Bénie soit La Baule. Bénie soit Nina. Béni soit Björn. Bénie soit cette journée de juin. Bénies soient ces journées qui commencent par « Je t’Aime » et qui finissent par de même…Mon épouse Madeleine (Maddie pour les intimes) et moi nous sommes mariés d’amour. D’amour d’abord épistolaire. De longs mois d’échanges de courriels. Courriels qui commencèrent par évoquer des généralités, pour évoluer vers un véritable journal intime par correspondance, publié à une fréquence bi-hebdomadaire, attendu avec ferveur comme j’attendais la parution du Journal de Mickey. Tout consommateur régulier de presse écrite saura de quoi je parle. Moi, fils d’un couple d’employés de banque qui a pour commun d’avoir des origines catalanes (dont les familles respectives, sans accointances avec les républicains, ont toutefois choisi de fuir l’Espagne franquiste), installées depuis les années 1950 en Dordogne. Elle, fille d’un couple de cheminots dont les parents quittèrent la Franche-Comté avant ses dix ans pour s’installer en Occitanie, à la suite de la promotion de son père. Moi, jeune lauréat d’une école de commerce rennaise réputée. Elle, fraîchement diplômée en communication d’une université bordelaise. J’ai croisé son regard noisette tendant vers le miel la toute première fois le temps d’un voyage en train, de Saint-Brieuc à Bordeaux. J’étais bien plongé dans la lecture d’un dossier sur le boom de la téléphonie mobile, quand elle vint s’asseoir en face de moi. C’était au crépuscule. Paysages automnaux s’étendant à perte de vue, enveloppant l’atmosphère d’un je-ne-sais-quoi délicieusement mystérieux. Échange de « bonsoir » très courtois, et puis pas un mot. Ses bagages en disaient long sur son statut d’étudiante (valise à roulettes et sac à dos d’une marque qui faisait et fait encore fureur). Longiligne, brunette, fluette mais coquette, son accoutrement révélait une discrétion bien assumée, quasiment passe-partout, mais qui sied magnifiquement à ses fins traits et à ses mouvements gracieux. Tunique oversized en laine (ou acrylique ?) de couleur grise unie, mariée à un pantalon de type « fuseau » noir dont les extrémités sont retenues par un élastique passant sous les pieds, lesquels étaient bien enrobés dans une jolie paire de ballerines noires, ornées d’un discret nœud. Ce pantalon avait le don d’affiner davantage ses longues et frêles jambes, les rendant quasi-interminables, lui donnant l’air d’une gracieuse gymnaste. Ses longs cheveux bouclés auburn étaient retenus en une sage demi-queue de cheval par une toute petite pince à cheveux en métal. Cette coiffe avait le don de révéler sa frimousse ovale et les discrètes boucles qui ornaient ses oreilles. Elle sortit de son sac à dos un baladeur CD (que d’aucuns appelleront Walkman CD, énième marque devenue générique…), en brancha les écouteurs et y chargea un disque récemment publié d’une mythique diva québécoise (aux innombrables succès, aussi bien en Français qu’en Anglais) et appuya sur la touche « Play ». De sa main gracile, dont les fins doigts ne portaient pas de vernis à ongles, elle remontait nonchalamment une mèche rebelle de temps en temps et me piégeait à l’admirer, tantôt furtivement, tantôt ouvertement. Au bout d’un long moment, elle se recoiffa, regardant son reflet dans la glace improvisée en un miroir. Quel moment magique était celui où elle ôta lentement la pince à cheveux, la rangea dans la poche de son sac à dos, en sortit une autre bien plus grande, et la tint dans sa bouche pendant que ses mains s’activaient à enrouler sa crinière, telle une hélice en mouvement, en un joli chignon ! Elle s’admira dans la glace, une fois l’accessoire en plastique ayant « mordu » son épaisse chevelure, comme un artiste-peintre admirerait sa dernière toile. Elle ne soupçonnait guère que, contemplatif, je ne ratais aucune seconde de cette gracieuse séquence. Ce n’est qu’une bonne dizaine de minutes plus tard que nos regards se croisèrent. J’étais ensorcelé par le frémissement de ses lèvres pourpres au naturel. Par le battement de ses longs cils. Par le noisette hypnotique de son regard terriblement sévère. Par ses pommettes rosissantes. Elle n’avait nullement besoin de sourire pour me faire définitivement pâmer d’aise…De l’eau a coulé sous les ponts depuis ces temps-ci. Au blues et aux préoccupations d’étudiants succèdent le stress et les soucis du jeune couple marié qui affronte la vie active. Nous avons la chance de faire ce que nous aimons et d’aimer ce que nous faisons, une bénédiction par ces temps où casser du sucre sur les dos des employeurs (non sans raison, mais ceci n’est pas notre sujet…) est l’objet de discussion favorite au café du commerce comme devant le vélo elliptique dans une salle de sport… En ce samedi de fin juin, le soleil du début de matinée semble déjà au zénith. La température est si caniculaire (32°) que l’utilisation de l’air conditionné n’est pas superflue. Cette année-là fut longue et éprouvante dans nos jobs respectifs car elle fut celle des semailles. Si les prochaines ne seront pas spécialement de tout repos, elles seront celles des récoltes. Ce sont ces pensées qui nous taraudaient sur le chemin d’une petite escapade dans une petite maison où nous invitèrent Nina et son mari Björn, à passer une journée avec eux à La Baule.Au dense trafic de la route nationale 171, succèdent de magnifiques paysages champêtres de la départementale 213. Au volant de la rutilante citadine de Maddie, dont elle me confiait le volant pour les longues distances, je me régalais littéralement, sans verser dans une incongrue conduite sportive, ce qui ne manqua pas de l’amuser. Le petit moteur essence atmosphérique (dépourvu d’un turbocompresseur) était bien plus à l’aise dans les virages de cette départementale et reprenait du peps, tandis qu’il avouait ses limites sur l’autoroute en bourdonnant désagréablement. Cela me rappelait mes exploits sur ma console de jeux vidéo, quand je me contentais d’une manette pour maîtriser l’art de la glissade et du dérapage contrôlé, tantôt sur l’ancien tracé du circuit du Mans, tantôt sur les pistes enneigées du rallye des 1000 Lacs (en Finlande) ou des sinueuses routes corses…Maddie a rencontré Nina pendant son stage de pré-embauche dans un cabinet de conseil en marketing et en études de marché. Elles sympathisèrent aussitôt et devinrent quasiment inséparables. Pourtant, tout les oppose. Autant Nina est une bonne vivante, extravertie, exubérante, décontractée, espiègle et fonceuse, autant ma Maddie d’amour est réservée, ingénue, timide et calculatrice. « L’opposition » se reflétait également, curieusement, dans leurs physiques respectifs. Maddie est grande, mince et brune, tandis que Nina est un petit bout de femme (un mètre cinquante sous la toise, au maximum) aux cheveux châtains raides lui retombant sur les épaules, au visage allongé, aux yeux bleu faïence et aux formes bien rondes, qu’elle met en avant allègrement. Son fiancé d’alors, devenu son mari aujourd’hui, répondait au nom de Björn. Vous l’auriez deviné, eux deux sont Suédois. Il est associé dans un cabinet d’audit. Ses traits typiquement nordiques sont davantage mis en avant par son double mètre de stature et entretenus par sa pratique du handball (sélectionné dans l’équipe olympique médaillée d’argent à Sydney, en 2000). Nous nous sommes rencontrés la première fois tous ensemble à l’occasion de l’une des éditions du Mondial de l’Auto de Paris. Lui et moi sommes deux passionnés de l’automobile, passion qui nous a définitivement rapprochés et nos couples respectifs également, par ricochet.Aussi incroyable que ce puisse paraître, ma Maddie d’amour, si joliment dotée par la nature, chef-d’œuvre de l’art divin, « bien foutue » comme dirait une amie proche en termes moins soutenus, est très timide et tellement pudibonde. J’ai mis un temps considérable à en comprendre les causes. D’abord, une austère éducation dans la pure tradition religieuse rigoriste. Une relation mère-fille heurtée et guère constructive. Une communication déficiente au sein d’un foyer où on finit par lui faire (erronément) croire que son corps de fille est la source de tous les péchés et un appel au vice. Enfin, elle garda en sa chair les séquelles d’un malencontreux accident domestique, survenu lors de son enfance : une cicatrice près de son abdomen, juste en dessous du sein droit, devenue discrète avec le temps, sauf pour un œil de lynx, mais ô combien embarrassante à ses yeux, et laquelle, faute d’un fin travail de psychologie, la fit passer à côté de bien des choses banales ou évidentes pour le commun des mortels, telles que s’offrir un bain de soleil en bikini. Un colossal paradoxe, si l’on imagine qu’elle doit son harmonieuse plastique à une pratique assidue de la natation, depuis le temps de l’école communale. Il y a un an, nous avons failli nous brouiller, après que Björn et Nina nous ont montré leur album de voyage de noces au paradisiaque décor de Phi Phi. Certains clichés de nos deux amis, où Nina s’affiche parfois en un joli bikini noir, mirent Maddie particulièrement mal à l’aise et j’eus droit à une belle crise de jalousie sur le chemin du retour, coupable selon elle de ne pas avoir détourné les yeux. Outrancier, certes, mais c’est ma Maddie, et je l’aime passionnément telle quelle.Grâce aux indications précises préalablement communiquées par nos hôtes, nous étions facilement arrivés à destination. Après nous être garés, nous sonnions à leur porte. Pour l’occasion, Maddie sortit sa plus belle robe d’été, descendant en dessous des genoux, à la coupe classique, mais aux motifs floraux verts et noirs originaux et dont l’encolure était ornée d’un nœud stratégiquement positionné. Une queue de cheval haute retenait sa longue tignasse (qui atteignit son record de longueur cet été-là ), un maquillage discret mais bien élaboré accentuait davantage son regard perçant, un parfum sucré comme je les aimais, une paire de mules Birkenstock noires et un discret bracelet de cheville pour pimenter un peu plus ce look résolument décontracté et frais. J’arborai ma panoplie officielle en été, immuable depuis que j’étais gamin : polo, bermuda, socquettes, tennis et ma casquette fétiche.Notre ami handballeur nous ouvrit la porte, tout sourire. Nina accourut pour nous faire la bise et une franche accolade à ma femme. Les deux avaient un teint hâlé bien prononcé. Björn était en maillot et débardeur, Nina était en débardeur et minishort.— Vite ! Venez par ici ! Changez-vous et rejoignez-nous à la piscine ! lança Nina, spontanément.— À la piscine ? (Maddie et moi, à l’unisson, bien surpris)— Mais oui ! (Se retournant vers son mari) Björn, j’en déduis que tu as omis de préciser à Benoît de ramener les maillots, est-ce bien cela ? (Sur un ton accusateur)— Euh… J’ai complètement oublié de le leur préciser. Désolé, je… (Tout confus, en bafouillant)— Ce n’est pas grave, Björn. J’espère que nos invités ne nous en tiendront pas rigueur. (Se dirigeant vers Maddie d’abord, puis vers moi)— Mais non ! Absolument pas. Le fait de nous inviter à passer cette journée avec vous nous a touchés tellement.Un silence très lourd s’était abattu alors comme une chape de plomb. Je pouvais sentir (dans tous les sens du terme) le malaise de Maddie, mais ne savais guère comment crever l’abcès. En même temps, je ne pus m’empêcher de penser que cette piscine offrirait des perspectives intéressantes. Mais ni moi ni Maddie n’étions équipés pour l’occasion. Mon salut vint de… Nina qui accourut la chercher, la prit prestement par la main. — Viens avec moi, Maddie, lui dit-elle, nous avons des choses à faire. Avant même que je n’acquiesçasse, elle enfonçait le clou en lâchant un sibyllin « entre nanas », ponctué d’un sourire complice. Maddie lui emboîta le pas, se retournant vers moi avec un sourire mi-timide, mi-ravi. Je rejoignis Björn au jardin. La piscine était obstruée par une haie de roseaux. Sirotant une bière à la bonne fraîcheur, nous échangions sur les derniers remous du marché de l’automobile, causés par la crise financière et la vague de fusions-acquisitions. Non sans amertume, nous avions évoqué le passé glorieux de Saab, marque de connaisseurs, certes moins connue que Volvo mais non moins considérée « patrimoine national » dans sa Suède natale, à laquelle GM administrait le remède du cheval, la sacrifiant sur l’autel de la sacro-sainte logique de rentabilité et des économies d’échelle. Et tant pis pour les puristes… Entre chevaux-vapeur, Newton-mètre et kilomètre-heure, je trépignais d’envie de (sa)voir ce qui se passait de l’autre côté de la haie. Nous parvenaient des bruits typiques d’une piscine : clapotis, rires et cris. La voix aiguë de Nina était facilement reconnaissable. Les voix et clapotis s’estompèrent d’un coup, puis régna le silence. Que devaient faire ma Maddie et Nina ? La réponse ne tarda pas à me parvenir. Un bip de notification de messagerie de mon smartphone indiqua un message de Maddie. En l’ouvrant, surprise : un autoportrait d’elle sur un transat, souriant par-dessus ses lunettes de soleil, bronzant alongée sur le ventre. Cela dit, l’angle de prise de vue de la photo ne permettait point d’en (sa)voir davantage. Au même moment, Björn reçut un message sur son mobile. Aussitôt lu, il se leva.— Je te prie de m’excuser, Ben. Je dois aider Nina à préparer le déjeuner.À cet instant, Nina arriva, l’air bien contente. Elle jeta un regard complice à son époux, lourd de sous-entendus. Elle portait un paréo, noué de manière à ne rien insinuer ni révéler. Pas encore revenu à mes esprits (égarés), elle me dit innocemment : — Va rejoindre Maddie, elle t’attend à la piscine. Moi, j’ai des choses à faire à la cuisine et ai besoin de Björn pour m’aider. Je ne m’étais pas fait prier pour y aller. Arrivé à la piscine, je retrouvai ma Maddie d’amour qui se prélassait sur le transat, à plat ventre. Elle portait un exquis bikini blanc à motifs ethniques dont elle avait dégrafé le haut. Son dos était luisant de crème solaire. La culotte était de type « tanga », avec des nouettes sur les hanches. Sa coupe joliment échancrée ne laissait que peu de place à l’imagination. Maddie ne se rendit compte de ma présence qu’au bout de quelques secondes pendant lesquelles j’étais littéralement envoûté. Ma Maddie s’affichait pour la première fois de sa vie en une aussi petite tenue. S’afficher en bikini en plage ou piscine publique était et est toujours catégoriquement hors de question pour elle.— Comment tu me trouves, mon Ben ? (Toujours allongée sur le dos)— Mais tu es juste magnifique, mon cœur ! D’où as-tu eu ce magnifique maillot ?— C’est un cadeau de Nina. Elle vient de l’acheter. Elle ne l’a jamais mis. Constatant que je n’étais pas équipée pour cette journée, elle me l’a offert. Il était encore tout neuf, étiquettes non encore retirées ! La pauvre voulait peut-être se racheter de ce qu’elle considère une gaffe de Björn. Comme il a ces nœuds, j’ai pu le serrer et l’adapter à ma taille. Les soutifs en revanche sont un peu petits…— … (Des yeux écarquillés)— Tu serais certainement en train de te demander « Mais comment cela se fait-il ? », n’est-ce pas, mon nounours ? (Ton espiègle)— Oui, te connaissant, ou croyant te connaître, ça m’a énormément surpris !— Nina a été si gentille avec moi que j’ai cru très déplacé et ingrat de ne pas essayer et mettre son cadeau. Et puis, comme il n’y a personne d’autre et que nous soyons qu’elle et moi, entre filles, je me suis dit que cela valait le coup d’essayer.— Nous vous avions entendues. Vous vous êtes bien amusées, dis-moi. On aura dit des gamines !— Nous nous sommes éclatées ! J’avoue que Nina m’a un peu intimidée au départ. Après m’être changée et l’avoir rejointe, elle m’a bourrée de compliments sur ma ligne et n’a pas arrêté de me demander d’imiter les mannequins sur les podiums. Elle était déjà sans le haut. Elle m’a demandé si cela me dérangerait qu’elle se mette complètement nue. Cela m’a un peu embarrassée, de voir sa touffe, sa poitrine et ses fesses, mais j’ai accepté car, après tout, elle est chez elle…— Et ? (J’imagine mes pupilles bien dilatées à ce moment-ci)— (Remontant les lunettes de soleil sur son nez)… Elle m’a dit que depuis qu’ils sont venus ici ni elle ni Björn ne portent de maillot. Elle dit qu’ainsi, elle aura un meilleur bronzage. C’est vrai qu’elle n’a pratiquement pas de trace.— Ça t’a donné des idées, à ce que je vois !— Écoute, elle m’a mise à l’aise, de faire comme je le sens et que je ne doive pas me sentir obligée de la suivre. Mais c’est vrai que pendant que nous nagions et éclaboussions, mes lolos avaient du mal à tenir dans les soutifs… Quand nous nous sommes posées pour bronzer et pendant qu’elle me mettait la crème solaire sur mon dos, c’est moi qui lui ai demandé de me dégrafer les soutiens-gorge. D’ailleurs, il est temps de me retourner.Joignant la parole à l’acte, elle souleva doucement son buste. Elle retira complètement les soutifs qu’elle n’avait que dégrafés et les posa nonchalamment à côté d’elle, s’assit, mit une généreuse noisette de crème solaire dans sa paume et en enduisit d’abord sa frimousse, ensuite ses cuisses, ses longues gambettes, son ventre et garda le meilleur pour la fin, comme pour définitivement me porter l’estocade. Les aréoles oscillant entre la couleur crème et la nuance « saumon » scintillaient ou presque, éclaboussant de leur éclat les collines sur lesquels leurs points culminants étaient si fièrement dressés, comme tutoyant le ciel. Elle se rallongea ensuite, non pas avant de relever ses cheveux, réajustant ses lunettes de soleil et croisant ses bras au-dessus de sa tête. J’étais comme chloroformé. Je croyais rêver éveillé. Maddie se prélasse à moitié nue au soleil, topless comme dit l’anglicisme ! Il était hors de question de ne pas immortaliser ce moment. Je m’étais précipité pour la photographier sous différents angles. Plans d’ensemble, plans américains, contre-plongée et gros plans. Maddie se prêta au jeu, se fendant d’un sourire bien malicieux au coin des lèvres. Au gré des prises de vue, sa cascade de boucles auburn humides tutoyait tantôt le milieu de son dos, tantôt couvrait ses mamelons. Le paroxysme de la séduction était atteint quand elle les enroula en chignon haut. Ses mains dans ses cheveux, bras relevés repliés, mettaient naturellement en avant sa charmante poitrine, dont les mamelons – minuscules mais harmonieux – semblaient me défier comme deux immenses yeux, ceci pendant que ses (vrais) yeux de braise me transperçaient de bout en bout, tandis que son sourire malicieux se mua en une moue défiante. Je ne pouvais rester imperméable à pareil déluge de charme à l’état pur. Maddie ne manqua pas de le remarquer ni de me le faire remarquer.— Tu as besoin de te rafraîchir. Une bonne trempette te fera du bien !— Je tiens à te rappeler que je n’ai pas eu droit à un cadeau pour l’occasion, comme toi !— Peu importe. Tu peux bien nager sans, n’est-ce pas ?Retentit alors la sonnerie du téléphone de Maddie. C’était Nina qui nous appelait pour déjeuner.— Ce ne sera que partie remise, alors… lâcha d’un air fort sibyllin Maddie, en remettant ses soutiens-gorge, et en allant se changer.Maddie avait remis sa robe et s’est même remaquillée. Seul changement notable, ses cheveux relevés d’un air faussement négligé mais fort élégant. Nos hôtes ont mis les petits plats dans les grands pour l’occasion. Nina avait souvent vanté les talents de cuistot de Björn. Je dois avouer que ce n’était guère usurpé. La daurade grillée qu’il avait préparée pendant que Maddie et moi jouions à la muse et à l’artiste était un délice de gourmet, à savourer sans modération. Le long du repas, elle et Nina ne cessèrent d’échanger les regards complices et intrigants. Je fis un effort surhumain pour me remettre de mes émotions et avoir un air décent, tant j’avais l’impression d’avoir été atteint de priapisme. Maddie en rajoutait une couche en me frôlant discrètement des orteils.Sitôt le déjeuner conclut, et après les avoir aidés à débarrasser la table et à charger les récipients dans le lave-vaisselle, Nina et Björn se retirèrent, arguant un besoin de faire une sieste d’une heure maximum, après laquelle nous prendrons un café. Instinctivement, nous nous regardâmes, Maddie et moi. Je n’ai jamais cru à la télépathie (Que nenni…), mais je suis persuadé que nous avions pensé à la même chose…Nina et Björn partirent piquer leur somme, à nous de piquer une tête. Le temps que Nina se change, je sentis déjà une terrible montée d’adrénaline. Comme un gamin qui allait ouvrir cette armoire à laquelle il lui était proscrit de s’approcher. Comme cet adolescent qui allait embarrasser sa copine pour la première fois de sa vie. Les minutes se faisaient longues. La voici qui arriva. À chaque pas, sa poitrine semblait onduler dans ses soutiens. Elle s’arrêta sur le bord de la piscine et s’assit, jouant avec ses pieds dans l’eau. Elle dégrafa le haut et le posa. Que c’était mignon, le spectacle de ses seins qui pendaient quand elle se penchait ! Lentement, elle délaça un des nœuds de sa culotte, l’ôta et le posa à son tour à côté des soutifs. J’en rêvais. Maddie l’osa. Maddie le fit. Maddie était nue. Toute nue. Dans son plus simple appareil. Elle ne portait plus que sa barrette dans les cheveux, ses boucles d’oreilles et son bracelet-cheville. Les secondes s’égrenaient si lentement qu’on les croirait des heures. Je n’en croyais pas mes yeux. Elle se leva alors, montrant sans fausse pudeur sa jolie toison finement taillée, et se jeta dans l’eau.— Tu me rejoins, mon Ben ? Je ne suis pas sûr que le record du déshabillage le plus rapide existe dans le célèbre livre éponyme, mais je crois m’en être bien rapproché, si je ne l’avais pas carrément battu ! Nous voici tous les deux nus comme des vers dans cette piscine. Notre nudité, l’eau et le soleil ardent de ce début d’après-midi ne faisaient que décupler nos ardeurs. J’étais davantage préoccupé par admirer ma naïade qui suintait de sensualité quand elle nage, que par l’envie d’enchaîner les brasses. Une furie indescriptible s’empara de moi quand elle enchaîna les longueurs sur le dos. Nous fendions en un long et torride baiser. Dans l’eau, c’était juste magique. Enlacés. Entrelacés. Bien accrochés. Ses jambes croisées derrière ma taille, son petit jardin secret frôlait délicieusement mon membre qui était chauffé à blanc. Je la soulevai légèrement dans mes bras et la posai sur le bord de la piscine. Admirer Maddie prendre sa douche était un délice. La contempler ainsi, les cheveux ondulés, les lolos couverts de gouttelettes et la toison dont ruisselait un fin filet d’eau étaient une scène dont je me souviendrai toute ma vie.— Je t’aime, mon Ben.— Je suis fou de toi, ma Maddie.— Te souviens-tu de ce que je t’ai répondu quand tu m’as demandé quel était mon fantasme le plus fou ?— Bien sûr. Que nous fassions l’amour dans une piscine !Sans piper un mot, elle pencha sa tête en arrière, comme faisant de son corps une offrande. Ses jambes, pudiquement et instinctivement jointes avant, étaient grandes ouvertes maintenant, comme pour m’accueillir. Je la couvris de baisers. Ses orteils. Ses pieds. Ses jambes. Ses cuisses. Son ventre. Son sein droit. Son sein gauche. Son cou. Ses oreilles. Sa bouche. Sa belle toison. Je la savais catégoriquement réfractaire à la fellation. Elle n’était pas vraiment emballée par le cunnilingus. Je lui offris un massage clitoridien. Je suis toujours aussi émerveillé de la douceur de cette membrane et de son hypersensibilité. Les mamelons de Maddie commencèrent à s’ériger. Ses pieds se contractèrent. Ses grimaces en disaient long. Quelques secondes plus tard, elle faillit être terrassée par l’intensité de son orgasme. Et je m’invitai chez elle. Mon organe était si érigé qu’il en était endolori. Il y faisait très chaud et très humide à la fois. Ses yeux ne quittèrent pas mes yeux. Comme si nos deux corps et âme n’en faisaient qu’une, littéralement à cet instant-ci. J’aurais, elle aurait, nous aurions aimé que cette torride séquence dure une vie, une éternité. Au bout de quelques minutes, ce qui devait arriver arriva. Comme emportés dans une magnifique tornade. Comme montés au septième ciel. Comme possédés.— Je t’aime !— Moi aussi je t’aime.Nous restâmes quelques minutes ainsi, comme voulant retarder à plus tard cet instant où je me retirerais d’elle. Ses yeux écarquillés valaient mille mots. Maddie m’attrapa par mon cou et m’embrassa fougueusement. Je lui rendis son baiser en l’attrapant par ses fesses, dont le bronzage devenait si perceptible qu’elles me rappelaient une pêche.Toujours comme nous vînmes au monde, un petit toilettage, un rinçage, un ultime plongeon, et nous nous rhabillâmes. Comme deux gamins fiers d’avoir transgressé un gros tabou, nous ne cessâmes de pouffer de rire, en jetant un regard sur notre lieu du crime…Nos hôtes nous avaient préparé un bon café. La Linzer Torte que prépara notre ami handballeur était un autre délice de cette journée qui en fut copieusement servie. Nos hôtes, évidemment, devinèrent qu’il s’était passé des choses pendant leur roupillon, à en juger par leurs sourires et leurs regards, mais ils eurent la délicatesse de ne pas y faire expressément allusion. Prolonger le séjour n’aurait pas été une idée saugrenue, mais vint l’heure des « au revoir et merci ». Sur le seuil de cette désormais mythique villa, échange d’embrassades. Intense accolade entre Maddie et Nina. Sur le chemin du retour, nous étions aussi joyeux que des tourtereaux. La tête pleine d’images. L’esprit plein de souvenirs. Maddie franchit un nouveau pas de géant dans sa quête d’harmonie intérieure. Notre couple, bien épanoui, y puisa davantage de ressources. La flamme scintillait de plus en plus belle.Bénie soit La Baule. Bénie soit Nina. Béni soit Björn. Bénie soit cette journée de juin. Bénies soient ces journées qui commencent par « Je t’Aime » et qui finissent par de même…