La récente lecture de « La main blessée » du flamboyant Patrick Grainville, roman que je conseille à tous les amateurs de bonne littérature, m’a rappelé un épisode de ma vie, à glisser dans mes cahiers de souvenirs.Dimanche après-midi. La matinée a ressemblé à toutes les matinées dominicales : messe au village, embrassades et saluts de tête sur le parvis, enfants se poursuivant entre les adultes, chuchotements de rumeurs charitables et adorablement médisantes, repas préparé par une tante qui ira aux vêpres et à la messe le soir… Encore huit jours de vacances, les dernières avant les examens de fin d’année. J’ai accepté d’accompagner un de mes oncles jusqu’au club d’équitation de X pour y voir une de ses dernières acquisitions, un magnifique yearling… La famille, originaire de l’ouest parisien, campe en Normandie depuis deux siècles. Les sports équestres et, depuis une génération, l’élevage, sont devenus progressivement une passion pour la petite tribu familiale…Je retrouve les écuries et la carrière où depuis des années je me culotte les fesses à pousser dans les fonds de selle… Bouquet d’odeurs où se mêlent le suint gras, la paille fraîche et tiède, la corne brûlée des sabots et le crottin fermenté. C’est dans ce club que j’ai connu une de mes plus belles histoires d’amour.J’étais encore pensionnaire à Y, mais, avec l’accession au niveau des classes préparatoires, le régime des sorties s’était un peu assoupli. Je pouvais rentrer tous les week-ends alors que le régime commun des élèves de sixième jusqu’au bac n’autorisait qu’une sortie toutes les trois semaines. Je passais donc tous mes samedis après-midi au club, à travailler les figures de dressage, enchaînant les contre-épaules au huit de chiffre. Je ne connaissais pas beaucoup de garçons hormis mes cousins et naturellement mes penchants en matière de sensualité me dirigeaient davantage vers les filles que vers les « mecs » que je trouvais frustes, boutonneux, incultes… adolescents… Leur seul centre d’intérêt était la chasse, le fusil reçu pour leurs 18 ans, les chiens, le gibier…J’étais tombée secrètement amoureuse de ma professeur d’équitation qui était la fille adoptive d’amis de mes parents, une très belle Eurasienne qui montait avec une superbe maîtrise un superbe étalon répondant au nom de « Ballemont de Piber ». Elle excellait en dressage et j’étais fascinée par la complicité qui l’unissait à son Lipizzan, un descendant de Maestoso, à la robe gris clair tirant sur le blanc à l’approche de ses huit ans.Je me souviens qu’après les reprises, je restais des heures à la regarder monter. Ses fesses pommées accompagnaient le mouvement ondulant de sa monture, ses épaules déliées, son dos souple et droit, ses fesses et ses hanches épousaient les deux temps sautés de son trot, anticipaient les changements d’allures, passant d’un trot allongé à un trot rassemblé avec la dextérité nonchalante d’un cavalier du Cadre. Les fesses de Maylis épousaient avec une tendre énergie le balancement sensuel et rythmé de la croupe ronde et massive de son étalon, comme le prolongement centauresque de sa puissante monture. Cheveux noirs de jais, retenus par un chouchou écossais, glissés sous la bombe de velours moire. De longs cils sur de grands yeux sombres. Un petit nez, des pommettes lisses et saillantes. Une extraordinaire pureté de traits.Elle avait une dizaine d’années de plus que moi. Quand je la regardais danser, toute auréolée de la blancheur ivoirine de son cheval, mon regard suivait la courbure de sa nuque, j’imaginais sa poitrine écrasée sur l’encolure dans le foisonnement de la crinière. Mes oreilles, comme celle d’un cheval, se dressaient pour partager la douce violence des « han ! » qu’elle soufflait en franchissant un droit ou un mur. Je devenais cheval pour pouvoir mieux l’approcher, la flairer…Nos premiers émois d’amantes ont été très romantiques. Toutes deux, élevées dans la religion catholique la plus stricte, nous n’en vinrent aux premiers baisers qu’avec pudeur. Maylis avait beau revendiquer une liberté d’homme, de cavalier, elle n’en souscrivait pas moins aux exigences d’une foi qui soumet si facilement les femmes. Ce n’était pas le moindre de nos paradoxes. Nous nous écrivions, en cachette, des lettres enflammées ; nous nous serrions dans les bras l’une de l’autre dans l’obscurité des boxes.Un jour nous nous enhardîmes. Nous nous sommes déshabillées, rougissantes et tremblantes et c’est elle qui posa ses lèvres fines sur celles de mon sexe. Je me souviens de la légèreté, de la souplesse de son corps gracile et pourtant puissant… bandé, obstiné. Les pointes acérées de ses seins. Son fin pubis aux longs poils noirs soyeux. Ses fesses délicieusement rondes et denses dont la cambrure renforçait la proéminence arrondie. Ses fesses, satinées malgré les heures de monte, sur la peau desquelles je devinais du bout des doigts, la légère callosité que le cuir de la selle avait imprimée.J’ai encore en mémoire le moment où j’attendais qu’elle me rejoigne au fond d’un box sombre, frémissante au milieu de la paille fraîche et du foin odorant. Elle poussait doucement la porte après s’être assurée que personne ne la suivait. Nous nous jetions dans les bras l’une de l’autre. Comme un jeune chiot, je fouillais sa chair, la respirant, la humant, à la recherche de la moindre fragrance. Je cherchais avec trouble, la trace de la moindre phéromone, sondant chaque repli, chaque interstice où aurait pu se loger la plus vaporeuse odeur de jeune fauve… cou, nuque, aisselles, seins, ventre… Bien qu’elle soit d’une propreté méticuleuse, les heures de monte, imprégnaient ses vêtements et sa peau. L’odeur musquée et pénétrante de la sueur de son étalon, celle du cuir et de sa propre transpiration, se mêlaient à celles du fourrage frais, de la paille et du son.Ce jour-là, j’étais arrivée en retard, la reprise était terminée. Je cherchais Maylis dans les écuries, flânant entre les stalles. Arrivée devant le box de « Ballemont de Piber », j’aperçus mon amie bouchonnant son étalon. Elle caressait l’encolure, chuchotant à son oreille. Dans la pénombre, sa silhouette claire se fondait avec les flancs puissants de son Lipizzan. Seule la coulée mouvante de sa chevelure de jais, luisante comme le flot sombre d’une cascade, semblait flotter dans l’air tiède.Maylis avait enlevé sa veste de gabardine bleu nuit, elle portait un chemisier blanc à col officier et un jodhpur de coton écru. L’empiècement de cuir « Mc Cornick » soulignait la ferme rotondité de ses fesses. En deux pas furtifs, je me glissai derrière elle et collai mon corps contre son dos. Un léger frémissement m’accueillit. J’écrasai ma poitrine contre son dos, jetai mes reins vers l’avant pour que mon ventre épouse la courbure des éminences charnues de ses fesses. J’enfouis mes lèvres dans son cou, cherchant à la racine de sa nuque, les cheveux encore humides de sa sueur.La brosse de chiendent avec laquelle Maylis bouchonnait son étalon avait à peine marqué un bref arrêt. Maylis avait repris ses lents et puissants mouvements de brossage, feignant d’ignorer ma présence. Je connaissais ce jeu de paresseuse passivité qu’elle affectionnait. Tout en m’enivrant des effluves de fleurs et de senteurs boisées de son parfum qui se mêlaient aux exhalaisons douceâtres de sa sueur tiède, je glissai mes mains vers son chemisier et le déboutonnai. J’adorais les règles tacites de ce jeu que nous avions déjà pratiqué. Maylis se laissait déshabiller sans un mot, elle ne devait laisser paraître aucune réaction.Elle se contenta de poser la brosse en équilibre sur le garrot lorsque je fis glisser les manches de son chemisier. Je m’étais légèrement reculée pour me repaître de la vue de son dos finement musclé, harmonieux, chaud et souple. Elle ne portait pas de soutien-gorge. J’écrasai mollement ma poitrine contre ses omoplates, tandis qu’elle reprenait, imperturbable, son brossage et, glissant mes mains sous ses aisselles, m’emparai de sa poitrine. Ses deux seins, tièdes et souples, frémissaient dans mes paumes en conque et jouissaient de sentir dans mes mains durcir leurs pointes.Imperceptiblement, ses fesses poussaient contre mon ventre, signe de plaisir, de bien-être. Je lâchai sa poitrine à regret, et me saisis de sa jambe gauche. Après une habile volte-face, je l’enjambai tout en maintenant le cuir fauve de sa botte entre mes mains. Dans cette position de maréchal-ferrant se préparant à parer un sabot, je la débarrassai d’une botte, puis la deuxième. Maylis ne bougeait toujours pas, continuant impassible son pansage. Le jodhpur suivit le même chemin que les bottes et se retrouva froissé, en boule, dans la paille fraîche.Maylis était maintenant nue. Son corps gracile et musclé tranchait avec la masse puissante et musculeuse de son étalon. S’appliquant à lustrer par de larges mouvements circulaires la croupe et la pointe de la fesse de son cheval, elle s’était penchée en avant, appuyant sa poitrine sur le flanc tiède de son partenaire de dressage. Cette position l’obligeait à creuser les reins.Je m’agenouillai et, saisissant ses chevilles encore recouvertes de fines chaussettes de fil beige, j’écartai ses jambes. Maylis se laissait faire. Elle creusa encore davantage les reins lorsqu’elle sentit le souffle tiède de ma bouche suivre la raie qui séparait les deux rondeurs nacrées de ses fesses. J’enfouis mon nez, ma bouche, mon visage entre ses cuisses, insinuai ma langue dans la charnière charnue de son sexe. J’aspirai goulûment les replis diaprés de ses muqueuses. J’effilai les longues mèches soyeuses de ses poils entre mes lèvres, en exprimant les gouttes douceâtres de ses sécrétions. Maylis avait interrompu ses mouvements, concentrant son attention sur le ballet de ma langue et de ma bouche.Je me relevai… Je voulais sentir contre mon ventre la tiédeur de son corps. En quelques secondes, je me débarrassai frénétiquement de mon polo et de mon soutien-gorge. Mes doigts fébriles dégrafaient la ceinture de mon pantalon… Pas le temps de défaire mes houseaux de cuir, je saisis le coton de mon jodhpur avec l’élastique de ma culotte et baissai l’ensemble sur mes genoux.Mon ventre se colle contre les fesses de mon amie, mes seins contre son dos, l’obligeant à s’affaler contre le flanc et la hanche de son étalon. Je glisse une main sur son ventre, descends vers la fourche étroite de son sexe que mon majeur pénètre tandis que je masse son clitoris de ma paume. Maylis appuie sa joue contre le poil soyeux de l’animal. J’aperçois dans la pénombre son profil, perlé de sueur. Elle est toute à ce plaisir brutal qui monte de ses reins. Les narines dilatées comme les naseaux d’un pur-sang, elle halète doucement.« Ballemont de Piber » a dû percevoir une odeur de femelle en chaleur, le cliquetis de ses sabots est le signe de son énervement et, sous son ventre, son sexe noir et rose se balance mollement… Je frotte mon ventre contre ses fesses cherchant le moindre saillant pour en accentuer la caresse.Soudain, deux petites rides se croisent, inquiètes sur le front de mon amie. Ses yeux fixent, avec une lueur de désespoir et d’effroi, la porte du box. Intriguée, je tourne la tête. Dans l’embrasure de la porte, appuyé contre le chambranle de bois, Jean-François, un des lads-jockeys de l’écurie, nous observe, les yeux fixés sur ma main qui s’agite entre les cuisses de Maylis. Je tente de reculer brusquement, de me séparer, mais la voix suppliante de Maylis me retient tandis que sa main saisit brutalement la mienne et la maintient contre son sexe.— Continue… encore… je vais jouir… on s’en fout… continue, c’est trop tard…Mon majeur quitte le cloaque humide de son sexe et s’attaque furieusement à son clitoris. Je ne peux détourner la tête de Jean-François et mon regard descend vers le mouvement qui agite son ventre. Le pantalon baissé, une main s’active sur son sexe tendu, découvrant avec frénésie le gland violacé qui luit entre ses doigts serrés. Les halètements de Maylis se font plus rapides. Soudain l’étau de ses cuisses se resserre et broie ma main tandis qu’elle explose en poussant un feulement rauque. Au même moment, pour la première fois, je vois à quelques centimètres de moi, un homme jouir… Mon regard, fasciné, suit la courbe nacrée de son sperme qui s’écrase sur ma cuisse et mes houseaux…