L’étéOK, emménager en août n’était pas la meilleure idée de l’année. Je transpirais comme si j’avais couru un marathon, mes seins collaient à ma peau et mes cuisses entre elles. Le top du glamour, avec l’idée saugrenue de me faire définitivement liposucer tout ça dans l’heure, en sirotant une limonade glacée. Ou une bonne bière, plutôt, tiens ! Mais en attendant, je devais monter mes cartons dans une chaleur étouffante.Bien évidemment, à part Jérôme qui était toujours là pour m’aider quoi qu’il arrive, personne n’était dispo pour mon déménagement. Timing parfait d’une pauvre conne que j’étais. Mais bon, je n’allais pas attendre la rentrée pour enfin emménager dans ce sublime trois-pièces que j’avais pu me payer, je ne sais comment.Deux chambres, un balcon filant, plus proche de la terrasse à 360°, sans vis-à -vis, très lumineux, et un quartier parfait. Je n’en revenais pas encore du prix et surtout d’être tombée dessus. J’avais tout épluché, je n’avais pas trouvé où était le loup. Mais c’était fait, et cette superbe affaire était à moi.— Je pose ça dans le salon, Chloé ?— Oui, Jérôme ! Merci encore !— Y’a pas de quoi, ma belle.Le pauvre. Je savais qu’il était amoureux de moi, mais que voulez-vous, il avait atterri directement dans la friend-zone à peine l’avais-je rencontré. Il était doux, gentil, plutôt mignon pourtant. Mais il n’avait rien à voir avec les hommes que j’aimais mettre dans mon lit, les blocs de béton bruts, aux grosses mains et aux manières peu délicates.J’avais passé des années à essayer de comprendre le pourquoi, avant de me raisonner et de finir par accepter que les hommes qui me faisaient jouir n’étaient pas compatible avec une vie à deux.Jérôme, lui, aurait été parfaitement compatible avec cet appartement, une vie à deux et même des week-ends à Étretat. Beurk !— Tu veux aller manger un bout quelque part ? me demanda-t-il en revenant de la salle de bain.— Nan, je vais traîner un peu ici, j’ai envie de prendre mes marques.— Mais le lit n’est même pas monté.— T’inquiète, je vais m’arranger.Il m’avait laissée alors toute seule dans ce grand volume d’air tout vide, seulement rempli d’un autre volume de cartons dans chaque pièce.Je ne pouvais pas lui dire que je dormirai chez un de mes plans cul ce soir-là .Et après un dîner plutôt succinct chez ledit plan (je ne l’avais pas choisi pour ses qualités de cuisinier), je m’étais fait furieusement sauter sur son canapé avant de m’endormir dos à lui dans sa chambre d’éternel célibataire. Jouissif, efficace, et pour le coup, diablement pratique.Je mis deux jours à installer le minimum vital pour pouvoir vivre dans l’appartement. Ça ne me coûta rien en nuits d’hôtel, juste deux pipes bien appuyées sur la tête (son grand plaisir) et deux autres parties de jambes en l’air dont je tirai autant de bénéfice que lui.En m’endormant pour la première fois dans mon grand lit, je pris enfin conscience que ma vie commençait enfin à ressembler à ce que je désirais.L’automneJe ne comprenais pas d’où pouvaient venir ces espèces de murmures.— T’es dingo, ma vieille, m’avait dit Safia quand je lui en avais parlé.— T’as sûrement raison.— Et arrête le jaja toute seule : passé quarante-cinq ans, c’est quand même moyen. Il ne te manque plus que deux ou trois chats.On avait éclaté de rire toutes les deux, mais elle avait quand même raison. N’empêche que ça faisait trois mois que j’avais emménagé et je ne savais toujours pas ce qui faisait ce bruit. Ça n’arrivait pas tout le temps. Parfois dans la salle de bain, quand je trempais longuement dans mon bain bouillant. J’avais cru au début que c’était de la musique qui passait dans un des appartements voisins. Mais non, c’était plus… comme une conversation lointaine.Parfois, c’était le soir, quand je m’étais endormie sur le canapé et que j’allais me coucher. Un peu comme si deux personnes parlaient derrière un des murs, sans pouvoir en déterminer la provenance.Safia devait avoir raison et je m’étais décidée à me limiter à deux verres de Chablis le soir. Bon, OK, parfois c’était trois ou quatre.— T’as pensé à faire venir un dératiseur ? me demanda-t-elle. Si ça se trouve, t’as des souris parlantes dans tes murs.Je faillis recracher la moitié de mon verre par les narines. Je n’avais pas pensé aux bestioles ! J’en ferais venir un.— Et ton Jérôme alors ? Toujours dingue de toi ?— Ouaip.— Moi, je l’avalerais bien celui-là  !— Fais-toi plaisir ! Il est adorable, trop peut-être, pour moi en tout cas.***Il allait arriver dans dix minutes et je n’étais même pas prête, bordel !Ce jeune et nouveau petit casse-croûte que je m’étais dégotté sur Tinder me tourneboulait un peu la tête.Reprends-toi, bon sang ! me dis-je intérieurement.Il faut dire que ça faisait un petit moment que… et bien que je n’avais rien eu sous la dent ! Expression très peu à propos, vu que les dents ne devaient surtout pas être utilisées sur le jeune homme en question. Miam.Il déboucha la bouteille de champagne (j’adore) et nous servit deux verres. On parla un peu d’art, mon milieu, et beaucoup de moto, le sien. Il était assez intarissable sur le sujet. Mais j’avoue que je ne l’écoutais que d’une oreille. Et quand il finit par enfin se décider à m’embrasser, je le laissai faire avec délice. Il sentait bon, il embrassait bien et il me lécha ensuite avec une application tout à fait savoureuse, sa tête plongée entre mes cuisses et ma jupe bien remontée.Ses coups de hanches furent comme je les aime, brefs, secs et puissants. Il jouit un peu rapidement peut-être.Non, sois honnête, trop rapidement tout court. Mais après quelques semaines d’abstinence, c’était déjà ça. Et il eut la bonté de remettre ça vingt minutes plus tard, et un peu plus longuement cette fois. Voilà .***J’allais devenir dingue avec ces bruits. Le dératiseur n’avait rien trouvé ce matin-là . Même pour les 120 euros qu’il m’avait pris.Jérôme m’installa un gadget à ultrasons au cas où, mais à mon avis ça ne servait à rien. Je savais bien que c’était juste des bruits d’un vieil immeuble rénové des dizaines de fois. Mais j’aurais bien aimé savoir d’où ça venait.Safia et Jérôme allaient arriver. Allez, hop, en cuisine !— Hmm, Chloé, c’est trop bon !Safia se régalait de ma tambouille et Jérôme aussi, apparemment, vu qu’il était en train de saucer le plat. Mes soufflets de Lyon, pas de vulgaires quenelles, et leur sauce à la bisque de homard (faite par mes soins aussi) leur ravirent les papilles. Et les miennes aussi.— Dis donc, Jérôme, tu es toujours aussi calé sur Mac ? demanda Safia en se léchant littéralement les doigts.Cochonne.— Ouaip, un vrai geek d’Apple.— Tu pourras me dépanner, il se comporte bizarrement.— Bien sûr, t’es libre demain ?— Vous me le dites si je vous gêne dans vos roucoulades ? les interrompis-je alors, un poil taquine.Ils me regardèrent et j’aurais juré qu’ils rougissaient presque.On picola un peu trop par la suite, surtout que mon dessert, un joli colonel-poire de mon cru, était bien chargé.— Vous voulez dormir là  ? leur demandai-je.Ils se regardèrent comme s’ils allaient devoir organiser le débarquement du 6 juin. Sous-entendu : « On veut bien, mais qui dort où ? »Je leur répondis sans qu’ils aient à poser la question :— Safia dans la chambre d’ami, Jérôme sur le canapé, ça vous va ?On trinqua. Hop, c’était réglé. On retrinqua beaucoup, encore, après…***La sensation était purement exquise.Hmm… Des baisers sur mes lèvres. Doux et en même temps assez appuyés. Je savais que j’étais en train de dormir. Ce très rare sentiment de rêver en ayant pleinement conscience de le faire. Je savais aussi que j’étais dans mon lit et que j’avais trop bu ce soir.Mais là je… Mmmh… oui, encore. Ces baisers, sur ma bouche et… sur mes seins en même temps. Délicieux, c’est le terme. Mes mamelons m’élançaient doucement sous ces lèvres fermes. Ils… Ooooh… ils étaient mordillés, à peine, mais… si, réellement. Je sentis une caresse sous l’arrondi de mes seins… une autre là … à l’intérieur de mes cuisses, là où la peau est si fine. De petits frissons me parcoururent la nuque et s’électrisèrent le long de mes vertèbres. Mes tétons furent pincés… la chaleur entre mes cuisses irradiait doucement. Un mélange de caresses et de… Oooh… comme une… langue ? Ahnnn c’était… si réel et… en même temps si diffus. Ne pas se réveiller, non, surtout pas. Les mains me palpaient, mes mamelons étaient sucés, et là je sentais bien que…Ooooh, oui là  ! Encore ! Oui, lèche, Lèche ! ***— T’as vraiment une sale gueule le matin, me dit Safia, derrière son mug.— Tu t’es pas regardée ?On rit ensemble, mais elle avait raison. J’ai l’impression d’avoir baisé toute la nuit, alors que je m’étais levée bien évidemment toute seule dans mon lit.Un sacré rêve quand même. Et en passant à la salle de bain avant de rejoindre les deux zozos dans la cuisine, je constatai que j’avais joui en dormant.Waouh…— J’ai invité Jérôme à dîner demain soir, tu es sûre que ça ne te gêne pas ? me demanda Safia, un poil gênée, elle.— Bien sûr que non, au contraire !L’hiverBrrrr… Deux jours que ce putain de chauffage était en panne et j’avais l’impression d’être à Serre-Chevalier. Mais pas en moon-boots et combi fluo à siroter un vin chaud devant un beau montagnard, nan nan ! À poil, la nuit sur une piste verglacée. Sans le montagnard, en plus.Je me roulai dans les deux couettes que j’avais empilées l’une sur l’autre, mais l’air glacial entrait et sortait de ma bouche en refroidissant tout sur son passage. J’avais même ressorti mon vieux pilou, l’ultime tue-l’amour rose que Safia m’avait offert à un Noël de dèche célibataire.— T’aurais pu m’appeler plus tôt quand même, me dit Jérôme en arrivant le lendemain matin.— Bah, je voulais pas déranger les nouveaux tourtereaux en pleine saillie du week-end.— T’es conne !— Pourquoi ? Y’a pas eu de saillie ?— Si ! Mais c’est toute la semaine avec elle !On éclata de rire tandis que je lui tendais un café.— T’avais pas un électricien dans tes plans cul, non plus ?— Nan ! Abruti ! J’ai appelé deux réparateurs, mais quand ils m’ont donné leur tarif de déplacement, j’ai raccroché direct de peur qu’ils me facturent l’appel !Il trifouilla quelques minutes dans mon compteur électrique et sortit de là avec un sourire satisfait.— C’est ton inter-différentiel qui est mort. Je l’ai échangé avec celui du circuit d’éclairage, t’auras du chauffage, mais pas de lumière. Je vais t’en acheter un ce soir, je passerai le changer demain.— T’es un amour.— Ça, c’est vrai, mais trop tard, ma vieille, ta copine l’a vu plus vite !La chaleur revint doucement, et quand le soir fut tombé et une tenue confortable enfilée, j’allumai des bougies un peu partout dans l’appartement. Les lumières et les ombres qu’elles faisaient danser étaient agréables et après un petit dîner, je me posai dans mon lit devant mon ordi et un film. J’avais éteint toutes les bougies, sauf celle sur ma table de nuit, quand je vis une chose assez jolie : l’ombre de la lampe que ma bougie dessinait sur le mur ressemblait presque à une belle femme, un trait de courbes galbées suggestif. Elle ondulait dans une danse désirable. Je coupai le film, et me laissai doucement aller à ma rêverie, l’onde mouvante et légèrement hypnotisante.Ma main descendit d’elle-même dans le petit short que je portais et effleura doucement ma toison. Le drap léger qui me recouvrait se souleva doucement quand j’ouvris mes jambes. La lumière vacillait au gré de l’air ambiant et de la flamme et je ne quittais pas des yeux ces formes aléatoires et sensuelles. J’enfonçai un peu plus ma tête dans l’oreiller quand je perçus les… murmures habituels. J’étais bien, je ne voulais pas les entendre. J’éludai mentalement, retournant à ma contemplation de cette jolie ombre chinoise.J’aurai préféré une forme masculine…Et tandis que mes doigts trouvaient ce qu’ils étaient venus chercher, le plaisir montant lentement d’entre mes jambes, j’aurais alors pu jurer voir l’ombre changer légèrement. Une image… une suggestion d’homme, plutôt.Vraiment ? Oui. Ma main en roue libre tournoyait sur mes lèvres et la montée voluptueuse devait sûrement altérer ma perception… La forme changeait au gré des tressaillements de la bougie, grandissait, jusqu’au plafond, comme si cette idée d’homme venait au-dessus de moi.D’anciennes images traversaient mon esprit… souvenirs d’amants, souvenirs de plaisirs intenses. Au plafond, je reconnus une silhouette aux épaules musclées. Mes yeux me jouaient des tours probablement. L’ombre ondulait, tournant sur elle-même quand j’ouvris un peu plus encore mes cuisses, laissant mes doigts serpenter. J’avais l’impression que les murmures s’intensifiaient, mais les battements de mon cœur que l’excitation faisait pulser dans mes oreilles devaient y être pour quelque chose.Je me laissai entièrement aller, là , sous l’ombre dansante au plafond, ma main s’activant désormais fébrilement dans mon short et presque sans m’interrompre, je le quittai d’un geste en relevant mes jambes à la poitrine et en les laissant retomber tout aussi prestement à leur position initiale, grandes ouvertes, et mes doigts s’enfonçant plus encore dans mes chairs. Le drap retomba un peu plus à mes pieds, l’ombre dansait plus fort, arborant des bras un temps, des jambes à un autre moment, un profil suggestif aussi parfois, dessinant un pénis massif sûrement pour ma seule imagination.Je le voulais pourtant, cet organe ombrageux que mes doigts peinaient à imiter. Mon ventre était en feu, le plaisir intense, les bruits humides amplifiant mon désir, mes soupirs et mes rêveries. Je l’imaginais là , sur moi, sentant ses mains remonter sur ma peau à l’intérieur de mes jambes, des chevilles à l’arrière des genoux, puis le long du galbe de mes cuisses. Je le voulais, le laissant empoigner mes seins sous le fin tissu du petit top. Mes yeux rivés sur l’onde vacillante, je divaguais au gré des sensations intenses qui s’amplifiaient encore, mêlant mon imagination à quelque chose de plus… réel. J’entendais bien les murmures qui me parvenaient plus fort maintenant, presque comme des gémissements rauques, et le délice que ma main m’apportait se mélangeait à des caresses si palpables, si réelles et si impossibles à la fois. Les mains que j’imaginais sur moi m’empoignaient, que ce soit l’intérieur des cuisses, mes reins, mes seins même. L’ombre parut presque se rapprocher de moi, et je me laissai happer par cette illusion, amenant de mes doigts mon désir à son paroxysme jusqu’à ce que je jouisse brutalement, mon corps s’arquant sous le poids d’un orgasme inédit.***J’ouvris les yeux au milieu de la nuit. Le plaisir que j’avais ressenti se rappela à moi quand je me tournai pour voir l’heure sur mon téléphone et que je sentis mes muscles courbaturés. Trois heures du matin, et une belle insomnie en perspective.J’avais dû m’assoupir juste après avoir joui. C’était assez dingue en fait, et la sensation était presque encore présente sur ma peau.L’ambiance bougie et masturbation m’avait réussi, on dirait. Je me levai pour aller boire à la cuisine, la bougie était presque entièrement fondue à son pied et c’est cul nu, en petit top à bretelles et ma lampe de téléphone allumée que j’allai me faire couler un grand verre d’eau.Pas super, niveau sécurité, de s’endormir avec une bougie allumée, ma vieille…Je regardai sur le mur le restant de l’ombre qui peinait à se dessiner encore. J’avais senti en marchant que j’avais mis à rude épreuve mon intimité, ce qui me fit sourire. Oh, ça va quoi, un peu de hard de temps à autre, ça ne peut pas faire de mal. Je descendis le verre d’eau d’un trait, la lumière de la rue m’éclairant à peine. Je remarquai alors sur ma cuisse une marque. J’allumai de nouveau la lampe de mon téléphone, et constatai alors avec stupéfaction qu’à l’intérieur de mes cuisses la peau était imprimée de deux belles empreintes de main.C’est quoi cette histoire ? me demandai-je intérieurement.J’observai assez incrédule les deux traces pourtant bien réelles. Le souvenir des sensations que j’avais imaginées, encore bien présent en moi.Bon, eh bien j’ai dû me faire ça toute seule, essayai-je alors de me convaincre.Quand les murmures revinrent en même temps que j’essayais de comprendre et que je rejoignais ma chambre, l’air autour de moi sembla doucement changer, comme si une fugace chaleur me caressait le cou. Je m’allongeai en éteignant mon téléphone et je sentis le drap me recouvrir. Je ne compris pas, et à vrai dire ce fut presque comme si je ne voulais pas comprendre.Même lorsque je vis le tissu bouger tout seul et glisser sur moi comme si une main invisible me bordait.Le drap épousa mes formes en remontant, la sensation était purement vertigineuse. La bougie peinait à libérer ses dernières forces de clarté, mais quand je sentis à nouveau les mains effleurer mes chevilles et reprendre le même chemin que tout à l’heure, je m’abandonnai à cette incompréhension pour simplement savourer.Je m’ouvris de nouveau, cette fois sans me toucher, et quand j’écartais mes bras et mes jambes, invitant je ne sais quoi, probablement dans mon rêve, je n’eus qu’une envie, c’est que ça ne s’arrête surtout pas.Les mains glissaient sous le drap qui m’enveloppait et frottait ma peau. Elles remontèrent inexorablement jusqu’aux plis de l’aine tandis que le drap semblait étreindre ma poitrine comme deux autres paumes et d’autres doigts qui caressèrent puis pincèrent doucement mes tétons.Oui. Encore !Entre mes cuisses, les mains devenaient plus précises encore, empoignant les chairs et glissant des pouces sur mon sexe encore sensible du rêve précédent. C’était tout bonnement divin. Les deux pouces écartèrent délicatement mes lèvres tandis qu’une bouche m’embrassait et que ma langue était sucée.Oui, fais-le. Plus haut, mes mamelons m’élançaient, irradiant de sensations tactiles. Pincés, malaxés doucement puis plus vite, plus fort.Plus fort.Et quand la langue glissa entre mes lèvres écartées pour atteindre mon clitoris qui se mit à durcir, d’autres bouches engloutirent mes aréoles entières en les aspirant, des langues me lapant de toutes parts, tétons et mamelons, lèvres et bouton, dans un concert sensoriel aussi intense qu’impossible. J’étais léchée, caressée de partout, offerte alanguie à je ne sais quelle rêverie pourtant si réelle. Le drap glissa à mes pieds et je fus offerte aux invisibles délices tandis que mes seins étaient mordillés et pétris ou que mon sexe était dévoré par une bouche avide.Encore. Oui…Mes bras étaient maintenus, et quand mes cuisses furent écartées, je ne voulais plus qu’une chose.Fais-le ! Je fus ouverte encore plus, mes jambes se soulevèrent avant que je ne sente le poids entre elles, lourd et puissant.Oui. Vas-y. Prends-moi ! Je le sentis entrer alors, dur, en même temps que mes mamelons étaient dévorés et mes cuisses maintenues ouvertes, le pieu s’enfonça en moi profondément, puis se mit à aller et venir, me pilonnant aussi délicieusement que j’aimais l’être. Je m’agrippais au drap au fur et à mesure que le sexe entrait et ressortait de plus en plus fort.Encore ! Plus fort ! Défonce-moi ! Je fus d’un coup soulevée et retournée, pantin conscient, mais s’abandonnant entièrement, je me retrouvai sur le ventre et mes jambes furent à nouveau écartées et mon sexe pénétré, mes fesses écrasées rythmiquement par un poids lourd et mes chairs élargies par un sexe épais et déchaîné. Je gémissais sans fin tandis que la queue me défonçait profondément, mes hanches tenues par des mains puissantes, et quand les sensations fulgurantes m’envahirent à leur paroxysme, un orgasme tout aussi foudroyant me terrassa.Mes yeux restèrent fermés un moment, le délice presque palpable sur ma peau et dans mes muscles fourbus.De petits frissons me parcouraient. Et je m’endormis, sans essayer de comprendre.***— T’as une de ces têtes, dis donc ! me lança Safia en rentrant, alors que je lui tenais la porte d’entrée.— Tu vas me dire ça à chaque fois que tu viens, morue ?Elle rit et s’assit au comptoir de ma cuisine.— Ouuuh, toi, t’as pécho hier soir !— Si tu le dis.— Allez, raconte-moi !Mais je ne pouvais pas le lui dire. Je ne voulais pas le lui dire. De toute façon, je n’aurais pas su par où commencer. Et probablement que j’avais dû rêver, ou boire un coup de trop.Si tu le dis, vas-y, essaye de te convaincre toi-même.Elle me parla de je ne sais quoi à vrai dire, tant je ne l’écoutais que d’une oreille. Je n’arrêtais pas d’y repenser. À cette nuit. J’avais envie qu’elle parte et que le soir tombe à nouveau.Et que ça recommence.— Ça m’a fait plaisir de bavarder, mais t’as vraiment l’air crevée, ma belle.— Ça va, j’ai juste mal dormi.— On dirait que t’as fait un gang-bang, sans déconner. Allez, file à la sieste, je te laisse.Et quand elle claqua la porte en sortant, j’étais déjà allongée sur mon lit.— Tu es là  ? demandai-je à haute voix.Qui ne tente rien n’a rien. Mais pas de réponse. Je me mis nue. La lumière du jour éclairait pleinement la chambre à travers les voilages.Si ça se trouve, ça ne se passe que la nuit.Je repensai alors aux sensations extraordinaires que j’avais ressenties. Et l’atmosphère changea. Comme un air chaud autour de moi. J’essayai de regarder partout dans la pièce. Et je vis… comme une légère turbulence, une transparence altérée dans l’air. La caresse se fit sentir sur mes jambes, puis sur mes flancs. Je le voulais. Je le désirais. Et… ça le sentait.Sans les voir, les mains se mirent à me caresser comme la veille. Mais j’en voulais plus. Et tout de suite.Non. Pas comme ça, pensai-je alors.Les caresses se suspendirent instantanément.Lèche-moi, lèche-moi partout.Les langues me touchèrent alors, multiples, dardantes et… trempées. Partout, comme je l’avais demandé. On aurait dit que des dizaines d’hommes ou de femmes affamés avaient jeté leur dévolu sur moi. Ma peau était goûtée, titillée, presque à être avalée tant ces langues me léchaient dans des endroits encore inconnus. Mes seins, ma chatte bien sûr, mais mon cou et mes reins aussi, entre mes fesses, sur et sous mes jambes…Étalée sur le lit, je me laissai ainsi manger, le plaisir multiplié par leur nombre et les sensations phénoménales qu’elles me procuraient. Jamais je n’avais ressenti ça et je m’ouvris encore, encore plus pour les laisser me dévorer. Des décharges électriques me ravageaient sous leurs bouches, écoutant mes pensées, devinant où et comment j’aimais être léchée avant même que moi je ne le sache. L’orgie de plaisir qui m’envahissait était démentielle et ma frénésie sans limites.Baisez-moi, baisez-moi tous.Ma pensée ne dura qu’une seconde, mais quand je sentis leurs sexes me pénétrer, ma faim voulait être rassasiée et je m’abandonnai à ce plaisir extrême. Lentement, ils s’enfoncèrent en moi, loin, profondément plantés, élargissant mes orifices dans un délice de léchage qu’ils n’avaient pas interrompu, tant s’en faut, et les sexes se mirent à aller et venir en moi, mon sexe et mon cul sans distinction, puis ma bouche également. Leur va-et-vient allait crescendo, me pilonnant sans répit dans un rythme parfait.Tout… je veux tout… remplissez-moi, videz-vous en moi.L’orgasme me terrassa à cette seule idée, le goût du sperme explosa dans ma bouche et sous les spasmes de plaisir inouïs je sentis mes entrailles remplies à leur tour. Quand le temps reprit son cours, je m’écroulai, éreintée.Le printemps— Géniaaaal ! Et c’est pour quand ? m’exclamai-je quand Safia et Jérôme m’annoncèrent la nouvelle.— Dans six mois, un bébé d’automne, quoi !Je les embrassai en les serrant fort contre moi.OK, pour ça j’étais passée par-dessus la table du restaurant, mais le serveur était un ex, alors personne ne m’en voudrait.Ça faisait bien deux semaines que je ne les avais pas vus. Et leur bonheur était délicieux à voir.— Mais toi, me demanda Safia, t’es radieuse, qu’est-ce qu’il t’arrive ces derniers temps ?Elle avait déjà remarqué ces derniers mois que j’étais bien, que quelque chose avait changé. Mais comme d’habitude, je ne pouvais pas le lui expliquer. Je ne me l’expliquais pas moi-même.J’avais essayé de comprendre.Est-ce que ça venait de moi ? J’avais fait un check-up complet, rien à signaler, j’étais en parfaite santé, même sous une IRM.Est-ce que ça venait de l’appartement ? Là , pour le coup, j’en avais appris un peu plus. Mais rien de transcendant non plus. L’appart avait eu dix propriétaires en vingt ans, et il était souvent resté vide. Mon agent immobilier avait cru un instant que moi aussi je voulais le vendre. Il fut déçu pour sa commission, je n’en avais aucune envie. La concierge, elle, avait son opinion. L’appartement était hanté et ça avait fait fuir les précédents acquéreurs. C’était probablement elle qui avait raison au final. Et mon enquête s’arrêta là , en fin de compte je me foutais du pourquoi ou bien du comment.J’avais eu une promotion au travail, je gagnais bien ma vie, sans que ça ne soit la folie non plus, et mes amis étaient heureux. Qu’aurais-je pu demander de plus ?Eh bien… quelque chose que personne n’avait, probablement.Un secret, rien qu’à moi : le plaisir.Le plaisir à la demande, sans limites, sans raison, quand je le voulais et comme je le voulais. Le plaisir sans les inconvénients, brut, absolu. Il était là , à ma portée, chaque fois que je le désirais : il me suffisait d’être chez moi.Et quand je quittai les futurs parents, heureuse d’avoir pu les faire se rencontrer sans y être vraiment pour grand-chose, je n’avais qu’une envie : être chez moi, le ou bien les retrouver.Je n’avais qu’à passer ma porte, et souhaiter ce que je voulais. J’avais beaucoup expérimenté le… sujet, ces derniers mois, et les possibilités étaient… infinies.Je pouvais désirer de la douceur, et savourer des préliminaires sans fin, sans fatigue, sous des caresses et des baisers que seule mon imagination saurait limiter. Être léchée longuement, parfois encore assise devant la télé et encore habillée, jusqu’à jouir longuement et de multiples fois si l’envie m’en prenait. Me faire masturber sur ma terrasse, en maillot de bain au soleil et sentir des doigts m’amener vers des plaisirs longs et d’une rare intensité. Être simplement cajolée doucement, un soir où le cafard passe par là sans qu’on sache pourquoi.Je pouvais tout autant choisir un amant, le dessiner presque dans ma tête, et ensuite le laisser me faire l’amour de toutes les manières que j’aimais faire varier. Sentir un sexe vous prendre dans la seconde où vous le souhaitez alors que vous êtes juste accoudée à votre comptoir et prête à partir au boulot est d’une infinie sauvagerie. Tout comme me laisser baiser par un choix miraculeux d’amants aussi bien pourvus qu’infatigables, et les laisser prendre tout ce qui peut être pénétré chez moi jusqu’à ce qu’ils jouissent au diapason de mes désirs et de mes orgasmes.Car oui, la seule chose qui semble persister dans cette improbable et pourtant bien réelle rencontre fantomatique, c’est que mes délicieux, mais pervers spectres sont de joyeux ectoplasmes quand ils en viennent à jouir. Leur sperme a le goût que je souhaite si l’envie m’en prend, mais me régaler de ce gluant et visible reste de leur présence est la seule touche de réalité qui semble perdurer.Je viens de passer la porte de mon immeuble, et comme à chaque fois dans l’ascenseur, une délicate appréhension m’envahit doucement.De quoi vais-je avoir envie ce soir ? Je n’en sais rien. Et cette idée est à elle seule délicieuse.ÉpilogueQuand Safia et Jérôme vinrent rendre visite à Chloé, ils entendirent les gémissements dès qu’ils arrivèrent à la porte. Ils se regardèrent en souriant, devinant très bien que leur amie était en galante compagnie. Ils avaient toujours été blagueurs, et la pudeur entre eux n’était pas vraiment de mise, en général. Alors Safia sortit de son sac les clés de l’appartement de son amie qu’elle gardait au cas où, et Jérôme eut un moment d’hésitation, mais l’idée de surprendre Chloé en pleine bagatelle le fit rire tout autant que sa belle.Safia fit tourner la clé et ouvrit la porte d’entrée, et à tâtons ils s’approchèrent de la chambre restée ouverte sur le salon tandis que les cris de plaisir de leurs amis parvenaient jusqu’à eux plus forts encore.La vision s’offrit à eux dans l’encadrement, ils ne comprirent pas en premier lieu ce qu’ils voyaient.Chloé flottait littéralement dans le vide, suspendue en l’air, à un mètre au-dessus de son lit. Il n’y avait pas de sangles, pas d’attaches, rien.Ses bras et ses jambes étaient écartés, son corps secoué par des soubresauts intenses, sur ses cuisses et ses seins des empreintes semblaient montrer comme des mains invisibles qui l’auraient portée au-dessus du sol. Entre ses cuisses ses orifices s’ouvraient et se refermaient au même rythme que ses gémissements, son sexe béant et son anus ouvert par on ne sait quelle magie. Sa tête penchée en arrière dans le vide montrait des yeux hagards de plaisir et sa bouche grande ouverte, haletante et bavant littéralement sur le côté. Les gémissements qui en sortaient étaient plus des grognements d’extase.Le couple resta figé devant cette scène incompréhensible, effrayante, mais également… excitante.Un air chaud les enveloppa doucement.