Les personnages :Cassandra : la meilleure amie de JulietteÉloïse : la meilleure amie de RoméoSiriac : le meilleur ami de Roméo et le petit ami de CassandraFlora : une collègue de RoméoGabriel : un ami d’ÉloïseRaoul : un ami de Cassandra et SiriacBen, Nuts : des amis de FloraCarmen : une jeune femmeDes clients, des serveursActe I, scène 1Mercredi 10, 19h20L’appartement de Gabriel(Éloïse, Gabriel)(Éloïse et Gabriel sont allongés nus sur le canapé et achèvent de faire l’amour dans de grands cris. Éloïse finit par se redresser et s’asseoir à côté de son amant en poussant un profond soupir de satisfaction. Le jeune homme se relève à son tour et l’embrasse tendrement. Elle se lève et se dirige vers les toilettes. Gabriel soupire à son tour et s’étire longuement avant de se rhabiller. Éloïse revient.)Éloïse : Bon, allez, j’y vais…Gabriel : Tu dînes pas avec moi ?Éloïse : Non, je suis attendue.Gabriel : C’est vrai ?(Elle acquiesce puis l’embrasse.)Gabriel : On se revoit quand ?Éloïse (avec un sourire mystérieux) : J’sais pas…(Elle sort, sous les yeux déçus de son amant.)Acte I, scène 2Mercredi 10, 19h50L’appartement de Juliette et Roméo(Roméo)(Roméo achève de mettre la table ; on entend des bruits de plats provenir de la cuisine.)Roméo : Bon, ben, en attendant, on va se boire un petit apéro. Tu veux quoi, ma puce ?La voix de Juliette (provenant de la cuisine) : Je veux bien un porto, s’il te plaît, mon amour.(Roméo sort d’un placard une bouteille de whisky et une de porto et sert deux verres. Juliette entre.)Juliette : J’sais pas ce qu’elle fout. Elle t’avait dit où elle allait ?Roméo : Non, je sais pas du tout.Juliette : Bah, si elle mangeait pas là, elle nous aurait appelés.(Roméo lui tend son verre et prend le sien. Ils s’assoient dans le canapé et trinquent en se regardant amoureusement, puis boivent une gorgée.)Juliette : En même temps, ça fait du bien de se retrouver un peu juste tous les deux…Roméo : Oui…(Elle pose son verre sur la table basse et embrasse longuement Roméo. Puis elle lui retire son verre des mains pour le poser aussi, avant de retourner l’embrasser avec fougue et se frotter à lui avec suggestion.)Juliette : J’ai très envie de toi, Roméo…(En guise de réponse, il l’embrasse de nouveau et pose ses mains sur sa poitrine, la massant doucement à travers son chemisier. Elle se lève bientôt pour l’enlever et ôte également son soutien-gorge, puis revient s’asseoir à califourchon sur les cuisses de Roméo, plaquant presque ses seins sur son visage. Il se met à les lui lécher et mordiller tandis qu’elle presse sa tête contre son corps et soupire ardemment. Au bout d’une ou deux minutes, elle se lève à nouveau puis vient s’agenouiller entre ses cuisses et ouvre hâtivement son pantalon, pour en extraire bientôt son sexe durcissant. Elle le branle un court instant puis referme sa bouche sur le gland gonflé et se met à le sucer lentement et profondément.)Roméo : Hmmm ! Aaah ! C’est trop bon !(On entend s’ouvrir puis se refermer la porte d’entrée, mais sans que cela ne semble troubler Juliette qui continue de pomper Roméo. Éloïse entre et sourit en découvrant la scène.)Éloïse : Oh, bah, ça va… J’avais peur que vous ne trouviez le temps long…(Elle pose sa veste puis s’approche du canapé.)Éloïse : Ça va ?Roméo : Ouaaaaiiiiis !(Elle lui dépose un baiser sur la bouche et caresse les cheveux de Juliette qui tente en retour de lui sourire sans s’arrêter de sucer.)Éloïse (apercevant les verres) : Vous preniez l’apéro ? Eh ben je crois que je vais faire comme vous…(Elle va se servir un verre de porto puis revient s’asseoir en tailleur à l’autre bout du canapé.)Éloïse : À la vôtre !(Elle boit une gorgée et regarde Roméo puis Juliette, amusée. Celle-ci abandonne finalement la queue tendue à bloc et se relève en baissant d’un geste son pantalon et sa culotte. Elle vient avec un sourire s’agenouiller sur le canapé, appuyée sur le dossier, entre Roméo et Éloïse, qu’elle embrasse rapidement au passage. Roméo boit une grande gorgée de whisky, puis vient se positionner debout derrière Juliette et guide son sexe jusqu’au sien. Il se met à la défoncer à toute allure, lui déclenchant de rapides gémissements spasmodiques. Éloïse caresse la poitrine de Juliette d’une main, et boit un peu de son porto de l’autre. Juliette se décale soudain péniblement pour venir embrasser langoureusement Éloïse.)Éloïse (se dégageant en rigolant) : Attends, je pose mon verre.(Elle pose le verre sur la table basse et revient se placer devant Juliette qui l’embrasse encore une fois, sans cesser de gémir. Éloïse passe un bras sous le corps de Juliette et dirige sa main jusqu’entre ses cuisses, caressant le clitoris de la jeune femme qui subit toujours les assauts acharnés de Roméo.)Juliette : Aaaaaahhh ! Hmmmmm !!! Ouiiii ! (Ils continuent ainsi quelques minutes, au bout desquelles Juliette se met à hurler plus fort encore et à quasiment convulser pour finir par se crisper dans un ultime gémissement. Éloïse l’embrasse une nouvelle fois. Roméo la pénètre toujours, mais plus lentement. Juliette s’effondre presque sur Éloïse. Roméo se recule et la libère. Elle s’avachit sur le canapé.)Roméo (regardant Éloïse) : Euh…Éloïse (avec un sourire) : Oui ?Roméo (hésitant) : Tu… tu veux…Éloïse (toujours souriant) : Non, ça va, merci…(Roméo demeure un instant perplexe, regardant tour à tour les deux jeunes femmes.)Juliette (à Éloïse) : C’est vrai ? Tu n’en veux pas ?Éloïse : Non, vraiment. Vas-y, je te le laisse…Juliette : Quelque chose ne va pas ?Éloïse : Non, non, tout va bien, c’est juste que j’ai pas envie…(Juliette se relève finalement du canapé.)Juliette (avec un sourire) : Bon, eh ben, tu n’as qu’à aller réchauffer la paella…(Éloïse se marre. Juliette vient s’agenouiller aux pieds de Roméo et recommence à le sucer et le branler vivement. Éloïse se lève à son tour et, emportant son verre, sort vers la cuisine. Juliette poursuit avec acharnement jusqu’à ce que Roméo se mette à gémir en fermant les yeux et jouisse dans sa bouche. Elle déglutit à quelques reprises en le masturbant encore un peu, puis se relève et boit une immense gorgée de porto. Roméo se laisse choir sur le canapé en soupirant puissamment. Juliette se rhabille et vient embrasser Roméo, qui se renfroque vaguement.)Éloïse (revenant de la cuisine avec une grande poêle) : À table !(Tous trois viennent s’asseoir autour de la table et se servent tour à tour.)Juliette (à Éloïse) : Alors ? Qu’est-ce t’as fait de beau ?Éloïse : Boh, pas grand-chose, j’ai traîné en ville. Et vous ?Roméo (la bouche pleine de riz) : Rien. Si, à bouffer…Juliette : Je suis rentrée assez tard du boulot, et Roméo encore plus tard.Éloïse (à Roméo, souriant) : T’as traîné avec Flora ?Roméo : Non, elle est en vacances…Juliette : Ah, c’est pour ça que tu me fais l’amour aussi fort dès que tu rentres…Roméo : M’enfin !Juliette : Je plaisante…(Un silence.)Juliette : Tiens, j’ai mangé avec Cassandra, ce midi.Éloïse : Ah ? Et comment elle va ?Juliette : Bah ça a l’air d’aller.Roméo : C’est vrai que ça fait longtemps qu’on les a pas vus.Juliette : Oui, c’est même surprenant que Siriac reste plus d’une semaine sans venir squatter ou se faire payer un coup…Roméo : Oh, t’exagères…(Un silence. Éloïse respire un grand coup.)Éloïse (grave) : Bon… j’ai quelque chose à vous dire…(Un silence absolu. Juliette et Roméo la regardent en finissant ce qu’ils ont dans la bouche.)Éloïse : J’ai rencontré quelqu’un…Roméo (abasourdi) : Hein ?Juliette (hébétée) : Quoi ?Éloïse : Il s’appelle Gabriel.Juliette (désorientée) : Mais… comment… enfin, pourquoi…Roméo (emporté) : Attends, je comprends pas, là, je croyais qu’on était bien, tous les trois, je croyais que tu…Éloïse (l’interrompant) : Vous êtes un couple ! Moi je suis la cinquième roue du carrosse.Juliette : Mais n’importe quoi ! Pourquoi tu dis ça ? Tu sais bien que je t’aime ! Et Roméo aussi, il t’aime !Éloïse : Et moi aussi, je vous aime tous les deux !Roméo : Eh ben alors ?Éloïse : Eh ben je crois que je cherche autre chose… J’ai besoin d’une vie de couple… J’ai besoin d’envisager l’avenir…(Un silence.)Roméo : N’importe quoi !Éloïse : Eh, mais ça va ! Tu vas quand même pas décider pour moi !Juliette : J’ai pas envie que tu t’en ailles !(Un silence. Juliette, au bord des larmes, se lève et sort vers la cuisine.)Roméo : Et voilà ! T’es contente ?Éloïse : C’est pas la question ! Moi aussi, je suis bien avec vous, mais c’est pas viable, sur le long terme ! Crois-moi, j’ai beaucoup réfléchi avant d’en arriver à cette décision…Roméo : Non mais tu peux très bien aller te taper ce gars si t’as vraiment le feu au cul, mais me dis pas que tu manques d’amour !Éloïse : C’est plus compliqué que ça, Roméo…Roméo : Mouais…(Éloïse se lève et sort vers la cuisine.)Roméo : Pffff ! C’est nul !Acte I, scène 3Mercredi 10, 21h40L’appartement de Juliette et Roméo(Juliette, Roméo)(Juliette, assise sur le canapé, a la tête posée sur l’épaule de Roméo, assis à côté d’elle. On entend l’eau couler dans la salle de bains.)Juliette : Il faut qu’on fasse quelque chose…Roméo : Qu’est-ce que tu veux faire ? On va pas buter son mec…Juliette : Non ?Roméo : Ben non, c’est mal. Et puis, elle serait capable d’en retrouver un autre…Juliette : Bon, alors, qu’est-ce qu’on peut faire ?Roméo : J’sais pas, on la remplace… Qu’est-ce que tu penses de Flora ?Juliette : Oh, arrête un peu !(Un silence.)Juliette : D’un côté, évidemment, je ne souhaite que son bonheur, mais… d’un autre côté…Roméo : Oui, je vois bien…(Un silence.)Roméo : J’ai peut-être une idée…(Juliette le regarde avec espoir.)Roméo : On pourrait essayer de faire peur à son gars. De lui montrer de quoi Éloïse est vraiment capable…Juliette (avec une moue de déception) : Voilà bien une idée de mec !Roméo : Si t’as mieux à proposer, je t’écoute…Juliette : Je vais réfléchir…(Le bruit de la douche s’interrompt.)Roméo (à voix basse) : Chhuut ! On reparlera de tout ça plus tard…Juliette (à voix basse) : Oui, en attendant qu’on trouve mieux, il faut tout faire pour lui donner envie de rester…Roméo (à voix basse) : Bon, ben alors, viens, on va dans la douche…(Juliette le regarde un instant avec stupéfaction, puis se lève soudain et avec un sourire, enlève son tee-shirt, puis s’éloigne vers la salle de bains.)Juliette : Éloooïïïïse !(Elle sort. Roméo retire ses fringues en soupirant et sort à son tour vers la salle de bains.)Acte I, scène 4Jeudi 11, 9h20Le lieu de travail de Flora et RoméoLa scène est séparée en deux en son milieu par une cloisonÀ gauche se trouve le bureau de Flora, à droite celui de Roméo(Roméo)(Le bureau de gauche est vide et parfaitement rangé. Il paraît inoccupé. Dans celui de droite, Roméo tripote machinalement un stylo et est au téléphone.)Roméo : Siriac ? … Oui, c’est Roméo. … Non, pas tellement. Tu vas jamais deviner ce qui nous arrive. … Éloïse veut se tirer. … Oui, elle dit qu’elle a rencontré quelqu’un. … Je sais pas, j’ai pas plus de précision. … On est vert, depuis hier soir, Juliette et moi. … Ben si, on a essayé. … On l’a même fait jouir comme sans doute rarement dans sa vie, mais elle ne déscotche pas. … J’sais pas, t’as pas une idée, toi, comme ça ? … Ben oui, on pourrait essayer de faire peur au gus, mais bon… c’est pas très bien. … Oui, je sais bien que c’est moral, mais quand même…(Il dessine vaguement quelque chose avec son stylo.)Roméo : Je me demande si je vais pas essayer de la suivre pour en apprendre un peu plus sur son gars. … Non, en faisant bien gaffe, elle devrait pas me repérer. … Qui ça ? … Raoul ? Le pote à Cassandra ? … Ah bah si, avec joie ! … Et il faut le payer ? … Ouais, mais dis-lui qu’on n’a pas trop de fric, quand même… … Bon, tu me tiens au courant ? … Okay, à plus !(Il raccroche et compose un nouveau numéro. Un silence.)Roméo : Juliette ? … Oui, c’est moi. … Siriac dit qu’ils ont un copain que ça pourrait amuser de pister Éloïse pour en découvrir un maximum sur son gars. … Oui, comme ça, on pourra peut-être découvrir des trucs qui vont l’horrifier. … Ben oui, je sais bien que c’est nul ! Mais si tu trouves mieux, eh ben tu me rappelles… Bon, allez, à plus tard. … Oui, bisous.(Il raccroche et soupire longuement.)Acte I, scène 5Jeudi 11, 10h00Une chambre(Raoul)(Raoul est allongé et larve en pyjama devant la télé. Un téléphone retentit. Il décroche.)Raoul : Oui ? … Qui ça ? … Ah, Siriac, salut ! … Oui, dis toujours.(Un long silence.)Raoul : Ben pourquoi pas, mais il faudra me payer. … Et c’est qui ? … Comment elle s’appelle ? … Et le gars ? … Bon, ben j’essaierai de trouver ça. … Okay. … Oui, vas-y, envoie l’adresse.(Il se lève et va se saisir d’un calepin et d’un stylo.)Raoul : Donc, si je résume, je la suis, je trouve qui est son mec, et j’essaie de découvrir le maximum de trucs compromettants à son propos, c’est ça ? … Okay, eh ben je te rappelle dès que j’ai du nouveau. … Salut !Acte I, scène 6Jeudi 11, 11h20L’appartement de Juliette et Roméo(Éloïse)(Éloïse est au téléphone et va-et-vient dans la pièce.)Éloïse : Allô, Gabriel ? … Oui, tu m’as manqué, toi aussi. … On peut manger ensemble ? … On se retrouve où ? … D’acc’ ! À tout de suite ! … Oui.(Elle raccroche et sourit en se regardant dans une glace.)Acte I, scène 7Jeudi 11, 12h20Un restaurant(Éloïse, Gabriel, Raoul, des clients, des serveurs)(Éloïse et Gabriel sont installés à une petite table et flirtent à voix basse. Raoul, portant des lunettes noires et embusqué derrière un vieux journal, les épie avec bien peu de discrétion. Les serveurs vont et viennent au milieu des tables.)Gabriel : Je n’en peux plus de ne te voir que par intermittence…Éloïse : Je crois que je devrais parvenir à me libérer davantage, maintenant…Gabriel : J’aimerais que tu viennes habiter chez moi…Éloïse (souriant) : Tu crois ?Gabriel : Ça me ferait vraiment plaisir…(Un silence.)Gabriel : Je t’aime, Éloïse…(Un silence.)Éloïse : Tu ne crois pas que c’est un peu tôt, Gabriel ?Raoul : Ah ! Il s’appelle Gabriel…(Il griffonne sur un bloc-notes.)Éloïse : Mais tu sais que je n’ai pas de boulot, pour l’instant. Je vais être une charge, pour toi.Gabriel : Tu as fini de dire n’importe quoi ?(Éloïse sourit.)Gabriel : Tu vivais où, jusque là ? Tu n’as jamais voulu me le dire…Éloïse : Chez des copains, qui m’hébergeaient gracieusement.Gabriel : Tu as des copains sympas…Éloïse : Oui, ça me fait chier de les quitter, même.(Un silence. Éloïse semble pensive.)Gabriel (attentionné) : Quelque chose ne va pas ?Éloïse : Non, non, tout va bien.(Il prend sa main dans la sienne.)Éloïse : Allez, mangeons vite, il faut que tu retournes au boulot…Gabriel : Je suis désolé…Éloïse : Tu as fini de dire n’importe quoi ?(Gabriel sourit. Un silence.)Éloïse : Tu finis à quelle heure ?Gabriel : Six heures et demie. Pourquoi ?(Raoul prend à nouveau quelques notes.)Éloïse : Je peux débarquer chez toi à quelle heure ?Gabriel : Quand tu veux… J’sais pas, sept heures ?Éloïse : Avec toutes mes affaires ?Gabriel (heureux) : C’est vrai ? Oh, c’est formidable ! Tu peux pas savoir ce que ça me fait plaisir…Acte I, scène 8Jeudi 11, 17h55L’appartement de Juliette et Roméo(Éloïse)(Éloïse va-et-vient dans la pièce, regardant attentivement dans chaque coin. Deux gros sacs de voyage sont posés par terre.)Éloïse : Bon, ça y est… J’espère que je n’ai rien oublié.(Elle fait un dernier tour en regardant partout.)Éloïse : Il vaut mieux que je parte avant qu’ils ne reviennent…(Elle arrache une feuille d’un bloc-notes et y griffonne quelques lignes. Elle pose le mot bien en évidence sur la table.)Éloïse : Allez ! Si je pars pas maintenant, je partirai jamais…(Elle prend les deux sacs et sort.)Acte I, scène 9Jeudi 11, 18h50L’appartement de Juliette et Roméo(Juliette, Roméo)(Roméo est debout derrière une chaise qu’il menace de casser, crispé. Juliette, quasiment en pleurs, est assise sur le canapé, le mot d’Éloïse à la main.)Juliette (achevant la lecture) : … je vous aime et ne vous oublierai jamais…Roméo : Arrête, maintenant ! C’est la cinquième fois que tu le lis !Juliette : Elle aurait pu au moins nous attendre…Roméo : À mon avis, c’était aussi dur pour elle que pour nous…(On entend retentir la sonnette. Une lueur d’espoir passe dans les yeux de Juliette. Roméo sort ouvrir d’un pas amorphe.)La voix de Roméo (triste) : Ah, salut…(Roméo rentre, suivi de Siriac et Raoul. Siriac va faire une bise à Juliette.)Siriac : Je vous présente Raoul !(Juliette et Roméo regardent ce dernier d’un air déconfit.)Siriac : C’est lui que j’ai chargé de pister Éloïse et son nouveau copain. Il a déjà quelques nouvelles, hein Raoul ?(Raoul regarde attentivement la poitrine de Juliette.)Siriac (insistant) : Hein, Raoul ?Raoul (se reprenant) : Euh… oui… Peu de choses, en fait, mais c’est un début…(Il s’assoit. Siriac va fouiller dans un placard et se sert un pastis.)Raoul (fier de lui) : Le type s’appelle Gabriel…Roméo : Oui ben ça, on le savait déjà…Raoul (déçu) : Il travaille dans une agence de voyages, je vous ai noté l’adresse.(Il tend un bout de papier à Juliette qui s’en saisit.)Raoul : J’ai également suivi la jeune femme quand elle est sortie d’ici, et j’ai aussi noté l’adresse où elle s’est rendue.Juliette (parcourant les notes, à Roméo) : Mais qu’est-ce que tu veux qu’on fasse de ça ?Roméo : J’sais pas, moi ! (À Raoul) : Et qu’est-ce que t’as trouvé d’autre ?Raoul : Rien. Il a l’air clean. Ils ont l’air amoureux. C’est tout.Roméo : Super !(Un silence.)Siriac : À la vôtre !(Juliette et Roméo le regardent d’un air ahuri boire son pastis.)Raoul (hésitant) : Est-ce que… est-ce que vous voulez que je continue ?(Roméo regarde Juliette, cherchant son conseil. Elle baisse les yeux.)Roméo : Ben, j’sais pas, oui, un jour ou deux, pourquoi pas, des fois qu’on trouve quelque chose…(Raoul regarde Siriac et lui fait un signe.)Siriac (en parrain) : Eh ben dans ce cas, il faut commencer à payer Raoul…Roméo : … ?Siriac : Combien ils te doivent, Raoul ?Raoul (absorbé dans son calepin) : Euh, ben, y a une note de frais, plus mon temps… ça fait cent huit euros cinquante.Roméo : Gulp !Raoul : Je vous le fais à cent…Juliette : Cool !Roméo : Euh… on va peut-être arrêter là la filature, dans ce cas…Juliette : Oui !(Roméo fouille dans un tiroir et sort un chéquier.)Raoul : Euh… en espèces, si ça ne vous gêne pas…Roméo (à Siriac, à voix basse) : Il est pas chiant, ton pote, hein ?Siriac : Ah, tout travail mérite salaire…(Roméo cherche dans un portefeuille, puis dans un autre.)Roméo (à Siriac, avec un grand sourire) : Tu peux m’avancer ?Siriac : Ben…Roméo : S’il te plaît…Siriac : Pffff !(Il sort son portefeuille et en extrait deux billets de cinquante qu’il tend à Raoul. Celui-ci les range et, consciencieux, raye une page de son calepin.)Raoul : Bon, je m’arrête là, alors ?Roméo : Oui, merci, on te rappellera si on a besoin…Raoul (se levant) : Eh bien, alors, je vous laisse. Bonne soirée.Roméo : Oui. Salut.(Raoul sort. Roméo regarde Siriac d’un œil mauvais.)Roméo : Honnêtement, je ne sais pas si je vais te rembourser…Siriac : M’enfin !Roméo : Qu’est-ce que c’est que ce parasite que tu nous as ramené là ?Siriac : Mais… euh… En même temps, c’était ton idée…Roméo : Oui, mais moi, si je l’avais fait, ça m’aurait pas coûté cent euros !Siriac : Ah oui mais attention : Raoul est un as de la filature…Roméo : Tu te fous de ma gueule ? Rapporter deux adresses et un prénom, j’aurais pu le faire tout seul !(Un silence.)Siriac (embarrassé) : Bon, disons que je participe aux frais à hauteur de cinquante pour cent…Roméo (avec un sourire crispé) : Ah, bah voilà un sympathique geste commercial…Siriac : C’est mieux que rien…Roméo (soudainement enragé) : Disparais avant que je t’éclate la gueule !(Siriac s’écarte et met la table entre Roméo et lui.)Siriac : Qu’est-ce que vous comptez faire, maintenant ?Roméo : Pourquoi ? T’as un autre merveilleux plan à nous proposer ?Siriac : J’sais pas, oui, peut-être…Roméo : Attention à ce que tu vas dire…Siriac : En plus, ça te coûtera rien du tout…Roméo : Je t’écoute…Siriac : Envoie-lui Flora…Roméo : À qui ? À Raoul pour le payer en nature ?Siriac : Mais non, ducon ! À Gabriel. Envoie-lui Flora, elle va évidemment se le taper et Éloïse va être verte et elle va revenir.(Un silence.)Juliette : C’est sûr qu’elle ne le supportera pas, s’il la trompe… Surtout avec cette grosse salope…Roméo : Non mais alors maintenant vous vous y mettez à deux pour me pondre des plans débiles ?Siriac : Bah ça coûte rien d’essayer…Roméo : Et si Éloïse s’en aperçoit ?Siriac : Bah vous lui direz que vous avez fait ça parce que vous l’aimez… Vous n’avez plus grand-chose à perdre, en même temps.Juliette : Euh… ben, il m’en reste un, j’aimerais autant le garder…(Un silence.)Roméo : De toutes façons, c’est impossible, Flora est en vacances.Siriac : Et elle est partie ?Roméo : J’sais pas.Siriac : Eh ben voilà, ça tombe bien, si ça se trouve, elle est restée là et elle aura que ça à foutre…(Un silence.)Roméo : Bon, et alors ? Comment on fait ? Qui c’est qui l’appelle ?Juliette : Ah pas moi ! Jamais de la vie !(Siriac sifflote d’un air absent.)Roméo : Ouais, super ! Et qu’est-ce que je lui dis ? « Salut, Flora, je voudrais que t’ailles baiser avec Gabriel, à telle adresse… »Siriac : Ben j’sais pas, fais preuve d’un peu d’imagination, au lieu de jouer au boulet, là !(Roméo contourne la table d’un air furieux et menaçant. Siriac s’écarte encore et va se blottir derrière Juliette.)Acte I, scène 10Jeudi 11, 20h15Le salon de Flora(Flora, Roméo, Ben, Nuts)(Flora, vêtue seulement d’une culotte et d’un tee-shirt est assise sur une chaise, face à Roméo. Ils savourent tous deux un apéritif. Ben et Nuts sont vautrés dans le canapé en caleçons et jouent à la console.)Roméo (observant un court instant les jeunes hommes) : C’est qui ces deux guignols ?Flora : C’est pour me demander ça que tu es venu ?Roméo : Euh, non, mais…(Un silence.)Flora : Oui ?Roméo : Est-ce qu’on pourrait parler seule à seul ?(Flora sourit ; elle se lève et s’approche des jeunes hommes.)Flora : Dites, les garçons, vous voulez bien aller m’attendre dans ma chambre ?(Ils la regardent avec intérêt, puis se lèvent l’un après l’autre, lui font chacun un baiser et sortent.)Roméo : N’importe quoi ! Tu devrais t’acheter des clebs, ça revient moins cher…Flora : Oui, mais ça baise moins bien…Roméo (avec un sourire) : Parce que ? T’as essayé ?Flora (souriant à son tour) : Non, quand même pas…(Elle revient s’asseoir près de lui.)Flora : Bon, alors ?Roméo : J’ai un service à te demander.Flora (souriant encore) : Hmmm, attention, rien n’est jamais gratuit avec moi…Roméo : Je pense que tu y trouveras ton compte…Flora : Dis toujours.Roméo : Je voudrais que tu séduises un garçon…Flora : Ah ! Ça peut m’intéresser. Qui est-ce ?Roméo : Bah, un type…Flora : Mais encore ?Roméo (pipeautant) : Il est tout seul, il s’emmerde… et tu verras, il est plutôt beau gosse.Flora : Bon, et qu’est-ce que j’ai à y gagner ?Roméo : Euh, ben, j’sais pas, un mec de plus ?(Un silence. Flora semble réfléchir.)Flora : Et toi ? Qu’est-ce que t’as à y gagner ?Roméo : Euh… disons que ça me sortirait une épine du pied…Flora : Ah, j’ai trouvé ! Ce mec drague tes copines, c’est ça ?Roméo (théâtreux) : Noooon, tu n’y es pas du tout. C’est une histoire très compliquée, mais ce serait un peu long à te raconter…Flora (amusée) : Mais j’ai tout mon temps, tu sais, je suis en vacances…Roméo : Non, y a tes… y a tes esclaves qui t’attendent, je voudrais pas abuser…(Flora sourit.)Flora : Bon, je vais voir ce que je peux faire…Roméo : Merci, c’est cool.(Il lui tend un bout de papier.)Roméo : C’est l’adresse du type, et là, l’adresse de son boulot. C’est une agence de voyages.Flora : Comment il s’appelle ?Roméo : Gabriel.(Flora semble réfléchir.)Roméo (inquiet) : Tu le connais ?Flora : Non, je crois pas.(Roméo soupire de soulagement. Flora lui prend le bout de papier.)Flora (malicieuse) : Mais n’oublie pas qu’ensuite, tu seras mon débiteur…(Roméo la regarde avec un nouvel élan d’inquiétude.)Flora : J’ai un petit moment pour réfléchir…(Elle se lève et va déposer son verre sur une table.)Flora : Bon, je ne te propose pas de rester baiser avec nous ?Roméo : Non, merci, c’est gentil.Flora (passant sa langue sur ses lèvres) : Tu ne sais pas ce que tu rates…Roméo (pensif) : Oui, mais je sais ce que je gagne…(Un silence.)Flora : Bon, je te rappelle…(Elle s’approche de lui et lui roule une grosse pelle. Il se laisse faire.)Flora : À plus.(Elle s’éloigne vers le couloir. Roméo la regarde rouler des fesses.)Roméo : Salut.(Elle sort. Roméo soupire profondément, vide d’un trait son verre et se lève puis sort par une autre porte.)Acte I, scène 11Jeudi 11, 20h30L’appartement de Juliette et Roméo(Juliette, Siriac)(Juliette est assise sur le canapé, toujours triste. Siriac va-et-vient dans la pièce.)Juliette : Qu’est-ce qu’il fout ? Ça fait bientôt une demi-heure qu’il est parti !Siriac : Oh attends un peu…Juliette : J’sais pas comment j’ai fait pour le laisser aller là-bas tout seul…Siriac : Ooooh…Juliette : Plus j’y pense, plus je me dis que c’est une idée foireuse…Siriac : Boh, vraiment, je vois pas ce que vous risquez…Juliette : Elle va encore embobiner Roméo !Siriac : Mais non, il a mûri, tu sais.(Juliette regarde Siriac d’un air affligé.)Siriac : Bon, okay, j’ai rien dit.(Un silence.)Siriac : Mais de toutes façons, ça y est, c’est lancé…(Un silence.)Siriac : C’est pas souvent qu’on se retrouve seuls tous les deux…(Juliette regarde Siriac d’un air bouleversé.)Siriac : Non, mais t’inquiète pas, avec moi tu risques rien…Juliette : Ben encore heureux ! Il manquerait plus que ça…(Le téléphone sonne. Juliette sursaute. Elle se précipite pour décrocher nerveusement.)Juliette : Allô !(Juliette change presque de couleur.)Juliette (au téléphone) : Éloïse ! Je ne vis plus depuis que tu es partie !Siriac : Ah !Juliette (au téléphone, presque en pleurs) : Je t’en supplie, reviens ! … Oui, d’accord, mais Roméo ne te remplacera jamais ! … Hein ? … Euh… J’en sais rien. … Je sais pas. Je sais pas quoi te dire… Tout ce que tu veux du moment que je te vois !Siriac (à part) : C’est plus grave que je ne pensais…Juliette (au téléphone) : Oui… D’accord. … Si tu veux, demain soir. … Oui, je leur dirai. … Moi aussi je t’aime ! … Très fort ! … À demain. … Oui, à demain.(Elle repose le téléphone.)Juliette (se reprenant) : C’était Éloïse…Siriac : Ah oui ?Juliette : Elle voudrait nous présenter son copain…Siriac : Eh ben elle a peur de rien…Juliette : Oui, d’autant qu’elle voudrait que vous soyez là aussi…Siriac (cherchant s’il y a eu insulte ou non) : Comment ça ?Juliette : Elle m’a demandé de vous dire, Cassandra et toi, de venir pour l’apéro demain soir.Siriac : Ah… ben, j’sais pas, faut que j’en parle à Cassandra…(Un silence. Juliette est pensive.)Siriac : Mais c’est vrai que j’ai plutôt bien envie d’assister à ça…(On entend s’ouvrir puis se fermer la porte d’entrée de l’appartement. Roméo entre. Il vient embrasser Juliette.)Juliette : Éloïse a téléphoné !Roméo : Ah bon ? Elle revient ?Juliette : Non… elle voulait juste donner des nouvelles… Et elle souhaiterait venir demain soir nous présenter son nouveau copain.Roméo : T’as dit non, j’espère ?(Juliette le regarde sans comprendre.)Roméo : Bah je veux pas le voir, moi, son nouveau copain ! Je m’en fous ! Qu’il aille au diable ! Je veux bien l’accueillir si elle vient toute seule, mais c’est tout !Juliette : Mais arrête un peu de dire des conneries !Roméo : … !Juliette : Et puis de toutes façons, c’est trop tard, je lui ai dit oui.Roméo : Pffff ! On n’est pas cohérents… On se fait chier à mettre sur pieds des plans foireux pour la récupérer et à côté de ça tu veux que son nouveau mec devienne mon meilleur ami…Siriac : J’ai l’impression que tu exagères un peu, là…Roméo : Toi on t’a pas sonné ! D’abord, qu’est-ce que tu fous encore là ?Siriac : Ah ouais d’accord ! C’est bon, je me casse !Juliette (avec un brin de provocation) : Il m’a tenu compagnie…(Roméo devient vert, puis rouge, en regardant Siriac.)Siriac : Mais t’arrêtes un peu d’être con ?(Roméo se frotte le visage et les yeux, puis respire profondément.)Roméo : Excuse-moi. Excusez-moi, je pense que je suis un peu nerveux.Siriac : Bon alors, raconte, t’as vu Flora ?(Juliette se crispe.)Roméo : Oui, je lui ai tout filé, elle a l’air d’accord…Siriac : Et t’as pas fait de connerie ?Roméo : Ben non, eh ! Tu me prends pour qui…(Juliette tousse ; Siriac rit à gorge déployée.)Roméo (fanfaron) : C’est fini, ce temps-là !(Un silence. Siriac cesse de rire avec peine.)Juliette : Et alors ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?Roméo : Ben on attend qu’elle nous rappelle.(Un silence.)Roméo (soudainement possédé) : Et on prépare un nouveau plan pour zigouiller son jules, demain soir !Juliette (souriant) : Mais non, tu m’as dit toi-même que ce n’était pas bien…(Siriac s’inquiète brusquement.)Roméo (avec un sourire abominable) : Oui, mais j’ai réfléchi… Et puis là, c’est pas pareil, c’est elle qui nous l’amène, sur un plateau… On dira qu’on n’a pas fait exprès !Siriac : Euh… je devrais peut-être vous emmener consulter…Roméo (apaisé) : Aaaaah ! Ça fait du bien ! (À Juliette) : Tu devrais essayer…Siriac : Ça y est, ils sont devenus fous !(Roméo lève soudain la tête, paraissant avoir une idée.)Roméo : Très bien ! Très bonne idée, Siriac !Juliette : Eh ben ! Une de plus ! Ça promet…Roméo : On va faire semblant d’être devenus fous !Siriac : Oh je sais pas si y a besoin de faire semblant…Juliette : Et c’est quoi, le but ? Faire pitié à Éloïse ?Siriac : Oui, ça va plutôt lui confirmer qu’elle a bien fait de se barrer à temps…Roméo (déçu) : Ah oui… vous avez raison… C’était nul, en fait… (À Siriac) : C’est bien une idée à toi, ça…Siriac : Mais je t’emmerde !Roméo : Ouais, t’as raison ! Allez viens, on va boire un coup…(Il s’approche du bar. Siriac écarquille les yeux et hausse les épaules en regardant Juliette.)Roméo : Juliette ? Un apéro ?Juliette : Boaf… ouais, allez !(Un silence.)Siriac : Bon, euh… je peux appeler chez moi ?Roméo : Ouais, bien sûr.(Siriac s’éloigne quelque peu et compose un numéro. Roméo sert des apéros. Juliette comate.)Siriac (au téléphone) : Allô, Cassandra ? … Dis, je suis chez Roméo, là. Tu viens prendre l’apéro ? … Ah, t’as déjà mangé ? … Eh ben passe prendre un digeo ! … Oh, je te fais chier, je te fais chier, c’est facile à dire. Je te signale qu’ici, il se passe des choses graves…(Roméo ne peut s’empêcher de pouffer.)Siriac (au téléphone) : Oui, et puis il faut qu’on prépare un plan pour demain soir. Y a Éloïse qui vient avec son nouveau mec, elle a demandé à ce qu’on soit là aussi. … Comment ça, y a ta mère demain soir ? … Oh, merde, j’avais oublié, c’est vrai. … On peut pas décaler ? Elle a qu’à venir le midi… … Ben oui, je sais bien qu’on travaille le midi, mais aussi elle nous fait chier, ta mère ! … Attends, j’ai une idée…(Il se tourne vers Juliette.)Siriac (à Juliette, le téléphone toujours contre l’oreille) : Est-ce qu’on peut venir avec la belle-mère ?Juliette : Décidément, t’as de grandes idées, toi, en ce moment…Siriac (au téléphone) : Mais arrête de brailler, toi ! J’entends que dalle…Juliette (semi-fâchée) : À qui tu parles ?Siriac (au téléphone) : Oui, bon, le mieux c’est que tu viennes pour qu’on puisse parler de tout ça ! … Oui, okay, à tout de suite.(Il raccroche avec un sourire.)Siriac : Et hop !Roméo : T’as l’air content de toi…Siriac : Ben oui, tu vois, je fais le con, mais ça marche : elle voulait pas venir et finalement elle vient, et on devait avoir sa mère à bouffer demain et je pense que ça va se régler aussi.Juliette : Mais t’es vraiment tordu !(Roméo se marre. Il apporte un verre à Juliette et un à Siriac. Un silence. Ils boivent quelques gorgées.)Siriac : Bon, résumons ce qu’il nous reste à faire…(Juliette et Roméo le regardent d’un air curieux. Il boit encore un peu.)Siriac : Flora, c’est lancé, elle va aller se taper le gugusse y a plus à s’en occuper. Ensuite, si ils ont pas encore explosé, ils vont débarquer demain soir ; qu’est-ce qu’on fait ?(Juliette hausse les épaules.)Siriac : Il y a plusieurs options : on pourrait commencer par la ridiculiser aux yeux de son mec, mais ce qu’il y a, c’est qu’elle a de la répartie.(Roméo s’assoit et contemple Siriac disserter dans de grands gestes.)Siriac : Ensuite, on pourrait lui faire peur, au gus : je sais pas, réfléchissez, vous pouvez par exemple lui parler de tous les plans culs super glauques que vous avez faits avec elle.(Il regarde Roméo en souriant.)Siriac : Mais bon, le risque, s’il est comme Roméo, c’est que ça l’excite au lieu de lui faire peur…Roméo : Eh mais je t’emmerde ! Tu t’es vu, toi ? Tu veux que je te rappelle le pauvre plan de merde que t’as fait avec Flora ?Siriac : Ah non ! Ça c’était de la grande classe, monsieur ! Je te signale que je me suis tapé quatre nanas dans la soirée, moi, monsieur, ce jour-là ! (NdA : Lire « Les malheurs de Cassandra »)Roméo : Pffff !Juliette (aigrie) : Si l’on pouvait éviter de reparler de toutes ces horreurs, ça m’arrangerait…Siriac : Bon, passons, donc. Troisièmement, vous pouvez essayer de donner à Éloïse envie de revenir. (Il poursuit avec un nouveau sourire) : Je sais pas, réfléchissez, vous pouvez par exemple lui parler de tous les plans culs super glauques que vous avez faits avec elle.(Roméo se marre, Juliette sourit. Siriac boit une grande gorgée de whisky.)Siriac : Si tout ça ne marchait pas, vous pouvez toujours essayer de la faire s’apitoyer, comme on disait tout à l’heure. Mais je suis pas bien sûr que ça marcherait. En fait, je me demande si elle est pas dans le même état que vous, en ce moment…Juliette : Je pense aussi qu’elle n’est pas bien non plus…Roméo : Bah alors ? Je comprends rien aux nanas, moi ! Ça la fait visiblement chier de partir, mais elle part quand même…Siriac : Tu comprendras quand tu seras grand !Roméo : Oh, je t’emmerde !Siriac : Je peux te reprendre un peu de whisky ?Roméo : Oui, vas-y, sers-toi.(On entend toquer à la porte d’entrée. Juliette se lève.)Juliette (regardant Siriac avec un sourire) : Ah, ouf !Siriac : M’enfin !(Elle sort en direction de la porte d’entrée. On l’entend l’ouvrir. Siriac va se servir à toute vitesse un immense whisky.)La voix de Cassandra : Salut, Juliette.La voix de Juliette : Salut. Entre.(On les entend se saluer de deux bises.)La voix de Cassandra : Alors ? Pas trop dur ?(Elles entrent.)Juliette : Ben… si…(Elle se rassoit. Cassandra vient saluer Roméo, puis faire un smack à Siriac.)Juliette : Mais on a ton mec qui nous détend un peu l’atmosphère…Cassandra (jetant un œil noir à Siriac) : Ah bah ça ! Il a même essayé de détendre mon atmosphère par téléphone tout à l’heure…Juliette (à Cassandra) : En même temps, je pense que ça nous fait du bien. C’est bien qu’il soit resté. Et c’est bien que tu sois venue, aussi.(Un silence.)Siriac : Je ne sais pas quoi dire, après cela…Cassandra : Eh ben ne dis rien, ça nous changera !Juliette (à Cassandra) : Tu veux un thé ?Cassandra : Oui avec plaisir.(Juliette se lève et se dirige vers la cuisine.)Juliette (à Cassandra) : Tu viens avec moi ? On pourra parler entre filles…Siriac : M’enfin !(Elles sortent toutes les deux vers la cuisine.)Roméo : Boaf…(Il se lève et va se resservir un whisky, puis se rassoit. Un long silence.)Siriac : Ça va ?(Un silence.)Roméo : Bof…(Un silence.)Siriac : Tu… si tu veux me parler d’autres trucs, enfin, je veux dire, de trucs dont tu voudrais pas parler avec Juliette, t’hésites pas, hein…(Un silence.)Roméo : Quoi ?Siriac : Bah, rien, laisse tomber. Je vais euh… je vais chercher des glaçons…(Il sort vers la cuisine. Un silence. Roméo se lève soudain et va se saisir d’un téléphone. Il appuie quelques touches et vient se rasseoir lourdement.)Roméo (au téléphone, la voix tremblante) : Éloïse ? C’est Roméo. … Ça va ? … Non, j’avais juste envie de prendre des nouvelles. Et puis d’entendre un peu ta voix.(Un silence.)Roméo (au téléphone, larmoyant) : Tu me manques, Éloïse ! C’est terrible ce que tu me manques ! … Eh ben reviens, alors ! Je t’en supplie, reviens ! Je t’aime, Éloïse ! Je t’aime !(Il raccroche et balance le téléphone dans la pièce, puis se prend la tête dans les mains et pleure à chaudes larmes. Siriac revient.)Siriac : C’est toi qui fais tout ce bruit ?(Il s’immobilise en apercevant Roméo dans cet état et retourne vers la cuisine. Juliette revient peu de temps après, se précipite vers Roméo et le prend dans ses bras.)Acte I, scène 11Jeudi, 21h15L’appartement de Gabriel(Éloïse, Gabriel)(Éloïse est assise, quasiment prostrée, un téléphone dans les mains. Gabriel s’approche d’elle.)Gabriel : Qu’y a-t-il, ma chérie ?(Un silence. Il la prend dans ses bras.)Gabriel : Pourquoi es-tu si malheureuse ?(Elle le regarde de ses yeux brillants et mouillés.)Éloïse : C’est juste que…Gabriel : Tu n’es pas heureuse d’être ici ?Éloïse : Si, mais j’ai du mal à quitter mes amis…