Après avoir enfin eu ce que je désirais tant, je croyais avoir trouvé l’amant parfait en qui je pouvais voir une confiance presque aveugle… Guillaume avait toujours été un très bon ami pour moi, et je crois que la seule raison qui m’avait poussée jusque-là à ne rien faire avec lui était de me protéger d’une blessure éventuelle. Il ne faut jamais s’aventurer dans quelque chose avec quelqu’un qu’on connaît bien, sinon on finit par le regretter… Et je pense que la blessure était prévisible, mais je n’ai pas su la prévenir.Il venait à mon appartement, quasiment tout le temps, à toute heure du jour ou de la nuit pour qu’on baise sauvagement, comme s’il n’y avait pas de lendemain. C’était toujours très chaud. Plus nos rencontres se multipliaient, plus je le trouvais louche : il ne voulait jamais que j’aille chez lui, sous prétexte que son appart était un désordre total et que ce n’était pas propre. Bien que cela ne m’ait jamais dérangé, il ne voulait absolument pas que je me rende chez lui.Quant à moi, il pouvait bien faire ce qu’il voulait avec qui il le voulait. Mais nous avions une entente, de se le dire si jamais cela se produisait. Et pourtant, je lui avais souvent demandé s’il s’était fait une copine ou s’il en avait une… et sa réponse avait toujours été négative. De mon côté, j’avais cessé toute activité extérieure, concentrant mon énergie sur ce mec insatiable, avide de sexe.Un jour, alors, qu’on devait se rejoindre pour aller manger une bouchée dans la vieille capitale, il m’envoya un texto me disant qu’il ne pourrait se présenter, ayant eu une offre d’un copain pour aller faire une partie de volley sur la plage. Bon… cela ne m’enchantait guère, car j’avais rapidement besoin de ma dose… mais bon, nous étions libres de faire ce qui nous plaisait. Et comme le resto se trouvait à deux pas de la plage, je décidai d’aller lui faire une surprise ; j’avais énormément envie de le sucer, donc j’irais le rejoindre pour l’emmener dans la forêt, je baisserais son pantalon et hop ! une pipe d’enfer, et je pourrais me retourner chez moi avec un avant-goût de ce soir !Mais au lieu de ça, je le trouvai, sur la plage en effet, les pieds dans le sable, avec quelques amis et une fille qu’il embrassait à pleine bouche. WOH ! Okay, j’avoue que ça m’a secouée un peu, non pas parce que je ressentais des sentiments pour lui, mais plus parce que j’avais l’impression de me faire niaiser (1) dans cette histoire-là . Je ne savais pas comment réagir, et j’optai pour le geste du moment. Je me dirigeai vers la bande, sans me soucier que j’étais seule de mon camp. Ils venaient juste de se lever pour se diriger vers l’eau, quand Guillaume se retourna et me vit.— Euh… hey, Kelly-Ann… Ça…Pas laissé le temps de finir sa phrase que je lui envoyai ma main en plein visage, faisant tomber ses lunettes soleil et sa bière.— T’es t’un méchant crosseur toé ! criais-je pour être sûre que tout le monde avait bien entendu. (2)— Non, ne dis pas ça, ajouta-t-il, en reprenant ses esprits et ses lunettes.— Tu sais, je me fous royalement que tu ais une blonde, mais ce qui me fait le plus chier, c’est que tu m’as menée en bateau. Et est-ce que c’est trop te demander, pendant combien de temps ?— Je ne pensais pas que…— Ben t’aurais dû y penser avant… t’es juste un trou-de-cul et un sale con… Et puis va te faire foutre.— Je suis désolé, lança-t-il, en ayant vraiment l’air de l’être.— J’ai pas de temps à perdre avec un mec comme toi !Je partis en direction de ma voiture, pi j’étais en sacrament (3). Non, mais eille (4), pour qui il me prend celui-là  ? Me faire niaiser c’est la chose que je déteste le plus au monde. C’est un manque de respect et je ne tolère pas ça. Le pire c’est que ça faisait sûrement plusieurs mois que ça durait et jamais il ne me l’a dit… J’étais insultée.Je retournai chez moi en le temps de le dire. La première chose que je fis en entrant, ce fut de me débarrasser de toutes traces de ce chien sale (5). Je jetai tous ses trucs dans les poubelles, je mis mes draps dans la laveuse et je partis la brassée (6). Je me rendis dans ma chambre pour me changer et enfiler une tenue plus sexy, plus légère… Et je repartis de nouveau à la recherche d’un connard de mec pour assouvir mes bas instincts.Dans ma tête, tout ce que je pensais, c’était « ce sont tous les mêmes : des crosseurs, des menteurs, des chiens sales, des deux de pique, des trous-de-cul, des moins que rien… » et je me motivais ainsi à penser comme ça. La blessure était trop fraîche… il n’avait même pas été assez honnête avec moi pour me dire la vérité… si on ne peut plus faire confiance aux gens qu’on connaît… à qui va-t-on faire confiance ? Y’a un dicton qui dit que la confiance c’est la chose la plus longue à bâtir, mais qu’un rien peut la détruire… et je vous confirme, hors de tout doute, que c’est vrai. La confiance envers les autres était maintenant détruite, à cause d’un homme… Une fois de plus.J’avais l’impression de me diriger vers la déchéance avec cette idée de vengeance-là . Mais ça n’allait pas en rester là … il ne connaissait pas Kelly-Ann ! S’il savait à quel point je suis rancunière… il y aurait pensé à deux fois !Je me rendis au bar le plus près de chez moi pour aller prendre une bière et essayer de me dépomper (7) un peu. Un homme s’approcha de moi pour m’offrir un Bloody César. J’acceptai, le laissant ainsi s’asseoir près de moi et entamer une discussion qui me laissait indifférente, trop préoccupée à me concocter un plan de vengeance. Plus les verres avançaient, plus j’en avais marre de tout son baratinage. Je lui offris de venir chez moi. Il resta surpris, mais accepta volontiers. En entrant dans mon appartement, je jetai toutes mes choses par-dessus bord et le pris par le t-shirt pour l’emmener dans mon lit, qui n’avait pas de draps.Je le jetai brutalement sur le matelas, déchirai ma camisole à boutons et me jetai sur lui, l’embrassant fougueusement. Je me relevai, ensuite, d’un bond pour lui enlever son t-shirt avec presse et lui retirer son pantalon. En quelques secondes, on se retrouva nu, l’un devant l’autre. Il m’assura que nous n’étions pas pressés, mais moi je ne l’écoutais pas, d’ailleurs, pourquoi devais-je l’écouter ? Il ne veut que me baiser, alors qu’il le fasse et qu’il se taise, bordel ! Il entama de douces caresses qui commençaient à me lasser, je l’arrêtai pour aller lui mordiller le bout des mamelons, il me disait que c’était un peu sensible, donc j’arrêtai. Il me tourna sur le dos et passa sa langue quelques fois sur mon clito, avant de comprendre que je voulais baiser et maintenant. Il me pénétra d’un coup et me ramona de quelques coups, avant que je ne prenne le dessus et que je me retrouve sur lui à prendre le contrôle de l’acte bestial auquel nous nous adonnions.Je me donnais à fond dans les va-et-vient. Je gardais mon esprit concentré sur MON propre plaisir, me foutant carrément s’il aimait cela ou pas. Quelques minutes après, je jouis très fort, lui griffant les pectoraux sauvagement. Quelques secondes après m’être remise de mon orgasme subit, je me levai d’un bond pour foutre le mec à la porte. Il fronça les sourcils et se mit à rire, pensant que je plaisantais. Je pris ses trucs et les jetai par la fenêtre. Ses yeux devinrent très ronds et il quitta en vitesse, me traitant de tous les noms. Et alors ? Pourquoi les mecs auraient le droit de prendre leur pied et de nous foutre à la porte rapido, alors que nous on ne pourrait pas ? Eh bien, voilà , je l’avais fait, pour la première fois de ma vie. C’était un peu bizarre… J’avoue qu’il était innocent dans mon histoire de vengeance, mais c’était le premier du bord, et je devais le faire tout de suite. Curieusement, je ne me sentis pas soulagée…Le lendemain, je répétai la même chose, et aucune satisfaction encore… Mais plus les mecs passaient, plus le désir de me venger de Guillaume grandissait, jusqu’au jour où il se décida à me téléphoner après m’avoir envoyé des milliers de textos auxquels je me retenais pour ne pas répondre, ayant peur de me défouler sur le moment. Il me disait qu’il devait me voir pour qu’on s’explique et bla bla bla… bref, des sornettes de mec crosseur. Je n’en croyais rien, mais je décidai tout de même de le revoir. Pour la première fois depuis la scène de la douche, il m’invita chez lui. Cela me donna une idée des plus diaboliques…Je me précipitai dans le premier sex-shop du coin pour aller m’acheter des menottes, un fouet, un gag-ball et quelque chose pour bander les yeux. C’était ce soir que j’allais obtenir vengeance. Rien ne pourrait m’arrêter… absolument rien, mon idée était faite. Je n’avais qu’un but.Une heure plus tard, j’arrivai à son appartement avec un sac de cuir rempli de surprise. Il allait me le payer… Je fis mine de rien et entrai sans même l’embrasser sur la joue. Je m’assis sur le divan, croisai les jambes et attendis qu’il parle le premier. Je respirai bien par le nez pour jouer mon rôle le plus correctement possible.— Je suis vraiment désolé, Kelly, de te l’avoir caché, c’est juste que j’avais peur que tu ne veuilles plus me voir… et ce n’est pas ça que je voulais. »Alors, tu as préféré te jouer de moi, crisse de cave (8) ! » pensais-je avec un gros sourire et les yeux remplacés par des couteaux.— Mais voyons, Gui, ce n’est pas grave !— Quoi ?— Ben t’as pas de comptes à me rendre, après tout, tu es juste le mec avec qui je baise, rien d’autre.Il fronça les sourcils, trouvant sans doute mon attitude très louche.— On fait la paix ? demandais-je, en gardant mon sourire narquois.Il ne semblait pas savoir quoi faire, restant debout devant moi avec un air plutôt méfiant. Je pris mon sac et me levai, me dirigeant vers sa chambre, sans doute son petit nid d’amour. Il me suivit de près. Rendu dans la pièce, il me demanda qu’est-ce que je m’apprêtais à faire ? Je vidai alors le contenu de mon sac sur son lit. Ses yeux s’ouvrirent tout grands.— Tu vas pouvoir utiliser tous ces trucs sur moi, à la condition que tu mettes ce bandeau sur tes yeux, dis-je en lui tendant l’objetTrop excité par la situation, il ne posa aucune question et le mit immédiatement. Je le couchai sur le lit tout doucement et lui demandai de patienter durant le temps que je me déshabillais et que je vérifiais que tout était correct. Ensuite, je me couchai sur lui et on s’embrassa, laissant les tendres baisers des dernières fois pour faire place à des batailles de langues.Je retirai mon corps du sien pour mettre le gag-ball et lui donner le fouet pour qu’il puisse s’exécuter. Bien que ça aurait dû être moi qui le fouette, je pris quand même beaucoup de plaisir à le laisser faire. J’aimais trop ça ! À maintes reprises, il voulut enlever le bandeau mais je le menaçai de partir s’il le faisait. Je retirai mon gag-ball, lui agrippai la queue et le suçai avidement tout en le mordillant, pour mon plaisir personnel. Il ne bronchait pas, au contraire, il semblait même aimer cela. Tant mieux, alors. Je le guidai pour qu’il puisse me baiser sur-le-champ et commencer à me fouetter le dos et les fesses. Il profita même du fait que j’avais remis cette boule dans la bouche pour me tirer les cheveux très fort vers l’arrière, n’entendant que mes « huhh huuhh » à chaque coup de queue et de fouet qu’il m’infligeait. J’avais parfois l’impression de baiser avec un non-voyant : il y allait au toucher, comme on dit. C’était très excitant…Il me retourna sur le dos pour pouvoir poser sa langue sur mon clitoris gonflé par l’excitation de ce petit jeu. Il entama un cunnilingus bien mouillé, salivant sur tout ce qui se trouvait sur son passage… hummm… quel plaisir ! Je lui agrippai les cheveux du dessus (compte tenu de sa coupe militaire bien ras) pour lui montrer à quel point je voulais qu’il continue. Il ne se fit pas prier pour poursuivre son chemin, faisant tournoyer sa douce langue sur mon petit clito qui en redemandait encore et encore. Il la fit même entrer dans mon trou débordant de mouille… Il fit de grands va-et-vient, qui me firent grimper aux rideaux ! Je m’agrippai aux barreaux de son lit et serrai un peu plus les jambes autour de sa tête. Il m’empoigna les seins fortement et remit plus de pression sur mon clitoris avec sa langue qui était drôlement forte. Je jouis dans un hurlement de plaisir, qui amena un beau sourire sur la bouche de Guillaume.Je le pris par le cou pour l’embrasser et récolter le goût de ma mouille sur ses douces lèvres. Il voulut à nouveau retirer le bandeau pour voir mes yeux pétillants. Je l’en empêchai, en le poussant à mon tour sur le dos pour admirer sa queue en érection. C’était plus fort que moi… fallait que j’y pose ma bouche, c’était comme un aimant. Je le pris dans ma main droite et commençai à le masturber activement, tout en passant ma main gauche sur son corps quasi parfait et ses pectoraux si bien développés. Il était bandant, quoi ! Pendant que je le masturbais, sa main cherchait mon corps à la découverte de mes petits seins roses. Ce ne fut pas long que je me laissai tenter par l’envie de mettre sa queue dans ma bouche. J’allais le faire jouir, sans lui laisser la chance de savourer. Je m’activai à faire des allers-retours du bout de son gland à ses testicules, tout en continuant de le masturber vivement.— Eh ! Merde… tu vas me faire exploser ! dit-il le souffle court.— Allez, jouis… et crie bien mon nom, petit cochon.Je poursuivis mon petit rituel durant quelques secondes tout au plus, et je sentis son pénis se contracter et son corps être pris de spasmes.— Ahhhh ! Ouais, Kelly… tu me fais capoter ! cria-t-il, avant de laisser déferler tout son sperme dans ma bouche.Quand je sentis qu’il était revenu du septième ciel, je me levai et lui dis d’attendre quelques instants encore avant d’enlever son bandeau. Je remis mes vêtements, rangeai mes choses et lui arrachai le bandeau sauvagement de la tête. Il me regarda avec son sourire craquant, habituel.— Wow ! Trop nice…— Bon, ben maintenant que c’est fait, je te dis bye et bonne chance avec ta copine.— Quoi ? On ne se revoit plus ? dit-il en se levant d’un bond.— T’as pas besoin de moi, Guillaume… et je n’ai surtout pas besoin de quelqu’un comme toi dans ma vie.— Pourquoi être venue et pourquoi m’avoir baisé ?— Pour un souvenir seulement. Bye, dis-je en me penchant pour déposer un baiser sur son front.Je me dirigeai vers la porte et sortis, le laissant perplexe et rempli de questions. Je pris, enfin, une bonne respiration et je sentis que j’avais fait ce que je devais faire. Je ne cessai de me demander encore pourquoi il m’avait fait cela, à moi, alors que j’avais toujours joué franc jeu avec lui. Mais au moins, j’avais la sensation que j’avais regagné une partie de moi-même en faisant cela. Le lendemain, je savourai ma victoire en allant déjeuner, seule avec moi-même, laissant mon cellulaire en face de moi, comme si j’attendais qu’il vibre…Au même moment, un DVD rentrait dans l’appartement de Guillaume, dans les mains de sa copine.— Ce doit être le DVD de danse que j’attendais. Viens qu’on le regarde ensemble ! dit-elle.Elle le prit par le bras pour qu’ils aillent s’asseoir sur le divan pour regarder ce mystérieux DVD… Play… »Allô, Guillaume… et bonjour à toi, l’heureuse cocue ! Ce DVD était le souvenir dont je te parlais. Je me disais que comme tu t’étais permis de me niaiser et de rire de moi comme bon te semblait, je pouvais me permettre de faire pareil… J’espère que tu ne m’en voudras pas trop ! Hihih… »Guillaume voulut couper l’image, mais curieusement, sa copine n’était pas d’accord. Guillaume courba le dos et se laissa choir sur le dossier du sofa regardant la réaction de sa copine.Dès qu’elle reconnut son copain en train de fouetter la fille du début, qui était moi, ça ne lui en prit pas plus pour se tourner vers lui et lui envoyer son poing au visage. Elle laissa le DVD en marche et eut juste le temps de l’entendre crier mon nom avant de quitter l’appart en le traitant de tous les noms inimaginables.Guillaume se frottait le front et ne voulait pas y croire… Et pourtant, c’était la réalité.Et il le méritait bien…1. Niaiser : Berner, tromper, faire perdre du temps, s’ennuyer (selon le contexte).2. Crosseur : Synonyme vulgaire de « cruiseur » (arnaqueur). Se dit plus particulièrement de quelqu’un qui séduit une fille dans le seul but de la mettre dans son lit.T’es t’un, toé : Québécismes parlés pour « tu es un », « toi ».3. Être en sacrament (ou sacrement) : Être en pétard.4. Eille : Interjection. Phon. « hey », « aïe », …5. Chien sale : (ou « câlice de chien sale ») Désigne quelqu’un qu’on n’aime pas du tout ou avec qui on est en conflit. Expression très injurieuse.6. Partir une brassée : Laver du linge en machine (« laveuse »).7. Dépomper : Décompresser, se calmer, destresser, …8. Crisse : Sacre (juron) québécois violent, de même niveau que « hostie », « tabernacle », … Ici, a un effet amplificateur : un crisse de cave est plus « idiot » qu’un cave.