Ce texte est la suite des n° 11491, « La rencontre » et 11536, « La découverte », dont la lecture permet de mieux comprendre l’histoire et surtout les réactions des protagonistes.Le précédent épisode se terminait par :Épuisé, je préfère laisser mon enveloppe charnelle s’abandonner à ses penchants naturels, et m’endormir avant qu’elle me demande de repartir avec elle sur le Chemin de Compostelle. Une petite voix me dit que je n’y couperai de toute façon pas. J’aimerais juste un peu de répit avant le grand saut dans l’inconnu de son amour, si absolu.Deux heures. Elle s’octroie juste deux petites heures pour reprendre des forces, avant de sortir du lit. Un rapide coup d’œil dans mon armoire lui permet de dénicher une chemise à sa convenance, qu’elle enfile sans la boutonner. Puis elle disparaît de ma vue, négligemment dévêtue de ce bout de tissu qui lui arrive à peine à ras des fesses.Je reste allongé à fantasmer sur ce corps enchanteur à chaque fois que je l’aperçois dans l’entrebâillement de la porte, et je tente de m’emparer d’elle lorsqu’elle passe à portée de mes mains, ce à quoi elle échappe en riant joyeusement. Après avoir remis de l’ordre dans ses affaires et commencé une grande lessive, elle se laisse enfin attraper et renverser sur le lit, fermant les yeux pour mieux apprécier mes caresses sur ses seins nus. Au moment où je frôle son ventre, elle murmure laconiquement :— Faim ! Tu viens à la cuisine et on se fait une agape en tête-à-tête ?Comme un grand, je tombe dans le piège. Je me lève et la suis, le regard fixé sur ses rondeurs qu’elle fait onduler devant moi comme par inadvertance. Avant la première gorgée de café, elle m’annonce qu’il va falloir parler de la suite de notre relation, et donc de son pèlerinage. Ben voyons, ça faisait déjà une pleine demi-journée qu’elle traînait chez moi à ne rien faire de plus enrichissant que m’apprendre à l’aimer !Je ne sais pas si j’arriverai un jour à m’habituer à sa façon désarmante et abrupte de passer d’une activité à une autre. Ni à sa manière si spontanée et sans fioritures d’exprimer ce qu’elle ressent. Comme si son temps était compté et qu’il était impérieux d’aller directement au cœur des choses. Moi qui suis le roi des circonlocutions, et qui adapte mon discours à ce que je crois être les attentes des autres, je suis à rude école.Partir avec elle, partir sur le Chemin ? Je suis effectivement libre de mon temps au cours des prochaines semaines, mais suis-je vraiment capable de la suivre dans son périple mystique ? Ai-je l’étoffe de l’homme dont elle a besoin à ses côtés pour accomplir la tâche dont elle semble maintenant investie ? Ne va-t-elle pas se lasser d’une âme aussi simple que la mienne, de cette friche spirituelle que je suis ?À cela s’ajoute qu’après l’avoir initiée aux plaisirs de la chair, je me sens à mon tour vierge du genre de partage qu’elle m’a laissé entrevoir ce matin. Jamais avant elle je n’avais imaginé pouvoir m’unir avec qui que ce soit, au point de pénétrer, fût-ce fugitivement, l’esprit de l’être aimé autant que son corps. Comment recevoir l’initiation dont elle semble avoir profité au cours des dernières semaines, comment la rejoindre sur cet autre pèlerinage sans qu’elle s’impatiente de devoir être constamment l’initiatrice et la partenaire ?— De quoi as-tu peur ? De la marche ou de mes envies de toi ? Tu ne te sens plus assez entraîné ? dit-elle par-dessus son épaule, pendant qu’elle fouille les armoires de ma cuisine et le frigidaire à la recherche de nourriture.— Je crois que j’ai peur de te ralentir, de te lasser, de ne pas savoir tout sacrifier au profit d’un idéal meilleur.— Sur une échelle de un à dix, combien pour le premier orgasme depuis que je suis revenue ? demande-t-elle en se retournant, à nouveau sérieuse.— Euh, disons… six ?— Et pour le deuxième ?— Huit, peut-être neuf, que sais-je ? Je n’étais jamais allé au-delà avant toi.— Et tu n’aurais pas envie d’approcher le dix ? Encore et encore…— C’est qu’il y a tout le reste avec, les exercices spirituels, et puis surtout la foi, non ?— Si tu savais combien de fois j’ai commencé à mouiller au cours d’une prière, à cause de ce que je ressentais au moment de recommander ton âme à Dieu, ravagée par le souvenir du corps que cette âme habite, tu comprendrais la douceur de ces exercices spirituels, comme tu dis.— Mais c’est péché, ce que tu profères là !— Qui dit cela ? Tu oublies la première partie de l’histoire du Jardin d’Éden, c’est après que les choses se sont gâtées, après que les regards se sont troublés. Tu crois qu’au départ, Adam et Ève n’ont fait que ramasser des noisettes et caresser la fourrure des bêtes ? Moi, je suis persuadée que le premier serpent de l’histoire de l’humanité, c’est celui qui s’est glissé dans le buisson d’Ève, pas celui qui est descendu de l’arbre.— Quel rapport avec le Chemin ? Pourquoi me demander de te suivre, si tout est si simple et qu’on peut passer le reste de notre vie à s’aimer et se multiplier comme aux premiers temps ?— Parce qu’avec la connaissance, le plaisir des sens est décuplé. Parce que sans la connaissance, le désir perd sa saveur. Parce que toi et moi sommes œuvre divine, et que nous approcher de la source de cette perfection ne peut que renforcer notre union.— Je ne vois toujours pas le rapport avec le Chemin ?— Le Chemin, c’est le dépouillement. Le Chemin, c’est l’épuisement physique qui permet de se détacher de ses pulsions parasites. C’est aussi l’épuisement spirituel qui permet d’ouvrir les yeux sur les signes les plus infimes du projet divin. Et surtout, c’est l’inéluctable besoin des autres, de l’amour des autres, sous quelque forme qu’il se présente. Souviens-toi du tireur à l’arc.— Le kyudoka ou le saint ?— Où est la différence, Guilhem, mon premier, toi qui n’as jamais répondu à ma question la nuit où nous nous sommes découverts, qui n’ose pas aller à la recherche de son essence ? Ce que je sais, c’est à quel point ce tireur sans âge m’a fait frissonner lorsque je l’ai touché. Combien il m’a donné de plaisir en ne faisant que m’effleurer, en m’ouvrant son jardin intime un peu plus à chaque caresse, jusqu’à me faire pénétrer entièrement en lui.— Je me serais attendu à l’inverse ! maugréai-je, irrité d’entendre reparler des autres hommes de son pèlerinage.— Justement non, en tout cas pas cette fois. En cela, cette forme d’amour réalise bien l’égalité parfaite entre les hommes et les femmes. Une raison de plus de suivre cette voie, pour moi qui aime tant m’immiscer en toi, te fouiller en esprit bien plus intimement que tu ne seras jamais capable de le faire avec ton bâton de pèlerin.Sans me laisser le temps de répondre, elle baisse son regard sur mon entrejambe, pour le moment encore inhibé par notre discussion.— Si imposant soit-il en d’autres circonstances… Que se passe-t-il, suis-je à ce point intimidante ?— C’est que je n’ai pas l’habitude de parler de ce genre de choses à bâtons rompus.— Bâton rompu, comme tu y vas, j’espère qu’on n’en est pas encore là ! Bon, changeons de sujet, tu as des légumes mangeables au jardin ? Parce qu’ici, à part les œufs et le fromage, c’est un peu la zone.— Je vais voir ce que je trouve, ne bouge pas.Indocile, elle se glisse devant moi au moment où je passe à sa portée en direction du jardin. Tendrement, comme pour me rassurer, elle m’enlace et cherche mes lèvres pour un baiser langoureux. Pendant que sa langue me fouille, elle descend sa main le long de mon ventre, s’empare de moi et se met à me caresser, tout en continuant à m’embrasser. Cette envie soudaine et très terre-à-terre me redonne un peu confiance en moi, et me fait bander de plus en plus fort entre ses doigts.C’est ce qu’elle attendait pour abandonner mes lèvres et se mettre à genoux devant moi. Elle prend d’abord tout son temps pour me contempler, et s’amuse à poser de légers baisers sur mon membre qui tressaute à chaque attouchement. Puis, après s’être emparée de mes fesses à pleines mains pour mieux me maîtriser, elle me fait progressivement glisser entre ses lèvres, en laissant échapper un soupir de bien-être. Je m’abandonne avec délice à sa langue agile, Marine prenant un malin plaisir à parcourir les points les plus sensibles de mon chibre durci, alternant succions et lapements avec une grande habileté.Rapidement, les premières ondes de plaisir échauffent mon ventre, et quelques gouttes de liqueur m’échappent. Elle s’en délecte, et s’amuse à en extirper encore plus de mon gland violacé par de délicates pressions des doigts. Je me sens approcher du paradis, même s’il ne doit pas s’agir tout à fait du même que celui qu’elle évoquait un peu plus tôt. Peu m’importe, à vrai dire, pourvu qu’on ait l’ivresse. Et là, l’ivresse des profondeurs est proche, très proche même, si elle continue de la sorte.C’est malheureusement le moment qu’elle choisit pour inverser soudain les rôles et, en se relevant sans prévenir, m’expulser de l’antre chaud où elle m’avait glissé, me laissant brutalement à l’air libre, gonflé et luisant de désir. Après un dernier regard sur l’objet de sa convoitise et une légère caresse sur mes bourses gonflées, elle se retourne, et s’appuyant des mains sur la table de la cuisine, elle me tend ses fesses en se cambrant, jambes écartées, pour ne laisser aucun doute sur ce qu’elle attend de moi.Trop excité par ce qu’elle m’offre ainsi, je renonce à savoir si mon prochain geste pourrait précipiter notre chute, et nous fermer à jamais les portes du jardin d’Éden, et j’approche ma trique de son temple endimanché. Je me sens prêt à n’importe quelle concession pour pouvoir profiter immédiatement de ce qu’elle m’offre ainsi, ne doutant pas une seconde qu’une croupe pareille vaut au bas mot la moitié d’un pèlerinage, et quelques messes en plus. Puisse-t-elle trouver plaisir à tenir fermement mon cierge en mains pendant l’homélie !Toutefois, juste avant d’entreprendre le siège de son séant, un dernier sursaut de galanterie me pousse à m’agenouiller un instant devant cette somptueuse bénédiction, et de commencer mes dévotions en soufflant légèrement sur la vulve frissonnante de Marine et sur le fin duvet qui la protège. Elle se met immédiatement à balancer ses hanches de gauche et de droite, comme pour mieux profiter de la sensation. Je saisis l’occasion pour l’effleurer du bout de la langue, avant de retourner souffler le froid et le chaud sur ses fragiles muqueuses. Elle tend son bassin contre mon visage, enfouissant ma bouche et mon nez entre ses fesses. En tirant un peu la langue, j’arrive à câliner son clitoris, déjà aussi dur et impatient que ma verge. Je ne me prive pas de ce bonheur, qui lui arrache un chapelet de gémissements de plaisir.Je m’applique ensuite à remonter le long de sa fente, et à venir presser ma langue, puis mes lèvres contre son anneau étroit. Ses soupirs se transforment en râles. Je prends tout mon temps pour effleurer longuement cette zone sensible, puis je redescends de baiser en baiser jusqu’à sa petite tige de plus en plus impatiente. Marine ouvre encore plus les cuisses, pour mieux me laisser m’emparer d’elle et me gratifie d’un petit jet de sa liqueur de femme. Excité de la sentir si réceptive, je me laisse aller à aspirer son clitoris sans ménagement. Elle a une secousse de surprise, mais se ressaisit vite, et s’offre à nouveau complètement, tout en balançant ses hanches au rythme de la montée du plaisir.Malgré mon envie de la faire jouir le plus vite possible, j’abandonne cette caresse trop ciblée et m’amuse encore à lécher alternativement le bas de sa vulve et sa rosette, qui commence à se contracter rythmiquement. Loin de la calmer, cette manière de la stimuler augmente encore ses sensations. Son ventre, que je tiens maintenant entre mes mains, se crispe. Elle cambre un peu plus son bassin pour faciliter ma fouille intime, et se prépare à jouir sans retenue. Elle est littéralement à deux doigts d’exploser de plaisir.— Oh oui ! encore, tu me rends folle, c’est si bon de te sentir juste là, ouvre-moi du bout de ta langue…— Même si ce que je te fais n’est pas très catholique ?— N’arrête surtout pas, de toi, je veux tout, je suis prête maintenant…Elle est prête, je le vois, je le sens, elle le dit, l’instant de basculer dans la jouissance est imminent… et pourtant, d’un coup, le fil ténu du désir se casse, notre château de cartes du tendre, patiemment construit de baiser en caresse, s’effondre. Ce bref dialogue salace, qui en d’autres temps aurait renforcé mon excitation et décuplé ma fougue, me met d’un coup hors-jeu. En une fraction de seconde je cesse d’être absorbé par notre corps-à-corps et, comme si j’étais soudain étranger à moi-même, je me vois, de loin, en train d’investir le fondement de Marine et la pénétrer par sa porte étroite.Tout se passe comme si les mots à deux doigts du plaisir et pas très catholique plutôt que se succéder, s’étaient entrechoqués dans ma tête, et avaient induit une succession de pensées complètement déplacées. Au moment même où je pourrais donner et recevoir la plus délicieuse des preuves de désir et partager une jouissance particulièrement intense avec Marine, le mot sodomie s’imprime en majuscules dans mon esprit et me déconnecte de notre réalité amoureuse. Avec pour immédiate conséquence de faire ressurgir d’un coup toutes nos discussions mystiques du tréfonds de mon subconscient et de m’imposer la vision d’abominables tortures et du bûcher, réservés autrefois aux adeptes de cette pratique sexuelle réprouvée.C’est une sensation terrible de se trouver si soudainement arraché à des joutes amoureuses qui promettaient d’être particulièrement jouissives. Mais il est trop tard pour revenir en arrière, nous ne sommes déjà plus en phase. De là à proférer la phrase qui tue et scelle notre désunion, il n’y a qu’un souffle que je n’arrive même pas à retenir.— En d’autres temps, nous aurions été brûlés pour moins que ça, non ? dis-je en déposant un baiser hésitant sur les fesses charnues de ma belle.La réaction ne se fait pas attendre. Et elle est à la mesure de l’orgasme qui se préparait… volcanique. Énervée par ma stupidité, et probablement profondément frustrée de me sentir lui refuser en plein crescendo le cadeau qu’elle attendait avec impatience, Marine se retourne d’un mouvement vif, et me fusille du regard tout en me repoussant fermement du pied. Je roule sur le dos, comme un scarabée en détresse, la queue inutilement dressée en direction du paradis perdu.— C’est donc ça qui t’excite, jouer avec mes convictions ! C’est l’idée du péché qui te fait bander ? Tu te fous pas mal de ce que je ressens pour toi ! Dans ton esprit, je reste la vierge pieuse de la première nuit, la bigote qu’on effarouche en invoquant le Malin. Tu te crois vraiment capable de le regarder en face, le Malin ? Eh bien, je vais t’en donner, moi, du péché, et à la louche, si c’est ce que tu veux !Elle pointe un index vengeur en direction de ma chambre, en ajoutant de manière péremptoire :— Maintenant va dans ton lit et prépare-toi à une expérience unique ! Je te jure que tu vas voir de quoi je suis capable en matière de sabbat. Mais tu as avantage à assurer, parce que de bien plus malins que toi se sont grillés les couilles en invoquant Lilith à mauvais escient. Avant de baiser le cul du diable, il faut lui vendre son âme, c’est donnant-donnant. Qu’est-ce que tu me donnes en échange d’une baise d’enfer ?— N’importe quoi, pourvu que tu me pardonnes ! Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai dérapé, ce n’était pas ce que je voulais dire.— Je répète ma question, que tu me donnes-tu pour jouir autant de fois que tu voudras, sans débander ?— Marine, arrête, je ne trouve plus ça drôle, je te demande pardon !— Alors c’est moi qui décide ! En échange d’une orgie avec les esprits du mal, je te prends tous tes souvenirs des baises d’avant, toutes tes expériences avec d’autres femmes. Dès ton réveil, tu seras à nouveau puceau, et tu n’auras de souvenir amoureux qu’avec moi, à jamais !Cette vivacité de ton est nouvelle pour moi et, j’avoue, particulièrement impressionnante. Cette Marine-là est bien loin de la jeune femme inexpérimentée, blottie entre mes bras, découvrant du bout des doigts les émotions que procurent les premières joutes amoureuses. Elle ressemble plutôt à l’incarnation de la colère de Dieu, et je redoute ce qui va m’arriver, si je continue à l’irriter.Même si je ne crois pas un mot de ce qu’elle raconte, je préfère adopter un profil bas. Je ne vois d’ailleurs pas très bien ce que je pourrais faire d’autre. Ni ce que je risque, à part une chevauchée endiablée entre ses bras. Toujours ça de pris, avant qu’elle me quitte pour des horizons meilleurs, si je l’ai réellement blessée.J’obéis donc et retourne dans ma chambre. Au moment où je me glisse sous la couette, je l’entends sortir au jardin. Peu de temps après, elle repasse par la cuisine, lave le produit de sa cueillette, fait cuire de l’eau, la verse dans un récipient dans lequel elle a sûrement glissé quelque philtre d’amour ou peut-être quelque poison !Elle me rejoint peu après en portant un plateau sur lequel se trouve tout ce dont elle a besoin pour sa cérémonie. D’une main, elle arrache la couverture avant de déposer le plateau sur le lit. Puis elle vient s’asseoir sur mes cuisses, face à moi. Sans plus attendre, la mine renfrognée, elle coupe cinq larges rondelles de concombre qu’elle évide avant de les répartir en forme de pentagramme entre mon pubis et le haut de mes cuisses. Elle étale ensuite quelques branches de céleri sur mon ventre, après en avoir doucement frôlé mes mamelons, ce qui me fait frissonner, mais ne suffit pas à me redonner vigueur, tant je suis impressionné par son changement d’attitude. Enfin, elle allume une bougie noire, cadeau ésotérique d’une de mes anciennes flammes, qu’elle place en équilibre instable sur mon nombril. Au moindre mouvement inconsidéré de ma part, la cire brûlante risque de se renverser sur ma peau. Je suis condamné à maîtriser mes élans amoureux et à me soumettre à ses désirs.La mise en scène s’achève par un bref instant de méditation. Sitôt après, les yeux toujours clos, Marine se met à caresser lentement ses seins, excitant à chaque passage ses tétons d’une griffure de l’ongle en forme de signe de croix. Ses pointes réagissent immédiatement, et paraissent devenir de plus en plus sensibles à chaque passage, si j’en crois les soupirs que ces attouchements lui font pousser. Comme si elle chevauchait un amant invisible, malheureusement autre que moi, elle balance ses hanches d’avant en arrière, au gré des vagues qui montent à nouveau au creux de ses reins.Le spectacle qu’elle m’offre me fait perdre peu à peu mes inhibitions. Ma queue se tend entre ses cuisses, qu’elle écarte pour la laisser se dresser dans toute son ampleur. Le regard dans le vague, elle saisit alors une des rondelles de concombre et la frotte trois fois d’avant en arrière sur sa vulve, avant de l’empiler, luisante de mouille, sur ma trique majestueuse. Elle recommence le même rituel avec chaque autre rondelle, faisant progressivement disparaître ma tige dans la gangue végétale.Le dernier morceau suit le même chemin, sauf qu’après le troisième passage sur sa fente, Marine l’enfonce d’un geste vif dans son intimité. Dès qu’il a disparu de ma vue, elle ferme les yeux et en quelques mouvements d’un doigt sur son clitoris, s’offre sans autres préliminaires un formidable orgasme, qui fait violemment tressauter ses seins aux pointes dressées au milieu de leur corolle rose foncé. La scène est particulièrement excitante, d’autant que je retrouve sur son visage cette sorte de béatitude qu’elle a déjà exprimée entre mes bras après une très intense excitation. Mon membre y répond immédiatement et se dilate encore plus, allant jusqu’à se trouver à l’étroit dans le manchon végétal. Je crève d’envie de toucher le corps de Marine, de m’enivrer du contact de sa peau. J’essaie d’avancer un peu mon bassin pour mieux sentir sa chaleur, mais elle se refuse à tout geste de tendresse de ma part. Et surtout, la bougie se rappelle à mon bon souvenir en brillant de tous ses feux sur mon ventre.Se ressaisissant rapidement du plaisir qu’elle vient de se donner, Marine ressort la dernière rondelle de son vagin et la pose sur mon bilboquet. Alors je vois quelque chose se transformer dans son regard, qu’elle plonge brièvement dans le mien, comme si elle voulait me laisser une dernière chance de renoncer. Mais avant que j’aie le temps de lui donner un semblant de réponse, elle continue ce que va devenir la cérémonie à proprement parler.Sans hâte, elle approche sa main du petit monticule dressé sur mon bas-ventre, et dessine une croix du bout de l’ongle de son pouce sur mon gland en prononçant une première incantation blasphématoire.— Lilith, toi qui règnes sur la passion et la concupiscence, pose ton regard sur moi, je désire cet homme, je veux en faire mon esclave soumis, par mon sang je me lie, accorde-moi cette faveur, je le désire avec chaque battement de mon cœur, avec chaque souffle que je prends.Elle ponctue sa phrase par une pression de l’index exactement sur mon méat, ce qui provoque immédiatement une violente lancée entre mes reins. Je suis subjugué par ce qui est en train de se passer. Telle que je croyais connaître cette femme, rien de ce qu’elle est en train de me faire subir ne lui ressemble. Mais les sensations sont trop fortes pour que je puisse lui résister, et je la laisse commencer à prendre possession de mon corps en léchant ce qui dépasse de la tour de légume.Elle n’arrive à atteindre que l’extrême bout de ma verge, mais sa manière de passer, de repasser, puis de revenir encore et encore sur la même portion de muqueuse me rend rapidement dingue, même si j’en suis beaucoup plus irrité qu’excité. Ses attouchements deviennent d’ailleurs rapidement insupportables, et j’en arrive au point où la douleur remplace le plaisir, où il faudrait que je puisse cracher mon jus pour pouvoir retrouver la maîtrise de mes sens.Percevant mon inconfort, elle remplit sa bouche d’une gorgée de la tisane préparée sur le plateau à côté de nous, et la fait couler goutte à goutte sur mon gland, avant de souffler doucement dessus pour le refroidir, comme j’avais commencé à le faire sur sa vulve tout à l’heure. Loin de m’apaiser vraiment, ces nouvelles sensations augmentent encore mon envie de me vider, mais je ne peux plus rien faire sans son aide, à moins de tout renverser et de me jeter sur elle. À supposer qu’elle m’en laisse la liberté.Elle savoure sa suprématie pendant de longues minutes, en continuant à me stimuler du bout des doigts, allant encore jusqu’à malaxer sans ménagement mes boules remplies de sève. Puis, magnanime, elle se décide à me donner le coup de grâce de quelques lapements précis aux endroits qu’elle sait être particulièrement sensibles de mon anatomie.Une prodigieuse crispation s’empare alors de moi, au moment où une première vague monte du fond de mes reins et se propage à toute vitesse dans mon bas-ventre. Mon sexe trop longuement malmené gonfle encore un peu plus, pressant contre l’intérieur des anneaux de concombre. Une deuxième vague déferle alors, qui dilate mes entrailles intimes et remplit mes canaux spermatiques. L’explosion tant attendue se déclenche à la troisième vague, libérant une énorme giclée de sperme qui atteint Marine en plein visage. Surprise d’un déchaînement aussi soudain et aussi puissant, elle se redresse un peu, mais pas assez pour éviter le deuxième jet qui fuse encore plus fortement de ma tige et va inonder sa bouche entrouverte. Elle garde ma semence sur sa langue aussi longtemps que je continue à me vider de mon jus, puis sans hâte, laisse s’échapper ma liqueur qu’elle fait tomber sur les rondelles de concombre qui m’emprisonnent encore.Après quelques secousses supplémentaires qui me font trembler de haut en bas, je commence enfin à me détendre. Je retrouve même peu à peu des sensations agréables dans mon bas-ventre. Ma tige baigne maintenant dans un mélange de sperme et de salive, qui nappe le puits construit par Marine. Étrangement, je n’ai aucune sensation de débander le moins du monde. Serais-je donc bel et bien sous son emprise, au-delà du simple jeu amoureux ?Marine ne me laisse pas le temps de réfléchir, et poursuit sa cérémonie en se saisissant de la rondelle supérieure. Après avoir sucé un peu du mélange de nos humeurs, elle la glisse dans ma bouche, à la manière d’une ostie.— Ceci est ton sperme, donné pour moi !Elle porte la deuxième rondelle à ses lèvres, la lèche du bout de la langue, puis l’introduit dégoulinante de mon sperme dans sa vulve béante. À nouveau, elle se caresse du bout du doigt. Puis elle se redresse et, passant par-dessus la bougie, avance son entrejambe jusqu’à hauteur de mon visage, qu’elle enserre entre ses cuisses. Elle me laisse l’admirer un instant, son index toujours virevoltant sur le haut de sa fente, avant de déposer délicatement sa chatte trempée de mouille et de sperme contre ma bouche, comme un calice de vin béni.— Ceci est mon corps, donné pour toi !Trop content de pouvoir enfin la toucher, je m’applique immédiatement à faire vibrer la rondelle du bout de la langue, tout en m’efforçant au passage d’atteindre son clitoris, que je vois à nouveau tendu entre ses doigts. Marine semble apprécier que je poursuive ce qu’elle a interrompu tout à l’heure sous le coup de la colère, et me laisse la lécher à ma guise. À mon grand étonnement, il suffit de quelques pénétrations du bout de la langue, pour que son ventre se crispe à nouveau, sa respiration s’accélère et que, presque sans avertissement, elle jouisse une nouvelle fois.J’aimerais pouvoir profiter encore un peu d’elle, et continuer à lui offrir des caresses et des baisers pour entretenir son plaisir. J’aimerais surtout pouvoir la serrer entre mes bras, le temps de me ressaisir un peu. Mais une fois de plus, sitôt satisfaite, elle change de position et reprend sa cérémonie impie, en commençant par avaler l’un après l’autre les morceaux de concombre restant. Après quoi, à l’aide d’une épine de rose glanée dans mon jardin, elle se pique profondément le pouce gauche, jusqu’au sang.La première goutte qui jaillit tombe sur mon pubis. Marine y plonge un doigt et dessine un trait vertical jusqu’au bout de mon vit toujours fièrement dressé. Avec une deuxième goutte, elle trace une barre horizontale, dessinant ainsi une croix inversée, tête en bas. En pressant son doigt blessé, elle arrive encore à faire sourdre une troisième goutte de sang qu’elle recueille sur un morceau de pétale de rose préparé sur le plateau. L’approchant de la flamme de la bougie, elle répète trois fois de suite la même phrase pendant que la fleur part en fumée.— Par le pouvoir du sang et du feu, tu vas ressentir l’attraction que j’exerce sur toi, tu n’as d’autre recours que de venir vers moi.Sa voix est impressionnante d’autorité, son regard est différent. Je ne reconnais plus Marine, c’est un autre être qui est en train de m’entraîner dans quelque chose qui me dépasse. Je ne suis pas d’un naturel peureux, mais j’avoue que si je ne l’avais pas connue douce, aimante et merveilleusement attentionnée dans les gestes de l’amour, je me détournerais d’elle et la laisserais seule avec ses incantations. Elle ne m’en laisse toutefois pas la liberté. Soulevant la bougie dans laquelle finit de se consumer le pétale imbibé de son sang, avant que j’aie le temps de me protéger, elle fait couler une giclée de cire brûlante sur mon mamelon gauche, celui du cœur.— Bats pour moi, cœur mortel, désire-moi avec toute ton âme, rêve de moi lorsque la nuit descend, viens vers moi, je t’attends, que rien ne retienne, ni vœu ni amour, tu m’appartiens maintenant, ainsi soit-il !La douleur me tétanise, et je ne peux retenir un cri de souffrance, mais je suis trop surpris pour réagir et tout envoyer valser au travers de la chambre. D’autant que Marine est toujours assise sur moi, et m’empêche pratiquement tout mouvement. Elle ne me laisse heureusement pas longtemps souffrir. Sitôt sa phrase magique proférée, elle inonde ma poitrine d’une giclée de tisane refroidie, ce qui m’apporte immédiatement un peu de soulagement. Puis elle pose ses seins exactement sur les miens, pointes contre pointes, en cherchant tendrement mes lèvres pour un long baiser amoureux. Finalement, elle détache la cire de ma peau du bout des dents, et lèche longuement ma chair meurtrie. La sensation de douleur mélangée au plaisir est particulièrement excitante.Dès qu’elle sent que je m’apaise un peu, elle prend dans sa bouche un morceau du céleri qui orne encore mon ventre et le mâche longuement, avant de le glisser entre mes lèvres. Je déguste cette pâte aphrodisiaque enrobée de sa salive, en nouveau signe de communion des corps. Dès que j’ai avalé cette première béquée, elle m’en prépare une autre, puis une autre encore. Entre deux, elle rince sa bouche avec la tisane de verveine, qu’elle me fait boire de la même manière, de bouche à bouche.Ses gestes semblent dénoter une volonté de me faire reprendre des forces avant un effort dont elle seule connaît l’intensité. Entre deux bouchées, elle caresse d’ailleurs légèrement ma tige toujours fièrement dressée contre sa cuisse, comme le font les jockeys pour calmer un pur-sang avant le moment fatidique du départ de la course.Une fois ma faim apaisée, et mes forces retrouvées, sans transition, elle s’allonge sur le côté et, s’emparant de mon sexe durci, m’incite à la pénétrer sans plus attendre. Excité par tout ce que je viens de vivre, je l’embroche d’emblée à grands coups de reins, comme un damné. Le sourire que je vois se dessiner sur ses lèvres me laisse penser qu’elle apprécie cette manière impétueuse d’exprimer mon envie d’elle. Pourtant, au moment où elle sent à quelques incertitudes dans mes gestes que je ne vais plus tarder à perdre la maîtrise de mes envies, elle serre ses mains sur mes hanches, et me retient dans mes élans.— Tu sens déjà les effets de mon sortilège, c’est si bon que ça de m’appartenir corps et âme ?— J’ai adoré tes jeux, tout m’excite de toi quand tu as envie de jouir, t’es une reine pour me donner du plaisir.— Mais ce n’étaient pas des jeux, mon aimé, bien au contraire…— Arrête de me déconcentrer, laisse-nous finir en beauté, je t’en supplie, oublie ta colère et laisse-moi t’offrir mon amour…— Est-ce vraiment moi qui suis dans tes pensées à l’instant ?Désarçonné par cette remarque étrange, je maîtrise quelque peu ma fougue, mais les contractions de sa vulve contre mon vit distendu sont trop voluptueuses pour que je puisse résister longtemps. Marine se met à tourner doucement la tête de gauche et de droite à chaque fois que je m’enfonce en elle. Elle respire de plus en plus fort, ferme les yeux pour mieux se concentrer sur le plaisir que nous nous offrons. Son ventre est collé au mien, j’y sens les moindres ondes de plaisir. Enfin, alors qu’elle avance ses hanches à ma recherche, les premières crispations de jouissance apparaissent sur son visage.Il n’en fallait pas plus pour allumer le feu d’artifice en moi, qui va me permettre de la rejoindre et jouir en même temps qu’elle. Je jette un dernier regard sur elle avant de m’abandonner, et là, horreur… celle que je défonce de ma virilité triomphante n’est pas Marine, mais Célia, la dernière femme qui a partagé mon lit. Il est trop tard pour me retenir, déjà la femme m’aspire en elle de toutes ses forces, et extirpe de moi une pleine rasade de sperme qui va inonder sa matrice en pleine explosion orgasmique. Au même instant, l’image de Célia disparaît de mon esprit, aussi soudainement qu’une bulle de savon frôlée du bout du doigt.Je reste d’abord sonné par ce qui vient de se produire, et me retiens de regarder autour de moi pendant de longues minutes. Il faut pourtant bien que je reprenne pied dans la réalité, même si elle a pris l’allure d’un cauchemar. Au moment où j’ouvre à nouveau les yeux, je constate avec soulagement que c’est bien Marine qui me regarde, amusée et détendue, comme si de rien n’était. Amusée apparemment parce que ma queue ne montre aucun signe de fatigue. Ce qui me met au bord de la panique, tant sa prophétie de tout à l’heure semble réellement en cours de réalisation.La diablesse reprend l’initiative avant que j’aie le temps de remettre de l’ordre dans mes pensées, et avec un regard particulièrement pervers, me pousse sur le dos. Changeant rapidement de position, elle se met maintenant à quatre pattes, la croupe tendue vers moi, et descend son bassin avec une exaspérante lenteur, jusqu’à frôler mon vit démesurément gonflé de sa vulve dégoulinante de foutre et de cyprine. Même anesthésié par les orgasmes successifs, j’ai encore assez de sensibilité pour percevoir agréablement le frottement de son manchon de chair contre ma muqueuse en feu, ce qui provoque une nouvelle montée de désir au creux de mes reins. Elle m’a rendu insatiable par son envoûtement, et plus rien ne l’arrêtera dans son sabbat.Excité comme un bouc en rut, je me redresse et viens derrière elle. M’emparant sans ménagements de ses hanches, je l’empale une fois de plus jusqu’à la garde. Elle contracte fortement ses muscles intimes, et m’amène en quelques minutes au bord de l’explosion. À l’instant de me vider en elle, je ne suis pas vraiment surpris de découvrir une autre partenaire entre mes mains. Cette fois, c’est la rousse Joanna, ma maîtresse pendant de nombreux mois, qui s’offre sans retenue à mes coups de boutoir, comme elle adorait le faire à chaque fois que nous nous retrouvions.Une fois de plus, au moment où quelques gouttes de sperme s’échappent de mes couilles meurtries de tant se vider en si peu de temps, l’image fugitive de cette ancienne conquête s’évanouit. J’ai beau fouiller dans ma mémoire, me concentrer sur ma vie passée, sur les circonstances de notre rencontre, tout à disparu. Seul le nom de la belle reste encore vivant, mais rien de nos ébats ne subsiste au fond de moi.Quelques minutes plus tard, dès qu’elle m’estime avoir retrouvé assez d’énergie virile, Marine vient contre moi, câline et amoureuse. Elle effleure du bout des doigts mon membre encore aussi vaillant qu’à la première heure, et va même jusqu’à le prendre en bouche. Elle profite habilement de dernières contractions qui secouent mon ventre, pour faire remonter une nouvelle envie de copulation. Avec un art consommé, elle me lèche et me suce, assez légèrement pour que je n’en éprouve aucune douleur, dans l’état de priapisme qui me caractérise, mais aussi de manière assez excitante pour m’amener une fois de plus à la limite de la jouissance.À cet instant où je vais basculer, en regardant celle qui me gratifie de cette pipe majestueuse, je découvre Carine, une amante mariée qui n’avait pas son pareil pour me prodiguer ce genre de gâterie dans toutes les circonstances possibles et imaginables du jour et de la nuit. À mon grand dam, à peine ai-je reconnu ses formes généreuses, que son image disparaît à jamais de ma mémoire.Et ainsi de suite pendant plusieurs heures, me semble-t-il. Plus je jouis sous les mises en scène de Marine, plus je crois devoir défaillir en me vidant d’un inépuisable jus de vie, plus elle arrive habilement me remettre en selle, m’empêchant sans merci de lui échapper en débandant enfin. Et à chaque fois, tout souvenir de la femme aimée disparaît au moment où je me répands sous ses caresses diaboliques.Toutes les femmes que j’ai connues passent devant moi, chacune faisant à son tour preuve d’un don érotique assez vivifiant pour provoquer un nouvel orgasme démentiel. Pour la première fois de ma vie, j’en suis à me réjouir de n’avoir pas culbuté autant de femmes que je l’aurais souhaité. Le moment est d’ailleurs venu de retrouver la dernière de mes maîtresses. Enfin plutôt la première, Geneviève, mon amour de jeunesse.Au moment où je me demande comment elle va m’apparaître avant que j’en perde irrémédiablement le souvenir, Marine me fait me retourner une fois de plus sur le dos et vient se planter sur mon vit, exactement comme elle l’avait fait lors de notre première nuit. Avec d’infinies précautions, elle monte et descend sur moi, et fait croître mon excitation. Pourtant, juste avant que je n’éjacule, elle se retire et me prend dans sa main pour me vider, en murmurant au moment fatidique :— Celle-là, je te la laisse, vous étiez encore au jardin d’Éden…Une toute dernière goutte de sperme, ou peut-être même déjà de sang, coule le long de mon chibre exténué. Marine la déguste amoureusement, avant de venir s’allonger contre moi. À cet instant, à cet instant seulement, le sang reflue de mes organes génitaux et je débande enfin.Je me sens aussi épuisé que si elle avait extirpé toute l’eau et toute l’énergie de mon corps. Ce n’est plus la petite, mais la grande, la seule vraie mort qui m’a frôlé de ses ailes. Je suis une petite flaque informe entre les bras d’une maîtresse insatiable, une mante religieuse d’un type particulier et complètement inconnu pour moi. Je peine déjà à retenir mes yeux ouverts.— Sur une échelle de un à dix, combien ? demande-t-elle dans un murmure.— Dix, même si j’ai cru que mon cœur ne tiendrait pas le coup jusqu’au bout, et toi ?— Deux… disons peut-être trois !— Mais… mais, que s’est-il passé ? dis-je en me redressant pour mieux scruter son regard. Je croyais pourtant t’avoir fait jouir plusieurs fois ?— JE me suis fait jouir une fois, mais ce n’est pas grave, ajoute-t-elle en caressant mon visage avec beaucoup de douceur et de tendresse. Maintenant tu m’appartiens, nous avons tout le temps de nous apprendre.Je suis profondément blessé par ce que je viens d’entendre. Moi qui croyais avoir tout partagé avec elle, lui avoir donné le meilleur de ce que je savais faire avec mon corps. Je recommence à douter de moi, et surtout d’obscures pensées sur ce qu’elle a bien pu vivre pendant son pèlerinage reviennent immédiatement occuper mon esprit. Elle me sent profondément perturbé, et prend mes mains entre les siennes, pour les embrasser longuement et amoureusement. Ce seul geste suffit à me rassurer un peu, mais j’ai besoin de solides explications maintenant, j’ai besoin de comprendre ce qui était si différent cette fois des fois précédentes.— Qu’est-ce que j’ai fait de faux, Marine, parle-moi…— Tu n’as rien fait de faux, c’est juste que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde.— Tu n’aimes plus mes caresses, cette histoire d’ex a réveillé quelque chose de douloureux ?— Je ne désire aucune autre caresse que les tiennes, seules tes mains savent me donner un plaisir aussi intense.— Apparemment pas vraiment…— Cet après-midi, c’est différent. Pour que je jouisse vraiment fort, j’ai besoin que tu me désires…— Mais c’est ce que je n’ai pas cessé de faire depuis que je suis réveillé, j’ai bandé au premier regard sur toi, j’ai failli me lâcher au moment où tu m’as offert tes fesses, j’ai craqué à tout ce que tu m’as fait, je me suis vidé de litres de foutre en te regardant me baiser, comment te désirer autrement ?— Quand je dis me désirer, je veux dire moi, pas ce que je fais. Quand tu poses ton regard sur mon corps, tu me fais frémir, j’ai envie de m’ouvrir de plus en plus, de te prendre au fond de moi, et de tout te donner. En même temps, je vois ton excitation grandir, au fur et à mesure que je m’offre. Ton regard envieux sur moi me fait du bien, m’excite à mon tour. Là, je ne résiste pas, tout mon corps s’embrase et rien n’est impossible. C’est simplement divin, de se partager ainsi avec un homme aimé.— Quelle différence avec ce qui vient de se passer ?— C’est ce que j’ai fait qui t’a excité, pas ce que j’étais. C’était amusant de te faire bander et de te recueillir en moi, mais je te sentais m’échapper au fur et à mesure que je m’emparais de toi par le moyen de mon sortilège. Maintenant j’ai peur, parce que ce ne serait que juste punition pour avoir voulu approcher l’esprit du Malin… j’ai cru être assez forte, mais j’ai peur de t’avoir perdu à cause de mon arrogance.— Tu es sérieuse en disant cela ?— J’ai l’air de rire ? Parle-moi de ta dernière maîtresse ?— Là maintenant, je n’y arriverai pas, ma tête est vide. Mais c’est sûrement parce que je suis épuisé, tu m’as tant fait jouir, c’est inhumain ce traitement. Tu crois vraiment pouvoir me lier à toi par cette sorte de magie ? Tu veux vraiment me faire oublier toutes les autres ?— Je l’ai voulu, et je l’ai eu ! Mais en le faisant, je t’ai irrémédiablement éloigné de moi, nous sommes redevenus deux.— Qui es-tu, Marine, que veux-tu de moi ?J’attends sa réponse tendu comme un arc, la mâchoire crispée, j’aurais besoin de ses mots pour survivre, pour comprendre enfin ce qui se passe depuis qu’elle est entrée dans ma vie.Cette grâce ne me sera pas accordée. Après un bref instant d’hésitation, elle se lève, s’habille à la hâte et sort de la chambre, en me suppliant de la laisser. Je l’entends réunir ses affaires, passer quelque temps à la cuisine et à la salle de bain.Revenant une dernière fois sur le seuil de la porte, elle me regarde longuement, une infinie tristesse sur le visage. Puis, sans un mot, elle se retourne et disparaît. Avant que je trouve la force de réagir, elle a quitté ma maison, non sans avoir laissé un bref message sur la table de la cuisine.Marine, je suis Marine dont tu es le premier, celle qui t’aime. Marche après moi, si tu le veux, regarde les signes, mets tes pieds dans mes traces et nous nous retrouverons. Pardonne-moi pour tes souvenirs amoureux, ils sont enfouis en moi maintenant !Je suis dévasté. Que puis-je faire d’autre que partir à sa suite sur ce satané Chemin ? Mais d’abord, dans quel sens aller, je ne sais même pas d’où elle vient, ni surtout où elle va ? Retournera-t-elle vers l’un de ses initiateurs, poursuivra-t-elle sa route jusqu’à la fin des temps ?Regarder les signes, a-t-elle écrit, encore faut-il les comprendre ! Jamais je n’y arriverai, jamais je n’aurai la force de la retrouver, et de reconquérir la mémoire de mes amours passées.Je lis encore sa dernière phrase, avant de sombrer dans le chagrin de l’avoir perdue, et de m’être laissé envoûter.PS : Pour lever le sortilège, offre-toi corps et âme à celle qui t’accueillera en femme, mère et amante tout à la fois.Ça, c’est le sommet de l’ironie ! Que cherchons-nous d’autre dans chaque femme que nous croyons aimer, nous autres mecs ? En plus, dans l’état dans lequel elle m’a mis, je me vois mal bousculer les belles à chaque étape avant des mois de remise en forme. Comment trouver autrement celle qui pourra me libérer ? C’est elle que j’ai dans la peau, elle et aucune autre, bordel de diable…Au bord des larmes, je réunis les affaires que j’avais l’habitude de prendre avec moi en vadrouille, et je mets la maison en ordre pour une absence de durée indéterminée. Après mûre réflexion, je me dis qu’il pourrait être raisonnable de rendre visite à Saint Guilhem, dans son abbaye de Gellone. Il semble lui avoir fait la meilleure impression, celui-là. Peut-être détient-il même le premier signe qu’elle me destine.À suivre