RĂ©sumĂ© de l’épisode prĂ©cĂ©dent : La fille du Grand Amiral de Canfre, Antoine de Chabannes, comte de Villerutay, mademoiselle Claire de Villerutay, amoureuse et amante du vice-amiral Charles comte de Sombreuil, accueille, en la demeure de campagne de son père, quatre officiers de marine faisant partie d’une ambassade de la Ligue maritime du Nord. Elle leur accorde ses faveurs (voir Ă©pisode 21) Ă l’origine pour leur soutirer des renseignements, mais son tempĂ©rament lui fait bientĂ´t oublier ce but. Après s’être fait surprendre par son amant de cĹ“ur. Elle est, un moment, dĂ©sespĂ©rĂ©e, mais sur les conseils de sa camĂ©riste Perrine elle retourne auprès des quatre hommes pour reprendre leurs grivoises occupations malencontreusement interrompues. Elle est de nouveau en pleine action quand de nouveau la porte du salon oĂą a lieu la joute s’ouvre.En fin de rĂ©cit, vous trouverez pour les mots dont l’usage s’est perdu (ils sont suivis d’un astĂ©risque) un Ă©quivalent en français moderneVous y trouverez aussi les liens vers tous les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents.Mademoiselle de Villerutay est entre Frantz von Wallendorff qui la baise et son cousin Hans von Wallendorff qui l’encule tandis qu’elle Ĺ“uvre de la langue et des lèvres sur les queues de Maximilian von Spee et de Max von der Goltz lorsque la porte s’ouvre. Trop accaparĂ©s par leurs exercices gĂ©nĂ©siques, les cinq protagonistes n’ont point prĂŞtĂ© attention au bruit de chevaux arrivant, pas plus que Perrine trop occupĂ©e Ă mater.Aussi, quand une voix lance « Bonjour ma… » avant de s’arrĂŞter de saisissement au milieu de ses salutations. N’eĂ»t-elle Ă©tĂ© prise entre ses deux partenaires, Claire aurait fait un bond de deux pieds. Le comte, son père, ferme prestement la porte après avoir ordonnĂ©Â :— Messieurs, allez aux cuisines vous rafraĂ®chir.Claire et ses galants sont pris de frĂ©nĂ©sie, chacun essayant de se vĂŞtir au plus vite. L’amiral regarde la scène impassible. Quand tous ont retrouvĂ© une tenue Ă peu près dĂ©cente :— Messieurs. Je ne vous retiens pas.Les quatre hommes s’empressent de filer. Il regarde sa fille qui tente :— Je puis vous expliquer, c’est…— Vous pensez que j’ai besoin d’explications !— Je voulais leur soutirer des renseignements.— J’ai pu constater effectivement que vous Ă©tiez en pleine discussion sur les armements et l’attitude de la Ligue vis-Ă -vis de la guerre. Ma fille, vous me prenez pour un demeurĂ©.— Je vous assure…— Il suffit. Non seulement vous ĂŞtes une gourgandine, mais en plus une menteuse. Votre mère doit se retourner dans sa tombe. Dieu merci, demain ces individus partiront. Je leur ferais comprendre qu’il n’est pas de leur intĂ©rĂŞt de se montrer bavard. Il faut Ă©viter que tout cela ne s’ébruite et que notre nom ne soit associĂ© Ă un scandale. Qui est au courant ? Perrine bien sĂ»r, mais qui d’autre ?Claire garde le silence.— Je vois, tu Ă©tais trop occupĂ©e pour t’en inquiĂ©ter. Perrine approche. Cette dernière jette un regard dĂ©sespĂ©rĂ© Ă sa maĂ®tresse, mais est contrainte de narrer l’arrivĂ©e du vice-amiral et comment Mademoiselle avait essayĂ© de le retenir devant le père Duperche Ă©baubi.— Bon, il n’y a pas d’inquiĂ©tudes Ă avoir du cĂ´tĂ© de Monsieur de Sombreuil. C’est un gentilhomme et il n’y en a pas plus avec Duperche. Allez prĂ©parer vos affaires, nous partons sur l’heure. Je vais donner des ordres pour que les officiers qui m’accompagnent poursuivent leur chemin jusqu’à l’HĂ´tel de la Marine et annoncent mon arrivĂ©e prochaine. Allez, hâtez-vous, il ne faut point tarder. Perrine, aidez-la, nous irons Ă cheval.Sans laisser Ă sa fille le temps de rĂ©pondre, il tourne les talons et s’en va Ă grands pas rageurs. Dix minutes plus tard, Claire entend les hommes de son père reprendre la route. Elle est effondrĂ©e. Charles d’abord et son père ensuite. Elle s’attendait Ă ce que ce dernier crie, tempĂŞte, la gifle mĂŞme, car elle le sait colĂ©rique. Or, s’il a parlĂ© sèchement, il est restĂ© calme. Cela la surprend et l’inquiète.Les officiers de la Ligue s’éclipsent rapidement, sans demander leur reste. Ils passeront leur dernière nuit Ă l’auberge. L’amiral et sa fille partent peu après accompagnĂ©s de deux hommes seulement. En leur prĂ©sence, Claire n’ose entreprendre son père sur ses projets. Le comte mène grand train. Les pauses sont courtes, juste le temps de changer de chevaux et de manger un morceau. Profitant de la pleine lune, ils poursuivent leur route de nuit. Ils sont fourbus quand ils s’arrĂŞtent enfin après vingt-quatre heures de chevauchĂ©e. La jeune femme est si Ă©puisĂ©e qu’elle a du mal Ă garder les yeux ouverts. Il faut bien avouer qu’en plus de la cavalcade, elle avait beaucoup donnĂ© de sa personne en chambre, sans compter les Ă©motions suscitĂ©es par l’irruption de Charles puis de son père. Elle descend de cheval avec peine. L’amiral frappe Ă une porte, un judas s’ouvre, il dit quelques mots. La porte s’ouvre. Il pousse sa fille Ă l’intĂ©rieur. Le bruit de porte qui se ferme la ramène Ă la rĂ©alitĂ©. Elle regarde autour d’elle effarĂ©e. Elle demande :— Pourquoi est-on ici ?Sans rĂ©pondre, son père la prend par le bras et l’entraĂ®ne. Ils entrent dans une pièce.— Le bonjour, ma sĹ“ur.— Le bonjour, mon frère, le bonjour, ma nièce. Que me vaut le plaisir de votre visite ? Ce doit ĂŞtre important, rĂ©pond-elle en voyant la poussière couvrant les arrivants et leur air Ă©puisĂ©.Le comte narre brièvement ce qu’il a dĂ©couvert en arrivant au château et conclut :— Je voudrais que tu accueilles Claire quelque temps.— Bien sĂ»r, Antoine. Un petit sĂ©jour ici lui fera du bien.— Non. Je vous en prie, père, laissez-moi retourner avec vous. Je vous promets que cela ne se reproduira pas, c’était pour…— Il suffit, arrĂŞte tes sornettes.— Je vous en supplie…— Inutile, ma dĂ©cision est prise. Le couvent est ce qui te convient le mieux prĂ©sentement. Le repos, la mĂ©ditation, la prière, loin de l’agitation de la capitale ou de Ressaville, t’aideront Ă rĂ©flĂ©chir avant d’agir, Ă maĂ®triser tes Ă©lans, Ă mieux comprendre tes devoirs. Et d’ajouter in petto, et l’absence de tentation calmera tes ardeurs.— Tu peux compter sur moi, Antoine.L’amiral salue brièvement sa sĹ“ur et sa fille, complètement abattue, et tourne les talons, laissant sa fille aux bons soins de sa tante, mère supĂ©rieure d’un convent de carmĂ©lites rĂ©formĂ©es. Claire essaie de rattraper son père, mais est retenue par sa tante, Mère Marie de la Sainte Conception. Elle tente de se dĂ©gager, mais la supĂ©rieure fait montre d’une poigne qu’elle ne soupçonnait pas. Cette dernière appelle. Trois religieuses arrivent. Elle demande que Claire soit emmenĂ©e se laver. Tandis que deux des sĹ“urs l’accompagnent, la troisième, Françoise du SacrĂ©-CĹ“ur, est retenue, il lui est demandĂ©, de trouver un lit pour Claire, non une chambre pour les hĂ´tes, mais dans le dortoir, de lui changer ses vĂŞtements du siècle contre ceux d’une novice et de la chaperonner.Claire se demande combien de temps son père Ă l’intention de la lasser moisir dans ce couvent. Il l’adore, son bannissement ne devrait pas durer trop longtemps. Après un bain qui la dĂ©tend, elle s’enveloppe dans une serviette et va chercher les vĂŞtements que Perrine a prĂ©parĂ©s. Elle ne les trouve pas. Elle s’en enquiert auprès d’une des sĹ“urs qui l’a conduite Ă la cuve de bain et qu’elle a appris se sommer sĹ“ur Agnès de la Croix. Icelle lui annonce que la mère supĂ©rieure a gardĂ© par-devers elle ses habits pour lui accorder celui des novices, car elle n’a pas voulu qu’elle se distingue des autres occupantes du dortoir. Claire ne l’entend nullement ainsi ni pour le dortoir ni pour l’habit. C’est simplement enveloppĂ©e d’un drap qu’elle se prĂ©cipite chez sa tante. Icelle lui rĂ©pète ce que lui avait dit sĹ“ur Agnès et poursuit :— Vous ne pouvez ĂŞtre logĂ©e Ă l’hostellerie, qui n’est prĂ©vue que pour de courtes visites. Comme votre sĂ©jour cĂ©ans n’est pas de cette nature, il ne serait pas normal que vous jouissiez de privilèges vis-Ă -vis des autres membres de la communautĂ©.— Je ne fais pas partie de cette communautĂ©.— De facto si. Donc vous vous plierez Ă ses règles.— Je refuse. Je ne suis pas religieuse.— Certes non, toutes ici ne le sont pas non plus et toutes acceptent.— Jamais je ne mettrais votre habit de nonne.— Si vous prĂ©fĂ©rez demeurer enveloppĂ©e de votre drap, je vous l’accorde. Maintenant, d’autres tâches plus importantes requièrent mon attention.Sur ces paroles, la mère supĂ©rieure pousse fermement sa nièce hors de son bureau. Claire se retrouve dans le couloir oĂą l’attend sĹ“ur Agnès avec les vĂŞtements de novice. Elle refuse de les porter et reste enveloppĂ©e du drap. MalgrĂ© cela, elle est entraĂ®nĂ©e pour l’office de sexte. Comme sĹ“ur Marie-CĂ©line de la PrĂ©sentation lui susurre Ă l’oreille de bien s’y tenir, si elle ne veut pas jeĂ»ner, elle s’abstient de tout esclandre, car la chevauchĂ©e l’a affamĂ©e. Elle est le point de mire de toutes les religieuses et leurs hĂ´tes. Elle n’en a cure. Ce qu’elle veut, c’est partir. Pendant deux jours, elle reste dans son drap, avant de capituler et de prendre l’habit. Elle s’est rendu compte que cette attitude la desservait. Tout le monde l’observe. Il y a toujours une religieuse avec elle. Elle va donc rentrer dans le rang. Suivre tous les offices sans broncher… et ils sont nombreux : vigiles, laudes, primes, tierce, sexte, none, vĂŞpres, complies. Sept par jour, elle se demande comment font celles qui supportent cela depuis des annĂ©es. En plus, elles ont l’air heureuses. Quand elle demande pourquoi autant, il lui est rĂ©pondu que dans le Psaume 119-164 il est dit « Sept fois par jour, je chante tes louanges » et que c’est ce que recommande Saint-BenoĂ®t. MĂŞme si elle n’est pas très convaincue par autant de prières, elle reconnaĂ®t que cela est apaisant. Sa nouvelle attitude lui permet de ne plus attirer tous les regards.Après quelque temps, Claire s’est rendu compte qu’au moins une des trois sĹ“urs, Agnès de la Croix, Françoise du SacrĂ©-CĹ“ur ou Marie-CĂ©line de la PrĂ©sentation, se trouvait toujours non loin d’elle. Elle essaie de s’attirer les bonnes grâces de chacune, en se mettant Ă discuter avec elles en privĂ©e quand l’occasion se prĂ©sente. Elle tâche de se montrer vulnĂ©rable et fragile, de se laisser aller sur leur Ă©paule, ce qui lui permet quelques effleurements discrets, parfois un peu appuyĂ©s, mais en prenant soin Ă ce que cela puisse paraĂ®tre guère plus qu’un hasard. Las, aucune ne se montre sensible Ă ses avances ni ne se permet en retour des gestes consolateurs. Au contraire, deux d’entre elles la repoussent certes avec dĂ©licatesse, mais fermement. Seule la troisième, Agnès de la Croix, lui donne quelques tapes sur l’épaule ou lui passe le revers de la main d’un geste apaisant. Elle dĂ©cide d’essayer d’aller plus loin… Et Ă la grâce de Dieu. Ses tentatives ne vont guère loin. Dès qu’elle laisse traĂ®ner un peu sa main sur la poitrine de la sĹ“ur, icelle fait un bond en arrière, l’air mĂ©fiant. Claire s’empresse de s’excuser de sa maladresse. Elle ne tentera rien d’autre. Elle regrette, car elle trouve sĹ“ur Agnès fort sĂ©duisante et aurait volontiers partagĂ© un peu d’intimitĂ© avec elle. Elle se serait sans problèmes adonnĂ©e aux joies de Lesbos, ce qui, pense-t-elle, ne doit pas ĂŞtre dĂ©sagrĂ©able non plus. De toute manière, cela aurait mieux valu que rien du tout, car ici, point d’homme, et quant Ă se caresser : très difficile dans un dortoir oĂą il n’y a pas d’intimitĂ© et oĂą le moindre geste peut ĂŞtre surpris.Claire fait profil bas et ne donne aucun souci aux sĹ“urs, ni surtout Ă sa tante. Elle se conforme Ă la règle et cesse tout ce qui peut ressembler Ă de l’insoumission. Elle pense qu’ainsi elle abrĂ©gera son sĂ©jour au couvent. HĂ©las, un jour qu’elle vient rendre visite Ă sa tante, elle tombe sur une lettre de son père oĂą celui-ci fait part Ă sa sĹ“ur qu’il n’a pas l’intention de la laisser sortir dans un avenir proche et qu’il verrait mĂŞme d’un bon Ĺ“il qu’elle prenne le voile. Elle est effondrĂ©e. Elle ne se voit pas, mais vraiment pas, passer sa vie en ces murs, ni mĂŞme des annĂ©es. Elle n’a plus qu’une idĂ©e : s’enfuir.Elle ne veut point partir sans bagage ni fonds. Aussi se prĂ©pare-t-elle soigneusement en observant, fouinant un peu partout, pour repĂ©rer tout ce qui pourra lui ĂŞtre utile. Elle dĂ©couvre ainsi un endroit oĂą sont conservĂ©s ses vĂŞtements civils, mais aussi oĂą sa tante garde des Ă©cus. Il n’y a certainement pas tout l’argent de la communautĂ©, le principal doit ĂŞtre cachĂ©. MalgrĂ© tout, la somme est rondelette. Elle attend un moment favorable. Celui-ci se prĂ©sente pendant la rĂ©union d’un chapitre important oĂą la mère supĂ©rieure doit donner connaissance de dĂ©cisions prises pendant un chapitre national. Elle passe prendre l’argent et la clef de la porte, rĂ©cupère les vĂŞtements, va Ă l’écurie, selle un cheval et part Ă bride abattue.Durant ce temps Ă Dorbauxe, une autre explication entre une fille et ses parents a lieu. C’est Adeline Noireau, une des six jeunes femmes qui, avec Jacquotte Palois, avaient Ă©tĂ© retenues dans le bordel de la dĂ©funte madame Radcliff. Ă€ son retour, son père n’a pas abandonnĂ© le projet de la marier avec un riche vieux barbon. Adeline s’y oppose Ă©nergiquement, connaissant l’homme. Il est avare, Ă©dentĂ©, colĂ©rique, et en plus pue comme une charogne. Son père n’hĂ©site pas Ă lui flanquer une trempe pour la faire plier. Elle met deux jours Ă s’en remettre. SitĂ´t sur pied, elle dĂ©cide de s’enfuir. Heureusement, sachant son père très intĂ©ressĂ© par les sous, elle n’a pas parlĂ© du pĂ©cule, pris sur l’argent de la maison close, qu’elle a reçu. Elle donne l’impression de cĂ©der, mais avec Jocelyne Boidron, une autre ancienne bĂ©nĂ©ficiaire de l’hospitalitĂ© de la mère-maquerelle qui connaĂ®t un peu les mĂŞmes problèmes, elles projettent de quitter la ville. Leur dessein est, avec leur argent, d’acheter dans une citĂ© Ă©loignĂ©e une maison et de s’y adonner, pour leur propre compte cette fois-ci, Ă la galanterie.Un matin, elles s’éclipsent et prennent le coche. C’est celui de la capitale, mais elles jugent qu’il est inutile d’aller si loin. Elles pensent que la concurrence doit y ĂŞtre rude et le prix d’une maison fort Ă©levĂ©. Leur choix se porte sur LĂ©soran, qu’elles jugent suffisamment Ă©loignĂ© de Dorbauxe. Durant le trajet, pour ne pas trop Ă©corner leur capital, elles n’hĂ©sitent pas, quand l’occasion se prĂ©sente, Ă s’offrir Ă d’autres voyageurs ou aux aubergistes, pour passer la nuit sans bourse dĂ©lier et mĂŞme y gagner un peu. En outre, quand cela est possible, elles proposent leurs services dans une maison close de la ville oĂą elles font halte. Ceux-ci sont acceptĂ©s par les tenancières, pas mĂ©contentes de proposer de nouvelles filles, mĂŞme pour quelques jours seulement. De fait, Adeline et Jocelyne n’y manquent pas de clients attirĂ©s par la nouveautĂ©. Bien sĂ»r, ces Ă©tapes rallongent le voyage, mais elles ne sont pas Ă la minute.Un soir dans une auberge, elles tâtent le terrain pour voir si elles ne pourraient pas bĂ©nĂ©ficier du gĂ®te et du couvert gratuitement en Ă©change de quelques services Ă la sueur de leur con. L’aubergiste devant sa femme dĂ©cline l’air offusquĂ©, mais sitĂ´t icelle Ă©loignĂ©e, il glisse :— Les membres d’une jurande se rĂ©unissent dans une maison voisine. Ils viennent de terminer les discussions et je pense qu’ils seront ravis d’avoir de la compagnie maintenant. C’est dommage que vous soyez que deux, car ils sont bien une bonne vingtaine. Cela ne vous effraie pas ?— Non, pas d’inquiĂ©tude… Mais pourquoi n’ont-ils pas fait venir des filles de la ville ?— Pardi, Ă cause de leurs femmes. Ce genre de chose se serait su. Et il y en a qui ne sont pas commodes. Si ça vous intĂ©resse, je connais une maison qui serait bien contente d’avoir de nouvelles pensionnaires.— Nous vous remercions. Nous ne sommes que de passage, mais nous n’avons rien contre les extra qui limitent nos frais de voyage.— C’est vous qui voyez. Je vais leur apporter du vin et leur demander s’ils sont intĂ©ressĂ©s par votre prĂ©sence.La personne sise Ă la table voisine et qui tourne le dos au trio, n’a pas perdu une miette de la conversation bien qu’elle se soit tenue Ă voix basse. Cela la laisse songeuse. Elle rĂ©flĂ©chit puis se retourne :— J’ai entendu votre discussion.— Heu… Oui, rĂ©pond le tavernier, un peu embarrassĂ©.— Ne soyez pas gĂŞnĂ©. Je disais que j’ai entendu votre discussion et je crois que je peux aider.— Aider ?— Oui da. Vous avez dit qu’il Ă©tait dommage qu’elles ne soient que deux. En m’y joignant, le dommage serait moins grand. Si vous n’y voyez pas d’obstacle, ajoute-t-elle en se tournant vers les deux jeunes femmes.— Aucun, rĂ©pond Adeline, Ă trois nous ne serons pas de trop.— Alors c’est d’accord.— Oui.La discussion se poursuit quant au prix demandĂ© et Ă la commission du tavernier. Une fois mis d’accord, icelui part.Les trois jeunes femmes se retrouvent seules. Elles s’observent un moment avant qu’Adeline ne prenne la parole :— Adeline Noireau et elle, Jocelyne Boivin…La première est une grande blonde de cinq pieds, trois pouces aux yeux bleus et Ă la poitrine plutĂ´t menue, la seconde, une petite brune de quatre pieds, six pouces aux yeux noirs et Ă la poitrine avantageuse.— Claire de…lorme, rĂ©pond Mademoiselle de Villerutay qui se retient de donner son vrai nom.Cela faisait quelques jours qu’elle s’était enfuie et elle se demandait ce qu’elle allait faire, l’argent du couvent ne pouvant durer Ă©ternellement. Elle n’y avait pas rĂ©flĂ©chi avant son « évasion ». Elle songeait Ă se faire engager comme dame de compagnie ou prĂ©ceptrice dans une famille fortunĂ©e d’une province Ă©loignĂ©e des cĂ´tes et de la cour. Elle avait mĂŞme songĂ© Ă s’embarquer pour les colonies oĂą les femmes sont rares avec la possibilitĂ© d’épouser un riche planteur. Bon, c’est alĂ©atoire, c’est vrai. Quand elle a entendu la conversation entre les deux filles de la table voisine et le tavernier, après un temps de condescendance vis-Ă -vis de putains, son esprit s’est mis Ă tourner Ă toute vitesse en les entendant parler de limiter les frais de voyage. Ce n’est pas bĂŞte. Aussi, hĂ©site-t-elle Ă peine Ă proposer ses services, d’autant qu’un peu et mĂŞme beaucoup d’exercices gĂ©nĂ©siques seraient les bienvenus. Le sĂ©jour au couvent ne lui a pas permis de pratiquer et depuis elle n’a pas osĂ©.— Avez-vous l’habitude avec les hommes ? demande Adeline qui ne trouve pas Ă sa vis-Ă -vis l’allure de l’emploi.— C’est mĂŞme Ă cause de ça que je me suis enfuie.— Pour retrouver un galant ?— Pas vraiment. Mon père m’a surprise en pleine action, si vous voyez ce que je veux dire. Il n’a pas apprĂ©ciĂ© et m’a envoyĂ©e au couvent. Et vous ?Adeline raconte leur histoire depuis leur sĂ©jour en Glaiseterre, jusqu’à leur fuite de Dorbauxe pour Ă©chapper Ă des mariages peu engageants et leur projet d’ouvrir une maison close. Claire trouve l’idĂ©e intĂ©ressante. Certes, devenir prostituĂ©e n’était pas dans ses projets, mais c’est mieux que le couvent, ou mĂŞme que dame de compagnie ou prĂ©ceptrice oĂą il aurait fallu faire profil bas. Quant aux colonies, en rĂ©flĂ©chissant plus avant, trop de marins susceptibles de la reconnaĂ®tre y font escale. L’idĂ©e n’est pas si mauvaise, surtout quand on est sa propre patronne. En plus, il y a peu de chance que l’on songe Ă la chercher dans ce genre d’endroit et puis cela peut joindre l’agrĂ©able Ă l’utile.— J’ai aussi quelques argents. Accepteriez-vous que je m’associe ?Les deux dorbauxaises se regardent.— Pourquoi pas ! Ce serait mieux Ă trois. En plus une brune, une blonde et une rousse, le trio parfait. De combien disposes-tu ? demande Adeline en passant au tutoiement.La somme annoncĂ©e est rondelette. C’est presque autant qu’elles deux rĂ©unies. La discussion est interrompue par le retour de l’aubergiste annonçant qu’elles Ă©taient attendues. Elles se lèvent et le suivent. Il leur explique qu’il a fallu un peu de temps, car les serveurs ont Ă©tĂ© remerciĂ©s afin d’éviter des indiscrĂ©tions. Iceux se montrant souvent inconsidĂ©rĂ©ment bavards.Elles arrivent devant une grande bâtisse vieille d’au moins deux siècles avec ses pans de bois et des linteaux sculptĂ©s, annonçant la profession des gens qui s’y rĂ©unissent : des drapiers. Après le vestibule ornĂ© des bannières de la confrĂ©rie, elles pĂ©nètrent dans une vaste salle. Autour de trois tables en U siègent les hommes qu’elles viennent distraire. Ils sont un peu plus que la vingtaine annoncĂ©e, vingt-sept compte Claire. Elles sont accueillies par une clameur enthousiaste, presque effrayante. Un homme d’un certain âge s’approche, les salue courtoisement avant de poursuivre :— Mesdames, mille mercis de venir Ă©gayer cette soirĂ©e qui sans vous aurait Ă©tĂ© bien terne. Votre prĂ©sence illumine cette assemblĂ©e. Peut-ĂŞtre pourriez-vous proposer un petit spectacle propre Ă ravir mes collègues ?— Avec moult plaisirs, mais avant, serait-il possible de procĂ©der Ă quelques ablutions ? Cette invitation impromptue ne nous ayant pas laissĂ© le loisir de le faire avant de venir cĂ©ans.— Je vous en prie.Il les mène dans une pièce de service oĂą sont des baquets d’eau, pour la vaisselle entassĂ©e sur une table. Après le dĂ©part de leur guide, elles se dĂ©vĂŞtent et procèdent Ă une toilette approfondie.— Qu’allons-nous faire pour les amuser ? Danser ? demande Claire.— Pour commencer, pourquoi pas, mais je pense que ce qu’il leur plairait encore plus c’est que nous nous mignotions, rĂ©pond Adeline. As-tu dĂ©jĂ fait ça avec des filles ?— Heu… non.— Avec Jocelyne, cela nous arrive de temps en temps.— Je ne l’ai jamais fait, mais j’ai Ă©tĂ© tentĂ©e, reprend Claire en pensant Ă sĹ“ur Agnès.Comme elle va pour se rhabiller, Adeline l’arrĂŞte :— C’est inutile. Pour se dĂ©shabiller dans cinq minutes. Allez, on y va.Elles entrent en trombe dans la salle et sautent sur les tables et se mettent Ă danser. Sans musique, ni mĂŞme un tambourin pour marquer le rythme, ce n’est pas facile, sans parler d’être coordonnĂ©es. Aussi ne font-elles point durer la sarabande, malgrĂ© les applaudissements et les encouragements. Adeline fait un signe Ă son amie. D’un mĂŞme mouvement, elles se rapprochent de Claire et l’enlacent. Jocelyne l’embrasse Ă pleine bouche. Elles la font basculer. Elle se retrouve les quatre fers en l’air. Adeline en profite pour s’insinuer entre ses jambes et lui brouter le minou. Jocelyne s’installe Ă califourchon au-dessus de sa tĂŞte. Claire comprend l’invite. Elle attire la brunette potelĂ©e et lui donne la mĂŞme mĂ©decine que celle qu’elle reçoit. Donner et recevoir : les deux lui plaisent. Elles Ĺ“uvrent depuis quelques minutes quand une voix retentit :— HĂ©, Mesdames, tout cela est bien beau et fort agrĂ©able Ă voir, mais vous n’êtes point cĂ©ans seulement pour que nous vous regardions vous gougnotter.Il attire Adeline, au vif dĂ©sappointement de Claire qui apprĂ©ciait son jeu de langue. Ce faisant, il poursuit :— Allez, la belle, montre-moi que tu sais t’occuper d’un vit aussi bien que d’un con.Elle lui prouve. Les deux autres filles sont Ă©galement appelĂ©es Ă faire valoir leur compĂ©tence en la matière. Elles se sĂ©parent et se mettent Ă la tâche sans barguigner. Ces messieurs attendent sagement leur tour, jusqu’à ce que l’un d’eux jugeant que tout cela traĂ®ne un peu, glisse un mot Ă celui dont Claire pompe le dard. Icelui s’agenouille. Elle suit le mouvement. L’impatient s’installe derrière Mademoiselle de Villerutay, la saisit par les hanches pour la mettre Ă bonne hauteur, l’enconne avec un râle de satisfaction, reste un moment immobile avant de se mettre Ă la pistonner avec une telle conviction que son collègue doit le prier de modĂ©rer ses ardeurs, la turlutte de la belle devenant problĂ©matique, tant elle est secouĂ©e.L’exemple est suivi. Les hommes se succèdent dans les six rĂ©ceptacles, plus ou moins rapidement selon la rĂ©sistance de chacun. La joute dure depuis un certain temps quand Claire, qui commence Ă se lasser d’être Ă quatre pattes, Ă une idĂ©e inspirĂ©e par le souvenir des moments passĂ©s avec les officiers de la Ligue. Elle se redresse au grand dĂ©plaisir des messieurs dont elle s’occupe, ou plutĂ´t qui s’occupent d’elle, et leur dit quelques mots. Ils sourient. L’un va s’allonger sur un canapĂ© oĂą Claire va le chevaucher. Le second, après avoir regardĂ© quelques instants, vient s’installer derrière elle, lui Ă©carte les fesses, s’ajuste Ă sa rosette et pousse. Le passage s’ouvre sans guère de rĂ©sistance, bien qu’il n’ait pas Ă©tĂ© prĂ©parĂ©. Elle a toujours la mĂŞme facilitĂ© Ă absorber par sa porte Ă©troite. Elle attrape par la queue un spectateur et entreprend de la sucer. Cela ne l’empĂŞche pas d’observer du coin de l’œil les rĂ©actions de ses « collègues ». Point n’est besoin de prier Adeline pour qu’elle l’imite. Jocelyne qui n’a jamais beaucoup apprĂ©ciĂ© que l’on use de sa voie Ă©troite tarde un peu, en se disant que cette salope de Claire aurait pu se dispenser de ce genre d’initiative. MalgrĂ© tout, ne voulant pas se distinguer, elle s’y rĂ©sout, mais prĂ©pare le chemin en se mettant un puis deux doigts dans le troufignon, qu’elle agite jusqu’à ce qu’elle trouve l’endroit suffisamment souple et relâchĂ© pour y accueillir des visiteurs.La nuit durant, les trois jouvencelles offrent l’hospitalitĂ© de leur bouche, leur con et leur cul, sans qu’il ne leur soit guère laissĂ© le temps de souffler. Dame avec en moyenne neuf hommes pour chacune d’entre elles, il y a du travail, mĂŞme si certains d’entre eux participent moins avec le temps.Le jour levant les trouve le visage couvert de foutre et ce n’est pourtant point faute d’en avoir avalĂ© moult rasades. Leur croupe et leur buisson le sont itou et il dĂ©gouline de tous leurs orifices.Les drapiers sont enchantĂ©s de leur prestation et leur accordent une belle gratification. Après s’être lavĂ©es, et elles en avaient grand besoin, elles retournent Ă l’auberge d’un pas un peu incertain. Claire offre Ă ses nouvelles compagnes de venir partager sa chambre, plutĂ´t que de rejoindre la chambre commune Ă l’heure oĂą tout le monde se lève. Point n’est besoin de leur chanter une berceuse tant elles sont estanchiĂ©e* par ces heures passĂ©es Ă sucer, se faire baiser et enculer.Leur repos est de courte durĂ©e. Midi n’a pas encore sonnĂ© que l’on tambourine Ă la porte. C’est la patronne qui leur dit que si elles veulent pouvoir manger avant leur dĂ©part, il faut qu’elles se hâtent.Ces demoiselles se lèvent pĂ©niblement et commencent Ă se vĂŞtir. Adeline demander :— Dis-moi, ce n’est pas la première fois que tu fais ça avec plusieurs hommes.— J’étais avec quatre quand mon père m’a surprise.— LĂ , il n’a pas apprĂ©ciĂ©. D’oĂą le couvent pour sauver l’âme de sa fille.— Oui, avec dĂ©part sur-le-champ.— Il a dĂ» se dĂ©mener sacrĂ©ment pour que les religieuses acceptent si rapidement de t’accueillir et se montrer assez gĂ©nĂ©reux.— Quand la mère supĂ©rieure est votre sĹ“ur, cela facilite les choses.Les deux dorbauxaises ne font pas de commentaires, mais pensent que pour avoir une tante abbesse, Claire est de bonne famille. Elles s’en doutaient un peu, mais c’est une confirmation.— Je ne sais pas vous, dit Jocelyne, mais j’ai le cul qui ne se fait pas oublier.— Pas que le cul, enchĂ©rit Claire, j’ai l’impression que ma chatte a doublĂ©e de volume et ai la mâchoire encore fatiguĂ©e.— J’ai de la crème apaisante, dĂ©clare Adeline en fouillant dans son sac. Je commence par toi, Claire.Icelle s’allonge sur le lit et offre ses trĂ©sors intimes Ă l’application de l’onguent. Adeline entreprend de les tartiner.— Doucement, c’est sensible.Puis ce fut autour de Jocelyne de se faire oindre par son amie. Claire s’empare du petit pot en demandant :— OĂą avez-vous projet de vous installer ?— Nous avons pensĂ© Ă LĂ©soran. Nous nous sommes mis d’accord avec un transporteur qui doit partir dans une heure. Il doit nous transporter jusqu’à la ville.— Croyez-vous qu’il accepterait une troisième passagère ? Je ne me sens pas de faire des heures de cheval.— On se demande bien pourquoi, dit Jocelyne.Et les trois jeunes femmes d’éclater de rire.Le transporteur accepte moyennant un petit supplĂ©ment. Ă€ l’étape du soir, il se montre entreprenant avec Jocelyne. Celle-ci, toujours un peu fatiguĂ©e par les exercices de la prĂ©cĂ©dente nuit et le peu de sommeil, ne tient pas Ă une partie de jambe en l’air. Ses compagnes la poussent Ă ne pas le dĂ©courager et rĂ©cupĂ©rer l’argent qu’elles lui ont versĂ© avec un petit bonus. Elles lui font remarquer que le bonhomme n’est plus tout jeune et que cela devrait ĂŞtre rapidement expĂ©diĂ©. Elle en convient et tandis que ses compagnes vont dormir dans la chambre commune, Adeline ayant fait remarquer que la dĂ©pense d’une chambre particulière est superflue, elle suit l’homme, qui s’appelle Eudes, dans la remise oĂą il couche Ă cĂ´tĂ© de son chargement.HĂ©las pour elle, Eudes est certes un homme mĂ»r, avec des cheveux gris, mais il n’est nullement dĂ©crĂ©pi. Loin de lĂ . La première surprise survient quand elle ouvre la culotte. Ce qu’elle dĂ©couvre la laisse incrĂ©dule. Certes, chez la Radcliff, elle avait dĂ©jĂ vu des vits de belles tailles, mais elle ne se rappelle pas en avoir vu de pareils. Plus d’un ne serait pas mĂ©content d’avoir en action ce que le transporteur a quasi au repos. Le simple fait de le nettoyer un tant soit peu le met au garde-Ă -vous. Tudieu ! l’engin dĂ©ployĂ© mesure au moins un pied et quant Ă son Ă©paisseur, elle doit dĂ©passer les deux pouces. Comme elle est encore accroupie, elle ouvre largement la bouche et gobe la tĂŞte. Elle met de l’ardeur Ă le pomper avec l’idĂ©e d’abrĂ©ger. Elle est déçue, malgrĂ© l’allant qu’elle y met, il rĂ©siste. Après l’avoir laissĂ©e Ĺ“uvrer plusieurs minutes, il lâche, non pas le foutre attendu, mais :— Allez, ma belle, assez jouĂ©. Mets-toi Ă quatre pattes que l’on passe aux choses sĂ©rieuses.SitĂ´t qu’elle est en position, il l’enfile. Tout ne rentre pas, mais elle a quand mĂŞme l’impression de n’être qu’une poularde que l’on embroche et que cela va lui ressortir par la bouche. Avec une rĂ©gularitĂ© de mĂ©tronome, il la pilonne. Avec le temps, cela est moins dĂ©plaisant, malgrĂ© ça, elle trouve, quand mĂŞme, que ça dure une Ă©ternitĂ©. Enfin, il se retire et se vide sur ses fesses. Ouf ! Son soulagement est de courte durĂ©e. Il se positionne devant sa bouche. RĂ©signĂ©e elle se met Ă l’ouvrage. En plus, il lui faut peu de temps pour redevenir raide. Il la laisse faire, en faisant quelques commentaires Ă©logieux quant Ă son talent de suceuse. Pourtant il la soulève pour l’allonger sur un Ă©tabli pour Ă nouveau la baiser, toujours aussi puissamment. Ce n’est pas le pied, mais ça va mieux que la fois prĂ©cĂ©dente. Cette fois, c’est sur son ventre qu’il se rĂ©pand. Et il repart pour un tour, puis encore un autre et enfin un dernier. Quand il s’arrĂŞte enfin de la pilonner, elle ne sait plus depuis combien de temps il la ramone. Il doit ĂŞtre minuit largement passĂ©.Le dĂ©marrage dès potron-minet est difficile, au moins pour Jocelyne, car le bonhomme n’a pas l’air particulièrement affectĂ© par ses prouesses. C’est vrai que pour elle c’est sa deuxième nuit de parties de jambe en l’air. Ses compagnes lui trouvent l’air chiffonnĂ©, et lui demandent si cela va.— Je vous retiens avec votre « c’est un vieux, ça ira vite ». Cinq fois il s’est vidĂ©, et pour le faire cracher ce n’était pas en cinq minutes, parce qu’il est rĂ©sistant le bougre, et en plus il est montĂ© comme un âne.— Comme un âne ?— Oui, comme un âne ! Long comme ça et Ă©pais comme ça, ajoute-t-elle en montrant avec les mains.— Tu exagères.— J’aimerais bien, mais je vous jure, c’est la vĂ©ritĂ©. Il m’a mis la chatte en compote. Si vous ne me croyez pas, vous n’avez qu’à aller avec lui ce soir, vous verrez. Moi, après deux nuits sans presque dormir, j’ai mon compte. Cette nuit, je me repose.— J’irais, rĂ©pondent en mĂŞme temps Claire et Adeline, curieuses.Elles se regardent et Ă©clatent de rire.— Vous n’avez qu’à tirer au sort, propose Jocelyne.— Bonne idĂ©e, rĂ©pondent Ă nouveau en cĹ“ur les deux aspirantes Ă la constatation de visu.Un coup de dĂ© favorise Adeline. Le dĂ©jeuner avalĂ©, elles reprennent la route. La gagnante va s’asseoir au cĂ´tĂ© d’Eudes. Elle s’arrange pour ne pas attacher complètement son corsage, afin qu’il puisse avoir un aperçu sur sa poitrine. Ce qu’il ne manque pas de lorgner. Ă€ chaque arrĂŞt pour laisser souffler les bĂŞtes, le transporteur en profite pour faire un petit somme. Les conducteurs des deuxième et troisième voitures, qui ont rejoint leur patron, ne l’imitent pas. Ils ont probablement moins de raisons d’être fatiguĂ©s.Le premier, Michel, ne s’intĂ©resse visiblement pas aux dames et ignore superbement Jocelyne Ă qui cela convient tout Ă fait. Ce n’est pas le cas du second Maximilien, qui lorgne avec concupiscence Claire. MalgrĂ© des suggestions, certes discrètes, quant Ă un petit cadeau bien venu pour poursuivre plus avant, elles sont ignorĂ©es ou pas comprises. Aussi va-t-elle, sagement, le soir, rejoindre seule son lit.Adeline de son cĂ´tĂ© a la surprise de voir Eudes demander Ă Jocelyne si elle accepterait de le rejoindre Ă nouveau. Icelle dĂ©cline, arguant une trop grande fatigue. Ce qui n’est pas faux. Ce n’est qu’après qu’il se tourne vers elle. C’est presque vexant. Il doit avoir une prĂ©fĂ©rence pour le genre de beautĂ© de Jocelyne plutĂ´t que le mien, se dit-elle.Quand elle dĂ©couvre l’outil, elle doit reconnaĂ®tre que son amie n’a nullement amplifiĂ© les dimensions. Il est bien « montĂ© comme un âne ». C’est impressionnant. Quand il se met en action, elle a bien du mal Ă retrouver sa respiration. Cela lui rappelle tant par la puissance que par la rĂ©gularitĂ©, le marteau d’une forge actionnĂ© par un moulin qu’elle a vu naguère. Elle est secouĂ©e et doit se tenir solidement Ă la roue pour ne pas se trouver projetĂ©e en avant. Elle a la sensation que son vagin va exploser Ă chaque fois qu’il se propulse au fond. Quant Ă la rĂ©sistance du bonhomme, lĂ non plus, Jocelyne ne l’a pas exagĂ©rĂ©e. Quand il s’arrĂŞte enfin, elle a l’impression d’être passĂ©e sous le chariot, plutĂ´t que de s’y ĂŞtre cramponnĂ©e. Elle est si moulue qu’elle en a du mal Ă s’endormir, nonobstant la fatigue.Le matin, elle n’est pas plus vaillante que Jocelyne la veille. MalgrĂ© cela, Claire, toujours curieuse, n’est pas dĂ©couragĂ©e Ă prendre son tour. Aussi s’installe-t-elle aux cĂ´tĂ©s du « phĂ©nomène », en prenant soin de laisser bâiller son corsage. Celui-ci comprend le message et le soir venu, il ne rĂ©clame pas Jocelyne, mĂŞme si visiblement c’est Ă regret Ă voir les coups d’œil qu’il lui lance.La curiositĂ© de Mademoiselle de Villerutay est satisfaite. Elle aussi est impressionnĂ©e quand elle voit le membre se redresser. Il est quasi long comme son avant-bras et presque aussi Ă©pais. Pourtant, elle n’est pas une demi-portion. Point n’a Ă©tĂ© besoin de beaucoup travailler avec la bouche pour arriver Ă ce rĂ©sultat. Elle aussi a le souffle coupĂ© quand il rentre en fanfare dans son con pourtant bien accueillant. En effet, la vision de la chose l’a fait mouiller d’abondance. Il s’en est aperçu :— Tabernacle, tu dois ĂŞtre bonne garce pour ĂŞtre ainsi trempĂ©e. En gĂ©nĂ©ral, mon vit impressionne les dames, et pour beaucoup refroidit leur ardeur.De fait, les ardeurs de Claire n’ont pas Ă©tĂ© refroidies. Après un dĂ©marrage dĂ©licat, un moment d’adaptation en quelque sorte, elle participe activement, allant mĂŞme au-devant de ce gourdin qui la fouaille. Tout son ĂŞtre se concentre sur celui-ci. Contrairement Ă ses consĹ“urs, elle ne subit pas, car petit Ă petit le plaisir vient. Il monte doucement avant d’éclater, la laissant abasourdie. Cela ne ralentit pas Eudes qui continue Ă la besogner avec la mĂŞme constance. Point n’en faut plus longtemps Ă Claire pour redĂ©marrer. Ă€ partir de lĂ , elle bascule dans une autre dimension, entièrement centrĂ©e sur la jouissance. Et durant les heures suivantes, elle est servie. Elle râle, elle couine, elle crie son plaisir qui est entendu dans toute l’auberge. Dans un ultime spasme de voluptĂ©, elle s’endort d’un bloc, ne s’apercevant mĂŞme pas que le bonhomme continue de la besogner quelques minutes avant de se rĂ©pandre une nouvelle fois. Il lui jette une couverture dessus, va se nettoyer et se couche.Le lendemain matin, ne voyant pas Claire, Jocelyne et Adeline vont Ă la remise. Elles l’y dĂ©couvrent, dormant comme une souche. Elles la secouent. Elle Ă©merge difficilement et se redresse pĂ©niblement, l’air un peu Ă©garĂ©. Les deux dorbauxaises la regardent avec des yeux ronds. Non seulement elle est restĂ©e nue, mais en plus elle n’est mĂŞme pas lavĂ©e. La voix d’Eudes retentit derrière elles :— Mordieu ! Votre amie, elle a la ribauderie dans le sang. Je n’ai jamais vu une femelle autant gueuler quand elle se fait culbuter.— Pour sĂ»r ! Toute l’auberge l’a ouĂŻe.— Elle aime ça se faire ramoner. J’ai cru qu’elle ne serait jamais rassasiĂ©e, et puis pof… elle s’est endormie d’un coup, comme une masse, alors que je la baisais encore. Avec moi, les dames sont plutĂ´t sur la rĂ©serve, certaines mĂŞme ne peuvent pas, mais avec elle pas de problèmes… C’est rentrĂ© sans peine et elle adore. Y a qu’à la voir tortiller du croupion.— Nous ne la connaissons que depuis peu, mais nous avons tout de suite compris qu’elle Ă©tait portĂ©e sur la chose.— Oui, comment ?— Je suis lĂ . Au lieu d’épiloguer sur mes manières, vous feriez mieux d’aller quĂ©rir de l’eau que je puisse me laver. Je voudrais pouvoir manger avant le dĂ©part.Les commentateurs de ses mĹ“urs se dispersent et les deux filles lui rapportent un seau d’eau, du savon et des serviettes. Après une toilette bien nĂ©cessaire, elle rejoint ses amies dans la salle commune pour dĂ©jeuner. Ă€ son entrĂ©e, tous les regards se tournent vers elle et les commentaires chuchotĂ©s vont bon train. Elle ignore superbement tous les yeux qui se tournent vers elle, bien qu’elle se rende compte qu’elle est le centre d’intĂ©rĂŞt de toute la salle. Elle expĂ©die rapidement le repas ne voulant quand mĂŞme point par trop s’attarder.ArrivĂ©es Ă destination, elles se renseignent sur les bordels existants. La chance leur sourit. Elles apprennent que Gudule Lerceteau, tenancière d’une maison nommĂ©e « Aux Belles Poules » qui vivote, voudrait, l’âge venant, se retirer.Claire, qui a le plus de facilitĂ© Ă s’exprimer, conduira la nĂ©gociation. Elles sont accueillies d’un :— Je ne cherche pas de nouvelles pensionnaires. La maison va fermer.— C’est ce que nous avons ouĂŻ dire.— Alors, que venez-vous foutre ici ?— Nous aimerions discuter d’une Ă©ventuelle reprise.— Qui est le repreneur ?— Nous.— Vous ! Toutes seules !— Oui, nous.— Vous allez vous faire bouffer toutes crues.— Crues, cela peut ĂŞtre dur. On risque de s’y casser les dents et en plus ça peut ĂŞtre indigeste et rendre malade.— Vous m’êtes sympathiques, rĂ©pond-elle en riant. MĂŞme si ce n’est pas mon intĂ©rĂŞt, je ne vais pas vous mentir. C’est vous qui risquez d’avoir les dents cassĂ©es et pas seulement au figurĂ©. Certains verraient d’un mauvais Ĺ“il que la maison soit reprise.— C’est ce que nous avons entendu dire, mais ce sera quand mĂŞme moins difficile que d’en ouvrir une nouvelle.— C’est vrai.La discussion se poursuit par un âpre marchandage. Les filles ont un petit avantage, elles savent qu’il n’y a pas d’autres repreneurs et pour cause la tenancière n’envisageait pas de pouvoir vendre son petit commerce, mais seulement le bâtiment. In fine, la reprise leur coĂ»te une bonne partie de leur argent, de plus elles devront verser une rente Ă vie Ă la future retraitĂ©e, hors les six premiers mois suivant l’accord, mais Ă la condition de convaincre le personnel de demeurer, ce qu’elle rĂ©ussit sans mal. Il ne reste que trois filles, dont une assez jeune, les deux autres… ont de l’expĂ©rience, une bonne, une cuisinière et deux hommes, plus de première jeunesse, pour assurer l’ordre dans l’établissement.Ce n’est pas la grande classe. De plus, le bâtiment aurait besoin de quelques travaux, rien d’urgent. La dĂ©coration est vieillotte, mais sur l’arrière, il y a un petit verger avec une vingtaine d’arbres, un potager, un poulailler et un autre bâtiment plus petit, actuellement inoccupĂ©, qui ouvre sur une autre rue.L’acte de session est signĂ© devant notaire.Claire a une idĂ©e pour rafraĂ®chir un peu tout cela sans trop bourses dĂ©liĂ©es. Au point oĂą elle en est, elle n’est plus Ă cela près. Elle dĂ©cide d’aller jusqu’à un château familial, pas celui de ses exploits amoureux. Son père n’a certainement pas mis le rĂ©gisseur au courant de son enfermement, Ă©vitant ainsi Ă celui-ci de se poser des questions quant aux raisons, ni donc de sa fugue par consĂ©quent. Elle y rĂ©cupĂ©rera des toilettes, peut-ĂŞtre un peu d’argent, mais surtout du mobilier qui remplacera avantageusement celui de la maison. PlutĂ´t que de s’en dĂ©barrasser, il pourra passer dans l’autre maison, ce qui permettra Ă terme d’avoir dans la maison principale un endroit plus sĂ©lect et dans l’autre un plus commun. Avec des tarifs diffĂ©rents, bien sĂ»r.Ses amies sont dubitatives et lui montrent les risques d’une telle entreprise. Elle n’en dĂ©mord pas. Quand elle parle du transport pour l’expĂ©dition, les deux autres se demandent si l’idĂ©e ne lui est pas venue en pensant au transporteur qu’elle a eu l’air de moult apprĂ©cier.Elle a la chance qu’il soit en ville. Une autre que Claire lui aurait proposĂ© ce travail, il aurait probablement dĂ©clinĂ©, mais la perspective de deux semaines avec cette belle garce, le dĂ©cide Ă changer son programme, malgrĂ© les protestations de clients, dont le transport qui des pierres qui du bois se trouve reportĂ© de plus de deux semaines. Mais il faudra qu’elle attende quelques jours qu’il ait livrĂ© les marchandises dĂ©jĂ chargĂ©es. MalgrĂ© la remise consentie, le voyage les laisse pratiquement sans le sou. Ainsi se mettent-elles incontinent au travail.Madame Lerceteau, qui demeure pour la transition, les conseille pour ce qui est de la partie intendance et gestion. Elle observe le comportement des trois complices avec les clients. Non seulement Ă l’accueil, mais aussi en chambre par des Ĺ“illetons. Elle voit Ă leur manière d’œuvrer que les deux Dorbauxaises ont indiscutablement dĂ©jĂ travaillĂ©. Elles ne se contentent pas d’ouvrir les cuisses. Leur sĂ©jour chez Madame Radcliff leur a, certes rudement, inculquĂ© la pratique.Quant Ă Claire, quelques dĂ©tails lui permettent de se rendre compte qu’elle n’a pas eu la mĂŞme « formation ». Du cĂ´tĂ© cĹ“ur Ă l’ouvrage, rien Ă redire. Cependant, peut-ĂŞtre y met-elle trop d’ardeur. Certes, il vaut mieux cela que l’inverse, mais il faudra quand mĂŞme qu’elle lui en touche deux mots.Elle a presque du regret, avec trois filles comme ça, elle aurait pu prolonger un peu. Bon, ce qui est fait est fait et cela la rassure quant au versement de sa rente.Après quelques jours d’attente, Mademoiselle de Villerutay prend le chemin du château berceau de sa famille, non, quoi qu’elle en dise, sans une certaine apprĂ©hension. Cela la taraude toujours quelque peu.Le premier soir, elle retrouve Eudes près des chariots, et deux bonnes heures durant se fait pilonner, du moins, quand elle ne le suce pas pour le remettre en de bonnes disposions. Les sensations ne sont pas aussi fortes que lors de leur premier tĂŞte Ă tĂŞte, mais c’est quand mĂŞme diablement bon de sentir son sexe ainsi empli, et mĂŞme plus qu’empli, occupĂ©, envahi, presque dĂ©vastĂ©. Elle ne peut s’empĂŞcher de bramer, malgrĂ© la rĂ©solution qu’elle avait de se montrer discrète. Nul ne peut ignorer qu’elle s’est fait baiser et qu’elle y a pris plaisir. Elle reste pantelante quand l’étreinte cesse. Les gens alentour n’en sont pas mĂ©contents. Ils vont, enfin, pouvoir dormir tranquilles.Le lendemain, Eudes annonce :— Ce soir, je rentrais tard. Je dois aller visiter de la famille.— Pas de problème, rĂ©pond Claire, pas mĂ©contente malgrĂ© tout de souffler un peu.— Notre accord prĂ©voit que le soir vous assuriez une prestation Ă l’étape.— Cela est exact, dit Claire qui n’apprĂ©cie que modĂ©rĂ©ment qu’on lui rappelle que l’usage de sa personne fait partie d’un accord. Cela lui fait par trop prendre conscience du fossĂ© qui sĂ©pare sa situation actuelle de celle qu’elle occupait il n’y a pas si longtemps.— Comme je ne puis en profiter moi-mĂŞme. C’est Maximilien qui le fera. Une sorte de prime que je lui accorde.Claire va pour protester, mais se ravise. Après tout, le bonhomme a raison, cependant elle est ulcĂ©rĂ©e de se voir cĂ©der ainsi, comme une marchandise. Elle se rĂ©sonne, car elle doit s’y habituer et laisser de cĂ´tĂ© des Ă©tats d’âme qui n’ont plus de raison d’être. C’est elle qui a choisi, rien ne l’y obligeait. Elle doit assumer qu’elle est une putain.— Dans la remise, près des chariots, comme avec vous ?— Oui, je n’aime pas les laisser sans surveillance.En effet, le transporteur a trouvĂ© des marchandises Ă livrer sur le trajet. C’est prĂ©fĂ©rable que de faire le voyage Ă vide et cela compense largement le rabais consenti pour les « services nocturnes » de Claire. Quand Eudes lui a annoncĂ©, elle a voulu renĂ©gocier. Il lui a fait valoir qu’il n’y avait aucune raison Ă cela. Le contrat prĂ©voyait le transport du château Ă LĂ©soran, ce qui allait ĂŞtre fait, il respectait donc le contrat. Ce qui se passait avant ne la concernait pas. Bien qu’ayant le sentiment de s’être fait duper, elle ne peut qu’en convenir. Ils arrivent Ă l’étape tĂ´t. Visiblement, il veut profiter de sa visite,Maximilien l’entraĂ®ne, avant mĂŞme de manger. C’est un dĂ©licat. Il prend son temps. Après l’avoir laissĂ© sucer, il la caresse, lui broute le minou, et il sait y faire, puis s’allonge et la fait venir sur lui. Il peut ainsi, Ă loisir, lui cajoler la poitrine et mĂŞme son petit bouton. Elle y prend plaisir, certes pas le mĂŞme genre qu’avec Eudes, qui est plus animal, presque bestial. Cette fois-ci, elle fait attention et rĂ©ussit Ă ne pas annoncer Ă tout le voisinage qu’elle est baisĂ©e.Leur petite affaire achevĂ©e, elle retourne dans l’auberge sans attendre, au cas oĂą Eudes ait des idĂ©es en revenant, et elle y dormira. Elle a rempli son contrat et point de supplĂ©ment. Comme elle va pour s’attabler, le patron l’arrĂŞte et lui murmure :— Ces deux gentilshommes dĂ©sireraient vous parler.Ils sont bien habillĂ©s, avec des tissus de bonne qualitĂ©, et portent l’épĂ©e. Ce doit ĂŞtre Ă eux les deux pur-sang qu’elle a aperçus Ă l’écurie. IntriguĂ©e, elle se dirige vers eux. L’un doit avoir une petite quarantaine, rougeaud, avec un peu d’embonpoint et l’air d’un joyeux drille, l’autre la vingtaine, et est plutĂ´t menu, avec l’air hautain et patelin. C’est le second qui s’adresse Ă elle, plein d’assurance :— Approche la belle…Cela a le don d’agacer Claire. Elle prend un air pincĂ© et l’interrompt :— Je ne suis pas votre belle, Monsieur. Vous manquez de manière pour ainsi pour apostropher une demoiselle qui s’en va souper.L’autre vexĂ© ricane :— Une demoiselle !— Ce n’est pas parce que père, en mourant, nous a laissĂ© dans une situation difficile, que cela vous autorise de telles familiaritĂ©s. J’attends vos excuses.Comme Claire a parlĂ© haut, les clients alentour se taisent et attendent dans l’espoir d’un esclandre. C’est l’aĂ®nĂ© qui, voulant l’éviter, prend la parole :— Mon jeune neveu ne voulait point vous offenser, n’est-ce pas Guillaume ?— Certes, certes… Je vous prie de m’excuser, Mademoiselle, lâche l’autre visiblement Ă regret.Elle incline le chef. L’oncle reprend :— Pour nous faire complètement pardonner, accepteriez-vous que je vous invite Ă partager notre souper ?Claire jette un regard qu’elle charge d’envie sur la table, fait mine d’hĂ©siter et finit par dire, comme si la faim la poussait :— Avec plaisir. Je vous remercie.Elle apprend qu’ils doivent se rendre Ă la cour pour que le plus jeune se fasse connaĂ®tre du Roi. Elle en conte, moult anecdotes, Ă©voque les chausse-trappes, les rivalitĂ©s qui l’animent, ses splendeurs et au-dessus de tout Sa MajestĂ© et le Dauphin que l’on connaĂ®t mal encore, en prenant soin, toutefois, de ne rien dire qui puisse ĂŞtre rĂ©vĂ©lateur de son identitĂ©. Elle montre ainsi qu’elle l’a frĂ©quentĂ©e, ce qui rend son histoire crĂ©dible. Elle est interrogĂ©e sur ses malheurs.Elle brode : son père n’a laissĂ© que des dettes, les mettant, sa mère et ses quatre jeunes sĹ“urs dans de grands embarras. Elles ont Ă©tĂ© contraintes de quitter la cour, de vendre les domaines, n’en conservant qu’un petit oĂą elles se sont installĂ©es. Elle se retrouve sur les routes pour aller chercher des affaires auxquelles sa mère tient et qu’elle n’a pas voulu vendre. Pourtant cet argent aurait Ă©tĂ© fort utile. De plus, il faut payer le transport.Bref elle donne une reprĂ©sentation de la grande scène de l’orpheline tombĂ©e dans la misère et qui court après le moindre sol pour aider sa famille. Le plus jeune qui affectait jusqu’alors un air de profond ennui, depuis que l’on parlait plus de la cour lâche soudain :— Cela vous aiderait-il de gagner cinq Ă©cus ?— Bien sĂ»r.— Venez, je vais vous expliquer.Il se lève, elle le suit, imitĂ©e par l’oncle qui a l’air intriguĂ©. Il la mène dans une chambre.— En quoi puis-je vous ĂŞtre utile ?Il laisse passer quelques secondes avant de rĂ©pondre.— Rien de bien compliquĂ©Â : ne pas vous montrer farouche, mais câline.— Ho ! s’exclame Claire, je suis une honnĂŞte fille. Pour qui me prenez-vous ? Vous croyez pouvoir m’acheter pour quelques Ă©cus.— Guillaume, c’est indigne, s’écrie son oncle.— Dispensez-vous de me faire la leçon. J’en ai passĂ© l’âge. C’est pour faire plaisir Ă mère que j’ai consenti Ă ce que vous m’accompagniez. J’ai regret d’avoir accĂ©dĂ© Ă sa demande. Vous m’ennuyez avec vos remontrances. Si mes manières ne vous agrĂ©ent pas, je ne vous retiens pas.— Vos manières ne sont pas dignes d’un gentilhomme et je m’en voudrais que l’on puisse penser que je les cautionne. Aussi, je ne vous encombrerais plus avec mes conseils que vous prenez pour des remontrances. Venez, Mademoiselle ! Je vous donnerais ces cinq Ă©cus sans rien vous demander en Ă©change.Guillaume retient Claire :— Dix Ă©cus.— Guillaume, vous ĂŞtes fou.Le jeune homme pousse son oncle hors de la pièce et ferme la porte. Claire reprend :— Si ma mère l’apprenait elle en mourrait de honte, et moi aussi.— Ta mère n’a aucune chance d’apprendre quoi que ce soit ! MĂŞme si par le plus grand des hasards, elle descendait ici. Aucun lien ne pourrait ĂŞtre fait avec toi. Surtout que les hosteliers ont tout intĂ©rĂŞt Ă la discrĂ©tion. S’ils se montrent trop bavards, cela nuirait Ă leur commerce. Justement, pensez-y Ă votre mère et Ă vos sĹ“urs aussi.Elle fait mine d’hĂ©siter une fraction de seconde, avant de se diriger vers la porte. Il s’interpose et reprend :— Vingt Ă©cus. Oui, vingt Ă©cus me paraissent plus avable* pour aider ta famille.Claire se fige et reste les bras ballants.— Alors, Mademoiselle ? demande-t-il en mettant dans mademoiselle une intonation moqueuse.Elle s’efforce de faire passer sur son visage hĂ©sitations et tourments. Elle rĂ©ussit mĂŞme Ă faire perler une larme. D’une voix qu’elle s’efforce de rendre chevrotante :— Vingt Ă©cus… vingt Ă©cus… Je ne p… Montrez-les-moi.Il sort sa bourse, les compte et les lui met dans la main. Elle les regarde, comme fascinĂ©e, va pour lui rendre, hĂ©site, et d’un geste preste les enfourne dans une poche. L’air triomphant, il ordonne :— Maintenant, dĂ©shabille-toi, la belle.Avec une lenteur calculĂ©e, elle obĂ©it et demeure les bras ballants. Elle est dĂ©cidĂ©e Ă ne prendre aucune initiative. Elle obsequera* et rien de plus. Elle ne fera rien pour aider ce prĂ©tentieux imbĂ©cile, infatuĂ© de lui-mĂŞme. Il doit trouver du plaisir Ă humilier, rabaisser l’autre. Pousser une jeune orpheline noble dans le besoin Ă se vendre pour aider sa famille est la marque d’un esprit bas. Il aurait pu avoir plusieurs filles pour bien moins que ce qu’il vient de dĂ©bourser, mais cela n’eut pas eu pour lui le mĂŞme agrĂ©ment.— Tourne toi un peu que je vois le cĂ´tĂ© pile.Elle lui prĂ©sente son dos.— Oui… pas mal. Viens me sucer maintenant, dit-il en Ă´tant sa culotte.Docilement, elle s’exĂ©cute, mais oublie de rentrer les dents.— Eh ! Fais attention Ă tes crocs, tu vas me peler le sexe.Elle les escamote et continue sa pipe mĂ©caniquement, sans fantaisie. De fait, cela finit par l’ennuyer :— Tudieu ! Use de ta langue aussi.— Comment ?— Lèche.Elle lichaille, comme pour un sucre d’orge, toujours au mĂŞme endroit. Cela agace Guillaume.— DĂ©cidĂ©ment… ! Passons Ă autre chose. Mets-toi Ă quatre pattes.Elle arrĂŞte ses lĂ©chouilles et se met en position. Il la prend par les hanches et s’ajuste. Mais elle a gardĂ© les genoux serrĂ©s, ce qui ne facilite pas l’entrĂ©e dans sa grotte. Il grogne :— Écarte les jambes, bon sang !Elle obtempère, mais point trop. Il se recule, lui Ă©carte les cuisses brutalement, se rajuste Ă l’entrĂ©e de la chatte et rentre sans mĂ©nagement. Elle reste de marbre. Le salaud, pense-t-elle, heureusement que je ne suis pas vierge, sinon, pour une entrĂ©e inaugurale, de quoi vous dĂ©goĂ»ter. Elle reste aussi active qu’une carcasse de boucherie. Il change de position et la prend en missionnaire. Elle garde le regard fixĂ© sur le plafond, comme si tout cela ne la concernait pas. Cette inertie finit par lasser l’homme qui se redresse, mĂ©content, après avoir lâchĂ© son foutre :— Tabernacle. On te dirait morte. Il faudra pour continuer Ă faire la pute y mettre plus d’entrain, sinon tu mĂ©contenteras le client, ou mĂŞme si par miracle tu en trouves un, ton Ă©poux. Allez, dĂ©gage, tu es vraiment trop apathique.Claire se lave, ramasse ses affaires, se rhabille prestement et sort. Dire que ce petit prĂ©tentieux mĂ©prisant a dĂ©pensĂ© vingt Ă©cus pour ça. Car, hors croire m’humiliĂ©e, il n’a guère dĂ» avoir de satisfaction, pense-t-elle. Comme elle traverse la salle, pour rejoindre la chambre commune, elle aperçoit l’oncle attablĂ© devant un pichet, l’air morose. Elle se dirige vers lui. Il dĂ©tourne les yeux, gĂŞnĂ©. Elle s’assoit :— Je vous remercie de votre intervention.— Je… je suis dĂ©solĂ© de ne pas avoir pu empĂŞcher cette indignitĂ© et…— Ne soyez point destorbĂ©*.— Mon neveu n’est qu’un prĂ©tentieux pervers qui trouve jouissance Ă abaisser et avilir les autres. Vous en ĂŞtes une nouvelle victime.— Et vous, une ancienne, n’est-ce pas ?— Oui, marmonne-t-il. Je ne suis qu’un cadet, le frère de sa mère, et sans guère de fortune. Il me le fait sentir. Lui est l’aĂ®nĂ© et a le titre.— Ce qui ne l’empĂŞche pas d’être un sot doublĂ© d’un naĂŻf. Il est tant imbu de lui-mĂŞme qu’il n’envisage mĂŞme pas qu’il puisse ĂŞtre dupe.— Dupe ?— Quand il m’a interpellĂ©e, j’ai senti Ă quel genre de personnage j’avais Ă faire. J’en ai connu de cette espèce Ă la cour. Aussi, après lui avoir rappelĂ© les bonnes manières, je lui ai contĂ© une histoire qui me mettait dans une position d’infĂ©rioritĂ©. Une jeune fille noble, dans le besoin, obligĂ©e de courir les routes. Je me doutais qu’il essaierait de se venger de ce qu’il considĂ©rait comme un affront. Cela n’a point manquĂ©.— Que voulez-vous dire ?— Qu’hors le fait que je sois noble et que je frĂ©quentais la cour il y a peu encore, tout est faux !— Tout est faux ?— Oui da. Je n’ai pas de sĹ“urs. C’est ma mère qui est morte, et mon père se porte fort bien. Il m’a expĂ©diĂ© au couvent, après m’avoir trouvĂ© en galante compagnie. Je ne me voyais pas y demeurer, aussi m’en suis-je Ă©chappĂ©e. Depuis, je dois me dĂ©brouiller, et les vingt Ă©cus de votre neveu ne me sont nullement une offense. Entre nous, je peux vous dire qu’il n’est pas très douĂ© et un peu rapide. D’accord, je dois avouer que je n’ai pas mis une franche bonne volontĂ© Ă la chose… que pourtant j’apprĂ©cie fort ! Il a payĂ© fort cher pour pervertir une oie blanche… que ne je suis pas.L’homme la regarde Ă©bahi, avant d’éclater de rire :— Eh bien ! Vous alors ! Mon neveu n’a pas Ă©tĂ© le seul Ă prendre votre histoire pour argent comptant. Bravo.— Pour complĂ©ter la farce, j’aimerais que votre neveu se rende compte qu’il n’est pas celui qui a menĂ© le jeu. Cela lui rabattra peut-ĂŞtre un peu de sa superbe. Voudriez-vous m’aider ?— Avec plaisir. Que puis-je faire ?— Rien de bien compliquĂ©. M’accueillir dans votre chambre qui est voisine de celle de votre neveu, lui faire entendre que je peux ĂŞtre rĂ©ceptive aux jeux de l’amour, et ce pour pas un sol.L’oncle la regarde, sidĂ©rĂ©, et bafouille :— Que je… que je vous accueille pour… pour…— Oui. Ă€ moins que je ne vous plaise pas.— Il faudrait que je sois diablement difficile.— En ce cas, je vous suis. Au fait, comment vous appelez-vous ?— Philippe de…— Pas de nom, c’est inutile. Le prĂ©nom suffit. Moi, je m’appelle Claire.Bien que toujours incrĂ©dule, ledit Philippe se lève et se dirige vers sa chambre. Il s’efface pour la laisser entrer. Elle est plus modeste que celle de Guillaume. Elle commence de se dĂ©vĂŞtir en prĂ©cisant :— Avant de quitter votre neveu, j’ai procĂ©dĂ© Ă mes ablutions.— Je vais faire de mĂŞme, rĂ©pond-il, comprenant l’invite.Il se dĂ©vĂŞt, toilette faite, comme elle va pour le sucer, il l’arrĂŞte et la mène vers le lit pour la caresser. Il lui prouve ensuite qu’il sait se servir de sa langue pour autre chose que pour discourir. Et ma foi Ă ce jeu-lĂ , il est plutĂ´t douĂ©. Claire apprĂ©cie. Comme elle n’a plus de raison de ne pas le faire, elle laisse ses reins s’animer. Après avoir Ĺ“uvrĂ© un bon moment, il passe sur elle, puis en elle, et ce sans difficultĂ©s. Point de genoux serrĂ©s, au contraire. Il se montre avec son vit aussi adroit qu’avec sa langue, alternant le rythme, s’interrompant, reprenant, sortant parfois pour astiquer le bouton, mais, ce ballet, tout en douceur. Elle lui susurre :— Et si nous agitions un peu le lit, que votre cher neveu se pose des questions sur ce qui se passe ici.Il rĂ©ussit Ă secouer la couche, toujours sans se montrer brutal. Juste ce qu’il faut.De fait, Guillaume s’interroge. Pas longtemps, car se contentant de ne mettre la sourdine que par intermittence, Claire se met Ă manifester vocalement le plaisir qu’elle prend, et ce, sans avoir Ă simuler. Il sait que son oncle est en galante compagnie et que la dame y met visiblement plus de bonne volontĂ© que la pĂ©ronnelle dont il vient d’user. Un doute lui vient quand la voix s’exclame :— Ah ! Philippe… Oui… Ouiiii… Comme c’est bon. Votre langue est diabolique… Maintenant, replantez-moi votre vit… Ahhhh ! Plus fort. Oui, comme ça… !Ne pouvant y croire, il se lève d’un bond et oubliant toute convenance, il se rue dans la chambre de son oncle, sans mĂŞme frapper. Il y dĂ©couvre Claire Ă quatre pattes, cuisses largement ouvertes, croupe tendue, allant au-devant des coups de queue de son oncle, manifestant toujours ce qui lui complaĂ®t. Devant cette irruption, Philippe s’exclame :— Mon neveu, vous vous oubliez !Ledit neveu, toujours pas revenu de sa stupĂ©faction, ne trouve qu’à dire :— Mais… que faites-vous ?C’est Claire qui rĂ©pond :— Cela ne se voit-il pas ? Il me baise. Et il le fait fort bien.— Mon neveu, retirez-vous !— Qu’il reste, intervient Claire, cela peut l’instruire sur comment bien en user avec les dames. Quelques leçons lui seront fort utiles.— C’est surtout de savoir-vivre que des leçons lui seraient utiles.— Cela est aussi vrai. En se conduisant en gentilhomme, il aurait fait l’économie de vingt Ă©cus pour avoir ce que vous avez sans bourse dĂ©lier et en plus plaisant. D’ailleurs, Ă propos de plaisant, si nous reprenions.Claire s’agenouille et entreprend de redonner tout son dĂ©veloppement Ă Philippe. L’irruption de son neveu lui ayant un peu fait perdre de sa superbe. Guillaume pâlit, bafouille :— Vous… vous ! Maudite putain, je vais te…Se redressant, Claire pointe un doigt sur sa poitrine :— D’abord, je ne suis pas une putain, sinon ton oncle m’aurait payĂ©e, et ensuite, tu ne vas rien du tout. Ou tu restes, tu te tais et en profites pour t’instruire, et tu en as besoin, ou tu te retires pour mĂ©diter ce qui vient de se passer.Il va pour la gifler, mais voyant son oncle s’approcher et se placer auprès de la traĂ®tresse, il se ravise, ravale sa bile et sort en claquant la porte. Philippe la verrouille aussitĂ´t. Claire l’entraĂ®ne vers le lit en disant :— La nuit ne fait que commencer, et d’ajouter tout sourire, votre neveu ne verra pas, mais il entendra. Cela devrait le tenir Ă©veillĂ©.— Et ne pas amĂ©liorer son humeur, complète Philippe en riant. Mais peste de ce freluquet goguelu*. Oublions-le et reprenons.Elle se remet Ă l’ouvrage et sans avoir Ă faire montre de beaucoup de virtuositĂ© le remet en condition. Satisfaite, elle se remet dans la position qu’elle avait quand ils ont Ă©tĂ© interrompus. Il la saisit par les hanches et rĂ©investit sa grotte. Ils alternent : fellation, cunnilingus, pĂ©nĂ©tration, jusqu’à une heure avancĂ©e, avant de s’endormir. Comme ils ont continuĂ© Ă ne pas se montrer très discrets, le neveu en a largement profitĂ©, le rendant enragĂ©. Il voue son oncle et cette foutue garce aux gĂ©monies, souhaitant que la terre s’ouvre pour engloutir ces deux fornicateurs. Mais avant, qu’il serait doux de la fouetter, qu’elle le supplie de la prendre. Tant il est esrageĂŻs* que mĂŞme quand la bacchanale s’arrĂŞte, le sommeil ne peut venir. Ce n’est que presque au matin qu’il s’endort. Quand il se rĂ©veille, toujours rageant, il est presque midi. Son oncle ainsi que la fille sont partis, non sans lui avoir laissĂ© chacun un billet.Mon neveu, Puisque ma prĂ©sence vous porte ombrage et qu’elle ne vous agrĂ©e pas, comme vous me l’avez si aimablement fait savoir hier soir, je vous laisse poursuivre votre route sans vous encombrer davantage. Je me permets toutefois de vous prodiguer un dernier conseil, celui de changer votre attitude. Icelle risquerait de vous causer d’autres dĂ©sagrĂ©ments, pires que celle qui est survenue cĂ©ans, et y laisser autre chose que vingt pièces, un peu de colère et l’occasion de passer une nuit plus plaisante. Avec, malgrĂ© cela, toute mon affection.Merci pour les vingt Louis. C’est le seul agrĂ©ment que j’ai eu de toi. Pour le reste, ton oncle sait beaucoup mieux se conduire avec les dames. Pas seulement en se montrant galant, mais en sachant leur donner du plaisir. Il est dommage que tu ne sois pas restĂ©, cela aurait Ă©tĂ© fort utile pour parfaire ton Ă©ducation dans un domaine oĂą elle comporte des lacunes et mĂŞme laisse fort Ă dĂ©sirer.Il les dĂ©chire rageusement et va passer ses nerfs sur ses valets.Claire, après ses au revoir Ă Philippe, reprend la route. FatiguĂ©e par sa nuit mouvementĂ©e, elle somnole dans un chariot, bien que ce ne soit guère confortable. Le soir après le souper, Eudes rĂ©clame son dĂ», de mĂŞme que les nuits suivantes.ArrivĂ©e au château, quelque peu inquiète, malgrĂ© son assurance affichĂ©e, elle va trouver l’intendant, lui dĂ©bite une histoire oĂą il est question que son père veuille changer le mobilier et envoyer l’ancien dans une autre demeure qu’il vient d’acquĂ©rir et veut promptement meubler.Elle est crue et les chariots chargĂ©s. Elle en profite pour rĂ©clamer quelques subsides pris sur les revenus du domaine. Bien que tout se soit passĂ© au mieux, c’est avec soulagement qu’elle quitte les lieux.En quittant le château, elle reconnaĂ®t Perrine sur le bord du chemin. Elle est surprise de la voir et ne peut s’empĂŞcher de s’exclamer :— Perrine ! Que fais-tu là  ?L’autre tout aussi Ă©tonnĂ©e de revoir sa maĂ®tresse met quelques secondes avant de rĂ©pondre :— Mademoiselle ! HĂ© bien… En revenant sans vous, votre père a pensĂ© Ă me chasser, mais en souvenir de mes parents, il m’a renvoyĂ© ici et…— Ah, c’est vrai, tu es originaire d’ici !— Et vous, Mademoiselle, votre père vous y envoie aussi ?— Non. Je ne fais que passer. — Es-tu contente d’être revenue au pays ?— Eh bien, je suis contente de revoir mon frère, Jean-Marie, mais ce vieux cochon d’intendant n’arrĂŞte pas de me tourner autour. Comme je ne lui cède pas, il se venge en me donnant toutes les corvĂ©es. J’en ai plus qu’assez ! MalgrĂ© mon frère, je vais partir chercher une place ailleurs.— Alors cela te plairait-il de revenir Ă mon service ?— Oh oui… ! Mais Monsieur votre père acceptera-t-il ? Cela serait Ă©tonnant, il Ă©tait furieux contre vous et aussi contre moi.— Il ne dira rien. D’ailleurs, qu’il soit furieux ou pas n’a plus aucune importance.— Je… je ne comprends pas !— Je me suis Ă©chappĂ©e du couvent oĂą il voulait me confiner.— Mais comment vivez-vous ?— J’ai trouvĂ© une solution. Ă€ part ton frère, as-tu encore de la famille ici ?— Non. Mes parents sont morts, il ne me reste qu’un cousin Ă©loignĂ© et c’est ce porc d’intendant.Claire est rassurĂ©e, elle craignait que Perrine ait encore des attaches et qu’elle soit tentĂ©e de donner des nouvelles, ce qui permettrait Ă son père de remonter jusqu’à elle. Il n’y a qu’à rĂ©gler le problème du frère. Si elle se souvient bien, c’est un grand costaud qui pourrait complĂ©ter l’équipe vieillissante qui se charge d’assurer que tout se passe sans problèmes dans la maison.— Je m’en voudrais de te sĂ©parer de ton frère. Si tu acceptes de me suivre, je pense que j’aurais aussi du travail pour lui.— Ce serait formidable.— Allons de ce pas le lui demander.Jean-Marie hĂ©site un peu, mais tant il voit sa sĹ“ur contente Ă l’idĂ©e de pouvoir partir, qu’il finit par donner son accord. Claire est ravie. Certes, ce sont deux personnes de plus Ă payer, mais deux personnes de confiance et cela en vaut la peine. Elle va attendre d’être un peu Ă©loignĂ©e de la propriĂ©tĂ© pour prĂ©ciser le genre d’endroit oĂą ils auront Ă travailler. Que le retour en arrière soit difficile, mĂŞme s’ils sont troublĂ©s !Les affaires du frère et de la sĹ“ur sont chargĂ©es sur les chariots et tout le monde quitte le domaine, non sans que Claire n’ait envoyĂ© au rĂ©gisseur un billet dĂ©clarant qu’elle les prend Ă son service et qu’ils l’accompagnent donc.Quand elle explique dans quel genre d’établissement elle a investi, les deux jeunes gens sont Ă©baubis, mais rassurĂ©s quand elle insiste sur le fait que Perrine est engagĂ©e pour assurer le service domestique, pas pour coucher avec les clients. Elle se garde de prĂ©ciser qu’elle-mĂŞme le fait. Quant Ă Jean-Marie, il ne voit pas d’inconvĂ©nient Ă travailler dans un bordel. Peut-ĂŞtre songe-t-il qu’il pourra consommer Ă volontĂ© avec les pensionnaires.Le voyage du retour se dĂ©roule sans anicroche. Mademoiselle de Villerutay continue d’honorer sa part du marchĂ© avec le voiturier. Perrine ne manque pas de s’en apercevoir et se doute que sa patronne ne doit pas se contenter de rĂ©gir l’établissement, mais, connaissant son goĂ»t Ă se faire culbuter, participer de manière plus active Ă son fonctionnement. L’épisode avec les marins de la ligue le prouvant abondamment, sans mĂŞme parler du vice-amiral. Elle a, pense-t-elle, des dispositions et a trouvĂ© sa voie qui lui permet d’assouvir son inclination pour la bagatelle et d’y joindre l’utile. Elle est confortĂ©e dans son opinion après avoir jetĂ© un coup d’œil, plutĂ´t prolongĂ©, dans la remise oĂą Mademoiselle de Villerutay honore son contrat en se faisant honorer par le convoyeur. Et son goĂ»t est indĂ©niable Ă voir la manière dont elle frĂ©tille sous les coups de queue d’Eudes.Lorsque le convoi arrive Ă destination, Jocelyne et Adeline sont impressionnĂ©es par le mobilier rapportĂ© par leur consĹ“ur. Durant l’absence d’icelle, elles ont mis du cĹ“ur Ă l’ouvrage et investi leurs gains dans le commencement de la rĂ©novation des locaux. Dix louis que Claire rapporte permettent de les poursuivre. Quant aux autres, il en a Ă©tĂ© donnĂ© un pour Perrine, un pour son frère, un Ă partager entre le personnel et les sept derniers sont conservĂ©s en rĂ©serve.Les travaux rendent le bâtiment principal inaccessible. Aussi la clientèle est-elle reçue dans le plus petit hâtivement amĂ©nagĂ©. Évidemment, ce n’est pas l’idĂ©al, mais ces dames y voient un avantage, la clientèle populaire va y prendre ses habitudes et ne viendra pas dans la maison rĂ©novĂ©e oĂą elles comptent attirer celle plus fortunĂ©e.Ces projets impliquent du recrutement, car Ă six, les trois restantes et elles mĂŞme, c’est insuffisant. Il faut au moins doubler les effectifs.Elles Ă©vitent d’aller chasser dans les maisons concurrentes pour Ă©viter des problèmes, ils viennent souvent sans qu’on les encourage. Par l’intermĂ©diaire de madame Lerceteau, le contact est pris avec des anciennes filles et trois acceptent de revenir.Pour le reste, c’est lĂ que l’argent mis en rĂ©serve devrait se rĂ©vĂ©ler utile. Sur les conseils de l’ancienne mère maquerelle. Il est dĂ©cidĂ© d’aller explorer les environs Ă la recherche de nouvelles pensionnaires.C’est Claire qui s’en charge. Elle sera accompagnĂ©e de Jean-Marie.Avant de partir, elle va discuter avec Eudes. Comme il sillonne la rĂ©gion, il doit connaĂ®tre moult choses intĂ©ressantes qui pourraient l’aider dans sa quĂŞte. Pour se faire remercier de lui avoir accordĂ© du temps, il lui demande de lui en accorder Ă son tour en toute intimitĂ©. Il met la mĂŞme ardeur que durant leurs voyages Ă la baiser. Pour ne rien celer, ce n’est pour Claire aucunement une corvĂ©e de se faire ainsi pilonner et mĂŞme quasi dĂ©foncer par ce puissant mandrin. Elle l’escomptait, mĂŞme si au sortir de la sĂ©ance, sa dĂ©marche est un peu chancelante. Il faut dire que l’homme Ă©tait frais et dispo, n’ayant pas derrière lui de longues heures de convoyage.Elle se met en route le lendemain dès potron-minet, bien que sa chatte ne soit pas encore tout Ă fait remise du traitement de la veille. Avec son compagnon, ils laissent les villages et hameaux trop près de la ville. Leur programme est de, discrètement, se renseigner auprès de la population ou des clients de l’auberge des possibilitĂ©s du lieu pour leur chasse aux recrues.Las les premiers jours, ils font chou blanc, malgrĂ© quelques pistes, mais qui finissent en impasse. Le cinquième jour, dans l’auberge oĂą ils sont descendus, Claire, remarque que les deux servantes se montrent fort rĂ©ceptives aux avances de clients, disparaissant, parfois pour un certain temps avec l’un d’eux, avant de reprendre le service en salle. Ce qu’elle voit aussi c’est que le patron les houspille d’abondance et mĂŞme les rudoie. Aussi entreprend-elle de les dĂ©baucher, après que Jean-Marie les eut testĂ©es et eut certifiĂ© que les deux donzelles, Lucie et Martine, ont les bonnes dispositions. Un talent incontestable pour sucer et de l’ardeur Ă se faire enfiler. Elle rĂ©ussit, Ă l’insu du patron, Ă les entreprendre, leur vantant la bonne tenue de la maison, son confort pour les pensionnaires, oĂą elle n’aurait plus Ă servir en salle en revenant de leur service particulier et surtout elle n’aurait plus Ă supporter le mauvais caractère du patron. Les deux filles, qui sont sĹ“urs, apprend Claire, ne sont guère difficiles Ă convaincre Ă abandonner l’hostelier et rejoindre le « cheptel » des Belles Poules. Le lendemain matin aux aurores, les sĹ“urs Meschinot quittent discrètement leur ancienne place pour retrouver Claire en dehors du bourg, Ă©vitant ainsi des discussions pouvant s’avĂ©rer orageuses. Elles partent ensuite directement vers LĂ©soran, leur nouvelle patronne ne voulant pas les traĂ®ner Ă sa suite. Cela manquerait par trop de discrĂ©tion.Les trois jours suivants ne sont pas aussi favorables. Le quatrième en arrivant dans un village, ils voient un homme battant une femme comme plâtre, la laissant Ă moitiĂ© assommĂ©e. Pourtant personne ne va la secourir. Claire y va, suivie de Jean-Marie. Comme elle va pour aider la malheureuse, une vieille s’approche aussi et lui glisse :— Laissez-la. Ne vous en mĂŞlez pas.— Pourquoi, je vous prie ?— C’est son mari.— Qu’a-t-elle fait pour mĂ©riter de se faire ainsi battre ?— Il a ses raisons.— Lesquelles ?— C’est sa femme.— J’ai compris. C’est sa femme, il est son mari, mais ce n’est pas une raison.— Elle a fait quelque chose de pas bien.— Quoi ?— Il ne me fait pas ses confidences, mais il doit avoir ses raisons.Claire lève les yeux au ciel et va aider la malheureuse Ă se relever. Icelle a la lèvre fendue et des hĂ©matomes commencent Ă apparaĂ®tre sur sa joue et ses bras.— Venez vous asseoir sur le banc pour vous reposer.— Non ! Non ! Il faut que je retourne travailler ou il va encore se mettre en colère.— Pourquoi s’est-il mis en colère pour vous battre ainsi ?— Parce qu’à trop regarder les autres hommes, je traĂ®ne dans mon travail.— Est-ce vrai ?— Oh non !— Il est jaloux ?— Oui.— Et tous les prĂ©textes sont bons pour cogner.— Oui, rĂ©pond la femme en baissant la tĂŞte.— DĂ©fendez-vous, que diantre !— Il me battrait encore plus.— Personne ne vient vous dĂ©fendre ? Vos parents ?— Ils sont morts et entre ceux qui travaillent pour lui ou avec lui et ceux qui lui doivent de l’argent, il ne reste plus grand monde et iceux s’en regardent ailleurs. Oh, mon Dieu, le revoilĂ .Elle va pour se relever. Claire la repousse en ordonnant :— Restez assise que je soigne cette blessure Ă la lèvre.L’homme arrive en vocifĂ©rant.— Tu es encore Ă traĂ®ner, fainĂ©ante ! Tu vas voir ! je vais t’apprendre Ă paresser. Va t’occuper du repas.Claire s’interpose :— Elle n’ira nulle part avant que je ne l’aie soignĂ©e.— MĂŞlez-vous de ce qui vous regarde.— Cela me regarde. Quand je vois quelqu’un de blessĂ©, je le soigne.— Elle n’a rien du tout. C’est de la comĂ©die. Allez, viens !— Non ! Elle reste lĂ .— Non, mais pour qui te prends-tu ? Je vais t’apprendre Ă te mĂŞler de tes affaires.L’homme, Ă©cumant, s’avance menaçant… pour faire un bond en arrière en dĂ©couvrant le poignard effilĂ© que Claire a sorti d’il ne sait oĂą. Il s’empare d’une fourche posĂ©e contre un mur et la pointe vers la fille rebelle de l’amiral.— Posez cette fourche et laissez Mademoiselle s’occuper de votre femme.L’homme se retourne d’un bloc face Ă un Jean-Marie souriant. Outre qu’icelui le dĂ©passe d’une bonne tĂŞte, il a en Ă©vidence un pistolet glissĂ© Ă la ceinture. Cela calme ses ardeurs belliqueuses. Claire en profite pour l’attraper par-derrière et appuyer sa lame sur la gorge de l’individu.— On vous prie de lâcher cette fourche.Il obĂ©it promptement en sentant la morsure de l’acier et du sang perler dans son cou. Il s’éloigne sans demander son reste en grommelant ce qui ressemble Ă des insultes et des menaces. La femme s’affole :— Il va ĂŞtre encore plus furieux. Il va me rendre responsable. Cela va ĂŞtre encore plus terrible.— Pourquoi ne partez-vous pas ?— Pour aller où ? Qu’est-ce que je deviendrais ? Une mendiante ou une fille de ferme ?— Au moins, vous ne seriez point battue. Mais j’ai peut-ĂŞtre une solution.— Laquelle ?Claire lui expose sa quĂŞte tout en la pansant. La femme s’insurge :— Vous voulez que je devienne une putain !— Je cherche aussi des personnes pour tenir la maison et faire le service Ă table, tempère Claire. Mais bien sĂ»r, cela sera moins bien payĂ©.Elle argumente tant et tant que l’autre finit par se laisser convaincre. Ă€ dire vrai, Claire n’est pas sans arrière-pensĂ©e. Elle a bon espoir qu’une fois aux Belles Poules, il sera toujours temps de la convaincre de passer au service en chambre. Cela vaudra la peine de se donner du mal, car malgrĂ© sa lèvre fendue, sa pommette tumĂ©fiĂ©e et ses bleus, la jeune femme est des plus appĂ©tissantes.Ne voulant pas lui laisser le temps de changer d’avis, elle dĂ©cide de l’emmener aussitĂ´t, malgrĂ© la fatigue. Elle la fait monter en croupe en lui disant qu’il est inutile de prendre le risque de passer chez elle, que vĂŞtements et nĂ©cessaires lui seront fournis et tous trois partent pour un village suffisamment Ă©loignĂ©. Pour Ă©viter une poursuite Ă©ventuelle, Mademoiselle de Villerutay change plusieurs fois de direction.C’est ainsi qu’Isabeau Blavet quitte son mari violent.En poursuivant son pĂ©riple, Claire rĂ©ussit Ă dĂ©baucher deux autres servantes d’auberge : Blandine Rivière et AdĂ©laĂŻde Beaubois, et quatre filles de ferme dont les patrons usaient sans Ă©gards et pas seulement pour le travail : Guenièvre Duchamp, Colombe Laroche, HĂ©loĂŻse Dumont et Mahaut Lebel. Et comble, pour l’une d’entre elles, la femme lĂ©gitime part avec, lasse de voir son cher Ă©poux courir après tout ce qui porte jupon, et n’hĂ©site pas Ă conclure sous le toit familial en sa prĂ©sence. Il s’y est essayĂ© avec Claire qui l’a fermement Ă©conduit. Les renseignements donnĂ©s par Eudes n’ont pas Ă©tĂ© inutiles et l’ont guidĂ©e en plusieurs occasions, surtout pour les servantes d’auberge.L’expĂ©dition touche Ă sa fin quand le duo s’arrĂŞte dans un dernier village, pour lequel Eudes n’a pas donnĂ© d’informations. En traĂ®nant et Ă l’auberge, rien d’intĂ©ressant ne se prĂ©sente. Après la nuit, Jean-Marie selle les chevaux devant leur gĂ®te pour le dĂ©part. Comme ils vont pour partir, il dĂ©signe, en riant, un bonhomme qui s’éloigne :— Le pauvre, il n’a pas de chance.— Pourquoi ?— Sa femme ne lui donne que des filles. Il en a quinze.— Quinze, dis-tu ?— Oui. Il ne sait plus quoi en faire. Il en parlait avec une connaissance.— VoilĂ qui est intĂ©ressant. Attends-moi.Elle ne sait trop comment l’aborder. Il faut le faire parler et aviser. Elle s’arrange pour que sa monture fasse un Ă©cart et le bouscule lĂ©gèrement. Elle descend de cheval :— Excusez-moi. J’espère que je ne vous ai pas blessĂ©.— Non, je vous remercie. Il n’y a pas de mal.— Pourtant vous n’avez pas l’air dans votre assiette.— Ce n’est pas Ă cause vous.— Vous me rassurez. Mais que vous arrive-t-il ? Si je puis vous ĂŞtre utile.— Vous n’y pouvez rien. Ma femme a donnĂ© naissance Ă une fille il y a trois jours. Je viens voir le curĂ© pour le baptĂŞme.— Cela ne vous rĂ©jouit pas ?— Oh si. Mais c’est notre quinzième fille et aucun garçon.— Cela commence Ă faire beaucoup et il faut les Ă©tablir.— Vous comprenez le problème. Je n’aurais pas assez de bien pour les doter toutes. Les plus grandes commencent Ă ĂŞtre en âge. Oh, ce sont de belles filles, pas de soucis de ce cĂ´tĂ©-lĂ , mais les deux aĂ®nĂ©es ont un fichu caractère et sont plus portĂ©es Ă regarder les garçons qu’à travailler.— Ce n’est pas facile. Je vous souhaite bon courage et l’au revoir.— Merci. Au revoir.— Attendez ! lance Claire après s’être Ă©loignĂ©e de quelques pas.— Oui.— J’ai peut-ĂŞtre une solution qui vous arrangerait et moi aussi.— Laquelle ?— Je recherche des jeunes femmes pour servir dans une grande maison Ă LĂ©soran.— Chez un noble.— Non, mais je suis prĂŞte Ă vous payer un dĂ©dommagement pour qu’elles m’accompagnent.— Un dĂ©dommagement Ă moi ! Pour engager mes filles !— Oui da.— Ce n’est point l’usage.— Certes, mais la maison est particulière.— Particulière ! Que voulez-vous dire ?— Je veux dire que c’est une maison du genre accueillante.L’homme la regarde interrogatif, puis la lumière se fait dans son esprit.— Un bordel !— Non, un lieu de rencontre et de convivialitĂ©, avec services de repas. Pas une vulgaire maison de passe.— De belles paroles, mais le rĂ©sultat est le mĂŞme, mes filles seront des putains.— Elles apprendront les bonnes manières et se constitueront un pĂ©cule.— En Ă©tant putains !— Songez que celles qui m’accompagneront ne seront plus Ă votre charge, ni Ă surveiller, et cela vous rapportera de quoi mieux vous occuper des autres.Un moment, Claire craint qu’il ne s’enfuie Ă toutes jambes, mais elle rĂ©ussit Ă relancer la conversation. L’idĂ©e de voir ses filles devenir putains, mĂŞme de luxe, choque l’homme et le perturbe, mais ne plus avoir Ă se bagarrer avec sa progĂ©niture rĂ©calcitrante est tentant. Ah, si seulement elles Ă©taient toutes comme Pierrette, sa troisième. Une fille qui a la tĂŞte sur les Ă©paules, courageuse, serviable et sĂ©rieuse en plus, il s’inquiĂ©terait beaucoup moins. Elle argumente et petit Ă petit, elle fait tomber les prĂ©ventions d’Anatole Tarquin. In fine, cela finit par un marchandage pour faire taire les derniers scrupules du père. Il est conclu qu’Élise, Raoulette, les deux aĂ®nĂ©es et Marguerite, la quatrième qui marche dans les pas des deux premières, iraient Ă LĂ©soran. Pour cela, le fermier touchera un louis pour chacune, un autre dans six mois et autant dans un an, avec obligation de rester au moins trois ans. MalgrĂ© l’accord, Claire attend, avant de se rĂ©jouir, de voir comment les donzelles vont rĂ©agir et surtout, comment va rĂ©agir la mère.Suivie de Jean-Marie, elle accompagne Anatole jusqu’à la ferme après un passage Ă la cure pour le baptĂŞme. Il prĂ©sente sa tribu. Elle voit avec plaisir qu’il n’avait pas menti en disant que ses filles sont belles. Dommage que celle qui l’est le plus soit Pierrette, la troisième qui ne fait pas partie du marchĂ©.Le fermier entraĂ®ne FĂ©licienne, son Ă©pouse, Ă l’écart. Claire les observe. Elle lit sur les traits de la femme la stupĂ©faction et la discussion s’engage, des plus animĂ©e. Elle ne s’apaise qu’après un bon quart d’heure. Il en faut un autre avant qu’ils ne reviennent. Mademoiselle de Villerutay qui continue de se faire appeler Delorme redoute l’échec. Mais quand le couple fait venir les trois filles, elle a bon espoir. Une nouvelle discussion s’engage, beaucoup plus brève que la prĂ©cĂ©dente et nullement animĂ©e. Tous les cinq s’approchent. FĂ©licienne annonce :— Tout le monde est d’accord. Elles partent avec vous et s’engagent pour au moins trois ans.Claire pousse un soupir de soulagement. Tout se passe pour le mieux. Tandis que ces demoiselles vont faire leur baluchon, elle donne les louis promis. Après les au revoir, apparemment dans la gaĂ®tĂ©, tous se mettent en chemin pour LĂ©soran.Ă€ cheval, il y en aurait pour cinq ou six jours, mais Ă pied il faut bien compter le double. Claire dĂ©cide de marcher avec ses recrues, afin de pouvoir bavarder avec elles. En plus d’une semaine de cheminement, elle a largement pu rateler* avec chacune d’elle individuellement, de mĂŞme que Jean-Marie. Elle apprend ainsi qu’Élise a frĂ©quentĂ© quatre hommes, que Raoulette a Ă©tĂ© beaucoup plus gourmande, au point de ne plus exactement savoir Ă un ou deux près avec combien elle a jouĂ© Ă la bĂŞte Ă deux dos… plus de la vingtaine. Quant Ă la troisième Marguerite, bien qu’elle se soit laissĂ©e courtiser, elle est encore vierge, mais cela lui pèse. Elle veut connaĂ®tre les plaisirs dont parlent ses sĹ“urs et se prĂ©pare Ă ne point demeurer en cet Ă©tat.Un soir, Jean-Marie entraĂ®ne Élise et la « teste ». Il n’est pas déçu. Elle a des capacitĂ©s et ne rechigne pas Ă se faire prendre dans toutes les positions. De plus, elle a des dispositions quant Ă la fellation. Hormis se faire enculer, rien Ă redire. Quand il a essayĂ© d’user de la voie Ă©troite, la donzelle a regimbĂ©.Un autre soir, c’est Raoulette qui le suit. Elle se montre encore plus ardente que sa sĹ“ur, car avec elle, point de soucis d’enculage. Quand Jean-Marie, après l’avoir un peu doigtĂ©e, pointe son dard vers l’anus, point de mouvement de recul. Visiblement, il n’est pas le premier Ă user de cette voie, il entre sans problème et la fille a l’air d’apprĂ©cier de se faire ramoner le cul.Un soir dans une auberge complète, ils ne disposent que de deux lits dans la chambre qu’ils occupent. Jean-Marie et les deux aĂ®nĂ©es occupent le premier et Claire et la cadette le second. Le garçon s’occupe des deux gourmandes sĹ“urs. Durant ce temps, Claire commence par Ă©garer une main sur la poitrine de Marguerite. Icelle n’a nul mouvement de recul. Au contraire, elle bombe le torse. Elle n’en attendait pas moins. Aussi l’effleurement devient-il caresse, qui fait s’ériger les pointes. La bouche remplace la main et suce, mordille, lèche les tĂ©tons. Telle une araignĂ©e, la main descend jusqu’au buisson, avec comme rĂ©sultat de faire s’ouvrir les cuisses. Il faut peu de temps pour que la vallĂ©e devienne glissante et que les hanches ondulent. La fille de l’amiral apprĂ©cie la rĂ©action. La fille a du tempĂ©rament, d’autant qu’icelle ne se contente pas de profiter des attentions. Elle aussi se lance dans l’exploration du corps de Claire. BientĂ´t, les deux filles se retrouvent tĂŞte-bĂŞche Ă se bouffer la chatte avec moult entrains. Après s’être beaucoup donnĂ©es, un peu sueuses et le visage poisseux du plaisir de sa partenaire, elles font une pause qui leur permet de reprendre pied. Claire veut pousser plus loin. Une idĂ©e lui vient. Elle s’empare d’une chandelle, la tend Ă sa complice en disant :L’autre reste pensive, regardant alternativement ce qui vient de lui ĂŞtre confiĂ© et la chatte suintante.— HĂ© bien, qu’attendez-vous ?Marguerite sort de sa rĂŞverie, pose une main sur les reins et d’un geste prĂ©cis, plante la bougie dans le con bee*. Claire qui ne s’attendait pas Ă une telle vigorance a un sursaut et lâche un :L’ignorant, Marguerite se met incontinent Ă la pilonner, lui faisant lâcher une sĂ©rie de « Ah ! ». MalgrĂ© la vigueur de la charge, Claire ne faiblit pas et tient ses positions. Après nombre de minutes de ce traitement, elle rend les armes et s’écroule sur un « Ouiii » qui se prolonge plusieurs secondes. Alors Marguerite lui tend Ă son tour la bougie, et se met Ă quatre pattes en disant :— À votre tour.— Non.— S’il vous plaĂ®t !— Non. Il faut prĂ©server votre pucelage. Il peut rapporter beaucoup.— Oh ! rĂ©pond la jeune fille avec une moue dĂ©pitĂ©e.— Sois patiente, nous organiserons sa perte le plus rapidement possible. En attendant, laissez-moi vous montrer quelque chose. Je reviens.Une minute plus tard, elle est de retour et se met Ă quatre pattes en disant :— Cela vous sera possible…— Vous venez de me dire que non !— Laissez-moi finir. Mettez-la-moi dans l’autre trou.— Dans l’autre trou ? Que voulez-vous dire ?— Dans le derrière, dans le cul si vous prĂ©fĂ©rez.— Vous… ĂŠtes-vous sĂ»re ?— Ne tergiversez pas. Allez-y !MalgrĂ© la confirmation, Marguerite est hĂ©sitante. Aussi n’est-ce point avec le mĂŞme allant que pour le con qu’elle avance l’objet vers l’œillet palpitant. Elle l’appuie presque timidement. Voyant que cela entre soufisablement*, passant outre son Ă©tonnement, car elle n’imaginait pas la chose, elle enfonce un bon pied dans les boyaux et agite de plus en plus vigoureusement. Pas plus que pour sa chatte, Claire ne proteste aucunement. Elle apprĂ©cie et le fait savoir. Au point que Raoulette, Élise et Jean-Marie viennent voir. Ils ne sont pas déçus et regardent, presque fascinĂ©s, leur « employeur » agiter frĂ©nĂ©tiquement la croupe en couinant d’abondance. De voir un tel allant donne des idĂ©es Ă Jean-Marie qui pousse Marguerite, retire la bougie de l’accueillant fourreau pour la remplacer sans laisser Ă Claire le temps de dire quoi ou qu’est-ce. Trop contente de se faire ramoner, elle ne proteste pas. Pas plus que toujours fichĂ© en elle, il la fait basculer. Elle prĂ©sente ainsi aux trois sĹ“urs son fondement envahi et sa chatte bĂ©ante. Cette vue inspire la cadette. Elle rĂ©cupère la chandelle, l’essuie et la plante avec enthousiasme dans le sexe avide. C’est avec non moins d’enthousiasme que Claire accueille cette initiative. Elle apprĂ©cie toujours autant d’avoir ses deux trous occupĂ©s. Tant Jean-Marie que Marguerite mettent beaucoup d’ardeur et mĂŞme de vigueur Ă labourer ses conduits intimes. MalgrĂ©, ou plutĂ´t grâce Ă cette vigueur, Mademoiselle de Villerutay sent le plaisir monter. Ses reins sont animĂ©s de mouvements spasmodiques. Petit Ă petit, elle perd le contrĂ´le de son corps et ne peut s’empĂŞcher de couiner dans un premier temps, puis de feuler et in fine de vocaliser fort joliment, oubliant qu’il y a d’autres occupants dans l’auberge. Iceux profitent largement du rĂ©cital, au point que l’aubergiste, après avoir hĂ©sitĂ©, se dĂ©cide Ă aller toquer Ă la porte pour faire cesser la sĂ©rĂ©nade. Personne ne lui prĂŞte attention. Il rĂ©cidive plus fort, toujours sans rĂ©sultat. Il finit Ă tambouriner, avec comme seul rĂ©sultat un cri prolongĂ© qui s’achève par un profond silence, seulement brisĂ© par ses coups sur la porte. Voyant qu’il peut enfin se faire entendre, il lance :— ArrĂŞtez ce boucan. Des gens veulent dormir cĂ©ans.Claire n’ayant pas encore repris pied, c’est Élise qui rĂ©pond :— Excusez-nous. Ne vous inquiĂ©tez pas, c’est fini.— Vous ĂŞtes dans un honnĂŞte Ă©tablissement ici, pas dans un bordel. Vous pouvez faire ce que vous voulez, mais en restant discret.Mademoiselle de Villerutay s’en veut. Point d’avoir ameutĂ© le voisinage avec ses braillements, mais de s’être laissĂ© aller Ă avoir commerce avec Jean-Marie, alors qu’elle s’était fixĂ© comme ligne de conduite de ne pas avoir de relations intimes avec les hommes employĂ©s aux Belles Poules pour Ă©viter qu’ils se croient tout permis et veuillent se conduire en maĂ®tre. MĂŞme si elle a apprĂ©ciĂ© la prestation, le bonhomme est douĂ© et rĂ©sistant, il lui faudra Ă©viter de rĂ©cidiver. De voir son air fier et satisfait, avec une lueur de domination dans les yeux, la conforte dans sa rĂ©solution. Elle renvoie chacun se coucher. Jean-Marie conquĂ©rant va pour la rejoindre dans le lit. Icelle le prie fermement de rejoindre celui qu’il occupait avec les deux sĹ“urs. Il a un moment d’hĂ©sitation, mais devant l’air rĂ©solu de Claire, il obtempère de plus ou moins bonne grâce.Après quelques ablutions bienvenues, elle rejoint Marguerite dĂ©jĂ couchĂ©e. Elle repense alors Ă son idĂ©e d’avant l’intervention de Jean-Marie. Elle recommence Ă caresser et embrasser sa compagne de lit, qui en est ravie. Après les seins et la chatte, elle s’égare vers la porte Ă©troite. Marguerite n’y prĂŞte guère attention, mais l’égarement se fait de plus en plus frĂ©quent. Elle comprend alors les intentions de Claire. Elle dĂ©cide de lui faciliter la tâche. Elle se met Ă quatre pattes et tend les fesses en les Ă©cartant Ă deux mains. Claire apprĂ©cie, cette fille est vraiment une bonne recrue. Elle agace encore un peu la rosette avant d’y introduire un doigt oint d’onguent, et de l’agiter avant d’y faire entrer un second. Voyant que cela se passe sans problèmes, elle les retire pour les remplacer par la bougie de presque un pouce de diamètre. Marguerite, en se sentant pĂ©nĂ©trĂ©e a le souffle coupĂ©, mais Ă l’image de Claire, ne manifeste pas le moindre mouvement de recul. Somme toute, malgrĂ© la taille de l’objet, cela entre aisĂ©ment. Il faut dire qu’elle y met moult bonnes volontĂ©s. Quand Claire amorce le mouvement de va-et-vient, après un moment un peu difficile, elle s’ajuste au rythme. Il faut dire qu’elle a portĂ© la main Ă sa chatte et que ses doigts s’activent fiĂ©vreusement sur son bouton. Elle apprĂ©cie le jeu, mais contrairement Ă Mademoiselle de Villerutay, elle rĂ©ussit Ă ne point exprimer son contentement par des vocalises intempestives. Il lui suffit de peu de minutes pour que le plaisir enflamme ses sens et qu’elle s’effondre sur le lit en sueur. ÉpuisĂ©e par ces exercices, elle s’endort, conservant fichĂ©e en elle la bougie. Le lendemain, en se rĂ©veillant, elle se sent gĂŞnĂ©e en son fondement. Elle y porte la main. Ce n’est qu’à ce moment que lui revient la soirĂ©e de la veille. Elle retire l’occupant de son cul. Cela lui donne un sentiment de vacuitĂ©. Elle regarde la bougie avec reconnaissance, se souvenant du plaisir qu’elle lui a donnĂ©. En partant, elle l’emmène avec elle.Claire est ravie de ses trois dernières recrues, des autres aussi d’ailleurs. Las, Ă son retour, les nouvelles que lui annoncent ses associĂ©es lui gâchent son contentement. Visiblement, leur reprise de la maison « Aux Belles Poules » n’a pas plu Ă tout le monde. Plusieurs incidents se sont produits, sans trop de gravitĂ©, leur rĂ©pĂ©tition laisse peu de doute sur une intention maligne, mais surtout, la police leur cause soucis, avec des venues rĂ©pĂ©tĂ©es pour leur soutirer de l’argent. Cela finit par manger quasi tout le bĂ©nĂ©fice. Elles ne savent pas comment faire cesser.Claire pense mieux se dĂ©brouiller que ses collègues, mais malgrĂ© son aplomb et ses manières elle ne rĂ©ussit pas Ă faire cesser le racket.Elle dĂ©sespère, quand un jour, grâce aux voyants qui permettent de surveiller toutes les pièces, elles surprennent dans un salon privĂ©, une conversation oĂą il est question d’équipements militaires. Si ses compagnes n’ont pas tout compris, la fille de l’amiral comprend très bien qu’il est question de prĂ©varication… et Ă grande Ă©chelle. Par chance, le nom de certains est connu. Cela lui donne une idĂ©e. Quand elle l’explique, les autres sont dubitatives, mais cela ne l’empĂŞche pas de se mettre en route.Il lui faut plus d’une semaine pour arriver Ă destination. Elle s’affuble d’une moustache postiche et s’habille en homme et tremblant d’être reconnue, attend le moment propice. Il se passe deux jours avant qu’icelui ne se prĂ©sente enfin.Elle s’approche et arrĂŞte l’homme qui s’apprĂŞte Ă monter dans sa voiture.— J’ai des informations qui pourraient vous aider au service du Roi.L’homme se retourne.— À qui ai-je l’honneur, jeune homme ?— Claire de Villerutay.— Ah ! Il se disait que vous Ă©tiez partie pour les colonies. Montez.— Merci.Tous deux montent.Claire commence Ă lui dĂ©voiler ce qu’elle a appris. Monsieur de La Reynie Ă©coute attentivement et demande :— Comment avez-vous surpris ce genre de conversation ?— Eh bien, avec deux amies nous sommes tenancières d’une maison, disons, « accueillante ».— Tiens donc ! D’une maison accueillante. Vous m’en direz tant.— Cette conversation a eu lieu dans un salon privĂ©. Mais vous savez ce que c’est, il faut pouvoir veiller discrètement Ă la sĂ©curitĂ© de chacun et Ă ce que tout se passe sans anicroche.— Cela est tout Ă fait normal de surveiller, pour prĂ©venir les problèmes. Poursuivez, je vous prie.Elle continue son rĂ©cit. Celui-ci achevĂ©, le Lieutenant GĂ©nĂ©ral demande :— Il est fort regrettable que vous n’ayez pu identifier que deux de ces personnages.— Je pourrais poursuivre et en dĂ©couvrir d’autres, si cela peut vous servir et servir le Roi, et s’il vous agrĂ©e.— Effectivement, il pourrait ĂŞtre utile que vous continuiez vos recherches en plus de celles que je vais confier Ă mes hommes.— Pour pouvoir Ĺ“uvrer sereinement, j’aurais besoin que vous m’aidiez.— En quoi puis-je vous aider, en dehors d’omettre de parler Ă votre père de notre rencontre ?— L’intendant de police doit avoir partie liĂ©e avec une maison Ă laquelle nous faisons de l’ombre, aussi nous cherche-t-il noise. J’aimerais ne plus avoir de soucis de ce cĂ´tĂ©, afin de me permettre de me consacrer sereinement aux recherches.— Je vois. Je vais m’en occuper. J’ai des terres dans les environs de LĂ©soran. Je crois que je vais leur faire visite, ainsi qu’à votre « maison ». Je suis curieux de la dĂ©couvrir.— Vous y serez accueilli avec joie.— À dans quelques jours donc. Mes au revoir, Mademoiselle… Mademoiselle comment, maintenant ?— Mademoiselle Claire Delorme, pour vous servir. Au revoir, Monsieur.Monsieur de La Reynie fait arrĂŞter sa voiture et Claire en descend et retourne vers LĂ©soran en espĂ©rant que le Lieutenant GĂ©nĂ©ral ne tarde point trop Ă venir.HĂ©las, les jours passent et point de visite. MalgrĂ© cela, elle se met Ă la tâche et cherche plus de renseignements sur les individus malhonnĂŞtes, leur circuit et leur mĂ©thode. Elle n’est pas mĂ©contente de ses rĂ©sultats.Tout cela ne l’empĂŞche pas de s’occuper de ses recrues. Elle convainc ses associĂ©es de ne point les mettre incontinent au travail, ou tout au moins leur laisser suffisamment de temps pour qu’elles apprennent les bonnes manières. Sauf pour Marguerite qui est gardĂ©e pour que son dĂ©pucelage soit rĂ©alisĂ© au mieux des intĂ©rĂŞts de la maison. Pour cela, toutes trois sont d’accord pour attendre la venue de Monsieur de La Reynie, pour que le bĂ©nĂ©fice de l’opĂ©ration, qu’elles espèrent juteuse, ne disparaisse pas dans les poches des argousins.Un après-midi, alors qu’elle vient de finir de s’occuper d’un client, Ă moins que ce ne soit icelui qui ne se soit occupĂ© d’elle, tout dĂ©pend du point de vue, Isabeau Blavet l’avertit qu’un monsieur dĂ©sire la rencontrer. Elle n’est pas mĂ©contente, cela confirme, qu’elle a du succès auprès de la clientèle.Elle finit de procĂ©der Ă ses ablutions, en songeant Ă Isabeau. Elle n’a toujours pas rĂ©ussi Ă la convaincre de ne point rester servante. Elle ne dĂ©sespère pas. Elle y met toute sa persuasion, et ce, d’autant plus qu’Isabeau est celle qui a les meilleures manières et une politesse innĂ©e que beaucoup de dames de la cour lui envieraient. Ă€ cela s’ajoute qu’elle est une forte accorte jeune femme maintenant que les traces de coups se sont dissipĂ©es sur son visage et son corps et qu’elle s’est Ă©toffĂ©e. Apparemment, son cher Ă©poux, en plus de la maltraiter, ne la nourrissait qu’avec parcimonie.Sa toilette achevĂ©e, elle se rend au salon. Son rendez-vous regarde un tableau et tourne le dos Ă la porte :— Bienvenue Ă La Belle Poule, lance Claire en songeant que ce nom n’est pas forcĂ©ment des plus heureux et qu’il faudrait peut-ĂŞtre en changer.— Mille mercis, Mademoiselle… Delorme ? rĂ©pond le visiteur en se retournant.— Monsieur… heu… Je suis ravie de vous accueillir, rĂ©pond Claire en se retenant d’appeler le Lieutenant GĂ©nĂ©ral de police par son nom ou son titre. Veuillez me suivre dans un endroit plus tranquille.— Avec le plus grand plaisir.Claire emmène Monsieur de La Reynie dans un endroit Ă l’abri des oreilles indiscrètes. Elle donne les nouveaux renseignements qu’elle a glanĂ©s quant Ă l’affaire qui l’intĂ©resse. Ă€ partir des gens dont elle avait les noms parmi les clients, elle a rĂ©ussi en les surveillant discrètement Ă identifier d’autres personnages impliquĂ©s. En plus, elle a rĂ©ussi Ă se faire inviter avec quelques-unes des pensionnaires dans l’hĂ´tel de l’un d’entre eux pour « égayer » le banquet qu’il offrait. Lors de la nuit, l’alcool aidant, ce Monsieur s’est montrĂ© moins prudent qu’il n’aurait dĂ». Bien sĂ»r pour des oreilles non averties, il n’y avait pas de quoi Ă©veiller des soupçons, mais les siennes l’étaient. Aussi a-t-elle pu apprendre que des documents Ă©taient resserrĂ©s dans une armoire sise dans une pièce accessible par une porte dĂ©robĂ©e dissimulĂ©e par une fausse bibliothèque. Au plus fort de la nuit quand tous les invitĂ©s Ă©taient ou trop imbibĂ©s d’alcool ou Ă s’occuper activement des dames prĂ©sentes, l’un n’empĂŞchant par forcĂ©ment l’autre d’ailleurs, elle s’était introduite dans ladite pièce et avait pu vĂ©rifier de visu que des papiers concernaient bien l’affaire.— Comment vous y ĂŞtes-vous prise pour ce faire ? Tout devait ĂŞtre bouclĂ©.— De fait, mais avec les clefs, ce n’est pas un problème.— Avec les clefs !— Oui da. Notre hĂ´te les porte en permanence autour du cou. Or, l’homme Ă©tait repu et ronflait avec comme un sonneur. Comme la pièce secrète donne sur sa chambre, cela a Ă©tĂ© un jeu d’enfant de prendre les clefs et de jeter un coup d’œil sur le contenu de la fameuse armoire.— N’avez-vous pas craint que quelqu’un survienne ?— Non. Ordre avait Ă©tĂ© donnĂ© de ne pas ĂŞtre dĂ©rangĂ©.— Je vois, et quel est le nom de ce triste individu.Claire le lui donne, ainsi que des feuillets avec tous les renseignements qu’elle a glanĂ©s.— Lui ! Morbleu, ce n’est pas un mince personnage. Il va falloir agir avec la plus grande prudence. Ne vous en mĂŞlez pas plus avant. Cela me regarde maintenant.— Je suis aux ordres de Votre Seigneurie. Elle peut compter sur mon dĂ©vouement en toutes circonstances.— En ce cas, j’aimerais avoir quelques Ă©claircissements supplĂ©mentaires.— Que dĂ©sirez-vous savoir ?— Comment vous ĂŞtes-vous prise pour que ce gaillard tombe quasi en lĂ©thargie ?— Il avait un peu bu. Quant au reste…— Je suis curieux de savoir.— C’est dĂ©licat Ă expliquer.— Cela est regrettable.— Il serait plus aisĂ© de vous le montrer. M’y autorisez-vous ?— Je vous en prie. J’en serai fort aise. J’aime toujours Ă m’instruire.Mademoiselle de Villerutay, bien que surprise par la tournure des Ă©vĂ©nements, ne rechigne pas Ă satisfaire la curiositĂ© de Monsieur le Lieutenant GĂ©nĂ©ral de police. Pas qu’icelle d’ailleurs. Elle entreprend donc d’ouvrir son corsage et de dĂ©gager sa poitrine, puis d’ouvrir la culotte de Gabriel, croit-elle se rappeler. Elle en dĂ©gage une verge très honorable, Ă laquelle elle entreprend de donner toute son ampleur. Point lui est besoin de trop besogner pour y parvenir. L’engin dĂ©ployĂ©, Monsieur de La Reynie, sans s’embarrasser de fioritures, renverse Claire sur la table et la trousse. L’objet de sa convoitise dĂ©voilĂ©e, il y plonge son mandrin avec un soupir de satisfaction et la baise avec vigoreusetĂ©*. Il faut dire qu’il trouvait Mademoiselle de Villerutay fort Ă son goĂ»t, mais il ne pouvait entreprendre une demoiselle de son rang. Il est fort aise de pouvoir profiter de ses charmes sans que cela soulève problèmes. Il se gardera bien de rĂ©vĂ©ler Ă son père qu’il a retrouvĂ© la profugue* et se promet lors de ses passages sur ses terres de venir lui faire visite. CommencĂ©e sous de si bons auspices, la partie se poursuit Ă la satisfaction des deux protagonistes.Leur petite affaire terminĂ©e, ils retournent au salon. Alors que Claire pense Ă rappeler au Lieutenant GĂ©nĂ©ral sa promesse d’intervention auprès de la police pour calmer ses appĂ©tits, icelle entre dans la maison en la personne de trois argousins, dont son chef. Les deux sous-fifres restent Ă la porte et seul Monsieur de Traureteck s’avance vers Claire, l’air guilleret :— Le bonjour, Madame. Avez-vous pensĂ© Ă prĂ©parer le petit cadeau destinĂ© Ă soutenir le moral des gens chargĂ©s d’assurer la sĂ©curitĂ© de la ville, dont la vĂ´tre ?Monsieur de La Reynie, assis sur un fauteuil Ă haut dossier, dos Ă l’entrĂ©e, l’encourage d’un signe. Ainsi rassurĂ©e, elle rĂ©pond :— HĂ©las, la maison n’a plus les moyens de se montrer gĂ©nĂ©reuse et se dispensera dorĂ©navant de verser un Ă©cu hors de ceux dĂ»ment enregistrĂ©s sur les registres.Le visage de l’homme se ferme. Il gronde :— Vous n’avez pas bien rĂ©flĂ©chi aux consĂ©quences.— Ci-fait et la dĂ©cision est prise.— Vous allez le regretter. Votre bordel va ĂŞtre fermĂ©.— Pour quel motif ?— Pour cela, ne vous inquiĂ©tez pas. Il sera fort aisĂ© d’en trouver. Et cela ne sera que dĂ©but de vos ennuis.— Seriez-vous en train de menacer, Madame Delorme, en raison de son refus de vous payer en pot-de-vin ? interroge le Lieutenant GĂ©nĂ©ral en se levant— Cette affaire ne concerne que Madame et moi. MĂŞlez-vous de ce qui vous regarde si vous ne voulez pas que l’on vous arrĂŞte pour entrave Ă la justice du Roi.— Sa MajestĂ© serait fort surprise de voir ce pour quoi sa justice est invoquĂ©e.— Vous deux, saisissez-vous de cet individu et emmenez-le Ă la PrĂ©vĂ´té… Un petit sĂ©jour en cellule lui fera le plus grand bien.— Vous ne pouvez faire cela ? s’interpose Claire.— Laissez, Madame. Que la farce continue, lance Gabriel enjoué !Les deux hommes l’empoignent et l’entraĂ®nent vers la sortie. Une fois sortis, leur chef reprend :— Fi de cet importun. Reprenons. Je suis prĂŞt Ă oublier cet incident, mais il vous en coĂ»tera dix pour cent de plus et…Il est interrompu par l’ouverture de la porte par laquelle ses deux hommes entrent, poussĂ©s par Monsieur de La Reynie. Il se retourne d’un bloc :— Cela va vous coĂ»ter cher, de violenter des policiers, lance-t-il ne remarquant pas les signes de ses sbires.— Et que cela va-t-il me coĂ»ter, Monsieur l’Intendant de police ?L’autre va pour expliciter ce qu’il rĂ©serve au fâcheux, mais Claire le devance :— Le Lieutenant GĂ©nĂ©ral de police, Monsieur de La Reynie, va ĂŞtre fort intĂ©ressĂ©, de voir de quelle manière la police est faite en cette ville.— Monsieur de La Reynie, bĂ©gaye l’intendant.— Oui, Monsieur et je rends visite Ă la fille d’un homme qui a beaucoup Ĺ“uvrĂ© pour le service de Sa MajestĂ© et auquel je suis moult redevable. Je suis fort marri de voir la manière dont elle est traitĂ©e.— Heu… C’est-Ă -dire…— Je n’ai jusqu’à prĂ©sent eu que des compliments sur la manière dont vous dirigez la police de cette ville, aussi veuillĂ©-je bien oubliĂ© cet Ă©cart, que je veux croire isolĂ©.— Il l’est, soyez-en assurĂ©. Je vous remercie infiniment de la grâce que vous me faites. Cela ne se reproduira pas.— C’est bien ainsi que je l’escompte. Monsieur l’intendant, je vous salue.— Mes respects, Monsieur le Lieutenant GĂ©nĂ©ral. Je suis votre serviteur.Sur ce, il tourne les talons et s’en retourne suivi de ses hommes, sans demander son reste. SoulagĂ©, mais malgrĂ© tout inquiet. Il va falloir qu’il fasse profil bas et cesse de demander des Ă©pices. Quant Ă cette foutue garce, il enrage de ne pouvoir s’en revancher. Cela serait par trop risquĂ©.Monsieur de La Reynie s’en retourne Ă ses obligations, non sans se promettre une escauvinghe* rĂ©gulière de la maison et du con de sa si charmante tenancière.Après le dĂ©part d’icelui, dĂ©livrĂ©es du Lieutenant de police, les trois tenancières dĂ©cident de faire perdre Ă Marguerite son pucelage au mieux des intĂ©rĂŞts de la maison.Il est fait publicitĂ© que celui-ci serait mis aux enchères. Visiblement, les amateurs sont nombreux. La donzelle n’est pas patiente. L’attente durant, elle n’entend pas rester Ă se morfondre. La leçon de sa patronne durant le voyage n’a pas Ă©tĂ© oubliĂ©e. Aussi la donzelle n’hĂ©site-t-elle pas Ă se livrer aux joies de Lesbos avec d’autres pensionnaires, parfois avec Claire et mĂŞme avec ses sĹ“urs. Si durant ces exercices son con n’est pas usitĂ©, sauf Ă cajoler son bouton, il n’en est pas de mĂŞme de son cul, car il faut bien avouer qu’elle moult apprĂ©cie les visites que lui font des doigts ou des godemichets divers et variĂ©s, manipulĂ©s pas ses compagnes ou par elle-mĂŞme. Elle ne tergiverse pas parfois Ă user de calibres consĂ©quents. Elle a le derrière accueillant.Vient enfin le jour attendu. Les amateurs de pucelle sont nombreux. Les enchères montent, s’envolent mĂŞme au-delĂ des espĂ©rances. Cela va renflouer les caisses de la maison. L’heureux vainqueur, un homme entre deux âges, un peu ventripotent, est applaudi par l’assistance quand il se retire avec Marguerite pour jouir de son acquisition.Les trois tenancières, accompagnĂ©es de quelques clients ayant payĂ© pour, vont regarder par une glace sans tain, comment les choses se dĂ©roulent. HĂ©las elles ne se passent pas au mieux. L’homme n’est guère vaillant, Marguerite a bien du mal Ă le faire raidir. Plusieurs tentatives de pĂ©nĂ©tration Ă©chouent, tant il bande mou. Cela l’énerve. Il s’en prend Ă la jeune fille, la giflant. Claire va pour intervenir. Elle est retenue par ses deux associĂ©es qui lui disent que cela fait partie du mĂ©tier et de ne s’en mĂŞler que si cela va au-delĂ de quelques taloches ou d’une fessĂ©e. Elle lui explique que si un homme aime corriger les filles, c’est une question de prix, Ă condition d’avoir des pensionnaires qui acceptent de se faire rudoyer. Il y en a qui acceptent pour l’argent, et mĂŞme parfois par goĂ»t en plus. Ces dernières ne sont pas frĂ©quentes, elles sont un plus pour une maison. Mais il faut faire attention Ă ce que les filles ne soient pas abĂ®mĂ©es et rendues indisponibles.Claire n’avait jamais pensĂ© Ă ce genre de chose et jusqu’à prĂ©sent le cas ne s’était pas prĂ©sentĂ©. Cela la laisse perplexe.Durant leur conciliabule, l’homme a allongĂ© deux claques supplĂ©mentaires Ă Marguerite, mais au moins cela a-t-il pour rĂ©sultat de le rendre un tant soit peu plus raide et de pouvoir arriver Ă ses fins. Claire la plaint, car il n’y met aucune dĂ©licatesse. Dès qu’il a senti sa rigiditĂ©, il a renversĂ© Marguerite et s’est jetĂ© sur elle en lui Ă©cartant les jambes sans mĂ©nagement, pour la pĂ©nĂ©trer d’un coup en se laissant aller de tous son poids. Elle ne peut retenir un cri de douleur. Il s’active brièvement avant de se relever le vit en berne, laissant la jeune fille en pleurs. Cela l’énerve et il la taloche une nouvelle fois en lui disant de ne pas faire de simagrĂ©es.Ce que voyant, mademoiselle de Villerutay se prĂ©cipite dans la pièce en signifiant Ă l’individu que cela suffit, qu’il n’est pas question dans le contrat qu’il continue Ă brutaliser qui que ce soit. Il le prend mal et se dirige menaçant vers Claire, l’arrivĂ©e de ses associĂ©es, de deux des hommes de la maison et des clients voyeurs, calme ses ardeurs belliqueuses. Il se rhabille et s’en va en maugrĂ©ant des menaces, des imprĂ©cations et clamant que la fille n’était pas pucelle et que c’est une escroquerie. Heureusement que les clients ont Ă©tĂ© tĂ©moins et font savoir Ă l’individu ce qu’ils pensent de sa mauvaise foi, sinon le rustre aurait eu beau jeu de se rĂ©pandre en calomnies pour faire douter du pucelage de Marguerite et du sĂ©rieux de la maison.Ses sĹ“urs et les patronnes viennent consoler la pauvre Marguerite. Un peu de repos et son heureuse nature lui permettent de surmonter ce pĂ©nible Ă©pisode.* Estanchier : fatiguer, Ă©puiser* Avable : convenable, propre Ă .* Obsequer : obĂ©ir* Destorber : gĂŞner, contrarier* Goguelu : vain, fat, prĂ©somptueux* EsrageĂŻs : enragĂ©, furieux* Rateler : discuter, bavarder* Bee : avide* Soufisablement  : aisĂ©ment* VigoreusetĂ©Â : vigueur* Profugue : fugitive, fugueuse* Escauvinghe : inspection* Porgouster : dĂ©guster_____________________________________________*Épisode 01 : « La vie reprend : il faut s’adapter. »Épisode 02 : « La vie reprend : la curiositĂ© peut rĂ©vĂ©ler des choses »Épisode 03 : « La vie reprend : espoir de promotion »Épisode 04 : « La vie reprend : ennemis jusqu’où ? »Épisode 05 : « Espoir de promotion – CroisĂ©e des chemins – Ă€ la cour du Roi »Épisode 06 : « La dĂ©ception pousse vers des voies Ă©troites »Épisode 07 : « Du cĂ´tĂ© des prisonniers »Épisode 08 : « Du cĂ´tĂ© des prisonniers : Marion – Jacquotte »Épisode 09 : « La surprise du Vicomte »Épisode 10 : « DĂ©barquement »Épisode 11 : « Occupation et consĂ©quences »Épisode 12 : « À la cour Charles : AnaĂŻs, Claire, famille et surprises »Épisode 13 : « Retours au pays et du nouveau Ă la cour tanibrinque »Épisode 14 : « Diversion – DĂ©barquement en Érinlande »Épisode 15 : « Retour en Canfre : Mathieu Lescot et Jacqueline Lechamp »Épisode 16 : « Retour en Canfre : les familles ennemies »Épisode 17 : « ArrivĂ©e en Canfre : Jacquotte, les Galleway, de La TiĂ©mont »Épisode 18 : « Retour plus dĂ©licat de Madeleine Lepont »Épisode 19 : « Retour de Catherine de RĂ©villy et de ses compagnes »Épisode 20 : « Le Dauphin »Épisode 21 : « Le retour de Monsieur de Sombreuil »Épisode 22 : « En Érinlande »Épisode 23 : « Patricia de Swordfish et Audrey de Highjone en Canfre »Épisode 24 : « Rapprochement de familles »Épisode 25 : « Des Canfrais et des Glaisans »Épisode 26 : « Vengeances »