Ce matin, il fait beau et assez chaud. La caresse d’un rayon de soleil entre les rideaux me tire d’une rêverie prometteuse.Je sors du lit en m’étirant, songeuse.L’eau coule en clapotis chantants dans ma douche, je ferme les yeux un instant, comme j’aurais aimé connaître la suite de ce rêve…Après un rapide coup de serviette, je détache ma longue chevelure qui ondule jusqu’au bas des reins, attrape une robe au décolleté printanier qui offre au soleil le galbe encore fier de ma poitrine généreuse, dessinant des courbes harmonieuses sous un tissu fluide aux imprimés floraux. Rehaussée par des sandales colorées à talons mi-hauts, cette jolie robe ne découvre pas mes jambes jusqu’aux genoux, mais sa transparence due à la lumière d’un jour clair donne à imaginer.Si on observe avec plus d’attention, un liseré de dentelle fine affleure à l’encolure, et rien ne peut confirmer qu’il existe un bas coordonné.Mon porte-monnaie pour seul accessoire, je sors de chez moi avec l’intime conviction que la journée sera belle.La clochette de la boulangerie tinte alors que je quitte l’échoppe, un sac de viennoiseries à la main. Je m’apprête à traverser la place.Un homme élégant s’approche, un sourire un peu contrit aux lèvres, il me demande, dans un français approximatif à l’accent reconnaissable, où se trouve l’adresse sur son bout de papier. Son portable n’a visiblement plus de batterie. Ce n’est pas loin, rien de prévu dans mon agenda (même sur plusieurs jours, improbable !), je suis de bonne humeur : avec un bon sourire je lui réponds dans un anglais convenable que je vais l’y accompagner. Il rayonne et me remercie chaleureusement, m’emboîte le pas et m’explique que son cousin lui a donné rendez-vous chez lui, mais qu’il s’est perdu et a oublié de charger son téléphone cette nuit. C’est sa première sortie depuis son arrivée il y a trois jours, le temps de s’acclimater après un voyage autour du monde qui se termine ici, chez un cousin éloigné, pour les semaines à venir… Quel bavard !Nous échangeons sur les voyages, ralentissant le pas pour profiter de la conversation.La petite rue est déserte, nous arrivons à la porte indiquée. Erik me propose alors de partager plus d’histoires de voyages autour d’un thé.J’hésite un peu, trop consciente de la légèreté de ma tenue. Mais l’offre alléchante de passer un bon moment à parler de terres lointaines avec un si beau spécimen (et peut-être même deux si son cousin est du même bois) l’emporte.Il sonne, mais personne ne répond. La porte n’est pas verrouillée, il hausse les épaules et me laisse entrer la première dans un petit vestibule sombre. Un courant d’air froid me fait frissonner. Les escaliers étroits et raides montent assez loin. Au haut de la première volée, une grande lumière tombe du plafond. Au second et dernier étage, le soleil inonde le palier où s’épanouit une forêt en pots. Fleurs exotiques, plantes tombantes et bonsaïs magnifiques me transportent dans un jardin magique. Erik semble se réjouir de mon regard admiratif. Alors qu’il ôte ses chaussures, je remarque les pantoufles japonaises et le rang de souliers impeccables. Je dépose mes petites sandales près d’un yucca fleuri et lève les yeux sur un long couloir.Les tatamis qui recouvrent le sol sont impeccables. Il y a peu de meubles, des cloisons de papier coulissantes modulent le vaste espace, de délicats dessins y sont tracés. L’émerveillement me masque le bruit d’eau jusqu’à ce qu’il cesse. Une porte glisse un peu plus loin et une longue silhouette en sort dans un flot de buée parfumée. Une serviette immaculée nouée autour des reins, un homme aux cheveux longs dégoulinants s’avance vers nous, souriant. Il dit quelques mots d’une voix mélodieuse à Erik, qui lui répond aussi en japonais. Je vacille légèrement.— Pardon, je ne m’attendais pas à accueillir un si bel oiseau dans mon nid aujourd’hui. Je vous en prie, entrez, le salon est de ce côté, Erik va vous montrer. Je vais préparer du thé. Je suis troublée, mais persuadée de n’en rien laisser paraître, je souris et remercie mon hôte, me fendant même d’un salut japonais visiblement plaisant, et suis mon bel Irlandais vers un petit canapé de velours brun. Rien de tout ça ne paraît le gêner le moins du monde.Je suis même persuadée qu’il s’amuse, puisque maintenant que je suis assise, les genoux soigneusement serrés, il ne parle plus. Il se contente de m’observer depuis un pouf bariolé qui paraît ici déplacé, les bruits légers de vaisselle dans la cuisine ne brisant pas vraiment ce silence qui ne gêne que moi.J’inspire lentement, profondément, puis plante mon regard le plus candide dans ses yeux gris clair. Je sais que mes iris bleu vert ont un pouvoir magnétique auquel il est difficile de résister, surtout avec mes longs cils sombres. Peine perdue. Si un soupçon de surprise a animé ses paupières, son sourire s’est juste élargi, plein d’une assurance qui me fait cligner. Je me sens rougir. Plus je lutte, plus le rouge monte. J’ai soudain très chaud. Je détourne le regard en tâchant de garder un peu de dignité, détaille les estampes raffinées, l’étrange statue d’une divinité shinto, le bouquet de fleurs à l’évidence agencé par une personne versée dans l’art de l’ikebana…Au moment où je me décide enfin à parler, le froufrou soyeux d’un yukata coupe mon élan. Le thé vert répand une odeur envoûtante depuis trois tasses sur un plateau de bois laqué.— Je ne reçois pas souvent, j’espère que vous êtes bien installée. Je m’appelle Kozuke Orutai, dit-il en prenant place sur un grand coussin tiré d’un placard que je n’avais pas repéré. Son kimono d’été, négligemment noué, ne cache rien de sa finesse musclée, de sa peau sans défaut depuis l’arrondi de ses épaules larges jusqu’à l’arabesque de son nombril en bouton, au cœur d’un dessin abdominal parfaitement symétrique. Les bruns et rouges de son vêtement soulignent son teint pâle avec goût.— Ah, ton thé est toujours aussi délicieux ! dit Erik dans la langue de notre échange précédent. Et ne t’inquiète pas, notre jolie fée parle un excellent anglais, répond-il à un froncement de sourcil discret.Le délicat breuvage me redonnant contenance, j’y plonge mon nez avec reconnaissance.— Erik a raison, il est excellent. Merci beaucoup. D’ailleurs, j’ai quelques bricoles de la boulangerie, si vous voulez, dis-je en offrant le sachet en papier, heureuse de ma gourmandise de ce matin : il y en aura assez pour tout le monde.— Merci, avec plaisir. Vous semblez avoir des notions de culture japonaise. Auriez-vous visité mon pays ? demande Orutai dans son français impeccable.— Justement, reprend Erik, toujours abonné chez Shakespeare, je lui ai proposé de venir prendre le thé parce que nous avons parlé voyages, et que cette jolie fée aime les nouvelles rencontres et les expériences enrichissantes.— Comme c’est intéressant ! s’exclame Orutai, préférant Molière pour s’adresse à moi. Sans me quitter des yeux, il se lève, s’approche et se penche jusqu’à mener son visage très, trop, près du mien. Il me glisse deux doigts fins sous le menton, lève ainsi mon regard vers le sien, son nez touche presque le mien. Je retiens mon souffle, hypnotisée. Ses yeux noisette à l’amande parfaite me scrutent le fond de l’âme, le parfum du thé m’enivre plus qu’un verre de rhum, ses doigts sont presque frais sur ma peau brûlante. Mon trouble est immense, il ne doit voir que ça.— Quelle exquise rareté tu nous as amenée, mon cher cousin ! Vraiment, vous êtes à croquer, petite fée.D’un bond, le voilà debout, tirant doucement ma main. — Venez, je vais vous faire un peu visiter. J’ai l’impression d’être retournée à Kyoto, dans ce joli ryokan où j’avais pris mes quartiers lors d’un voyage au pays du soleil levant.Il m’emmène dans un immense jardin d’hiver sous un plafond de verre, impossible à déceler de l’extérieur. Le sol est de terre, la végétation semble sauvage, il y fait chaud et moite. Une fontaine transparente dans laquelle des carpes koïs croisent majestueusement sous mes yeux éblouis se dresse au centre de cette jungle incroyable. Il y plonge la main et m’invite à l’imiter de son regard intense, toujours souriant.L’eau froide me surprend. Des poissons nonchalants viennent sous mes doigts pour des caresses d’écailles lisses. Je ris comme une enfant, aux anges. Nouveau sursaut lorsqu’Erik apparaît contre moi et saisit doucement ma main.Ce dernier m’entraîne vers une brume qui émane d’un rideau de lianes, dans une salle de bains on ne peut plus classique dans le style nippon. Un tabouret, un baquet en bois, une savonnette sur un morceau de buis. Et juste à côté, un bain chauffé par des braises et parfumé d’irrésistibles herbes vertueuses.Avant que j’aie pu m’en rendre compte, la robe tombe à mes pieds. Ne me reste que le soutien-gorge de dentelle transparente. Je réalise alors que mes émois ne sont en aucun cas restés secrets sous cette fine barrière de tissu ; ni la dentelle ouvragée ni le voile de ma robe n’ont pu masquer mon humeur plus que troublée.Un souffle dans mon oreille : « Ferme tes jolis yeux, petite fée. »Mes cheveux sont relevés puis attachés avec dextérité, on m’assoit sur le tabouret, mon soutien-gorge disparaît comme par enchantement. Des mains douces me caressent avec du savon, me massent doucement la nuque, les épaules, les bras, les doigts… C’est étrange, captivant. Mes pieds, mollets, genoux et cuisses sont à leur tour soigneusement enduits de mousse. Soutenue solidement malgré tout ce fluide glissant, me voilà debout tandis qu’une main aux doigts fureteurs visite chaque centimètre carré de mon entrejambe trop mouillé. Mes fesses ne manquent pas à l’appel, jusqu’à ma petite rose que l’on caresse un peu plus assidûment. Une phalange y plonge prestement, m’arrachant un gémissement. Je ne veux pas ouvrir les yeux… On me rince abondamment avant de m’accompagner jusqu’au bain fumant.— Profite de ton bain, petite fée, je viendrai te chercher dans un moment. Les yeux encore flous, j’aperçois deux ombres qui se fondent dans le brouillard de cette salle de bain déstabilisante, un émouvant flottement de tissu brun et rouge, puis, plus rien.La chaleur du bain ne m’aide pas à retrouver mes esprits. Je n’ai même plus envie de réfléchir, tout ceci est trop enchanteur. Sans y penser, je glisse ma main entre mes cuisses, ouvre mes lèvres frémissantes et frotte doucement l’index sur mon petit bouton des délices. C’est une décharge électrique de plaisir brute qui m’éjecte de cette demi-léthargie onaniste. Quelle puissance ! Je jouis sur l’instant, dans un cri incontenable. Abasourdie, je n’ose plus me toucher et tente de me détendre par tous les moyens. Peine perdue, respiration lente et pensées apaisantes n’ont aucun effet sur mon excitation grandissante. Et puis, il fait chaud…J’ai si chaud…J’ai trop chaud.Je sors précautionneusement de l’eau, titubante. Le sol est mouillé. Une main secourable se tend alors que je trébuche, un sourire doux et un bras solide me ramènent à plus de stabilité.Kozuke me passe un kimono d’une extrême douceur sur les épaules, la sensation est incroyable. Je n’ai jamais ressenti un tel plaisir à la simple caresse d’un tissu, aussi délicat fût-il. Mon hôte semble approuver mon étonnement, m’entraîne gentiment vers le salon. Les tasses sont à nouveau pleines de thé. Je souffle un instant, seule, sur le canapé. Je ne m’étais pas rendu compte de sa douceur, de son moelleux… Ah quel confort !Le goût du thé explose dans ma bouche, j’en avale presque de travers. Mmmmhhh !— N’est-ce pas ? Tout est meilleur après un moment de repos dans un bain aux herbes. Erik est parti en profiter lui aussi. En attendant son retour, pourquoi ne pas explorer tes nouvelles perspectives sensorielles, petite fée ? Joignant le geste à la parole, il pose tout doucement la pointe d’une grande plume dans le creux sous mon oreille et la fait descendre le long de mon cou dans une délicieuse caresse impalpable. Je sursaute et ne peux retenir un :— Ohh !— Exquis, n’est-ce pas ? Tu vas découvrir un nouvel univers de plaisirs. Laisse-toi aller, je vais te guider. Plume insistante contre peau frémissante, je m’abandonne à cette évanescente caresse, la tête basculée sur le dossier bas. Mon bras qui tenait le yukata fermé sur mon ventre palpitant n’oppose qu’un simulacre de résistance lorsqu’il est soulevé puis maintenu sur le dossier. Je ferme les yeux à nouveau. La plume s’invite sous l’étoffe qui me préservait jusqu’à présent de l’indécence la plus crue. La toile traîtresse glisse sous la pression de l’aigrette. Je tressaille. Mon autre bras, tout comme le premier, s’étale sur le dossier du canapé sous la douce pression d’une main chaude. La plume continue d’explorer mon épiderme ultra réactif, descend jusqu’aux cuisses qu’elle tapote explicitement. Je temporise, encore gênée, mais cède lorsqu’une nouvelle main sépare délicatement, mais fermement mes genoux. Je me sens terriblement indécente, complètement offerte, et sans plus aucun contrôle sur cette improbable situation.Je lâche mes dernières retenues, complètement abandonnée.— Enfin. Profite, petite fée. Tu es notre précieuse invitée. Ton plaisir sera le mien. Je ne suis pas sûre de bien comprendre ces derniers mots, mais peu importe à présent. Tout est si bon, si féerique… Un massage doux commence simultanément sur mes chevilles et mes épaules. Erik cueille mon regard de ses prunelles d’azur clair, des gouttes d’eau parfumée tombent de ses courtes boucles d’or brûlé. Nouvelle vague électrique. J’exulte.Le massage si merveilleux me tire des soupirs peu ambigus. Entre caresses et malaxages, mes muscles réagissent. Je soupire tant que lorsqu’une main empaume mon sein, je gémis sur l’instant. Je suis à la fois relaxée et électrisée. Je me cambre et m’arque au fur et à mesure que mes seins sont savamment pétris, roulés, pincés. Un souffle sur mon ventre, un visage contre ma cuisse, des baisers insistants sur mon mont de Vénus. J’entre en ébullition, me laisse volontiers lutiner, écarte même un peu plus les cuisses, impatiente que les baisers s’approfondissent.Alors qu’une langue mêle sa salive à mon désir brûlant, une main tire doucement mon menton vers l’arrière et mon souffle disparaît, aspiré par la bouche suave d’Erik scellant mes lèvres. Je me tends vers ce double baiser enivrant, plus rien n’existe que ces deux langues qui m’investissent de concert, ces mains qui me tiennent. Je gémis de plus belle sous ces baisers profonds, submergée par tant de plaisirs à la puissance décuplée. Rien ne me retient, je jouis à nouveau.— Tu es belle quand tu te laisses aller ! déclare Erik en m’étendant sur le sofa.Orutai se redresse, lui prend le visage à deux mains puis l’embrasse longuement sur la bouche, avec cette tendresse réservée à une personne que l’on chérit.Encore baignant dans cette brume de plaisir, je referme les yeux un court instant sur ce tableau érotique.Après ce qui me semble à peine deux secondes plus tard, mes paupières se rouvrent sur le spectacle terriblement excitant d’une fellation experte administrée par notre hôte à son cousin nordique. Erik semble apprécier à sa juste valeur le traitement reçu, se maintenant difficilement debout, les mains dans l’abondante chevelure de son amant, soupirant et gémissant en rythme. Son corps encore luisant du bain, lui aussi vêtu d’un kimono léger, se tend de plus en plus. Le délicat peignoir tombant de ses épaules à la carrure avantageuse cache à peine son fessier musclé, ses minuscules aréoles resserrées autour de deux adorables petits pois dressés, mais son bras me gêne pour goûter aux détails d’une main fine fouillant en haut de ses cuisses, ou d’un sexe aux proportions honorables qui disparaît dans une bouche affairée.Les mains et le visage crispés, ses mouvements désordonnés, voix rauque et saccadée… Erik est sur le point de succomber.Et toujours appliqué à prodiguer son exquise caresse à l’Adonis en émoi, élégant à l’extrême dans sa position agenouillée, Kosuke presse ses joues entre les cuisses athlétiques, une main qui bouge délicatement entre les fesses de sa victime. Il semble aspirer du plus profond de son être. Dans un cri presque animal, Erik se répand dans le fond de la gorge de son bienfaiteur, qui n’en laisse pas déborder une goutte. Je suis fascinée.Les mains encore sur les cuisses et fesses de son viril partenaire, Kosuke se relève, essuie son sourire avec un pan de son vêtement, puis enlace de nouveau Erik avec cette langueur tendre et passionnée, l’embrasse à peine bouche, si pleinement que j’en frissonne. D’ailleurs, le sexe pas tout à fait reposé d’Éric en sursaute. Leurs lèvres ainsi soudées dans ce baiser terriblement sensuel ont quelque chose d’hypnotique, qui donne faim et soif de plus de partages tactiles.— Vous allez tous les deux pouvoir découvrir les bienfaits que procure une immersion dans mes herbes magiques. Un pur délice des sens dans lequel l’âme se dissout pour vibrer à l’unisson du corps enivré, assailli de délices. En attendant que vos esprits se rassemblent, reposez-vous un moment. Nous allons prendre une petite collation, pour nourrir les efforts. Ce qui me paraît être le même texte est répété en japonais.Orutai en partant rapproche le coussin du petit canapé si confortable, ses doigts frôlent mon cou, un froufrou imperceptible, une brise, et je suis seule devant Erik qui s’assoit juste devant moi, contre mes jambes.— À mon arrivée, nous avons beaucoup discuté avec Kosuke. Il m’a parlé de son fameux mélange de plantes, tout en précisant qu’il serait dommage de ne pas en profiter pour expérimenter le plus de sensations possible. Les effets ne devraient durer que quelques heures, et il n’est pas recommandé de s’y baigner trop souvent. Je suis réellement ravi que tu te joignes à nous pour cette exploration sensuelle. Tu sembles avoir de belles dispositions. Tout en parlant, il se rapproche de mon visage, me cajole, finit sa phrase dans un murmure contre ma bouche. Contact grisant qui me donne une irrépressible chair de poule. Le goût de leur baiser sur mes lèvres… Comme c’est doux ! Sa langue dans ma bouche repousse mon soupir alors que son bras passé sous le tissu léger de mon vêtement trop fin me presse contre sa poitrine. Sa peau moite me transmet son électricité comme il me serre avec force, une main sur l’arrière de ma tête accentuant la pression de nos corps l’un contre l’autre. Je suis debout contre lui, à nouveau nue et tremblante, le souffle perdu et déjà brûlante. Mes bras autour de son large torse l’enserrent aussi fort que possible. La sensation tactile de notre étreinte immobile dans ce baiser incandescent est indescriptible. Je voudrais pouvoir fusionner avec ce mâle au physique de magazine, pour partager toutes les sensations qui déferlent tant en lui qu’en moi. J’ai l’impression de n’avoir jamais ressenti quoi que ce soit de si fort. C’en est assourdissant.Mes mains partent à la découverte de ce dos parfait, à l’affût du moindre frisson, avec une claire envie de fureter sur ses fesses alléchantes. À chaque fois que je palpe avec insistance un morceau de peau, un sursaut de langue envahit ma bouche, un soupir vole mon souffle, une tension fait battre une queue dure et chaude contre mon ventre. Peloter ouvertement son délicieux fessier à la fermeté idéale me fait soupirer de concert à chaque mouvement de bassin. Erik réagit au quart de tour, attrape mon genou et le maintient calé sur sa hanche. Ainsi ouverte, je reçois sans réserve son sexe érigé tel un pylône et me pâme presque lorsqu’il m’empale d’un coup vif. Debout, entre le bord du petit canapé brun et ce corps vrombissant, je lutte pour ne pas déborder de plaisir à chaque pénétration, pour profiter le plus possible de ce délice un peu brutal qui me fait chanter autre chose qu’une sérénade. Quelques va-et-vient profonds, à peine le temps d’accélérer un mouvement déjà soutenu… Je ne tiens guère. Mon orgasme est puissant, long, rythmé par les derniers mouvements désordonnés de mon étalon au bord de l’explosion. Je n’ai pas entamé le retour sur la terre ferme qu’il s’éloigne dans un râle rauque. Erik me laisse doucement choir contre un coussin avant de s’affaler à son tour dans une langueur exquise, une petite serviette à la main.Qu’il est beau, ainsi détendu ! Son visage révèle plus de douceur et de délicatesse lorsqu’il abandonne son petit pli d’ironie amusée. Je me penche pour lui caresser tendrement la joue, sans réfléchir. Il me regarde, sourit.Son sourire s’élargit lors d’un coup d’œil par-dessus mon épaule. Orutai adossé au chambranle de la porte coulissante semble ne rien avoir raté de nos ébats ; preuve en est : la bosse qui casse quelque peu la ligne gracieuse de son corps presque androgyne sous son yukata.Toujours paré de ce sourire doux, un peu énigmatique, le regard pétillant, il m’invite à le suivre à nouveau vers la salle de bain.Mon peignoir glisse dans ses mains alors que je passe la porte à sa hauteur ; il le plie soigneusement puis m’ouvre le chemin. Je le suis avec une pointe de gêne. Quel raffinement dans sa démarche presque féline ! J’apprendrai plus tard qu’il a reçu un enseignement de geisha très complet, poursuivi avec passion jusqu’à la consécration.Comme s’il m’invitait à danser, il me prend délicatement la main puis dans une volte douce me fait asseoir de nouveau sur ce tabouret bas. La cuvette de bois à la main, il fait couler de l’eau encore fumante de la baignoire aux herbes sur mes épaules, dans mon cou, sur ma poitrine… Un petit chiffon mousseux passe sur ma peau sensible. Avec une douceur consommée, il me nettoie comme une divine caresse. Presque tout y passe, mais pour la partie la plus intime, il me fait lever, puis pencher en avant, les mains sur le bord de la baignoire. Les vapeurs parfumées m’enivrent pour la seconde fois. Maintenant, mon ventre est soigneusement lavé, fouillé, deux doigts s’immiscent sans à-coup entre mes lèvres encore mouillées.Son bras me retient, sa main continue son exploration savonneuse, tourne et polit chaque détail de mon anatomie très privée. Je tremble, encore. Je serre les dents pour ne pas trop faire de bruit, mais il est impossible de résister à toute cette douceur. Un court instant sans stimulation, je respire profondément. Les vapeurs des herbes sont visiblement encore efficaces… L’immense frisson qui me prend lorsque ses doigts lubrifiés s’insèrent entre mes fesses lui ouvre une voie royale. Je hoquette de délice, quelle habileté !Encore un gémissement s’échappe de ma bouche béante. Je l’entends soupirer alors qu’il m’administre un exceptionnel doigté anal. La raideur de sa tige bat la mesure contre moi. Je me cambre et m’appuie sur son bras immobile ; quelle solidité ! Je goûte autant la fermeté de sa prise autour de mon ventre que la profondeur de sa caresse de plus en plus intense. Il me bascule doucement sur le côté, je prends appui sur le tabouret, qui s’avère plus pratique qu’il n’en a l’air. Il tire mes fesses un peu plus haut, puis avec une précision chirurgicale, me pince le clitoris avec juste l’intensité nécessaire. Je crie mon orgasme en coulant sur sa main.Je n’ai pas encore terminé de jouir qu’il me cale, toujours très délicatement, sur le tabouret, et me rince longuement à la douchette. Je me laisse faire volontiers, en profite pour reprendre mes esprits éparpillés sous l’apaisant jet d’eau claire. Il m’entraîne encore dégoulinante de l’autre côté de la brume, me passe une serviette autour des épaules le temps d’un séchage sommaire. Le yukata revient sur les épaules, nouvelle caresse délicieuse.Me revoilà seule au salon. Après un instant de vacuité céleste, je prends le temps de m’approcher des estampes au mur, du vase si artistiquement décoré de fleurs fraîches et parfumées. Je me laisse absorber, la contemplation m’ôte tout éventuel reste de notion du temps.Une brise tiède dans le cou me ramène au présent. Erik frôle mon oreille de sa joue.— Mon cousin est un artiste accompli, rien ne lui résiste. Dessin, calligraphie, cuisine, fleurs…— Il a l’air aussi de s’y connaître en anatomie, ajouté-je rêveusement.— Sans aucun doute ! Le rire d’Erik fait écho à celui d’Orutai, qui, tenue sommairement rectifiée, dépose un plateau de bois laqué sur lequel de la porcelaine fine présente du wakamé, deux bols de soupe de miso, deux petits ramequins de riz et quelques gyozas. Et bien sûr, les tasses de thé fument déjà.— Bien, tout ceci a dû vous donner faim. Je vous en prie, commencez !— Mais… Nous ne sommes que deux à table ? demandé-je, surprise.— Oui, j’ai grignoté dans la cuisine, ne t’en fais pas, petite fée. Puis, s’approchant de mon visage en mettant dans ma bouche une petite boule molle et tiède :— Goûte ça, c’est délicieux ! Je reconnais le goût délicat et la texture fondante de ces boulettes de pâte de riz grillées que j’avais mangées à Asakuza. J’en ferme les yeux de plaisir, c’est merveilleusement bon !— Mmmhhh ! Merci !— Il y en a encore si tu veux. Joignant le geste à la parole, il attrape une nouvelle boulette tiède et m’en caresse les lèvres avant de la poser sur ma langue.Pendant que je goûte la friandise salée, sa main emprisonne fermement mon poignet, le serrant graduellement de plus en plus fort jusqu’à ce qu’un gémissement m’échappe. Il me lâche d’un coup. Surprise, entre plaisir et douleur, je regarde la trace de ses doigts sur mon bras.— T’ai-je fait mal ?— Non, ça va. Je marque vite, répondis-je, interloquée.Il disparaît dans le couloir sans plus de mots. Erik me tend des baguettes décorées, le repas est aussi délicat que savoureux. Mais je n’ose pas encore parler, ne sachant quel sujet choisir. Erik reste coi un moment et m’observe sans retenue, toujours souriant.— Si quelque chose ne te convient pas, n’hésite pas à le dire. Il serait vraiment dommage qu’un nuage vienne assombrir le ciel de ton beau regard. Un chuintement soyeux dissipe ma perplexité. Orutai dépose une brassée de corde sur le petit canapé brun. Il repart aussitôt avec le plateau et la vaisselle vide, puis revient avec un joli plat de petites boules légèrement translucides.— Oh ! Ce sont des mochis ? m’exclamé-je enthousiaste.— À la fleur de cerisier. Je les ai préparés hier. Tu aimes, petite fée ?— Oh oui ! J’adore !— Si tu me fais confiance, murmure-t-il en s’approchant, j’aimerais rehausser ta beauté en tissant des liens sur ton corps à l’aide de ces cordes. Si tu acceptes, je te promets que tu n’y trouveras que plaisir et volupté. Si tu refuses, je n’en serais pas vexé. Il y a tant d’autres plaisirs à explorer. Cela te convient-il ? Prends le temps de te décider. Je le regarde avec intensité, et sans hésiter, lui tends un brin de corde.Depuis que j’ai entendu parler du shibari, je caresse l’espoir de tester cette pratique. Mais je n’en ai jamais parlé par peur d’un amateurisme maladroit. Je suis plutôt douillette, et refuse de m’offrir pieds et poings liés à un rustre, même bien déguisé.— Notre petite fée semble pour de bon plus libérée ! se réjouit Erik, en approchant un mochi de ma bouche.— Oui, sa gourmandise nous honore, réplique ironiquement mon nawashi, en me dévêtant, une corde déjà prête à entourer ma poitrine.J’observe avec attention chaque mouvement qui ajoute une ligne de corde sur ma peau réactive.Erik ne rate rien non plus des gestes mesurés de l’homme de l’art. Je frissonne lorsqu’une main me caresse avant de resserrer un croisement de liens. Étrange, il n’y a pour l’instant pas de nœud.Devinant ma pensée, Erik m’explique que l’art ancien du kinbaku bi se pratique sans aucun nœud, tout en m’aidant à me lever maintenant que mon buste et mes bras savamment encordés ne me permettent plus de bouger facilement.Orutai m’écarte les jambes et continue son tissage sur mes cuisses. Aucun doute ne subsiste sur mon excitation.Mes poignets sont reliés dans mon dos et deux brins de corde sont délicatement placés de part et d’autre du clitoris, sur les petites lèvres, puis entre mes fesses. Mes soupirs ont enflé au fur et à mesure du laçage, et je gémis lors de ce dernier placement de fibre.— Comme tu es belle, petite fée (au moment où un foulard de soie noire m’ôte la vue).Le souffle entrecoupé de gémissements sourds, je suis gentiment étendue sur le dos sur ce qui doit être le grand coussin, posé sur la table. Mes mains un instant déliées passent en dessous. Mes chevilles sont attachées aux coins, les talons sur l’arrête de la table, le coccyx au-delà du bord. Le lien qui m’ouvre tant les ombres que la chatte passe entre mes poignets.Je ne suis plus que désir brûlant. Tout mon corps aspire à des caresses que les cordes doucement tirées de-ci de-là ne rassasient pas. Je souffle et me tords autant que les liens me le permettent, les cordes m’infligent une tension qui augmente d’autant ma soif de plaisirs.Une bouche sur mon sein me fait tressaillir. Tandis qu’une langue avide s’empare de mon téton érigé, une main palpe l’autre avec autant d’envie. C’est bon.Mais j’ai envie de plus.Un courant d’air entre les jambes : on souffle sur les braises de mes envies. L’effet froid est saisissant, juste avant l’application exquise d’une langue chaude et habile.Je tressaute et gémis plus fort. La langue qui me caresse suavement étend mon désir liquide jusqu’à la porte des ombres, et la tension des cordes maintenant trempées est à son comble.La bouche gourmande abandonne mon sein pour dérouler des baisers le long de mon cou avant de s’emparer de mon souffle avec conviction. Un baiser possessif me transporte alors qu’un objet lisse s’immisce entre mes fesses et ouvre ma petite fleur dans un mouvement lent et pénétrant, jusqu’à la butée qui le cale dans mes entrailles. Un petit cri ponctue la fin de la pénétration artificielle.L’interminable baiser boit mes cris. Je me sens couler d’un nouvel orgasme.Je respire librement le temps d’un battement de cœur, ma joue appliquée sur le tissu moelleux reçoit la chaude caresse d’un phallus conquérant. J’ouvre grand la bouche pour que le gland lisse et tendu s’y insère. Une main qui continue à malaxer mon sein, une autre qui tient mes cheveux, une queue qui commence à aller et venir dans ma bouche avec douceur, mais profondeur… Je me régale.Pendant un instant, seules les sensations du haut de mon corps me préoccupent. Plus excitée que jamais, je goûte aux douces d’une soumission attentionnée. Un autre sexe bien dur se présente à moi, contre mon clitoris déjà très sensible. Je crie malgré la bouche pleine. Un répit me rend l’usage de la parole ; si je voulais refuser la suite, il me suffisait de le dire, maintenant.— S’il vous plaît… Continuez ! sort de ma gorge suppliante. Dans un bel ensemble, une queue pénètre ma bouche et l’autre ma chatte, les deux jusqu’au bout. Me voilà doublement prise, incapable d’autre chose que de sentir l’orgasme suivant sur le point de m’emporter. Quelques mouvements pourtant lents, mais bien profonds me font décoller. Alors que j’exprime abondamment mon plaisir grandissant, on me rend ma bouche pour mieux pétrir mes seins et pincer leurs tétons. Une nouvelle marche sur l’échelle du plaisir est franchie.Comment refuser ce cadeau alors que je ne m’appartiens déjà plus ?— Oh oui, bien sûr (encore en anglais puisque visiblement mon cerveau est encore disponible au moins pour le langage).Toujours le ventre plein d’un sexe au rythme lent et régulier, j’ouvre à nouveau la bouche pour recevoir mon mannequin, qui ne retient pas sa semence plus de quelques secondes.Dévouée, je bois la liqueur fluide et sucrée avec surprise et délices.Infatigable, mon étalon tient fermement mes cuisses et me pilonne de plus en plus fort. Le plug vibre tout à coup, et le rythme s’emballe. Mon plaisir grimpe à toute allure, tout comme mes gémissements. Les tétons à nouveau roulés, je succombe cette fois à un orgasme détonnant qui provoque une inondation au sortir de mon antre puis sur mon ventre dans un râle guttural.On m’essuie prestement la bouche et la peau avant de m’étendre sur le dos, bras en croix, genoux relevés, jambes largement écartées. Un coussin sous mon coccyx, on joue avec mon plug, ce qui provoque d’irrépressibles sursauts bruyants. Alors que mes entrailles sont libérées du jouet, une sorte de tige assez fine et à la surface très molle est insérée entre mes lèvres encore frémissantes de tout le plaisir accumulé aujourd’hui. Terriblement obscène, le bruit du jeu de ce nouveau jouet clapotant dans le jus de mes plaisirs encourage des soupirs qui se mêlent aux miens.Puis sans transition, la tige dansante change d’entrée, me revoilà sodomisée, lentement, en profondeur. Tout mouvement s’arrête, les liens m’empêchent de bouger, je retiens mon souffle. Des bruits non identifiables déplacent mon intérêt au-delà du bandeau sur mes yeux.Quelque chose est comme vissé sur la tige enfichée entre mes reins. Un bourdonnement glougloutant. Quelle étrange sensation : la tige gonfle en moi, tout doucement, de plus en plus chaude, mais sans brûlure. Oh comme ça prend de la place ! Cette nouvelle pression m’émoustille et j’ondule autant que possible sous la main appuyée sur mon ventre. La tension est grande quand le gonflement s’arrête. Je me sens si pleine ! La main disparaît ; à nouveau cette impression de vissage.Un liquide visqueux coule entre mes petites lèvres, ça chauffe. Je recommence à me tortiller, à tirer sur la corde qui me serre, de toutes petites fourmis rampent dans les mains. Je serre et desserre les poings en soupirant.Quelques mots chuchotés en japonais, des doigts s’intercalent entre les miens et un corps chaud vient raccourcir mon souffle.Avec précaution, une queue se niche tout au fond de mon sexe rendu très étroit et une bouche m’offre un baiser langoureux.Plus rien ne bouge que nos langues l’espace d’une éternité.Frémissements, gémissements, mon partenaire se tend, puis tremble alors qu’il reçoit une grande pression entre ses reins. Puis un mouvement imprimé sur son bassin le fait soupirer. Les effets sur mon corps sont immédiats. Je suis écartelée, pressée, tendue, remplie… Je gémis encore. Nos bouches se cherchent, ses cuisses se tendent, sa queue durcit encore. Tout est si fort ! Une nouvelle vague orgasmique déferle sur ma conscience alors que des cris se mêlent au loin, indices qu’un immense plaisir nous atteint simultanément. Quelle précision, quelle maestria ! Je m’en émerveillerai plus tard, car pour l’instant je voyage sur des nuages avec des étoiles qui valsent.Je suis délicatement déliée, défaite, longuement essuyée, mon plaisir s’en trouve d’autant rallongé. Quelques gouttes de fraîcheur acidulée sur les lèvres, suivies d’un délicieux mochi. J’avale lentement.On m’assoit sur une épaisse serviette tandis que l’on me couvre dans un frisson.En écho et en français, mes mains serrées dans les leurs, un merci soufflé dans mes oreilles avant la chute du foulard.Je les remercie à mon tour avec effusion et accepte le thé tiède avec gratitude.Le bruit de l’eau à nouveau.Me voilà seule, encore.Je ferme les yeux et respire profondément, encore parcourue des ondes des plaisirs de l’instant d’avant.Quelle journée fabuleuse ! Je déroule le film depuis ce matin, et retiens de justesse ma main qui se faufile entre les cuisses. L’absence de mes hôtes paraît longue, je m’assoupis sans m’en rendre compte.