Partie 1 : Dans ce monde— Jésus, fils de David et de Marie, ayez pitié de moi. Marie, fille de David et mère de Jésus, priez pour moi. Mon Dieu, j’abandonne mon corps, qui n’est que poussière, et le laisse aux hommes pour le brûler, le réduire en cendres et en disposer comme il leur plaira avec une ferme foi que vous le ferez ressusciter un jour, et que vous le réunirez à mon âme : je ne suis en peine que d’elle. Agréez, mon Dieu, que je la remette à vous, faites-la entrer dans votre repos, et recevez-la dans votre sein, afin qu’elle remonte à la source dont elle est descendue. Elle part de vous, qu’elle retourne à vous ; elle est sortie de vous, qu’elle rentre en vous ; vous en êtes l’origine et le principe, soyez-en, ô mon Dieu, le centre et la fin !Je me nomme Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, marquise de Brinvilliers, et, alors que je remets mon âme à Dieu en reprenant mot pour mot ce que me souffle mon confesseur, je suis agenouillée sur l’échafaud, en place de Grève, et ma tête est posée sur le billot. Le bourreau, bientôt, va faire son office. Et dans quelques instants, mon corps, ainsi que ma tête qui en sera alors séparée, seront jetés sur le bûcher.Pourquoi suis-je ici ? C’est une longue histoire, et seul l’Abbé Pirot, qui m’a entendue en confession sait tout ce qu’il y a à savoir.Si vous voulez connaître la raison officielle de mon exécution, vous n’avez qu’à lire l’arrêt de la Cour, prononcé ce matin, le 16 juillet 1676.En voilà un extrait :Vu par la Cour, les grands-chambres et tournelles assemblées, etc., en conséquence du renvoi requis par ladite d’Aubray de Brinvilliers, conclusions du procureur-général du Roi, interrogée ladite d’Aubray sur les cas résultants du procès, dit a été que la Cour a déclaré et déclare ladite d’Aubray de Brinvilliers dûment atteinte et convaincue d’avoir fait empoisonner maître Dreux d’Aubray, son père, et lesdits maîtres d’Aubray, l’un lieutenant civil, l’autre conseiller au Parlement, ses deux frères, et attenté à la vie de Thérèse d’Aubray, sa sœur ; et, pour réparation, a condamné et condamne ladite d’Aubray de Brinvilliers à faire amende honorable au-devant de la principale porte de l’église de Paris, où elle sera menée dans un tombereau, nu-pieds, la corde au cou, tenant en ses mains une torche ardente du poids de deux livres, et là , étant à genoux, dire et déclarer que méchamment, par vengeance et pour avoir leurs biens, elle a empoisonné son père, fait empoisonner ses deux frères et attenté à la vie de sa sœur, dont elle se repent, en demande pardon à Dieu, au Roi et à la Justice, et ce fait, menée et conduite dans ledit tombereau en la place de Grève de cette ville, pour y avoir la tête tranchée sur un échafaud qui, pour cet effet, sera dressé sur ladite place, son corps brûlé et les cendres jetées au vent.Oui, on peut dire que c’est là une partie de la vérité !Certes, j’ai empoisonné mon père et mes deux frères. Ce père qui m’a séparé de mon amant en le faisant jeter en prison. Ces frères qui m’ont tour à tour violée jusqu’à trois fois par semaine quand j’étais enfant, reprenant ainsi le flambeau après qu’un de nos domestiques ait abusé de moi lorsque je n’avais que sept ans.Certes, grâce au Chevalier Godin de Sainte-Croix, mon amant, j’ai appris à préparer ces poisons à l’arsenic qui m’ont permis de faire disparaître en toute discrétion ces suppôts de Satan qui prétendaient être ma famille.S’il avait su, mon cher père, Antoine Dreux d’Aubray, Lieutenant Civil de la ville de Paris, qu’en faisant embastiller mon amant par une lettre de cachet, il lui permettrait de faire la rencontre, à la Bastille, du sieur Exili, empoisonneur notoire qui lui a transmis son savoir, et que c’est grâce à ce savoir que lentement nous l’avons empoisonné.Sainte-Croix m’a ainsi enseigné l’art qu’il venait d’apprendre et l’élève s’est vite montrée plus brillante que le maître. Ainsi, afin d’être sûre de l’efficacité des poisons que j’ai confectionnés, j’ai de nombreuses fois rendu visite aux indigents de l’Hôtel-Dieu pour tester sur eux, en leur distribuant des biscuits que j’avais cuits moi-même, mes préparations. De cette manière, en observant leur agonie, j’ai pu méthodiquement améliorer mes potions. Quand, enfin assurée de leur puissance après avoir validé une dernière fois leur efficacité sur Marie-Jeanne, ma femme de chambre, j’ai entrepris d’empoisonner, lentement, à petit feu, mon ignoble père.Cela m’a pris huit mois, mais Dieu a bien voulu exaucer mes vœux, et père a fini par s’éteindre en septembre 1666.Et comme cela avait si bien marché avec papa, j’ai décidé, quatre ans plus tard, de punir les actes innommables de mes deux frères de la même manière. De manière intéressante, avec eux, cela est allé bien plus vite. Il faut croire qu’ils ne témoignaient pas de la même vitalité que notre père. J’aurais pourtant voulu qu’ils souffrent aussi longtemps qu’ils m’avaient fait souffrir, pendant toutes ces années où ils considéraient mon corps et tous mes orifices comme leur propriété commune pour assouvir les péchés d’inceste, de sodomie et même de bougrerie entre eux !Mon seul regret, concernant ma famille, c’est que ma sœur, pour une raison que j’ignore encore aujourd’hui, a résisté au poison.Tout cela aurait pu rester caché du monde, tellement j’avais été discrète et prudente, mais malheureusement, mon cher Sainte-Croix est mort, en 1672, ayant respiré accidentellement les gaz émanant de la potion qu’il préparait et, traître qu’il était, il a laissé une longue lettre-testament où il décrivait tout ce que nous avions fait ensemble depuis que nous étions amants.J’ai été obligée de fuir. Après quelques temps passés à Londres, je me suis réfugiée dans un couvent à Liège où je suis restée trois ans sans sortir, de peur d’être arrêtée et ramenée en France où j’avais été condamnée par contumace en 1673.Je n’en suis sortie qu’une fois, lorsque ce rusé Desgrez, policier qui s’était déguisé en prêtre, m’a attirée hors les murs, mais cette seule fois a suffi et il m’a capturée.J’ai été soumise à la question de nombreuses fois pendant mon procès, mon corps gavé d’eau par un entonnoir jusqu’à ce que je suffoque, mais jamais je n’ai avoué mes crimes. J’ai cependant été condamnée à l’amende honorable, c’est-à -dire qu’après avoir expié mes péchés devant Notre-Dame de Paris, je devais être décapitée en place publique, puis brûlée sur le bûcher.C’est pourquoi j’attends, là , agenouillée sur l’échafaud, remettant mon âme à Dieu, par l’entremise de l’Abbé Pirot…***Partie 2 – Dans l’autre mondeComme c’est étrange…Pas de chœur d’anges célestes, pas de vieil homme barbu venant m’accueillir aux portes du Paradis.Pas non plus, fort heureusement de démon cornu pour me conduire, comme le décrivait Saint-Augustin, dans « cette géhenne, que l’Écriture appelle aussi un étang de feu et de soufre, qui est un lieu de feu corporel où seront tourmentés les corps des hommes et des démons ».Non, je suis au bord d’une rivière qui coule puissamment sous mes yeux. Je ne peux en voir l’autre rive, mais sur celle où je me trouve, une prairie verdoyante descend jusqu’à l’eau. Le ciel, au-dessus de moi, est uniformément bleu, sans nuage, ni soleil.Je suis seule, si ce n’est un petit homme chauve qui se tient sur une jetée, à quelques mètres de moi. Il a l’air de m’attendre.— Suis-je morte ?lui demandai-je.— Assurément, vous l’êtes, Madame, assurément !Il reprend :— Je suis Phlegyas, le passeur. Êtes-vous Marie-Madeleine Dreux d’Aubray, Marquise de Brinvilliers ?— Oui, c’est moi. Mais où sommes-nous ? Où est Saint-Pierre ? Sommes-nous aux portes du Paradis ? Je me suis confessée, avant de partir, et l’Abbé Pirot m’a donné l’absolution. Je devrais donc être au Paradis.— Ah ! Vous êtes une de ces catholiques…— Évidemment, je suis une bonne catholique. Qu’auriez-vous voulu que je sois d’autre ?L’homme détourne le regard de moi et soupire :— Pfff… Vous pourriez être juive, adorer l’islam ou – que sais-je ? – croire en la réincarnation de Bouddha. Il y a tellement de prophètes, de religions, de croyances. Vous allez peut-être trouver cela choquant, mais c’est un fait, votre religion n’est pas la bonne !— Comment ça, pas la bonne ? Vous dites n’importe quoi. Il n’y a qu’une vraie foi ! Et si je vous parle, alors que je suis morte, c’est bien que la religion catholique a raison : il y a une autre vie après la mort !Il soupire à nouveau :— Pfff… Si vous saviez combien de religions différentes ont ce même concept de vie après la mort… Mais pour chaque religion, c’est un peu différent : ainsi, pour vous les catholiques, mais aussi pour l’islam et le judaïsme, l’âme est immortelle, donc la vie se poursuit après la mort physique dans son aspect immatériel. Le bouddhisme, quant à lui, évoque l’existence du Nirvana, un état de bonheur absolu. C’est l’effacement complet du corps et des désirs au détriment de l’esprit qui permet d’atteindre ce paradis. Ensuite, l’hindouisme prône qu’une offrande aux dieux doit être faite pour obtenir une nouvelle vie après la mort.J’avoue, je suis choquée. Me voilà , je ne sais où, alors que je viens d’être décapitée et jetée au bûcher, à discuter spiritualité et immortalité de l’âme avec un avorton.Il me faut en savoir plus :— Mais alors, si la religion catholique n’est pas la bonne, qu’elle est la bonne religion ?— Il n’y en a pas une qui soit la bonne. Beaucoup se sont approchées de la réalité, et les plus anciennes ne sont pas forcément celles qui ont le plus été loin de la vérité. Vous les catholiques, vous avez un écrivain célèbre qui a été assez perspicace quant à l’endroit où nous sommes : Dante Alighieri.J’ai eu la chance de lire la Divine Comédie, aussi le concept des neuf cercles de l’enfer, du Purgatoire et du Paradis m’est relativement familier.— Alors vous voyez, répondis-je, il y a bien un Paradis.— J’ai dit que Dante s’en approchait. Mais si je vous dis le nom de la rivière que voilà , je suis sûr que vous saurez quelle est la bonne religion.— Allez-y, alors, soupirai-je.— Devant vous, Marquise, se trouve l’Achéron, aussi appelé le Styx !Satanés Grecs anciens !Donc ce sont eux qui avaient la véritable religion, pensai-je.— Si ma mémoire est bonne, de l’autre côté du Styx, chaque mort est conduit vers un endroit différent, selon la vie qu’il ou elle a menée sur terre, non ?— C’est exact, Madame, répond le petit homme, et j’admire votre érudition. Les morts, quand ils ont passé l’Achéron vont soit vers les Champs-Élysées, que gouverne Rhadamanthe, le lieu où les âmes vertueuses séjournent temporairement avant d’être réincarnées, soit dans la prairie de l’Asphodèle, au pied des palais d’Hadès et de Perséphone, où séjournent la plupart des morts, ceux qui n’ont commis ni crime, ni action vertueuse, patientant éternellement en une existence in-substantielle et sans objet. Soit, enfin vers le Tartare, le lieu qui renferme les criminels et où ils expient leurs fautes, punis éternellement par là où ils ont péché.— Et quand sait-on où l’on va ?— Patience, Madame ! Charon le nocher, lui, le sait et il va vous conduire d’ici peu là où il est dit que vous devrez aller. Moi, je ne suis qu’un passeur, je ne sais rien de plus. Tenez ! Le voilà  ! Toujours ponctuel, ce bon vieux Charon…Sur la surface paisible du Styx, une grande barque approche où je peux voir un homme grand debout à sa poupe, tenant entre ses mains une longue rame, du type de celles qu’utilisent les Vénitiens.Phlegyas reprend la parole :— Allez le voir, Madame. Il est temps, je vais bientôt recevoir d’autres gens à faire passer.Où ce Charon va-t-il m’emmener ? me demandai-je. Il faut que j’arrive à le charmer pour être sûre d’éviter le Tartare. Allez ! Tête haute, poitrine en avant, je suis la Marquise de Brinvilliers après tout. Je ne vais pas laisser un vulgaire batelier me priver de ma glorieuse destinée…Et je m’avance vers la barque. D’après ce que j’en avais lu, Charon est censé être un vieillard à l’aspect revêche, sale et peu conciliant. Mais l’homme qui est devant moi… Quel homme ! Grand, les muscles saillants, il n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Ses bras nus et sa poitrine brillent comme s’ils étaient enduits d’huile, une somptueuse crinière d’or couronne sa tête magnifique à la mâchoire ciselée, et le tout donne la plus héroïque des silhouettes.— Êtes-vous Charon ? demandai-je en essayant de prendre ma voix la plus charmante.— C’est moi.Et sa voix. Mon Dieu, sa voix ! Profonde, riche. C’est simple, en trois mots, il a enflammé le nid douillet entre mes cuisses. Il faut que je me reprenne, c’est vital.— Voulez-vous m’emmener de l’autre côté ?Je bas des cils et m’autorise un petit sourire mutin. Cela m’a toujours donné ce que je voulais !— Avez-vous de quoi payer ? me répond-il, son regard s’attardant sur les renflements de ma poitrineSuivant son regard, je me rends compte que je ne suis plus habillée de la robe de bure que j’avais pour mon exécution, mais d’une jolie tunique. Et je porte à nouveau les bijoux que j’avais au quotidien.— Eh bien, j’ai ça, dis-je en retirant la bague que j’ai à l’index de la main droite.Ce magnifique rubis m’avait été offert par Sainte-Croix, mon amant. La pierre lance un rayon cramoisi alors que je la fais tourner dans la lumière.Il y jette un regard et secoue la tête :— Ce n’est pas mon truc, les bagues.— Et ce crucifix ? dis-je en retirant d’entre mes seins une superbe croix en or.— Vous savez, Jésus, ici, ce n’est rien qu’un prophète de plus, il n’avait rien compris d’ailleurs et il a fait un scandale quand je l’ai amené dans la prairie de l’Asphodèle. Tout ça pour dire qu’une croix catholique, vraiment, ça ne signifie rien pour moi. En fait les bijoux, en général, à quoi ça me servirait ici ?Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui offrir, je n’ai rien d’autre sur moi ?— Montrez-moi vos jambes !— Mes quoi ? lui demandai-je, un peu abasourdie. Mes jambes ? Euh, oui, si ça peut vous faire plaisir.Et je remonte lentement la tunique sur mes jambes, jusqu’aux genoux— Plus haut, me dit Charon. Si ça ne vous ennuie pas !— M’ennuyer ? Pas du tout, pas du tout, Monsieur Charon.Mon cerveau s’embrase. Non, ça ne peut pas être si simple… Bon, si ce Dieu vivant veut prendre du bon temps, je ne vais pas me faire prier, si ça peut m’amener à gagner ses faveurs.Je relève alors la tunique toujours plus haut, dévoilant mes cuisses que je sais très plaisantes à regarder. L’air frais qui caresse mes cuisses me fait frissonner et je vois Charon sourire à la vue de ma peau laiteuse. Et si son sourire ne m’avait pas fait comprendre qu’il apprécie le spectacle, la bosse que je vois grossir sous ses chausses le ferait immanquablement.Malgré moi, je rougis. Je regarde Charon droit dans les yeux et relevant la tunique encore plus haut, découvrant en même temps que lui que l’option culotte n’est pas incluse dans ce lieu, je lui dévoile le sombre triangle soyeux qui couvre mon pubis.— Peut-être que ceci aura une valeur suffisante pour payer la traversée ?Charon passe sa langue sur ses lèvres – Mon Dieu, il est irrésistible – et hoche la tête, son regard fixé sur mes parties intimes.— Oui, je pense que cela devrait aller, dit-il à mi-voix.Rabaissant ma tunique, je m’empresse de monter dans la barque. Elle vacille légèrement alors que j’embarque, aussi Charon attrape mon bras pour m’éviter de tomber.Quelle poigne virile il a, me dis-je in petto. Voilà un prix que je paierai volontiers. Alors que je m’installe sur l’un des bancs de la barque, je ne peux m’empêcher de remarquer que mes tétons sont tout gonflés et se frottent presque douloureusement contre le tissu de la tunique. Visiblement, dans ce lieu, ils ne fournissent pas de brassière aux femmes !Alors que Charon pousse sur sa grande rame pour nous éloigner de la jetée, j’admire les muscles jouant sous sa peau.Pendant un moment, je n’entends que le doux bruissement de l’eau et le rythme profond et uniforme de ma respiration. Je m’interroge sur mon compagnon. Si je lui offre ce qu’il veut, sera-t-il mon sauveur et acceptera-t-il de m’emmener aux Champs-Élysées ?Je suis tout alanguie, mes yeux se ferment et je me laisse porter par le nocher, tout en rêvant à ce que j’aimerais qu’il me fasse.Plus je reste assise dans le bateau, plus mon désir grandit. Bien sûr, j’ai adoré Godin de Sainte-Croix, mais là , l’homme que je contemple a l’air d’être l’amant de tous les superlatifs. Des visions de son cul fort et musclé, de son sexe s’insérant en moi, amènent un soupir sur mes lèvres. Mais quand, oh, quand va-t-il prendre son dû ?Au bout d’un long moment, la barque s’arrête et je me réveille. Une pénombre rougeâtre à fait place à la lumière qui éclairait l’Achéron quand j’ai embarqué. Toujours perdue dans un rêve éveillé, je tends la main pour tirer sur les lacets de ma tunique, la laissant glisser le long de mon corps. Le bateau se balance alors que je sens, sans le voir, Charon s’approcher de moi. D’une main sûre, il a défait la corde qui retenait ses chausses et, saisissant l’arrière de ma tête, il presse mon visage contre sa verge nue et en parfaite érection.— Sucez-moi ! m’ordonne-t-il de sa magnifique voix grave.Je n’ai certainement pas besoin d’indications sur ce qu’il faut faire. Depuis que mes frères m’y ont initiée, j’ai toujours adoré ressentir un sexe d’homme grossir sous les caresses de ma langue. Et là , la tâche est délicieusement agréable. Alors que je le lèche et le suce, il pousse avec ses mains sur ma tête afin que je prenne toujours plus profondément son glaive en bouche. Fort heureusement, et même si je viens de passer trois ans dans un couvent, je ne suis plus depuis très longtemps une vierge sans expérience : je sais comment m’occuper de tels barreaux de chaise. Respirant par le nez, je sens l’organe de Charon pénétrer au plus profond de ma gorge, encore et encore.Ses deux mains de part et d’autre de ma tête, balançant son bassin en avant, le nocher baise ma bouche. Il grogne de plaisir et le petit bateau se balance au rythme de ses mouvements de plus en plus frénétiques.Je le nierai farouchement, même sous la question telle qu’on me l’a administrée il y a très peu de temps, mais j’adore être utilisée de cette façon, qu’un mâle s’approprie ma bouche, ma gorge pour son plus grand plaisir. J’agrippe les hanches du batelier et je le guide dans ma gorge jusqu’à ce que, tout à coup, il crie et se raidisse.Un flot ininterrompu de sperme chaud jaillit, alors que Charon presse mon nez dans ses poils pubiens. Je ne peux que déglutir frénétiquement pour avaler toute cette manne. Et en plus, il a bon goût, notai-je en gémissant de plaisir.Il retire alors son sexe de ma bouche avec un « pop » sonore.— Ma chère, vous êtes une agréable surprise, je dois dire.Me léchant les lèvres en faisant suffisamment de bruit pour qu’il s’en aperçoive, je lui réponds :— J’avoue que la vôtre, de surprise, est d’un goût excellent !Je laisse mes mains caresser son sexe, un peu triste que cela soit allé si vite. J’en aurais bien aimé un peu plus.À ma grande surprise, son érection est restée aussi solide qu’avant qu’il ne jouisse.— Et d’une superbe résistance, je dois également l’avouer.— Vous n’avez pas idée, me répond-il en souriant étrangementIl se penche et écarte mes cuisses, puis s’agenouille entre mes jambes. À ce mouvement, l’eau clapote doucement sous la barque.Avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit, je sens la tête chaude de sa verge pousser contre les lèvres de mon intimité.— Hmmmm ! ronronné-je. Oui, continuez à me surprendre, Charon !— Chaud et humide. Comme j’aime, halète Charon.Et il s’enfonce d’une seule poussée magistrale dans ma matrice.— Et serrée, aussi !Ce qu’il provoque en moi est bien au-dessus de mes faibles mots. Jamais je n’ai connu telle expérience, jamais je n’ai eu de sexe aussi délicieux en moi. Il est énorme et légèrement courbé vers le haut et, en alternant les poussées en moi, les caresses internes de son gland me rendent folle.J’enroule alors mes jambes autour de ses hanches et, à chacune de ses poussées je l’accompagne et serre mes muscles intimes, gémissant et me tordant sous lui. Il est juste trop ! Trop délicieux, trop gros, trop puissant… Jamais je n’ai été aussi bien prise, de toute ma vie. Et pourtant, j’en ai connu, des amants !— Vous aimez ? me demande-t-il en haletant— Vous voulez plaisanter ? Je n’ai jamais… jamais… oh Dieu, ce que vous me baisez bien, Charon !À cette réponse, il enfouit son glaive au plus profond de moi et cette fois, c’est l’intérieur de ma matrice qu’il inonde à jets puissants.Pendant quelques instants, il reste affalé sur moi, haletant. Et ce monstrueux machin, entre ses cuisses, qui reste toujours aussi dur et tendu.Sans que je n’y puisse rien faire, il ressort de mon sexe, me retourne sur le ventre et pose son épée de chair contre mon anus puis s’y introduit sans coup férirBien sûr, j’ai eu mon compte de bougrerie, et cette entrée-là a été bien souvent utilisée, à mon grand plaisir, je dois dire. Mais Charon est énorme, et la douleur est difficilement soutenable au départ. Il me faut un long temps d’adaptation pour que mon sphincter s’apaise et s’ouvre suffisamment pour s’adapter à la taille de ce mandrin.Mais alors, une fois que je m’y suis habituée, c’est un peu comme si j’étais morte et montée au Paradis… Enfin, non, je n’y suis pas encore, mais vous comprenez ce que je veux dire.Manœuvrant mon corps de manière à pouvoir me tenir à quatre pattes sur mes mains et mes genoux, je le laisse me saillir comme un étalon le ferait d’une pouliche. Son sexe épais s’insère délicieusement entre mes reins, et bien que je ne me rappelle pas avoir eu un jour d’orgasme par cette entrée-là , une grande jouissance finit par me terrasser. Chaque muscle de mon corps convulse et, sentant mon corps se tendre puis se relâcher entièrement, une fois de plus le nocher m’accompagne dans la jouissance.— Ouiiii… Encore… gronde-t-il dans mon dos alors que je le sens éjaculer au fond de mes entrailles.Après quelques minutes de repos, il retire son sexe de mon anus. C’est un peu douloureux parce qu’aussi étonnant que cela puisse paraître, il a toujours une érection flamboyante.— Wow ! Vous ne vous arrêtez jamais, vous, soupirai-je.— Non, effectivement, je suis toujours prêt.— Je vois ça…— Voulez-vous aller nager ?Je n’ai pas le temps de répondre que déjà , il m’entraîne vers le bord de la barque.— Venez, vous allez adorer.Avant que je ne puisse lui donner une réponse ou exprimer les doutes que j’ai quant à la propreté de l’eau, il me pousse par-dessus bord et plonge derrière moi. L’eau est d’une tiédeur parfaite.Ses mains, sa bouche, ses jambes, tout son corps se presse contre le mien. Il m’embrasse et me pousse contre le côté du bateau, puis écartant mes jambes, il plonge une fois encore son sexe en moi.Ce n’est pas que je n’aime pas ça ou que je ne lui suis pas reconnaissante pour tout le plaisir qu’il me donne, et c’est clairement le meilleur amant que j’aie jamais rencontré. Mais alors qu’il me pénètre dans l’eau de son sexe puissant, je commence à avoir un peu mal. Je m’accroche néanmoins à ses bras, la tête reposant sur ses solides épaules.Quand il a enfin fini – il a encore éjaculé en moi, quelle santé ce Charon ! – il m’aide à remonter à bord de la barque. Nous restons là , allongés côte à côte de longues minutes. Je suis épuisée, jamais je n’ai autant joui, jamais je n’ai eu pareille bête de sexe à mes côtés. Puis, sans même me le demander, il m’attire sur lui et enfouit sa lance en moi.Cette fois, c’en est trop pour moi, je suis tellement fatiguée. J’essaie pendant quelques instants de l’accompagner, de mettre de l’entrain à chevaucher son sexe d’airain, mais après une minute ou deux, je n’ai tout simplement plus d’énergie. M’effondrant sur sa poitrine, je le laisse me besogner, tel un pantin désarticulé.Quand une fois de plus il crache des flots de sperme dans ma matrice, je peux sentir le liquide chaud s’échapper de mon vagin si endolori.— Ça… ça a été très gentil, Charon. Vous êtes vraiment un amant exceptionnel, mais je suppose que le prix de mon passage a maintenant été payé. Je voudrais que vous me conduisiez de l’autre côté maintenant.J’entends à ma supplique un rire profond et chaleureux monter de sa poitrine, et il m’éloigne enfin de lui. Allongée dans l’obscurité, je suis impatiente qu’il se lève et se remette à la rame. Nous ne devons pas être si éloignés de l’autre côté de la rivière.Pourtant, s’il m’a repoussée, ce n’est que pour me faire à nouveau rouler sur le ventre, puis écarter mes jambes et, sans crier gare, me sodomiser à nouveau. D’une seule et longue poussée, il enfouit toute la longueur de son dard entre mes fesses, me faisant crier, mais cette fois de douleur.— Hé, je ne plaisante pas. Amenez-moi de l’autre côté !Je sens ses lèvres contre mon oreille, sa respiration lourde accompagnant chacune de ses poussées au fond de mes entrailles. Il murmure :— De l’autre côté ? Mais vous y êtes déjà , Marquise ! Souvenez-vous de ce que vous a dit Phlegyas : le Tartare, le lieu qui renferme les criminels et où ils expient leurs fautes, punis éternellement par là où ils ont péché.