Résumé de l’épisode précédent :Le profil de la plaignante s’est largement terni, la masseuse n’a pas les mains très propres et l’instruction du Juge Maillard a été démontée !Une foule de journalistes se presse à l’ouverture de l’audience ce matin. Les révélations sur la liaison entre l’ex-juge Maillard et la plaignante ont fait du bruit hier et les chroniqueurs judiciaires espèrent quelques détails croustillants. Mais tout le monde pense que le Président Charton va annuler purement et simplement toute l’instruction et reporter le procès aux calendes grecques…Le président Charton toise durement la salle dès son entrée. Son air particulièrement revêche calme instantanément la foule bavarde. Avec quelques mots concis, il annonce la poursuite des débats, son désir d’en finir au plus vite, et fait appeler le témoin de dernière minute de la défense.Dans son box, l’accusé est toujours aussi apathique que les jours précédents. Détaché. Absent.Alors qu’une jeune femme intimidée prend place à la barre, le Président lui débite la formule traditionnelle : nom, prénom, âge, profession…— Policant – Marinette – kinésythérap…La jeune femme ne peut continuer, l’accusé vient se lever d’un bond : il a reconnu sa voix !— Marie ! crie-t-il, éperdu, avant de s’effondrer en larmes sans quitter des yeux la jeune femme qui a son tour, crie son prénom et se met à pleurer elle aussi.Un formidable brouhaha emplit la salle d’audience et il faudra de longues minutes et beaucoup d’énergie au Président pour rétablir un calme relatif.Appelée auprès des juges, Tamara, les yeux embués, explique :— Je n’osai pas y croire, je n’osai pas l’espérer, mais, oui, la venue ici de madame Policant a eu l’effet d’un électrochoc sur mon client. LE choc émotionnel salutaire dont ont parlé plusieurs fois les experts à la barre. Oui, mon client a retrouvé ses facultés. Tous ses souvenirs, je ne sais pas encore, car il vient de me dire n’en avoir aucun sur l’affaire qui lui est reprochée. Mais ça, c’est tout à fait normal, vous allez comprendre !— Pensez-vous qu’il faille le faire examiner par un médecin, le croyez-vous en état de poursuivre les…— Je le crois, le coupe Tamara, la suite ne peut que lui être bénéfique.— On peut l’interroger ?— Oui, mais s’il vous plaît, laissez d’abord notre témoin déposer. Vous comprendrez très vite.Radieuse, l’avocat poursuit :— Vous allez TOUT comprendre. Très vite, je vous le promets !À la barre, après avoir terminé sa présentation, Marinette (qui n’a jamais aimé son prénom qu’elle juge démodé et se fait appeler Marie depuis toujours) raconte sa rencontre avec Julien la veille du jour des faits reprochés : Julien qui traverse SON jardin, Julien qui tombe sur elle, sur SA chilienne à ELLE ! Julien qui se blesse au genou et qu’elle soigne. Bien sûr, elle se garde de donner trop des détails sur leur coup de foudre mutuel et leurs ébats successifs, mais en dit suffisamment pour que chacun comprenne. La kiné donne aussi son diagnostic sur la sévérité de la blessure au genou et comment elle a immobilisé la jambe gauche de Julien dans des attelles.Personne n’essaye de contredire son diagnostic : impossible de mettre en doute la compétence d’une professionnelle, qui s’est présentée comme membre du staff médical de l’Équipe de France de Jeu à XV. Excusez du peu !— Une blessure invalidante, reprend Tamara en martelant ses mots, une blessure antérieure au crime, donc. Blessure, qui lui interdisait absolument de plier sa jambe et par là même de se livrer aux acrobaties nécessaires au prétendu viol sur chilienne. Blessure antérieure aussi à l’accident dont il a été victime, a priori cinq minutes à peine après son soi-disant crime, alors qu’il se rendait, clopin-clopant à la pharmacie. Julien Altmann, vous le savez, a été fauché sur le trottoir par un chauffard qui a pris la fuite. Si dans cet accident, outre sa sévère fracture du crâne, sa jambe droite, entre autres, a été plusieurs fois fracturée, mais sa jambe gauche, elle, sans doute protégée par la double attelle posée par madame Policant, n’a pas été touchée. Un médecin a bel et bien constaté la présence de ce volumineux pansement à l’arrivée du blessé aux urgences et pourra témoigner, si besoin est, de l’antériorité de cette blessure.Quelques effets de manches et Tamara prend son élan :— Il est à noter que ce fait, essentiel, cette blessure invalidante n’apparaît nulle part ni à aucun moment dans le dossier d’instruction du juge Maillard, juge qui en a pourtant été informé personnellement, par écrit et de vive voix par un officier de police que nous pourrons faire déposer si nécessaire, explique-t-elle avec une malignité certaine.— Maître, je vous saurai gré de ne plus évoquer l’instruction de cette affaire. Vous aurez tout loisir d’en exposer les scandaleux errements dans une procédure à venir… dont je ne sais encore quelle forme elle revêtira, mais…— Forfaiture ? avait alors finement glissé Tamara.Les yeux subitement écarquillés, le juge Charton pointe en l’air son index, en signe d’assentiment surpris et satisfait !La parole est rendue à Marinette Policant :— Deux choses encore : la première est floue, je ne jurerais de rien, mais après la chute de Julien, alors que je retournais vers ma maison chercher de quoi soulager et soigner mon blessé, j’avais eu le sentiment de percevoir une présence proche ? Une ombre vague, en retrait. Une personne présente dans le jardin, en train de nous épier peut-être ? Je ne sais pas, je ne suis sûre de rien, mais j’avais humé alors un parfum plutôt puissant et opiacé en m’approchant de la maison.Un huissier, proche de Marie Magnère, ne peut s’empêcher de renifler l’air ambiant. Son petit sourire à l’adresse du président Charton n’échappe pas à Tamara qui avait déjà identifié l’entêtant Opium porté par la… victime.— Mais bon… je n’en dirai pas davantage… Deuxième chose : au lendemain matin de notre rencontre, le jour du présumé crime donc, Julien avait insisté pour me conduire chez l’amie avec laquelle je partais l’après-midi même en Nouvelle-Zélande pour un peu plus de quatre mois. Avec sa voiture à boîte automatique, son genou gauche immobilisé n’était pas un problème. Julien souhaitait rester avec moi le plus longtemps possible avant la longue séparation qui s’annonçait. Lorsqu’il a sorti sa voiture ce matin-là, il est resté au volant, forcément, il a refermé la porte électrique du garage avec sa télécommande. Je n’avais pas pu monter dans la voiture dans le garage, trop exigu. En rejoignant Julien, j’avais levé la tête et vu alors une jeune femme à la fenêtre de la maison d’en face. Or, la veille alors qu’on… apprenait à se connaître, qu’on se racontait nos vies, Julien m’avait avoué être seul depuis son retour en France. Il m’avait juste parlé d’une voisine avec laquelle il avait eu une liaison, simple relation intime, très vite écourtée : « Cette nana est canon, mais », je cite excusez-moi, ce sont ses mots, « complètement givrée, une tigresse jalouse et totalement parano, hystérique et nymphomane ». Je me souviens m’être dit alors en voyant cette fille visiblement furibarde et dont les yeux me lançaient des éclairs : « Houlà, à tous les coups, c’est elle la nympho ! ». Je me suis alors précipitée dans la voiture pour embrasser Julien à pleine bouche. Histoire de… marquer mon territoire ! Voisine que je reconnais sans aucun doute possible en la plaignante !Les anecdotes sont appréciées à leur juste valeur par la Cour !— Mais, en rentrant de votre long voyage, vous n’avez pas cherché à revoir Julien Altmann ? Vous ne vous êtes pas inquiété de lui, demande le juge Charton.— Je n’ai pas attendu d’avoir atterri en Nouvelle-Zélande, Monsieur le Président ! Lors des escales déjà, j’ai essayé de le joindre. Et pendant tout mon séjour, j’ai retenté ma chance, régulièrement, j’ai espéré un appel de sa part, un SMS, un signe quelconque. Et puis, déçue, je me suis fait une raison… Pourtant, j’ai tout de même sonné à sa porte plusieurs fois après mon retour, avec le résultat que vous imaginez. En fait, ce n’est qu’en discutant avec une voisine la semaine dernière que j’ai appris son histoire, son crime, son accident, son amnésie et tout le reste ! Vous imaginez le choc ! Alors, emplie de sentiments mêlés, je suis venue ici dès l’ouverture des débats, je me suis installée au fond de la salle, dans le coin. J’ai évidemment reconnu Julien (la pauvrette a des sanglots dans la voix) et j’ai compris, pendant la lecture de l’acte d’accusation et la relation des faits que quelque chose clochait, que Julien, dans l’état où je l’avais laissé, ne pouvait absolument pas avoir perpétré le crime dont on l’accusait. Dès la fin de l’audience, j’ai attrapé ses défenseurs sur les marches du Palais et je leur ai tout raconté.Après cette intervention, le Président du tribunal avait rapidement clos les débats. Les réquisitions de l’Avocat Général et les plaidoiries des avocats avaient été les plus brèves et concises jamais prononcées dans ce prétoire ! Invité à s’exprimer à son tour, Julien Altmann avait visiblement hésité avant de se lever :— Mer… merci, merci à tous, avait-il dit en tournant sur lui-même pour embrasser du regard la totalité de la salle et de la Cour. Merci, grand merci à mes avocats que je n’ai guère aidés et qui ont fait un travail fabuleux…Parlant lentement, Julien paraissait étonné de chaque mot qui sortait de sa bouche, surpris par le ton et le son de sa voix qu’il semblait découvrir. Chaque mot prononcé lui était visiblement une victoire !Prenant une longue inspiration et vrillant son regard dans celui de Marinette Policant, il en avait terminé de sa déclaration :— Merci Marie… Marinette chérie !Le Jury n’avait délibéré que quelques petites minutes avant que le Président Charton ne revienne dans le prétoire : acquittement à l’unanimité du jury et libération immédiate seront les seuls éléments à retenir de sa déclaration.Marie Magnère était sortie menottée de la Cour d’Assises pour être conduite directement à la PJ pour interrogatoire. Elle avait avoué calmement : se promenant dans l’allée piétonnière, elle avait vu Julien sortir de chez lui par la poterne, entrer en face dans un jardin. Elle l’avait suivi à distance, s’était cachée en voyant jaillir une femme nue des fourrés, femme qui était ensuite retournée dans le jardin. S’approchant précautionneusement, elle avait perçu leurs voix sans pouvoir comprendre ce qu’ils se disaient. Mais elle avait vite compris qu’ils s’envoyaient en l’air.— Je me suis retenue de ne pas aller étrangler aussitôt cette salope et j’ai couru me réfugier chez moi. Plus tard, j’ai vu leurs silhouettes dans la chambre de Julien : ils remettaient ça ! Et puis, en fin d’après-midi, j’ai rejoint Alain [Maillard] à l’Auberge des Airelles et je lui ai raconté tout ça. D’abord, il a ri, ce salaud, mais…— Ce salaud ? avait demandé un des policiers qui l’interrogeait. C’est votre amant, non ?— Mon amant… Oui… bon, si on veut ! Avec lui, j’ai pas eu le choix, dans l’affaire Langeais, quand il a compris que j’avais menti, il m’a posé le marché sur la table : ou je devenais sa maîtresse et il ferait traîner la plainte contre moi, voire l’enterrerait, ou, au contraire, il salerait la note… J’avais pas le choix, j’ai cédé. Mais donc je disais, d’abord il a rigolé, mais quand j’ai cité le nom de famille de Julien, Altmann, il a changé. D’après ce que j’ai compris, ils étaient lycéens ensemble et Julien lui avait piqué sa petite amie. Il l’avait ridiculisé ensuite en disant à tout le monde que c’était elle qu’il l’avait plaqué, qu’elle le traitait de pervers, de tordu et de p’tite bite, ce qui est d’ailleurs l’exacte vérité, je confirme ! Bref, l’épisode du jardin lui avait donné des idées : « Il paraît qu’il est plein aux as ce connard, eh bien, on va le plumer, le faire cracher au bassinet. Tiens-moi au courant de ces faits et gestes, je passe chez toi demain soir ».Marie Magnère avait commencé à s’échauffer :— Il est effectivement venu chez moi et je lui ai confirmé qu’après sa balade du matin avec sa pouf, Julien était rentré seul et que sa voiture n’avait plus bougé – on l’aperçoit de chez moi au travers des petites fenêtres de la porte de garage. Alors, le juge m’a expliqué tout le topo : « Aujourd’hui, en début d’après-midi, Altmann t’a violée dans ton jardin ». Ce salaud m’a claqué la tête contre le chambranle d’une porte : « Comme ça, on rajoutera «violences» au viol ». Bref, je devais attendre trois jours (trop tard pour des prélèvements vaginaux), et venir porter plainte directement à son bureau. Alors, il convoquerait Julien comme témoin, lui expliquerait les charges retenues contre lui. Ou il payait, cinq millions d’euros et mon « violeur » ne serait jamais retrouvé, ou il le mettait en examen et le bonhomme n’avait aucune chance de s’en sortir. Seulement, voilà, pour l’accident, on ne savait rien et quand Maillard a enfin pu le voir, amnésie et mutisme total, c’était foutu pour le chantage ! Tout est tombé à l’eau. Et de toute façon, la machine était lancée… et finalement, c’était bien ça ce qui importait le plus à ce fumier de Maillard : se venger de Julien ! Il n’en avait strictement rien à foutre de moi, ce salaud – ce minable – ce tordu – cet enc…La jeune femme était entrée dans une rage démente : il avait fallu trois baraqués pour la contenir et le médecin appelé pour lui administrer une dose de calmants, avait décidé, de la faire admettre au service psy de l’hôpital Pasteur. Mesure de sauvegarde.Le Commandant Marquand avait été ravi par ces aveux circonstanciés ! Maillard l’avait snobé, pris de haut, caviardé, quasiment enterré, son rapport d’enquête ! Eh bien, il allait s’en mordre les doigts jusqu’aux coudes ! Marquand ne regrettait pas d’avoir prévenu la belle Tamara.Ce connard va dérouiller ! Le député de la 3° peut dormir tranquille, le petit juge n’a plus aucun avenir politique. Plus d’avenir du tout en fait ! Sauf à en prendre plein la gueule et ailleurs en zonzon ! Un pervers, le petit juge ? Il va être comblé ! J’imagine l’accueil que vont lui réserver les mecs qu’il a envoyés en cabane ! oooOOOoooJulien et Marinette étaient sortis du parking de la Cour d’Assises, cachés sous un plaid à l’arrière de la voiture d’Amir. Sur l’autoroute, huit motards, requis par le Juge Charton, avaient formé une ligne et sciemment ralenti la meute de journalistes afin qu’ils ne découvrent pas la véritable destination du véhicule. Lorsque celui-ci s’était trouvé hors de vue sur l’A35, les CRS avaient commencé à égarer les poursuivants, leur groupe se divisant pour prendre diverses directions.Marinette avait suggéré d’aller chez elle plutôt que chez Julien où les journalistes s’agglutineraient sans doute très vite. De l’autre côté du rempart, dans sa maison au milieu du long chemin piétonnier, il y avait moins de risques qu’ils soient harcelés.Lorsqu’ils s’étaient retrouvés seuls, Julien avait assez rapidement interrompu leurs effusions enfiévrées.— Écoute-moi : d’abord, je veux te dire que si Marie a de tout temps été mon prénom préféré, symbole pour moi de douceur infinie, le prononcer désormais me ramènera inévitablement à l’autre cinglée. Tu n’aimes pas Marinette ? Désuet, vieillot ? Moi, j’adore ! Et je t’aime Marinette ! Je t’aime ma nénette d’amour !Cette déclaration fait fondre sa compagne qui l’embrasse à pleine bouche.— Tout doux, Ninette, écoute-moi encore. J’ai terriblement, furieusement, désespérément envie de toi, mais je suis exténué, lessivé, tu n’imagines pas à quel point. Je ne voudrais pas rater nos retrouvailles, expédier à la va-vite notre premier corps à corps. Je suis sale, Marinette, je suis gris, je pue la tôle et le graillon, j’ai besoin de me laver, de me récurer, et surtout, surtout, de dormir. Dormir de tout mon soûl pour tourner la page…Marinette avait compris. Sous la douche, elle avait savonné son homme, de la tête aux pieds, passant rapidement sur son sexe en érection pourtant. Elle avait usé du gant de crin à sa demande, récurant son dos, ses jambes, son corps. Après, sur le lit, elle lui avait caressé le front, mais le temps d’y déposer un chaste baiser, Julien s’était déjà endormi.oooOOOoooLorsqu’il s’éveille peu après 10 heures le lendemain, il est seul dans le lit. Il lui faut un sacré moment avant de réaliser où il se trouve. Après quelques instants de panique ahurie, il bondit hors de la chambre, passe par la salle de bains pour quelques ablutions – il veut être nickel pour sa belle – se recoiffe, puis, nu, affichant une érection formidable, il file vers la cuisine ou un méga brunch est servi sur la table-bar. Marinette, sourire aux lèvres, épanouie de bonheur, impatiente, lui fait face. Elle porte un baby-doll noir et diaphane dont les pans entrouverts ne cachent rien de son sexe épilé surmonté d’un fin ticket de métro.Debout, les deux amants s’étreignent passionnément, furieusement. Leurs bouches collées semblent ne jamais vouloir se séparer tant leurs lèvres sont soudées. Leurs langues se mêlent et s’emmêlent, leurs souffles s’additionnent. Ils sont faim-fous l’un de l’autre, ils s’enivrent de leur passion, se saoulent de leur impatience commune.Quand enfin ils reprennent leurs souffles, Julien repousse du bras les tasses, pots de confiture et autres gourmandises du petit-déj, saisit sa belle aux hanches, la soulève sans effort et l’assoit sur le bord de la table haute. Marinette se renverse en arrière, s’appuyant sur ses bras tendus derrière elle. Cette position propulse ses seins effrontés en avant. Une bouche avide s’empare de son sein gauche, des lèvres gourmandes engloutissent son téton grenu, l’asticotent, le pompent allègrement. Une langue maligne tournicote sur le bonbon durci de son tétin, le mâchouille gentiment, amoureusement pendant qu’une main légère flatte les courbes de l’autre néné.Hier soir, son chéri dormant du sommeil du juste, Marinette avait passé un bon moment dans la salle de bains. Crème épilatoire et son racloir, petits coups de rasoir pour parfaire les contours de son mini buisson, pincette pour dénicher quelques rares poils rebelles et parachever le lissé parfait de son bijou moiré. Une opération somme toute plus compliquée qu’il n’y paraît quand le désir et l’impatience embrasent vos sens, déploient le feuilletage de vos babines graciles, érigent un guignol sensible qu’il ne faut surtout pas effleurer sous peine de déclencher un tsunami de miellat qui submergerait la ravine rosée. Marinette s’en était bien sortie, mais la manœuvre n’avait fait qu’exacerber son impatient désir. Elle avait alors un peu redouté que ce formidable bouillonnement conjugué à celui, bien compréhensible de Julien, ne les plonge le lendemain dans un tourbillon trop rapide, ne les embarquent dans un TGV lupanar qui bien sûr les mènerait tambour battant à l’extase, les laisseraient sûrement exsangues et étourdis, mais ne leur offrirait pas le loisir de se redécouvrir avec patience et tendresse.« Bof, avait-elle pensé pour se consoler d’avance, nous brûlons d’un tel feu qu’un deuxième round nous offrira bien l’occasion de nous explorer l’un l’autre ». Ce matin, sur cette table de bar, elle comprend que ses craintes étaient infondées. Si affamé qu’il soit d’elle, Julien s’attarde. Elle comprend qu’il muse sur sa peau, s’amuse des frissons que ses câlineries génèrent, il vagabonde sur son corps. Sa bouche, abandonnant la framboise carmine de son sein, glisse dans son cou, ripe vers le lobe de l’oreille alors que sa main droite a abandonné l’autre mont et que des doigts malins viennent effleurer la base de son crâne. Caresses traîtresses qui lui arrachent des soupirs d’aise. Soupirs qui se muent en râles réjouis lorsque la langue insidieuse s’en vient lécher le creux de son aisselle. La félonne baveuse trace ensuite une route rafraîchissante sur son flanc avant d’obliquer sur le ventre pour tournicoter autour de son nombril. Marinette n’aurait jamais pensé que l’ombilic puisse être zone érogène, mais le chatouillis humide lui offre des sensations surprenantes.La gourmande fait le dos rond, rentre son ventre, propulse son bassin vers l’avant. Peut-être pour échapper à ces cajoleries inédites. Plus sûrement pour pousser son amant vers son triangle impatient ! Manœuvre réussie : des doigts ébouriffent les poils de sa mini touffe alors que la bouche en dessine savamment les contours.Marinette replie ses jambes, cale ses talons sur le bord de la table et écartèle ses cuisses. Elle est certaine que son amant ne pourra résister à la fleur épanouie dans le vallon. Mais le bougre, loin de fondre sur la rose, pose sa bouche et ses doigts sur l’intérieur de ses cuisses, lèche et caresse le velours ici particulièrement satiné de sa peau.« Le monstre ! Il ne voit pas que je n’en peux plus ! Je ne réponds plus de rien, moi, je suis out of control ! » Pauvrette ! Il lui semble en effet que désormais son sexe embrasé vit sa propre aventure, indépendamment du reste de son corps, de son esprit, de sa conscience. Entre ses cuisses, son chaudron bouillotte, son bénitier valvule, valbulle, bubulle, son coquillage clabote. La matrice se tend et se détend, le conduit se serre et s’évase convulsivement. Spasmodiquement !Les bras de Marinette ne la supportent plus, elle s’affale sur le plateau, tête renversée dans le vide. Dans un dernier effort, elle rue et, enfin, ô délices, le nez de son précieux amant plonge dans sa fente, écarte les collines dodues des grandes lèvres, se noie dans le plissé des petites. Julien boit à sa source tumultueuse, Julien lape sa myéline, Julien bouleverse ses replis intimes tout autant que ses sens exaspérés. Bienheureuse, Marinette ne cherche plus à contenir les vagues de frissons qui hérissent sa peau, ni les transes brigandines qui montent et montent encore à l’assaut de son corps, pas plus que leurs ressacs corsaires qui saccagent ses ultimes défenses, cisaillent résolument les derniers filins nerveux qui la retiennent encore sur terre. L’hallali est proche, elle est, consentante suppliciée, au fin bout de la planche des pirates, à deux doigts de tomber dans les flots : il suffira d’une étincelle, d’un rien, d’un geste pour qu’elle bascule.Un rien, un petit rien, comme le pouce qui s’enfourne dans sa caverne aux merveilles, un rien, un petit rien comme un bout du nez mutin qui bute résolument sur son détonateur. Alors, la planche des pirates, heureux trampoline, l’expédie dans les cieux, chaque effleurement de doigts, la moindre lampée sur son bouton la propulse de cumulus en nimbus, l’éparpille dans la voûte étincelante des prairies célestes. Marinette jouit, une transe unique et monstrueuse déferle à l’infini, la pulvérise encore et encore. Asphyxiée, suffocante, elle se noie voluptueusement dans les éthers volatiles, touche à l’horizon de délicieux enfers radieux, s’égare dans une petite mort lumineuse.Elle est encore tremblante, époumonée, quand Julien glisse ses bras sous son torse et ses cuisses, la soulève comme un fétu de paille et la plaque contre lui. Abandonnée, les yeux clos, elle savoure les micro-spasmes qui, de loin en loin, courent encore sous sa peau, tentent de converger toujours vers son delta désormais apaisé, mais meurent avant le bout du chemin, tranquillement, comme des vagues anémiées.Alors qu’il la porte vers la chambre, Julien s’extasie de ces petits séismes qu’il sent traverser encore sa belle épuisée par l’extase. Il sait que cet heureux cataclysme ne pourra se reproduire dans les instants prochains. Quelques aventures plus ou moins torrides et quatre années de mariage surtout lui ont permis de se forger un avis presque définitif sur la fable des orgasmes ravageurs systématiquement partagés des contes érotiques. Le brasier qui vient d’embraser si heureusement sa chérie a vraisemblablement carbonisé ses désirs immédiats. Mais si par bonheur, quelques flammèches avaient surnagé au raz-de-marée, peut-être le feu pourra-t-il être ranimé. Dans le meilleur des cas, ce ne sera plus l’incendie de Rome, mais que la chaleur d’un simple brasero l’échauffe quelque peu lui serait déjà un immense bonheur. Le plaisir de nos compagnes plongeant ses racines bien davantage dans l’âme romantique féminine, l’abnégation et le don de soi que dans les seules synapses nerveuses, la puissance des sentiments qui les submergent tous deux permettra peut-être un petit miracle…Quand, déposée sur le lit, Marinette ouvre les yeux, presque à regret, Julien lui sourit. Ce n’est pas le sourire suffisant du mâle triomphant qu’il affiche, c’est le sourire timide, étonné, presque contrit, de l’amant simplement heureux d’avoir offert à sa partenaire un bonheur rare.Délicatement, il caresse ses boucles, dépose des petits baisers sur son front et ses joues.— Viens, souffle-t-elle, prend-moi !La fleur carmine, repue, a déjà quelque peu replié ses pétales, mais Julien sait comment ranimer la floraison. Se coulant entre les cuisses de sa belle, il glisse son membre entre les lèvres du fruit velouté, le fait coulisser doucement dans le fendu, effleurant par instant le bouton nacré. Il ne faut pas longtemps pour que la fleur s’épanouisse et se couvre de rosée. Il voit le rouge monter aux joues de sa belle, sa poitrine s’empourprer, ses tétons s’ériger. Il entend son souffle s’accélérer.Julien promène son sexe dans la fente humide, teste l’ouverture de la grotte et comprend qu’il n’aura pas besoin d’un quelconque sésame pour en franchir le seuil.La queue glisse sans encombre jusqu’au fond du conduit où elle reste immobile un moment. Les yeux dans les yeux, les amants savourent leur parfaite connexion : ils n’ont pas besoin de parler pour exprimer le ravissement béat qu’ils éprouvent, l’amour brûlant qui les étreint.Quand Marinette ferme les yeux, Julien entame un travail de sape de longue haleine. Il faudra bien cela pour espérer transporter la belle au puits dormant. Le bâton turgide va et vient à bon rythme dans le vestibule velouté, s’en échappe pour harponner le clitoris tapi dans les nymphes ennoyées, replonge à l’assaut de l’étroite gangue. Ses navettes puissantes sont vaillamment accompagnées par Marinette qui roule du bassin, tangue et rue pour que le nœud racle bien sa voûte granuleuse, allume chacune des terminaisons nerveuses qui la tapisse.Le souffle court, Marinette ressent les petites convulsions de plus en plus rapprochées du mandrin qui la taraude et l’impatience de ses propres chairs. Lorsque la queue tout à coup bute et s’immobilise au plus profond de son antre, elle ouvre des yeux écarquillés : il lui a semblé sentir la chaleur irradiante du premier jet de foutre. Une sensation presque inédite qui la sidère et la propulse dans le plaisir. Elle perçoit avec bonheur les convulsions qui accompagnent chacun des jets suivants, s’en réjouit si fort qu’elle rejoint son chéri vers des cimes étincelantes, fond de bonheur surtout aux ahanements de son amant en délivrance. Elle jouit, jouit simplement du plaisir qu’elle lui donne.Première à reprendre pied, la jeune femme caresse doucement les joues et les cheveux de son chéri.— Merci, souffle-t-elle.— Merci ? Tu es folle ! C’est moi qui…Marinette a bâillonné Julien, lui interdit de continuer. Il est toujours en elle, à peine amolli, et elle s’en amuse :— Tu es certain qu’il se nomme Hélios, ton bâton de maréchal ? Ce ne serait pas plutôt Priape ? Tu ne débandes donc jamais ?Elle est coquine, Marinette, qui a tout de même bien senti que la queue s’est un peu dégonflée.— J’ai tellement faim de toi, ma nénette chérie…— Oh oh, répond-elle gourmande, des promesses ? Tu n’as donc pas épuisé toutes tes réserves ?— Ça dépend de quelles réserves tu parles. J’ai terriblement faim de toi, mais… là, tout de suite, présentement et à l’instant, j’ai surtout terriblement faim… tout court ! Je vais tomber d’inanition ! Tu m’as épuisé, sorcière vorace !Avec un petit rire moqueur, Marinette repousse son amant pour se lever prestement. Lorsqu’il se lève à son tour, elle l’attrape… par la queue et sans lâcher prise, elle file vers la cuisine. Elle ne le libère que lorsqu’il s’est assis sur la chaise haute : elle s’emploierait volontiers à redresser un certain monument désormais en péril, mais elle a pitié de son homme et va allumer la plaque pour faire monter le café dans la cafetière-moka.Julien mange à belles dents, viennoiseries, fruits, fromages, charcutailles. Marinette le voit fermer les yeux par moments : visiblement, il savoure ses confitures maison, paraît s’étonner du goût des fraises du jardin, déguste le pâté de foie. Attablée en face de lui, la jeune femme s’émeut de ces radieuses satisfactions. Penchée en avant, les coudes sur le plateau et la tête entre ses mains, la coquine a volontairement posé ses seins sur le plateau. Ils ne sont pas si lourds pourtant ! Mais ces pêches blanches, curieusement couronnées de framboises grenues, sont des fruits trop tentants pour laisser Julien parfaitement indifférent : il dodeline doucement du chef en affichant une moue faussement réprobatrice.Peu après, estimant que son bonhomme doit être calé désormais, Marinette se dit qu’il serait temps d’en venir à des choses plus sérieuses.— Je peux être franche ? demande-t-elle tout à trac, juste au moment où Julien vient d’enfourner un bel abricot.La bouche pleine, le bonhomme ne peut évidemment répondre et se contente de hausser épaules et sourcils en signe d’assentiment surpris.— Franchement, explique alors la jeune femme avec un air des plus sérieux, je ne pense pas que ton manche soit le plus gros, le plus long, le plus impressionnant du monde.Sidéré, Julien toussote en recrachant le noyau du fruit, déglutit péniblement, respire une goulée d’air frais et reste bouche bée.— Mais pour me réexpédier au 7e ciel un quart d’heure à peine après un orgasme fantasféérique, c’est indubitablement… une baguette magique ! Un sacré barreau !Elle exagère Marinette ! Aurait-elle de lointaines origines marseillaises ? Son second envol a davantage ressemblé aux sauts de puce de l’Éole I de Clément Ader qu’à l’envol majestueux d’une énormissime Saturne 5 ! Une jouissounette en fait, délicieuse certes, mais fugace. Un demi-mensonge donc ou pour le moins, une gentille galéjade, mais qui atteint son but : Julien quitte son siège, contourne la table, empaume résolument les deux nichons tentateurs et fait tourner vers lui le siège de la provocatrice.Avant que son amant n’écrase ses lèvres sur les siennes, la friponne attrape l’objet du délire et parvient à glisser encore :— Toi, tu es à jamais… mon ténor du barreau !