Voici un rêve très étrange que j’ai fait il y a environ un mois. Une sorte de cauchemar, que j’ai fait à l’aube, qui m’a trotté dans la tête toute la journée. De quoi faire un récit original, avec un scénario complètement délirant. Ce long texte ne décevra pas, je l’espère, ceux qui auront la patience de le lire jusqu’au bout !N’y voyez aucun message, rien d’autre à part le délire d’un cauchemar mis en scène virtuellement !Bonne lecture, Dr Lamb.____________________________Je refermai le dossier et me laissai enfin aller au fond de mon siège, soulagé d’en avoir fini avec ce rapport. Les yeux clos, j’inspirai profondément pour me détendre un peu, puis m’étirai. Deux semaines de boulot enfin bouclées. Par la fenêtre ouverte de mon bureau, l’écho de la circulation me parvenait : un bruit rassurant et familier. Je me levai et fis quelques pas, puis me postai à la fenêtre, contemplant les petits robots RelationCorp qui allaient et venaient dans les rues, entre les immeubles. Cela me foutait le tournis de les observer. Je détournai le regard et levai les yeux vers le ciel bleu, dans lequel passèrent deux vaisseaux cargos.On frappa à la porte de mon bureau. Je fis volte-face, et les battements de mon cÅ“ur s’accélérèrent lorsque je vis Farida.— Vous avez enfin bouclé votre rapport ?— À l’instant. Et vous ?— Il me reste du boulot, avoua-t-elle avec regrets.Je regagnai mon siège. Elle était habillée comme d’habitude, d’un tailleur strict. Maquillage léger et discret. Cheveux bruns et ondulés. Une beauté froide et inaccessible, du moins en apparence. Vingt-cinq ans et belle comme le diable.— Je ne serai pas à la maison avant vingt-trois heures, au moins.Devais-je y voir un double sens ? Non, bien sûr que non.« Ton imagination ! me hurla la voix de mon frère. Cesse de rêver ! Redescends sur Terre ! »— Eh bien je penserai à vous, bien au chaud dans mon canapé, dis-je avec un grand sourire.Elle ne fit aucun commentaire, ses grands yeux noirs m’examinant de haut en bas avec dédain. Toi et ton costume à neuf Zousièmes, qui es-tu pour me charrier ? Je haussai les épaules. Elle tourna les talons et gagnait le couloir lorsque je l’interpellai :Elle se retourna, avec un air soupçonneux.— Je me disais que peut-être, à la pause…Ses sourcils minutieusement épilés se haussèrent d’un cran.Je me faisais l’effet d’un collégien con et boutonneux.— se prendre un café ? osai-je terminer.Elle se retourna totalement et sortit de la poche de son veston un petit boîtier électronique.— Le but de ce rendez-vous est-il sexuel ou sentimental ?Je soupirai. Quel con j’étais… De croire que…— Laissez tomber.— Planifions une relation sexuelle tout de suite. N’ayant pas de compagnon ces temps-ci, je vous propose demain à seize heures, chez moi ?Je fermai les yeux et me laissai aller en arrière dans mon fauteuil.— Non, laissez tomber.Je l’entendis s’éloigner sans un mot.La tour dans laquelle je travaillais vingt-deux jours par mois était haute de deux cent douze étages, plus six niveaux souterrains. Située en plein cÅ“ur de la ville, elle s’imposait comme la plus haute construction de celle-ci. Centre commercial, parking géant, restaurants, on aurait juré une petite ville tassée dans une forteresse imprenable.Je traversai le long couloir pour me rendre à l’ascenseur et rejoindre mon collègue Max, qui bossait au cent dix-septième étage, service commercial. D’innombrables petits écrans, situés à l’entrée de chaque bureau, nous diffusaient des publicités non-stop. J’avais fini par ne plus y prêter attention, sans quoi j’attrapais une migraine à tous les coups.Max était un brave mec qui vivait à fond chaque seconde sans se soucier de rien. Il était grand, plutôt mignon, cheveux blonds coupés courts, visage carré et yeux bleus. Il avait un certain succès après des femmes, et c’était un pro des relations « planifiées ». D’après lui, j’aurais dû naître cent ans plus tôt, quand tout était encore « humanisé » comme il se plaît à me le répéter chaque jour. Mais bon, on ne se refait pas. Je suis un nostalgique du passé. Aux films en 3D, je préférais largement les films à l’ancienne. Aux affreuses pilules jaunes appelées « restauracorp », je préférais me faire cuire un bon steak, ce qui n’arrivait hélas pas souvent. Aux androïdes ménagers, je préférais tout faire moi-même, comme dans l’ancien temps. Plutôt que d’être téléporté sur mon lieu de travail, je préférais utiliser mes jambes. Beaucoup me considéraient comme un débile, voire un con. Je m’en fichais. Personne ne pouvait me juger. Nous avions encore la liberté de penser.Pour le moment…Je pressai le pas en voyant les ascenseurs. L’un d’entre eux s’apprêtait à partir, je trottinai jusqu’à lui et m’engouffrai à l’intérieur, grommelant des excuses aux collègues, entassés comme des sardines. Je pressai le bouton du cent dix-septième étage, sous le regard suspicieux d’un homme en costume. Visiblement, il savait que j’étais « le pauvre con qui vit à l’ancienne ». J’avais une fois vu, sur la porte de mon bureau, un petit mot collé sous mon nom, « l’homme de Cro-Magnon ». Cela m’avait fait plus rire qu’autre chose. Les portes se refermèrent sans un bruit.Je toquai à la porte du bureau de Max – une pièce spacieuse et équipée des dernières technologies. Il leva le nez de l’écran de son PC, et un grand sourire vint illuminer son visage.— Hé ! J’allais justement te passer un fil. Vas-y, entre.Je refermai la porte derrière moi et m’avançai jusqu’à lui.— T’as fini ton rapport ?— Ouais, enfin. Et toi, t’es sur quoi ?— Une étude, mais j’ai presque fini aussi.Je me laissai tomber dans le fauteuil en cuir qu’il tenait à la disposition de ses clients. Max se remit à pianoter sur son clavier à toute allure, comme un joueur de piano hystérique.— Quoi de prévu pour ta soirée ? me demanda-t-il.Je haussai les épaules, n’ayant rien de prévu en particulier.— Un bon film sur magnétoscope ? me taquina-t-il.— Ah ah, très drôle.— Ou une bonne partie de cartes avec toi-même ?Je ne répondis pas. Il éclata de rire.— Allez, respire, vieux. T’es ok pour qu’on aille se prendre un café ?— Quoi ?Il ne m’avait pas proposé ça depuis des mois.— Bah, ouais, bien sûr.— Yeah, c’est cool.Je sentis quelque chose de louche dans sa proposition.— Et où ?— Au Mac Do du centre.Eh bah voilà , j’avais raison.— Oh non ! C’est hors de question ! fis-je en me levant d’un bond, la simple évocation du nom de ce restaurant me mettant mal à l’aise.— C’est leurs nouveaux services qui te font peur ?— Non, ça me dégoûte, c’est différent !— Mais pourquoi ? Tout le monde y va depuis leurs nouveaux services, il paraît que c’est le paradis sur Terre !Je secouai la tête et me mis à faire les cent pas dans son bureau.— Ouais, bah alors le paradis ne me tente pas, pas avec ce visage-là  !Max soupira.— Eh bien moi j’irai, avec ou sans toi.— Tant mieux pour toi.— Tu vas rater quelque chose, crois-moi. Rien que de voir le visage des serveuses, je bande.— C’est sûr que tu me tentes vachement, là , maugréai-je.L’année précédente, la compagnie Mac Donald avait lancé un concept tout simplement hallucinant : en plus de pouvoir se restaurer, on pouvait faire l’amour avec les hôtesses ! Et le pire, c’est que ça avait cartonné du tonnerre. Le monde était devenu vraiment dingue.— Max, tu vaux mieux que ça, t’as pas besoin d’aller là -bas pour te trouver une femme !— Je ne veux pas me trouver une femme ! Juste manger, et bien baiser.— Oh là là …Je me passai une main sur le visage.— T’as jamais essayé d’avoir des sentiments, pour une fois ?— Si, mais j’ai renoncé. Puisque désormais toutes nos relations et nos actes sont planifiés par des robots, autant se laisser aller.— Tu parles comme un vaincu !Il haussa les épaules.— Je vis avec mon temps, c’est pas du tout ce que j’appelle s’avouer vaincu. Le monde a évolué, et vivre dans…— … le passé est une perte de temps, terminai-je pour lui. Je sais. Tu me le répètes dix fois par semaine.Un petit silence s’installa. Il acheva son paragraphe, puis enregistra son travail et se leva, avant de s’étirer.— Bon, alors ? Tu m’accompagnes, au moins ?Je soupirai.— Je t’attendrai à l’entrée. Compte pas sur moi pour mettre un pied à l’intérieur !— C’est ce qu’on verra…Alors que l’ascenseur nous conduisait aux cabines de téléportation situées au cinquième sous-sol, je me tournai vers Max :— Si j’accepte d’entrer à l’intérieur, tu dois faire quelque chose en retour.Il eut soudain l’air inquiet.— Rassure-toi, j’vais pas te demander la Lune. Surtout qu’elle n’existe plus.— Quoi, alors ?— À pied, le centre-ville n’est qu’à cinq minutes. Je veux bien y aller, mais on y va à pied.— T’es pas sérieux ? C’est hors de question !— Et pourquoi ? T’as peur de fatiguer tes pauvres petites jambes ?Il haussa les épaules.— Ce serait flippant.— De quoi ? Avoir les rues rien que pour nous ? Non, c’est génial. On a l’impression d’être le dernier homme sur Terre.— Tu sais ce que je me suis toujours dit ?— Non, répondis-je. Quoi ?— Que tu utilises tes jambes parce que tu flippes des cabines de téléportation.Cela, je ne m’en étais jamais caché.— Bien sûr, ce n’est pas un secret.— Il n’y a jamais eu le moindre pépin. Mais tu refuses de faire confiance à la technologie.— Je suis l‘homme de Cro-Magnon, t’as déjà oublié ? lui rappelai-je. Et quant à ce qu’il en est des accidents…Je laissai ma phrase en suspens.— Oui ? fit Max, soudain intéressé.— Quand ils ont inventé cette technologie, il y a eu un pépin, figure-toi…Tous les gens présents dans la cabine de l’ascenseur me jetèrent un regard circonspect. Aussitôt, un minuscule petit robot d’une dizaine de centimètres se matérialisa devant moi. On aurait dit une petite radio avec des antennes. Une voix mécanique un peu étouffée se fit entendre :— Ben Bauer, né le 4 septembre 2009, vous vous apprêtez à critiquer la société et son fonctionnement. La loi Hitchen-Target, paragraphe neuf alinéa huit, punit ce délit d’une amende de six cents Zousièmes. L’amende sera facturée à votre domicile. Terminé.Il disparut aussitôt. Max me regarda d’un air gêné.— Voilà ce que ça te coûte.Je haussai les épaules, sans vraiment être agacé : si je me mettais à pleurer pour chaque amende reçue…— Bon, on y va à pied ?— Mais tu tiens ta parole, alors. On entre, et tu t’envoies une serveuse. Tu te décoinces, pour une fois, et tu profites du présent !Il me tendit sa main. Je ne pouvais me soustraire. Oh, et puis après tout, je trouverais bien un moyen de me dérober une fois sur place…Je lui serrai la main, et au même moment, le petit robot réapparut devant moi. Je soupirai.— Ben Bauer, né le 4 septembre 2009, vous n’avez pas l’intention de respecter votre parole donnée. L’amende prévue par la loi Hitchen-Target, paragraphe cent douze, alinéa six, livre du Code de la Conduite, d’un montant de huit cents Zousièmes, sera envoyée à votre domicile. C’est votre deuxième amende de la journée. En cas de troisième infraction à nos lois, vous serez placé en garde à vue. Terminé.Il disparut aussi vite qu’il était venu. Max me poussa du coude :— T’es qu’un enculé ! Parole donnée doit être respectée.Cette fois, j’étais bon pour le faire.Max poussa la porte d’entrée du hall et regarda avec malaise l’extérieur. Cela me faisait vraiment marrer. Je le bousculai et le dépassai, prenant une bouffée d’air pur au passage. Je me tournai vers mon ami, retenant toujours la porte.— Alors, on se décide ? Aucun monstre ne viendra te manger, promis…Il me jeta un regard méprisant, mais peu assuré.— Non mais sans blague, ça fait combien de temps que tu n’as pas marché dehors ?Il ne répondit pas et s’avança.— Peu importe. On y va, et on ne traîne pas, si possible !J’étais néanmoins content d’avoir réussi à le convaincre. Malgré sa réticence, il avait finalement pris sur lui, et accepté mon challenge. Si Max avait réussi à se remettre en cause, je me voyais mal faire de même, concernant « les nouveaux services » de Mac Do. Faire l’amour avec une inconnue, sur commande, et surtout en public ! J’avais vu des images stupéfiantes, de véritables orgies diffusées en guise de publicités pour Mac Do. Pour moi, faire l’amour était un acte important, et ne devait pas être pris à la légère. Comment pouvais-je en parler à mon ami, sans passer une fois de plus pour un homme préhistorique ?Nous nous mîmes en route en silence. Tous les deux pas, il regardait autour de lui avec malaise. Mais il n’y avait que les rues désertes. Au-dessus de nous, le trafic ininterrompu des robots RelationCorp, qui passaient et repassaient au-dessus de nos têtes, et zigzaguaient entre les bâtiments.— Cette fois, je vais aussi avoir le droit au surnom d’homme de Cro-Magnon, fit Max avec mauvaise humeur.— Eh oui, fis-je avec un grand sourire. On pourra bientôt former une tribu.Nous nous engageâmes dans la rue principale, qui passait par le parc (en pleine démolition) et qui menait au centre. Tout en marchant, je m’interrogeais sur la manière d’aborder le problème avec Max.— Tu sais… Y a longtemps de ça, on faisait l’amour à cause de nos sentiments, fis-je en me faisant l’effet d’un con.— Ah, sans blague ? me répondit-il. La plupart des gens ne le faisaient que pour le plaisir.— Oui, je sais, mais une poignée de gens le faisaient encore par amour. C’était quelque chose d’important, pas seulement pour le plaisir, cela montrait son attachement envers son compagnon ou bien…— Mais stop ! Regarde où cela a mené l’espèce humaine. Maintenant, on fait des gosses par bio-création, plus par relation sexuelle. Maintenant, on baise juste pour jouir. Pour le plaisir. Les sentiments n’existent plus. Je vois même pas pourquoi tu y penses encore.— Parce que je fais partie des gens qui ne peuvent le faire sans sentiment.— Tu es coincé, de toute façon. T’as donné ta parole. Tu vas t’enfiler une de ces serveuses, et tu vas voir comme ça va te faire du bien, comme ça va être bon. Tu me diras même merci, à la fin, ajouta-t-il.Je soupirai devant cette conversation qui ne mènerait nulle part. Il y eut un bruit sourd et Max poussa un cri.— Putain ! C‘était quoi ???Derrière nous, il n’y avait rien.— Sûrement le grand méchant loup, fis-je. C’était rien, t’as juste oublié ce qu’était le bruit, mon vieux. Probablement un couvercle de poubelle ou quelque chose dans le genre.Il se remit en marche en pressant le pas. Nous étions presque arrivés lorsqu’il fit halte soudain, et se courba en deux en se massant les jambes. Je fis halte moi aussi, stupéfait.— Non mais Max, sans déconner !Il se massa les jambes sans me répondre, ni même me regarder.— C’est grave là  ! fis-je. T’es tellement habitué aux technologies que tu as oublié l’effet que ça faisait de marcher ! Cela fait à peine cinq minutes, et t’es déjà fatigué !— J’ai mal aux jambes, c’est tout, me répondit-il avec humeur.— Parce que t’as oublié ce que c’était de marcher !!!Moi qui faisais un footing cinq fois par semaine, avant le boulot, j‘étais en forme. Cela me faisait mal de le voir s’essouffler au bout de cinq minutes de marche. Max se redressa avec une grimace et se remit en marche. J’étais abasourdi. Un coin de rue plus tard, l’énorme enseigne clignotante du Mac Donald nous apparut. L’établissement était gigantesque, s’étalant sur plusieurs niveaux et étages. J’inspirai profondément. Max me jeta un regard en coin.— J’en bande déjà .— T’es bien le seul.Il me prit par le bras.— Allez. C’est le moment de goûter au plaisir, mon pote.* * * * *Il faisait bon dans le restaurant. Les portes automatiques se refermèrent derrière nous. Nous étions pris au piège. Enfin, plus ou moins, c’était selon le point de vue et les opinions. Max souriait comme un gosse devant un magasin de confiserie. Je me passai une main dans les cheveux, me demandant ce que je foutais ici. Mes oreilles furent immédiatement attirées vers l’étage supérieur, où des gémissements et des cris nous parvenaient. Je poussai un soupir. Devant nous, au fond du magasin, les caisses, des centaines de caisses ! C’était presque effrayant, quelque part. À chacune d’entre elles, des dizaines de personnes faisaient la queue. Il n’y avait quasiment que des hommes, de tout âge. Des centaines de tables étaient occupées, où des centaines de clients prenaient leur repas.— Tu viens ? me demanda Max, le même sourire débile sur les lèvres.De plus en plus réticent, je le suivis néanmoins. Nous nous plaçâmes dans la première file venue, devant nous, environ une vingtaine de personnes. « Un peu de temps avant l’échéance », songeai-je… Je ne pouvais plus me dégonfler. J’y étais.— Nerveux ?— Non, enfin, si, me rattrapai-je, de crainte de me retrouver en garde à vue.— Je vois pas pourquoi tu te mets dans cet état-là . Tu vas te taper une bombe, bon nombre de mecs seraient contents.— J’ai jamais eu de relation comme ça. Pour être bref, je vais me taper une nana pour de l’argent, en gros, je vais me faire une « pute » !Il y eut soudain un long cri rauque en haut, qui me fit sursauter.— Et alors ? Elle est consentante, et encore mieux payée que nous deux !Je haussai les épaules.— Laisse tomber, tu ne comprends pas.— C’est toi qui ne comprends pas, s’emporta Max. Le monde a évolué, mais tu veux absolument te convaincre que cette évolution est négative, et tous ceux qui ne pensent pas comme toi sont des cons !Piqué au vif, je rétorquai :— Je n’ai jamais dit ça, enfin ! Je ne te considère pas comme un con ! J’essaie juste de te faire comprendre que ce nouveau mode de vie ne me plaît pas, et que tu passes à côté de beaucoup de choses. C’est tout.— Bah voyons…Plusieurs cris d’extase nous parvinrent.— Hmm, j’ai hâte d’y être, fit Max.De mon côté, je devais le reconnaître, l’excitation commençait à pointer son nez. Je regardais plus ou moins les caissières, et elles étaient toutes vraiment canons. La file d’attente dans laquelle nous étions ne me permettait pas de voir la nôtre. Et les cris, en haut, me faisaient un drôle d’effet. Et je n’avais pas eu de relation sexuelle depuis presque treize mois… Céder trop facilement me discréditerait auprès de Max, et le connaissant, il ne cesserait plus de me charrier à mort. Mais je devais reconnaître que l’endroit m’émoustillait légèrement.— Allons bon, fis-je.— Quoi ?Je soupirai : autant lâcher le morceau de suite.— J’avoue que ma curiosité est piquée…Un immense sourire illumina le visage de Max.— Bingo… Je te l’avais dit !Et c’était parti pour des mois de vannes… Mais je m’en fichais. Nous avançâmes un peu. Un homme descendait l’un des escaliers qui menaient à l’étage, un sourire béat sur les lèvres. Max me poussa du coude.— Tu seras dans cet état-là , me dit-il.— Faut voir… T’as des capotes ?— Non, mais ils en fournissent, rassure-toi. Et les filles sont propres.Génial…— Tu peux choisir la fille de tes rêves, en plus. Il y a le choix.— Et c’est quoi la fille de tes rêves ? Moi, c’est celle qui sera la mère de mes gosses…Il haussa les yeux au ciel.— Je crois que je vais me laisser tenter par une Latine, aujourd’hui. Avec un cul d’enfer.— Eh bah ça promet.— Et toi ?— Oh, j’en sais rien, répondis-je. Je vais le faire avec la caissière, va. Ce sera vite fait.Nous progressâmes davantage. Un groupe de jeunes descendaient l’escalier en riant, tout excités. Je commençais pour ma part à avoir une boule dans le ventre, et j’avais l’impression d’être un vieux pervers dégueulasse. Max me poussa du coude.— Tu veux vraiment te taper la serveuse ?— Faire l’amour avec, précisai-je.— Eh bah t’as bien fait de prendre cette option, me dit-il. C’est une de ces bombes sexuelles !Je sortis un peu de la file et penchai la tête : je vis une jeune femme blonde, avec des couettes, au visage magnifique. De grands yeux noirs. Des lèvres fines et délicates.— Ah ouais, fis-je, quand même…— Enfin, peut-être qu’un des mecs devant nous va te la piquer…Un sentiment étrange me traversa alors. Une espèce de jalousie, de sentiment de protection et de propriété.— Tu serais dég, hein ? m’interrogea mon ami.Je haussai les épaules, bien décidé à ne rien lui montrer. Il rit.Ce fut enfin à notre tour. La serveuse était vraiment belle. Une vraie top model.— Bonjour, bienvenue au New Mac Donald, je m’appelle Jennifer. Puis-je prendre votre commande ?— Heu…Je pris une grande inspiration sous l’œil rieur de Max.— Je voudrais un café.— Sucré ou non ?— Sucré.Elle avait une voix rauque qui me donnait le frisson.— Sur place ou à emporter ?— Sur place.— Désirez-vous profiter de nos nouveaux services ?— Oui, murmurai-je d’une voix basse.— Avec moi ou l’une de mes collègues ?Je déglutis bruyamment. Mon pote n’en pouvait plus de rire.— Avec vous.— Très bien. Je vous laisse vous installer en haut, je vous y rejoins dans moins de deux minutes, m’informa-t-elle, n’ayant l’air ni choquée ni offusquée.Elle me tendit une petite feuille plastifiée.Il fallait donc payer après consommation.Je lui pris la feuille et lui effleurai les doigts au passage. Mon cÅ“ur s’emballa, comme si j’étais un ado qui invite une fille pour la première fois. Max le remarqua. Je sortis de la file, il prit ma place. Je vis que Jennifer avait quitté la caisse et qu’une belle Noire la remplaçait. Je la suivis des yeux, jusqu’à ce qu’elle disparaisse au fond du magasin. Tremblant, je baissai les yeux vers la feuille qu’elle m’avait remise :Cunnilingus : Dix ZousièmesFellation : Vingt ZousièmesPénétration vaginale : Quarante ZousièmesCaresses buccales sur les seins : Quinze Zousièmes…— C’est du délire ! fis-je en relevant la tête et en stoppant ma lecture.Max me prit par le bras, ayant fini de passer sa commande.Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il m’entraîna en haut.* * * * *La salle du haut était gigantesque, sûrement aussi grande qu’un aéroport. C’était un vrai délire : partout autour de nous, installés dans de petits espaces carrés, isolés par des plaques en verre tombant du plafond, des couples, des trios, des quatuors en train de baiser. Il y en avait partout. Cette scène surréaliste me donna le tournis. Une forte odeur de sperme et de désodorisant au pin régnait.— C’est pas trop fort, franchement ? m’interrogea Max.— Non !Au fond de la pièce, deux divans en cuir étaient libres. Il me tira vers eux. Nous passâmes devant un carré vitré, où une jeune femme était appuyée, paumes contre la vitre, debout, en train de se faire pénétrer en levrette. Max lui souffla un baiser. Mal à l’aise, je détournai le regard. C’était donc ça, la vision du paradis qu’avait Max ? Très peu pour moi, merci. Je décidai illico de ne plus jamais remettre les pieds ici. Ce fut avec soulagement que je me laissai tomber sur l’un des divans. Max fit de même sur l’autre, et commença à se masser le sexe à travers son pantalon.— Oh, fis-je, excédé, ne fais pas ça devant moi !— Et toi arrête de faire ta pucelle effarouchée !Mais comment m’étais-je laissé entraîner là -dedans ? Mon cÅ“ur battait à deux cents à l’heure, je n’arrivais toujours pas à croire que j’allais faire l’amour avec une parfaite inconnue ! Magnifique, oui, mais…Je n’eus pas le temps de me poser davantage de questions : elles arrivaient.Jennifer portait une courte jupe bleu ciel, sa poitrine lourde ballottait sous un t-shirt blanc serré, qui me dévoilait son nombril. Elle était chaussée de baskets bleues.Divine.— Bah mon salaud, me fit mon pote, tu t’es pas fait chier, quand même, pour un mec soi-disant dégoûté d’être là  !La serveuse qu’il avait choisie était brune, aux cheveux noirs bouclés. Elle portait une robe noire très légère, et des bottes à talons de la même couleur. Je n’avais jamais compris comment les femmes pouvaient se déplacer avec des engins pareils aux pieds ! Jennifer déposa sur la petite table basse devant nous un plateau, sur lequel étaient déposés mon café, une serviette en papier et une touillette, ainsi que deux sachets de sucre. Max avait pris la même chose. Il attira sa serveuse à lui en la prenant par les hanches. Jennifer s’assit à côté de moi, laissant échapper de délicieux effluves de parfum. Elle sentait la fraise, et cela me faisait tourner la tête. Inutile de me mentir, elle me faisait de l’effet.Un ange tombé du ciel… Sur commande…Toujours mal à l’aise, je m’emparai de mon café sans la regarder un seul instant, puis le descendis d’un trait, me brûlant la gorge.Jennifer me lança un regard étonné.— Ne soyez pas si nerveux, me dit-elle de sa voix rauque qui me rendait tout chose.Je tournai la tête vers mon pote : sa serveuse était assise à califourchon sur lui et ils se roulaient des pelles monstrueuses.Au moins, lui ne se prenait pas la tête…— C’est que… commençai-je, sans vraiment savoir ce que j’allais lui dire.Elle posa sa main sur ma cuisse, me prit le visage de sa main libre et le tourna vers elle. Nos lèvres étaient si proches…Ses grands yeux noirs étaient plantés dans les miens. Elle posa son doigt sur ma bouche.Elle se pencha un peu et vint déposer sa bouche contre la mienne. J’en cessai presque de respirer. Elle m’attira à elle par la nuque.Sa langue vint effleurer mes lèvres, me provoquant une délicieuse sensation.Je l’embrassai à mon tour, peureusement, comme si le contact de ses lèvres allait me tuer. Elle me caressa la joue de ses doigts, me rendant mon baiser plus vivement et ardemment. Je portai mes mains à son visage, caressant ses joues fraîches, son cou. Je sentais le poids du regard de Max sur moi, mais je tentai de me concentrer et de ne pas y prêter attention. Mes baisers se perdirent dans son cou, sur ses joues, son front. Elle ferma les yeux, poussa un soupir, vint se coller à moi dans la banquette. Ses jambes se retrouvèrent sur les miennes, et j’osai passer une main sur sa cuisse.— Hmm… Vous êtes tendre…Ma main remonta le long se son ventre et se glissa sous son t-shirt. Mes yeux se posèrent sur ses seins lourds et ronds. Mon cÅ“ur battait la chamade, j’avais la sensation de ne plus être moi-même. Jennifer me prit la main et me la fit poser sur sa poitrine. Je sentais la pointe de son mamelon à travers l’étoffe de son vêtement : c’était un délice. Mon sexe durcissait de plus en plus, elle le sentait, et s’amusait à se tortiller légèrement, ses fesses contre mon bas-ventre. Je l’embrassai dans le cou.Enhardi, grisé par cette femme magnifique, je glissai ma langue dans son oreille, avant de la mordiller légèrement. Elle poussa un gémissement, qui s’accentua lorsque mes mains se faufilèrent sous son t-shirt et se saisirent de ses seins ronds. J’entendis Max, derrière moi, pousser un cri sourd.— Léchez-moi les seins, me chuchota-t-elle à l’oreille. Tétez-moi…Je déglutis péniblement en essayant de garder mon calme. Je n’étais plus aussi pressé d’en finir, désormais. Mes lèvres se déposèrent sur son cou, ses épaules. D’un geste adroit et précis, elle ôta son t-shirt, me révélant enfin sa poitrine lourde et opulente. Elle me prit mes mains et les posa sur ses seins.Je fermai les yeux et inspirai profondément. Les doutes refaisaient surface. Mais que fichais-je ici ? Comment m’étais-je retrouvé ici ? Et surtout, pourquoi ne pouvais-je pas lutter ? Cette femme était si magnifique… Mes pulsions les plus primaires refaisaient surface, quelles que soient mes résolutions et mon mode de vie. Je ne pouvais pas lutter. J’étais un homme, après tout. Un homme. Un être humain basique. Et cette pulsion était plus forte que tout.Elle se redressa un peu, de manière à mettre ses seins devant mon visage. Je me penchai et vins embrasser l’une des pointes. Ses mains se faufilèrent dans mes cheveux, me caressant la nuque. C’était délicieux. Ses pointes érigées avaient le goût du plaisir. Je passai ma langue dessus, les mordillai légèrement. Les yeux fermés, elle se laissait aller à savourer mes caresses. J’entendais Max gémir de plus belle, derrière moi. Mon cÅ“ur battait si fort que j’étais certain que tout le monde l’entendait. L’odeur de son corps m’enivrait. Une odeur musquée, fraîche, qui me donnait envie de la serrer contre moi, de passer mes mains sur tout son corps, de me fondre en elle, de devenir elle.Je me saisis de son autre sein, emprisonnant son mamelon entre mes doigts, passant et repassant ma langue dessus. Je glissai mes doigts dans sa bouche, et elle les suça, les mordilla. À présent totalement assise sur moi, je pouvais de mes mains gourmandes explorer et découvrir son corps, de la rondeur de ses seins, jusqu’à son dos, puis dans le creux de ses reins. Elle n’était que formes et féminité. Elle aussi me touchait, passait ses mains sur mon visage, mon cou et mon torse.J’étais vaincu. Je ne pouvais même plus prétendre passer pour un mec raisonnable. Mes hormones et mes instincts avaient balayé toutes mes convictions. Rien qu’une fois, après tout…Les mains de la jeune femme descendirent vers mon bas-ventre, et ce fut comme une décharge électrique qui me fit frissonner. Un soupir m’échappa sans que j’en aie conscience. Les doigts de Jennifer se mirent à défaire ma ceinture. L’hôtesse de Max poussa soudain un petit cri derrière moi. Je tournai un peu la tête. Il venait de la pénétrer, elle était à quatre pattes sur le divan. Il l’agrippa par les cheveux et la tira en arrière. Nouveau cri, mêlé de plaisir et de douleur. Je reportai mon attention sur la sublime blonde. Elle s’était agenouillée devant moi et dézippait ma braguette. Je pris une grande inspiration pour me calmer. Me lançant un regard brûlant, elle baissa mon pantalon, et se mit à me masser le sexe, qui tendait à mort le tissu de mon caleçon.« Elle a dû faire ça plein de fois, alors ne crois pas qu’elle en a vraiment envie, c’est du cinéma ses yeux de braise, pour faire revenir le client… »Elle passa sa langue sur ses lèvres et sortit mon pénis. Il n’était pas énorme, de quoi s’amuser, pas de quoi frimer. Pas vraiment long, un peu gros oui, mais bon… Elle avait dû en voir de bien plus imposants. De délicieux frissons me traversaient au contact de ses doigts. D’un geste lent, elle me manipulait lentement, de haut en bas, jusqu’à ce que je sois totalement raide. Je fermai les yeux, incapable de me retenir, ni de penser rationnellement désormais.— Oui, gémis-je.— Alors, fit la voix de Max derrière moi.Une main se posa brièvement sur mon épaule.— Qu’est-ce que j’t’avais parié, hein ?Je ne répondis pas, envahi par la douceur chaude de la langue de Jennifer, qui remontait de la base de ma verge jusqu’au sommet de mon gland. Un gémissement m’échappa. J’ouvris les yeux, la regardant passer sa langue autour de mon méat, m’arrachant des frissons délicieux presque insoutenables. Je passai la mienne sur mes lèvres, pour les humecter. Ma main se posa sur sa joue, lui caressa le visage, alors qu’elle salivait abondamment sur mon membre érigé, avant d’étaler la salive avec ses doigts. Enfin, elle se pencha et ouvrit la bouche en grand pour m’engloutir, avec une lenteur presque perverse.Je n’avais plus le contrôle de mon corps. Le plaisir dictait mes actes, mes pensées. L’image de Farida s’imposa devant mes yeux, mais je la chassai comme on chasse un moustique. Mes pensées n’étaient focalisées que sur une seule chose : le sexe. Mes idées semblaient m’avoir déserté.Et voilà , voilà que je cédais, il suffisait d’une partie de jambes en l’air avec une bombe pour me faire perdre la tête. Moi qui me pensais fort mentalement…La tête de la belle blonde montait et descendait doucement, lentement, ses lèvres glissant sur moi, sa langue coulissant sur mon gland, ses doigts palpant mes testicules gonflés.Plusieurs cris aigus se firent entendre au bout de la pièce, mais je n’y fis pas attention.— Dans le cul, mets-la-moi dans le cul maintenant ! cria la serveuse de Max, derrière nous.Elle semblait surexcitée. Max poussa un gémissement rauque et j’entendis de violents coups de boutoir. Je n’en pouvais plus. Je sentais l’éjaculation monter en moi, aussi je pris la tête de ma partenaire dans mes mains, et la fis se redresser. Elle comprit le message et vint s’asseoir sur moi, mon sexe dur comme de la pierre butant contre le sien que je sentais humide et brûlant. Ses cuisses autour de ma taille, ses mains dans mes cheveux. Lèvres contre lèvres. Langues contre langues. Elle sentait bon. Elle sentait la femme. Elle sentait tout ce dont je m’étais privé depuis des années.Je la pressai contre moi, ne cessant de l’embrasser goulûment et avidement, suçant sa langue et léchant ses lèvres humides. Je la saisis par les hanches et me relevai. Elle noua ses jambes autour de ma taille et ses bras autour de mon cou pour ne pas tomber. Je l’embrassai, tout en me retournant, de manière à pouvoir l’allonger sur le divan en cuir. Je vis Max, occupé à se faire lécher les testicules par sa caissière. Il gémissait, les yeux clos, debout, tandis qu’elle était à ses pieds, sa langue allant et venant sur ses bourses gonflées.Je déposai Jennifer et mis genoux à terre. Comprenant mon intention, elle écarta les cuisses et me prit par la nuque pour m’attirer à elle. Je posai mes mains sur ses cuisses, remontant sa jupe, découvrant son sexe totalement épilé, délicat. Elle retroussa sa jupe et se cala confortablement. Son parfum me montait aux narines. C’était divin. Je posai mon doigt sur son sexe, savourant sa texture et sa chaleur douce et humide. Elle ferma les yeux. Le plat de mon doigt effleura ses lèvres, s’enfonça doucement en elle, puis ressortit.Je goûtai son nectar. Un délice nacré et fort.— Hmm… gémit-elle.De mes deux doigts, j’écartai ses lèvres, pointai ma langue et la posai sur elle. Ce goût-là , je l’avais oublié. Ce goût qui animait en moi une faim sauvage, réveillait la bestialité tapie tout au fond de moi, si profondément que je ne l’avais jamais soupçonnée pouvoir exister. Ce goût qui me donnait faim d’elle à en mourir. Ses mains fraîches se posèrent sur mes joues au moment où ma langue titillait ses grandes lèvres, son clitoris. Je passai mes mains sous sa croupe pour la maintenir contre moi.Comme possédé, je glissai ma langue en elle, suçant son clitoris, l’emmenant tout près de l’orgasme, puis cessant pour lui lécher le creux des cuisses, revenant à son sexe humide, buvant sa cyprine. Elle gémissait, haletait, se tordait contre moi. Mon majeur entra en elle, tandis que je léchouillais son clitoris dardé.Si elle faisait semblant, c’était bien joué. J’étais totalement ailleurs. Loin, très loin. Il me semblait que plus rien ne comptait à part ce sexe offert à moi, sans pudeur ni gêne. Deux doigts en elle qui allaient et venaient. Je plongeai mes yeux dans les siens, attentif à son regard suppliant, sa bouche entrouverte qui laissait échapper de petits cris et gémissements rauques, les gouttes de sueur qui coulaient de son visage.Ma langue descendit un peu plus bas, effleura son vagin trempé, puis se déposa sur son anus plissé et délicat. Aussi savoureux que son sexe. De grands coups de langue gourmands me permettaient de savourer les deux.— Oui ! Oui ! Oh c’est bon, oui !Elle était brûlante. Mes mains parcouraient son corps, ses seins lourds, ses mamelons érigés, son ventre, ses cuisses. L’envie de la serrer contre moi jusqu’à me fondre en elle me brûlait le corps tout entier. Je remontai ma tête, embrassai son nombril, poursuivis pour téter sauvagement ses mamelons. Elle cria, m’attira contre elle. Mes baisers se perdirent dans son cou, sur ses joues, ses lèvres, son front. J’emprisonnai ses tétons entre mes lèvres, l’un après l’autre, les mordillant, les léchant.— Viens… m’implora-t-elle, vite…Je me redressai, le dos douloureux. Elle me regarda avec les yeux enflammés d’une déesse goûtant aux plaisirs des humains. Mon sexe palpitant en main, je m’emparai d’un préservatif posé sur la petite table, près de mon café. Je le déchirai de mes doigts tremblants, puis le contemplai, me trouvant bien con : dans l’excitation, je ne savais plus comment le mettre ! Jennifer s’en aperçut, et sans un mot, se redressa et me le prit des mains. Je m’approchai d’elle et frémis lorsque sa main se posa sur mon sexe.D’un geste adroit, elle posa le bout de la capote sur mon gland, et la déroula ensuite lentement. Elle ouvrit grand la bouche et engloutit mon sexe enveloppé jusqu’à la garde.Puis elle se réinstalla sur le divan, jambes grandes ouvertes. Et porta ses doigts à son sexe dont elle écarta les lèvres d’un geste de défi.Max, à quelques mètres de nous, était en train de sodomiser son hôtesse, installée à quatre pattes. Il semblait avoir totalement zappé mon existence.Je m’approchai, me penchai un peu et vins frotter mon gland à son vagin, sentant la chaleur et la promesse d’un plaisir extrême.Sans la pénétrer, je passai et repassai mon gland sur son sexe, une douce caresse pour moi, une exquise torture pour elle. Puis d’un coup, ne pouvant plus me contenir, je m’enfonçai d’un mouvement brusque. Elle ferma les yeux et cria, un cri rauque, sauvage, et je sentais son être qui m’engloutissait, son vagin qui m’avalait littéralement. Je fermai les yeux, submergé par des sensations inouïes, dont j’avais totalement oublié l’existence. Elle m’attira à elle par les hanches, se souleva pour mieux recevoir mes coups de reins. J’ouvris les yeux.Flash !Une grande lumière blanche et aveuglante. Une sorte de vertige me prit, mais je restai debout. Jennifer avait disparu. Max avait disparu. Toute la salle emplie de couples ou trio en action avait disparu. Devant moi, plus rien, sauf une étendue désertique à perte de vue. Un vent puissant soufflait, me glaçant jusqu’aux os.— Mais qu’est-ce que…Sous mes pieds, des gravats. Des morceaux de métal carbonisés. Je levai la tête. Le ciel était couleur rouge sang. Pas un nuage. Juste le ciel rouge.Stupéfait, ne comprenant rien, je reculai vivement.— Mais qu’est-ce qui se passe ?Ce qui me paralysait totalement, c’est qu’aucun robot ou véhicule RelationCorp n’arpentait le ciel. Des buildings détruits, ou partiellement détruits, énormes structures éventrées et béantes, laissées à l’abandon.Flash !Je me retrouvai de nouveau au Mac Do. Jennifer haletait, les muscles tendus, ses gros seins tressautant au rythme de mes coups de boutoir.Elle me jeta un drôle de regard. Intriguée. Mais elle continua de gémir, les mains crispées aux accoudoirs du divan.— Oh j’aime ça ! Oui ! Oui !Max était debout à côté de moi, en train de se masturber sauvagement, son hôtesse à genoux devant lui, la bouche grande ouverte. Je reportai mon regard sur Jennifer, encore sous le coup de cette étrange vision. Avais-je rêvé ? Était-ce une hallucination ?Flash !Cette fois, je ne vis aucune lumière blanche. Le décor ne changea pas. Je restai là , en train de pénétrer Jennifer aussi vite et violemment que je le pouvais, les muscles noués, transpirant, haletant, entrant et ressortant presque totalement de son vagin brûlant.Sauf que je voyais EN DEDANS d’elle. Comme si elle passait aux rayons X. Je voyais à travers sa peau, je voyais ses os, sa chair, ses muscles, le cÅ“ur battant.— Mon Dieu, balbutiai-je, terrifié mais incapable de stopper la cadence.Son crâne. Je vis quelques chose qui entourait son cerveau, quelque chose de rose et de visqueux, quelque chose de vivant EN ELLE…Flash !Je sortis mon pénis et me sentis éjaculer convulsivement dans le réservoir du préservatif. Chaque jet me semblait d’une puissance inouïe. Comme si j’expulsais des années et des années de semence. Jennifer me regardait en se passant la langue sur les lèvres, épongeant son visage en sueur. Max poussa un cri et jouit à son tour, envoyant plusieurs jets de sperme laiteux sur le visage de la brune.— Mon Dieu, émis-je, sentant mes jambes défaillir.Tout était revenu à la normale. Je ne voyais plus en Jennifer, je ne voyais qu’elle, belle comme le diable… Je reculai vivement, me cognai à la table basse et chutai au sol. Max éclata de rire entre deux gémissements d’extase.— Eh bah, mon vieux ?J’essayai de parler, de dire quelque chose, mais mes lèvres sèches ne me le permirent pas. Je tendis le bras et attrapai mes vêtements.Oh oui, je devais quitter cet endroit. Quelque chose de terrible s’y cachait.Je me relevai et enfilai mon pantalon à la hâte, ramassai mon t-shirt. Mon portefeuille m’échappa des mains, mes cartes de paiement chutèrent au sol. Jennifer se relevait, et elle aussi ramassait ses habits.— Vous vous sentez mal ?Elle me prit la main et me força à me faire face. Ses mains se glissèrent dans les poches de mon pantalon.— Que se passe-t-il ? m’interrogea-t-elle.— Laisse-moi ! criai-je en reculant, comme si son contact allait me tuer.C’était peut-être le cas : j’avais vu cette chose en elle, dans sa tête. Je n’étais pas fou !— Et voilà , fit Max, c’est parti pour une grande crise existentielle…Tant pis. La terreur s’insinuait en moi, brouillait mes pensées et mes capacités de réflexion. Je jetai une de mes cartes de paiement où il restait une centaine de Zousièmes. Pas le temps d’attendre. Tout en enfilant mes chaussures, je traversai la salle, zigzaguant entre les tables et les couples en pleine étreinte.— Ben ! m’appela Max derrière moi.Je ne ralentis pas, dérapai sur le sol, atteignis enfin l’escalier.Fuir, le plus vite possible. Fuir cet endroit maudit.Je descendis les marches quatre à quatre, sentant mes pieds qui sortaient de mes chaussures mal enfilées. Mais pas le temps de s’arrêter. Je traversai le hall du magasin, ne jetant pas un Å“il aux files d’attente monstrueuses qui s’étalaient à chaque caisse. Je me jetai littéralement dehors, et courus à en perdre haleine, jusqu’à ce que le Mac Donald soit derrière moi.Je courus, courus, à m’en étouffer, jusqu’à ce que mon cÅ“ur s’emballe, jusqu’à ce que mes jambes me trahissent.Je m’écroulai à deux rues de mon appartement. La rue était déserte. Ma respiration sifflante m’évoqua celle de mon père à la fin de ses jours. Un poids m’écrasait la poitrine.Qu’avais-je vu là -bas ? Que s’était-il passé ? Je passai une main sur mon visage en sueur, puis fouillai ensuite mes poches. Dans la poche arrière droite de mon pantalon, je sentis quelque chose. Un petit papier plié en deux. Glissé par Jennifer au moment où je me rhabillais à la hâte. Une petite écriture fébrile avait écrit deux phrases :Sauvez-Moi. Sauvez-nous toutes.À suivre…