Isabelle écoutait avec terreur ce que le Docteur Bisch et l’ami de la famille, Bernard, se disaient dans la chambre contiguë à la sienne. Le mur de placoplâtre laissait passer les paroles sans aucune ambiguïté. Et ils parlaient d’elle. Cela, elle ne l’aurait jamais cru.Bernard posait les questions auxquelles répondait le docteur, compétent et catégorique.— Et tu es sûr des résultats ?— Absolument. J’ai déjà effectué d’autres tests de ce type et jusqu’à maintenant je n’ai jamais eu d’erreur.— Tu ferais bien de recommencer au moins une fois.— J’ai déjà fait le test deux fois et les résultats concordent. Isabelle a un début de mégalolibidopathie.— Qu’est-ce que c’est que ça ? Je n’en ai jamais entendu parler !— Et pour cause. C’est tellement monstrueux que ceux qui en sont victimes gardent cela secret. La personne voit progressivement ses organes génitaux se transformer en une sorte de cuir. La douleur devient intense et généralement ils finissent par se donner la mort. Vraiment, Isabelle ne mérite pas cela…— Pauvre Isabelle…. Remarque qu’elle ne doit pas s’en servir beaucoup. Je ne l’ai jamais vue avec un garçon, ni même avec une fille. Et puis elle est tellement coincée…. S’il n’y avait pas la douleur…— Allez, quand elle aura les premiers symptômes, elle viendra sans doute consulter et je pourrai faire quelque chose.— Et pourquoi pas maintenant ?— Elle ne me croirait pas. Tu l’as dit toi-même : il s’agit d’une maladie orpheline. Officiellement, elle n’existe pas. Elle me traiterait de tordu si jamais j’osais lui parler de cela. Il faut attendre…Isabelle n’en croyait pas ses oreilles. Les propos étaient si choquants qu’elle sentait déjà une douleur s’insinuer jusque dans ses ovaires. Un frisson mortel se répandait à travers ses veines et le long de ses nerfs. Une maladie dont, effectivement, elle n’avait jamais entendu parler. Et les deux hommes semblaient bien informés sur sa vie affective et sentimentale. Elle était seule. Terriblement seule. Elle désespérait de rencontrer l’homme idéal, qui l’aimerait pour elle-même et non pour son corps. Ce corps dont elle ne savait trop que faire. Mais mourir ? Et en se momifiant ! Par l’entrecuisse ! Quelle horreur. C’en était trop. Il fallait qu’elle en ait le coeur net. Elle irait consulter sans tarder.Le lendemain à 9 heures, elle était dans la salle d’attente du docteur. Il était parti de la soirée qu’avaient donnée les parents d’Isabelle la veille, peu après sa conversation avec Bernard. Celui-ci avait passé le reste de la réception à couver Isabelle, effondrée, de regards compatissants et mystérieux. Elle, tout en observant ce manège, avait fait semblant de rien, simulant une mauvaise humeur dont elle était coutumière d’ailleurs. À 30 ans, habiter chez ses parents, cela ne vous donne pas forcément envie de rire tous les jours. Elle avait très mal dormi et s’était levée aux petites heures du matin pour être sûre d’être la première au cabinet médical.Le docteur arriva après elle, époustouflé de la voir là .— Isabelle ? Tu es malade ?— Tu devrais le savoir mieux que moi !— Hum. Je t’ouvre. Une minute.Effectivement, un instant après, Isabelle était dans le cabinet, et racontait sa découverte fortuite de la veille.— C’est ignoble ! Tu es médecin, tu aurais du m’avertir tout de suite ! Tu n’as pas le droit de faire cela.— Oh, mais si ! J’ai fait deux tests à partir de deux de tes cheveux. Les trace de la MLP sont patentes dans l’ADN. Mais ces tests sont illégaux. Seule l’inquiétude à ton sujet m’a amené à les tenter. Il était tout à fait impossible de t’en parler. Mais sache que je t’aurais incité à consulter d’une manière ou d’une autre, à ton insu.— Mais bon, qu’est ce que je vais devenir maintenant ? Il y a un remède au moins ? Je ne pourrai pas vivre avec cette menace au-dessus de la tête !— Allons, ne t’alarme pas trop vite. Ce n’est pas simple mais de toute façon tu as encore du temps. Le mal peut se déclarer dans quelque mois ou quelques années. Il y a même quelques cas de vieillards qui ont été atteints.— Quelque MOIS ! Mais c’est monstrueux !Isabelle se tenait la tête dans les mains. Elle soupirait, sanglotait et gémissait de douleur.— Isabelle ! Du calme, du calme. Il y a un remède mais ce n’est pas un médicament. Juste une thérapie.— Mais dis-moi !— Je vais te le dire. Mais, je crains un peu ta réaction. Vois-tu, cela a à voir avec ta vie intime.— Ma vie in-ti… Comment ça ?— Eh bien, vois-tu, je suis persuadé pour ma part que ton état de solitaire actuel est dû à cette maladie. Elle agit sur la production de phéromones et provoque une pénurie sentimentale et sexuelle qui explique ton peu d’attirance pour les hommes.— Mais non, ce sont eux qui ne sont pas attirés par moi !— Peut-être, peut-être.. Tout de même, trouves-tu normal qu’une aussi belle femme que toi soit si peu courtisée ? Il faut bien que tu y mettes un peu du tien. C’est à cause de la MLP. N’en doutes pas.— Et alors, qu’y puis-je ?— J’y viens. C’est un cercle vicieux qui se met en place alors car l’évolution de la maladie est accélérée par le manque des hormones qui diminuent proportionnellement à l’absence de stimulation. Et c’est là que se trouve le remède. Il faut stimuler la production de ces hormones, ce qui ne peut venir que d’une activité sexuelle plus forte. Ton cerveau est le seul à même de produire l’antidote de la MLD. Quand celle-ci sera affaiblie, le cycle vertueux se mettra en place de lui-même : tu retrouveras inconsciemment l’envie et l’énergie de rencontrer des hommes et la maladie s’effacera d’autant plus.— C’est insoluble ! Tant que je n’aurai pas de partenaire, je suis condamnée. Et avec la maladie je ne suis pas prête d’en avoir un… L’amour ne m’intéresse pas vraiment…— Allons, nous allons trouver une solution. Veux-tu venir dîner ce soir ? Nous y réfléchirons ensemble et nous serons mieux qu’ici pour commencer la thérapie. Tout va s’arranger…— D’accord ! À ce soir. Merci, merci. Je te dois ?— Rien ! Ta guérison sera ma plus grande récompense.Une fois Isabelle sortie, le docteur Bisch prit son téléphone.— Allô ! Bernard ? C’est moi. Ça marche ! Tu avais raison. Elle est obsédée par sa santé et elle a tout entendu. On va se donner du bon temps.Le soir même à 19 heures, Isabelle sonnait à la porte du docteur, impatiente de commencer son traitement. Elle avait surpris ses parents en leur annonçant une sortie, ce qui était très exceptionnel pour elle. De plus, elle avait parlé d’une amie inconnue, d’un air mystérieux qui avait laissé penser à ses parents qu’il y avait anguille sous roche. Elle était sortie furtivement, fébrile et inhabituellement bruyante, remontant dans sa chambre plusieurs fois avant de claquer la porte d’entrée du pavillon. Elle avait laissé la voiture et l’on en avait conclu à une visite chez une personne proche. Allez savoir….— Oui ?— C’est Isabelle.— Entre et monte. Tu connais le chemin.En effet, Bisch, fils d’un vieil ami de la famille, connaissait Isabelle depuis très longtemps et elle-même était venue dans cette maison bien des fois, enfant, quand les visites de la famille au père du praticien étaient régulières. Elle retrouva donc des lieux familiers, mais elle mesura combien le temps avait passé depuis son enfance. Tout était beaucoup plus petit. Le vestibule qui lui paraissait autrefois un interminable couloir était, en fait, étroit et bas de plafond. Elle prit la porte de la salle à manger et retrouva la table et le canapé mais ils n’étaient plus ces monuments qu’elle devait escalader et sous lesquels elle avait joué. Le docteur était de dix ans son aîné et elle l’avait toujours considéré comme un « grand », un peu lointain. Aujourd’hui la situation était toute autre. On avait changé d’époque. Isabelle prit soudain conscience de son état d’adulte.Le docteur l’embrassa et la pria de s’asseoir sur le canapé. Sur la table basse, deux verres, des biscuits apéritifs, quelques bouteilles et des glaçons.— Veux-tu que nous parlions de ton problème après le repas ?— Oh non, plus vite nous commencerons, plus vite je serai rassurée. Je suis littéralement terrorisée par cette histoire. Je déteste être malade.— Bien bien. Tout-à -l’heure, tu étais très inquiète car tu n’as pas d’ami pour pratiquer… mais après réflexion je crois que j’ai trouvé un moyen qui te permettra de commencer un traitement de fond. Arrête-moi si je me trompe, mais j’imagine que tu dois tout de même te toucher de temps en temps…— Me toucher ? Tu veux dire les… parties…. Oh ! Mais ça ne rend pas sourd ?— Non ! pas que je sache. Et puis la surdité n’est elle pas préférable à la mort ?— Sans doute. Eh bien, j’essaierai. J’avoue avoir été tentée quelquefois, mais il me semblait que ce n’était pas conseillé pour une vie saine.— Il y a une manière tout-à -fait saine pourtant de pratiquer cela.— Comment donc ?— Cela s’appelle se branler.— Quel nom bizarre !— C’est pourtant le terme exact. Pour t’expliquer le mieux est de te montrer.— Oui, parce que je crois que je ne saurai pas sinon.— Remonte ta jupe… Oh, quelle jolie culotte ! La marguerite brodée est délicieuse !— Oui, le coton c’est toujours approprié.— Baisse-la, que j’examine ta constitution. Voilà . Oh, mais tu es parfaite de ce côté-là .— Ah ! J’en suis bien contente.— Écarte bien tes jambes. Et remonte les genoux. Je vais te palper afin de vérifier que tout est en place. Bien… tu as une pilosité très douce au toucher. Et ta peau est vraiment très délicate. Eh bien, donne-moi ta main. Voilà , pose-la là et cherche ton clitoris.— Le petit bouton ?— Oui ! celui-là même. Caresse-le doucement.— Mais ça n’est pas désagréable, tout compte fait.— Je veux bien le croire.— Mais je sens comme une humidité au niveau de ma vulve. C’est un effet de la maladie ?— Pas du tout. Au contraire c’est un élément essentiel de la guérison. Plus tu te sentiras mouillée et mieux cela vaudra.— Eh bien, je suis sur la bonne voie. Je me sens très bien. Je m’y prends bien ?— Très bien. N’as-tu pas comme une envie de mettre un doigt, là  ?— Si ! je sens que c’est sensible. tu veux bien ?— Pas de problème. Voila. J’explore l’orifice.— Explore… oui. Oummphh…Le regard d’Isabelle devenait de plus en plus flou. Elle émettait des soupirs involontaires mais bien réels et passait la langue sur ses lèvres. Le docteur interrompit la séance.— Pour le moment, cela suffira. Prenons l’apéritif. Nous reprendrons un peu plus tard. Je suis rassuré. Tu me sembles prête à un traitement efficace.— Uhmmm… Je pense aussi. Je n’avais jamais envisagé que l’on pouvait se soigner aussi agréablement. C’est une sorte de relaxation, en quelque sorte…— Tout à fait.Merci docteur.. Buvons vite car je ne voudrais pas retarder la guérison.Isabelle était songeuse : « C’est tout de même bien pratique d’avoir un médecin dans ses relations. Au moins on peut être sûre de ne rien faire de dangereux ou de malsain. Jusqu’à aujourd’hui je pensais que mettre les mains à cet endroit pouvait provoquer des maladies, des infections, et voilà que non ! Une belle chose que la science. »— Oui, mais tu as un don inné, il me semble. Je suis déjà beaucoup moins inquiet car tu vas pouvoir, par toi-même, te soigner un peu. Ce n’est pas la méthode la plus efficace, loin de là , mais c’est un bon début.— Combien de fois par semaine devrais-je me… branler ? Ce mot me fait tout drôle.— Par semaine ? Par jour tu veux dire ! Au moins une fois par jour, sinon deux ou trois ! Moins, cela serait totalement inutile. La sécrétion de phéromones commence à partir de la quinzième minute de masturbation et n’est optimale qu’après trente minutes. Ne sois pas mesquine, il y va de ta santé. Encore heureux que tu n’aies pour l’instant aucun symptôme de la maladie. Tes organes sont parfaitement en état de marche, aucune nécrose des tissus n’est enclenchée.— Ouf ! Allons, j’ai fini mon verre. Continuons.— Comme tu es pressée ! C’est bien. Reprenons où nous en étions. Retire donc cette jupe, ce sera plus pratique. Voilà . Eh bien, Isabelle, replace ta main. Bon. Reprends la caresse. Oh ! mais tu remues doucement le bassin en cadence, bravo. Je propose que nous agissions sur l’humidification de la vulve. Ta chatte pourrait sans doute…— Ma…. chatte ?— Oui, c’est le nom scientifique que l’on donne au sexe de la femme. Ta chatte disais-je, doit mouiller au maximum pour garantir l’efficacité de la séance. Je vais procéder à une palpation mammaire. Indique-moi si tu sens une amélioration. Il faudrait que tu retires ce soutien-gorge.— Mais c’est un souvenir de ma mère !— Nous en prendrons le plus grand soin. Il a l’air très très solide de toute façon. Il aura fait la guerre. Bien. Tu dois te sentir plus à l’aise maintenant.— Effectivement. J’ouvre mon chemisier. Tu auras accès plus facilement à ma poitrine. Tu n’as pas besoin du stéthoscope ?— Pas du tout. Je me contenterai de malaxer un sein pour commencer. Le téton semble durcir, non ?— Oui, oui. Ça mouille plus…. Essaie l’autre… en même temps. Ça fonctionne. Oh, je sens quelque chose de bizarre. Comme si j’allais m’envoler. J’ai envie de remuer plus vite.— Très bien, tu es sur la bonne voie. Tu peux y aller. Accélère. Encore. Tu te sens bien ?— Oui ! Je… Je… Ooh ! Je … Aaaah !!!Isabelle poussa un grand cri et s’affala sur le canapé. Elle attrapa la main du docteur qui avait lâché ses seins et la reposa instinctivement sur l’un d’eux…Quelques secondes de silence passèrent avant qu’elle ne reprenne ses esprits.— Je vais me soigner activement. Je le promets. Seulement je trouve que cela marche beaucoup mieux quand tu me palpes les seins. Il faudra que je vienne te voir souvent.— Ah ! Tu es une patiente idéale. Mais ne t’inquiète pas. Je connais quelqu’un qui pourra te prodiguer des soins quotidiens, quand je ne serai pas disponible. C’est Bernard. Il est très inquiet à ton sujet. Je sais qu’il sera heureux de t’aider. Et puis à l’occasion tu peux demander à d’autres personnes. Je suis certain que, faite au tour comme tu l’es, tu ne manqueras pas d’aides-soignants.— Bernard… mais bien sûr…— En attendant, du fait que nous avons été en contact prolongé je voudrais que tu m’aides pour un soin préventif au cas où la MLD serait contagieuse. Je vais devoir moi aussi procéder à une petite branlette, histoire de détruire tout agent pathogène. Pourrais-tu m’assister ?— Volontiers.— Et puis cela te permettra de découvrir le maniement de l’organe masculin que tu ne connais, à ce que tu dis, que par ouï-dire.— J’en ai vu quelques-uns en photo tout de même. Oh mais ils n’étaient pas si gros. Il est tout dur ! Dois-je le toucher ?— Je t’en prie. Prends-le dans la paume de ta main et exerce un va-et-vient lent et doux. Comme ça. Tu as déjà fait cela !— Non, je te le promets, mais je pense qu’instinctivement je peux y arriver. On dirait que cela te procure aussi un bien-être. Tu dois t’immuniser certainement. C’est très simple, tout compte fait. Il y a quand même des façons plus ardues de rendre service à son prochain. Je tâcherai d’y penser dorénavant. Tu respires profondément. Tout va bien ?— Mouiiimph…— Oh dis donc, ça coule, ça gicle. Ne serait-ce pas ce que l’on appelle du sperme ?— Hum…— Ça colle, dis donc.— Blllfff…— Comment ? je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire par là .— Par là , pas grand chose. Je dis que tu es une assistante de choix. Si tu veux changer de métier n’hésite pas, je t’embauche.— C’est vrai que ça me changerait de la mercerie de Mme Grodart !Et, sur ces paroles d’espoir, Isabelle repartit chez elle en promettant de revenir le lendemain dès 20 heures pour continuer son traitement et, peut-être aussi, sa nouvelle formation professionnelle. Elle rentra chez elle avec un sourire épanoui et passa une nuit merveilleuse. La maladie n’avait pas que du mauvais.