Le fruit des amours du loup et du phoque a fait l’objet de nombreuses publications, d’une objectivité parfois contestable. L’objet de la présente étude est tout autre car le croisement d’un phoque et d’un canari est beaucoup plus rarement observé dans la nature. Mais il est possible. Voici comment l’on doit s’y prendre.Il faut avant tout – condition nécessaire mais non suffisante – que ces animaux soient, pendant un laps de temps significatif, totalement privés de relations amoureuses avec d’autres représentants de leur espèce, de sexe identique ou non. Précisons au passage, cependant, que la prétendue appétence (du latin appetentia) du phoque pour les êtres de son propre sexe n’a jamais été confirmée, contrairement à ce que prétendent certains esprits légers. Le canari, lui, est un monstre de concupiscence bisexuelle, comme nul ne l’ignore depuis l’étude exhaustive réalisée par notre excellent confrère et ami dont il serait superflu de rappeler le patronyme.Mais le phoque s’adonne volontiers aux errements d’Onan quand il ne peut pas faire autrement. Il n’est pas le seul à imiter ainsi l’humain en ayant recours à cette peu glorieuse pratique. Il en va de même pour le canari, qui n’en devient pas sourd comme le prétendent les ignares, mais assourdissant. C’est pourquoi, dès la nuit tombée, un voile pudique dissimule sa cage aux regards des jeunes vierges, innocentes encore mais hélas trop souvent prématurément curieuses des choses de la chair.L’appétit sexuel du phoque ne pouvant être assouvi par les voies naturelles, il conviendra donc de tenter de lui interdire toute forme de masturbation, ou du moins de la lui rendre malaisée. Celle-ci, contrairement à ce que d’aucuns professent, ne fait pas obligatoirement intervenir les mains ou les doigts. L’étymologie nous l’enseigne : le mot vient du latin masturbatio, lui-même dérivé du grec mastropeuein. Comme Félicie (du latin felicitas), le phoque se masturbe avec ce qu’il trouve. Le canari aussi.Faute de mieux, en effet, le phoque introduit son membre dans le sable ou dans la glace, ce qui ne le satisfait que fort médiocrement. La vase du terrier humide d’un autre animal lui convient mieux, surtout si la bête est à l’intérieur. Mais à condition qu’elle soit dépourvue de dents – pas de bébés crocodiles ! – ou de piquants – pas de hérissons ! Vous prendrez donc soin d’isoler totalement le phoque dont vous souhaiterez assurer la descendance en le croisant avec une femelle canari. Prenez garde aux galets, il les fouille avec délices et les souille d’abondance. Qu’il soit donc sur un lit de grosses pierres plates et convenablement jointes. Certes, il se frottera dessus et y répandra parfois sa semence – attention aux glissades ! -, mais rarement. Il tentera également, mais en vain, de se servir de ses nageoires. Elles seront trop courtes. Son cou, également trop bref, ne lui permettra pas d’utiliser ses babines, et il le regrettera amèrement.Il aura sans doute quelques éjaculations nocturnes, effet de rêves érotiques inévitables. Ne vous avisez cependant pas de l’empêcher de dormir, car il en mourrait à bref délai. N’ajoutez pas pour autant du bromure à sa boisson préférée ; bien au contraire réjouissez son palais de quelques nourritures aphrodisiaques, les mêmes que pour vous car lui aussi est un mammifère, apprenez-le si vous l’ignoriez. Son désir de relations sexuelles en sera vite exacerbé. Vous vous plairez alors à le voir ériger vainement un membre d’une considérable turgescence, et sa plainte déchirante sera douce à l’oreille des séducteurs tant aimés des femmes, comme à celles des séductrices que l’on n’abandonne que le cœur en lambeaux quand on croit avoir trouvé mieux, et en se consolant à la pensée que le phoque leur servira peut-être de pis-aller dérivatif.Et le canari, me direz-vous ? Son appétit libidineux est insatiable, nous l’avons déjà affirmé. Aucune préparation ne lui est donc nécessaire. Veillez simplement à ce que ce soit bien un canari femelle. Vous ne pouvez pas vous tromper : le canari mâle pince son mignon petit instrument en utilisant tout doucettement son bec alors que le canari femelle introduit le sien, non sans maintes précautions, dans son adorable mais minuscule réceptacle.Bien trop petit réceptacle pour la réussite de notre tentative, allez-vous m’objecter. Je vous le concède ! Mais ne tentez pas pour autant de l’agrandir, vous tueriez l’innocent volatile car sa jouissance serait très vite excessive. N’allez pas non plus tenter de réduire le membre du phoque, plus vous y toucheriez et plus il grossirait au contraire, vous le savez bien, pensez à vous si vous êtes un homme et à vos amants (plutôt qu’à votre mari) si vous êtes une femme.Munissez-vous d’une toile suffisamment rigide. Roulez-la de manière à constituer un cône dont la base sera de la dimension du sexe du phoque. Assujettissez-la au dit membre de l’animal que vous aurez couché sur le côté droit. Liez-la avec une ficelle. Il en éjaculera plus que probablement. Ne vous découragez pas, attendez un peu. Au bout de quelques minutes l’animal sera de nouveau en état d’exaltation. Au sommet du cône vous aurez pris soin de fixer une toute petite pipette.Votre collaboratrice préférée, en minijupe, écartera les cuisses car elle se sera accroupie. Comme elle aura, à votre demande expresse, omis de mettre la moindre petite culotte, elle présentera à votre regard lubrique des trésors dont vous pensez ne jamais devoir vous lasser, amoureux naïf que vous êtes !… Elle tiendra dans ses délicates mains l’oiselle à peine effarouchée et elle écartera aussi les cuisses de ce volatile. En se mordant la lèvre inférieure, délicieuse entre toutes, elle empalera, mais avec la plus extrême délicatesse, le réceptacle de l’oiseau femelle sur le bout de la pipette.Une simple pression de votre paume sur le sexe du phoque le fera éjaculer. Quelques milliers, que dis-je, quelques millions de spermatozoïdes se hâteront, se bousculeront même afin de féconder le volatile.Si, trop ému par cette scène, vous avez pollué votre caleçon, vous devrez patienter un peu avant d’être en état de vous répandre dans le réceptacle humidifié de votre collaboratrice. Mais qu’elle se relève d’abord et dépose l’oiseau en lieu sûr. Qu’elle s’éloigne du phoque, qui n’a probablement pas obtenu totale satisfaction. Qu’elle s’agenouille à nouveau devant vous, qu’elle déboutonne votre braguette, qu’elle saisisse les instruments de sa passion, qu’elle approche ses divines lèvres de ce que vous avez de plus précieux (hormis cependant, soyons objectifs, divers organes indispensables à la vie) qu’elle les entrouvre, ses lèvres pulpeuses. Ah ! ce n’est plus de pipette qu’il s’agit désormais !Alors hagarde, folle de son corps car folle de vous, elle ne tardera guère à se relever pour empoigner ce qui l’intéresse au premier chef afin de vous tirer vers le canapé de vieux cuir, fierté discrète de votre laboratoire. Vous tituberez, les jambes empêtrées dans votre pantalon baissé. Dégagez-vous ! Qu’il gise sur le sol, ce vêtement superflu ! Que votre caleçon le rejoigne ! Et aussi votre chemise ! Et même votre marcel si vous en avez un (ce que je vous déconseille, encore que certaines libertines disent en raffoler, en raison de sa connotation « mains calleuses, sueur virile, prolétaire musclé, langage vigoureux, etc. »).Vous êtes nu. Rentrez donc un peu le ventre. Votre gland heurte votre nombril, ou l’espace situé juste entre vos petits tétons si vous êtes particulièrement gâté par la nature. Ou votre entrejambe si… mais chassons cette déplorable hypothèse, car vous êtes un taureau affamé de stupre et votre collaboratrice est là, pantelante, offerte. Arrachez son corsage, elle aura bien le temps de recoudre les boutons chez elle, elle y est mariée depuis six ans !Si elle a un soutien-gorge, n’hésitez pas à le dégrafer. Cela se pratique souvent dans le dos, c’est un coup à prendre, il faut parfois faire pivoter légèrement une petite pièce de plastique. Si vous êtes impatient, soyez véhément et tirez fort, ça viendra. Qu’a-t-elle besoin de cet oripeau, au demeurant ! Ses seins sont superbes puisqu’ils vous plaisent, du moins pour le moment.Sa jupe vient de tomber en corolle autour de ses chevilles. Oh ! Le délicieux minou ! Agrémenté de poils follets, rarement blonds mais parfois bouclés. Ou peut-être dissimulé sous une épaisse et odorante toison. Ou glabre, pourquoi pas ? Mais alors surmonté du ticket de métro, pour un voyage au septième ciel.À genoux ! Que votre langue se fraye un passage, qu’elle taquine le bourgeon qui se gonfle ! Qu’elle lèche de bas en haut, de haut en bas, qu’elle lape ! Gorgez-vous du divin suc de la femme !Mais elle vous supplie de la prendre en vitesse. Vous êtes son chéri, son grand fou, son amour adoré. Allongez-la sur le cuir. Il est probable qu’elle écartera les cuisses sans que vous ayez besoin de le lui suggérer mais, en cas de besoin, n’hésitez pas à saisir ses genoux de vos deux mains et ouvrez largement le compas. Picorez les pointes de ses seins mais gardez-vous de les cisailler en les mordant trop voracement. Aspirez-les, sucez-les plutôt. Tantôt l’un, tantôt l’autre.N’omettez pas de poser ensuite vos lèvres sur les siennes. Immiscez votre langue afin qu’elle rencontre la sienne. Votre baiser ne sera pas foncièrement désagréable si vous vous êtes abstenus, l’un et l’autre, de terminer votre repas en dégustant du gaperon, ce fromage à l’ail fermenté dans les lointaines et sauvages montagnes d’Auvergne. Mais il vous a été loisible d’en manger tous les deux, évidemment, et vous êtes assez intimes pour vous être concertés au préalable.Elle s’impatiente, vous griffe le dos, soulève frénétiquement son bassin. Vos mains et les siennes ne tardent pas à tâtonner entre vos pubis brûlants de désir ; il s’agit en effet d’écarter ce qui doit l’être et de faire pénétrer ce qui doit pénétrer là où cela doit pénétrer.Ici, les avis divergent, je me dois de le signaler. S’il s’agit de faire œuvre de banale reproduction de l’espèce, la décision à prendre est aisée. Dans le cas contraire, l’hésitation est possible. Afin de n’exclure aucune possibilité, retournez donc votre collaboratrice afin qu’elle soit couchée sur le ventre et décidez ensuite, d’un commun accord de préférence.Ahanements, gémissements, plaintes et cris peuplent le laboratoire. Votre nature animale a pris le dessus sur vos spéculations scientifiques. Ce n’est pas bien grave, le spermatozoïde le plus diligent a fécondé l’ovule. Le petit personnel a poussé le phoque vers l’enclos où l’attendaient impatiemment ses congénères. Avant de passer la serpillière sur le sol carrelé, les techniciennes de surface ont récupéré le sperme restant dans le cône afin d’en remplir quelques petits flacons, cette amère liqueur étant réputée souveraine contre les esquarres des personnes valétudinaires ou souvent horizontales, quel qu’en soit le motif.Vous disposez de vingt-trois jours pendant lesquels vous vaquerez à diverses occupations qu’il vous appartiendra de sélectionner et de mener à bien. Mais il est impératif de vous intéresser au canari femelle à l’aube du vingt-quatrième. L’œuf va en effet être pondu ! À l’extrême surprise du volatile, il ne sera pas revêtu d’une coquille de calcaire mais d’une délicate peau de bébé phoque, avec même quelques poils d’une exquise douceur. La raison en est simple. Le Créateur, pour les uns, l’évolution, pour les autres, a fait en sorte que la souplesse de l’enveloppe permette au jeune animal de grossir sans être emprisonné dans une trop étroite coquille. Mais, revers de la médaille, il arrive parfois que la jeune maman canari, son instinct maternel ainsi abusé, crible cette peau de coups de bec, ce qui entraîne la destruction de l’œuf. C’est pourquoi vous le capturerez aussitôt pondu.Et vous ne pourrez donc pas, évidemment, le faire couver par sa mère. Faisant fi de la détresse de celle-ci, vous la priverez de sa progéniture. Soyez impitoyable, ignorez ses lamentations, c’est pour le bien de la science. Si ses larmes sont trop abondantes, à l’eau de son abreuvoir ajoutez quelques gouttes d’armagnac, l’alcool venant facilement à bout des pires dérélictions (du latin derelictio).Alors, me direz-vous, comment le faire couver ? Pour avoir pratiqué diverses méthodes, nous sommes en mesure d’affirmer que confier cette tâche à un quelconque animal conduit immanquablement à un cuisant échec. L’utilisation d’une couveuse artificielle, procédé par trop simpliste, donne des résultats décevants car l’embryon a besoin de ressentir, en plus de la chaleur des chairs intimes aptes à le recouvrir, quelques mouvements propres à la vie.Je ne saurais donc trop vous conseiller la méthode suivante qui, à ce jour, a donné la plus durable satisfaction. Vous devez bien disposer, dans votre entourage, d’une dame d’un certain âge. Délaissée par son mari, ses amants, ses partenaires de bridge ou de belote et finalement déçue par divers ustensiles ou légumes de forme oblongue, elle a fini par se résigner à l’abandon de toutes les joies de la chair. Son vagin s’en est trouvé rétréci à l’extrême.Mais n’allez pas y fourrer bêtement l’œuf, sans autre forme de procès. L’abondante cyprine bientôt sécrétée par la dame en question ne manquerait pas de dissoudre la délicate enveloppe de l’embryon. Ce dernier, abondamment nourri de cette liqueur par trop roborative (du latin roborare) ne tarderait guère à grossir démesurément. La vigueur de ses mouvements, fort agréables à la dame, entraînerait dans l’intimité de celle-ci des bouleversements oubliés depuis longtemps. En resserrant à outrance ses muscles vaginaux, elle interdirait toute sortie à l’animal qui finirait par mourir d’épuisement en raison des gestes désespérés qu’il ferait pour gagner l’air libre. La dame, devenue sexuellement insatiable, exigerait très vite un autre œuf et vous n’en sortiriez pas, vous non plus.Vous préférerez donc vous servir intelligemment du vagin de la dame. Inutile de lui faire de fausses déclarations d’amour, elle est revenue de ces fariboles depuis longtemps. Dites-lui la vérité, tout simplement, à savoir qu’elle œuvrera pour la science mais y trouvera quelques jouissances qui seront son équitable rémunération. Glissez l’œuf dans la partie ultime d’un préservatif, nommée réservoir (du latin reservare). Point n’est besoin que ce préservatif – que d’aucuns se plaisent à nommer capote – anglaise en France et française en Angleterre – point n’est besoin, dis-je, qu’il soit vierge de toute souillure. Bien au contraire, il est souhaitable qu’il vienne d’être utilisé, et cela pour deux raisons.La première, c’est que le fait qu’il soit oint de la cyprine de votre collaboratrice préférée, ce matin-là, facilitera sa mise en place dans le vagin beaucoup trop sec de la dame d’un certain âge. Pour cette intromission, vous pouvez faire appel à un mâle de votre connaissance, pas trop puissamment membré cependant en raison de l’étroitesse du conduit. L’érection de l’opérateur sera facilitée, en cas de besoin, par l’intervention manuelle ou buccale (du latin bucca) de votre collaboratrice préférée, si la jalousie ne vous tenaille pas, ou par la lecture d’une histoire érotique de bonne facture (le site revebebe.free.fr en regorge).La seconde, c’est que l’œuf se plaira à baigner dans du sperme, et même s’en nourrira. Avant de se retirer du puits d’amour trop longtemps désaffecté, l’opérateur aura soin d’attendre que son pénis ait retrouvé une taille encore plus modeste ; ainsi pourra-t-il s’en extraire sans entraîner avec lui le latex au bout duquel l’œuf, bien à l’abri, n’aura aucunement été écrasé au cours du coït. Il conviendra de clore aussitôt le préservatif avec une ficelle et de le contraindre à demeurer dans le vagin de la porteuse à l’aide d’un tampon tout en laissant évidemment sortir le bout de la ficelle. Il vous suffira, le moment venu, de tirer sur celui-ci. L’animal sortira, en dépit des efforts de la dame qui tentera sournoisement de le garder en elle-même.Je devance votre éventuelle question : comment savoir que le moment sera venu ? Eh bien, la dame d’un certain âge aura les yeux chavirés, les lèvres crispées, les muscles tétanisés. Elle balbutiera des mots sans suite. Peut-être même se traitera-t-elle de chienne, de salope… enfin elle présentera tous les symptômes d’une femme en plein orgasme (du grec orgân) et ce sera le signe indubitable – si j’ose dire – que l’animal a grossi et pris de la vigueur.Il aura des pattes d’oiseau, un ventre banal, le cou court, des yeux globuleux, des moignons de nageoires agrémentés de plumes. Il sera cependant inapte au vol. Il redoutera l’élément liquide mais bénéficiera d’un sexe qui ne lui permettra pourtant pas de se reproduire car, à l’instar du bardot, il sera stérile. Il grandira en force et en sagesse pour peu que vous le nourrissiez de sperme frais. À l’âge adulte, il aura la taille d’un gros pigeon mais l’allure pataude de certains sénateurs. Son pénis démesuré le rendra séduisant aux yeux de certaines chiennes en chaleur. Aussi les chiens chercheront-ils à lui nuire. Pensez à le protéger de leur vindicte.Ma prochaine étude traitera du mariage de la carpe et du lapin. La suivante, de la chèvre et du chou. Je terminerai par l’évocation d’une perversion fréquente chez les gallinacés mais encore trop peu connue, le passage du coq à l’âne.Je vous remercie de votre attention.