Ah ! Les hommes ! Tous les mêmes. Si on discute avec eux, ils finiront toujours par avouer être attirés par d’autres femmes, ou même par toutes les femmes. Les femmes sont belles, tel est leur argument. Et il faudrait que nous les femmes, nous leur fassions confiance ? Ces hommes qui ne cherchent que le plaisir dans chaque photo de femme nue sur Internet, ces hommes qui ne voient que des culs ou des seins dans la rue, ces hommes qui ne rêvent que de toucher leur voisine au bar. Ces hommes méritent-ils notre amour ?Qu’y a-t-il réellement dans leur esprit ? Non mais sérieusement, qui croirait que l’esprit a quelque chose à voir avec tout ça ? En fait, l’esprit, le cœur et le corps sont la trinité masculine, très dissociables les uns des autres. Un homme qui pense voit le futur. Un homme qui aime voit le présent. Un homme qui désire voit les autres femmes. C’est comme ça. Les trois visions en même temps, en plus ! Si vous ne me croyez pas, alors peut-être que vous faites partie d’une catégorie d’homme qui aime une femme, pense à une femme et fait l’amour à une femme, toujours la même, et ne pense JAMAIS à aucune autre. Est-ce qu’il existe, cet homme tant rêvé par les femmes, au nom de l’absence duquel tant de divorces ont été prononcés ? Pour ma part, j’y ai renoncé, pour le meilleur et pour le pire.Non, je ne me suis pas mariée. Non, je n’ai pas dompté mon homme. Non, je ne suis pas devenue lesbienne. Simplement, j’ai accepté l’homme qu’il est, dans sa manière de penser, d’aimer et de désirer.Paul et moi, nous nous connaissons depuis quelques années déjà. Et au fil des mois, des hauts et des bas, j’ai appris à le connaître. Et surtout, il faut le dire, je l’ai amené à me faire confiance. Il a finit par me parler de lui, du vrai lui, de lui en tant qu’homme, et non pas de lui en tant que l’homme d’une femme. J’ai donc compris son fonctionnement, indépendamment de moi.Il m’a tout avoué et, de faute avouée en honte surmontée, les choses sont devenues naturelles. Je voulais le comprendre, il me fallait donc l’accepter. J’ai donc compris son attrait pour la pornographie. J’ai compris que cela ne m’enlevait pas son amour. À la rigueur, certains soirs il ne voulait pas me faire l’amour et, quand je lui demandais pourquoi, il me répondait qu’il s’était masturbé le matin même dans la douche, et aussi la veille au soir devant des photos de jeunes filles prétendument innocentes. C’est ça qui l’excite. Alors je comprenais qu’il ne me ferait pas l’amour ce soir-là.Au début, je me morfondais toute seule dans mon coin, avec l’envie qui me prenait au ventre. Puis j’ai commencé à me masturber silencieusement à ses côtés pendant qu’il s’endormait. Puis un jour, je m’étais décidée à répondre à son « Non » par un « Ça ne te dérange pas si je m’occupe seule de moi ? » Et je m’étais masturbée impudiquement. Du coup, il n’avait pas pu dormir, vu les gémissements qui sortaient de ma bouche et les spasmes qui agitaient mon corps. Tant pis pour lui, encore un orgasme qu’il n’avait pas provoqué, un léger coup porté à sa fierté de mâle. Surtout qu’il n’avait aucune libido dans ces moments-là et qu’il n’éprouvait aucun plaisir à me regarder. Rien à voir avec nos séances de masturbation en duo ! Douce revanche de la femme sur l’homme…De confidence en confidence, il m’a dit qu’il pensait souvent à coucher avec d’autres femmes. Son argument choc : il n’arrivait pas à imaginer qu’il allait passer le reste de sa vie à coucher avec la même femme. On voit bien là le conflit entre l’esprit et le désir. La solution à court terme est bien sûr de ne penser qu’au présent, de n’agir qu’en homme qui aime, avec respect, fidélité et tout ce qui va avec, demandé bien sûr par la femme. Mais à long terme, rien n’y fait, l’homme a envie de nouveauté, l’homme a envie de se prouver qu’il peut en séduire une autre. C’est ce que Paul désirait en tout cas.Au début, j’essayais de rationaliser. Je me disais qu’en parler allait peut-être lui ôter l’envie. C’était mal le connaître. Chaque mois ou presque, un peu comme des règles masculines, il sombrait dans une phase mélancolique dans laquelle il se masturbait beaucoup, pensait beaucoup à d’autres femmes, et surtout n’avait plus envie de me faire l’amour. Qu’à cela ne tienne, j’étais patiente. Une semaine plus tard en général, son désir était revenu, nous avions à nouveau une séance torride dans le salon, excités tous les deux d’une abstinence de quelques jours. Un grand sage dirait : « Au moins, ce n’est pas la routine. » Mais en femme chaude, j’avais des envies, encore plus d’envies en vivant avec un homme, question de proximité. Il était là, donc j’avais envie.À force de discuter, nous en étions arrivés à un point où tout pouvait être dit. Ainsi je sais qu’il a déjà fait l’amour avec deux femmes en même temps. Je sais aussi qu’il recommencerait n’importe quand. Mais, et c’est là le mystère des hommes, il n’a jamais vraiment voulu le faire avec moi parce qu’il pense que cela indiquerait un problème dans notre couple. On voit bien ici l’emprise de l’esprit sur le désir, motivé par l’amour.Parce que Paul m’aime. Il tient à moi plus que tout au monde. Il ferait tout pour ne pas me perdre. Ou peut-être que je devrais dire qu’il ne ferait rien pour me perdre ? Mais comme je suis aussi une femme amoureuse, j’ai envie qu’il soit heureux. Et si son bonheur passe par d’autres femmes, il faut au moins en discuter.Je n’avais jamais envisagé de faire l’amour avec une femme, ou à trois. On m’a déjà fait des propositions, mais j’ai toujours décliné poliment, en arguant que je faisais l’amour exclusivement, que je ne pouvais pas penser à deux choses (personnes) en même temps.Mais le temps a fait son œuvre. À force d’en parler avec Paul, le fantasme s’est doucement insinué dans mon esprit, donc dans mon désir, puisque le désir de la femme vient de son esprit. Sans lui dire que j’étais prête, vu que je ne l’étais pas, je commençais à y penser, à faire quelques allusions innocentes dans nos conversations, histoire de l’émoustiller un peu. Après tout, il n’y avait pas de mal à en parler.Bon, voilà que j’apparais maintenant comme une petite bourgeoise coincée qui va découvrir des plaisirs interdits. Ce n’est pas ça du tout. Je ne suis pas coincée. C’est même moi qui ai proposé la sodomie à Paul, un plaisir assuré pour tous les deux, mais c’est une autre histoire et surtout ça ne justifie rien.Ici je suis plutôt dans la situation d’une femme qui souhaite entrer dans les fantasmes de son homme, pour lui faire plaisir, pour me faire plaisir, pour pimenter notre couple, pour l’expérience. Et merde, je me justifie encore ! Après tout, qui veut savoir le pourquoi du comment de la chose ?Toujours est-il qu’une soirée dans un bar entre amis est prévue pour le vendredi suivant. Paul et moi ne sortons pas souvent. De mon côté, quand je sors, j’aime bien m’habiller pour la circonstance. Nous avons donc eu cette conversation édifiante :— J’espère que tu n’es pas jaloux, lui ai-je demandé, parce que j’ai l’intention de m’habiller sexy vendredi.— Non, je ne pense pas être jaloux, m’a-t-il répondu.— Même si d’autres hommes me parlent et flirtent avec moi ?— Non, mais alors j’espère que tu n’es pas jalouse.— Pourquoi ?— Dans le sens que je pourrais parler avec d’autres femmes. Je ne veux pas passer la soirée collé à t’embrasser tout le temps, c’est trop !Il y a eu un petit silence de ma part. C’est vrai qu’un couple qui sort et qui passe la soirée à se coller, j’aurais envie de leur dire de se trouver une chambre. Mais Paul et moi avions quand même depuis longtemps dépassé ce stade. J’avais envie d’entrer dans son jeu, pour voir ce qui allait se passer.— Tu pourrais mettre ce tee-shirt moulant sans manches qu’on a acheté ensemble ? Comme ça tu pourras séduire toutes les femmes de la place pendant que je me ferai sauter dessus par les hommes, ai-je suggéré en riant.— D’accord, je le mettrai, a-t-il répondu plutôt sérieusement, à mon grand étonnement.Et voilà comment le décor a été planté. Déjà je ressentais une petite appréhension sur l’issue de la soirée.— De toute façon, il y a des limites à ne pas dépasser, ai-je ajouté, tu connais tes limites, non ?— Non je ne connais pas les limites, ce n’est pas très clair pour moi.De mieux en mieux ! Que dire ? Je n’avais jamais réfléchi à la situation. Je n’avais aucune idée de mes réactions. J’imagine que je ne serais pas jalouse, mais qui sait ? Il a dû sentir mon hésitation et il a conclu :— Mais c’est sûr que je ne partirai pas en embrassant une femme.Il n’avait pas l’air si sûr de lui en disant cela, ou en tout cas je ne l’ai pas trop cru. Je ne savais quoi penser. Mais l’idée de flirter avec d’autres hommes en sa présence, pendant qu’il en ferait autant avec des femmes, commençait à me remplir l’esprit et le corps. Je me voyais déjà discuter sur un ton badin avec un homme tout en regardant Paul du coin de l’œil. Je nous imaginais déjà agissant en inconnus l’un pour l’autre, chacun de son côté pour son propre plaisir. Mais là je m’emballe, parce que bien sûr il allait y avoir nos amis qui ne manqueraient pas de questionner notre comportement. Mais cela ferait aussi partie du plaisir. Je mouillais déjà rien qu’en pensant à cette soirée.C’est la différence majeure entre les hommes et les femmes. Les hommes ont besoin d’une image pour fantasmer. Les femmes ont plutôt besoin d’un scénario. Et là, je l’avais mon scénario.Vendredi est déjà là, trop vite. Il est 20 h. Je suis nue dans la salle de bains. Un peu de crème, un peu de parfum, un peu de maquillage, une coiffure simple mais envoûtante, mon corps est prêt pour l’aventure. Je me dirige toujours nue vers la chambre. Sur le lit, ma tenue est étalée depuis des heures. Je la contemple une dernière fois à plat avant de me décider à m’habiller.Il faut dire que j’ose un peu plus que d’habitude. Une minijupe évasée rouge et un petit top blanc, voilà le principal. J’enfile d’abord une petite culotte en dentelle blanche, puis des collants, parce que des bas ça se serait vu tout de suite vu la longueur de la jupe, surtout haut perchée sur un tabouret de bar… Une fois mes jambes gainées, j’en éprouve du plat de la main le soyeux, fascinée comme toujours de ce qu’un simple morceau de tissu à moitié transparent peut faire. Mes jambes sont fermes sous ma main qui remonte jusqu’à mes cuisses en me procurant au passage un petit frisson de plaisir. Mais patience et surtout retenue, il ne faudrait pas que ma culotte soit trempée avant même d’arriver.Le soutien-gorge blanc assorti à ma culotte vient soutenir ma poitrine encore assez ferme et pas trop tombante, pour une femme de… depuis quand une femme dévoile-t-elle son âge ? Je passe ensuite le top par dessus ma tête en me contorsionnant un peu. Parfait, je peux voir dans le miroir du mur de la chambre que mon soutien-gorge est apparent au travers du fin tissu. Je passe enfin la jupe rouge très courte. Elle vient tout naturellement se déposer sur mes hanches et ne descend pas plus bas que mi-cuisse. Attention, j’arrive ! Avec mes chaussures, bien sûr.Paul est déjà prêt depuis longtemps. Il est au salon et m’attend devant la télévision. Il a effectivement mis le haut ajusté mentionné plus tôt cette semaine. Ça lui va bien, on peut voir parfaitement ses abdominaux se découper sur le tissu noir. J’ai envie de lui, là, maintenant. Mais il faut partir. Mais j’ai d’autres idées en tête. Mais il vaut mieux conserver mon énergie sexuelle à des fins de séduction plus tard. Nous partons avec la voiture. Le jeu commence.Il ne fait aucun commentaire sur ma tenue, mais je vois bien son regard admiratif vite détourné pour que je ne m’en rende pas compte. Trop tard, je le connais trop bien. Nous restons silencieux jusqu’à l’arrivée au bar. Un silence rempli de non-dits, d’attente et d’espoir. Je retiens mon souffle avant de descendre de la voiture. Paul me donne un baiser profond en m’enlaçant et me serrant très fort contre lui. Il a bien compris que j’ai seulement besoin d’être rassurée. Maintenant je sais qu’il m’aime, si j’en ai jamais douté.Tacitement, nous entrons sans nous toucher. Nous allons saluer nos amis, comme si nous étions seulement deux bons amis. Oublié le couple pour quelques heures. J’ai peur et je suis excitée tout à la fois. Je sens ma culotte qui se mouille à la pensée de tous les interdits auxquels j’ai pensé depuis quelques jours. Ce soir, je serai une femme, pas seulement la femme de Paul. Aucun de nos amis ne remarque rien, mais après quelques années, un couple ne ressemble plus à de jeunes amoureux, forcément.Un peu plus tard dans la soirée, je regarde Paul qui s’est assis au bar, à quelques sièges de moi. Il est entouré de deux femmes un peu plus jeunes que lui et il tente apparemment d’engager la conversation. Il ne me jette pas un coup d’œil. J’attends un je ne sais quoi, un signe de sa part, une preuve qu’il m’aime toujours, j’attends qu’il me rassure. Je me sens un peu abandonnée par lui. Mais quoi, je l’ai cherché, je l’ai voulu, je suis ici ce soir pour redécouvrir les joies de la séduction. Je ne dois pas me focaliser sur ce qu’il fait, mais plutôt chercher mon propre plaisir, enfin disons plutôt passer une bonne soirée sans me tourmenter.Je me retourne brusquement et ma jupe en profite pour virevolter à la limite de la décence. C’est un homme grand, blond, à l’air sympathique, qui m’a abordée. Alors j’engage timidement la conversation.— Bonsoir…— C’est la première fois que je vous vois ici, vous venez souvent ?— En fait, je suis déjà venue, mais ça n’arrive pas très souvent. En tout cas, je ne vous ai jamais vu non plus.Je ne joue pas à la gourde, je suis gourde… Oubliée mes bonnes intentions de flirts passionnés, je me retrouve avec un trac pas possible et une incapacité à agencer une conversation normale avec une attitude décontractée. J’aurais tellement voulu entrer dans le jeu visible de cet inconnu et le séduire un peu, ou beaucoup selon l’ambiance du moment. Et là, je dois dire que l’homme en face de moi m’incitait grandement à vouloir entrer dans son jeu. Mais voilà, c’est toujours plus facile à dire qu’à faire.Il voit mon hésitation et reprend avec un sourire et une phrase facile :— Je vous offre un verre ?— Euh… oui… bien sûr, avec plaisir !— Vous buvez quoi ?— N’importe quoi, comme vous, tout sauf de la bière.— Alors ce sera un martini, dit-il en mettant fin à mon indécision.Pendant que le barman s’affaire sur nos verres, il me fait signe et nous prenons place au bar. Je m’assois en prenant bien soin de ne pas trop en laisser voir sous ma jupe définitivement trop courte. Et s’il voyait ma culotte ? Je sais que je me suis habillée pour séduire, mais je n’arrive pas encore à me laisser aller totalement. Ou est passé le temps où tout était facile, où un coup d’œil et quelques gestes suffisaient à attirer les baisers romantiques ?— Comment vous appelez-vous ? me demande-t-il.— Ah oui ! Viviane, je m’appelle Viviane.— Moi c’est Bond. James Bond, répond-t-il d’un ton très sérieux.J’éclate alors de rire. Je comprends soudain qu’il essaie simplement de me mettre à l’aise, qu’il fait de l’humour, et que finalement ça marche. Du coup, je me sens mieux, tellement mieux que quelques minutes auparavant. Et lorsque je me calme, je plante mes yeux pétillants dans les siens et je lui dis :— Alors monsieur Bond, on se cherche de la compagnie pour un film ou pour autre chose ?C’est lui maintenant qui rit sans sembler pouvoir s’arrêter. Je constate que mon sens de l’humour fait encore de l’effet. La glace est enfin rompue et les choses sérieuses, ou non, vont pouvoir commencer.— En fait non, je suis Steve, et je ne sais pas ce qui m’a pris, cette réplique c’était nul.— Pas du tout, c’était drôle. Ça m’a fait rire en tout cas.— Alors tant mieux, on dit qu’il faut toujours faire rire les jolies femmes.Je rougis un peu sous le compliment. Puis on nous apporte nos martinis. Un petit instant de répit. Le nez plongé dans mon verre, je regarde Steve à la dérobée. Il est vraiment bien de sa personne. Il dégage de lui un certain magnétisme. C’est peut-être son sourire énigmatique, ou alors ses yeux bleus qui forment avec ses cheveux blonds le charme des hommes du nord. À moins que ce ne soit la puissance de son torse que j’imagine déjà chaud et musclé. Je ferme à demi les yeux et me laisse aller à cette douce rêverie. Le beau Steve me prend dans ses bras pour un slow langoureux et je me laisse porter par la musique et ses bras. Sa bouche s’approche de la mienne et son souffle me frôle.— Ça va ? me demande-t-il.— Oui, oui, pourquoi ?— Vous aviez l’air ailleurs, absente.— Je réfléchissais.— Est-ce que c’est très indiscret de demander à quoi vous pensiez ? Ou à qui, peut-être ?Quelle question délicate. Je ne peux pas lui dire que je pense à lui. Le temps semble s’arrêter. Tant de pensées s’entrecroisent dans ma tête. J’avais presque oublié Paul et mes amis dans cette histoire. Où est Paul ? Un coup d’œil rapide me permet de constater qu’il est en grande discussion avec une femme aux splendides cheveux noirs, une conversation animée et intime d’après ce que je peux en voir… J’éprouve un petit pincement de jalousie, mais je me rappelle qu’on est justement venus ici dans le but de rencontrer d’autres personnes. Quant à mes amis, ils ne semblent pas trop se préoccuper de moi ou de Paul. J’ai même l’impression qu’ils vont partir bientôt et finalement c’est tant mieux. Je préfère ne pas trop croiser de regards connus dans une telle situation. Alors à la question en suspend, je décide de minauder un peu :— Devinez à quoi je pense.— Je veux bien essayer, mais j’y gagne quoi ?Il entre dans mon jeu beaucoup trop facilement. C’est un homme de la race des charmeurs. Il sait y faire avec les femmes. Et je suis un peu rouillée. Je vais sûrement y perdre quelques plumes au passage. Alors je ne m’engage à rien, je lui laisse l’initiative.— Je ne sais pas, qu’est-ce que vous proposez ?Il trouve tout de suite :— Une belle femme comme vous, un baiser serait un bon prix si je devine vos pensées.— D’accord, dis-je après une seconde d’hésitation.Il s’approche un peu plus de moi et se penche à mon oreille. Il me murmure ces mots d’une voix rauque, une voix à faire fondre toutes les femmes de la terre, et surtout une voix à me faire mouiller intensément.— Vous étiez en train d’admirer mon corps et vous auriez aimé le toucher. Vous vouliez que nos corps se rapprochent, mais vous n’avez rien fait parce que vous êtes une femme bien éduquée et aussi parce que vous aimez prendre votre temps. Vous avez peur de moi et je vous attire en même temps. Vous mourrez d’envie de me sauter dessus, mais vous ne le ferez pas. Vos yeux brillent de désir et votre bouche tremble de l’envie de m’embrasser. Je suis également certain que votre culotte est maintenant trempée et que vous ne savez plus dans quel trou de souris vous mettre. Est-ce que je continue ?Il s’écarte un peu de moi. J’en ai le souffle coupé et le rouge me monte aux joues. Je baisse les yeux vers mes jambes qui peineraient à me soutenir si j’étais debout. Je prends conscience de l’humidité qui a effectivement gagné mon intimité. Je ne sais pas quoi répondre à ce Don Juan de Steve qui semble se croire le maître du monde. Je panique un peu. Je relève les yeux et croise le regard de Paul de l’autre côté du bar. Il devait me regarder depuis un bon moment et a sûrement remarqué mon trouble qui s’accentue à l’idée qu’il ait pu voir Steve se pencher à mon oreille. Mais Paul me sourit tranquillement. Il est toujours aussi bien accompagné et semble passer une bonne soirée. Son regard est doux et rieur. Il m’envoie un baiser silencieux et presque invisible qui me rassure, avant de détourner les yeux vers sa conquête. C’est le signe que je peux continuer, que je n’ai pas à m’inquiéter.C’est alors que je m’inquiète, mais pour une autre raison. Qu’est-ce qui m’a pris de mettre des collants sous ma jupe ? Je me sens un peu ridicule, maintenant qu’un homme tente sans l’ombre d’un doute de me draguer. S’il lui prenait l’envie de regarder mes dessous, il verrait vaguement une culotte blanche au travers d’un collant qui rendrait la vue plutôt floue et inintéressante. Fébrile, je me lève et me précipite aux toilettes avec un bafouillement d’excuse à Steve qui ne comprend pas grand chose à mon attitude.Aux toilettes, je m’empresse d’enlever mes souliers et de me défaire de l’importun collant. Ne sachant pas trop qu’en faire, je le jette en boule par terre. Je me rajuste vite fait, juste le temps de constater l’état de ma culotte. Elle est trempée. Autant dire qu’elle ne me sert plus à rien. Alors je l’enlève et je la fourre dans mon petit sac à main. Les fesses et la chatte à l’air, je frissonne au moindre courant d’air et je n’ose plus faire aucun mouvement brusque, de peur de voir s’envoler ma jupe évasée comme une fleur dans le vent et ainsi dévoiler un bien étrange pistil. Mais je préfère cet inconvénient à la chaleur insoutenable de l’humidité qui se frotte à mes chairs fragiles.De retour dans la salle, je peux voir que Paul est toujours assis au bar avec la belle femme aux cheveux noirs. Vu le peu de distance qu’il reste entre eux, je dirais qu’ils en sont presque rendus aux échanges intimes. Mes amis sont effectivement partis, sans me dire au revoir, peut-être parce que j’étais trop occupée ou trop mal occupée ? Je suis donc pratiquement seule avec Steve. Personne ne viendra me déranger ni me demander comment je vais. Personne ne viendra contrecarrer mes plans. Mais quels plans au fait ?Je retourne à la place restée libre auprès de mon séducteur. Il m’attend sans impatience. Quand je m’assois, il me détaille de haut en bas, comme si mes vêtements étaient transparents et il me dit avec un grand sourire :— Merci.— Merci pour quoi ?Il se penche très près de moi et me murmure :— Merci d’avoir ôté votre culotte.La confusion la plus totale me gagne. Est-ce que j’ai laissé entrevoir mon minou quand je me suis assise ? A-t-il un don de vision ? M’a-t-il vue dans les toilettes ? Comment peut-il savoir ? Je rougis une fois de plus et je ne sais plus quoi répondre. Il a un rire doux et apaisant. Il pose sa main sur mon bras et me lance :— Ça se voit dans la manière dont vous marchez.— Ah, bon, c’est que… il fallait… enfin vous comprenez… tout à l’heure…— Tout à l’heure je vous ai fait de l’effet, c’est ça ?— Pour tout vous dire, oui.— Pourquoi rendre les choses compliquées ? Je vous désire depuis que je vous ai vue. Si vous me désirez aussi, où est le mal ?— Il n’y a pas de mal, c’est juste que vous semblez si…— Je suis si quoi ? demande-t-il en souriant en coin.— En tout cas, ce que je veux dire, c’est que vous jouez avec moi, vous êtes un séducteur, voilà !— Dans votre bouche, on dirait presque une insulte. Pourtant, je n’ai rien fait de plus que répondre à votre appel. Vous étiez là, debout, et tout votre corps m’appelait. Qu’est-ce que je pouvais faire ?Je ferme les yeux. Cet homme me fascine et me tient sous son emprise. Ses mots sont comme des centaines de petits fils qui me retiennent aussi sûrement qu’une paire de menottes et qui m’empêchent de m’enfuir. Je ne veux pas partir. Sa voix m’enivre. Son regard me possède. Et même son parfum m’obsède. Une odeur fraîche et forte à la fois, une odeur si envoûtante, si proche. Je me sens entourée de sa présence. Mon corps tremble légèrement. Je le désire comme je n’ai pas désiré depuis longtemps.— Viviane, êtes-vous toujours avec moi ?— Oui, je suis là, dis-je en ouvrant les yeux. J’appréciais le moment.Il se penche un peu plus et sa bouche se rapproche dangereusement de la mienne. Mes lèvres se tendent vers les siennes. Mon corps tout entier lance un appel primal au sien. Mes yeux sont fous de désir et lorsque je plonge mon regard dans ses yeux bleus, je vois un désir équivalent qui brûle en lui. Nos lèvres se touchent à peine et déjà un frisson de plaisir se propage dans tout mon corps. Sa langue qui s’avance dans ma bouche est comme un serpent de feu qui consume mon être. Je me noie dans les sensations. J’oublie le bar, j’oublie Paul, j’oublie ma vie, il n’y a que Steve. Il m’embrasse longuement. Nos langues dansent un ballet langoureux et je le goûte avec plaisir. Avidement il suce ma langue, ce qui lance de petites décharges électriques dans mon bas-ventre. Bientôt, c’est ma jupe au complet qui va être mouillée, ou alors le tabouret du bar, mais quelle importance ?Il s’écarte un peu et me regarde. Ma bouche reste ouverte, encore affamée. Mes yeux sont dans le vague. J’attends son corps avec impatience. Il pose sa main sur mon genou et me demande :— Est-ce qu’on peut se tutoyer ?— Drôle de question ! Oui bien sûr, mais je ne m’attendais pas à ça. Au baiser je veux dire. C’était tellement…— Bon ?— Encore une fois vous avez euh… tu as raison. Mais c’était plus que bon, c’était comme magique, ou plutôt électrique, c’est ça… électrique.— Tu sais que je peux te faire beaucoup d’autres choses électriques si tu veux ? dit-il d’une voix rauque.— J’imagine que oui, mais pas ici quand même !— Alors là, ce n’est pas moi qui aurais commencé ! Si tu veux, on va ailleurs ? demande-t-il en souriant d’un air ambigu.Aller ailleurs, cela signifie coucher avec lui. Je n’avais pas pensé à ça. Je ne pensais pas aller aussi loin ce soir. Je voulais simplement m’amuser un peu à séduire les hommes pendant que Paul ferait de même avec d’autres femmes. Paul, justement, où est-il ? Je ne le vois nulle part. Serait-il parti sans me le dire ? Je m’inquiète un peu, le temps de comprendre qu’il est sûrement parti avec la femme auprès de laquelle il a passé tout sa soirée. Sinon, comment expliquer qu’il n’est plus là ? Il a dû voir que j’étais en bonne compagnie et est parti sans venir me trouver auparavant. On n’avait pas parlé d’aller jusqu’au lit avec quelqu’un d’autre, mais après tout pourquoi pas ? Peut-être que de son côté il est déjà en train de perdre son corps dans d’autres bras, alors pourquoi n’en ferais-je pas autant ?Je reste figée quelques instants, perdue dans mes pensées, le regard au loin. Mon corps et mon esprit se battent un peu, puis finalement mon corps gagne la bataille. Je décoche mon plus beau sourire à Steve :— Ailleurs d’accord, mais pas chez moi.— Pas chez moi non plus, mais par contre je connais un petit parc tranquille pas loin d’ici, si ça te dit ?— Ça ne sera pas très confortable, il me semble…— Ne t’inquiète pas, Viviane, j’ai toujours une couverture dans ma voiture, me rassure-t-il en passant son bras autour de mon épaule.Il n’y a alors plus besoin de mots. Ma bouche trouve tout naturellement la sienne pour un deuxième baiser encore plus passionné que le premier. Mes mains partent à la découverte de son dos et de son torse. Il passe ses doigts dans mes cheveux bouclés, provoquant ainsi des frissons de bonheur. Je m’accroche à lui comme une naufragée à une bouée. Je veux sentir son odeur partout sur moi. Je veux fermer les yeux et le sentir me transpercer de toutes parts. Je veux qu’il m’entraîne loin dans la mer des sensations, sur les hautes vagues du pacifique.Steve m’enlace la taille et m’entraîne hors du bar, vers sa voiture. Heureusement, il fait chaud en ce mois d’août et son idée de parc me paraît encore bonne. Je marche presque avec difficulté tellement le désir m’assaille. Rapidement, il m’emmène dans le parc qu’il mentionnait. Sa main n’a pas quitté ma cuisse durant tout le trajet. Ma main posée sur la sienne donne mon assentiment et maintient une dernière distance tout à la fois. Je n’ai pas le sentiment que je vais tromper Paul. Je crois plutôt que c’est un jeu qui se poursuit, une suite logique qui n’aura pas de conséquence une fois le jeu terminé.Il gare sa voiture tout près du parc, mais légèrement en retrait de l’entrée. Nous descendons sans un mot. La tension est palpable. Mon cœur bat plus fort à l’idée de faire l’amour avec lui, mais aussi à cause de l’interdit du lieu. Je me retrouve comme l’adolescente qui courrait la nuit dans les cimetières, par défi, grisée d’un immense sentiment de liberté.Il faut enjamber le mur qui est quand même presque aussi haut que moi. Steve me demande si je pourrai le faire, avec son aide. Je lui confirme que oui, sans réfléchir. Il se positionne au bas du mur et me fait la courte échelle. Je pose le pied gauche sur ses mains croisées et m’accroche avec les mains au-dessus du mur. J’attends qu’il me donne la poussée nécessaire pour me faire basculer complètement sur le mur. Au lieu de cela, il me soulève un peu je sens sa bouche qui se pose sur mon sexe. J’avais oublié que je n’avais plus de culotte. Je serais tombée s’il ne me tenait pas fermement.Sa langue me fouille profondément, alors que j’ai le ventre appuyé sur le rebord du mur, en équilibre presque stable. Je sens que je mouille beaucoup et il me lape au fur et à mesure. Puis ses coups de langue se font plus précis et se déposent sur mon clitoris gonflé. Des vagues de plaisir me transpercent. La position inconfortable m’oblige à ne pas faire de mouvements brusques. Je jette un coup d’œil vers Steve et je vois l’arrière de sa tête blonde encadrée de ma jupette rouge. La vision est de toute beauté. Je sens que je ne vais plus être très longue à jouir. Il accélère ses caresses sur mon bouton et la vague de plaisir monte en moi tandis que je me sens couler dans sa bouche. J’achève de me perdre dans ce monde de sensations avec un râle sourd.Il me pousse alors complètement et je peux enfin me laisser glisser de l’autre côté, à peine remise de mes sensations. J’atterris sur un coussin d’herbe fraîchement coupée. Quelques secondes plus tard, une couverture me tombe dessus et je pousse un cri de surprise. Et peu après, c’est un Steve qui m’enlève du sol avec ladite couverture. Je crie, je ris, je ne sais plus, tout ce que je sais, c’est qu’un homme fort me porte dans ses bras comme si j’étais une plume.Il me dépose dans un petit coin tranquille entouré de buissons. Nous n’y serons pas dérangés. Il m’installe confortablement et se couche à mes côtés. Très vite, sa bouche retrouve le chemin de la mienne pour un baiser torride. Je gémis doucement. L’endroit incongru et illicite m’incite à ne pas faire trop de bruit. Ses mains parcourent tout mon corps qui n’est pas très couvert, il faut le dire. Je m’aventure alors vers son pantalon et y découvre un membre d’une taille très honorable, déjà bien bandé. Il soupire lorsque mes doigts défont sa braguette et se glissent sous son slip. J’extrais son pénis chaud et je lui ôte complètement les vêtements qui entravent la liberté de mes mouvements. Il achève son effeuillage en retirant sa chemise.Il est nu à côté de moi et il me sourit. Ses mains fébriles se sont glissées sous mon top blanc et je l’aide un peu afin qu’il m’en débarrasse. Je retire du même coup mon soutien-gorge qui ne pourrait que nous retarder. Je suis impatiente de le sentir sur moi, en moi, contre moi. Je me colle à lui et il remonte ma jupe sur ma taille, ce qui lui donne un accès total à ma chatte bien entretenue. Il fait aller ses doigts dans ma fente abondamment mouillée de mon plaisir précédent, tout en me maintenant de toute sa paume sur mon pubis.Je m’active alors sur son membre gonflé à bloc. Je le sens vibrer et je passe et repasse le plat de ma main sur son gland pour étaler les premières gouttes qui perlent. À chacun de mes va-et-vient, son bassin s’agite dans le vide, comme pour appeler un rythme plus soutenu, mais je tiens à lui donner un long plaisir, pas seulement une libération rapide.Il a mis trois doigts dans ma fente largement ouverte pour lui. Il appuie fortement sur mon point G et je retiens un cri à chaque fois. Ses mouvements sont lents et réguliers, comme calqués sur les miens. Je sens que je ne vais pas tenir longtemps. Ma bouche n’émet plus que des gémissements étouffés, aux travers de baisers profonds qui attisent encore plus mon désir. Son odeur me rend folle, je voudrais m’en imprégner pour toujours. Ma main libre dans ses cheveux l’attire plus près de moi.Il tend la main vers son pantalon et se saisit du nécessaire condom et me le donne pour que je le lui enfile. Avec mes deux mains, je réussis à combler mon manque d’habitude je vois son membre enfin prêt à me posséder. Je le bascule sur le dos et je m’empale sur lui, profondément. Il ferme les yeux de bonheur. Je commence à onduler du bassin tout en lui présentant le bout de mes seins, qu’il mordille au passage en m’arrachant des petits cris.Soudain, il se saisit de mes hanches et me maintient plaquée contre lui, sans bouger. Je comprends aux pulsations que je ressens dans mon intimité qu’il est sur le point de jouir, mais qu’il se retient. Lorsqu’il se sent moins dans l’urgence, il reprend les mouvements en me soulevant pour me mettre sur le dos, mes jambes sur ses épaules. Il me prend alors puissamment, de longs coups de boutoir qui m’atteignent au plus profond et me font hurler de plaisir sans retenue, sans plus chercher à me cacher. Lorsqu’il sent que je jouis, il accélère encore la cadence et éjacule en plusieurs jets que je ressens malgré le condom.Il s’effondre sur moi, le temps de doux baisers de remerciement. J’apprécie qu’il soit tendre après le sexe. J’ai eu beaucoup de plaisir, même si tout s’est finalement passé très vite, vu les circonstances et le lieu. Après quelques minutes, il tient à mettre certaines choses au clair. Tout ceci n’a été pour lui qu’une aventure sans lendemain, puisqu’il n’est pas libre dans sa vie. Il semble craindre que je m’attache à lui. Alors je le rassure en lui expliquant ma propre situation avec Paul et le contexte de cette soirée. Il soupire de soulagement. J’en déduis que Steve est un de ces hommes qui sépare très facilement son esprit, son cœur et son corps.Plus tard, Steve me raccompagne chez moi avec un dernier baiser léger sur la bouche. J’ai la tête remplie de souvenirs qui meubleront mes rêveries coquines durant des mois. Paul m’attend dans le salon. À son sourire je sais qu’il a aimé sa soirée. D’un commun accord, nous ne discutons pas immédiatement de ce qui s’est passé. Il me prend simplement dans ses bras et m’affirme qu’il m’aime. Je l’embrasse tendrement, l’odeur de Steve qui me colle encore à la peau se mélangeant lentement à celle de Paul.