Promis, je le ferai plus.Je m’appelle Axel C., j’ai vingt-quatre ans et bien que j’aie décroché mon premier job il y a six mois, je vis toujours dans la petite maison que possèdent mes parents en banlieue parisienne.Rien de bien extraordinaire, me diriez-vous, si j’omettais de préciser que je représente le fantasme absolu pour la majorité des femmes âgées de dix-huit à soixante ans. C’est en tout cas l’avis de mes géniteurs, et même si je peux imaginer qu’il n’est pas complètement impartial, j’avoue qu’à la longue, j’ai fini par m’y rallier.Bon ! On ne va pas se mentir non plus. J’ai effectivement de qui tenir. À commencer par Patricia, ma mère.Cette ex-miss Picardie est une magnifique femme aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus, mesurant un mètre soixante-treize et malgré ses quarante-cinq ans, elle possède un corps de rêve qu’elle entretient sans effort apparent puisqu’elle est professeur de yoga dans un centre socioculturel situé à quelques kilomètres de la maison.Félix, mon père est commandant de police. Et dans son genre, il n’est pas mal non plus. Une véritable armoire à glace d’un mètre quatre-vingt-dix, d’origine antillaise, et, comme il se doit, coureur invétéré. C’est d’ailleurs pour cette raison que mes parents sont en train de se séparer.En effet, en prenant de la bouteille, mon vieux est de plus en plus attiré par les nanas très plantureuses dotées d’énormes nichons et d’un pétard en rapport. Depuis deux mois et demi, Félix a donc déserté le domicile conjugal pour habiter dans le studio parisien que lui a prêté un de ses copains en mission à l’étranger.En ce qui me concerne, j’ai hérité du meilleur des deux mondes. Je suis un athlète d’un mètre quatre-vingt-six, au corps fin et musclé avec une jolie peau café au lait, un visage d’ange aux cheveux châtains bouclés et de magnifiques yeux verts. Il se trouve en effet que la mère d’un de mes arrière-grands-pères antillais avait fauté avec un riche propriétaire de canne à sucre d’origine irlandaise dont certains gènes ont fini par se manifester lors de ma conception.Bien sûr, je ne serais pas exhaustif si j’oubliais de parler de mes attributs sexuels particulièrement imposants qui font le bonheur de Nadia, ma petite amie kabyle. Nadia, qui est mon aînée de deux ans, est physiquement tout le contraire de maman ; une jolie petite brune à la peau mate et aux formes plantureuses qui m’enchantent et dont ma chérie est particulièrement fière. Du haut de son mètre soixante-trois, juchée sur des talons qui la font dépasser ma mère qui a toujours préféré les baskets aux escarpins, Nadia arbore des tenues qui fileraient une crise cardiaque à n’importe quel Ayatollah.Maquillée et manucurée comme une favorite d’émir, avec sa lingerie affriolante, ses jupes trop courtes pour être honnêtes, et des décolletés descendant jusqu’au nombril, elle file la trique à tous mes copains lorsqu’ils la rencontrent pour la première fois. Mais comme elle a vite fait de calmer les plus entreprenants, quand ils la croisent par la suite, ils remballent tous leur baratin et se contentent de se rincer l’œil en se la mettant derrière l’oreille.En tout cas, moi, je suis complètement accro à cette bombe islamique capable d’ingurgiter plus de rhum que mon grand-père martiniquais.Mon vieux, même s’il trouve le physique de Nadia épatant, ne cesse pourtant de me demander pourquoi un beau gosse comme son fils unique et préféré est sur le point de se caser avec un petit bout de femme qui n’a pas sa langue dans sa poche, ce qui, chez Félix, est plus ou moins synonyme de nana casse-couilles.Et d’ailleurs, il n’arrête pas de me le dire.— À ta place, mon gars, j’aurais suffisamment à faire en me tapant toutes les bombasses qui n’attendent qu’un signe pour tomber dans mes bras.Ce à quoi je réponds invariablement.— Désolé papa, mais coucher juste pour baiser, c’est pas mon truc à moi !Il se trouve que j’ai en effet hérité du côté fleur bleue de mes deux grand-mères et je crois naturellement au grand amour. Je sais bien que ce n’est pas tellement dans l’air du temps, mais comme le dit souvent papy Henri, mon grand-père maternel, on ne se refait pas.Et puis, Nadia m’a bien prévenu que si je m’avisais d’aller voir ailleurs, il ne se passerait guère de temps avant que j’arbore un magnifique sourire kabyle.Et je veux bien la croire d’autant plus que j’ai déjà eu l’occasion de croiser Abdel et Karim, ses deux frères aînés, des jumeaux généralement cool mais qui ne rigolent plus du tout lorsqu’il est question de l’honneur de leur petite sœur.#####Ce soir, j’ai invité Nadia à dîner dans une pizzeria située non loin de son appartement, et alors que nous venions de terminer la glace commandée pour le dessert, j’ai eu le malheur de détailler avec un peu trop d’insistance une bombe rousse en pantalon de cuir et talons aiguille lorsqu’elle est entrée dans le restaurant.Nadia s’est aussitôt mise à me regarder avec des lames de couteau dans les yeux et à me faire des reproches disproportionnés. Comme j’étais un peu éméché, je me suis défendu avec la mauvaise foi qui caractérise le type qui vient de se faire prendre la main dans le pot de confiture. Et bien sûr, nous n’avons pas tardé à nous prendre le chou, ma copine et moi.Du coup, mes projets de nuit torride sont tombés à l’eau et j’ai fini par rentrer seul à la maison.#####Après avoir franchi le seuil de la demeure familiale, j’entends du bruit en provenance de la chambre de ma mère. J’en viens à me demander si mes vieux ont décidé de passer l’éponge sur leur différend et s’ils ne sont pas en train de remettre le couvert pour fêter ça. Mais, si les cris de plaisir de Patricia ne me laissent aucun doute sur la femme qui s’envoie en l’air, les deux voix masculines que j’entends sont très éloignées de celle de mon père.J’ai du mal à en croire mes oreilles, mais ma mère est en train de se faire reluire avec les deux frères jumeaux de ma copine. Elle pousse de grands soupirs de satisfaction jusqu’au moment où je l’entends tout à coup protester d’un ton pas vraiment convaincu.— Oh non ! Karim, s’il te plaît, je n’ai pas envie que tu me la mettes dans le cul.Ce à quoi ledit Karim répond entre deux hans de bûcheron.— Pas de souci puisqu’elle est déjà plantée dans ta chatte. C’est mon frangin qui s’apprête à te sodomiser.— Oh la vache, les mecs, c’est compliqué de baiser avec vous, je sais jamais lequel des deux est en train de me fourrer.À ce moment-là , Patricia pousse un grand cri de surprise juste avant qu’Abdel s’exprime à son tour.— Pour le moment, tu n’as plus besoin de te poser la question, étant donné que tu nous as tous les deux dans tes orifices.— Mollo, les gars, j’ai pas vraiment l’habitude d’accueillir simultanément deux engins d’un calibre pareil.Maman proteste pour la forme mais son ton laisse supposer qu’elle est tout à fait partante pour une double débridée. Et effectivement, elle ne tarde pas à lâcher des cris de plus en plus stridents tandis que les frangins la démontent consciencieusement.Évidemment, je ne suis pas de bois, et à ma grande honte, entendre ma mère se faire reluire de la sorte me file une trique d’enfer. Pour un peu, j’aurais presque envie d’aller m’astiquer devant le spectacle qui est en train de se dérouler dans la chambre de mes parents. Mais je préfère y renoncer parce que je ne suis pas certain que ce soit considéré d’un bon œil par les trois protagonistes en pleine activité.Je décide donc de regagner discrètement ma chambre et après un rapide échange avec la veuve poignet, je parviens à évacuer suffisamment de stress pour m’endormir.#####Le lendemain, lorsque j’ouvre l’œil, il est un peu plus de neuf heures du matin et je me dis que ce ne serait pas idiot d’appeler Nadia pour me faire pardonner mon comportement de la veille.Après avoir décroché, ma chérie me fait vite comprendre qu’elle n’a toujours pas digéré la façon dont je l’ai plantée. Son insistance à me faire porter tous les torts commence à me chauffer. Alors que je suis sur le point d’expliquer ma façon de voir à Nadia, je reconnais la voix d’un des jumeaux qui se trouve sans doute non loin de sa sœur et qui se croit obligé de la soutenir en se mettant à m’engueuler et à me promettre un traitement particulièrement douloureux.Malheureusement pour mon quasi beauf, son intervention que je trouve plutôt inappropriée me met hors de moi et je ne tarde pas à lui dire qu’il a intérêt à se calmer s’il ne veut pas que je raconte à mon vieux comment il a occupé sa soirée d’hier avec son frangin.Cette déclaration a visiblement le don de faire revenir Abdel – à moins qu’il s’agisse de Karim – à un peu plus d’indulgence car il reste coi pendant plusieurs secondes.Et je n’attends pas qu’il retrouve l’usage de la parole pour mettre fin à la conversation.#####Alors que je suis en train de boire un grand bol de café accompagné de tartines de pain grillé au miel, mon téléphone se met à sonner.Le visage mutin de Nadia s’affiche sur l’écran et je laisse passer trois sonneries avant de répondre.— Bonjour, je fais en baillant ostensiblement, à qui ai-je l’honneur ?— Oh ça va ! prononce aussitôt, sur un ton peu amène, une voix que je connais trop bien.Je me garde bien de dire quoi que ce soit et c’est ma chérie qui finit par craquer la première en toussotant légèrement avant de s’exprimer.— Bon. Écoute, j’ai peut-être réagi exagérément hier soir et je voulais te dire que si tu t’excuses pour avoir reluqué de manière déplacée la pouffe rousse du restaurant, je suis prête à passer l’éponge.En règle générale, j’aurais pris sur moi et j’aurais juré à ma copine que j’étais désolé et que ça ne se reproduirait plus. Mais cette fois-là , j’étais trop perturbé pour m’aplatir et je le fis savoir à Nadia.— Écoute-moi bien, ma chérie. Tu sais combien je tiens à toi et à quel point je suis toujours prêt à te faire plaisir. Personnellement, je me sens plutôt flatté quand un mec te regarde comme s’il n’avait pas baisé depuis dix ans et je me tais quand tu fais un grand sourire à certains de tes admirateurs mieux gaulés que la moyenne. C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai un peu de mal à accepter que tu me fasses une scène parce que j’ai détourné les yeux quelques secondes pour mater une rousse qui aurait filé des complexes à Pippa Middleton.Malgré la distance qui nous sépare et l’absence de visibilité qui caractérise toute banale communication téléphonique, j’ai l’impression que des rayons laser émis par les yeux de ma chérie me transpercent le corps.— Tu vas le regretter, lâche-t-elle. À part mon père, personne ne me parle comme tu viens de le faire et je saurai bien te le faire comprendre douloureusement la prochaine fois qu’on se verra.Je préfère raccrocher avant que Nadia se mette à hurler en me vrillant les tympans.Cette conversation animée me coupe l’appétit et je retourne dans ma chambre après avoir descendu mon café.Je me rendors un petit moment puis lorsque j’émerge, il est plus de onze heures trente. Ce qui me motive à me diriger vers la cuisine pour aller prendre une bière dans le frigo.Maman qui n’a toujours pas quitté son peignoir est en train de cuisiner en prévision du déjeuner. En croisant mon regard, elle se rend compte de mon abattement.— Eh bien, mon chéri, qu’est-ce qui t’arrive ? On dirait que tu as vu un fantôme.— C’est vrai, j’ai un peu le seum.Un coup de blues, comme disent les vieux, j’ajoute même avant de prendre un tabouret et de m’installer dessus à califourchon.— Je parie que c’est à cause de Nadia, suppose Patricia.Je me contente de hausser les épaules, ce qui passe évidemment pour un aveu de ma part.Ma mère s’approche alors de moi et en se penchant pour déposer un bisou sur mon front, elle ne peut empêcher son peignoir de s’ouvrir en grand et de me dévoiler ses beaux seins haut perchés et son joli minou parfaitement épilé.Cette vision me laisse rêveur et admiratif et je ne parviens pas à détacher mon regard de ce spectacle aussi inspirant qu’inattendu.Patricia devient rouge pivoine en constatant l’effet produit par sa nudité sur mon anatomie.Alors que je m’attends à une engueulade salée voire une gifle pour me remettre les idées en place, ma mère reste immobile, gagnée par une étrange bouffée de chaleur. La bosse apparue dans mon caleçon a pris des proportions indécentes et je n’ose plus bouger.Le souhaiterais-je que j’en serais de toute façon incapable car…#####Avec une légère appréhension, je regarde Patrick, l’homme sans qui ma littérature n’aurait jamais pu émerger de l’univers feutré des toilettes publiques d’autoroutes (cf « Le Prétendant » dans la même collection), poursuivre la lecture de ma dernière œuvre.Et soudain, c’est l’explosion.— Mais non, non et non ! C’est quoi ce bordel ?De rage, Patrick transforme les feuillets que je lui ai confiés en confettis.— Franchement, Coco, tu nous fais quoi et tu te crois où ? Tes derniers textes n’étaient déjà vraiment pas fameux, mais cette fois, c’est le pompon ! Tu as touché le fond !— C’est marrant, ma copine m’a dit la même chose hier soir.— Épargne-moi tes blagues grivoises. Je n’ai vraiment pas envie de rigoler.Je fixe mon agent d’un air penaud et je comprends que j’ai dû pousser le bouchon un peu aux bornes des limites. Surtout lorsque je constate que son visage est plus rouge que le drapeau chinois. Il faut absolument que je prenne garde à ne pas soumettre n’importe quel écrit à Patrick, parce que même s’il est plutôt fringant pour un papy, il n’est plus tout jeune.— Mais qu’est-ce qui t’est passé par la tête, mille milliards de sabords ! Tu n’as rien trouvé de mieux, pour le concours annuel de RBB, que de proposer une histoire d’inceste.Je suis incapable de me justifier auprès de Patrick. A posteriori, j’avoue que je n’en suis pas particulièrement fier. Mais je m’étais dit que, pour une fois, les correcteurs allaient peut-être autoriser la publication d’un récit traitant de ce sujet hors charte.A fortiori pour une première et dernière fois. Mince ! Je suis écrivain avant tout.