans la chambre. Comme l’a dit Robin ce matin, le lit présente des traces de fluides corporels. On a fait des prélèvements.— Et aucune trace d’ordinateur, de tablette ou de téléphone, intervint Desbois. Un coffret à bijoux était renversé à côté du lit, vide.— C’est bien ce que je disais, un cambriolage qui a mal tourné.— Vous êtes sûr qu’on ne va pas trop vite en besogne, s’opposa Moitoux.— Je ne sais pas ce qu’il vous faut. Faut pas rêver mon petit, c’est un crime sordide. On n’est pas dans une série américaine.— Les empreintes nous apprendront peut-être quelque chose, essaya Électre.— Ça m’étonnerait. Probablement celle de son coquin ou de ses coquins. Même le plus nul des cambrioleurs sait qu’il faut mettre des gants. Peut-être vous aura-t-il laissé quelques poils !— Quand même ! Le lieutenant n’a pas tort. Ce désordre trop désordonné me gêne.— La solidarité féminine. Si vos relevés ne donnent rien, vous en approfondirez, voilà tout. Et si, on ne résout pas l’affaire rapidement, le miteux qui a fait ça tombera pour un autre casse et si, vous faites bien votre boulot, on aura ce qu’il faut pour le coincer.— On fait bien notre boulot, s’emporta l’adjudant de la PTS.— Un peu de modestie, Électre. Bon, il est presque seize heures, il faut que j’y aille. Levaudout me descend à Bourg pour l’autopsie.— Je vous accompagne ?— Non, lieutenant vous restez. Continuez à fouiller. Elle doit bien avoir de la famille. Trouvez aussi son employeur. Enfin, faites votre boulot d’enquêteur.Sur ces dernières paroles, Castagnette s’esquiva.— Bon débarras, ne put s’empêcher de s’exclamer Électre. Quel con ce mec !Élodie n’était pas loin de penser la même chose. Desbois sembla se réveiller :— Arrête de le chercher ! Il va finir par te mette un rapport au cul.— C’est pas un rapport qu’il voudrait me mettre au cul, répondit-elle sans se démonter. S’il bouge le petit doigt, j’ai quelques textos des plus intéressants et qui je n’en doute pas passionneraient nos supérieurs.— C’est assez, on a du boulot, intervint Élodie.**********Quand ils rentrèrent à Bourg, il était près de dix-neuf heures. Élodie, ou plutôt Robin, avait trouvé le secrétaire où la victime rangeait sa paperasse. Bizarrerie, il n’avait pas été forcé alors que, fermé comme il l’était, il aurait dû attirer l’attention. Soit l’agresseur n’en avait rien à faire soit il savait qu’il n’y trouverait ni argent, ni objets de valeur. Seulement des papiers et de l’administratif. Assurance, chéquiers usagés, relevés de compte de la BAA (Banque Agricole de l’Ain) qui s’arrêtaient en 2016. Elle avait dû passer au dématérialisé. Pas de déclaration d’impôts sur le revenu, seulement les avis de la taxe d’habitation.Dans les mouvements bancaires rien de notable à première vue : les premières années, des versements mensuels en liquide avoisinant les mille euros, puis apparaissaient des dépôts plus nombreux mais aléatoires de petites sommes inférieures ou égales à cent euros, toujours en cash. Jamais de centimes dans ses versements, toujours un nombre rond d’euros. Curieux mais sans doute explicable par l’existence d’un compte en Suisse où son salaire était viré et où elle prélevait ce qu’elle avait besoin pour vivre. Plus bizarre, cette succession de petits dépôts intervenant plus tard. Pour l’instant, ça ne présentait guère d’importance mais ça confortait Élodie dans son idée que l’affaire était plus complexe que leur chef le laissait entendre.Encore plus étrange, ils ne trouvèrent strictement aucun écrit à caractère personnel, aucune trace d’une famille, d’amis quelconques, rien même pas une vulgaire carte postale. Robin dont le comportement avait changé depuis le départ du chef, leur fit remarquer qu’il n’avait trouvé aucune photo dans l’appart. À côté du sac à main qui avait été renversé près du lit, ils découvrirent ses papiers, carte d’identité et permis de conduire. Électre les avaient observés longuement, retournés dans tous les sens, avant de finalement les mettre dans un sac scellé. Élodie lui avait demandé s’il y avait un problème mais elle ne lui avait pas répondu.Seul élément intéressant, un agenda téléphonique. Mais nouvelle déception : les entrées dataient et ne concernaient que des numéros utilitaires. Petite avancée : un nom, une adresse et un numéro de téléphone en Suisse. Probablement son employeur. Élodie appela immédiatement. Le numéro n’était plus attribué. C’est encore Robin qui offrit une solution. Il avait, après une affaire transfrontalière, noué des liens d’amitié avec un IPA (inspecteur principal adjoint) de la police cantonale genevoise. Il le contacterait demain. Avec le nom et l’adresse, il n’aurait pas grande difficulté à trouver ces personnes.Cette Louise-Marie Henneau semblait bien mystérieuse. L’hypothèse du simple cambriolage, bien que plausible, la gênait de plus en plus. Elle avait le sentiment que les deux de la PTS ressentaient la même chose.Elle regagnait le studio de célibataire qu’on lui avait octroyé dans les locaux de la gendarmerie quand Électre l’interpella :— Lieutenant, j’ai un truc à vérifier mais après, on pourrait boire un coup ensemble. Enfin si vous n’avez rien d’autre à faire et si ça vous dérange pas de frayer avec un sous-officier.— Ce sera avec plaisir ; le temps de prendre une douche et de me changer.— On peut se retrouver dans mon cagibi dans un quart d’heure. Je suis au 34, troisième étage. Et si vous n’êtes pas trop difficile, je dois bien avoir un ou deux plats congelés dans mon frigo.— Je prends ! Je ne me suis pas encore organisée et sortir en ville pour manger ce soir, je n’avais pas trop envie.Prise par l’enquête, elle avait oublié ses libidineuses idées matinales. Ce petit échange les lui avait ravivées. Une douce chaleur emplissait son ventre. « Du calme, ma belle ! se dit-elle. Cette invitation est sans doute lancée en toute innocence ». Quoiqu’un « je ne sais quoi » dans le langage corporel de la jeune black…**********Après avoir pris une douche très froide pour chasser ses pensées brûlantes, elle se prépara. Pour les fringues, elle n’avait pas envie de se prendre la tête, elle enfila un t-shirt ample sur un des leggings qu’elle portait aussi bien pour courir que comme pantalon d’intérieur. Elle négligea le soutien-gorge : le volume et la tenue de sa poitrine n’en nécessitaient pas vraiment. Elle aimait la silhouette qu’elle présentait ainsi : sexy, car elle avait envie de l’être, mais pas du tout provocante, pour éviter toute interprétation immédiate.Électre n’avait guère fait plus d’efforts. Elle avait revêtu un confortable pantalon d’intérieur sur lequel elle avait passé un haut seyant. Comme Élodie, elle avait tombé le soutif. Pas avec le même résultat : elle ne jouait pas dans la même division. Le maillot qui, neuf, avait pu contenir ses appâts, avec le temps et les pressions répétées exercées par les nénés, s’était distendu. Aujourd’hui, il ne cachait pas grand-chose des globes à la peau satinée et aux tétons XXL. « Elle a joué dans le même registre que moi, remarqua Élodie. Séductrice, seulement si l’autre voulait le voir ou alors, je me fais un film ! »Mais ce qui la frappa réellement, en entrant, ce fut l’éclat de ses yeux. Électre, était-elle aussi excitée qu’elle par leur rencontre ? La jeune femme la détrompa rapidement en expliquant la cause de sa fébrilité.— J’en étais sûre ! J’en étais sûre !— Sûre de quoi ?— Elle était fausse ! Et le permis aussi !Élodie avait du mal à suivre sa subordonnée.— S’il vous plaît, pourriez-vous commencer par le début ?— Désolée, je m’enflamme…Pour s’enflammer, elle s’enflammait. Une noire qui rougissait, c’était plaisant. Sans parler de ces tétins qui gonflaient.— Entre ! Je t’explique… Sorry Lieutenant, j’ai le tutoiement facile.— Moi aussi ! On ne va pas faire de chichi. À moins que ça pose des problèmes au niveau de la brigade.— Non, « Cricri » est un gros macho mais il est plutôt du genre « on est une grande famille ».Électre par des artifices savants avait transformé sa cuisine/salon/salle à vivre en un lieu agréable, exotique et coloré, à son image. Elles s’assirent, plutôt s’enfoncèrent, dans un sofa confortable.— Alors explique, interrogea-t-elle avalisant le tutoiement.— Tout est faux chez cette greluche. Quand j’ai vu ses papiers, j’ai eu un gros doute. Y’avait un je ne sais pas quoi qui me gênait. Des faux de qualité supérieure mais des faux.— Tu es sûre ?— Oui ! J’ai vérifié auprès du fichier central, ça colle ni pour le permis, ni pour la C. N. I.— Mais alors qui c’est, cette nana ?— J’sais pas Mais soit, y’a un sacré concourt de circonstances, soit le cambriolage est une mise en scène.— Et l’assassin cherchait quelque chose ! On en saura plus demain ! Robin va nous trouver ses employeurs. Ils auront certainement des choses à nous apprendre.— T’as raison, on arrête de parler boulot. Qu’est-ce que tu bois ? J’ai un punch fait maison, une véritable tuerie !Au bout du troisième verre, à moins que ce soit le quatrième, Élodie avait très chaud, trop chaud. Elle aurait volontiers ôté son t-shirt pour libérer ses seins qui ne pouvaient plus respirer. Sa petite camarade semblait avoir une meilleure tolérance à l’alcool, elle ne montrait aucun signe de griserie. Les deux filles papotaient, enfin surtout Électre qui rancardait Élodie sur les us et coutumes de la brigade. Elle apprit ainsi que Robin, un technicien hors pair, s’éteignait complètement, devenait inexistant en présence de Castagnette. Pas par respect de la hiérarchie mais parce qu’une rumeur (fausse) prétendait que sa femme avait couché avec le capitaine et que celui-ci avait laissé dire. Elle ne les avait jamais entendus avoir une discussion autre que professionnelle. Quant à ce dernier, il cultivait une réputation de Don Juan en grande partie usurpée. Par contre c’était un « putain de je te colle la main aux fesses » qui dans n’importe quelle boîte privée se serait fait lourder. Il vivait une aventure intermittente avec la légiste. Aventure qu’il aurait bien voulu transformer en C. D. I. Mais Demaville connaissait trop bien l’oiseau et voulait aussi garder sa liberté.Élodie tenta de montrer un air outré à la lecture des textos lourdingues de Castagnette qu’Électre avait conservés mais ces grossièretés grivoises et une main posée haut sur sa cuisse déclenchaient une réaction en chaîne dans son bas-ventre. Un restant de lucidité l’empêchait de franchir le pas, de laisser sa bouche baiser ce sein qui évoluait à quelques centimètres de son visage. Il ne fallait pas qu’elle confonde l’exubérance de sa collègue avec un quelconque désir. Elle se reprit et éloigna son corps de l’objet d’un possible futur délit, délire, délice.Elles passèrent dans le coin cuisine pour dîner d’une paella congelée qu’Électre avait passée au micro-onde. Tout en continuant de siroter du punch. Elles avaient attaqué une seconde bouteille. À la fin du repas, Élodie n’ignorait plus grand chose de la vie de l’adjudant : originaire de la Martinique, elle était née en France et n’avait mis les pieds dans son île qu’après sa majorité. Loin du cliché de l’ultramarin confiné dans la banlieue, elle était issue d’un milieu aisé : père haut fonctionnaire et mère, chirurgienne. Elle était plutôt, par son entrée dans la gendarmerie, le mouton noir (sans jeu de mot) de la famille. Comme Élodie, elle était restée très vague sur sa vie amoureuse. Ce qui laissait la jeune officier dans l’expectative quant à ses goûts.Son corps vibrait d’excitation. Très tactile, son hôtesse la touchait pour un oui ou pour un non. Cette gestuelle sensuelle, les yeux pétillants, les lèvres pulpeuses, le maillot qui s’entrebâillait de plus en plus, et de plus en plus souvent, sur une poitrine dévoilant le haut de larges et sombres aréoles, la mettaient dans un état proche de la jouissance. Malgré son indifférence apparente, Électre ne pouvait pas ignorer l’effet qu’elle produisait. Ses tétons qui avaient encore enflé semblaient d’ailleurs indiquer qu’elle, aussi, était émoustillée par la situation.Lorsqu’elles regagnèrent le sofa dans un équilibre précaire, les jeunes femmes s’affalèrent plus qu’elles ne s’assirent. Leurs corps se heurtèrent. Élodie ne comprit pas vraiment ce qui se produisit alors. Laquelle entama les hostilités, laquelle approcha son visage, laquelle effectua les ultimes centimètres mais leurs bouches se joignirent. Après la frustration sexuelle de ces dernières semaines et les frustrations professionnelles de cette journée, ce fut, pour la jeune officier, une délivrance. Plus aucune urgence, les chronomètres s’étaient arrêtés.Dans une symétrie improbable, leurs mains gauches se lièrent alors que leurs dextres partaient à la découverte. Par une décision plus ou moins consciente, Élodie décida de copier les caresses que lui prodiguaient Électre. La main de celle-ci, qui dans un premier temps, s’était posée derrière sa nuque, la massant tendrement, descendit le long de son dos pour se glisser sous son t-shirt. Décharge électrique quand leurs peaux se touchèrent. Instinctivement, elle projeta son bassin à la rencontre de celui de sa partenaire. L’élan fut tel qu’il les fit basculer. Elles se retrouvèrent intimement enlacées au pied du sofa. Leurs regards se croisèrent, elles éclatèrent de rire avant de reprendre leur baiser. Leurs mains gauches coincées entre leurs ventres durent se séparer. Elles poursuivirent à quatre mains leur parcours découverte.Leurs pantalons simplement retenus par des bandes élastiques n’empêchaient nullement le passage de leurs mains inquisitrices et elles explorèrent chaque parcelle de peau entre les omoplates et le haut de cuisses. L’opulente poitrine d’Électre écrasait les maigres seins d’Élodie. Sentiment que les tétons très développés de la jeune noire allaient la transpercer. Scotchées comme elles l’étaient, le moindre frémissement de l’une impactait l’autre. Or du mouvement… Chaque glissement, chaque déplacement d’une main généraient une réaction qui irradiait leurs bas-ventres. Bas-ventres qui ondulaient, monts qui se choquaient, duvet soyeux versus buisson ardent.Elles tanguaient, roulaient, heurtant tour à tour le bas du sofa ou la petite table de salon. Elles n’étaient qu’une, leurs corps vibrant sur une même longueur d’onde. Le plaisir arriva très vite. Elles jouirent sans retenue, à la même seconde.Elles redescendirent de leur nuage, s’adossèrent au sofa, côte à côte, mortes de rire. Entre deux éclats, Électre interrogea :— Tu es lesbienne ?— Ben oui ! Pur jus ! Pas toi ?— Euh ! Pas vraiment ! Même pas du tout jusqu’à aujourd’hui.Devant l’air interloqué de son amante, elle poursuivit :— Mais je suis en train de reconsidérer la question.Elle se leva en titubant un peu et tendit la main à Élodie.— D’ailleurs, je crois que je vais m’y replonger tout de suite pour vérifier… mais dans mon lit. Tu verras, c’est nettement plus confortable.********** Extraits du journal de Louise-Marie Nobert.Entrée du 10 novembre 2003.Andréa veut monter une nouvelle arnaque qui selon lui nous mettra à l’abri du besoin jusqu’à la fin de nos jours. Je suis folle de joie. Il m’appelle sa Messaline. Je ne sais pas trop qui c’est mais, dans sa bouche, ça a l’air d’un compliment. Il m’a tout expliqué. Une histoire de blanchiment d’argent avec un ministre de la république de Nouvelle Rhodésie du Nord, Gordo Chimwengde. Il occupe un poste genre ministre des solidarités. Il gère les subsides versé à son pays par les divers organismes d’aide à l’Afrique. D’après mon divin marquis, ça fait un moment qu’il détourne des sommes minimes. Mais il n’est plus dans les petits papiers du président. Il sent qu’il est assis sur un siège éjectable alors il veut assurer ses arrières. Il a reçu une très grosse subvention de l’ONU et cette fois, il compte prélever un écot substantiel. Mon Andréa va l’aider à exfiltrer ce fric de Rhodésie pour ensuite le doubler dans les grandes largeurs. D’après lui, c’était sans risque pour nous, le « nègre » serait trop occupé à sauver ses fesses. Ce challenge allait nous rapporter quatre à cinq millions d’euros au minimum. Il m’a expliqué que la réussite du projet reposerait en grande partie sur moi et sur mon pouvoir de séduction pour endormir la méfiance du ministre et le faire patienter jusqu’à ce qu’il soit trop tard.Entrée du 23 novembre 2003.Je viens de passer une des pires soirées de ma vie depuis que je suis avec mon divin marquis. J’avais compris que je devrais séduire ce « nègre » et sans doute « lui faire profiter de mes charmes ». J’ai voulu savoir qui était Messaline. C’est vrai qu’elle a l’air aussi salope que moi, mais moi je ne suis pas nympho ! Lorsqu’Andréa a choisi ma tenue pour le dîner que je devais avoir avec le ministre après m’avoir totalement épilée et abondamment parfumée, ça a confirmé ce que je savais déjà : je terminerai dans le lit du diplomate. Ce à quoi je n’avais pas songé, fort des a priori qu’un homme qui avait fait ses études à Eton ne pouvait être qu’un gentleman, c’est que j’aurais affaire à un gros porc. De la même manière que sa couleur de peau signifiait pour moi une grosse bite bien dure et s’accommodait mal avec la nouille trop cuite qui lui servait de virilité.Si ce n’avait été que ça ! Mais c’était un pervers. Pendant le dîner, au restaurant de son hôtel, tout s’est bien passé. Chimwengde, qui parle un français irréprochable, s’est montré un convive intéressant cultivé, aimable. Il m’a félicitée pour mon élégance, ma beauté. La qualité des mets, des vins, les serveurs obséquieux, tout ça m’a éblouie. J’ai pensé, idiote stupide, que j’allais passer une soirée des plus agréables. Baiser avec un noir bien gaulé n’était pas pour me déplaire.Après le café, Le diplomate m’a invitée à le suivre dans sa chambre afin que nous puissions étudier les documents que je lui avais amenés. Ces documents avaient servi de prétexte au dîner et à ce qui allait suivre.Dès la porte de sa suite fermée, ce salaud a changé de ton. Sa première phrase m’a mis tout de suite dans l’ambiance :— Maintenant, la whitie, on va passer à ce pour quoi tu es venue. Naked Slut !Comme je me suis pas exécutée assez vite, il m’a arraché ma robe et ma culotte diaphane.Il m’a aboyé dessus, ce connard, comme si j’avais été son esclave… avec un geste explicite au cas où je n’aurais pas compris. C’était pour la bonne cause. Ça n’était pas la première bite que je suçais. Encore que depuis que je vivais avec mon marquis, c’était la première fois que je fricotais avec un homme hors de sa présence. En plus, une belle queue de noir, j’allais pas faire la difficile. Sauf que lorsque le ministre a déballé son engin, j’ai failli éclater de rire : un minuscule machin pendouillant.J’étais là pour ça ! À partir de cette hauteur-là, il n’a plus pris la peine de parler en français. Parler est un bien grand mot : des borborygmes incompréhensibles et quelques citations tirées des pornos anglo-saxons à base de « fuck ». Je l’ai sucé sans grand résultat. Ce qui l’a mis en colère. Je n’ai pas envie de m’étendre sur ce qu’il m’a fait subir mais quand j’ai quitté l’hôtel, j’avais le cul rouge à force d’avoir été fessée, l’anus en chou-fleur pour avoir fait connaissance avec le goulot de la veuve Cliquot et la poitrine meurtrie après des « malaxations » qui n’avaient rien d’érotiques. Avec ce pourri, j’ai compris que le SM était tout un art et que, faire mal pour faire mal ou par frustration n’avait rien à voir avec ces jeux. Au bout du compte, j’ai réussi à déclencher une presque érection. Il a voulu alors me sodomiser. Devant l’échec de ses tentatives anales, il a pu avec quelque difficulté et beaucoup de lubrifiant me pénétrer la chatte et jouir.Une fois revenu sur terre, il a retrouvé ses bonnes manières et son français. Il a recommencé de me complimenter, me disant qu’Andréa avait beaucoup de chance d’avoir une compagne comme moi, que si je me lassais de lui, il était prêt à m’accueillir dans son palais rhodésien (putain ! Plutôt coucher avec un RMIste !). J’ai failli encore lui éclater de rire au nez quand il m’a affirmé que j’étais une magicienne de l’amour alors que je n’avais été qu’un pantin entre ses mains de brute. Quelque part, malgré tout, je suis fière de moi : réussir à la faire bander relevait effectivement de la magie. Quant à la légende sur la virilité des blacks, je sais aujourd’hui qu’elle est nettement exagérée !En tout cas, ça c’est fait. Andréa, ce goujat, n’a pas eu la galanterie de venir me chercher. Un taxi m’attendait sur le parking de l’hôtel. En le retrouvant, j’ai piqué une telle colère qu’il a décidé de m’offrir un diamant pour se faire pardonner et aussi pour fêter le succès de l’entreprise. Le « négro » pendant que j’étais enfermée dans la salle de bain, essayant de me rendre présentable et de chasser ses odeurs corporelles, avait signé tous les documents qui permettaient à Andréa de finaliser l’arnaque.On va être riche mon journal chéri ! Ça valait bien ce petit sacrifesse.**********à suivreÉpisode 3 : ça se corse (bien qu’on se dirige vers Genève).