— Quelle différence y a-t-il entre des cacahuètes et un clitoris ?Le réveillon était bien parti. Il y avait Gisèle et son nouveau boyfriend, Armand, mais aussi Félix et sa nana de toujours, Angélique ; enfin Bianca et Rosalie, les deux copines inséparables. Tout le monde a reconnu une des bonnes blagues de Félix.— Il n’y en a pas, ce sont des amuse-gueules !Le rire fusa parmi les cotillons, et les sarbacanes en carton lancèrent des boulettes colorées dans l’allégresse générale. C’est alors que Rosalie raconta comment elle s’était retrouvée malencontreusement en petite tenue face à son beau-frère, qui s’était trompé de porte de chambre tellement il était bourré.— Bon, j’étais en slip et en soutif, mais j’aurais pu tout aussi bien n’avoir rien sur moi. Et lui, il bredouillait qu’il ne trouvait plus la porte pour sortir. Une histoire, mais une histoire…Félix allait prendre le relais pour une de ces histoires tordantes dont il a le secret : c’est une fesse qui dit à l’autre fesse…, quand brusquement Gisèle solennellement se leva et prit un couteau pour faire tinter son verre. Minuit approchait et on pensait qu’elle prenait un peu d’avance pour les vœux traditionnels.— Mes amis, comme tous les ans, nous voici réunis devant une belle table à festoyer de bon cœur. Et comme tous les ans, nous rions aux blagues et aux évocations de cul des uns et des autres pour attendre minuit. Eh bien, merde ! Le repas est fin et les histoires sont grossières, la musique est légère et les blagues sont lourdes. Il faut mettre nos actes en accord avec nos idées et nos fantasmes. Moi, je n’attendrai pas minuit pour voir le sexe d’Armand. Plutôt que de la trivialité en parole, je souhaite de la tendresse en gestes et en amitié profonde. Réveillon, oui, mais réveillons-nous vraiment !Armand s’était levé, lui aussi, et il avait tout aussi solennellement descendu son pantalon. Un pénis légèrement gonflé était apparu aussitôt caressé par la main diligente de Gisèle. Félix en fit tomber sa chaise à la renverse.— Viens, Angélique, on n’a rien à faire ici ! C’est un coup monté pour qu’on finisse dans une partouze ! Vraiment, je suis déçu et même écœuré par un tel comportement.Il prit son manteau et sa copine puis disparut dans le claquement de la porte. Bianca et Rosalie ne savaient quelle attitude prendre. Elles se regardaient intensément. Gisèle prenait maintenant le sexe d’Armand en bouche avec une telle délicatesse qu’on ne pouvait penser qu’à une friandise. C’est Bianca qui prit les devants. Dans un cas comme celui-là, ou on se rhabille ou on se déshabille. Moi, je choisis mon camp.Elle se dénuda lentement laissant apparaître des dentelles mauves et noires, puis une peau blanche ornée d’une toison taillée en V. Rosalie, peut-être pour se donner du courage, reprit un grand verre de champagne, puis elle entreprit d’embrasser Armand. Mais il s’agissait d’un baiser suave, éloquent dans son élégance, un peu comme si elle le remerciait d’avoir pris le risque du premier émoi de la soirée. Gisèle laissa Armand à ce baiser fougueux et gratifia Bianca, qui était montée sur la table, d’une pénétration buccale, doublée d’une caresse anale.Armand, ébloui par la beauté de la scène, ne put que retrousser sa Gisèle, révélant des fesses déjà humides et la brillante absence de tout dessous. Il y avait bien quelques raisons de croire à un coup monté. Rosalie, désormais en culotte et armée de sa bouteille de champ, regardait comment le bel Armand poussait son avantage pour pénétrer son amante avec un charme discret, mais qui ne manquait pas de dynamisme. Et elle pouvait observer les fesses masculines qui frémissaient d’aise devant un tableau digne de Gustave Moreau : une fille nue sur la table gamahuchée par une Gisèle en eaux, elle-même pénétrée de ferveur par un jeune homme dont l’anus agaçait visuellement Rosalie. Elle dirigea le goulot de la bouteille vers l’œil sombre qui la provoquait et la sodomie fut consommée avec modération.Minuit sonna. La sculpture prit une tournure définitive. Enfin, tout ce qui était solide se figea, mais le liquide coula délicieusement. Depuis le con de Bianca, il descendait en petites vagues successives dans la bouche de Gisèle, dégoulinait sur tout son corps, se concentrait autour de la verge d’Armand, roulait ensuite sur ses fesses où le champagne y ajoutait ses bulles sous l’action de Rosalie qui elle-même n’en pouvait plus et se soulageait d’un flot d’urine qui gonflait sa petite culotte avant de se déverser sur la moquette définitivement souillée. Au douzième coup de boutoir, Armand déchargea. On était désormais en 2015.Tous se placèrent sous le gui, car il y a des traditions à respecter.— Je te souhaite, cher Armand, les fellations les plus profondes.— Merci à toi ; je te présente mes meilleurs vœux pour des feuilles de rose dignes de Ronsard. Que l’année t’apporte les sodomies les plus inoubliables ! Et pour toi, ma douce Rosalie, autant de partenaires masculins que féminins, mais tous doués dès la naissance pour l’orgasme à répétition.Bref, on en était aux vœux habituels dans un répertoire qui l’était moins. Chacun reprit place autour de la table. Bianca complètement nue, Gisèle en robe, mais le sperme lui dégoulinant sur les jambes, Armand en chemise, Rosalie en culotte trempée de pisse. Le café fumait devant les convives. Il fallait régénérer les corps avant une deuxième séance qui tiendrait probablement tout le monde en haleine jusqu’à la soupe à l’oignon.C’est alors que l’on sonna. Armand se dirigea vers la porte. À chaque pas, sa queue faisait une apparition puis se cachait sous la chemise. C’était Angélique. Elle entra dans un silence de cathédrale. Par pur réflexe, Bianca cacha ses seins sous sa serviette de table.— Je voulais quand même vous souhaiter une bonne année. Je suis désolée pour ce qu’il s’est passé, mais… Vous savez, nous sommes rentrés à l’appartement. Félix m’a sauté dessus en disant que tout cela l’avait excité. Je lui ai dit qu’il n’était pas logique puisqu’il avait paru choqué. Il m’a coincée dans le débarras de linge sale et il a voulu me baiser sur des vieux slips, mais je me suis refusée à lui. Il s’est mis dans une colère noire. Alors, j’ai trouvé un compromis. Je lui ai expliqué que j’allais vous retrouver. Il s’est insurgé. « Mais enfin, c’est encore plus excitant pour toi. » que je lui ai dit. « Alors, tu fermes les yeux, tu m’imagines là-bas en train de faire tout ce qu’il y a de plus sale, et moi je te masturbe avec un gant de caoutchouc. » Il a éjaculé au bout de cinq minutes et il est allé se coucher. Avant que je parte, il m’a dit de finir la blague rigolote qu’il n’avait pas eu le temps de raconter : c’est une fesse qui dit à l’autre fesse « Pourquoi ne peut-on pas être amies ? » L’autre répond « C’est parce qu’il y a trop de merde entre nous ! » Je suis désolée, mais je lui ai promis de la terminer… Maintenant, je suis toute à vous.Elle s’est penchée sur la table en pleurant tout doucement. Ses cheveux blonds se sont imbibés de café. Ses genoux tremblaient un peu quand elle est descendue progressivement sur ses talons. Puis elle est passée sous la table, disparaissant sous la longue nappe orientale. Gisèle fut la première à réagir :— Angélique, il y a plusieurs malentendus. D’abord, tu te comportes comme si tu avais quelque chose à te reprocher. Tu te caches sous la table comme un petit chien. Et puis, nous ne faisons rien de sale, même quand nous pissons de joie. Seule la blague est sale quand elle génère de gros rires gras. Alors tu vas sortir de ta cachette et venir prendre le café avec nous. Allez, viens, il va refroidir.Angélique passa la tête. Sans doute avait-elle pensé que les « choses sexuelles » se faisaient dans le noir, en cachette, en catimini. Elle se redressa et nous parla d’une voix douce :— Je viens de comprendre quelque chose. En fait, quand j’ai vu Armand se déboutonner, je me suis dit que toute ma vie je m’étais au contraire boutonnée. Et souvent au restaurant ou dans la rue, Félix me disait « Fais attention, tu as encore un bouton de ton corsage qui a sauté, on voit tout. » Aussi je vais vous demander une paire de ciseaux, et rattraper le temps perdu.Nous lui avons fourni ce qu’elle désirait et elle s’est mise à couper consciencieusement tous les boutons qui décoraient sa tenue de soirée. Elle a commencé par le corsage, laissant entrevoir les armatures d’un joli soutien-gorge. Puis la jupe est tombée lorsque les derniers boutons qui la retenaient ont cédé. Il se trouve que sa culotte aussi portait sur le côté des fermoirs en nacre. Elle les découpa sans pitié pour le bel objet qui descendit à ses pieds dans un bruit feutré.Et c’est couverte de son seul corsage et d’un soutif qu’elle fit le tour de la table, le ventre majestueusement orné d’une toison noire. Au deuxième tour de table, les mains se firent caressantes. Celle de Bianca avait à peine fini de toucher ses grandes lèvres que celle d’Armand massait les fesses brûlantes. La main de Rosalie déclencha un spasme très humide qui macula le doigt de Gisèle. Le troisième tour fut consacré aux baisers, tous savoureux. Puis lors du quatrième, Armand se leva pour la suivre jusqu’à s’en rapprocher intimement. Il reprit sa place lors du cinquième tour, alors que les trois femmes faisaient à Angélique un cortège de leurs langues. Elle accomplit le sixième tour seule, les yeux au ciel et la main enfouie dans son vagin. Au septième tour, comme le veut la tradition biblique, la table s’écroula.On déposa Angélique, désormais complètement nue, au milieu des reliefs du repas. Chacun et chacune s’apprêtait à l’honorer quand elle émit un vœu :— Prenez les ciseaux et découpez ma toison épaisse : je veux que Félix sache qu’un grand changement est intervenu, qu’il comprenne que je ne me reboutonnerai pas.L’opération dura un long moment, les trois filles intervenant pour que la douceur du moment se transforme en velouté de la peau. Il y avait là un symbole paradoxal. De tous temps, la censure est représentée par une paire de ciseaux et c’est précisément cet instrument qui libérait Angélique de toute entrave. Le sexe complètement glabre fut parfumé et Bianca y ajouta un gel vaginal dont elle était très satisfaite. C’est alors qu’Armand s’approcha et la pénétration fut ponctuée de joyeux :— Bonne année, Angélique !Chacun y trouva son compte par la suite. Vers quatre heures, Angélique s’interrogea :— N’est-ce point l’heure de la sodomie ?Peut-être bien, mais Armand, qui avait déjà satisfait toutes ces dames, était maintenant sur les rotules et il se voyait mal entreprendre un nouvel assaut. Les fellations amicales pour le remettre en forme n’eurent que peu d’effet. C’est alors que le téléphone sonna.— Allô, c’est Félix. Est-ce qu’Angélique est encore chez vous ?— Oui, oui, ne t’inquiète pas.— Tu peux me la passer ?— Bien sûr.La conversation dura un petit moment, car les deux amants restaient sur des positions assez opposées. Mais cela eut au moins l’avantage de faire bander derechef Armand, qui profita de ce qu’Angélique, de sa main libre, lui ouvrait ses fesses pour tenter et réussir une sodomie dans les règles. Savoir qu’elle parlait avec Félix l’avait excité au plus haut point.— Oui, Félix, je vais rentrer. Dans vingt minutes, je suis à la maison. Mais non, je ne veux pas te quitter… Mais rien ne sera plus comme avant… Je te laisse tes histoires de cul, alors tu me laisses mes histoires de cul à moi. D’accord ?C’est juste à cet instant qu’Armand éjacula. Elle raccrocha et tourna la tête vers le sodomite :— N’est-ce pas que mes deux fesses peuvent être amies ? N’a-t-il pas fallu qu’elles le soient pour accueillir de cette façon ton membre, l’entourant de toute part d’une douce chaleur, d’une sensuelle pression, d’un âcre fumet ?— Tu as tout à fait raison. Et maintenant que je me retire, mon sperme s’écoule dans un mélange à peine poisseux de matière qui ne fâche aucunement tes fesses.— Adieu, je vais rentrer ainsi, nue sous un imperméable que vous me prêterez, puisque je n’ai plus rien à me mettre. Déboutonnée, découpée, décorée…— Tu n’attends pas la soupe à l’oignon ?— La soupe à l’oignon, je viens de la prendre.