Julie a un amant, banal. Son mari Vincent ne le sait pas, normal. MariĂ©s depuis quatre ans, ils sont heureux, bâtissent des projets ensemble, mais la chair est faible et l’amour est aveugle.Les amants ne se voient pas souvent, quelques fois Ă midi au lieu d’aller Ă la cantine, ou certain soir, les amies de Julie servant d’alibi.Discrète, ne voulant pas que son mari puisse se douter, Julie n’a pas donnĂ© son numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone Ă GĂ©rard. GĂ©rard, c’est son amant. Elle Ă©change avec lui sur une boĂ®te Gmail que Vincent ne connaĂ®t pas, elle l’a ouverte pour la circonstance. On n’est jamais trop prudent, la moindre erreur peut ĂŞtre fatale.Afin d’organiser l’anniversaire de son mari avec leurs amis, Julie envoie un message gĂ©nĂ©ral en le mettant en copie, ce n’est pas une surprise pour lui, ils ont choisi la date ensemble. C’est toujours elle qui gère l’intendance de leurs sorties. Pour ne pas avoir Ă lui rappeler cent fois les dates choisies, l’habitude a Ă©tĂ© prise de le mettre en copie. De cette manière, Vincent ne pourra pas oublier ni dire qu’elle ne lui a rien dit. Sage prĂ©caution pour Ă©viter les petits heurts dans le couple.Cette fois, Julie a Ă©tĂ© trop rapide. Elle Ă©crit son invitation depuis sa boĂ®te Gmail, et non de celle habituelle. Elle ne s’en aperçoit qu’au retour des rĂ©ponses de leurs amis qui bien sĂ»r, tout comme Vincent, n’y ont pas fait attention en tapant « rĂ©ponse Ă tous » sans regarder qui est destinataire.Julie est troublĂ©e par cette confusion. Elle rectifie rapidement, en effaçant l’adresse secrète des messages suivants.Ce jour-lĂ , en prenant son cafĂ© au bureau, classant sa boĂ®te de rĂ©ception personnelle, ce qu’il fait rarement, Vincent remarque l’adresse de Julie. Il est Ă©tonnĂ©, mais sur le coup, il ne s’en formalise pas. Peut-ĂŞtre a-t-elle eu un problème de piratage qui l’a forcĂ© Ă ouvrir une nouvelle adresse. Il envisage de lui en parler le soir mĂŞme Ă la maison.Ayant un peu de temps avant la rĂ©union de l’après-midi, sans aucune malice, Vincent se connecte Ă cette adresse comme il le fait de temps Ă autre sur la messagerie de sa femme qui, de peur de les oublier, utilise toujours le mĂŞme mot de passe sur tous ses comptes. D’ailleurs ils n’ont rien Ă se cacher, sa femme connaĂ®t aussi son mot de passe et rĂ©pond parfois Ă sa place, ce qui lui Ă´te bien des tracas.Peu d’échanges, normal puisque l’adresse est rĂ©cente. Vincent retrouve l’invitation Ă son anniversaire, la rĂ©ponse de leurs amis qu’il a dĂ©jĂ reçue. Mais… Une longue sĂ©rie de messages venant du mĂŞme expĂ©diteur attire son attention. IntriguĂ©, Vincent les ouvre instinctivement. Les yeux Ă©carquillĂ©s, en quelques clics, il dĂ©couvre les preuves de l’infidĂ©litĂ© de son Ă©pouse. Aucun doute, la plupart des messages fixent les dates de rendez-vous, qui comme par hasard correspondent Ă des sorties soi-disant entre filles, après-midi shopping, soirĂ©es cinĂ©ma, petits restos.Voulant en savoir plus, il voudrait pouvoir se connecter Ă la boĂ®te de son amant. Après de multiples essais infructueux en tapant des mots de passe courants, alors qu’il est sur le point d’abandonner, il pense que le choix se porte souvent sur ce qu’il y a de plus simple, « Julie », encore ratĂ©. Un dernier pour voir « Julie1 », gagnĂ©, cette fois c’est le bon.Dans la boĂ®te de rĂ©ception, les mĂŞmes Ă©changes de messages que ce qu’il a lu sur le compte de sa femme. Mais avant, il y en a d’autres, Julie n’est pas la première. Il trouve mĂŞme des photos de ces dames, heureusement aucune de sa femme. Pas encore ? Un nĹ“ud se forme au creux de son estomac.Quoi faire ? Un scandale ? PrĂ©venir l’épouse bafouĂ©e ? Non, Vincent prĂ©fère la laisser tranquille. Il ne veut pas qu’elle vive ce que lui vit en ce moment.Pour l’instant, Julie ne sait pas qu’il sait. Il attend son heure. Il se jure de surveiller sa messagerie, afin de connaĂ®tre la date du prochain rendez-vous. Quel mensonge va-t-elle encore inventer ?En prenant sur lui, il fait bonne figure le soir en rentrant, et lors du repas en tĂŞte Ă tĂŞte, alors qu’elle lui raconte sa journĂ©e, il lui arrive mĂŞme de sourire. Mais il la laisse se coucher seule, prĂ©textant vouloir suivre un film Ă la tĂ©lĂ©.Quelques jours plus tard, Julie annonce vouloir aller au cinĂ©ma avec sa copine Patricia qu’elle n’a pas vue depuis le dernier rĂ©veillon. Une soirĂ©e entre filles, comme elles en ont l’habitude. Elles iront Ă la première sĂ©ance du soir, afin de pouvoir aller au restaurant après, et de ne pas rentrer trop tard.Vincent n’est pas naĂŻf. Son premier rĂ©flexe est de vĂ©rifier sur Gmail. Sans surprise, il note le rendez-vous à « La ferme fleurie », une petite auberge Ă la sortie de la ville pour un repas en amoureux, oĂą son amant a rĂ©servĂ© une chambre. Patricia n’est qu’un alibi, comme les sorties entre filles des autres fois. Non contente de le tromper, Julie lui ment effrontĂ©ment. Ce qu’il a pu ĂŞtre crĂ©dule ! Ce n’est pas une petite infidĂ©litĂ© passagère, non, tout est bien organisĂ©, elle sait ce qu’elle fait.En fin d’après-midi, en voyant Julie se prĂ©parer, Vincent se renseigne innocemment :— Quel film avez-vous dĂ©cidĂ© d’aller voir ?— Un vieux film qu’on a vu cent fois, « les tontons flingueurs », tu sais qu’elle est fan. Il repasse dans le petit cinĂ©ma de son quartier.— GĂ©nial ce film ! Et les rĂ©pliques d’Audiard, toujours d’actualitĂ© « Aux quatre coins d’Paris qu’on va le retrouver, Ă©parpillĂ© par petits bouts façon puzzle… » … « Les cons, ça ose tout, c’est mĂŞme à ça qu’on les reconnaĂ®t ». Je ne m’en lasse pas, j’aimerais bien le revoir. Je vous accompagne ?TroublĂ©e, Julie ne remarque pas les allusions de ces rĂ©pliques. Elle rĂ©flĂ©chit, quoi dire pour le dissuader ? Prenant un air enjouĂ©Â :— Mon chĂ©ri tu n’y penses pas, c’est une soirĂ©e entre filles, ce soir on ne s’encombre pas de nos maris, lui dit-elle en posant ses lèvres sur sa joue.Vincent l’admet. Sans la regarder, il prend son tĂ©lĂ©phone sous son regard interrogateur :— Tu appelles qui ?— Thomas, le mari de Patricia, il est seul aussi ce soir. On pourrait aller boire une bière ensemble.Julie blĂŞmit, elle bafouille :— Non, pas avec lui… Qu’est-ce qu’ils vont croire ? Ça donnerait l’impression que vous nous surveillez toutes les deux.— Tu as raison, elle ne le mĂ©rite pas, dit Vincent, un petit sourire aux lèvres que Julie ne remarque pas.— Si tu veux, nous pourrions les inviter un soir Ă dĂ®ner. J’en parlerais Ă Patricia. Dit-elle, en pensant qu’il faudra qu’elle l’appelle demain.— D’accord ma chĂ©rie. Ce soir, je commande une pizza. Je la mangerais devant la tĂ©lĂ©, en t’attendant. Tu ne rentreras pas trop tard ?— Non bien sĂ»r, nous mangerons juste un petit truc après la sĂ©ance. Mais ne m’attends pas, couche-toi, mon chĂ©ri.Vincent n’insiste pas, il prend Julie dans ses bras, et l’embrasse tendrement :— Viens, ma chĂ©rie, nous avons un peu de temps. Patricia peut attendre.— Gros bĂŞte, tu es insatiable, c’est pour ça que je t’aime, dit-elle en se dĂ©gageant.— Alors je t’attends, ne rentre pas trop tard pour ton câlin.— Nous verrons demain matin. Je file, lui dit-elle en l’embrassant.Depuis la fenĂŞtre de leur chambre, Vincent regarde la voiture de sa femme s’éloigner. En se frottant les mains, il s’installe dans son fauteuil prĂ©fĂ©rĂ©, et se saisit de son tĂ©lĂ©phone pour appeler Thomas. Après avoir dissertĂ© de la pluie et du beau temps, il invente une fable. Il est seul, sa femme est sortie avec des collègues pour le boulot, repas d’affaires. Amicalement, il invite ses amis au restaurant :— Nous pourrions aller Ă l’auberge « la ferme fleurie », le coin est sympa et la table excellente. Je rĂ©serve une table et je passe vous prendre.En arrivant, Vincent aperçoit sa femme de loin, attablĂ©e avec un homme qu’il ne connaĂ®t pas. Alors c’est lui. Il a du mal Ă garder son calme. Il s’installe avec ses amis Ă une table, de telle façon que Thomas soit dans l’axe, pour que ce soit lui qui les voit le premier. Le garçon vient prendre leur commande, Vincent n’est pas Ă l’aise, il ne veut rien brusquer, mais aimerait bien que son piège se referme rapidement sur sa traĂ®tresse.Enfin, Thomas levant la tĂŞte, reconnaĂ®t Julie :— Mais, n’est-ce pas Julie lĂ -bas ?Patricia tourne la tĂŞte, voyant son amie, sans rĂ©flĂ©chir, elle se lève d’un bond et se prĂ©cipite vers elle :— Julie, quelle coĂŻncidence !Celle-ci sursaute, elle se sent prise en faute. Que va-t-elle pouvoir dire ?— Patricia, que fais-tu ici ? rĂ©pond-elle gĂŞnĂ©e, son amie ne risque-t-elle pas de se poser des questions.— Nous sommes venus dĂ®ner. Je suis avec Thomas et Vincent que tu as laissĂ© seul ce soir. On a voulu lui tenir compagnie.Julie blĂŞmit en entendant le nom de son mari.RestĂ© Ă la table, innocemment, Thomas demande :— C’est son repas d’affaires ? Qui est avec Julie ?— Elle est avec son amant, lui rĂ©pond Vincent le plus sĂ©rieusement du monde, sans dĂ©tacher ses yeux de sa femme.Thomas sursaute, croyant avoir mal entendu. Constatant le regard fixe de Vincent, il comprend qu’il va y avoir un drame. Il n’a pas le temps de rĂ©agir, Vincent fonce en avant pour rejoindre Patricia Ă cĂ´tĂ© de la table de sa femme et de son amant.—oOo—En deux enjambĂ©es, j’arrive Ă cĂ´tĂ© de leur table. Sans se retourner, Julie sent ma prĂ©sence Ă ses cĂ´tĂ©s. Comme pĂ©trifiĂ©e, tassĂ©e sur sa chaise, j’ai l’impression qu’elle s’est arrĂŞtĂ©e de respirer. Je l’entends faiblement « Oh, mon Dieu ! ».Je l’interpelle d’une voix mielleuse, assez fort pour ĂŞtre entendu de tous :— Bonsoir, ma chĂ©rie, tu ne me prĂ©sentes pas ?L’amant, surpris par notre arrivĂ©e, s’est levĂ© ne sachant pas Ă qui il a affaire. Il me sourit bĂŞtement. Au son de ma voix, la tĂŞte enfoncĂ©e dans les Ă©paules, Julie regarde son assiette sans oser lever les yeux.Enfin, lentement, elle relève la tĂŞte, son regard m’évite, je devine la peur sur son visage. En montrant son amant du menton, elle balbutie :— Gé… GĂ©rard.— Ah ! C’est vous GĂ©rard ?— À qui ai-je l’honneur ? Me dit-il de façon très protocolaire.— Je suis le mari de Julie… C’est donc vous qui baisez rĂ©gulièrement ma femme.— Oh ! s’exclame Julie outrĂ©e.— Mais ma chĂ©rie, si GĂ©raaard a rĂ©servĂ© une chambre ici, c’est bien pour te sauter au dessert, non ?— Chut, pas si fort ! dit-elle en rougissant, espĂ©rant que personne ne l’a entendue depuis les tables voisines.Patricia pousse un petit cri, elle vient enfin de rĂ©aliser la situation. Elle jette un regard au secours Ă son mari qui n’a pas quittĂ© notre table. Nos amis se rendent compte que je me suis servi d’eux pour piĂ©ger ma femme.Avant de s’éloigner, Patricia se penche Ă l’oreille de Julie :— Tu aurais dĂ» me prĂ©venir, ma chĂ©rie.Sortant de sa torpeur, Julie a le courage de parler :— Mon chĂ©ri, laisse-moi t’expliquer.— Oui, explique-moi ce que tu fais ici. Car Ă un moment, j’ai cru que tu Ă©tais venue ici pour coucher avec ce monsieur.— …— Oui, je t’écoute.— Comment te dire, ce n’est pas ce que tu crois.— Mais je ne crois rien, j’attends tes explications.Les mots se perdent dans sa gorge. Elle Ă©clate en sanglots :— Mon chĂ©ri, pardonne-moi.J’ai dĂ» parler trop fort, le maĂ®tre d’hĂ´tel se prĂ©cipite pour calmer le jeu. M’adressant Ă lui toujours aussi fort pour ĂŞtre bien entendu de tous les clients :— Alors, c’est un bordel votre Ă©tablissement ?La salle est silencieuse, plus un bruit, les conversations se sont arrĂŞtĂ©es. Ă€ une table voisine, une femme part prĂ©cipitamment sous le regard embarrassĂ© de l’homme qui l’accompagne.Sans un mot, je leur tourne le dos et fonce vers mon vĂ©hicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle me court après, et me rattrape au moment oĂą j’entre dans ma voiture. Elle frappe Ă la vitre de toutes ses forces :— Laisse-moi monter mon chĂ©ri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.Trop bon, j’attends qu’elle soit assise Ă cĂ´tĂ© de moi pour dĂ©marrer. Je serre les poings, je serre les dents. Julie regarde fixement devant elle, je l’entends murmurer :— Pardon, mon chĂ©ri, pardon.— …— J’ai perdu la tĂŞte… je m’en veux tellement. Mais…— …— Ce soir, j’avais dĂ©cidĂ© de rompre. Je ne voulais plus, j’étais si mal de te mentir. Je t’aime.Nous arrivons chez nous, je n’ai pas prononcĂ© un seul mot, pas un reproche. Seule ma colère peut se lire sur mon visage fermĂ©. Nous nous couchons, je ne la touche pas, elle sanglote doucement.Le lendemain, la curiositĂ© l’emporte. Je m’enferme dans mon bureau pour me connecter Ă sa boĂ®te mail, en vain, elle est bloquĂ©e.J’ai plus de chance avec celle de GĂ©rard. Je dĂ©couvre qu’ils ont Ă©changĂ© plusieurs messages hier avant de se retrouver. Cet Ă©change me rassure un peu :— As-tu parlĂ© Ă ton mari ?— Non, je te l’ai dĂ©jĂ dit cent fois, je ne veux pas qu’il le sache.— Il faut choisir, un mot de toi et je quitte ma femme.— Ne lui dis surtout rien. Tu le sais, j’aime mon mari, je ne veux pas le quitter ni lui faire du mal. Sois raisonnable, je suis bien quand je suis avec toi, ne complique pas les choses. Nous en reparlerons ce soir. Je t’embrasse.Un dernier message a Ă©tĂ© envoyĂ© par Julie ce matin mĂŞme pendant que je dormais :— C’était une folie, j’aime mon mari, je ne veux pas le perdre. N’essaie pas de me revoir. Excuse-moi.Suivent plusieurs messages envoyĂ©s par GĂ©rard Ă Julie avec Ă chaque fois le retour « Undelivered Mail Returned to Sender : User unknown » qui me font comprendre que Julie a supprimĂ© son compte Gmail.Les jours passent, je l’évite. Nous vivons cĂ´te Ă cĂ´te comme des inconnus. Elle n’ose pas me parler, je ne veux rien lui dire. Ma colère est retombĂ©e, l’heure n’est plus aux explications.Est-ce la semaine suivante ? Plus tard ? Comment ça s’est passĂ©, je ne sais plus… nous nous sommes retrouvĂ©s une nuit dans les bras l’un de l’autre. Je m’entends encore lui dire « Je t’aime ».Quelques jours plus tard, nous nous envolons pour Venise, lieu de notre voyage de noces, pour un nouveau dĂ©part. J’ai dĂ©cidĂ© de tout oublier.—-oOo—-Voili, Voilà … c’est beau hein ! L’amour a triomphé…Bon… J’entends dĂ©jĂ les commentaires de certains lecteurs qui trouvent que je trempe trop souvent mon clavier dans l’eau de rose. Une fin trop simple, trop fleur bleue, qui dĂ©gouline de guimauve… Que Julie n’a pas vraiment de remords, qu’elle recommencera. Et le coup de Venise, du voyage de noces, dĂ©jĂ vu cent fois… Alors Patrick, en manque d’inspiration ?Oh là  ! Oh là  ! La critique est facile. Parodiant Cyrano de Bergerac, on aurait pu me dire :« Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…En variant le ton, par exemple, tenez : »—-oOo—-SÉPARATIONSans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son vĂ©hicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment oĂą il entre dans sa voiture. Elle frappe Ă la vitre de toutes ses forces :— Laisse-moi monter mon chĂ©ri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.— Tu devrais plutĂ´t t’occuper de nos amis, les pauvres. Raccompagne-les chez eux, ils doivent dĂ©jĂ se demander comment ils vont pouvoir faire. Ă€ moins que tu ne prĂ©fères profiter de la chambre que GĂ©rard a rĂ©servĂ©e en ton honneur.— Mais non mon chĂ©ri.— Fais ce que tu avais prĂ©vu. Ce soir, pas la peine de rentrer Ă la maison. Demain, tes valises seront prĂŞtes.— Noon, dit-elle d’un ton plaintif.Vincent dĂ©marre, la laissant seule, les bras ballants sur le parking.Julie a dĂ» raccompagner Thomas et Patricia chez eux. Quand elle arrive, Vincent est dans leur chambre, en train de remplir une valise avec ses affaires. Elle n’ose pas entrer, regardant effarĂ©e sa valise sur le lit. Elle s’avance vers lui la tĂŞte basse, fait mine de vouloir se blottir dans ses bras :— Pardon mon chĂ©ri. Ne me rejette pas.— Tu me dĂ©goĂ»tes, je ne pourrais plus jamais te toucher… Alors, il avait bien rĂ©servĂ© une chambre dans cet hĂ´tel. Comme chaque fois, tu avais l’intention de coucher avec lui avant de rentrer chez nous, en te foutant bien de ma gueule.— Mais non mon chĂ©ri.— Pourquoi, il ne voulait pas te sauter ?— Ne sois pas grossier.— Excuse-moi, pas te sauter, non, faire l’amour serait plus juste. C’est par amour que tu l’as retrouvĂ© pour ce dĂ®ner, les yeux dans les yeux, Ă roucouler, avant de le suivre dans sa chambre pour vivre votre passion en oubliant ton mari, après un beau mensonge.— Non, c’est toi que j’aime. Je n’ai aucun sentiment pour lui, juste une histoire de sexe que je regrette.— Donc j’ai bien raison. Ce soir tu l’as retrouvĂ© juste pour te faire sauter.Elle part dans la salle de bain en pleurs. Vincent continue Ă remplir sa valise en vidant ses tiroirs, sa penderie. Elle revient les yeux rouges, sĂ©chant ses larmes d’un revers de main :— Mon chĂ©ri, Ă©coute-moi. Je ne sais pas ce qui m’a pris.— Vous vous voyez souvent ? Depuis quand ?— Depuis quelques mois, mais pas souvent. Il est commercial, il vient de temps en temps ici pour son travail.— Tu l’as connu au bureau ?— Ben oui. Il Ă©tait sympa, il m’a invitĂ© Ă dĂ©jeuner, puis Ă dĂ®ner, je ne me suis pas mĂ©fiĂ©e, et un soir, je l’ai suivi dans cette auberge.— DĂ©jĂ une sĂ©ance de cinĂ©ma avec Patricia.— Oui, dit-elle timidement. Il descend toujours ici. Il y a une semaine, il m’a contactĂ©e, j’ai acceptĂ© cette soirĂ©e pour lui dire de vive voix que c’était fini.— Tu penses que je vais te croire ?— Pourtant, c’est la vĂ©ritĂ©.— En plus, c’est sa boĂ®te qui paye, la chambre, votre dĂ®ner en amoureux… sauf la pute pour la nuit, mais avec toi, c’est gratuit… tout bĂ©nef pour lui.— Tu me traites de… ! Comment peux-tu dire une chose pareille ? J’ai Ă©tĂ© faible. Je m’en veux, dit-elle en s’essuyant les yeux. Mais je n’ai jamais voulu te tromper.— Tu ne voulais pas, mais tu as bien rĂ©ussi. Et ne me dis pas que c’est sur un coup de tĂŞte. Ă€ chaque fois, pour le retrouver, tu as inventĂ© un nouveau mensonge, sans Ă©tats d’âme, Ă ce moment-lĂ je n’existais plus.— À chaque fois, je m’en suis voulu, après.— Oui après… Ça ne t’a pas empĂŞchĂ© de me mentir la fois suivante.— …— Tu oses encore te regarder dans la glace. Tu oses encore vouloir te blottir dans mes bras, vouloir faire l’amour avec moi ? Tu penses Ă l’image que tu donnes de toi maintenant ? L’image que j’ai de la femme qui m’a jurĂ© fidĂ©litĂ©, qui aurait pu ĂŞtre la mère de mes enfants ? Tu Ă©tais tout Ă mes yeux, tu n’es plus rien.— Mon chĂ©ri, pardonne-moi, je te jure que c’est fini, jamais plus.— C’est bien fini oui. Jamais plus avec moi. Va rejoindre ton amant.— Non ! C’est toi mon unique amour. Il m’a sĂ©duite, je ne comprends pas comment ni pourquoi tout ça est arrivĂ©. Je ne l’aime pas. Je te l’ai dit, avec lui, ce n’était que pour le sexe.— Donc, tu as besoin d’un autre homme pour jouir. Dis-le-moi franchement, je ne t’apporte pas le plaisir que tu attends.— Non je ne te reproche rien. C’est moi la fautive.— Je ne te suffis plus ?— …— Hier, en partant, tu avais le feu au cul. Tu m’as repoussĂ© quand j’ai voulu te prendre dans les bras. Tu te rĂ©servais pour ton amant. Que pour le sexe ? Tu avais envie qu’il te tire comme une chienne en chaleur.— Oh ! Tu es vulgaire.— Tu m’aimes pour le confort et la sĂ©curitĂ© que je t’apporte, mais pour le sexe tu vas voir ailleurs. C’est bien ça ?— Non, voyons.— Si je t’ai bien comprise, tu cherchais juste une queue pour te faire jouir ? Il serait content de savoir ça GĂ©rard.— Tu dĂ©formes tout.Le soir, Vincent va se coucher dans la chambre d’amis.Sa dĂ©cision est prise, il consultera un avocat. Le lendemain, c’est lui qui fait sa valise, il part s’installer dans leur petit studio, malgrĂ© les supplications de Julie qui essaie de le retenir.Pendant des mois, ils ne se voient plus. Ils ne se parlent que par l’intermĂ©diaire de leurs avocats.Un an après, le divorce est prononcĂ© pour incompatibilitĂ© d’humeur. Vincent n’a pas voulu accabler Julie, un reste de tendresse.Julie n’a jamais revu GĂ©rard, elle ne l’aime pas. Tous les soirs, elle regrette sa faiblesse, elle a perdu l’amour de sa vie pour une aventure sans importance… sans importance pour elle.—oOo—VENGEANCESans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son vĂ©hicule, bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment oĂą il entre dans sa voiture. Elle frappe Ă la vitre de toutes ses forces :— Laisse-moi monter mon chĂ©ri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.Il n’a pas le temps de lui rĂ©pondre. GĂ©rard, chevaleresque, ne veut pas abandonner sa maĂ®tresse, il l’a suivi, et veut se mĂŞler de la conversation.Vincent se penche, ouvre la boĂ®te Ă gants et prend le pistolet qui s’y trouve (Ben oui, il y en a un, sinon foutue mon histoire Pfft !). Sa main ne tremble pas, il pointe son arme sur GĂ©rard et tire deux balles coup sur coup. Sans aucune Ă©motion, il regarde l’amant de sa femme s’écrouler comme une masse sur la chaussĂ©e.Les yeux exorbitĂ©s, Julie pousse un cri strident alertant tout le restaurant. Le personnel et les clients sortent et s’élancent vers le parking.En larmes, Julie arrache le pistolet des mains de son mari, s’agenouille, retourne l’arme contre son cĹ“ur et tire Ă bout portant. Son corps tombe Ă cĂ´tĂ© du corps sans vie de son amant. Une flaque de sang se rĂ©pand sur la chaussĂ©e.Vincent se rend compte de ce qu’il a fait, de sa folie. En voulant se venger, il vient de perdre l’amour de sa vie. Fou de douleur, il s’empare du revolver encore chaud et demandant pardon Ă Julie, il appuie le canon sur sa tempe. Avant de tirer, il s’exclame de façon théâtrale « Adieu mon amour ! » …« Oh là  ! Ce n’est pas un peu trop…Un vrai mĂ©lo, cette vengeance. Dans le drame, on pouvait faire plus… ou faire moins… Mais lĂ , t’y vas un peu fort ! ».—oOo—SÉPARATION (Version 2)Sans un mot, je leur tourne le dos et fonce vers mon vĂ©hicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle me court après, et me rattrape au moment oĂą j’entre dans ma voiture. Elle frappe Ă ma vitre de toutes ses forces :— Attends, je vais tout t’expliquer.Je baisse la vitre, prĂŞt Ă dĂ©marrer :— Monte, nous en discuterons Ă la maison.— Non.— Quoi ?— Non. Je reste avec GĂ©rard.— Comment ça, tu restes avec GĂ©rard ?— Il y a longtemps que je voulais t’en parler. Ça ne va plus entre nous depuis plusieurs mois, admets-le. J’ai rencontrĂ© GĂ©rard, nous nous aimons, j’ai dĂ©cidĂ© de refaire ma vie avec lui.— Tu ne peux pas me quitter comme ça, sans en discuter. Monte.— Je devrais te remercier, je ne savais pas comment te le dire. Tu m’as facilitĂ© la tâche.— Mais… On pourrait…— Non, on ne pourrait rien… Au lieu d’en discuter calmement, tu t’es servi de nos amis pour me surprendre. Au restaurant, tu m’as fait honte.— J’avais peur de te perdre, je t’aime.— Ne rends pas les choses plus difficiles, ma dĂ©cision est prise… Je passerais demain prendre mes affaires… Adieu, Vincent.Me laissant sans voix, elle retourne dans le restaurant rejoindre son amant, sous les yeux incrĂ©dules de Patricia et de Thomas.De rage, je suis parti très vite, une boule au ventre. J’ai oubliĂ© mes amis, je ne saurais jamais comment ils sont rentrĂ©s chez eux.Impossible d’admettre que tout soit fini entre nous, pendant des mois, j’essaie de la revoir, lui parler pour qu’elle revienne sur sa dĂ©cision. Elle refuse de me voir, pour elle tout a Ă©tĂ© dit. Elle a pris un avocat, j’ai Ă©galement dĂ» en prendre un.Par Thomas, j’ai appris qu’elle s’est installĂ©e rapidement chez GĂ©rard qui avait quittĂ© sa femme.Un an après, notre divorce est prononcĂ© pour incompatibilitĂ© d’humeur. Inutile de se dĂ©chirer pour rien, je n’ai pas voulu l’accabler. Ă€ quoi bon ? Je ne lui veux aucun mal, un reste de tendresse.Tous les soirs, seul devant son poste de tĂ©lĂ©vision, Vincent regrette celle qu’il a perdue, l’amour de sa vie.—oOo—DRAMATIQUESans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son vĂ©hicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment oĂą il entre dans sa voiture. Elle frappe Ă la vitre de toutes ses forces :— Laisse-moi monter mon chĂ©ri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.Elle fait le tour du vĂ©hicule, ouvre la porte et s’assied Ă cĂ´tĂ© de Vincent. TassĂ©e sur son siège, elle n’ose affronter son regard.Julie voudrait s’expliquer, dire quelque chose, un gros mensonge ou la vĂ©ritĂ©, enfin quelque chose pour sauver ce qu’il reste Ă sauver. Mais Vincent est trop en colère pour Ă©couter quoi que ce soit. Les yeux rivĂ©s sur la route, il serre les dents sans prononcer un seul mot. L’explication, ce sera pour plus tard, Ă la maison.— Mon chĂ©ri tu me pardonnes ? C’est la première fois, ce sera la dernière, je te le jure… Ralentis, tu roules trop vite.Vincent ne dit rien, cramponnĂ© sur le volant, il fonce dans la nuit. Julie aimerait au moins un mot, qu’il l’engueule, mais pas ce silence :— Dis quelque chose… dis-moi que je suis une salope… Attention, va un peu moins vite.— …— Je t’aime, je ne veux pas te perdre… Ralentis, voyons… Dis-moi que tu m’aimes, que tu ne m’en veux pas.Un virage, la vitesse est trop Ă©levĂ©e.Vincent appuie sur le frein d’un coup de pied rageur. La voiture se bloque une fraction de seconde, bondit et repart dans sa course folle.Le virage… Un coup de volant un peu brusque, Vincent appuie brutalement une seconde fois sur le frein. Comme si elle heurtait un obstacle invisible, la voiture s’envole, retombe sur le cĂ´tĂ©, roule sur elle-mĂŞme et s’arrĂŞte après trois tonneaux.Sur le siège avant, deux corps sans vie enlacĂ©s dans les bras l’un de l’autre, le visage en sang. Dans la prĂ©cipitation, ni Julie ni Vincent n’avaient bouclĂ© leur ceinture de sĂ©curitĂ©. Ensemble, ils ont Ă©tĂ© projetĂ©s violemment sur le pare-brise.Les premiers tĂ©moins arrivĂ©s sur les lieux remarquent que le conducteur entoure la femme de son bras, et que celle-ci, la tĂŞte dans le creux de son Ă©paule, lui serre la main, comme s’ils avaient voulu mutuellement se protĂ©ger.—oOo—CANDAULISMESans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son vĂ©hicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment oĂą il entre dans sa voiture. Elle frappe Ă la vitre de toutes ses forces :— Laisse-moi monter mon chĂ©ri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.Vincent attend que Julie se soit installĂ©e Ă cĂ´tĂ© de lui pour dĂ©marrer. Durant tout le trajet, elle reste silencieuse, ne sachant pas comment Vincent va rĂ©agir.Lui ne veut pas lui faire de reproche, il ne peut pas. Il rĂŞve, depuis tellement longtemps, de la voir faire l’amour avec un autre homme. Il lui en avait parlĂ© plusieurs fois, c’est elle qui n’a jamais voulu. Alors pourquoi cet amant ?Tout en conduisant, des images de Julie avec GĂ©rard lui passent par la tĂŞte. Il bande, excitĂ© d’imaginer sa femme nue dans les bras de ce type, de les voir s’embrasser, se caresser, savoir qu’elle a joui avec lui :— Qu’est-ce qui t’a pris ma chĂ©rie, pourquoi ces cachotteries ? Tu connaissais mon fantasme.— J’ai voulu essayer seule avant de t’en parler. Une fois, deux fois… l’habitude Ă©tait prise. Je ne savais plus comment te le dire. J’ai trop hĂ©sitĂ©, mais c’est vrai j’aurais dĂ». J’avais peur de ta rĂ©action. Tu m’en veux ?— Non bien sĂ»r. Tu sais que ça m’excite de te savoir avec lui, de savoir qu’il t’a fait jouir, que tu as aimĂ© le sucer. Mais j’aurais aimĂ© te regarder faire.— Pardonne-moi, lui dit-elle en lui massant la bosse sur son pantalon.Ă€ peine le temps d’arriver, Vincent bascule Julie sur leur lit, et remplace avantageusement GĂ©rard. La maison rĂ©sonne du cri strident que pousse Julie alors que son mari se rĂ©pand en elle.La vie a repris son cours. Ne voulant pas culpabiliser son Ă©pouse, Vincent n’a plus jamais Ă©voquĂ© cette soirĂ©e. Mais, il y pense souvent et se branle en les imaginant.Julie n’a plus revu GĂ©rard, pour elle, les mensonges sont finis. Elle est reconnaissante Ă Vincent qui lui prouve son amour tous les soirs avec vigueur.Dans les jours qui ont suivi, elle a dĂ» supporter les questions de son amie Patricia. Ses rĂ©ponses sont restĂ©es vagues, ce n’est pas Ă elle qu’elle fera des confidences.Voulant lui montrer qu’il lui a pardonnĂ© ce petit Ă©cart, Vincent a prĂ©parĂ© un dĂ®ner en amoureux pour son anniversaire, un traiteur a Ă©tĂ© mis Ă contribution. Au dessert, il Ă©teint les lumières du salon et revient de la cuisine avec un gros gâteau dĂ©corĂ© de 32 bougies. Julie est heureuse, son mari est prĂ©venant, plus amoureux que jamais. En rentrant du bureau aujourd’hui, elle ne se doutait pas vivre cet instant magique qu’il lui offre, la nuit sera chaude.Alors qu’elle souffle les bougies et que Vincent entonne « Joyeux anniversaire », la sonnette de l’entrĂ©e retentit. Qui peut bien venir les dĂ©ranger Ă cette heure ?Vincent va ouvrir et revient avec GĂ©rard le sourire aux lèvres, un gros bouquet Ă la main. Manifestement, il est heureux de revoir Julie.Ă€ peine remise de sa surprise, Julie prend machinalement les fleurs qu’il lui tend :Très dĂ©contractĂ©, sans quitter son sourire de circonstance, GĂ©rard se penche et l’embrasse sur les deux joues :— Bonjour Julie. Bon anniversaire.Un peu perdue par cette arrivĂ©e soudaine, Julie regarde son mari, interrogative :— J’espère que tu apprĂ©cies ton cadeau ?Elle n’a pas le temps de rĂ©pondre, GĂ©rard la prend dans ses bras et pose ses lèvres sur les siennes sous le regard Ă©merveillĂ© de Vincent.Pas besoin de grandes explications, Julie a compris, ravie de revoir GĂ©rard Ă qui elle pense encore souvent. Sans rĂ©flĂ©chir, elle accepte le cadeau de son mari, en pensant que le cadeau sera aussi pour lui :Julie s’assied entre les deux hommes. GĂ©rard lui caresse le bras, se penche et l’embrasse du bout des lèvres, puis Ă pleine bouche, tandis que Vincent remplit les verres et les invite Ă trinquer tous ensemble.Ă€ la santĂ© de chacun ! Tout en fixant Vincent, GĂ©rard commence Ă peloter Julie, une main sur un sein, l’autre sur sa cuisse. Vincent les regarde, enchantĂ© de pouvoir enfin rĂ©aliser son fantasme.Voulant lui faire plaisir, Julie se penche et lui murmure Ă l’oreille :— DĂ©shabille-moi, mon chĂ©ri.Vincent ne se le fait pas dire deux fois. FĂ©brile, il tremble en ouvrant le chemisier de sa femme. Il la fait se lever, dĂ©fait son soutien-gorge, sa jupe, descend sa culotte face Ă GĂ©rard qui ne perd rien du spectacle. Entièrement nue, il pose dĂ©licatement ses lèvres sur les siennes, et l’invite Ă rejoindre son amant qui l’accueille sur le canapĂ©. Lui s’assied dans un fauteuil face Ă eux :— Bon anniversaire ma chĂ©rie.Sans plus se soucier de lui, GĂ©rard et Julie retrouvent les gestes qu’ils croyaient avoir oubliĂ©s. Il lui caresse les seins en l’embrassant, elle le masse entre les jambes. Se redressant, elle dĂ©fait sa ceinture, ouvre son pantalon pour en extraire un sexe dĂ©jĂ bien tendu. GĂ©rard s’appuie au dossier du canapĂ©, ferme les yeux et laisse Julie le branler lentement, comme elle en a l’habitude. Vincent est fascinĂ©, sa femme va vibrer sous les caresses d’un autre homme, il va la voir jouir avec lui.Leurs regards se croisent, Julie lui sourit. Sans le quitter des yeux, elle prend la queue de GĂ©rard dans sa bouche pour une fellation dont Vincent croyait avoir l’exclusivitĂ©. Immobile, il ressent ce que GĂ©rard doit ressentir.Julie se souvient, son corps se souvient. Elle a envie de retrouver l’intimitĂ© qu’elle a connue avec GĂ©rard quand ils Ă©taient amants. Elle le prend par la main et l’entraĂ®ne dans leur chambre.Voyant Vincent faire mine de les suivre, avec un grand sourire, elle lui envoie un baiser :— Attends-moi lĂ , mon chĂ©ri.ObĂ©issant, Vincent regarde sa femme fermer la porte derrière eux. Ce n’est plus un fantasme. Fixant la porte close, il les voit nus sur leur lit, sur le lit conjugal, il voit sa femme embrasser amoureusement GĂ©rard, il voit GĂ©rard la renverser, lui Ă©carter les jambes, la pĂ©nĂ©trer pour jouir en elle. Il ferme les yeux pour mieux goĂ»ter cet instant, qu’il espĂ©rait, qu’il redoutait un peu.Un cri, celui du bonheur que GĂ©rard vient d’apporter Ă Julie, le sort de sa torpeur.Et puis plus rien… le silence.Quand il entend l’eau de la douche couler, il devine Julie se lavant de la jouissance de son amant.Que fait GĂ©rard, oĂą est-il ? Un nouveau cri de Julie rĂ©pond Ă sa question, il est avec elle.Vincent rĂ©alise qu’il a sa queue raide dans la main, il ne se souvient pas du moment oĂą il a ouvert son pantalon. En rĂŞvant, il a dĂ» la sortir inconsciemment pour se branler en entendant les soupirs de sa femme. Son bonheur est complet, il sourit, pensant Ă la nouvelle vie qui s’ouvre devant eux :— Tiens, il faudra que je demande Ă GĂ©rard s’il est mariĂ©.—oOo—ÉPILOGUEJulie est dans la cuisine, elle prĂ©pare le petit dĂ©jeuner. Vincent dort encore. C’est pourtant lui qui nous raconte la fin de cette histoire.L’odeur du cafĂ© et du pain grillĂ© me chatouille allègrement les narines, j’ouvre un Ĺ“il. AĂŻe, ma tĂŞte ! Quelle soirĂ©e ! j’ai un peu abusĂ© de la bouteille, nous avions invitĂ© nos amis à « La ferme fleurie », une petite auberge Ă la sortie de la ville.Comment sommes-nous rentrĂ©s ? Je ne me souviens plus.J’ai beau avoir un mal au crâne carabinĂ©, je bande, normal le matin. Pourquoi ces mots se bousculent en boucle dans ma tĂŞte « C’est un roc !… C’est un pic !… C’est un cap ! … », d’oĂą je sors tout ça ?Essayant de reprendre mes esprits, je n’ai pas fait attention Ă Julie qui vient d’entrer dans notre chambre :— Tu es rĂ©veillĂ© mon chĂ©ri.— Humm ! dis-je la bouche pâteuse. Ma tĂŞte est prĂŞte Ă exploser.— Pas Ă©tonnant avec ce que tu as bu hier soir. Boire autant, ce n’est plus de ton âge, enfin je te pardonne, pour ton anniversaire.— …— Dis donc, tu as eu une nuit sacrĂ©ment agitĂ©e. Tu donnais des coups de pied, tu grognais, je ne comprenais rien Ă ce que tu racontais.— Je ne sais pas, aucun souvenir, peut-ĂŞtre un rĂŞve, ou un cauchemar, lui dis-je alors qu’un peu mal Ă l’aise, des images me reviennent en mĂ©moire.Julie se penche, elle m’embrasse sur la joue en riant :— T’as un an de plus mon vieux, fallait pas jouer les petits jeunes… Viens prendre un bon cafĂ©, après ça ira mieux.— J’arrive.— Il faut aussi que tu rappelles Thomas.— Pourquoi ?— Tu n’étais pas en Ă©tat et moi je n’aime pas conduire la nuit. Avec Patricia et son ami GĂ©rard, ils nous ont raccompagnĂ©s hier soir. Ils m’ont mĂŞme aidĂ©e Ă te coucher, je n’aurais jamais pu te porter seule. Tu ne te souviens plus ?— Pas vraiment non.— Il faudra d’ailleurs que l’on retourne chercher notre voiture, je l’ai laissĂ© sur le parking.— Humm ! Oui, oui, plus tard.— Et ce matin, mon chĂ©ri, tu pourrais dĂ©bloquer ma boĂ®te mail ? Je t’en ai parlĂ© hier, je n’arrive plus Ă lire mes messages.