Ah, que vienne le temps où les femmes érotiseront le corps de l’homme comme il a érotisé le leur pendant des siècles…Cette aparté en guise d’introduction et de réponse à la question du beau que vous évoquiez à la fin de votre texte mise à part, revenons à nos moutons, euh pardon, à nos femmes.La femme est un animal qui envoie des message (je crois que le téléphone portable est la plus belle invention que l’on ait faite pour elles), et qui attend que l’homme vienne la chercher. Bien. L’homme prend son cheval – à pattes, à moteur ou à roulette selon son âge – et, après avoir CORRECTEMENT décrypté le message, fait ce qu’il convient de faire, c’est-à-dire bien souvent l’andouille, pour répondre à l’attente de la femme. Donc l’Homme est un animal qui répond aux attentes de la Femme (quand il remplit cette tâche honorablement, la Femme le gratifie des compliments « courageux » et « être un homme »)Bref, l’homme et la femme sont deux animaux esclaves l’un de l’autre.Ne peut-on pas changer un peu le scénario, le faire évoluer, ou tout simplement changer un peu les rôles ? Une femme qui prend des initiatives, connaît l’angoisse et les plaisirs de la conquête, c’est possible ? Un homme qui attend d’être séduit, est-ce tolérable pour une femme ?Pour répondre autrement, à n’attendre que des hommes « courageux-qui-font-le-premier-pas », et des femmes séductrices chargées de messages, ne risque-t-on pas de ne rencontrer qu’un certain type d’hommes et de femmes et de danser toujours la même danse avec les mêmes cavaliers ?Lorsque vous dites « combien d’hommes ai-je effleuré négligemment du bras au supermarché, combien en ai-je regardé discrètement aux terrasses des cafés, avec combien ai-je osé échanger deux trois mots, sans qu’aucun, AUCUN ne perçoive l’allusion ? », une certaine nervosité s’empare de moi. Il faut que je retienne un certain nombre de voix qui s’élèvent en moi.Alors, pour vous répondre en essayant d’être simple – et calme –, je parlerai en termes de communication.Le problème vient d’une question de signal et de code. Généralement, et c’est heureux, les femmes ne sont pas très originales et utilisent toutes à peu prés les même signaux pour communiquer leur disponibilité et/ou leurs désirs– ce qui évite un surcroît de complexité qui rendrait la chose insoluble –, mais malheureusement, elles ne donnent pas toutes le même code au même signal. Et c’est là que le bas blesse.Lorsque l’on reçoit des messages qui se contredisent, des oui qui sont des non alors qu’ailleurs c’est des mais-oui-vas-y, des non qui peuvent être des oui, des oui qui sont avec certaines des pourquoi pas, avec d’autres des oui-mais-en-fait-non; des non qu’il faut prendre comme des oui, des oui qui sont tout sauf ce qu’ils paraissent être, lorsque par ailleurs on sait que dans ce jeu de décryptage, le droit à l’erreur n’est pas vraiment reconnu, et qu’un non mal interprété se solde par une claque (plus ou moins verbale), tandis qu’un oui passé à la trappe est tout aussi sévèrement réprimandé, il arrive que l’on en vienne à se dire: « Bon, ben moi, je vais revenir à quelque chose de plus simple – on pourrait l’appeler le courage d’être sincère notez le bien, car ces mots s’écrivent trop souvent au masculin– tant que je reçois pas quelque chose de clair, quelque chose qui ressemble à un cri du cœur, je bouge pas, j’attends de voir… et j’assume pleinement ma condition de gros-benêt-qui-n’y-comprend-rien-aux-femmes. »Oui, je sais, ça enlève beaucoup au jeu, mais ça épargne aussi beaucoup de déconvenues.Et puis, si j’aime jouer, c’est sans un meneur de jeu qui fixe les règles à sa convenance et les change au vent de ses caprices, bref, tout comme les femmes, je n’aime pas être pris pour un objet.Ne parlons du simple droit de dire « Non ». Là, on frise le tabou. Pour une femme, ce petit mot est un lieu commun, une habitude, un réflexe : elles en usent à tort et à travers, et cultivent les différentes manières de l’assaisonner. Elles l’aiment tellement qu’elles l’emploient même pour dire oui, c’est dire…Mais chez un homme, ça ne se fait pas, on frise là l’impolitesse, l’absence totale de galanterie, n’est-ce pas chère Lou ? Aussi, quand une Femme envoie des messages à un Homme, la seule question qui se pose, et qu’une femme se pose – et donc qu’un homme doit se poser – c’est : « L’a-t-il bien reçu », car il coule de source qu’une fois le message bien interprété l’objet du message en question s’empressera de s’efforcer aussitôt de le satisfaire… Ah, douce évolution des mentalités, comme on retombe vite dans les ornières que tu voudrais nous faire quitter…Vous surprendrai-je donc si je vous dis qu’il m’arrive de dire « non » ? Oh, attention, j’ai bien garde de l’employer avec délicatesse; autant parce que je respecte profondément un cœur qui a le courage de se découvrir, que par prudence vis à vis de la loi de « l’homme toujours partant » que j’ai le tort d’enfreindre – au reste, si j’ai recours au « non » ou plutôt à ses dérivés digérables par une femme, ce n’est pas par esprit de vengeance face à un privilège, mais simplement parce que je préfère éviter ces malentendus dont le seule unité de mesure est la souffrance.Pour revenir un peu sur la question « du courage » pour « être un homme », qui heurte quelque peu ma fierté masculine, je ne mets aucun point d’honneur à en avoir dans ce domaine. Les femmes-fleurs passives qui se cueillent comme des géraniums ne m’intéressent pas (et je suis surpris de les voir me donner des définitions sur ce que le mot courage peut bien vouloir signifier) Je reprendrai ici les mots de Longjacq qui a très bien écrit ce que je pense : » Je suis pour l’égalité, aussi j’applique la règle des 50/50. Si une femme n’est pas capable de se manifester d’une manière ou d’une autre, c’est qu’elle ne sera jamais capable d’aucune initiative, c’est qu’il faudra, vis à vis d’elle, éternellement jouer le rôle de locomotive, la prendre en charge, et la tracter. Ce n’est pas le comportement que j’envisage pour un individu adulte et responsable. Comment espérer d’une femme qui fait la carpe, la moindre imagination pour combler le plus petit de mes désirs? »Là où vous parlez de courage, je parlerai plutôt de conventions et de mise en scène :J’enfile mon armure, je prends mon cheval, mon bouquet de fleurs, mon échelle, ma mandoline et ma carte bleue, et tagada tagada je cours chercher ma belle.Mais quoi ! il paraît que les belles ne sont plus ce qu’elles étaient, qu’elles ont changé et qu’elles attendent des hommes autre chose…et elles veulent qu’ils leur rejouent toujours le même thème agrémenté seulement de quelques variations ?… il faut qu’on m’explique !Par surcroît, je ne vois pas par quel miracle de l’imagination une femme pourrait savoir ce « qu’être un homme » peut vouloir dire. Dans la bouche d’une femme, cette expression m’a toujours fait sourire. Je ne connais en outre aucun homme qui se permette de dire aux femmes ce que c’est « qu’être une femme ».Je passerai enfin sur vos critiques du style « les types qui passent leur temps à se mesurer la bite, et à voir des films X », c’est un cliché féminin que je veux bien vous pardonner, et qui prête à sourire autant que ceux que j’ai sur les femmes doivent les amuser.Maintenant, je dois quand même abonder dans votre sens sur les textes que l’on peut lire sur Rêvebébé – mais il semblerait depuis quelque temps qu’un virage à 90° ait été pris par les administrateurs du site. Ils sont souvent mal écrits, fleurent la complaisance et les « moi j’en ai une grosse », mais c’est hélas ce que l’on pouvait s’attendre à y trouver : demanderez-vous à un coq de ne pas faire cocorico ? Il cherchera l’endroit où le pousser dans l’espoir de récolter quelques poules, et un site comme rêvebébé est l’endroit idéal.Quant à faire comme vous le faites des statistiques via Rêvebébé pour en déduire un profil sur les goûts des hommes, sur leurs attentes sexuelles et sur leurs idéaux féminins le glissement me paraît plutôt hasardeux. C’est oublier que le contexte y est pour beaucoup, et que sa valeur représentative doit être revue à la baisse; pour le dire autrement et pour reprendre l’exemple précédent, il est difficile de trouver autre chose que des coqs et des poules dans une basse cour…en l’occurrence, la basse cour c’est le Web.Si vous prenez un contexte complètement différent, vous pourriez vous faire une toute autre idée – et tout aussi fausse en tant que généralité– des rêves de femme que nourrissent les hommes. Allez faire une tour dans un beau, un grand musée. Qu’y verrez-vous ? Des déesses, des saintes; la femme idéalisée, révérée, adulée, en bronze, en marbre, en peinture et cela à longueur de cimaises, pendant des siècles. Que devrait-on penser des hommes si nous les jugions d’après les œuvres qui ornent nos musées ? Qu’ils sont tout aussi fous, certes, mais aussi qu’ils s’évertuent à faire de la femme une étoile qu’ils ne peuvent jamais atteindre.Je ne sais pas où se trouve la vérité, mais j’ai en tout cas du mal à croire qu’elle nous attende sagement assise au croisement de lieux communs sur « les hommes » et sur « les femmes »…