Coralie 06 : Changement de cap prévu
Coralie apprend qu’elle va sans doute devoir déménager à Toulouse, suite à une promotion professionnelle. Elle est tentée, mais n’est pas certaine de vouloir abandonner sa vie à Paris
Proposée le 19/10/2016 par Larges Epaules Votre note pour cette histoire érotiqueNous vous remercions pour vos nombreuses contributions, elles motivent les auteurs à poster leurs histoires érotiques.
Thème: Couple, passionPersonnages: FHLieu: Bureau, travailType: Fantasme
J’ouvre la présentation, et prend enfin connaissance du contenu de ce job. Je découvre que le bureau de Toulouse comptera une quinzaine de personnes à terme, que le but est de faciliter l’intégration entre le client (je savais) et les fournisseurs et sera la base d’une équipe de consultants, qui, dès septembre, travailleront en direct pour quatre équipementiers importants (c’est nouveau), basés à Toulouse et région. Je ne savais pas que ma boîte avait ces contrats. La présentation souligne les avantages de cette nouvelle situation. Toutes les améliorations que nous pourrons amener chez les sous-traitants finiront par se traduire par des économies chez le client. Je découvre enfin un slide qui me concerne directement. CV, parcours, réalisations (largement amplifiées) lors de la première année de la mission en cours.
Tout cela me laisse dubitative. Ai-je les épaules pour le job ? Je n’ai jamais que 29 ans. Ne suis-je pas en train d’enfiler un costume trop grand pour moi ?
Retour à la coloc vers 19 heures. Repas léger avec les filles, qui ont bossé toute la journée, comme à peu près toute la semaine. Elles sont en phase de décompression. Magali est comme souvent habillée de manière incroyablement sexy. Un short minimaliste et un top en treillis, qui lui laisse le ventre à l’air et ne cache pas grand-chose de ses seins. Le treillis laisserait passer des pavés. Je ne lui laisse pas 10 minutes avant de se faire violer si elle sortait comme ça en rue. Olivia nous quitte rapidement en disant à Magali qu’elle la rejoindra sur place.
– Au fait Coralie, on a une soirée nanas chez des copines pas très loin, tu viens avec nous ?
– Non j’ai pas trop envie, et puis j’ai un peu mal au ventre aujourd’hui, amusez-vous bien ! Et toi Sandra, tu comptais faire quoi ?
– Je ne sais pas trop, un petit ciné si je suis seule ou alors prendre l’air et bouquiner après.
– C’est une bonne idée ça, je ferais bien aussi une promenade. OK si je t’accompagne ?
– Bien entendu.
Voilà donc la raison de la tenue de Magali. Je ne sais pas pourquoi, mais je la trouve un peu vulgaire, alors qu’elle ne m’avait pas choquée jusque-là, malgré des tenues encore parfois bien pires.
J’appelle Capucine et nous convenons de nous voir le lendemain à 14 heures au même endroit que la dernière fois. Je n’évoque rien d’autre avec elle, car tout d’un coup, je me sens surveillée. C’est très irrationnel sans doute, mais tous les évènements récents m’ont mise mal à l’aise. Mon mobile serait-il sous écoute ? J’irai demain m’acheter un mobile avec une carte prépayée.
La promenade est très agréable. Je demande à Sandra de me parler de sa passion pour l’architecture.
– Tu construis des maisons ?
– Non pas du tout ! Mon stage est chez une des stars françaises de l’architecture, un bureau qui compte 100 personnes.
– Et tu y fais quoi ?
– Je travaille au service « design et matériaux », un petit groupe de gens qui collectent et analyses les informations sur les matériaux de construction innovants, qui pourraient être utilisés dans les projets futurs. Pour l’instant je planche sur les différents types de vitrages isolants et réfléchissants qui sont utilisés dans les projets de bureaux, ou généralement toutes les tours. Il y a un choix infini de combinaisons entre les spécifications de couleur et caractéristiques techniques par exemple.
– C’est intéressant ?
– Ecoute, c’est assez technique, mais il y a aussi une dimension artistique, et c’est assez bien le reflet de l’architecture. Mais c’est loin de l’image que je me faisais de l’archi en commençant.
– Je crois que c’est le cas de tout le monde sans doute en commençant les études. La réalité est souvent différente de l’idée qu’on s’en faisait.
– Tu as raison. Quand j’étais enfant, nous habitions dans un immeuble de banlieue très miteux. Je trouvais très injuste que certaines personnes soient obligées de vivre dans ces conditions déplorables alors que d’autres avaient de grandes et belles maisons.
– Tu t’es inscrite au parti communiste ?
– (rires). Non pas directement. Mais j’ai commencé à développer un intérêt pour cette question et je me suis dit qu’il faudrait un jour que je puisse faire quelque chose pour changer la situation, d’où l’architecture. Et puis il a la manière désastreuse dont tous ces bâtiments sont agencés, dans des banlieues excentrées.
– Tu me parles plutôt d’urbanisme, non ?
– Tu as raison. Mais la voie royale de l’urbanisme, c’est l’architecture.
– Tu vas continuer alors ?
– J’aimerais bien, mais ça ne va pas être facile.
– Comment ça ?
– Mes parents ne vont plus pouvoir m’aider, car j’ai un frère déjà aux études et une sœur qui commence également. Je pense à prendre un petit boulot, mais même comme ça, cela va être galère. Surtout que j’aurai aussi un loyer à payer.
– Tu vas quitter Paris ?
– Sans doute, oui. Il y a une bonne école à Paris, mais les meilleures sont à Metz et Toulouse. J’ai envoyé un dossier aux trois, je suis acceptée à Paris et Toulouse, mais je voudrais changer d’air.
Je ne relance pas Sandra, car je ne voudrais l’inciter à me dire des choses qu’elle ne désire pas. Il y a évidemment qu’il serait chouette d’avoir Sandra à Toulouse, pourquoi pas en coloc, mais je dois encore y réfléchir.
– Quand dois-tu te décider ?
– Avant fin juin.
– Pourquoi veux-tu changer d’air ?
– Principalement à cause de Jean, car je veux l’oublier et c’est difficile tant que je suis à Paris, et puis je trouve que l’ambiance à la coloc n’est plus ce qu’elle était.
– Ah bon ?
– J’ai de plus en plus de mal avec l’ambiance « nanas ». Je les adore toutes les deux, mais cela devient trop lourd à mon goût.
– Isabelle va revenir…
– Justement, je préfère être partie quand elle reviendra.
Je n’en demande pas plus, mais tout cela n’ajoute rien à la clarté de la situation. Nous rentrons et je passe la soirée à préparer la présentation de mardi. Je surfe également sur les sites d’agences immobilières, et réalise que je pourrais avoir un logement très confortable à Toulouse pour le budget que j’avais décidé de consacrer à mon logement à Paris. De la place pour Capucine, pour Sandra ? Pour les deux ? Je verrai sur place la semaine prochaine.Je m’endors avec mes héros de papier. Rien de tel que leurs mystères pour m’endormir, et me faire un peu oublier les miens.
Je retrouve Capucine le lendemain comme convenu. Elle a fait un savant mélange entre ses vêtements « artistes », et ceux que nous lui avons passés. Elle n’a pas remis ses piercings, ce qui n’est pas dommage. Visiblement pas de soutien, mais on est samedi. L’ensemble n’est pas mal du tout, et elle semble un peu intimidée.
– Alors ce job, raconte-moi tout !
– Ecoute, le type m’a appelée mercredi midi, on s’est vus hier, et voilà !
– Les choses n’ont pas traîné. Et tu vas faire quoi ?
– Comme tu me l’as expliqué, ils sont spécialisés dans la mise au point d’évènements/spectacles pour le compte de grosses sociétés. Il y a souvent des thèmes, et d’assez grosses mises en scène.
– Tu vas faire quoi ?
– Il m’a avertie qu’il fallait que je m’attende à tout faire, jouer mais aussi servir à table, cela fait partie du concept.
– Je me souviens de la fête, c’est amusant de voir les comédiens de tout près, et il y avait aussi une participation du public au spectacle, très sympa.
– Et puis il a vu que j’avais une petite expérience en mise en scène et scénographie, il m’a dit qu’il pourrait me prendre comme assistante, si les essais se passaient bien.
– Tu commences demain ?
– Oui car ils ont un très gros évènement mi-juillet, apparemment un mariage au château de Versailles, il y aura beaucoup de boulot jusque-là. Et puis il m’a parlé d’une série de trucs programmés à partir de septembre.
– J’espère que cela marchera. Tu es bien payée ?
– Je ne sais pas encore trop. Le premier évènement est sous statut intermittent, il a parlé d’un engagement possible par après. Mais rien que le premier évènement me sort de la mouise, puisque je gagne de l’argent, et j’augmente mon compte d’intermittente. Je vais peut-être pouvoir te rembourser rapidement.
– Il n’y a aucune urgence.
– Je te remercie du fond du cœur, Coralie. Ce truc va sans doute me sortir des ennuis. En tous cas, tu y as mis le paquet !
– Comment ça ?
– Eh bien il m’a dit que le CV avait été transmis avec une recommandation de la personne des RH, qu’il connait très bien. Ensuite il m’a raconté avoir reçu un coup de fil de quelqu’un d’autre de la boîte, lui demandant avec insistance de m’engager.
– Il t’a dit qui ?
– Oui, mais j’ai pas retenu le nom.
– André ?
– Oui c’est sans doute ça.
C’est quoi ce bintz ? Comment André était-il au courant de cette histoire ? Pourquoi avait-il passé ce coup de fil ? Je me sens comme une marionnette qui pend au bout de fils, et qui ne peut décider de rien toute seule.
– Pas encore de nouvelles de ton test VIH ?
– Non je dois appeler lundi. Et je devrai sans doute en refaire un plus tard
– Comment ça ?
– Le temps d’incubation du virus est de un à trois mois. Je ne suis plus trop certaine de la date de mon gros comportement à risque, mais il est possible que ce soit plus récent que trois mois. Donc si le test de lundi est négatif, il faudra en refaire un autre un peu plus tard pour que ce soit certain.
Capucine m’avait parlé de ses rapports non protégés avec des homosexuels.
– Tu as fait un test de grossesse ?
– Pas de problème de ce point de vue-là.
– Et si tu as d’autres comportements à risques entre les tests ?
– Il n’y a aucune chance. J’ai arrêté la drogue, et puis…
– Et puis ?
– Et puis il y a aussi que je suis un peu amoureuse de toi, et je ne ferai rien pour te mettre en danger.
Capucine me prend la main et la caresse tendrement. Est-ce que j’éprouve quelque chose pour elle ? Bien entendu, son corps me fait envie, mais je ne suis pas certaine qu’il y ait plus. Le broute minou est très agréable, mais rien ne vaut un bon coup de queue.
– Tu es choquée ?
– Non, pas du tout. Simplement, je ne suis pas certaine d’éprouver la même chose. Je t’aime beaucoup, et j’ai très envie de coucher avec toi, mais je ne suis pas sûre d’être amoureuse de toi. Je préfère te le dire, parce que je ne voudrais pas que tu te fasses des idées.
– On va chez toi ?
– Ecoute c’est un peu compliqué pour moi de t’emmener à la coloc. On peut aller chez toi ?
– Je pense que c’est un peu difficile. Tu sais que je partage ma piaule avec un homo, et je ne sais jamais quand il est là ou quand il va débarquer. Cela me gêne un peu.
– Il reste deux solutions alors : un jardin public ou un hôtel de passe !
Nous optons pour la seconde. Capucine connaît un petit hôtel miteux ou on peut s’acheter deux heures d’intimité pour 50 euros. Ma récente augmentation met la chose dans mes moyens. Le fait de payer, de monter dans l’escalier jusqu’au troisième derrière le beau petit cul de Capucine, m’excite un peu. On chahute en montant, et Capu semble excitée aussi, alors qu’elle est souvent un peu effacée avec moi.
Capucine commence par m’expliquer que le virus se transmet principalement par les échanges de fluides corporels comme le sperme, le sang, le liquide vaginal. Aucun danger par contre de transmission par la salive, et les risques sont quasiment inexistants lors de rapports bucco-vaginaux.
– On évitera ceux-là aujourd’hui, si tu veux bien, j’ai mes règles.
Je sens Capucine un peu réticente à prendre l’initiative. Je lui prends les mains et je l’embrasse doucement sur les joues, dans le cou, sur les lèvres. J’ai envie de lenteur et de sensualité. L’environnement de la chambre est très glauque, mais nous sommes seules au monde. Capucine a compris mon jeu et reste passive avec les bras le long du corps. Nos respirations s’accélèrent. Capucine commence à me caresser le dos.
– Laisse-toi faire ma belle, je veux faire durer tout cela.
Je commence alors à la déshabiller très doucement, en effleurant le bout de ses seins à travers son chemisier. Elle frissonne à chaque fois, ce qui m’excite d’autant plus. Je prends un temps fou à chaque bouton, tout en l’embrassant très doucement sur le visage. Sa bouche cherche la mienne, mais je m’écarte pour la faire languir. Vient ensuite le tour de son pantalon. La voici nue en culotte et je caresse ses petites fesses. Cette fille est très maigre, et c’est sans doute plus dû aux privations qu’aux régimes. Elle a aussi une série de tatouages, sur le ventre, le dos, sur les côtes. Ses piercings des seins ont l’air d’amplifier ses sensations, et je me demande si c’est douloureux.
– Coralie, tu me rends folle, je vais jouir tout de suite si tu continues.
– C’est à toi maintenant, ma chérie.
Capucine m’effeuille doucement, ses mouvements sont très lents mais semblent un peu retenus. Nous sommes maintenant nues, et je découvre que Capucine a aussi d’autres piercings, près du clitoris et dans le nombril. J’ai peur de lui faire mal et elle me guide dans mes caresses.
Tout cela est très sensuel, et nous jouissons chacune à notre tour d’abord, ensemble ensuite.
– Coralie, c’était très bon, vraiment, je ne me souviens pas d’avoir joui aussi fort depuis longtemps.
– Pour moi aussi c’était très fort, c’est la première fois que je jouis comme ça avec une fille.
– Tu n’as pas encore choisi ?
– Non, tu sais faire l’amour avec une fille, c’est assez nouveau pour moi, et pour tout dire, avec les garçons c’a n’a pas toujours été glorieux non plus !
– En tout cas, je n’avais pas été habituée à autant de douceur. Les relations avec les lesbiennes sont souvent brusques, et je ne te parle pas de celles avec les gays.
– Tu en as eu beaucoup ?
– J’ai vécu dans ce milieu où on finissait les soirées, tous plus ou moins bourrés et ayant pris de la drogue. Filles et garçons se mélangent, et personne ne sait vraiment ce qui se passe. Les relations sont alors purement sexuelles et parfois violentes.
– Violentes ?
– Deux filles te tiennent avec les jambes écartées, et un gars, que tu n’as même jamais vu, vient s’accoupler, te bourrer sans faire attention à quoi que ce soit.
– Mais c’est du viol !
– Oui si tu veux, mais tout le monde est consentant, ou fait semblant de l’être… Et puis ce n’est pas pire que ce que j’ai vécu plus jeune.
– Tu me racontes ?
– J’ai grandi dans un village assez isolé. L’église, l’école, le bar-tabac, et quelques maisons. Beaucoup de fermes aux alentours. Tout le monde allait dans la même petite école, et puis au collège dans la ville d’à côté. Tout le monde connaît tout le monde. Vers treize ans, il est devenu clair pour moi que je préférais les filles. Une copine de ma classe me plaisait pas mal, et j’ai cherché à l’approcher. Elle ne savait pas trop où elle en était, et elle en a parlé à une autre fille. En un éclair tout le village était au courant, et j’étais devenue une paria. Insultes en rue, mon père s’est mis à me corriger avec des claques, des coups de poing et parfois même des coups de bâton.
– Quelle horreur ! Personne pour te défendre ?
– Non, personne. Je voyais bien que ma mère souffrait de la situation, mais impossible pour elle d’intervenir, elle prenait aussi régulièrement des coups de mon père. A l’été de mes quatorze ans, j’ai été au bal du quatorze juillet. Je voyais bien que tout le monde me regardait de travers, et toutes les mères avaient peur pour leurs filles. A la fin de la soirée, un garçon m’a invité à danser. Après il m’a attirée à l’écart du bal, et j’ai été violée, pas seulement par lui, mais aussi par une série de jeunes, et aussi d’adultes. J’ai même reconnu le gendarme du coin. Tous ces types sont venus éjaculer en moi. Je criais, je me débattais. Après quelques minutes j’ai perdu connaissance, ce qui ne les a sans doute pas empêchés de continuer à me violer. Le lendemain matin, mes parents m’ont récupérée avec du sang et du sperme sur les jambes.
– Ma pauvre !
Je sens qu’une pause est nécessaire. Pas la peine d’en rajouter. Je prends Capucine dans mes bras et la console. Quelle histoire incroyable !
– Tu n’as pas porté plainte ?
– Impossible, le gendarme était dans le lot. Et puis mon père ne voulait rien faire, me disant que je n’avais eu que ce que je méritais. Deux mois après, je me faisais avorter, dans des conditions limites, et je me demande si je suis encore capable d’avoir des enfants, tellement elles m’ont charcutée. Tu comprends pourquoi j’ai fui tout cela à dix-sept ans ?
– Bien sûr je comprends.
Capucine en a les larmes aux yeux, et moi aussi. Je me sens incroyablement bien comme cela, allongée nue contre elle. La jouissance qu’elle m’a donnée m’apaise. Je me verrais bien vivre avec elle. Mais il y a que je vais partir à Toulouse. Et aussi que je ne prendrai pas de décision avant son second test HIV. Et puis que je ne désire pas de relation exclusive avec une fille, car les hommes me plaisent, et qu’il est plus facile d’avoir un couple hétéro. Mais il n’y a pas de raison de ne pas lui dire la vérité.
– Capucine, il faut que je te dise quelque chose d’important.
– J’écoute.
– Je sais depuis hier que je vais sans doute déménager vers Toulouse à partir du mois de septembre.
– Ah ! fait Capucine visiblement déçue.
– Je serai à Paris deux ou trois fois par mois, on pourra continuer à se voir.
– Et puis tu pourras venir me voir. Toulouse est à une heure d’avion.
– Mais ce n’est pas la même chose que vivre ensemble à Paris !
– C’est vrai, mais j’ai prévu d’avoir un grand logement, tu pourrais venir t’y installer. Si on t’a trouvé du boulot ici, on t’en trouvera un là-bas.
– Tu envisagerais de vivre avec moi ?
– Pourquoi pas. Mais on peut vivre ensemble sans être un couple exclusif.
– C’est donc que tu m’aimes un tout petit peu alors !
– Un tout petit peu si tu veux. Je t’aime plus qu’une sœur, mais sans doute pas encore comme une amante. Ceci dit j’adore coucher avec toi. Et toi ?
– C’est très doux, très bon. Je n’ai jamais vraiment éprouvé ça.
Je me projette sans doute un peu loin, mais je crois qu’il y a quelque chose de malsain dans l’intervention d’André pour le boulot de Capucine. Nos deux heures de « love hotel » sont presque terminées. Nous nous rhabillons et quittons la chambre.
– Capucine, à propos, je vais te passer mon nouveau numéro de portable. Efface le précédent, qui est seulement pour le boulot, et je n’aime pas mélanger les choses.
– Pas de problème.
Nous avons passé le restant de l’après-midi ensemble et Capucine m’a emmenée le soir à un spectacle d’avant-garde. Dix personnes dans la salle, et une pièce très hermétique, à laquelle je n’ai pas compris grand-chose.
– Comment t’as trouvé ?
– Pas dingue, pour être honnête. Et toi ?
– Je suis d’accord. Le texte est trop compliqué, et certains acteurs sont mauvais.
– Ce sera mieux la prochaine fois
– J’espère ! Ce n’est pas trop difficile ! Désolée de t’avoir emmenée là…
– Tu es pardonnée si tu m’embrasses.Dimanche très calme à la coloc. Sandra et Magali sont dans leur famille, Olivia à l’hôpital. Travail sur la présentation, renseignements sur la vie à Toulouse, réflexions sur les évènements récents.
Lundi matin au bureau, mail à André.«
Cher André,
Je vous confirme, quatre heures avant le délai, ma décision d’accepter votre proposition dans le projet « Toulouse ».
J’ai encore quelques questions concernant la présentation et le projet global, ainsi que mon rôle précis. Serez-vous à Paris aujourd’hui ?
Bonne journéeCoralie
«
En temps normal, je n’aurais pas posé cette dernière question puisque j’ai accès à l’agenda d’André. En essayant de le consulter ce matin, l’accès m’en a été refusé. J’espère qu’il s’agit d’un problème technique.Réponse d’André
«
Bonjour Coralie,
Je me réjouis de ta réponse pour le projet. Je pense que c’est la bonne décision.
Je ne suis pas au bureau ce jour et répondrai à tes questions dans l’avion demain matin
Bonne journée,A.
«
Lundi également, sms de Capucine sur mon mobile privé :
« Test négatif, tout est OK »Le soir, nous nous retrouvons pour le dîner à quatre et Olivia lance :
– Coralie, c’est super pour toi ce poste à Toulouse !
– Ah les nouvelles vont vite. Oui je pense que cela devrait être pas mal, mais je n’ai pas encore tous les détails.
– Pourquoi tu n’en avais pas encore parlé ?
– Parce que je ne l’ai appris que vendredi, que je me suis laissé le week-end pour réfléchir, et que je ne comptais pas en parler avant que soit sûr. Ce n’est pas le cas de tout le monde, semble-t-il…
Ma remarque a jeté un froid. Je vois Sandra extrêmement mal à l’aise. Elle a sans doute envie de parler, mais quelque chose la retient.Mardi matin à l’aéroport
Nous sommes dans le business lounge d’Air France, et passons en revue la présentation. Je pose mes questions, auxquelles répond André.
– Y aura-t-il vraiment 15 personnes dans ce bureau, et en aurai-je la responsabilité ?
– En fait il y aura sans doute nettement plus de monde à terme, à cause d’éléments dont je n’ai pas trop le temps de te parler maintenant. Tu n’auras pas toute la responsabilité du travail des consultants, naturellement, mais tu auras celle d’entretenir les meilleures relations avec nos clients : le constructeur, les équipementiers tier 1, et les tier 2 . Au-delà de ça, tu es basée sur place, et tu dois faire en sorte que le bureau fonctionne convenablement.
– Vous me confiez une très grosse responsabilité !
– Tu en as peur ?
– Non pas réellement, mais il y a beaucoup d’inconnues encore.
– Tu as raison, mais nous verrons au fur et à mesure. J’ai en tout cas la conviction que tu as les épaules, et que tu feras de ton mieux, c’est le principal.
Nous montons dans l’avion, qui n’a pas de retard pour une fois. Nous sommes assis en business, et un silence s’installe.
– Tout va bien ? Tu n’as pas l’air dans ton assiette.
– Je suis concentrée pour tout à l’heure, et je réfléchis à ce projet. Et puis j’ai assez mal au ventre, mes règles viennent de commencer.
C’était une manière d’annoncer que je ne serais certainement pas preneuse d’une « leçon », ce soir à l’hôtel. Nous travaillons ensemble en modifiant quelques points mineurs aux présentations.
Réunion à 9 heures au siège du client. Un bâtiment particulier, dont les bases sont plus étroites que les étages, et un faux air de navette spatiale a peine atterrie.
Salle de réunion gigantesque, pour 50 personnes au moins. On nous fait entrer à 9 heures piles. S’y trouvent 6 personnes dont deux que je connais. Echanges de cartes. Nous avons en face de nous rien de moins que le haut management du projet sur lequel nous travaillons depuis un an. Deux français, deux allemands, un anglais, un espagnol. Une répartition logique chez ce client qui est sans doute la seule société véritablement européenne. Pas trop de questions sur ma partie de présentation, et un commentaire de la part du directeur du design.
– Bienvenue à Toulouse, mademoiselle, nous nous faisons un plaisir de vous revoir régulièrement.
C’est au tour d’André de prendre la parole. Sa présentation porte sur le projet en cours, son avancement et ses résultats. Nous sommes globalement en avance sur le planning prévu et les résultats obtenus sont bien au-delà des promesses faites en début de projet.
Une discussion très technique s’en suit sur des problèmes mineurs et aussi majeurs. Je ne comprends pas tout ce qui se raconte (mon manque de connaissance de l’aéronautique ne m’aide pas), mais je crois percevoir chez le client le désir de vouloir aller plus vite encore, mais aussi plus loin dans le projet. André leur explique qu’il ne pourra faire cela qu’avec plus de gens, ce qui demandera au moins trois mois, mais plutôt six, avant de faire sentir ses effets. Ils évoquent nos nouveaux contrats avec les équipementiers, et se demandent s’il ne faudrait pas leur allouer en priorité ces ressources. André maintient que cela pourrait se faire, naturellement, mais qu’ils seraient gagnants sans doute à laisser les choses en l’état.
Je suis un peu perdue dans tout cela, et dans mes pensées également. Les œillades appuyées de certains participants me laissent à penser qu’ils sont amateurs de femmes, même au milieu d’une discussion très importante.
La réunion se termine, elle a duré trois heures, et nous prenons congé. Ces types comptent parmi les meilleurs au monde dans leur domaine, et je vais avoir la charge de les côtoyer fréquemment. Beau challenge !
Nous prenons sur place un déjeuner rapide, puis allons à un kilomètre de là, dans nos nouveaux bureaux. Le représentant de l’agence nous attend. C’est un immeuble neuf, de belle classe, et j’apprends que nous avons loué le quatrième étage. C’est complètement vide, à part une table et six chaises. Nous parcourons l’espace et l’homme de l’agence nous vante les qualités de son produit, un système de vitrage spécial avec des volets automatiques pour se garder du soleil du sud (je pense à Sandra), un plancher en bambou plus hygiénique que la moquette, un airco avec pompe à chaleur, économique en énergie, etc, etc
En parcourant les lieux, il me semble qu’il y a moyen de loger beaucoup plus que les quinze personnes dont j’avais entendu parler. Au moins deux fois plus. L’homme nous quitte en nous laissant quatre jeux de clefs. J’en reçois trois des quatre d’André.
– C’est beaucoup trop grand pour quinze, non ?
– Tu as raison, mais il ne faut pas oublier que ce sera ici un bureau de passage pour tous les consultants en visite à Toulouse. Nous avons aussi prévu de grandes salles de réunions, et pour ne rien te cacher, nous pourrons aller jusqu’à 30 personnes sédentaires.
Arrive ensuite Loana, beauté du sud d’une trentaine d’année, qui représente le bureau d’architectes d’intérieur en charge de l’aménagement. Elle déroule ses plans sur la table et les commente. Un film sur son ordi présente une visite virtuelle complète du bureau. Nous avons alors une discussion sur différents points de détail concernant par exemple l’occultation des salles de réunions. André insiste pour que les vitres soient totalement opacifiées alors qu’il est plutôt d’usage d’avoir des vitres avec des lignes, alternant le transparent et l’opaque. S’ensuit alors une présentation du budget.
– Beau travail, mademoiselle, je suis d’accord sur les grandes lignes. Vous me ferez parvenir vos documents par e-mail, et vous conviendrez des détails avec Coralie, qui est dès à présent responsable de ce projet. Coralie dirigera notre bureau ici dès septembre et a carte blanche dans ce dossier.
– Parfait dit Loana. Coralie, je pense que nous ne devons pas traîner à nous mettre d’accord sur les détails, car le temps presse. Il y a encore trois mois pleins avant le premier septembre, mais il ne se passera plus grand-chose en août. Quand pouvons-nous nous voir ?
– Je pourrais venir à Toulouse lundi prochain. Ce n’est pas trop tard ?
– Non c’est bien. Pouvez-vous me réserver la journée ? J’aurais des choses à vous montrer, comme des meubles par exemple dans certains show-rooms.
– C’est parfait. Je vous communiquerai mes détails de vol demain ou jeudi, et le plus pratique est sans doute que vous veniez me chercher à Blagnac ? Je n’ai pas de voiture.
– Nous faisons comme cela. Bonne journée.
J’ai un bon sentiment à propos de cette fille qui doit avoir une ascendance espagnole comme beaucoup dans la région. Loana est-il espagnol ou italien ? Son corps est une invitation à l’amour, elle a des cheveux jusqu’aux fesses, et je la sens très raffinée. Quelqu’un qui pourra certainement me renseigner sur les bons plans logement à Toulouse. Et plus si affinités. Je me dis que je pense de plus en plus au sexe. Pas désagréable.
Nous avons quelques minutes d’interruption avant l’arrivée du rendez-vous suivant. André et moi nous promenons le long des vitrages, et je me demande dans quel coin je vais me placer. Côté route avec vue sur les bureaux du client, et également sur les halls de montage, très loin, ou alors vers l’arrière, moins de vue mais beaucoup plus calme.
– Ces bureaux vont être grandioses !
– Oui, mais nous sommes dans un monde où il faut paraître. Des bureaux comme ceux-là n’existent pas à Paris, si ce n’est dans la grande banlieue, et puis les consultants doivent pouvoir justifier de leurs honoraires incroyablement élevés.
Nous poursuivons la discussion sur le projet et André est plus professionnel que jamais, il m’explique mon rôle plus en détail, les interactions avec lui et le bureau de Paris. Enfin, sur les dimensions nouvelles du projet, qui en fait se ramifie aux équipementiers.
Nous sommes interrompus par l’arrivée de Mireille, 45 ans, dont on voit qu’elle finira sans doute en Maïté. Voix bruyante, truculence, gestes larges et accent inimitable. Un peu caricaturale, mais très sympathique. Elle représente un bureau de recrutement local. André répond aux questions sur des éléments qui n’apparaissaient pas dans le briefing de Paris. André indique que je serai sa correspondante et décisionnaire pour les recrutements de niveau 1 et 2, et que je devrais être tenue au courant et rencontrer les candidats pour les recrutements 3 et 4. Ces derniers se feront en accord avec les RH à Paris, mais j’aurai en charge l’intégration de ces personnes dans la boîte.
– Mademoiselle, nous devons nous atteler rapidement à la tâche si vous voulez avoir tout ce monde ici en septembre.
Je ne sais pas quoi répondre, je ne connais pas le plan. André lui répond :
– Vous savez je pense qu’il ne faut pas ces dix personnes supplémentaires dès septembre. Deux suffiront, et puis nous le chiffre pourra augmenter graduellement jusque janvier. Vous avez quelques CV déjà ?
– Oui nous avons quelques candidats, et je crois qu’il vaudrait mieux ne pas traîner pour les premières interviews.
– Je vous propose de venir à votre bureau mardi à 14 heures, et je serai sans doute chaque semaine à Toulouse dans les mois qui viennent pour travailler avec vous sur le dossier. C’est bon pour vous ?
Visiblement, c’est bon pour Mireille, qui est une vraie publicité pour sa région et ses produits.
Arrive ensuite un homme, la quarantaine, qui semble échappé d’un feuilleton américain, et qui nous annonce sans surprise qu’il fait partie des services de sécurité du client. Il est là pour une première inspection des lieux. Il fait un peu gris aujourd’hui, et il consent à enlever ses ray-ban réfléchissantes, qu’il doit sans doute garder pour dormir.
En dix minutes il a fait le tour des lieux, et annonce qu’il est là pour se rendre compte de la difficulté de sa mission qui consiste, comme je le pensais, à mettre en place les systèmes qui protègent des écoutes malveillantes, et autres systèmes de captage d’ondes.
– C’est assez simple, dit-il, car l’espace est encore entièrement ouvert et neuf. Nous en aurons pour trois jours au maximum. En fonction du planning et du matériel à commander, je pense que nous pourrons commencer à travailler d’ici dix jours. Il sera plus pratique que vous me confiez un jeu de clefs pour que nous puissions travailler à l’aise.
– Comme vous le voyez, il y aura encore beaucoup d’aménagements par la suite, je ne serai pas toujours sur place, vous ne préférez pas venir quand les travaux seront finis ?
– Non. C’est plus facile comme cela, et nous reviendrons faire une détection de routine après les travaux. Par ailleurs il vous faudra changer les serrures, et aller vers un modèle incopiable et inviolable. Je recommande aussi une commande d’accès par reconnaissance d’empreintes. Et puis cette porte, ridiculement fine. Il faudra une porte blindée.
Voici donc Starsky ou Hutch reparti avec un jeu de clef, mes coordonnées et la promesse qu’il me fera parvenir une liste des changements et équipements à prévoir. Je sens que mes connaissances techniques vont passer de zéro à très haut assez rapidement.
Il est 18 heures, la journée se termine. Nous prenons un taxi qui nous amène à l’hôtel. Mon malaise a quelque peu disparu. Nous parlons de banalités, comme le temps qu’il fait ou la distance qui nous sépare du centre. Nous n’avons jamais aucune conversation confidentielle en public, quel que soit le public, même un chauffeur de taxi.
– Bien entendu, il te faudra prévoir une voiture de fonction. Je suppose que tu habiteras le centre, et puis tu auras des déplacements régionaux. Vois avec les RH comment régler la chose. S’il te plait, choisis une voiture de préférence française ou européenne, et qui ressemble le plus possible à un avion. Ce genre de chose compte ici.
– Le grand plan commence peu à peu à se dessiner dans mon esprit. Pensez-vous que j’aie encore le temps de faire convenablement mon boulot actuel ?
André réfléchit.
– Tu as raison, mais le grand plan comme tu dis, a déjà évolué fortement depuis sa conception il y a trois mois, et il est possible que ça ne soit pas fini. Je dois encore bien réfléchir à la question, mais il est évident que tu ne pourras pas assumer Toulouse, et ton boulot actuel. Je crois qu’il faudra te cloner (rires)…. Sérieusement, il faudra quelqu’un de plus à Paris, ou peut-être ici pour le job. Mais j’aimerais que tu conserves quelques aspects de ton job, en tout cas dans un premier temps.
– Pourquoi cela ?
– Parce qu’il n’y a qu’en toi que j’aie confiance pour cela.
– Vous savez que le clonage des êtres humains est interdit par la loi…
– Tu me l’apprends (rires), mais je compte sur toi pour former la personne, et je compte aussi sur toi pour m’assister dans le processus de recrutement. Je ne vois personne dans le staff actuel qui ait le profil requis.
Pour la première fois depuis quelques jours, je me sens à l’aise et en ligne avec André. Il a en outre réagi favorablement à une suggestion de ma part, en écoutant mes arguments plutôt que de vouloir m’imposer quelque chose. Cela me redonne confiance.© Copyright : Ce récit comme tous les autres sont protégés par le Code de Propriété Intellectuelle.
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