Bonjour,Je m’appelle Sylvie, 37 ans depuis fin septembre 2008, et j’ai écrit ce qui va suivre pour vous raconter des évènements qui ont quelque peu changé ma vie au cours des trois derniers mois.Je vais commencer par me présenter.Parisienne depuis toujours, grande, mince et fine, cheveux noirs aux épaules, plutôt jolie, enfin rien d’exceptionnel, pas laide, mais plutôt anodine (je suis lucide !) ; pas beaucoup de formes, un petit quatre-vingt-cinq, bonnets B, des hanches et des fesses plutôt plates, pas très sensuelles, un nez assez large (il paraît que c’est le signe d’un caractère dominant !) et un visage assez banal.Des yeux noirs un peu trop ronds à mon goût, la peau claire, plutôt élégante d’une manière générale (étant cadre, je passe une grande partie de ma vie en tailleur-pantalon et autres tenues du même genre). Un peu le look « mère de famille bcbg », élégante mais pas très sexy.Passons à des aspects plus intimes de ma vie et de ma personnalité.Je suis une lesbienne convaincue. Je ne dis pas que je n’ai jamais vu un homme nu, mais depuis que j’ai conscience de ma sexualité, j’ai toujours su que je n’aurai jamais d’histoires sérieuses avec un mec, et j’espère bien rencontrer l’élue de mon cœur un jour ou l’autre. Malheureusement, mon autorité naturelle finit toujours par reprendre le dessus, et depuis deux ou trois ans, j’ai eu du mal à faire durer une relation plus d’un ou deux mois.J’aime bien maîtriser les évènements, autant au lit avec une demoiselle que dans la vie de tous les jours, quand il s’agit de tout et n’importe quoi.Je reconnais que je suis d’un tempérament plutôt dirigiste, et j’attends d’une femme qui serait amoureuse de moi – espèce apparemment en voie de disparition ces derniers temps – si elle me fait confiance, qu’elle m’obéisse en tout.J’ai mieux pris conscience de tout ça en juillet 2008 après une rupture avec une femme de mon âge dont j’aurais bien parié que c’était « La Bonne » ; celle avec qui j’allais partager ma vie. Et puis une semaine de vacances à La Baule – les vacances sont un test terrible pour un couple qui n’est pas encore suffisamment solide – lui a révélé mon caractère bien trempé, et elle m’a plantée là, forcée de finir la semaine dans notre location, toute seule comme une vieille fille endurcie.Après cette cruelle déconvenue – qui n’était pas la première, loin s’en faut – j’ai décidé de regarder les choses en face.Inutile de chasser le naturel, il revient au galop. Cette rupture m’a permis de comprendre enfin que je ne peux envisager une relation solide et durable qu’avec une femme docile et d’un tempérament passif, qui acceptera mon caractère dirigiste. Ces réflexions m’ont rappelé certains de mes rêves érotiques il y a quelques années où je me voyais humilier une femme plus jeune que moi.Pendant les semaines qui ont suivi, mon esprit a vagabondé et l’image de celle que j’imaginais partager ma vie a sensiblement évolué.Le cliché du petit couple, deux cadres bcbg mignonnes, la quarantaine, qui font leurs courses au marché bio le dimanche matin en petites robes d’été, ce cliché qui m’avait fait rêver, eh bien il ne me faisait plus rêver du tout.Vous vous demandez donc quel fantasme avait remplacé celui d’une vie rangée.Je ne vais pas vous le dire tout de suite, mais ce fantasme, autrement plus excitant, je le réalise en vrai, en ce moment, et c’est exactement ce que je me propose de vous raconter.J’ai été bavarde et je me suis un peu dispersée, mais pour résumer, j’étais jusqu’à cet été la petite bourgeoise, cadre dynamique, avec une vie sexuelle pas très folichonne. J’ai aussi réalisé que ça faisait des années que je réfrénais mon caractère autoritaire, et j’ai enfin compris que si j’arrêtais de considérer mon caractère comme un défaut à éliminer, je serais certainement mieux dans ma peau, et je pourrais avoir une vie sexuelle plus débridée et moins conventionnelle.Étant depuis quelques années secrètement attirée par les femmes plus jeunes que moi – je ne me l’étais jamais vraiment avoué auparavant – j’ai donc commencé à fréquenter le samedi et le dimanche un quartier parisien bien connu des homosexuels – filles et garçons, d’ailleurs.J’appréciais surtout la terrasse – bon l’hiver c’est pas top ! – d’un bar assez agréable où croiser un homme était quasiment impossible, fréquentée le dimanche après-midi par des étudiantes en master ou en dernière année d’école de commerce, qui révisaient leurs cours.Je n’ai pas trop essayé les boîtes de nuit parce que mon âge, sensiblement supérieure à la moyenne, me mettait plus mal à l’aise ; alors qu’un café en terrasse c’est plus anodin.Ne voulant surtout pas passer pour la vieille qui drague, j’ai passé pas mal d’après-midi à siroter un cappuccino ou à bouquiner, sans trop m’intéresser aux jolies frimousses autour de moi, attendant de me faire aborder.Pendant quelque temps, je ne suis pas allée plus loin que des échanges de conseils littéraires sur tel bouquin qui vient de sortir ou des banalités sur les programmes télé de la veille.Et puis un jour, alors qu’il n’y avait plus un siège de libre, une serveuse me demande si la place face à moi, sur une minuscule table est libre.Évidemment j’ai dit oui.Une fille qui devait avoir 22 ou 23 ans s’assied en face de moi, et fidèle à ma tactique je la regarde à peine, l’air totalement désintéressée.Un bref coup d’œil m’avait quand même suffi pour la détailler : assez petite, quelques kilos en trop (pas grosse mais suffisamment ronde pour que ça se voit à travers ses épais vêtements d’hiver), de l’acné sur le visage, blonde, les cheveux aux épaules et un visage tout rond. Pas vraiment jolie, un visage assez neutre et inexpressif – d’aucuns diront un peu bovin ou qu’elle ne respirait pas l’intelligence ! – mais on devinait un corps assez sensuel et des formes très marquées.Elle aurait pu être suédoise ou danoise. Je me suis fait la réflexion que si elle ne parlait même pas français, je pouvais aussi bien rentrer chez moi.Je me suis totalement absorbée dans ma lecture (Marc Levy) pendant qu’elle se plongeait dans des bouquins de master en chimie moléculaire, et au bout d’une heure, en levant le nez de mon livre, je me suis aperçue qu’elle était partie.Elle m’est bien vite sortie de l’esprit et la semaine suivante je suis revenue m’asseoir à peu près au même endroit, sans penser à elle le moins du monde, pas plus qu’aux autres filles de son âge avec lesquelles j’avais échangé trois mots au cours des dernières semaines.Il y a avait nettement moins de monde, et je m’attendais, une fois de plus, à ne faire aucune rencontre sérieuse.Je m’apprêtais à rentrer chez moi quand j’entends dans mon dos une voix féminine très timide :— Excusez-moi, est ce que la place en face de vous est libre ?La plupart des tables étaient inoccupées. Qui pouvait bien vouloir s’asseoir à côté de moi.En un coup d’œil j’ai évidemment reconnu la chimiste de la semaine précédente.Mon pouls s’est légèrement accéléré, et je me suis dit qu’il allait peut-être y avoir enfin un peu de piment dans ma vie.— Bien sûr, mademoiselle, asseyez-vous, je vous en prie. Excusez mon indiscrétion : je suis terriblement distraite et pas du tout physionomiste, mais votre visage me dit quelque chose.— Oui je… je… je m’appelle Charlotte. Je viens parfois boire un verre ici et je crois vous avoir vue ici la semaine dernière.À voir comment elle avait rougi jusqu’aux oreilles pour murmurer cette simple phrase, la sensibilité et la timidité de cette jeune femme me laissait penser que nous allions très très bien nous entendre.Nous avons donc fait connaissance ce jour-là, et quand j’ai appris qu’elle n’avait jamais rien lu de Marc Levy, je lui ai proposé de lui prêter mon livre, dont j’ai prétendu que je venais de le finir, pour être sûre de la revoir.Au cours de cette première rencontre, j’ai appris qu’elle était étudiante – en chimie donc – sans relations avec sa famille proche, donc galérant un peu pour se loger puisqu’elle n’avait pas de revenu.Mes pressentiments sur sa timidité et son caractère se sont confirmés, je me suis aussi aperçue qu’elle rougissait dès que je la regardais dans les yeux. Bref, c’était presque trop beau pour être vrai !Nos rencontres dans ce bar se sont poursuivies pendant quelques semaines. Je prenais bien garde à ne jamais donner à Charlotte l’impression que je l’attendais, ou que je venais exprès pour elle, alors que dans son cas il était évident qu’elle ne venait pas là par hasard.J’ai très vite eu l’impression qu’elle était secrètement amoureuse de moi – sans même peut-être se l’avouer – et moi, de mon côté, j’ai tout fait pour renforcer ce sentiment, tout en maintenant une certaine distance, sans jamais lui laisser croire que ses sentiments étaient partagés : je l’invitais parfois à manger un morceau, j’adoptais un comportement très maternel, je me préoccupais d’elle, je me souvenais d’une fois sur l’autre de ce dont nous avions discuté, je lui parlais de ses études, etc.Je me comportais comme une bonne copine plus âgée qui se substitue un peu à une maman.Je la tutoyais sans qu’il lui soit jamais venu à l’esprit de faire de même. Son vouvoiement était le même que celui qu’on adresse à la mère d’une copine quand on est au collège.Je glissais quelques allusions à ma vie amoureuse compliquée et je lui laissais entendre que j’espérais être bientôt de nouveau en couple.Je voyais que ça la désespérait mais ne faisait que renforcer ses sentiments.En bref je jouais le jeu classique des joutes amoureuses, et au bout d’un mois, elle était manifestement « accro », mais n’avait aucun indice que cela puisse être réciproque.Un jour, alors que nous discutions depuis une bonne heure de cinéma, de bouquins et autres banalités, elle a clairement commencé à penser que c’était une impasse.J’ai alors pris un ton plus intime, je l’ai regardée dans les yeux, et je lui ai laissé imaginer que je m’apprêtais à lui faire une grande déclaration :— Tu sais, Charlotte, ça fait un mois qu’on se connaît. J’ai l’impression que ça fait une éternité, on a tellement de choses en commun !En entendant ça, Charlotte rougit de nouveau jusqu’aux oreilles.— J’ai beaucoup réfléchi, j’ai quelque chose d’important à te dire.Elle devient carrément écarlate, et s’attend manifestement à ce que je lui déclare que je suis amoureuse d’elle.— Tu es dans une situation difficile, tes études sont très prenantes, tu arrives à peine à payer ton loyer. Est-ce que cela t’intéresserait de venir faire quelques heures de ménage à la maison pour un salaire largement supérieur à tout ce que tu pourrais trouver ailleurs ? Ca te laisserait beaucoup de temps pour tes études, et plein d’argent de poche. Pour partir en week-end avec un petit copain par exemple !Elle ne s’attendait évidemment pas du tout à une telle proposition, et elle en est restée bouche bée. Ma dernière remarque, qui laissait sous-entendre que je lui souhaitais de se trouver rapidement un mec, indiquait sans ambiguïté que j’étais très loin de soupçonner ses sentiments envers moi.Elle n’a même pas été capable de sortir le moindre son.— Écoute, je te laisse réfléchir, je ne veux surtout pas te donner l’impression que tu es obligée, d’autant plus qu’on s’entend bien, ça te fait peut-être bizarre que je te paye un salaire. Je te laisse mon numéro, tu n’es obligée à rien, et rappelle-moi quand tu as pris ta décision.On s’est quittées là-dessus et ce n’était bien sûr pas à moi de la rappeler.Ses sentiments étaient encore plus forts que ce que j’imaginais, et dix jours plus tard, pendant ma pause-déjeuner, mon téléphone s’est mis à sonner :— Allo, bonjour Sylvie, c’est Charlotte à l’appareil.— Oui – je fais exprès de laisser un blanc pour la mettre un peu mal à l’aise -— Je vous appelle au sujet des heures de ménage, je… enfin… je suis d’accord.J’adorais toujours sa manière de bafouiller et sa timidité, et j’étais tout aussi impatiente qu’elle, même si elle ne pouvait pas s’en douter, et même si elle avait eu des soupçons, elle ne pouvait pas imaginer ce qui l’attendait.— Super ! Ça me fait plaisir que tu acceptes ! Tu sais, pour moi c’est comme un petit coup de pouce, une manière de t’aider. Tu peux venir jeudi prochain à dix heures du matin ? Je ne travaille pas.Le jeudi matin, je l’accueillais chez moi, lui faisais visiter mon appartement, et nous convenions qu’elle viendrait trois heures le jeudi matin et trois heures le lundi après-midi, le tout pour 500 euros par mois, soit un salaire énorme pour six heures par semaine, ce que me permettait mon poste de cadre.Cette première matinée, que nous avons passée ensemble pour que je lui montre les tâches à effectuer, a été pour moi l’occasion de renforcer l’image de moi qu’elle avait déjà, à savoir une dame gentille et maternelle mais distante, plutôt austère et même un peu autoritaire et sévère.Je lui ai par exemple bien fait comprendre que si elle fouillait dans des affaires personnelles telles que des papiers ou des bijoux, nos rapports ne seraient plus du tout amicaux.Elle a aussi compris, entre autres, que j’étais très pointilleuse sur le repassage, et qu’il n’était pas question qu’elle utilise mon téléphone fixe pour passer des heures à discuter avec son petit copain, ou encore que si elle s’avisait de ramener un garçon chez moi en mon absence, elle serait immédiatement virée – encore une allusion à son hétérosexualité dont je laissais entendre qu’elle me semblait évidente pour qu’elle comprenne qu’une relation amoureuse entre elle et moi ne m’était vraiment pas du tout venue à l’esprit.Quelques semaines se sont écoulées, et une distance s’est installée entre nous, « d’employeur à salariée ». Je lui expliquais que je n’avais pas pu passer boire un verre avec elle au bar ce dimanche, beaucoup de boulot en ce moment, « mais dès que je serai plus dispo, on se fera un petit restau entre nous, pour fêter ses partiels ».Je devenais de plus en plus distante, tout en guettant une occasion de faire basculer notre relation dans un contexte radicalement différent ; qu’elle ne pouvait absolument pas imaginer. Ce faux-pas que j’attendais viendrait forcément car je voyais bien que la distance qui s’était installée entre nous n’avait absolument pas refroidi ses sentiments, bien au contraire.L’occasion s’est présentée fin novembre, quand j’ai eu le sentiment qu’elle avait feuilleté mon album de photos. En particulier certaines photos de moi en maillot de bain – prises par une ex de l’époque – semblaient avoir légèrement bougé.Faisant confiance à ma chance, je décidai de rentrer à l’improviste le jeudi suivant, vers 11h30, sous le prétexte de venir manger un morceau chez moi car je passais par là.Ayant prévu mon irruption chez moi, je portais des chaussures plates ne faisant pas de bruit sur le parquet. Je fais tourner la clef dans la serrure, entre dans mon salon – la porte d’entrée de mon appartement donne directement dans le salon – et tombe nez à nez avec Charlotte, en train de se masturber sur mon canapé, devant des photos de moi en maillot de bain.À suivre…