Erika se réveilla tôt en ce matin d’automne. Une semaine déjà que son ingénieur de Laszlo l’avait plaquée et elle se sentit un court instant très seule dans son grand lit. Mirko, le petit matou blanc, la regardait de l’appui de fenêtre, tout en faisant sa toilette matinale. Si seulement elle avait pu rester encore un moment dans ce lit bien douillet, toute nue sous des couvertures bien chaudes. Mais bon…Après une bonne douche qui la mit d’aplomb pour aborder une nouvelle journée de travail, Erika, jeune journaliste scientifique spécialisée dans les phénomènes paranormaux, enfila un petit-déjeuner généreux tout en contemplant de son appartement le Danube qui se laissait doucement couler au cœur de Budapest.Dans le cadre d’un nouveau travail qu’elle menait sur l’existence éventuelle d’une secte millénaire remontant à l’Egypte pharaonique, elle avait rendez-vous ce matin dans le quartier juif de la ville avec un certain Monsieur Nagy, un vieux professeur d’égyptologie, dont les coordonnées lui avaient été données par l’Université.Cette secte sans nom spécifique se transmettait de génération en génération, disait-on, le Mot, qui serait la somme de toutes les informations destinées à comprendre la création et le futur de l’univers, ainsi que l’accession à une certaine forme d’éternité. Ce Mot serait connu seulement de quelques élus et traverserait ainsi les âges. C’était tout ce qu’Erika avait pu trouver comme informations auprès d’ouvrages et de savants que le sujet ne semblait pas trop intéresser, sinon faire sourire. Mais Erika, elle, s’était passionnée pour le sujet et voulait creuser l’affaire au maximum.* * * * *La maison de Monsieur Nagy était banale, décente, mais banale. Erika sonna à une porte austère et un automatisme fit s’ouvrir celle-ci automatiquement. Elle pénétra dans un couloir assez sombre dont les deux murs étaient décorés de papyrus représentant des scènes de la vie des dieux de l’Egypte ancienne. Le silence était pesant. Erika restait debout au milieu du couloir, immobile.— C’est à l’étage, Mademoiselle.La voix masculine qui venait de parler, grave et apaisante, la fit quelque peu sursauter. Erika se dirigea vers l’escalier recouvert d’un tapis qui aurait bien fait d’être rapidement remplacé.Monsieur Nagy était un homme d’une septantaine d’années, grand, mince et sec – un peu comme ces prêtres égyptiens au crâne rasé, pensa Erika. L’homme cadrait parfaitement au sujet, du moins physiquement, ce qui fit légèrement sourire la jeune femme.Monsieur Nagy était parfaitement au courant des recherches entreprises par la jeune journaliste. Avec passion, il lui parla pendant plus de deux heures de choses merveilleuses et étranges sur l’Egypte ancienne, mais ne lui révéla pas tout ce qu’elle aurait voulu savoir sur la secte.— Savez-vous au moins comment les élus sont choisis ?La question aurait-elle gêné le vieux professeur ? Il y eut un long silence. Monsieur Nagy regarda fixement Erika qui se sentit vite mal à l’aise.— On dit que le Mot est transmis à de jeunes gens… lors d’une relation sexuelle. Mais je ne sais pas vous dire comment l’élu est choisi, je suis désolé.* * * * *Le vieux professeur regardait de sa fenêtre du premier étage la jeune femme retourner vers le centre-ville, en cette belle et froide journée de novembre. Erika marchait d’un pas rapide et sûr avec sa farde de documents sous le bras. Monsieur Nagy prit son téléphone, forma un numéro et attendit longuement en continuant de suivre la jeune journaliste des yeux.— Elle vient de partir.Et il raccrocha.* * * * *Au carrefour de deux rues commerçantes du centre piétonnier de Budapest, Erika, perdue dans ses pensées, heurta un peu brusquement une jeune passante. Le porte-documents de la journaliste tomba par terre et un livre d’égyptologie s’en échappa.— Je suis désolée, dit la jeune passante à Erika en ramassant porte-documents et livre.— Mais non, c’est de ma faute, j’étais distraite. Excusez-moi.La jeune passante, une jeune femme aux longs cheveux noirs et aux yeux bleus, contempla avec intérêt la couverture de l’ouvrage d’égyptologie d’Erika.— Vous vous passionnez pour l’Egypte ancienne ?— Euh… En fait, je suis journaliste et je fais un travail là-dessus.— Ah oui ? Un thème précis ?— Oui, mais c’est pas évident, dit Erika en souriant.— Je pourrais peut-être vous aider. Je suis archéologue.Erika contempla le beau visage de son interlocutrice, un peu estomaquée.— C’est vrai ?— Oui… J’ai le temps, je vous offre un café ? Je pourrais peut-être vous en dire plus ?— Oui… Oui, ce serait bien.* * * * *Elle s’appelait Katia et avait fait quatre ans d’archéologie dans une université américaine. Elle avait mené différentes fouilles dans la vallée du Nil et prenait un an de congé sabbatique, le temps de refaire son appartement sur le lac Balaton. Elle lui donna des tas d’infos incroyables sur les rites religieux égyptiens. Erika lui parla, elle, de son travail et de ses difficultés.— Je connais la secte sur laquelle vous menez cette recherche.— Ah bon ?— Et vous seriez bien surprise si je vous apprenais que, sur une colline avoisinant le lac Balaton, loin au fond d’un bois, il y a une chapelle, chrétienne pourtant, qui est considérée comme une porte menant au Mot.Erika avala presque son café de travers, ce qui fit bien rire la jeune archéologue.— Ce n’est pas une blague. De savants calculs mathématiques effectués par un chercheur américain dont le nom m’échappe sembleraient révéler l’existence de trois portes semblables dans le monde : une en Chine, une au fin fond de l’Argentine et la dernière… ici.Erika se mit à trembler intérieurement, elle avait l’impression que la chaise sur laquelle elle était assise se liquéfiait. Elle entendit résonner dans sa tête la voix de Katia, douce et suave.— Voulez-vous que nous nous y rendions ?Erika donna un léger signe affirmatif de la tête.* * * * *La Volvo de Katia était rutilante. Les jeunes femmes roulaient sans se presser en direction des collines du nord du Balaton. Erika regardait les paysages défiler sous ses yeux. Les deux femmes parlaient peu.A un certain moment, elles tournèrent à droite et commencèrent à monter une étroite route recouverte d’un goudron en piteux état. Elles ne croisèrent plus aucun autre véhicule et c’était le silence complet, seulement bercé par le cri d’un rapace et le bruit du moteur.Le chemin s’arrêtait en cul-de-sac.— C’est ici, dit Katia, regardant Erika avec un gentil sourire. Venez, je vais vous faire découvrir quelque chose qui devrait vous intéresser.Elles sortirent de la voiture. Devant elles, se dressait une toute petite chapelle romane, sobre, fermée par une porte de chêne finement sculptée de représentations bibliques.Face à la porte, Erika, après avoir regardé autour d’elle quelques instants les hauts sapins dans lesquels se faufilait un vent frais, observa avec étonnement Katia.Sans rien dire et tout en fixant Erika des yeux, Katia poussa la porte en chêne de la chapelle qui s’ouvrit dans un grincement. Toujours en silence, elle prit la main droite d’Erika et l’entraîna lentement à l’intérieur.Il n’y avait rien dans cette chapelle. C’était une pièce minuscule aux murs peints en blanc. Au centre, un escalier menait à une crypte. Les deux femmes empruntèrent celui-ci d’un pas lent et prudent.— N’aie pas peur, dit enfin Katia. Viens.En descendant l’escalier, Erika eut l’impression que la porte en chêne de la chapelle se refermait.Elle prit peur.— Ne crains rien. Suis-moi.Erika avait l’impression d’être sans résistance, suivant Katia sans trop savoir si c’était vraiment son souhait ou pas.Le couloir défilait dans le noir le plus complet, Erika derrière Katia, devenue ainsi son seul guide.Soudain, il fallut tourner un peu à droite.— Avance-toi, ordonna doucement Katia à Erika en la poussant légèrement dans le dos.C’était une salle circulaire, une espèce de grotte, éclairée par dix torches. Il faisait chaud, moite. Un autel de marbre blanc trônait au milieu de la pièce. Levant les yeux, Erika découvrit au mur une grande sculpture représentant une croix égyptienne avec son anse bien typique. Le silence était total.Erika avait l’impression de ne plus savoir ni bouger ni parler. Sa respiration devenait de plus en plus haletante. Elle sentit qu’elle se mettait à transpirer abondamment. Elle se serait volontiers déshabillée tellement l’air était lourd, humide.Soudain, deux mains se posèrent doucement sur ses petites fesses rebondies emballées dans un jean serré. Erika sursauta, tourna la tête.C’était Katia, quasiment nue. Seul un mince pagne ceignait ses hanches, cachant son bassin et son sexe. Ses seins étaient bronzés, le téton gauche présentant un discret piercing argenté. Ses yeux étaient cerclés de khôl et ce maquillage, associé à sa chevelure foncée, lui donnait l’aspect de ces esclaves nubiennes qu’Erika avait souvent vues sur des papyrus anciens.Katia descendit lentement la tirette de l’anorak d’Erika qui restait figée. Le vêtement tomba sur le sol dans un bruit sourd.A genoux, Katia, toujours silencieuse, délaça les chaussures de marche de la jeune journaliste avec lenteur, puis enleva les bas de laine. Relevant la tête, elle se trouva à hauteur de la tirette du jean d’Erika. Elle la fit descendre, tira ensuite le pantalon et la petite culotte de coton en même temps vers le bas. Erika, alternativement, souleva le pied gauche, puis le droit.Erika n’était plus vêtue maintenant que de son gros pull-over de laine. Katia, face à elle, lui fit soulever les bras. La journaliste s’exécuta sans mot dire. Elle ne portait pas de soutien-gorge.Erika était maintenant complètement nue, ses deux mains couvrant sa blonde et discrète toison pubienne. Levant à nouveau la tête, elle vit que Katia enlevait lentement son pagne sans la quitter des yeux.La pièce de tissu tomba sur le sol.Un pénis bien rigide était dressé entre les cuisses de Katia. Pubis et bourses étaient rasés.Erika ne pouvait prononcer un mot, haletante.Katia reprit la main de la journaliste et invita la jeune femme à se coucher sur l’autel de marbre. La pierre était bien chaude et reposante.Sur le dos, Erika respirait profondément, les yeux fixés au plafond. Tout son corps perlait de transpiration, sa chevelure blonde était trempée, le bout de ses seins durcis.Katia s’était à nouveau approchée. Elle tenait une coupe qu’elle déversa sur le corps nu d’Erika. C’était un liquide onctueux qui sentait bon le citron. Katia se mit à enduire ainsi tout le corps de la jeune femme, excluant seulement le cou et le visage.Elle massait partout, insistait sur les seins, les bouts, sur le nombril, le mont de Vénus, pour jouer ensuite avec les nymphes, le clitoris. Longtemps. Très longtemps.Une excitation montait lentement en Erika, sa respiration ne cessait de s’accélérer, elle commença à émettre de petits gémissements.Les mains de Katia invitèrent la jeune journaliste à se mettre sur le ventre. Le massage reprit, débutant dans la nuque, assouplissant toute la musculature dorsale. Les fesses étaient quasiment malaxées, écartées au maximum pour que l’huile s’insinue jusque dans les replis de la rosace anale.Katia souleva le bassin d’Erika, l’invitant à garder son postérieur en l’air.C’est ainsi que le gland humide du sexe de Katia vint masser la vulve trempée d’Erika. Les nymphes étaient gonflées de sang, l’ouverture vaginale était grande. Le pénis raide, d’un coup, prit possession de la grotte humide d’Erika qui émit un petit cri.Sous les mouvements de va-et-vient du pénis, Erika perdait petit à petit contact avec la réalité. Elle sentait le gland buter au fond de son vagin, elle avait l’impression que même son anus était béant, que l’extrême tension de ses seins allait les faire éclater. La transpiration de son dos, dans cette position, dégoulinait vers son cou, roulait vers la poitrine et tombait au goutte à goutte sur l’autel de marbre.Le vagin d’Erika était envahi à l’extrême, le pénis ayant pris des proportions énormes. Elle allait jouir comme elle n’avait jamais joui.Peu avant d’atteindre l’orgasme, le cerveau d’Erika fut parcouru d’un nombre interminable de sensations et d’informations qui embrassaient des myriades d’images, de révélations, de concepts : Cosmos, Eros, Naissance, Vie, Mort, Création du monde, Eternité…Viens, Erika, viens…Tout en lâchant un cri venant loin, très loin au fond d’elle-même, Erika, dans un orgasme puissant, leva la tête, les yeux grands ouverts. Sa vue se porta sur le plafond. Un miroir y était apposé. Elle vit que, dans son dos et sans qu’elle n’eut rien remarqué, Katia avait fait place à Ptah, le dieu égyptien de la Création, ceint d’un linceul blanc, qui l’ensemençait du Mot, ce Mot dont elle cherchait, depuis des mois, avec tant de difficulté, la signification, et ceux qui en étaient les détenteurs.Soudain, une voix grave et apaisante, celle de Monsieur Nagy, résonna dans la tête d’Erika.— Tu es notre nouvelle élue. Désormais, avec nous, tu poursuivras l’œuvre et rechercheras les nouveaux détenteurs, comme toi, du Mot.Brusquement, la salle fut plongée dans le noir complet et Erika, seule et dégoulinante, tomba lourdement, endormie sur l’autel de marbre.* * * * *L’Université catholique de Buenos-Aires recèle hélas peu d’informations sur cette secte égyptienne millénaire, détentrice de ce qu’il convient d’appeler le Mot. Luzdivina, jeune et splendide étudiante en archéologie, le déplore bien. Mais, grâce à une information intéressante qu’elle a reçue de l’Université de Santiago du Chili, elle se rend dès demain dans une petite ville de la pampa où une jeune femme d’origine européenne devrait pouvoir lui permettre d’avancer grandement dans ses recherches…