Emma n’avait pris la mesure de l’enfer que représentaient les transports en commun qu’après avoir déménagé à la capitale pour ses études. À la campagne aveyronnaise, d’où elle était originaire, les mots « transports en commun » ne désignaient en réalité qu’un réseau très succinct de bus, qui passaient aussi souvent que le nombre de fois où le PMU du centre était vidé de ses clients — en clair, pas bien souvent. Tout le monde se connaissait, y compris les chauffeurs de bus, et prendre ces derniers n’était alors qu’une opportunité de prendre des nouvelles les uns des autres. Mais en arrivant à Paris, elle avait particulièrement déchanté : entre les odeurs, l’impolitesse des autres usagers et les rames bondées de monde à tel point qu’on se sentait disparaître à force d’être écrasé, la réalité était bien moins reluisante.Mais elle n’avait pas beaucoup de choix que de continuer à prendre les transports en commun, le seul appartement qu’elle avait pu dégoter pour son budget très limité d’étudiante n’étant pas exactement à côté de son école d’art, elle préférait supporter une dizaine de minutes dans le métro plutôt que d’avoir à marcher presque une heure.Et pourtant, à chaque fois qu’elle se pointait sur le quai, les regards ne manquaient pas de se tourner vers elle. Pas qu’elle avait un incroyable et irrésistible magnétisme, mais en bonne étudiante en art, elle se baladait presque toujours avec son carton à dessin format A3, qui prenait alors une bonne place. Au moins, cela lui permettait d’avoir un minimum de place autour d’elle dans les rames… Mais cela lui tirait aussi un bon nombre de regards noirs lorsqu’elle essayait de bouger.Généralement, elle s’excusait, mais ce soir, elle n’en aurait même pas l’énergie. Elle n’avait pas dormi de la nuit, et il fallait croire que la poisse avait décidé de la suivre toute la journée qui s’en était suivie : elle avait été obligée de courir un peu partout, étant inexplicablement en retard à tous ses cours, l’un de ses dessins avait été recouvert de café à cause de la maladresse d’un de ses camarades — qui ne s’était même pas excusé, par ailleurs, ce qui avait aggravé son énervement — et maintenant, les deux précédents métros ne s’étaient même pas pointés sur le quai, faisant s’agglutiner probablement toute la population parisienne sur ce dernier.Lorsqu’enfin, une rame arriva, Emma crut bien qu’elle n’allait pas réussir à rentrer, vu comment tous les autres usagers du métro poussaient pour monter. Miraculeusement, elle réussit à se sécuriser une petite place — toute petite — juste à côté d’une vitre. Elle était presque pressée contre celle-ci, et ne pouvait presque pas bouger à cause de la masse d’usagers, mais c’était mieux que de devoir encore attendre le prochain.Le métro partit, enfin, et Emma se permit de fermer les yeux pendant quelques secondes, se sentant complètement vidée de toute son énergie. Un cri strident provenant de l’autre bout du wagon la fit sursauter et rouvrir les yeux, cherchant à voir ce qu’il se passait, mais en entendant la même voix pousser un rire quelques secondes plus tard, elle laissa tomber : de toute manière, elle n’était pas suffisamment grande pour apercevoir quoi que ce soit.Mais en se tournant, elle avait senti qu’elle avait, malgré elle, heurté quelqu’un derrière elle avec son carton à dessin. Jetant un petit coup d’œil par-dessus son épaule, elle posa alors les yeux sur lui : un homme qui devait être dans la fin de sa trentaine, dans un costume très chic et qui tenait son téléphone portable à la main. La jeune femme se fit par ailleurs la réflexion qu’il semblait tout droit tiré d’une série sur un cabinet d’avocats, ou quelque chose du genre. Elle lui adressa un petit signe de main accompagné d’un « Désolée », et l’homme en question se contenta de lui adresser un léger sourire pour lui signifier qu’il ne lui en voulait pas.Emma se replongea alors dans sa léthargie, luttant pour ne pas refermer les yeux, le métro arrivant à sa prochaine station. Malheureusement pour elle, très peu de personnes en descendirent, et beaucoup tentèrent d’y monter, pressant les usagers déjà dans la rame encore plus les uns contre les autres. Elle était protégée sur son côté droit par son carton à dessin, qui empêchait quiconque de venir se coller à elle de ce côté-là, mais elle ne pouvait pas en dire autant pour son dos. La jeune femme sentait qu’un corps était à moitié pressé contre elle, et en jetant un nouveau coup d’œil par-dessus son épaule, elle remarqua que c’était l’homme auprès duquel elle s’était excusée un peu plus tôt.Il lui adressa un petit sourire désolé, justement, avant qu’elle n’entende sa voix.- C’est à mon tour de m’excuser, je crois… Ces gens s’en fichent de si quelqu’un étouffe à force d’être pressé ainsi.- Comme vous dites… répondit Emma poliment, avant de reporter son regard devant elle.C’était véritablement inconfortable : l’homme n’était pas suffisamment pressée contre elle pour qu’elle le sente réellement, mais elle sentait le tissu de son pantalon frôler ses jambes laissées nues sous sa jupe, et elle entendait sa respiration. Et elle sentait son parfum… Musqué, puissant et discret à la fois. Mais bien vite, cela changea : Emma se retrouva projetée contre la fenêtre devant elle par le freinage brutal du métro. Et l’homme derrière elle fut entraîné par l’inertie également, la plaquant contre la cloison. Elle ne put retenir une petite exclamation sous la surprise, ses yeux se fixant sur la main de ce dernier qu’il avait posé contre la fenêtre pour se retenir un minimum. Et pourtant, elle pouvait sentir tout son corps pressé contre elle : son torse, qui épousait la forme de son dos, ses jambes derrière les siennes, et surtout — surtout — une masse, juste au creux de ses reins, qu’elle sentait plus que tout.En une seconde, les lumières du métro flanchèrent, les laissant tous dans le noir. Une voix se fit entendre juste après dans les vieux haut-parleurs, leur indiquant qu’il y avait un problème sur la voie et qu’ils seraient bloqués pendant un temps indéterminé.Pendant des secondes qui lui parurent être une éternité, il ne se passa rien. La masse populaire pressée dans ce métro ne faisait curieusement que très peu de bruit, mais de toute manière, Emma n’en aurait même pas eu conscience, toutes ses facultés étant tournées vers la sensation du corps de l’homme pressé contre elle. Mais ça ne s’arrêta pas là : le bras de ce dernier vint s’enrouler autour d’elle au niveau de sa taille, comme si c’était humainement possible de la ramener encore plus contre lui. Emma aurait pu crier, lui ordonner de la lâcher et de se reculer, mais elle était paralysée.Son autre main, jusqu’ici plaquée à plat contre la vitre du métro, descendit avec une lenteur incroyablement prononcée, avant de se poser sur sa jambe droite. Il faisait trop chaud pour qu’elle se soit convaincue ce matin de porter des quelconques collants, mais cela avait laissé sa peau nue, vulnérable au toucher de cet homme. Doucement, il caressa alors sa jambe, tendant vers l’intérieur de celle-ci. Sa peau frissonnait sous le contact, et encore plus lorsqu’elle se retrouva entre ses deux jambes. Il pressa fermement sur celle de droite, la poussant légèrement sur le côté pour s’offrir un meilleur accès.Profitant de sa surprise, l’homme glissa sa main sous son tee-shirt, remontant jusqu’à sa poitrine. Un grognement s’échappa de ses lèvres, probablement lorsqu’il remarqua qu’il était retardé par son soutien-gorge. Emma en eut le souffle coupé. Entre la prise très ferme qu’il assurait avec son bras et ce grognement, il lui semblait plus être un animal qu’un homme.Et pourtant, seulement quelques secondes plus tard, ce fut sa délicatesse qui la frappa : l’homme poussa ses cheveux sur le côté, avant de venir déposer quelques baisers dans son cou et sur le dessus de son épaule. Sous la surprise de découvrir à quel point cela était agréable, Emma ferma les yeux, poussant même un petit gémissement presque inaudible lorsqu’il approfondit un baiser pour y laisser une trace de son passage.La main de son amant inattendu revint se perdre sous son haut, mais cette fois-ci, il ne s’arrêta pas au soutien-gorge, passant en-dessous. Son toucher la rendait presque groggy, et particulièrement lorsqu’il commença à utiliser ses deux mains : il avait bien compris qu’il n’avait plus besoin de restreindre ses mouvements. Emma avait abandonné l’idée de se soustraire à ce traitement depuis un moment… Commençant à haleter, probablement trop fort pour l’homme derrière elle, dont une main vint se placer par-dessus sa bouche.- Chuuut, ma jolie. Nous ne voudrions pas être interrompus en si bon chemin, n’est-ce pas? murmura-t-il dans son oreille, déclenchant instantanément un frisson le long de sa colonne vertébrale.Une de ses mains quitta sa poitrine, délaissant son téton érigé par le traitement qu’il lui infligeait depuis quelques minutes, et vint se remettre sur sa jambe. Mais il ne la bougea pas. Pas tout de suite.À la place, son autre main vint attraper le poignet de la jeune femme, l’attirant dans son dos. Sa main rencontra une bosse particulièrement imposante, et sous sa guidance, commença à la masser, jusqu’à ce qu’il se décide à baisser sa braguette. Le bruit de cette dernière était descendue lui déclencha un nouveau frisson le long de sa colonne, comme si son corps réagissait avant que son esprit ne le fasse. La seconde d’après, sa main se retrouva sur cette même grosseur, mais cette fois-ci sans aucune barrière.Comme mue par son inconscient, Emma fit monter et redescendre sa main sur le membre. Le fait de ne pas voir celui-ci rendait le tout encore plus puissant… Elle pouvait entendre sa respiration devenir plus lourde plus elle s’affairait sur son sexe, et elle crut bien que tout cela allait s’arrêter là. Comme s’il avait lu dans ses pensées, son amant du jour lui démontra le contraire, sa main sur sa jambe se mettant enfin à bouger.Ses doigts habiles vinrent rapidement se glisser sous la barrière de son sous-vêtement, rencontrant la moiteur de son sexe.- Très intéressant… murmura-t-il de nouveau, retirant doucement sa main qui couvrait toujours sa bouche. Dis-moi que c’est ce que tu veux.- S’il vous plaît…Sa voix n’avait été qu’une plainte destinée à convaincre l’homme derrière elle. Emma ne se reconnaissait même plus : ce n’était pas son genre de se laisser faire ainsi, de supplier pour un tel traitement. Et encore moins en plein milieu d’une rame de métro remplie de monde… Mais cet homme, son toucher, ses mots, son odeur, la rendait complètement folle. Et en aucun cas elle n’aurait voulu que ce traitement si agréable ne s’arrête.- Gentille fille, lança-t-il avec une voix empreinte de taquinerie, insérant dans la même seconde un doigt entre ses lèvres vaginales.Emma dut se mordre les lèvres pour ne pas laisser un long gémissement de plaisir passer la barrière de ses lèvres. Cet homme savait ce qu’il faisait, elle pouvait en témoigner : la manière dont il la fouillait avec son doigt, qui rentrait et ressortait inlassablement en elle, titillant son clitoris çà et là, faisait monter son plaisir en flèche. Et plus il lui faisait du bien, plus elle augmentait l’allure sur son membre.Mais brusquement, il attrapa le poignet de sa main qui s’affairait sur ce dernier, la faisant cesser son traitement. Au même moment, il avait retiré son doigt de son intimité, et alors qu’elle s’apprêtait à se retourner pour lui demander si quelque chose n’allait pas, Emma se retrouva de nouveau pressée contre la paroi par une main au niveau de son omoplate. Et avant même qu’elle n’ait pu comprendre ce qu’il se passait, elle sentit le membre de l’homme s’infiltrer à l’intérieur de son sexe. Cette fois-ci, elle ne put retenir un gémissement, qu’elle tenta de camoufler par une petite toux lorsqu’elle réalisa qu’elle n’était toujours pas seule.Rentrant et ressortant à l’intérieur d’elle, le sexe de son amant butait contre le fond de sa cavité. La grosseur de ce dernier par rapport à l’étroitesse du vagin de la jeune femme le faisait frotter contre toutes les zones érogènes qu’elle possédait à cet endroit, et son amant dut remettre une main sur sa bouche pour éviter qu’elle ne les trahisse, et son bras autour de sa taille pour l’empêcher de tomber. Le plaisir rendait les jambes d’Emma si faibles…L’homme accéléra soudain la cadence, et lorsqu’elle comprit la raison, elle voulut l’en empêcher. Mais au même moment, ce fut celui que choisit son plaisir pour atteindre son apothéose, lui coupant l’opportunité. Les yeux fermés, les mains plaquées contre la vitre fraîche, Emma se laissa aller au plaisir, haletant contre la main de son amant. Celui-ci en profita pour faire de même, déversant plusieurs jets de sa semence… à l’intérieur d’elle.- Vous… Vous… tenta-t-elle d’articuler malgré l’essoufflement.- Je viens de te donner ce qui sera sûrement le meilleur orgasme de ta vie. Cela valait bien une venue en toi, non? le coupa-t-elle.Et sans plus attendre, il se retira et alors que le métro se remettait en marche à cet exact instant, disparut dans la foule du wagon. Emma eut beau le chercher, ses yeux ne réussirent pas à le repérer… Et quelque part, elle en était déçue.Peut-être que si elle revenait vers cette heure-ci, sur ce même trajet, un autre jour… Peut-être qu’elle pourrait profiter de sa dextérité une nouvelle fois.