Presque un an plus tard, Daniel et moi étions encore ensemble. Cela parut une évidence pour nous deux. Après tout, je n’avais jamais aimé que lui et il avait tout abandonné pour moi. Le début de notre relation fut assez chaotique, pour être honnête. Daniel venait chez moi après le travail, me faisait l’amour et s’en allait, me laissant déprimé dans mes draps froissés. Je tentais chaque jour de me convaincre qu’il ne se rendait pas compte du mal qu’il me faisait, et chaque jour il recommençait son manège. Mon travail, ses baisers, ses promesses, et mon réveil dans un lit vide. Cela dura presque trois mois, jusqu’à ce que je refuse qu’il me touche. Vexé d’avoir été repoussé, il ne vint pas me voir pendant quelques jours mais je ne m’en inquiétais pas. Après tout, il revenait toujours.Par une nuit d’hiver, je le trouvai à ma porte, l’air penaud. Je lui avouai tout : l’excitation qui me gagnait à chaque fois que j’étais dans ses bras, la peur que j’avais qu’il me quitte, pour une femme, pour un homme. L’amour infini que je lui portais. Il pleura cette nuit, et pour le consoler je lui offris mon corps. C’était la dernière fois, me suis-je dit. La dernière fois. Quel ne fut pas mon étonnement lorsque le matin me surprit entre ses bras, nos jambes entrelacées. À partir de ce moment-là , Daniel n’a plus jamais découché. Mon appartement, trop petit pour deux, fut vendu et j’emménageai chez lui, à Montmartre, quartier que je trouvais si romantique. Nous avons baptisé chaque pièce de notre amour. La cuisine, le salon, la salle de bains et même les toilettes. Cependant, notre chambre à coucher restait notre refuge, là où nous nous enlacions pendant des heures, nous murmurant des mots doux, pour la simple et bonne raison que nous le pouvions. Il me prenait en photo pendant que je dormais, me confia-t-il, pour s’assurer que tout cela n’était pas un rêve.Je me réveillais chaque matin entre ses bras, nous allions travailler, et tous les soirs nous nous retrouvions dans notre cocon d’amour si confortable. Je n’avais jamais été aussi heureux, et le sourire de Daniel ne m’avait jamais paru aussi large.Et puis le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec le temps Daniel s’était nettement amélioré côté sexe. Plus nous faisions l’amour (cela arrivait d’ailleurs très souvent) et plus je prenais mon pied. Le fait qu’il soit insatiable me prouvait que je n’étais pas le seul. Ses coups de reins se faisaient plus experts, sa langue plus précise. Je fondais littéralement entre ses bras.De même, j’avais compris que Daniel se plaisait à être le « mâle » dans notre relation. Il aimait dominer, c’était évident, et je dois avouer que cela me plaisait d’obéir à ses moindres demandes. Si bien que ce fut moi qui lui suggérai de m’attacher et de me bâillonner.Je le lui proposai une nuit, alors que nous en étions à la partie de jambes en l’air n°3 :— Quoi ? m’avait-il demandé d’une voix pleine de sommeil. Tu veux dire, là , maintenant ?— Non, espèce d’idiot, avais-je rétorqué. Je suis trop fatigué et puis j’ai mal aux fesses. Mais une autre fois si tu veux. Tu pourrais m’attacher au montant du lit, sur le dos, sur le ventre. Comme tu veux. Et puis, tu sais, tu pourras me faire tout ce dont tu as envie, avais-je ajouté d’une voix câline.C’est seulement après lui avoir fait une dernière fellation qu’il parvint à s’endormir, un sourire béat aux lèvres.J’avais tout prévu pour le samedi suivant. Les bougies, quelques foulards posés près du lit, du lubrifiant. Kitch, je sais, mais Daniel et moi n’avions jamais été un couple moderne. J’attendis impatiemment qu’il rentre de sa séance de photos. Lorsque la porte d’entrée s’ouvrit, j’étais déjà à la porte. Il eut à peine le temps de poser son appareil que je lui sautai éperdument dessus. Ma bouche vint à la rencontre de la sienne, et il poussa un hoquet étonné.— Maintenant ? demanda-t-il, essoufflé.— Maintenant, confirmai-je d’une voix mutine.Notre lit à baldaquin n’attendait que nous. J’adorais ce lit, pour la simple et bonne raison que je pouvais m’accrocher à l’une des barres pendant que Daniel me culbutait. Mais aujourd’hui, cela n’était pas à l’ordre du jour et Daniel le comprit tout de suite.— Déshabille-toi, m’ordonna-t-il d’une voix grave.Je m’empressai aussitôt de déboutonner ma chemise et d’ouvrir ma braguette.— Doucement, souffla-t-il. Fais-moi languir, mon amour.Le rouge aux joues, je m’appliquai à lui offrir un show. Je me trémoussai sous ses yeux, essayant vainement de soutenir son regard. Ses yeux couleur chartreuse semblaient mettre mon âme à nu, et cela me gênait quelque peu. Je frottai mes fesses contre lui, sachant pertinemment l’effet que cela produisait chez lui. Et enfin je fus nu, tremblotant de désir, la verge fièrement dressée. Il me scruta pendant d’interminables secondes, et pourtant j’étais sûr qu’il connaissait mon corps par cœur. En appuyant doucement sur mes épaules, il me fit asseoir sur le lit.— Je pensais seulement te mettre un foulard à l’intérieur de la bouche, dit-il. Mais, finalement, je crois bien que je vais le mettre dans ta bouche, pour que tu ne puisses vraiment plus rien dire.Il prit donc un foulard (celui en soie remarquai-je) puis il exerça une pression sur ma mâchoire jusqu’à ce que j’ouvre la bouche.La matière était désagréable contre mes dents, mais douce au contact de ma langue. Alors que je le contemplais, ravi, il se contenta de me maintenir fermement la tête entre ses mains et de me caresser les cheveux. Ce moment parut durer une éternité, mais j’étais bien, là tout contre lui.— Surtout, ne desserre pas la mâchoire, commanda-t-il. Sinon, je devrai te punir…Il finit par me faire allonger, et je frissonnai au contact des draps frais. Il choisit un autre foulard posé sur la table de chevet, et tendrement me noua les mains au-dessus de la tête, les encastrant entre les barreaux du lit. Ses larges mains se posèrent enfin sur moi. Il me massa délicatement la nuque, ce qui me fit gémir de façon presque embarrassante. Il rit doucement et posa ses lèvres charnues à l’endroit même où mon pouls battait le plus fort.— Mords-moi ! avais-je envie de dire. Mords-moi fort.Mais il se contenta de poser de simples baisers le long de ma nuque, provoquant en moi de délicieux frissons.Il se leva précipitamment du lit et se déshabilla en quelques secondes à peine. L’eau me monta à la bouche. Chaque partie de son corps semblait être faite pour moi, chacun de ses mouvements me rappelait la façon dont il me faisait l’amour. Daniel était fou, et moi j’étais complètement fou de lui.Il s’installa confortablement sur moi, les genoux de chaque côté de mes hanches, puis lova sa tête contre mon torse, tout près de mon cœur. Il agaça mes tétons avec la pointe de sa langue, puis les suçota dans sa bouche, comme des bonbons tout roses. Il se traça un chemin plus bas, vers mon ventre, mon nombril, et toujours plus bas… J’eus l’impression que les muscles de mon corps se contractaient à l’unisson, ne demandant qu’une seule chose. Daniel.Il fit glisser son nez le long de ma verge, de bas en haut et goba mon gland, l’aspirant fort dans sa bouche. Je tentai de pousser un cri, mais cela ressembla plus à un grognement qu’autre chose. Je fermai les yeux très fort, de peur de jouir à l’instant. Il me prit de plus en plus loin dans sa bouche, jusqu’à ce que je touche le fond de sa gorge. Il s’étouffa un peu mais se remit à la tâche. J’avais de plus en plus chaud, de plus en plus de mal à respirer, et c’est avec un soupir de soulagement que je sentis un doigt humide se glisser le long de ma fente et s’insérer en moi. Alors qu’un deuxième doigt venait me taquiner, il goba mes testicules, faisant cambrer tout mon corps. C’était mon point faible, et il le savait très bien. J’ouvris les yeux pour rencontrer les siens, bourrés de satisfaction. Je percevais le mouvement de ses doigts à l’intérieur de moi, émettant un bruit mouillé. C’était sa bite que je voulais, je la voulais maintenant. Je tirai sur mes poignets, essayant de délier le foulard, mais peine perdue. Celui-ci était bien accroché.— Alors, comme ça, on veut déjà être détaché ? se moqua-t-il.Je hochai vigoureusement la tête.— Pas encore, mon amour, murmura-t-il d’une voix étonnamment sérieuse. Je n’en ai pas encore fini avec toi, continua-t-il en approchant son visage du mien.Je le regardai d’un air implorant, faisant fi de la petite voix à l’intérieur de moi qui me disait que j’étais légèrement pathétique d’être ainsi dépendant de mon homme. Mon homme qui venait de poser un baiser sur chacune de mes paupières et qui me murmurait des mots doux à l’oreille.— Je vais te baiser maintenant. Tu veux ?Nouveau hochement de tête.— Tu es un bon garçon, hein, mon cœur ? Un très bon garçon. Mon bébé se laisse attacher. Il me laisse faire tout ce dont j’ai envie.Sous le coup du désir, je n’eus même pas la force de bouger la tête de nouveau. Je me contentai de gémir en le regardant prendre place entre mes cuisses ouvertes. Cela faisait quelques mois que nous n’utilisions plus de préservatifs. Nous avions fait tous les deux le test, qui s’était révélé négatif, et, puisque nous n’allions pas voir ailleurs, la question avait été vite réglée. Je crois bien que je ne pourrai jamais décrire par des mots la sensation que j’ai ressentie la première fois que Daniel a joui en moi.Des larmes de joie perlèrent à mes yeux lorsque je sentis enfin sa verge se glisser en moi. Je n’étais plus vide, j’étais plein de lui. Il était partout, en moi, sur moi, autour de moi. J’avais l’impression de le respirer ; ivre, comme jamais aucun alcool ne pourrait me faire devenir.Je l’entendis pousser un râle, son visage était contracté comme s’il avait mal.— Tu es tellement étroit, tellement serré…Je gémis une nouvelle fois, au bord de l’extase. Il se pencha soudain en avant, me faisant exhaler un hoquet, surpris. Ses mains se retrouvèrent juste au-dessus des miennes, mes genoux sur ses épaules et sa bite enfoncée profondément en moi. Je crus m’évanouir de plaisir. J’avais besoin de le toucher, de sentir sa peau frémir sous mes doigts, de voir l’effet que lui procuraient mes caresses. Au lieu de quoi je me concentrai sur l’endroit sensible où nous étions rattachés l’un à l’autre. Je l’enviais de pouvoir crier ainsi son plaisir, alors pour le punir je contractai très fort mon sphincter autour de sa verge. La tête qu’il fit en dit long.— Ah, c’est comme ça que tu veux jouer, dit-il d’une voix satisfaite. Je vais te montrer comme je joue, moi…Sur ces bonnes paroles, il se mit à me pénétrer de plus en plus fort. Ma tête vint cogner contre le montant du lit mais je n’en ressentis aucune douleur. Je ne ressentais que le plaisir qu’il m’infligeait. Alors que je gémissais faiblement dans l’air vicié de la pièce, me rapprochant de plus en plus du septième ciel, il s’arrêta brusquement.Je grognai, battant énergiquement des jambes pour qu’il recommence, mais il se contenta de me regarder d’un air malicieux.— Je me demande si je ne vais pas te laisser comme ça, chuchota-t-il. Tout en sueur, n’attendant que moi. Je vais peut-être me lever et me branler juste au-dessus de toi, jouir sur ton corps pour que tu voies à quel point tu m’excites. Bien sûr, tu resteras attaché tout du long. Tu ne pourras même pas me toucher, tu devras te contenter de regarder.Je poussai une plainte pitoyable et une larme coula le long de ma joue.Il soupira.— Ou peut-être pas…Je faillis éclater d’un rire nerveux lorsqu’il se remit à me faire l’amour, cette fois de façon plus tendre, les yeux dans les yeux, parce qu’il savait que j’aimais cela. Il retira enfin mon bâillon, le remplaça par sa langue. Ma bouche se remplit de son arôme et mon pénis tressauta. Il l’empoigna d’une main et se mit à me branler frénétiquement.— Baise-moi, haletai-je tandis qu’il accélérait la cadence. Baise-moi fort.Ses coups de reins se firent plus puissants et je pus enfin me libérer. Je jouis d’une façon hallucinante, mon sexe en était devenu douloureux. Je sentis le sperme de Daniel au fond de mes entrailles, bien au chaud. Il semblait en état de choc, tremblant au-dessus de moi.— Daniel, murmurai-je tendrement.Cela le fit sortir de sa rêverie, car il finit par dénouer mes liens, en prenant soin de poser un baiser délicat sur mes deux poignets, là où le foulard avait écorché ma peau. Je m’agrippai aussitôt à son dos comme à une bouée, plantant mes ongles dans sa peau, de peur qu’il s’en aille.— Calme-toi, mon ange, m’ordonna-t-il doucement lorsqu’il vit que j’avais du mal à reprendre mon souffle. Je suis là , tu es à moi. Je n’irai nulle part.L’expérience avait dû être trop intense pour moi, car à mon réveil j’étais toujours accroché à Daniel.