Variation sur la chanson Sur la route de LouviersQuatrième CoupletEll’ lui dit « Brav’ cantonnier (bis)Avec moi veux-tu monter ?(bis)Pour me baiser, pour me baiser,Pour me baiser comme un voyou.Le prĂ©fet est mon Ă©poux ».Marie-AmĂ©lie ne saisit pas les paroles que gĂ©mit Lisette. Tout au plus croit-elle deviner qu’elle mentionne une grosse queue. Grosse queue ? Il n’en faut pas plus pour l’exciter. Elle s’avance vers la petite clairière.— Je comprends mieux pourquoi les routes sont si peu praticables, mon cher Hubert. Note que notre homme a du goĂ»t, la fille est jolie et il a bien arrangĂ© son petit nid d’amour. Mais il est temps que ce petit jeu cesse. Allez les interrompre, s’il vous plaĂ®t.— Vous n’attendez pas qu’ils aient terminĂ©Â ? Laissez-leur ce plaisir. Cela ne saurait tarder.— Non, non, tout de suite !Hubert regarde sa patronne un sourire en coin. Il devine qu’elle espère profiter des bonnes dispositions du bonhomme, ce qui serait compromis s’il Ă©jaculait.— À vos ordres, Madame.Il s’approche du couple en pleine action. Il hĂ©site, ils sont si beaux ! Un geste impĂ©ratif de Marie-AmĂ©lie le dĂ©cide.— Eh bien ! C’est comme ça qu’on travaille ?— Hiiiiiii !Lisette Ă©pouvantĂ©e se redresse d’un bond, prend la chemise qu’elle utilise pour se protĂ©ger des regards et se tasse en tremblant sur l’herbe. Louis met plusieurs secondes Ă rĂ©agir. Son phallus triomphant arrache un cri de surprise Ă Marie-AmĂ©lie. Pour une grosse queue, c’est une grosse queue ! Il la lui faut, celle-lĂ Â ! Et sur l’heure !Le chauffeur met quelques secondes Ă rĂ©pondre. Lui aussi est impressionnĂ© par l’énorme engin. Il en ressent un peu de jalousie.— Oui, Madame.— Conduisez ce monsieur… comment vous appelez-vous, mon brave ?— Louis, pour vous servir.— Eh bien Hubert, conduisez monsieur Louis Ă la voiture, s’il vous plaĂ®t.Louis rĂ©alise enfin le guĂŞpier dans lequel il s’est fourrĂ©. Si cette belle dame envisage de porter plainte, son avenir dans l’administration est compromis. Du coup il dĂ©bande, au grand dĂ©sespoir de Marie-AmĂ©lie qui espère que ce ne sera que passager. Le cantonnier se lève, remonte son caleçon et empoigne son pantalon.— Non, qu’il vienne tel qu’il est !La jeune femme retourne s’installer dans la voiture. Elle est Ă moitiĂ© Ă©tendue sur la banquette quand Louis se prĂ©sente, poussĂ© par le chauffeur.— Laissez-nous, Hubert. Allez rĂ©conforter cette petite, qui en a grand besoin.Le cantonnier reprend espoir. Cette femme ne resterait pas seule avec lui si elle lui voulait du mal. Il la regarde mieux. Wouahou ! Qu’elle est belle ! Autre chose que les paysannes qui font son ordinaire. Et ces bijoux ! Y a pas Ă dire, mais l’argent amĂ©liore beaucoup les choses ! La jupe de Marie-AmĂ©lie couvre les jambes jusqu’aux chevilles mais souligne la taille fine et les hanches Ă©panouies. Quel cul elle doit avoir ! Ça doit ĂŞtre un sacrĂ© coup, se prend-il Ă penser. Que ne donnerait-il pas pour la baiser ! Il la dĂ©visage de son sourire le plus enjĂ´leur. Marie-AmĂ©lie fronce les sourcils, ce qui fait ressurgir les craintes de Louis.— Ainsi, voilĂ Ă quoi vous passez le temps au lieu de rĂ©parer la voirie qui en a bien besoin ?— Euh… Après le travail… euh… Un peu de repos… euh… Puis cette jeune fille est venue me tenir compagnie… Euh… J’allais pas la renvoyer… euh…— En effet, vous auriez Ă©tĂ© impoli. On n’éconduit pas une aussi jolie fille, ce ne serait pas correct. Puis il faisait chaud, n’est-ce pas ? Ce qui explique votre tenue lĂ©gère.— Euh… oui, il faisait chaud.— Tenue lĂ©gère Ă tous les deux. Comment l’avez-vous convaincue de se dĂ©shabiller ? En lui montrant ce que vous cachez sous votre liquette ?— Euh…— Pour ce que j’en ai vu, vous me semblez pourvu d’un appendice remarquable.— Euh… je comprends pas.— D’une grosse queue, si vous prĂ©fĂ©rez.— Pour ça oui ! s’exclame Louis, ravi de la tournure de la conversation. J’ai beaucoup de succès avec.Marie-AmĂ©lie note que la bosse du caleçon se gonfle d’une manière prometteuse. Elle commence Ă relever sa jupe qui dĂ©couvre les mollets. Tout Ă coup, la pensĂ©e d’Antoine, son chef d’équipe assombrit le cantonnier. La bosse diminue.— Qu’y a-t-il ? Vous paraissez prĂ©occupĂ©.— C’est que mon chef d’équipe va bientĂ´t venir. Il ne faudrait pas qu’il vous trouve en ma compagnie. Il est mĂ©chant et jaloux de moi, vous comprenez. Je suis sĂ»r qu’il raconterait des choses Ă notre sujet. D’autant qu’il s’apercevra bien vite que je lui ai fauchĂ© sa petite amie.— Ah ! La jeune fille qui vous… euh… vous tenait compagnie ?— Oui.— Soyez rassurĂ©. Je ne crains rien de sa part. Pour tout vous dire, la voiture dans laquelle je me promène appartient Ă la prĂ©fecture et le prĂ©fet est mon mari.Louis soupire de soulagement. La femme du prĂ©fet ! S’il manĹ“uvre bien, son avenir est assurĂ© dans la fonction publique.OooOOOooOHubert s’approche de Lisette. La jeune fille reste prostrĂ©e. Ses Ă©paules sont secouĂ©es par les sanglots.— Calmez-vous, mon petit, calmez-vous.— Oh… snif !… j’ai… snif !… ho-oon !… snif !… honte.— C’est pas grave, nous vous avons simplement surpris en train de faire l’amour et…À ces mots, les sanglots redoublent. Hubert, un instant dĂ©semparĂ©, s’assied Ă cĂ´tĂ© de Lisette et l’attire contre lui. La jeune fille s’appuie sur l’épaule compatissante.— LĂ , lĂ , il n’y a pas de quoi vous mettre dans ces Ă©tats. Vous ĂŞtes jeune, c’est de votre âge.— C’est… snif !… que je suis… snif !… presque fiancĂ©e… snif !— Avec le cantonnier ? Prendre de l’avance sur le mariage n’est pas un pĂ©chĂ© bien grave.— Oh non ! Pas lui !— Ah !… Je vous promets de ne rien dire, Ă personne.Lisette lève les yeux sur son interlocuteur. Elle est surprise par la couleur de la peau, qu’elle n’avait pas remarquĂ©e jusqu’alors.— Oh ! Vous ĂŞtes un nèg… euh… noir ?Il sourit.— Cela vous gĂŞne ?— Euh… no… non… Non ! dĂ©cide-t-elle.Le chauffeur a l’air gentil, ses gestes sont doux. Tout Ă coup, elle se redresse.— Et la dame ? Elle dira rien ?— Ma patronne ? Aucune crainte, une vraie tombe !Elle reprend place contre l’épaule. Hubert caresse la peau douce. Il devine le galbe des seins imparfaitement protĂ©gĂ©s par la chemise. Il a envie de toucher cette chair tendre. Ses doigts tournent autour du cou, repoussent peu Ă peu le linge protecteur, atteignent le renflement de la poitrine. Lisette se laisse gagner par une douce somnolence. Ce n’est pas Louis, ni Antoine qui la caressent ainsi…OooOOOooOLa jupe de Marie-AmĂ©lie dĂ©couvre les genoux.— Quand je vous ai vus en pleine action, tout Ă l’heure, j’ai Ă©tĂ© jalouse de la jouissance de cette jeune fille.Louis s’avance.— Vous voulez tâter de ma grosse queue ?Marie-AmĂ©lie se penche en avant pour toucher le caleçon. Elle cherche Ă saisir la tige Ă travers le tissu mais n’y parvient pas. Elle se renverse sur ses coussins. La jupe remonte Ă mi-cuisses. Louis avale sa salive. Il est sĂ»r de son coup maintenant. Sans hĂ©siter, il sort son engin et le caresse, comme pour l’affĂ»ter.— Elle te fait envie, hein ?— Je vous prie de ne pas me tutoyer !Louis, penaud, recule.— Mais, je reconnais, poursuit la jeune femme, que vous avez raison. Je n’ai jamais vu de queue si appĂ©tissante et je brĂ»le de l’expĂ©rimenter.Marie-AmĂ©lie se couche sur les coussins. Elle soulève la jupe sur sa chatte poilue.— Viens, mon fier cantonnier, viens me baiser !Cinquième coupletĂ€ ces mots le cantonnier (bis)Laiss’ la rousse dans le fossĂ© (bis)Et va baiser, et va baiser,Et va baiser comme un voyouLa bell’ dam’ plein’ de bijoux.La chatte de Marie-AmĂ©lie attire irrĂ©sistiblement Louis. Il s’avance son pieu de chair bien en main. Tout Ă coup, un scrupule le retient. Il se retourne et essaye de voir ce qui se passe lĂ -bas, sous les arbres.— Tu t’inquiètes pour ta jeune partenaire ? Mon chauffeur s’occupe d’elle. Il est très habile et prĂ©venant envers les jolies filles. Il ne lui fera pas de mal, j’en suis sĂ»re.Elle Ă©carte les lèvres de son sexe.— Viens ! Nous avons assez perdu de temps.Louis n’hĂ©site plus. Il s’avance entre les cuisses largement ouvertes et enfonce son dard dans le sexe impatient de le recevoir.— Aaah !… Ouiii !… Aah !… Que c’est bon !Louis s’efforce de varier la cadence et les pĂ©nĂ©trations. Il ne faut pas dĂ©cevoir la belle automobiliste. Son avenir est en jeu. Pire : son honneur.OooOOOooOHubert regarde du cĂ´tĂ© de l’automobile. Les oscillations du vĂ©hicule trahissent l’occupation des passagers.— SacrĂ© patronne, murmure-t-il, elle a rĂ©ussi Ă l’avoir, son cantonnier.— Qu’est-ce que vous dites ?— Rien, mon enfant, rien.Il n’a pas de temps Ă perdre s’il veut de son cĂ´tĂ© profiter de l’aubaine.— Comment vous nommez-vous ?— Pardon ?— Quel est votre nom ?— Lisette.— Eh bien Lisette, je vous trouve très jolie.— Vous vous moquez.— Si, si, vous ĂŞtes ravissante. Je connais beaucoup de dames de la ville qui aimeraient avoir comme vous des cheveux couleur de feu, votre teint, vos yeux… (Il soulève le menton) votre bouche…Lisette sourit sous le compliment. Hubert se rapproche des lèvres entrouvertes et applique un lĂ©ger baiser.— Oh !— Excusez-moi, je n’ai pu rĂ©sister Ă l’attrait de votre sourire. Me pardonnerez-vous ?— Euh… il n’y a pas de mal. Vous me trouvez pas trop sotte ?— Sotte ? Vous ? Loin de moi cette idĂ©e !Il lui prend les mains et les porte en bouche. La chemise, qui n’est plus tenue, glisse sur les cuisses de Lisette, dĂ©couvrant sa poitrine. La jeune fille, tout Ă©mue du geste du chauffeur, n’y prend pas garde. Hubert se retient de la toucher de crainte d’une rĂ©action nĂ©gative. Il emprisonne la petite figure et embrasse la bouche entrouverte. Sa langue se fraye un passage et s’entortille autour de celle de la jeune fille. Celle-ci n’avait jamais Ă©tĂ© embrassĂ©e de la sorte. Elle entoure la nuque du chauffeur pour le retenir.Hubert est satisfait. Plus la peine de prendre des prĂ©cautions. Tout en jouant dans la bouche de la jeune fille, il patouille la poitrine qu’on ne lui refuse pas. Sa main descend sur le ventre, Ă©carte les cuisses, caresse les poils du sexe avant de rapidement dĂ©livrer sa queue. Ce n’est que lorsqu’il s’est enfoncĂ© profondĂ©ment qu’il quitte les lèvres de Lisette.— Aaah ! s’écrit-elle en reprenant son souffle.Un peu inquiet de la rĂ©action de la jeune fille, il suspend son mouvement. Elle le regarde, les yeux grands ouverts, puis l’attire Ă elle. RassurĂ©, il commence la danse d’amour.OooOOOooOLouis est infatigable. Par deux fois, Marie-AmĂ©lie a tressailli entre ses bras. La vigueur de son cavalier l’impressionne. Son cĹ“ur s’emballe. Elle commence Ă ressentir la fatigue et cesserait bien l’étreinte. Ce n’est pas l’avis du cantonnier, qui se sent en pleine forme. Ah ! la belle dame veut se faire baiser ? Elle va voir ce que c’est qu’un vrai homme ! Le frottement continu dans son vagin ranime le dĂ©sir de la jeune femme. La jouissance envahit son bas-ventre, irradie dans son corps, s’amplifie, monte, monte, puis Ă©clate dans un grognement de femelle repue.Louis s’arrĂŞte et contemple la belle. Ses yeux sont clos, sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration haletante. Les bras pendent le long du corps.— Tu es un vrai Ă©talon, murmure-t-elle.— Et encore, t’as rien vu !Il se retire. La sensation de vide rĂ©veille Marie-AmĂ©lie qui n’en revient pas. Le sexe qu’elle a devant les yeux n’a rien perdu de sa superbe et est encore prĂŞt Ă l’emploi. Ce n’est pas fini, pense-t-elle, sans savoir si elle doit s’en rĂ©jouir ou le regretter. Louis la retourne comme une crĂŞpe Ă plat ventre. Il retrousse la jupe sur la taille.— Quel beau cul tu as !Elle voudrait se rebeller, manifester son mĂ©contentement mais n’en a pas la force. Deux fois elle se sera fait enculer, en cet après-midi. Pourvu que le cantonnier soit aussi prĂ©venant que son chauffeur. Elle en doute, ce n’est pas le genre du bonhomme. Elle serre les dents et se prĂ©pare Ă supporter la douleur de l’introduction de l’énorme manchon, quand elle sent le gland Ă©carter les lèvres du sexe et pĂ©nĂ©trer dans le vagin. Le soulagement de ne pas avoir Ă souffrir dĂ©clenche un nouvel orgasme qui dure, dure…OooOOOooOHubert est rassurĂ©. Sur la route, l’automobile tangue toujours. Ils n’ont pas encore fini. Il a le temps de faire jouir sa jeune partenaire.— Ah ! Lisette, qu’il est doux de te faire l’amour !— Aah !— J’aime ton corps de dĂ©esse.— Aah !— J’aime caresser tes seins.— Aah !— Sens comme ma queue se trouve bien dans ton ventre.— Aah !— Je vais jouir dans ton petit con.— Aah !— Je vais le remplir de ma semence.— Ouii !— Je veux que tu jouisses avec moi.— Ouii !… Aaah !… Je pars !… Ouiiiii ! ! !Hubert accĂ©lère pour que son plaisir rattrape celui de Lisette. Il rugit presque en Ă©jaculant. La jeune fille se tĂ©tanise, comme sous l’effet d’une dĂ©charge Ă©lectrique. Son corps s’arc-boute, reste une fraction de seconde en l’air, puis retombe.Hubert se dĂ©gage. Elle reste Ă©tendue, les yeux clos, immobile, impudique. Le chauffeur se lève, lave son sexe au ruisseau voisin et revient vers la belle endormie. Il secoue les gouttes de ses mains.— Hii ! Vous me faites froid.— Je crois qu’il est l’heure de vous rhabiller.La jeune fille prend conscience de sa tenue – ou plutĂ´t de son manque de tenue. Elle referme les cuisses et croise les bras sur la poitrine.— Retournez-vous, s’il vous plaĂ®t.Hubert obĂ©it en souriant Ă cet accès tardif de pudeur.OooOOOooODans la voiture, Marie-AmĂ©lie n’a mĂŞme plus la force de gĂ©mir. Les orgasmes se succèdent, Louis ne lui laisse aucun rĂ©pit. Il l’a obligĂ©e Ă grimper Ă quatre pattes sur la banquette et la prend en levrette. Il est fier de son succès. La belle ne pourra pas se plaindre. La fatigue commence Ă se faire sentir, il n’a plus le courage de rĂ©sister Ă la montĂ©e de la jouissance.— Aaah !… Aaaagrh !… Aarrrgrrrhhh !La jeune femme reçoit avec soulagement la semence qui annonce la fin de l’épreuve. Ouf ! C’est fini ! Elle est rompue. Jamais une Ă©treinte ne l’avait fatiguĂ©e Ă ce point. Il faut dire que jamais elle n’avait Ă©prouvĂ© autant d’orgasmes. Combien ? Sept ? Huit ? Elle renonce Ă en faire le compte. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle ne ressent qu’une lassitude bienfaisante. Tout son corps est repu, satisfait. Avec prĂ©cautions, elle s’asseoit et est tout Ă©tonnĂ©e de ne pas Ă©prouver de gĂŞne au niveau du bas-ventre. Dans cette aventure, elle n’a eu que du plaisir.Elle ouvre les yeux et sourit Ă Louis qui remballe son attirail dans son caleçon. Un tel Ă©talon, pas question de s’en sĂ©parer. Il ne faut pas le laisser s’enfuir. Elle rĂ©flĂ©chit au moyen de se l’attacher. Sur ces entrefaites, Hubert s’avance, portant sur le bras le pantalon du cantonnier qui s’empresse de l’enfiler. Lisette le suit, toute timide, se demandant si Louis ne va pas la gronder pour avoir fait l’amour avec un nègre. Ce n’est pas la prĂ©occupation du cantonnier, qui redoute l’arrivĂ©e de son chef d’équipe. Il vaudrait mieux que la prĂ©fète s’en aille, Ă prĂ©sent. Il aura moins d’explications Ă donner.— Ainsi, c’est vous qui ĂŞtes chargĂ© de l’entretien des routes du canton ? Je ne vous fĂ©licite pas, commence Marie-AmĂ©lie qui a une idĂ©e pour s’attacher les services de Louis.— Oh ! Pas de tout le canton. Je ne m’occupe que de la partie près du village qui est derrière le bois, et j’essaye de faire convenablement mon travail. Mademoiselle, qui est venue me surveiller, vous le dira.— Ah ! Mademoiselle vous surveillait ?L’épouse du PrĂ©fet Ă©clate de rire.— Quelle drĂ´le de surveillance !La pauvre Lisette se cache derrière Hubert. Celui-ci intervient.— J’ai remarquĂ© en traversant le village que la chaussĂ©e y Ă©tait en moins mauvais Ă©tat qu’ailleurs.— Je le concède, admet Marie-AmĂ©lie, nous Ă©tions moins secouĂ©s. Cela prouve l’efficacitĂ© de monsieur Louis et son savoir-faire. Je pense que de telles dispositions au travail doivent ĂŞtre encouragĂ©es et mĂŞme rĂ©compensĂ©es. Qu’en dites-vous, Hubert ?— Je suis de l’avis de Madame.Louis ne les Ă©coute pas. Il a entendu le bruit caractĂ©ristique du camion d’Antoine.— PrĂ©sentez-vous demain matin Ă onze heures Ă la prĂ©fecture… vous m’écoutez ?— Euh… pardon… j’étais prĂ©occupĂ©. Le camion de mon chef arrive. Qu’est-ce que vous dites ?— Je vous demande de vous prĂ©senter Ă la prĂ©fecture demain Ă onze heures. Vous demanderez le… le secrĂ©taire particulier du PrĂ©fet.— Pourquoi faire ?— Rien de grave, rassurez-vous. Votre avenir est assurĂ©.Le camion d’Antoine stoppe derrière la belle torpĂ©do. Sur le plateau les collègues de Louis se penchent pour voir la belle dame avec ses beaux bijoux qui l’accompagne. Le chauffeur descend, de mauvaise humeur.— Ton compte est bon, Louis. Encore une fois t’as rien foutu.— Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ? interroge Marie-AmĂ©lie, qui joue avec son collier de perles. Qui vous prouve qu’il n’est pas revenu Ă cet endroit vous attendre, son travail terminĂ©Â ? N’avez-vous pas laissĂ© Mademoiselle pour le surveiller ?— Vous, la bourgeoise, on vous a rien demandĂ©Â ! Si vous la fermez pas, je vous colle un PV pour corruption de fonctionnaire.— C’est Ă vous de vous taire, Monsieur ! Votre ton ne me plaĂ®t pas du tout ! Hubert, prenez le nom de cet Ă©nergumène et rentrons Ă la maison. Vous allez entendre parler de nous, espèce de mal Ă©levĂ©Â !— Euh… excusez-moi, je me suis emballĂ©. Il faut dire que Louis a le don de m’énerver.— Bon, j’accepte vos excuses, mais ne recommencez plus ! Venez, Hubert, nous partons.Très digne, Marie-AmĂ©lie attend que son chauffeur, qui a rĂ©cupĂ©rĂ© sa casquette, lui ouvre la porte. Elle baisse la vitre et s’adresse Ă Louis.— Au revoir, monsieur Louis. J’ai beaucoup apprĂ©ciĂ© votre conversation et je vous remercie des explications que vous m’avez fournies. N’oubliez pas, pour demain.— Au revoir, Madame.L’automobile dĂ©marre. Antoine attend qu’elle ait disparu dans le tournant pour demander :— Quelles explications ?— Euh…— Louis a dit en quoi consiste son travail, s’empresse Lisette, qui dĂ©cide qu’elle a plus Ă gagner Ă soutenir le cantonnier qu’Antoine.— Bon, pour une fois, je veux bien passer l’éponge, mais que ça se renouvelle pas. Toi, ajoute-t-il en poussant la jeune fille par les fesses, monte devant !De son cĂ´tĂ©, Louis rĂ©cupère ses outils et grimpe Ă l’arrière, aidĂ© par ses confrères qui s’empressent de l’interroger sur la belle dame. Louis ne leur dit rien, bien Ă©videmment.OooOOOooODans la voiture, Marie-AmĂ©lie s’évente de la main.— Pfou ! Je suis fatiguĂ©e ! Je vous demande de m’excuser, Hubert, mais ce soir je ne serai pas en Ă©tat de vous recevoir.Le chauffeur sourit. Ce Louis a l’air d’être un sacrĂ© coco, pour avoir mis sur le flanc l’insatiable jeune femme.— Madame est satisfaite de sa tournĂ©e d’inspection ?— Tout Ă fait, Hubert. Ce cantonnier m’a fait une très forte impression.— C’est la raison pour laquelle vous voulez l’attacher Ă votre service.— Au service de la prĂ©fecture, Hubert, au service de la prĂ©fecture. Ce sera, je n’en doute pas, une bonne recrue. Seriez-vous jaloux ?— Dieu m’en garde ! Madame peut faire ce qu’elle veut.— J’en ai bien l’intention.Ils font un bout de route en silence.— Puis-je poser une question Ă Madame ?— Je vous en prie.— Pourquoi Madame a-t-elle demandĂ© que Louis rĂ©clame le secrĂ©taire de Monsieur ?— Pour le plaisir de voir la figure de cette petite tapette lorsqu’il devra lui annoncer sa promotion !