Marianne avait rêvé de re-décorer le salon. Aussi en mari attentionné, aimant – en un mot idéal – que je suis, j’ai pris une semaine de congé, sorti ma table à tapisser, ma brosse à encoller, tout le matos et je me suis exécuté.Les travaux allaient bon train. J’attaquais un angle compliqué de la pièce, plein de découpes, quand on a sonné. Les découpes, c’est pas vraiment ce que j’affectionne dans le tapissage. Aussi dans ces moments-là , mieux vaut me foutre la paix jusqu’à ce que ce soit terminé ou que je me sois entaillé le doigt au cutter. Par dessus le marché, ma tenue de travail préférée, c’est torse nu, à poil sous un pantalon de kimono blanc. Ça me laisse une grande liberté de mouvements mais pour ouvrir la porte aux témoins de Jéhovah, on a connu mieux. En temps normal, je les envoie bouler avec correction. Mais là , si l’un d’entre eux avait le malheur de pointer son museau, j’étais capable de lui verser le seau de colle sur son costard bon marché. Vous avez déjà remarqué leurs costumes ? Patientez un peu la prochaine fois avant de les virer, soyez attentif, ça vaut le coup d’œil. Doit y avoir une fabrique, un couturier rien que pour eux.Bref, la brosse à colle en main, pestant, j’ouvris mon huis.— Bonjour Pat.— …J’ai eu un blanc. Un quart de seconde pour la reconnaître, puis deux ou trois pleines pour encaisser la surprise. Huit ans que je ne l’avais plus vue. Et elle était restée éblouissante.— Je te dérange ? fit-elle dans un sourire angélique.— Heu, non, bien sûr non, bonjour Laura, c’est juste que je ne m’attendais pas du tout à te voir. Ça fait si longtemps.Bien sûr Marianne m’en parlait parfois, comme de tous ses collègues – dont la plupart étaient aussi mes ex-collègues – mais les détails physiques, elle omettait volontiers. Pas nécessaire d’attirer mon attention sur les créatures de rêve pouvant représenter un danger potentiel. Pas folle la guêpe. À mauvais titre (si tant est que le pendant d’à « juste titre » existe, je m’imagine qu’il doit être celui-ci), je suis un homme fidèle. Lorsque je travaillais encore à l’hôtel, Laura était dans mon service et nous nous entendions à merveille, c’est vrai. J’admirais sa beauté et sa bonne humeur mais j’étais déjà marié et rien n’avait dérapé. Même cette fameuse nuit où nous fêtions mon départ. Laura et moi nous étions éclipsés pendant près de deux heures. Nous sommes allés prendre un verre, je lui ai tenu la main et caressé la joue tendrement mais uniquement pour la rassurer sur son avenir professionnel. Bon, d’accord, j’ai dû me répéter trois mille fois « je suis un homme marié » et me mordre la joue à sang pour ne pas l’embrasser mais je suis resté intègre !Donc, elle se tenait devant moi, dans le soleil, bronzée, souriante, ses cheveux noirs coupés au carré flottant sur ses épaules.— Marianne est là  ? elle me sortit de ma stupeur.— T’as pas de chance, l’hôtel l’a rappelée ce matin, une malade. Elle en a pour la journée. Mais reste pas dehors, entre voir la maison.De la cave au grenier je lui ai tout montré. Moi j’ai surtout vu ses jambes nues dans les escaliers. Vive le printemps ! Elle portait une jupe légère à mi-cuisse, des chaussures à talons et un T-shirt blanc ample avec un énorme baiser imprimé sur le devant, vous savez, genre trace de rouge à lèvre. Je lui ai offert un jus d’orange. Puis on a papoté : « tu te souviens celui-là  ? », « ah oui, c’était le fameux jour… », « me parle pas d’elle, elle me scie toujours les côtes… », « c’était quand-même le bon temps… ». Voilà . une belle pause dans mon boulot de forcené. Et puis qui a dit d’abord qu’il ne fallait pas me déranger ? Qui a dit que j’étais en colère ? Pff, balivernes tout cela…Vous ai-je dit qu’elle avait rencontré un magicien ? Non ? Lacune. Faut le savoir, parce que c’est comme ça que tout s’est compliqué.— Si, si, je t’assure !Ca la mettait en pétard, je le voyais bien mais c’était plus fort que moi, ça m’avait fait éclater de rire. Laura usait les amants comme les kleenex et mon esprit fantasque n’avait rien trouvé de mieux que de se représenter ma tendre amie virant dans la poubelle une statuette à l’effigie de David Copperfield.— Il m’a montré des tours, je vais te le prouver ! Elle avait vraiment les boules cette fois… T’as une corde ?On a entrepris des fouilles quasi archéologiques dans le bordel de la cave. Pas moins de quinze minutes plus tard, je remis la main sur une amarre, ancien vestige de ma passion pour la voile. Le truc sembla lui convenir.— Ça ira, fit-elle, on retourne au salon.La situation m’amusait et me plaisait de plus en plus. Son agacement la rendait encore plus belle, et son jeu puéril me la gardait à la maison plus que je n’aurais osé l’espérer.— Assieds-toi sur la chaise, m’ordonna-t-elle.J’en gardais une dans la pièce pour poser des outils, je les virai et m’exécutai. Elle passa derrière moi.— Donne-moi tes mains.Tandis qu’elle me les attachait dans le dos, elle m’expliqua que le but du tour était de faire plusieurs nœuds hyper compliqués mais dont une simple traction au bon endroit suffisait à les dénouer.— Après tu seras bien obligé de me présenter tes plus plates excuses, grogna-t-elle, tandis qu’aux pieds de la chaise, elle m’attachait les jambes.De bonne grâce je me prêtais au jeu. Tout pour que cette journée dure une éternité.— Et voilà , s’écria-t-elle.Puis elle s’écarta et vint se planter à un mètre de moi, visiblement satisfaite de sa besogne.— Bien, fis-je, maintenant que tu m’as bien saucissonné, où suis-je supposé tirer pour dénouer le bazar ?Elle savait faire des nœuds, la petite. Où diable pourrais-je bien tirer, j’étais incapable de bouger.— Y a pas de truc, dit-elle.Elle souriait et ses yeux verts me fixaient intensément.Quelque chose dans l’air m’informait que j’allais moins apprécier la suite. Un champ magnétique, des ondes, que sais-je mais c’était tangible, pour peu j’aurais pu le palper.— Non, pas de truc, reprit-elle. Je voulais que tu m’écoutes et que tu sois bien attentif, sans te défiler.— Mais c’est ridicule, pourquoi tu dis ça ? je ne voyais pas où elle voulait en venir.— Bon sang Pat, tu m’as humiliée il y a huit ans.— Moi ??? T’es folle ? Quand ça ?— Ne joue pas les imbéciles, tu te souviens très bien.— T’es malade ? J’ai toujours été correct avec toi, en toutes circonstances.— Aujourd’hui c’est à mon tour de t’humilier, lâcha-t-elle.Elle vint se poster devant moi, écarta les jambes et s’assit sur mes cuisses.— Ça fait huit ans que je rêve de ce moment. Elle me caressa la joue. Mon pauvre, tu croyais que j’admettais tout sans rancune ? Sa main glissait dans mes cheveux.— Arrête, je t’en prie, c’est idiot, détache-moi !Vaine tentative de ma part, sa main était descendue sur mon torse, elle m’attrapa un téton et le pinça ! Je poussai un petit cri de douleur. Elle empoigna l’autre de sa main libre et lui fit subir le même sort.— Mon pauvre, pauvre ami. Petit jouet sans défense entre les mains de la vilaine Laura. Elle souriait, sadique. Mais rassure-toi, ce ne sera pas que mauvais.Elle se pencha et me suça les tétons, l’un après l’autre. Mon corps, sale bête incontrôlable, lui répondit. Mon sexe se durcit légèrement. À califourchon comme elle était, et moi nu sous mon kimono, la réaction ne pouvait lui échapper.— Oh mais dis donc, c’est qu’il aime ça en plus !Elle entreprit de me lécher la joue. Comme une chatte nettoie ses petits. Sa langue était douce, du velours. Puis la garce s’approcha encore plus de moi, jusqu’à avoir son sexe entièrement posé sur le mien. Et elle se mit à onduler le bassin, lentement. J’avais le nez planté dans son cou, son odeur douce m’emplissait les narines. Elle m’attrapa les cheveux et me tira la tête en arrière.— Tu vois que tu peux bander pour moi quand tu veux !C’était donc ça ! Laura m’en voulait de ne pas avoir couché avec elle. Cuisant échec sans doute pour une aussi belle femme. Beaucoup d’hommes se damneraient pour se trouver aussi proche d’une femme comme elle et Laura le sait, alors comment donc avais-je osé lui résister ?— S’il te plait… je n’osais la regarder dans les yeux, arrête ce cirque, lâche-moi…— Pas encore, c’est moi qui commande maintenant.Elle me tira plus encore la tête en arrière. Ses lèvres passèrent à un demi millimètre des miennes.— Je veux voir ta bite.Elle se leva, attrapa mon kimono au niveau de mes hanches et le tira sèchement. J’aurais voulu me coller à cette foutue chaise mais rien n’y fit, le kimono glissa, inexorablement, révélant à sa vue ma bite mi-dressée.— Hum, fit-elle, pas vraiment folichon tout ça, va falloir que tu fasses mieux. Sans doute a-t-il besoin d’un… stimulus.Et la belle ôta son T-shirt. Elle se promena quelques instants, lascive, ses talons claquant sur le parquet. La vue de ce corps merveilleux, seins nus, de ses jambes dont le contre-jour me révélait les formes sous la jupe, m’emplit le ventre d’une chaleur divine et ce qu’elle cherchait se produisit, mon sexe se dressa comme un obélisque. J’étais rouge de honte et de colère.— Voilà qui est parfait !Elle se rapprocha, s’agenouilla devant moi. Ses seins posaient maintenant sur mes genoux, elle me caressait les cuisses. Son regard fixait mon engin avec une attention presque scientifique, elle tournait la tête, m’examinait sous tous les angles.— Mais tu as un sexe courbé ! Voilà qui me fait regretter encore plus que tu ne m’aies jamais prise ! Tu vois ce que tu m’as fait manquer ?Du bout des doigts elle l’effleura de haut en bas, puis elle tourna autour de mes testicules, doucement. J’avais le souffle court.— Tu aimerais que je te suce, dis-moi ?Je regardai ailleurs, feignant de l’ignorer.— Réponds !— C’est pas possible, tu le sais bien, j’étais désespéré, honteux, humilié, son but était atteint.— Allons, pas de principes du XVIème siècle, de toutes façons, tu es à ma merci !Elle se glissa vers moi, ses seins remontant sur mes cuisses. La pointe de sa langue me touchant à peine, elle lécha toute la longueur de ma hampe et fit mine de tourner autour de mon gland. Son souffle chaud sur ma peau me rendait fou.Elle se rassit sur mes cuisses. Le tissu de sa culotte frôlait la base de ma queue. Elle pencha le buste en avant et posa ses seins sur ma poitrine. Le contact de sa peau était doux comme de la soie. Ses tétons pointaient, durs comme la pierre. Son petit jeu l’excitait visiblement.— Quel dommage que tu ne sois pas un homme raisonnable. J’aurais aimé tes mains sur moi, sur mes seins…Ce disant elles les saisit, les massa tendrement, les frotta l’un contre l’autre, pinçant ses bouts entre ses doigts. Sa tête bascula en arrière, sa respiration s’accéléra.— Pourquoi n’est-ce pas toi qui me caresse Pat ?Elle y allait de plus belle, poussant de petits gémissements.— Tu en meures d’envie, mmm, je sens bien que tu es dur contre ma chatte, c’est bon… je suis trempée…Elle descendit une main qu’elle glissa dans sa culotte. J’aurais voulu fermer les yeux, tourner la tête mais mon regard était rivé sur le spectacle de cette femme sublime en train de se donner du plaisir.— Oh oui ! Que c’est bon, mon clito est fébrile, sensible, tout dressé… comme ta bite Pat…Elle s’humecta les lèvres.— Tout mon corps te réclame, mes seins, mon ventre, mon abricot juteux, humm, tiens, goûte…Et elle m’introduisit dans la bouche, les doigts qui l’instant d’avant fouillaient son entre-jambe. Je les léchai avec avidité, me repaissant de ce nectar enivrant. Moment de faiblesse que je regrettai instantanément.Elle se leva rapidement, enleva sa culotte et sa jupe. Il ne lui resta plus que ses chaussures. Les talons renforçaient le galbe de ses mollets. Quelle splendeur, une vraie déesse, que je ne voulais, ne pouvais atteindre ! Elle posa un pied sur la chaise.— Regarde ma chatte Pat…Son pubis noir sur sa peau bronzée, ses lèvres qu’elle écartait, tout me plut, tout ! Passant la main entre ses fesses, elle fourra un doigt dans sa vulve, le fit aller et venir, haletante.Puis elle se remit sur mes cuisses, tout contre moi. Quelle position elle adopta, je ne saurais le dire mais je sentis nettement l’humidité de son intimité sur ma queue. Son bassin basculait. Machiavélique, elle se masturbait le clito sur ma bite ! Un jeu à vous rendre cinglé !— C’est très facile Pat…Sa bouche se collait à mon oreille qu’elle léchait entre les mots.— Admets simplement que tu en as envie, dis le moi… et je te pousse en moi…La garce tenait à présent mon gland du bout des doigts.— J’ai envie de toi, je veux te sentir en moi, ne me refuse plus ça, tu ne peux pas…Son pouce joua sur mon nœud. J’émis un grognement sourd.— Fais-moi l’amour Pat… je t’en prie…Et voilà qu’elle me mordillait le cou.Durant les huit dernières années, à maintes reprises je me suis torturé en me repassant le film de cette fameuse nuit où je dus faire un effort surhumain pour ne pas prendre cette femme que j’avais sentie offerte, désirante. Les regrets ne m’ont jamais quitté. Mon seul baume, mon seul apaisement était ma femme. La conviction que jamais plus je n’aurais osé regarder Marianne dans les yeux si j’avais succombé à cette tentation.Aujourd’hui Laura était nue sur mes genoux, folle d’envie, de plaisir, me tenant le sexe, excitant mes sens au-delà de toute limite par moi connue, m’implorant de lui offrir ce qui seul fait que la vie vaut d’être vécue : un peu d’amour. Ma raison vacillait, mon équilibre mental se voyait attaqué à l’arme lourde de tous côtés. C’est dire si la suite me coûta plus encore qu’un effort surhumain. Il dut être surnaturel.— Je… je… tu es belle et désirable… bien plus que ce que j’ai jamais rêvé…Ma voix, rauque, n’était pratiquement plus qu’un murmure.— Mais je ne peux pas… je ne peux pas lui faire ça… pas plus aujourd’hui qu’il y a huit ans, c’est ma femme Laura… pardonne-moi…— Salaud !C’est tout ce qu’elle a répondu. D’un bon elle s’est remise sur ses pieds. Visiblement très nerveuse, elle dut s’y reprendre à trois fois pour rassembler ses vêtements. Elle pleurait.Sa culotte m’est atterrie en plein visage.S’est habillée puis est partie, j’ai entendu claqué la porte.Il a fallu un moment avant que je réalise, que je revienne à moi. Mais maintenant, ça y est là . Je suis bien réveillé. Non seulement, je vais me payer de solides coups de déprime lorsque les regrets viendront me rendre visite mais de plus, je me retrouve à poil ligoté sur une chaise au milieu de mon salon, une culotte de femme en travers de la figure ! Elle va me croire Marianne si je lui dis que j’ai été assailli par un groupe de chiennes de garde décidées à humilier un pauvre travailleur sans défenses sous prétexte qu’il bosse nu sous son kimono !Magicien, mon cul, oui ! Tout était manigancé, la garce !— Laura ?— Laura ??— LAURA ! BORDEL ! REVIENS ME DETACHER !!!!