— Tu vas emménager avec Jean-Marie ?— Ben oui.— Tu sors avec ce facho ?— Où as-tu pris que c’est un facho ?— Il suffit de le regarder avec son look BCBG, et de l’entendre parler…— Ho, ça va, Lise, quand il parle lui il est tolérant, il ne jette pas l’anathème sur tous ceux qui ne pensent pas comme lui et…— Jeter l’anathème, voilà que tu te mets à parler comme lui. Bientôt, tu vas être comme lui.— Si c’est pour être gentil, alors tant mieux, si c’est pour avoir un peu d’humour, alors tant mieux, si c’est pour être attentif aux autres, alors tant mieux, si c’est pour ne pas se prendre le chou à tout bout de champ avec la politique et ne fréquenter que les gens qui pensent comme moi, alors tant mieux si je deviens comme lui.— Elles sont devenues quoi, tes grandes et idées ? Toi qui voulais révolutionner le monde, le rendre plus juste. Il suffit qu’un mec te baise bien pour que tu les oublies, tes grandes idées…— Il a ses idées et moi les miennes, mais il m’écoute et on en discute, et ça, ça m’a plu chez lui. J’ai découvert quelqu’un qui n’a pas d’a priori. Quand je lui parle de mes grandes idées, comme tu dis, il me dit ce qu’il en pense honnêtement et lorsqu’il n’est pas d’accord ou qu’il les trouve farfelues ou irréalisables, il m’explique pourquoi et quand il les trouve bonnes, il peut aussi me suggérer comment les améliorer… et oui, effectivement, en plus il baise bien.— Il t’embobine avec ses beaux discours…— Non, il ne m’embobine pas, il m’a fait comprendre pas mal de choses…— Ah oui, et quoi ?— Que je ne savais pas écouter, que je n’entendais que ce qui allait dans le sens de ce que je pense et que je n’écoutais pas le reste, et pire, que je ne m’écoutais pas moi-même, que je m’interdisais beaucoup de choses… et je ne parle pas seulement de la baise. Alors oui, je vais vivre avec Jean-Marie même si ça ne plaît pas à ma sœur. Et d’ailleurs, je vais le retrouver.— Allez, c’est ça, Paula, va coucouche panier.— Ce que tu peux être conne parfois ! Quand on a des œillères…Elle sort de la pièce en claquant la porte. Les jumelles sont furieuses. Paula ne comprend pas que sa sœur condamne sa relation avec Jean-Marie, alors même qu’elle n’a pas échangé plus de trois phrases avec lui alors qu’ils ont suivi le même cursus depuis la première et à l’université pendant cinq ans. C’est vrai, elle aussi, jusqu’à il y a huit mois où ils s’étaient retrouvés par hasard dans une librairie à acheter le même livre. Elle n’avait pas pu s’empêcher de s’exclamer :— Tu lis ça, toi ?— Pourquoi, je ne devrais pas ?— Heu, ben non, mais je pensais que ça ne t’intéressait pas.— Ce n’est pas parce que je pense que l’auteur n’est pas si génial qu’il se prétend, que je ne vais pas le lire.Il s’en était suivi, dans un café, plus de deux heures de discussion, avec prise de rendez-vous pour la fin de la semaine pour échanger ses impressions après lecture. Elle avait été emballée, lui moins. Certes, il reconnaissait des qualités. Il avait mis le doigt sur des approximations, des sources douteuses et même quelques contradictions entre certains chapitres. Les arguments étaient bons et elle l’avait reconnu.Ils s’étaient ensuite rencontrés à plusieurs reprises pour discuter de leurs lectures. Elle s’était mise à lire des livres qu’elle n’aurait jamais lus auparavant. Elle avait fini par trouver plus stimulant de débattre avec quelqu’un n’ayant pas les mêmes idées que soi, mais ouvert, plutôt que de chicaner avec des camarades sur des points de détails. Ils étaient sortis ensemble, de plus en plus, ils étaient allés au cinéma, avaient découvert leur goût commun pour la rando. En plus, chacun avec sa forme d’humour, faisait rire l’autre.Un soir, alors qu’ils se promenaient le long de la Marne, ils se sont assis sur un banc pour regarder le coucher de soleil. Le fond de l’air était frais, ils se sont rapprochés, d’abord un peu, avant de serrer l’un contre l’autre. Leurs regards se sont croisés… Et ce qui devait arriver arriva, ils se sont embrassés et ont fini la nuit ensemble… ne dormant que fort peu. Ils s’étaient depuis lors retrouvés régulièrement, jusqu’à décider d’emménager ensemble. D’où la discussion orageuse avec sa sœur. Cela lui fait de la peine. Certes, elles se sont déjà frittées à de nombreuses reprises, mais là elles ont fait fort. Elle espère que Lise va se calmer et accepter son choix, elle ne veut pas se brouiller avec sa jumelle.De son côté, Lise est ulcérée, comment Paula peut-elle être ainsi aveuglée au point de ne plus écouter ses avertissements ? En plus, elle ne lui avait même pas confié qu’elle le fréquentait depuis des mois. Ce garçon l’a ensorcelée, elle doit s’efforcer d’ouvrir les yeux à sa sœur, car elle non plus ne veut pas se brouiller avec sa jumelle. Il faut qu’elle se rende compte de son erreur. Elle ne sait trop comment faire. Bon, première chose : ne pas rester fâchées, avoir l’air d’accepter le choix de Paula.De fait dès le lendemain elle lui téléphone pour s’excuser de son attitude de la veille, en lui disant qu’elle avait eu tort et que si Jean-Marie était le garçon avec qui elle se sentait bien, elle n’avait pas à aller contre ses penchants.Paula est ravie du changement d’attitude de sa jumelle et celui-ci se confirme quand elle lui fait rencontrer l’élu de son cœur. Sa sœur lui fait bon accueil et ne se lance pas dans des diatribes. Elle est soulagée, surtout quand elle lui dit qu’elle le trouve séduisant avec son mètre quatre-vingt, son allure sportive et son visage avenant. Elle le serait moins si elle savait que Lise, malgré les apparences, n’a qu’une idée en tête : faire capoter son couple.Jean-Marie est lui moins optimiste. Il ne sait pourquoi, mais il sent qu’il y a quelque chose. Ce n’est pas l’apparence physique, car les deux sœurs se ressemblent beaucoup. Même taille, plus d’un mètre soixante-quinze, mêmes yeux noisette, mêmes rondeurs là où il faut. Les cheveux châtains de Lise sont plus longs que ceux de Paula. Cependant, sa manière de se tenir est différente, plus raide, sa manière de parler plus abrupte. Il a l’impression qu’elle en veut au monde entier, même lorsqu’elle se veut aimable.Le temps passe et rien ne se produit qui confirme ses craintes. Il finit par se dire qu’il se fait des illusions. Et puis, à un moment, l’attitude de Lise change, d’une attitude plutôt neutre avec le minimum de chaleur, elle passe à la franche cordialité et même plus. Elle essaye de le draguer. C’est le premier moyen qui lui est venu à l’esprit pour mettre la zizanie dans le couple. Elle n’obtient pas le succès qu’elle escompte. Au lieu de renoncer, elle s’obstine et se montre de plus en plus insistante, au point que sa sœur finit par être presque étonnée de son attitude trop amicale. Jean-Marie met les choses au point et s’abstient d’en parler à Paula, lui disant simplement que sa sœur finit par l’accepter et ne lui bat plus froid.Il espère que la jeune femme s’est fait une raison et admet sa relation avec Paula. Il se fait des illusions. Au contraire, elle est ulcérée de s’être fait envoyer dans les cordes. Elle cherche par quel autre moyen elle pourrait le décrédibiliser auprès de sa jumelle. Un moment, elle pense lui envoyer dans les pattes une copine, mais renonce, pensant que ce qui n’a pas marché avec elle a peu de chance de marcher avec une autre, surtout qu’il aura tendance à se méfier… En plus, les copines à qui elle peut demander ce genre de « service », elle n’en voit pas trop. Il faut trouver autre chose.Il y a une chose dont elle n’a pas consciente ou qu’elle ne veut pas s’avouer, c’est la jalousie qui s’insinue en elle de voir que sa sœur a trouvé quelqu’un qu’elle aime malgré leur différence au point de vouloir partager sa vie, alors qu’elle n’a jamais ressenti une telle complicité avec aucun des garçons qu’elle a fréquentés. Il y avait toujours un truc qui faisait que ça ne durait pas très longtemps.Elle se triture les méninges pendant des jours, tout en faisant bonne figure, quand l’idée lui vient. Sa sœur doit découvrir que son chéri n’est pas celui qu’il laisse voir. Pour ça, c’est simple, elle va planquer chez lui des tracs d’un groupuscule de fafs et des papiers laissant supposer que c’en est une des têtes pensantes. Elle réunit ou fabrique les documents et attend le moment propice.Celui-ci vient quand elle apprend que Jean-Marie doit s’absenter trois jours pour son travail. Comme elle habite non loin de la gare, elle invite les amoureux à déjeuner avant le départ du train. Elle s’arrange pour subtiliser les clefs du jeune homme. Après le départ de son chéri, Paula retourne travailler, elle a donc l’après-midi pour mettre son plan à exécution.Bien qu’elle n’ait été qu’une seule fois chez Jean-Marie – elle n’y tenait pas trop, même lorsqu’elle lui faisait du charme – elle a son idée où cacher les documents pour que sa sœur les trouve sans trop de difficulté. Elle les placera dans la bibliothèque derrière une rangée de livres, en s’arrangeant pour que celle-ci soit suffisamment décalée pour que cela se remarque. En voulant les remettre, elle trouvera le pot aux roses… Là , ça risque de bien barder et en ces moments difficiles elle sera au côté de sa sœur pour la soutenir.Elle fait attention à ne pas se faire remarquer dans l’immeuble. Elle arrive devant la porte et l’ouvre. Tiens, se dit-elle, ils n’ont même pas donné un tour de clef. Ils ont dû partir un peu vite. Elle préfère ne pas penser à ce qui a pu les mettre en retard, avant une séparation de plusieurs jours. Elle se dirige vers la bibliothèque. Elle va pour y pénétrer quand elle se trouve en face d’un homme, aux yeux et cheveux noirs, qu’elle ne connaît pas. Elle est tétanisée, lui aussi a l’air surpris un court instant avant de dire :— J’étais occupé. Je ne vous ai pas entendue sonner.— Heu…— La porte a dû mal s’enclencher. Vous avez bien fait d’entrer. Heureusement que l’agence m’avait prévenu que vous alliez venir, sinon j’aurais pu vous prendre pour une cambrioleuse. Mais je croyais que c’était demain.Elle se ressaisit. Son esprit tourne à toute vitesse… « Cambrioleuse », il ne faut pas qu’il la prenne pour une cambrioleuse et qu’il appelle la police. Avec son casier judiciaire, lié à des violences au cours de manifs, elle a écopé de plusieurs mois avec sursis. Si elle se fait arrêter pour cambriolage, là , elle n’échappera pas à la prison ferme. Elle pense un moment à fuir, mais elle a peu de chance d’échapper à l’homme, le temps de faire demi-tour et d’arriver à la porte, il pourra la rattraper sans problème. Quant à espérer se dégager s’il l’attrape, même pas en rêve, il doit bien mesurer au moins un mètre quatre-vingt-dix et a la carrure d’un rugbyman. Il a beau porter des lunettes, ce n’est pas le genre de gars à qui l’on marche sur les pieds en lui disant : « je l’ai fait exprès ». Elle pense un moment dire qu’elle est la sœur de Paula, mais comment après justifier sa venue, alors qu’elle sait que son « beau-frère » et sa sœur ne sont pas chez eux, et bien sûr elle, ne peut mentionner les clefs qu’elle a prises. Seule solution qui lui apparaisse : embrayer sur la mauvaise fermeture de la porte et dire qu’elle est bien envoyée par l’agence en priant pour que la personne n’arrive pas, mais bon, théoriquement, ce n’est que demain. Il faudra qu’elle s’arrange pour connaître le nom de l’agence pour annuler sa venue :— Comme j’ai eu un rendez-vous qui a été annulé à deux pas d’ici, je me suis dit que si vous étiez libre…— Vous avez bien fait. Venez, nous allons signer le contrat. Pouvez-vous me donner une pièce d’identité ?Elle n’avait pas pensé à ça. C’est la tuile, si ce mec connaît sa sœur, comme c’est probable, le nom va faire tilt. Elle pense brusquement à une carte qu’elle s’était fait établir avec le nom de sa mère il y a quelques années, à un moment où elle s’était engueulée avec son père. Sauvée ! Elle lui donne, il la prend.Il va s’installer devant un ordinateur, complète un formulaire et l’imprime. C’est le contrat, comportant les noms des deux partis et ouf, le nom de l’agence, l’Agence ParisModel, elle devra la contacter dès que possible pour que l’autre fille ne se pointe pas demain. Ils signent le contrat qui comporte même une grille tarifaire détaillée à laquelle elle prête aussi peu attention qu’au reste.— Une bonne chose de faite. Bon, au travail maintenant. Veuillez me suivre… heu… Lise, permettez-vous que je vous appelle Lise ?— Pas de problèmes.— Vous pouvez m’appeler Bernard. Bon, je vais vous faire voir ce que vous aurez à présenter.Il l’emmène par un long couloir vers une partie de l’appartement où elle n’était jamais allée et dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. Ils arrivent dans une pièce équipée de réflecteurs. Il farfouille dans un coin et en extrait un carton. Il l’ouvre et devant les yeux incrédules de Lise, il en sort tout un assortiment de godes et autres jouets sexuels.— Voilà . Je vous explique. Vous allez les tester en donnant vos impressions. Vous pouvez mettre vos affaires sur les portemanteaux.Lise reste figée, la bouche ouverte. Il la regarde, étonné :— Qu’y a-t-il ?— Ce… ce… n’est pas possible.— Pardon. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Si l’agence se met à envoyer n’importe qui, elle va m’entendre, et en plus vous avez signé.« Merde, j’aurais dû regarder le contrat de plus près », pense Lise. Elle se reprend. Une chose, il ne doit pas contacter l’agence qui sera bien étonnée que quelqu’un qu’elle ne connaît pas se présente en son nom. Les explications qui s’en suivront risquent d’être houleuses, et ce Bernard de devenir plus que soupçonneux, avec retour à la case flics, ou peut-être pire, sœur. Pourtant elle ne peut pas faire ça. Faire commerce de son image, de son corps même, c’est bon pour des filles qui n’ont aucune conscience. Et en plus, quelqu’un de sa connaissance finira par tomber dessus. Elle n’ose imaginer si ça se sait parmi les camarades. Elle qui a toujours condamné les filles décérébrées qui s’avilissent en acceptant de poser en sous-vêtements. Et là , ce n’est même pas pour des sous-vêtements… Une lueur lui vient qui va lui permettre d’échapper à cette bouffonnerie indécente :— Excusez-moi, je ne pensais pas qu’il y en avait autant. Cependant, je vous rappelle que mon visage ne doit pas apparaître.— L’agence ne m’a pas parlé de ça.— Elle a dû oublier.— Pff, et merde !— Je suis désolée, je les préviens et demain il vous envoie une personne qui vous donnera satisfaction.— Et puis zut, vous êtes là . Après tout, ce n’est pas vraiment un problème, quelques recadrages à faire, ce n’est pas la mer à boire. Alors, au boulot.Lise a le cœur qui se serre, elle a l’impression que les mâchoires d’un piège viennent de se refermer. Elle cherche désespérément une échappatoire, mais elle n’en voit pas. Un moment, elle pense dire qu’elle a ses règles, mais en ce cas, le sachant, pourquoi serait-elle venue pour ce genre de prestation ? L’homme ne la voyant pas bouger :— Allez, assez perdu de temps. Je prépare les appareils, pendant ce temps, déshabillez-vous !Comme dans un rêve, ou plutôt un cauchemar, elle va vers le coin de la pièce où il y a les portemanteaux et, la mort dans l’âme, commence à se déshabiller. Elle met du temps, beaucoup de temps, au point que l’homme, qui lui a fini de vérifier son matériel, la regarde avec impatience. Elle s’en rend compte et achève de se dévêtir prestement. Après tout, un peu plus tôt ou un peu plus tard, ça ne change rien. Une fois nue, elle reste les bras ballants. Il apprécie la plastique de la demoiselle. Plus d’un mètre soixante-quinze, les cheveux châtains encadrant un visage fin aux yeux noisette. Dommage de ne pas le voir sur les vidéos. Mais le reste est des plus photogéniques. Les seins de la taille d’un pamplemousse aux aréoles plutôt foncées et aux pointes un peu saillantes se tiennent fort bien sans l’aide d’un soutien-gorge. Une jolie chatte au buisson naturel et d’après ce qu’il a vu quand elle se déshabillait, un derrière bien rebondi.— Bon, venez vous asseoir sur la bergère.Elle y va. Un peu éblouie par l’éclairage, sa vision met quelques secondes à s’adapter. Bernard lui tend un flacon.— C’est du lubrifiant. Vous allez le tester et donner vos impressions quant à sa texture, sa fluidité, son pouvoir couvrant, son odeur… etc. Pour les sex-toys, avant les essais, il faut que vous donniez les renseignements pratiques : taille, matières, s’il faut des piles, enfin vous voyez. Vous trouverez ça sur les emballages.Elle le prend, se retenant de faire une grimace, l’ouvre, s’en verse sur les doigts, et d’une voix mal assurée commence à faire les commentaires demandés. Quand elle a fini. Il l’encourage :— Bon, c’est pas mal, mais n’hésitez pas à vous montrer plus diserte et à utiliser des termes un peu crus, mais avec modération, il ne faut pas que ce soit vulgaire. Vous voyez, le genre BCBG, mais un peu salope. Allez vous laver les mains, il y a d’autres lubrifiants à tester. La salle de bain est là .Du doigt, il désigne une porte. Elle se lève et y va. Ce qui lui permet à nouveau d’admirer sa chute de reins. À son retour, il lui donne un autre tube, elle recommence, n’hésitant pas à dire pourquoi elle préfère l’échantillon précédent. Après un cinquième lavage de main. Quand elle se réinstalle, ce n’est plus du lubrifiant qu’il lui donne, mais un gode. Elle s’en empare comme si c’était une grenade dégoupillée, bien que pour le premier, il lui ait donné un gode de taille modeste. Elle lit les renseignements demandés avant d’ouvrir l’emballage et de tester l’objet en commentant.Après près de trois heures, Lise, malgré les pauses pour se rafraîchir dans la salle de bain, est fébrile. Elle a testé une vingtaine de godes en matières diverses, de tailles variées, du plus basique au plus vibrant avec télécommande, du plus rigide au plus souple. S’il a commencé par lui donner un objet que l’on pourrait qualifier de « poche ou de sac à main », les tailles sont allées crescendo. Le dernier mesure un peu plus de vingt centimètres de long pour un diamètre de six. Elle se l’est enfoncé sans sourciller et s’est bien ramonée. Il faut avouer que depuis le cinq ou sixième, la sensualité de la demoiselle s’est réveillée et, malgré les circonstances, malgré le témoin, elle apprécie de plus en plus l’exercice. Au point qu’à un moment elle s’est exclamée au sujet d’un olisbos dont la ventouse ne tenait pas :— Il est nul ce truc, on ne peut même pas se l’enfiler correctement. Toujours à foutre le camp.Après une nouvelle pause, il lui tend un nouvel emballage, dont la taille largement plus réduite que le XL précédent la surprend. Elle lit :— Plug d’initiation anale.Elle comprend alors pourquoi le crescendo ne s’est pas poursuivi. Si un gros calibre ne l’impressionnait plus trop, en revanche, le mot anal… Elle a toujours refusé cette pratique. Malgré tout, elle ne marque même pas d’hésitation. Elle a basculé dans une dimension où les grands principes sont moins avérés et où les certitudes sont moins certaines. Elle oint l’objet et sa raie du lubrifiant qu’elle a le plus apprécié. Elle commence à se titiller la rosette. La sensation n’est pas désagréable. Après plusieurs minutes, elle commence à s’enfoncer doucement le plug. Son anus s’ouvre pour accueillir l’objet et finit par l’absorber complètement.Elle n’hésite pas après cette première expérience à prendre le second plug explicitement destiné à la même voie, mais d’un calibre supérieur, que lui tend Bernard. Elle recommence les mêmes gestes, l’intromission est plus délicate, mais elle poursuit et lâche d’une voix presque triomphante, au moment où elle absorbe complètement le plug :— Ça y est ! j’ai tout dans le cul.Les trois jouets suivants sont des godes doubles qui ne lui posent guère de problèmes. Quand en lui donnant le troisième, il lui annonce que c’est le dernier, le soulagement que tout cela finisse, que cette absurdité cesse, se dispute à un certain dépit tant elle est chaude. Tandis qu’il calcule le montant de son cachet, le passage sous la douche calme un peu ses ardeurs. Elle commence à se rhabiller quand il l’arrête :— Une dernière chose que j’avais oubliée…Il lui tend deux boules de geisha. Elle hésite une fraction de seconde. Elle craint qu’un refus n’entraîne des discussions oiseuses et la retarde, l’heure ayant tourné, il n’est pas impossible que sa sœur finisse par rentrer et elle ne tient vraiment pas à la croiser. Ce serait la cerise sur le gâteau.Elle les prend donc et se les enfile. Elle commence ses commentaires. Il l’interrompt :— Il vaut mieux voir ça dans la durée. Emmenez-les, vous me donnerez vos impressions plus tard. Mon téléphone est dans l’enveloppe avec le chèque. Je vais m’atteler au recadrage pour que votre visage n’apparaisse pas. D’ailleurs, vous me rappelez quelqu’un, mais je ne mets pas le doigt sur qui, à moins que je ne vous aie déjà croisée ? Je vous remercie et vous souhaite une bonne fin de journée.Comme elle va pour retirer ce qui occupe son minou :— Laissez-les où elles sont. Comme ça, vous pourrez analyser vos sensations pendant votre déplacement.Elle les laisse en place et finit de s’habiller prestement. Elle préfère partir rapidement… avant qu’il ne s’interroge trop sur où il l’a croisée. Il doit connaître sa sœur, puisqu’il se conduit ici comme chez lui. Heureusement qu’elle porte les cheveux longs contrairement à Paula. Elle s’est d’ailleurs arrangée pour qu’ils lui cachent le visage le plus possible. De plus, elle porte des lunettes à la place de ses verres de contact. Dieu merci, elle ne les a pas mis ce matin. Si ce bonhomme vient là souvent, il faudra qu’elle évite de venir. Elle ne tient pas à se retrouver face à lui. D’ailleurs, elle va se faire couper sa tignasse, et adopter une coiffure proche de celle de Paula.Il la reconduit vers la sortie. Dans le couloir, elle s’arrange pour faire tomber son porte-monnaie, alors qu’ils se baissent pour ramasser les pièces éparpillées, elle en profite pour glisser le trousseau au pied d’une commode. Ainsi, Jean-Marie pensera qu’elles sont tombées. Elle n’est pas mécontente de son stratagème.Ses angoisses, en partie dissipées, elle s’en va d’un cœur plus léger. Le montant du chèque y participe aussi, même si la manière dont elle a gagné cet argent est quelque peu en contradiction avec ses convictions affichées. Enfin, à quelque chose malheur est bon. Il y a une autre chose de bonne, ce sont les deux boules qui vibrent à chacun de ses pas, et ça aussi aide à son optimisme. Elle n’oublie pas de téléphoner à l’agence pour éviter la venue du modèle prévue.Dès le lendemain, préférant s’en débarrasser le plus vite possible, elle appelle pour donner son commentaire sur les boules de geisha. Elle s’y montre positive et même emballée.Elle essaye de se renseigner auprès de Paula sur ce Bernard. Elle commence par parler de l’appartement, de fil en aiguille, sa sœur finit par lui expliquer :— Avant il y avait deux appartements à l’étage et l’arrière-grand-père de Jean-Marie, qui était médecin, les a réunis par un couloir en prenant sur certaines chambres. Aujourd’hui, Jean-Marie possède l’un des deux et son cousin Bernard, l’autre.— Il est comment ce Bernard ?— C’est comme un frère pour Jean-Marie. J’avoue que la première fois que je l’ai vu, avec sa taille, sa carrure, la barbe et les cheveux hirsutes qu’il avait à l’époque, il m’avait presque fait peur. Après cinq minutes, je me suis rendu compte que c’était vraiment un chic type.— Et qu’est-ce qu’il fait, ce chic type ?— C’est une tête, il est chimiste. Il a mis au point des trucs, je ne saurais pas te donner des détails, et visiblement, ça lui rapporte pas mal, rien qu’avec ça il n’a pas à s’inquiéter pour son avenir. Maintenant, il s’intéresse aussi à l’informatique et là aussi il a des idées.— Et à part le boulot comment est-il ?— Il s’intéresse à plein de choses, l’histoire, l’art, la musique, la botanique… Il est presque capable de parler de n’importe quoi. C’est un mordu de photo. De temps en temps, il aide même des copains à faire des catalogues, pour leur éviter des frais. Il y a quelques semaines, il a même fait ça pour un de ses amis qui a ouvert un site pour des godes. Il y en avait toute une collection à la maison.En entendant ça, Lise se sent mal à l’aise, elle espère que sa sœur ne va pas s’apercevoir de son trouble. Aussi enchaîne-t-elle rapidement :— Et avec sa femme, ou sa copine, tu t’entends bien ?— Sa femme, je ne l’ai pas connue.— Je vois, trop casse-pied, l’intello. Elle a préféré se tailler.— Oh non, c’était plus d’un an et demi avant que je rencontre Jean-Marie, sa femme a été renversée par un chauffard. Elle a mis deux semaines avant de mourir. Et elle était enceinte. Lorsque je l’ai rencontré, il était encore la tête dans le sac, mais aujourd’hui il va mieux, même s’il a encore de gros coups de blues. Tout le monde s’y est mis pour lui faire reprendre le dessus et ça a pris presque trois ans.Lise s’abstient de poursuivre et passe à d’autres sujets, pour ne pas avoir trop l’air de faire subir à sa sœur un interrogatoire sur quelqu’un qu’elle n’est pas censée connaître.Des semaines passent. Cet après-midi finit par n’être plus qu’un souvenir dérangeant, à cause de l’ambiguïté des sentiments qui y sont associés. D’un côté, l’impression d’abaissement et de presque humiliation, et de l’autre le trouble du plaisir ressenti. Enfin, la vie a repris son cours normal. Elle se fait une raison quant à la relation de sa sœur avec Jean-Marie, mais elle se sent un peu déprimée.Pour se changer les idées et revoir quelques anciens copains de fac qui y sont annoncés, elle accepte de venir avec sa sœur à une soirée. Après une discussion animée, avec elle, les discussions sont souvent animées, elle va se chercher un rafraîchissement. Alors qu’elle finit de se servir, on la salue :Elle retourne :Le mot s’étrangle dans sa gorge. Elle est face au cousin de Jean-Marie. Elle est tétanisée et devient rouge. C’est bien sûr ce moment que choisit Paula pour arriver :— Lise, je te présente Bernard, le cousin de Jean-Marie, tu te rappelles, je t’en avais parlé. Bernard, je te présente ma sœur jumelle, Lise.— Nous nous sommes déjà croisés, il y a quelques semaines, mais sans présentations officielles.— Ah, et où ça ?Lise voudrait être à cent lieues de là ou disparaître sous terre. Ce qu’elle redoutait arrive. Il l’a reconnue, et en plus, il y a sa sœur. Non, elle ne voudrait pas seulement disparaître, elle voudrait mourir, tomber là d’un coup d’une crise d’apoplexie.— À la maison. Elle passait devant l’immeuble et s’est dit qu’elle allait te voir, mais tu n’étais pas là .— Tu ne m’as rien dit.— Elle m’a dit qu’il n’y avait rien d’urgent et qu’elle allait te téléphoner.— Bon, je vous laisse, voilà Jean-Marie qui arrive.Lise est comme une noyée qui vient in extremis d’être sortie de l’eau. Le miracle. Il n’a rien dit. Elle murmure :Il sourit et la prend gentiment par le bras :— Viens t’asseoir, j’ai eu l’impression que tu allais me faire une syncope, et puis nous serons plus à l’aise pour causer.— De quoi ?— Si toutes mes déductions sont bonnes… ils s’assoient dans un coin plus calme et il reprend… quand nous nous sommes retrouvés face à face dans l’appartement, je t’ai tout de suite reconnue comme la sœur de Paula, mais tu avais l’air tellement bizarre et mal à l’aise que ça m’a paru étrange. Pour en avoir le cœur net, j’ai improvisé et ai parlé de l’agence, tu es rentrée dans le jeu. Je ne comprenais pas, tu te serais présentée tout simplement et c’était fini.— Vous sav…— Tu peux me tutoyer— Tu savais dès le départ qui j’étais.— Oui. C’est ton attitude que je ne comprenais pas. Alors, puisque tu entrais dans mon jeu, j’allais le poursuivre. C’est alors que j’ai pensé aux cartons de gode que Pierre m’avait confié pour son catalogue. Et malgré tes réticences évidentes, tu as accepté de les tester. Là , je me suis dit qu’il y avait vraiment quelque chose de pas clair, surtout connaissant tes opinions tranchées dont Jean-Marie m’avait parlées.— Tu savais… tu as toujours su !— Oui. Alors j’ai voulu savoir pourquoi, et profitant d’un de tes passages sans la salle de bain, j’ai regardé les papiers dans ton sac.— Tu as fouillé mon sac.— Je n’ai pas eu besoin de fouiller, ils dépassaient, avec le logo bien visible. En les voyant, je n’ai pas compris que tu sois en possession de ce genre de littérature. Et puis, il m’est venu une idée, tu voulais les dissimuler pour que Paula les trouve et pense que c’était à Jean-Marie pour qu’ils se séparent. J’ai bien deviné ?— …— Allez, tu peux me le dire, je ne leur répéterai pas.Au comble de la confusion, et se rendant compte que son attitude pouvait apparaître stupide et mesquine, elle bredouille :— Oui.— Pourquoi veux-tu jeter la discorde dans leur couple ?Au point où elle en est, elle n’a plus rien à lui cacher :— Parce que je pense qu’il la détourne de tout ce qui est important. Qu’elle va virer social-libéral et même gauche caviar.— Et quand bien même, c’est un crime ? Cela justifie-t-il de la rendre malheureuse ? Et tu ne t’es pas rendu compte que si elle s’en apercevait tu risquais que ce soit avec toi qu’elle se brouille ? Et là , c’est toutes les deux que vous auriez été malheureuses.Lise se sent perdue. D’entendre quelqu’un le dire, elle entrevoit un peu l’absurdité de son attitude.— C’était pour moi une trahison.— Qu’a-t-elle trahi ?— …— Tout cela est bien triste. Et pour de simples présomptions, tu lui fais un procès. Et quand bien même, je te plains, car tu devais être bien malheureuse.Il la plaint ; elle n’en croit pas ses oreilles, et il est indubitablement sincère. Il enchaîne :— Je te plains doublement. D’abord pour ce que tu as voulu faire à ta sœur et ensuite pour avoir accepté la séance de tests. Ça n’a pas dû être facile à digérer. Surtout que tu y pris un certain plaisir…— Je n’ai jamais…— Ne mens pas ! Soit honnête !Elle baisse la tête et en convient.— Oui, c’est vrai, j’ai fini… j’ai fini par apprécier… et… de faire ça devant quelqu’un que je ne connaissais pas ajoutait à mon trouble… Et c’est vrai que depuis je ne sais plus trop où j’en suis.Ce n’est pas qu’une figure de style, mais d’avoir parlé à cet homme qui ne l’a pas dénoncée et qui la plaint plutôt que de la condamner, la soulage d’une certaine manière. De devoir garder ça pour elle lui pesait. Il sourit de nouveau :— Pour tourner la page définitivement, il te faut… comment dire… une sorte d’expiation, et ce sera de danser toute la soirée avec un affreux réac. Allez, en piste…Il lui prend la main et l’entraîne vers la pièce où l’on danse. Elle tente :— Je ne suis pas bonne danseuse.— Eh bien, ce sera l’occasion de te perfectionner.Il est plutôt bon professeur. Elle qui jusque-là goûtait modérément la danse se met à l’apprécier davantage. Au cours d’une pause, elle demande :— Pourquoi as-tu dit que tu étais un affreux réac ?— Parce que je suis royaliste.— Royaliste ! Mais ça n’existe plus.— La preuve que si.— Comment peut-on être royaliste de nos jours ?— Grâce à un prof d’histoire.— Il était royaliste.— Oh, pas du tout ! Il était, comment dire, à gauche toute ! Il nous vantait la grande, la belle, la magnifique RÉVOLUTION, mais c’était trop. Ça a fini par m’agacer, alors j’ai été regarder plus loin que son enseignement. Je me suis rendu compte que c’était une préfiguration des dictatures modernes. Des grands principes généreux que l’on s’empresse de violer pour conserver le pouvoir, et qu’après avoir massacré les opposants, on se massacrait entre soi. J’ai fini par me poser une question, quand aurais-je préféré vivre… en 1783 sous Louis XVI, malgré les inégalités, ou en 1793 sous Robespierre et la Convention, ou en 1813 sous Napoléon et ses guerres ? J’ai trouvé que sous Louis XVI, c’était plutôt mieux et que la Grande Révolution avait beaucoup de zones d’ombre d’où dégoulinait pas mal de sang.— Mais tous les progrès qu’elle a apportés…— Je ne nie pas qu’il y ait eu des progrès, que les lois soient les mêmes partout en France, l’uniformisation des poids et mesures, la disparition de la société d’ordre, des corporations, avec en contrepartie un sacré bémol, l’interdiction des syndicats, l’égalité au moins théorique. Dans le cas des protestants, par exemple, l’Édit de tolérance du 29 novembre 1787. Tout cela, la Monarchie y avançait à petits pas, elle prenait son temps. Quant à la Liberté, on sait ce que la Révolution en a fait… la liberté pour ceux qui pensent comme moi. Je sais que la République a bien changé depuis, mais pour moi, elle est une imposture.— Comment peut-on être pour une société inégalitaire ?— Toutes les sociétés le sont et être royaliste n’implique pas que l’on n’ait pas la fibre sociale. C’est sur un autre plan. Allez, on ne va pas se lancer dans une discussion philosophico-politique, la danse nous attend !Ils repartent. Il y en a deux qui sont étonnés, ce sont Jean-Marie et Paula, cette dernière remarque :— Tu as vu, Bernard et Lise ne se quittent pas. Et en plus, elle n’arrête pas de danser.— J’avoue que ça m’étonne, j’aurais plutôt cru qu’ils seraient comme chien et chat. Mais non, ils ne s’envoient pas la vaisselle à la tête.— Moi non plus, je n’aurais jamais pensé qu’ils échangent plus de trois mots sans en venir aux mains. Ils ont tous les deux un caractère et des convictions bien affirmés.— Remercions la providence, il vaut mieux que ça se passe ainsi plutôt que d’avoir à essuyer le sang sur les murs.Les danseurs ne se doutent aucunement de l’étonnement qu’ils suscitent. La soirée s’avance et vient le moment des slows. Lise et Bernard commencent ceux-ci en se tenant à distance respectueuse, mais au fil des morceaux ils se serrent de plus en plus et finissent enlacés.Malgré qu’elle représente tout ce qu’il déteste avec sa grande gueule, son intransigeance, ses œillères, sa violence même, dont lui a parlé Jean-Marie et même un peu Paula, il la trouve attendrissante avec son armure qui se fissure et les doutes qui lui viennent. Cela le perturbe aussi, alors qu’il l’avait classée dans la catégorie infréquentable.De fait, Lise aussi est perturbée par les derniers événements et paradoxalement, se serrer contre Bernard l’apaise. Pourtant il l’a humiliée en lui faisant s’enfiler des godes pendant plusieurs heures et commenter en plus. Cela lui fait penser :— Est-ce que les vidéos… ?— Non. Rassure-toi, elles n’ont pas servi à illustrer le site de mon copain, il n’y a que ce qui était prévu des photos montrant les godes seuls. Quoique je pense qu’il aurait été preneur.— Mais la modèle, pourquoi la faisais-tu venir ?— Pour une présentation de bijoux. D’ailleurs, elle est bien venue, l’agence m’ayant téléphoné pour confirmation de l’annulation.— Et le chèque que tu m’as fait ?— Eh bien ?— Alors, c’est toi qui m’as payée de ta poche.— Tu avais fait le travail, il était normal que tu sois rémunérée, même s’il n’y a pas de diffusion à la clef, même si les circonstances étaient particulières. Et ne t’inquiète pas, mon compte n’a pas viré au rouge vif quand tu l’as encaissé.Lise se sent gênée à ce rappel. Elle aurait dû détruire ce chèque qui représentait la marchandisation du corps de la femme et quasi son avilissement. Certes, elle s’était donné bonne conscience en disant que ne pas le toucher aurait paru bizarre, mais au fond d’elle-même, elle doit bien s’avouer que la vue du montant du chèque avait été plutôt plaisante. Elle n’ajoute rien et recale sa tête au creux de l’épaule de son cavalier.Une danse finit. Elle lève la tête, il lui sourit. Une autre commence. Elle a une impulsion. Serrée contre lui, elle ne manque pas de remarquer l’effet qu’elle lui fait, et réciproquement. Une douce chaleur irradie son bas-ventre. Elle l’embrasse. Instantanément, il répond au baiser qui s’accorde au désir qu’il a lui-même. De la sentir abandonnée contre lui l’a ému plus qu’il ne pensait. Il repense au couple, maintenant disparu, qui dès le premier slow s’était embrassé et dont monsieur caressait allègrement la croupe de madame. Il est tenté de l’imiter, mais n’ose pas. Il a tort. Lise y songe et n’aurait rien contre. Elle aussi avait remarqué le manège et elle oublie que sur le moment, elle s’était demandé comment une fille pouvait accepter de se faire mettre la main aux fesses comme ça en public. Surtout que le gars avait fini par passer la main sous la jupe et Lise avait nettement vu que la demoiselle ne portait pas de culotte. Elle avait alors pensé que pour se conduire ainsi ce devait être une sacrée salope. Présentement, son jugement est moins abrupt.Bon comme Bernard n’a pas l’air de se montrer plus entreprenant que lui caresser la nuque, elle lui dit :— Je reviens tout de suite. Ne te sauve pas !Avant qu’il ait pu répondre qu’il n’en a aucunement l’intention, elle s’est déjà éloignée. Arrivée aux toilettes, pas de chance, elles sont occupées et, visiblement, deux personnes attendent leur tour. Qu’à cela ne tienne ! Elle va dans un coin, s’assure que personne ne fait attention à elle, passe les mains sous sa robe et, d’un geste rapide, retire son slip dont elle fait une boule. Puis elle repart au pas de charge rejoindre Bernard. Elle l’enlace et lui glisse à l’oreille :— Je mets ma culotte dans ta poche.Il est étonné, mais veut bien être damné si ce n’est pas une invitation explicite. Il laisse glisser sa main des reins vers la croupe de Lise. Il ne sera pas damné. Sa cavalière ne lui envoie aucune gifle ni ne fait de remarques acides.Si elle n’avait pas vu le baiser, le départ précipité de Lise n’a pas échappé à sa sœur. Elle se dit que pour qu’elle parte ainsi, sans qu’il essaye de la retenir, il a dû se passer quelque chose. Le clash qu’elle subodorait a fini par arriver. Pourtant les choses avaient l’air de se passer au mieux, même si ça l’étonnait. Elle la suit pour parler avec elle, quand elle se rend compte qu’elle se rend vers les toilettes. « Ah ce n’est qu’une petite envie pressante, ce n’est rien », pense-t-elle. En la voyant faire demi-tour, elle révise son jugement, peut-être qu’après tout Lise va avoir besoin de parler. Elle n’en croit pas ses yeux en la voyant se mettre dans un coin pour retirer sa culotte, puis rejoindre Bernard pour l’y glisser dans sa poche.Il faut qu’elle raconte ça à Jean-Marie. Elle l’arrache de sa conversation et lui narre ce qu’elle vient de voir. Il est incrédule :— Ce n’est pas possible ! Tu as mal vu…— Si, regarde, on voit même un bout de son slip qui dépasse de la poche… Et regarde où ton cousin met la main.— C’est indubitable : il lui pelote le cul.— Je n’aurais jamais cru voir un jour ma sœur se faire mettre la main aux fesses sans qu’elle monte sur ses grands chevaux !— Vise un peu. Il lui passe la main sous sa robe et elle ne moufte toujours pas.— Tiens, tu vois qu’elle n’a pas de culotte !— Pardon, qu’elle n’a plus de culotte. D’un autre côté, c’est normal qu’elle ne proteste pas puisqu’elle a préparé le terrain. Je crois que c’est bien parti pour que ta sœur se fasse baiser cette nuit.— Après huit mois sans copain, ça va lui faire du bien. Elle me lâchera un peu les baskets… Enfin, j’espère.— Waouh ! Huit mois ! Je comprends maintenant que son humeur soit plutôt acariâtre. Si elle est comme sa sœur…— Hé, espèce de macho ! Qu’est-ce que tu sous-entends par là  ?— Simplement que les jeux de l’amour améliorent le moral, et donc l’humeur, comme NOUS pouvons en témoigner.— Tu n’as pas tort, lui répond-elle en lui donnant un baiser. Et si on allait se remonter le moral… Oh, regarde, il lui fait sucer ses doigts ! Je suis prête à parier que ma sœur doit mouiller un max. Et si on poussait à la roue.— Que veux-tu dire ?— Eh bien, il commence à se faire tard, elle habite loin, on va lui proposer de dormir à la maison, mais comme ton frère et sa femme ont trop bu pour conduire et qu’ils doivent eux aussi coucher à la maison, Lise devra aller sur le canapé chez Bernard.— Voilà une bonne idée.— Allez ! On sonne le rappel des troupes.Quinze minutes plus tard, tout ce beau monde est tassé dans la voiture. Pierre, le frère, a pris sa femme Véronique sur ses genoux. Il a les mains baladeuses, ce qui fait beaucoup glousser madame. Les deux sœurs sont à l’arrière avec le couple, silencieuses. Paula s’abstient de tout commentaire et Lise a l’esprit à autre chose que de faire la causette avec sa sœur. Jean-Marie qui a lui aussi un peu bu a cédé le volant à son cousin qui n’a carburé qu’à l’eau gazeuse et au jus de fruits.Inutile de dire que Bernard et Lise ont trouvé excellente la proposition de Jean-Marie et Paula. Ce qui d’ailleurs a fait bien sourire intérieurement ces derniers. Il ne fait guère de doute que le canapé sera peu utilisé, sauf si Bernard y couche aussi.Si Bernard et Lise ont des idées coquines, les deux autres couples n’ont rien à leur envier. Pierre et Véronique, bien qu’ils soient un peu pompettes, ou peut-être parce qu’ils le sont, envisagent avec enthousiasme de poursuivre les jeux de mains du trajet. Paula et Jean-Marie sont toujours décidés à améliorer leur moral, mais indubitablement le couple le plus motivé est celui le plus récemment formé.Bernard conduit son invitée vers la salle de bain où après un striptease express elle l’aide à finir de se dévêtir. Si Lise découvre Bernard, lui en revanche a déjà une connaissance approfondie de son anatomie. Elle le trouve musclé, mais sans excès, les bodybuildés, ce n’est pas son truc. Ils se savonnent réciproquement. Même si en dansant elle avait pu se faire une idée, elle constate que la nature l’a plutôt pas mal pourvu, dans la moyenne supérieure entre seize et dix-sept centimètres à vue de nez, mais en revanche, il lui paraît épais, c’est plus difficile à évaluer, peut-être cinq ou six centimètres de diamètre.Il l’entraîne vers la chambre. Un long baiser ouvre les « hostilités » tandis que les mains continuent leurs explorations en des caresses enfiévrées. Quand leurs lèvres se séparent, il continue à l’embrasser, dans le cou, sur les épaules, les seins qu’il suce, pince des lèvres et mordille même un peu. Les tétons durcissent et se dressent. Satisfait du résultat, il poursuit en lui bécotant le ventre. Il arrive ensuite à sa toison qu’il survole pour arriver aux trésors qu’elle protège. Il écarte délicatement les lèvres de la langue et débusque le bouton de la belle qui pousse un profond soupir en écartant un peu plus les cuisses. Elle est sur un petit nuage. Son plaisir monte, mais il ralentit et fait retomber un peu la pression, avant de la faire repartir et ainsi à plusieurs reprises. Elle ne sait combien de temps dure ce délicieux tourment. Puis, brusquement, il insiste et c’est l’explosion. Agitée de frissons, elle se cambre en gémissant. Il lève la tête pour la regarder prendre son plaisir. Le corps de Lise se détend.Elle met quelques dizaines de secondes à revenir sur terre. Elle se redresse alors, attire Bernard et l’embrasse avant de se blottir contre lui. En sentant contre sa cuisse la raideur de son compagnon, elle songe que si lui s’est occupé d’elle et fort bien, elle n’a pas été très active. Elle se met à l’embrasser dans le cou, sur la poitrine, lui caresse le sexe. Elle ne va pas se contenter de le branler. Bien qu’elle ait la bouche à quelques centimètres, elle se recule. Sucer, elle n’aime pas trop. Elle lui demande :— Où j’ai laissé mon sac ?— Dans l’entrée. Pourquoi ?— Au moment de partir, j’ai vu une fille que je connais, je suis allée lui demander des préservatifs. Je savais qu’elle en a toujours avec elle.Ce qu’elle s’abstient d’évoquer, c’est le certain dédain qu’elle ressentait pour celle-ci et la gêne qu’elle a ressentie en lui demandant, accentuée par le sourire malicieux de la fille en lui tendant les sachets, complété par un : « Ton cavalier, il a l’air canon. Tu devrais bien t’amuser. » Lui aussi sourit en pensant que Lise est plus prévoyante que lui. Pourtant, la poursuite de cette soirée commencée sous de si bons auspices ne laissait guère de doute. Il se résignait à des jeux de mains et de langue qui peuvent être, ma foi, fort plaisants. À sa décharge, lui ne connaissait personne qui se trimbale en permanence avec des préservatifs.Elle bondit sur ses pieds et fonce dans l’entrée. Heureusement qu’ils sont passés par l’entrée de Bernard. Elle se voyait mal traverser à poil la partie de l’appart où sont Paula, Jean-Marie, Véronique et Pierre, pour rejoindre l’autre. De retour, elle s’applique à chapeauter le membre de son bientôt amant. Elle va pour l’enjamber. Il l’arrête :— Mets-toi à quatre pattes.Cette position la rebute quelque peu. Elle la trouve un peu trop bestiale et presque avilissante. Bien que la voyant réticente, quelque chose lui souffle qu’il insiste :— Allez !— Je n’ai…— Tss-tss. Allez ! On ne discute pas en position.Elle le regarde, l’œil brouillé, et comme au ralenti, se met en position.— Voilà … Bon, maintenant, écarte les cuisses… Bien ! Cambre-toi… Allez, mieux que ça !Elle obéit et pourtant, elle ne se reconnaît plus. Comment peut-elle accepter de se faire ainsi houspiller ? Mais pour rien au monde, elle ne voudrait que cela cesse. Elle en ressent du plaisir. Du plaisir trouble, mais du plaisir.Il dépose un baiser sur ses reins. Délicatement, il les caresse, puis flatte ses fesses avant d’aventurer sa main dans la vallée glissante et d’égarer un doigt dans la fente. Elle tend encore plus la croupe. Il la saisit par les hanches et son sexe envahit celui de Lise. Celle-ci apprécie la lente progression. Il prend son temps avant qu’elle ne l’accueille entièrement. Il repart dans l’autre sens tout aussi posément et recommence. Au bout de quelque temps, elle aimerait bien un peu plus d’entrain, mais il continue le sien de sénateur.— Un peu plus vite ! demande-t-elle.Certes, il accélère, mais cela ne la satisfait pas entièrement, car il mesure ses mouvements.— Plus fort.— Tu veux que je te bourre ?Lise est presque offusquée et ne répond rien :— Alors, qu’est-ce que tu veux ?Elle ne répond toujours pas, mais tend les fesses un peu plus. Il insiste :Elle se sent mortifiée en s’entendant dire :— Vas-y !— Vas-y, quoi ?— Vas-y, bourre-moi !— Qu’est-ce qu’une jeune fille bien élevée dit lorsqu’elle demande quelque chose ?Elle n’en croit pas ses oreilles. Un frisson la parcourt. L’indignation y est pour peu de choses, mais une excitation confuse, oui. L’esprit en ébullition, elle répond :— Bourre-moi… S’il te plaît.— C’est demandé si gentiment.En le disant, il affermit sa prise sur les hanches de la jeune femme et lui donne un grand coup de queue qui la projette en avant. Elle ne s’attendait pas à une telle impétuosité. Elle en a le souffle coupé. Pourtant elle ne s’insurge pas, cela répond trop au désir qu’elle a de se faire ramoner. Elle est servie ! Il la ramone d’abondance. Rapidement, elle prend son pied. Bien qu’il s’en aperçoive, il poursuit et la demoiselle répond. Comme il se vide dans la capote, elle prend son plaisir une nouvelle fois en le manifestant assez bruyamment.Après ces exercices et un bref passage par la salle de bain, ils s’endorment enlacés. Elle est trop fatiguée et repue de plaisir pour se poser des questions existentielles. Il est assez tard quand le téléphone la réveille. C’est Paula qui l’appelle :— Debout paresseuse. Viens avec Bernard prendre le petit-déj.Encore à moitié endormie, elle répond :— Il n’est plus dans le lit. Je ne sais pas où…Elle s’interrompt brusquement en réalisant qu’elle vient de dire à sa sœur qu’elle est dans le lit de Bernard. Paula se retient de rire :— Tu ne devrais pas avoir de mal à le trouver. On vous attend.Elle se lève, quand une voix retentit :— Bonjour. As-tu bien dormi ?— Bonjour. Un peu court, mais je ne le regrette pas.Ils s’embrassent longuement.— Un jour qui commence ainsi ne peut pas être un mauvais jour.— C’est vrai. Paula et ton cousin nous attendent pour le petit-déj.Elle commence à chercher ses affaires qu’elle a dispersées aux quatre coins de la chambre en se déshabillant. Elle tente de récupérer son soutien-gorge sous un fauteuil quand la voix de Bernard retentit :— Tu as vraiment un beau cul.Elle se retourne d’un bloc et va pour se lever.— Remets-toi comme tu étais, que je puisse encore l’admirer.Une partie d’elle va pour se rebeller contre cet ordre, mais une autre la fait obéir avec un frisson de plaisir.— Pour un beau cul, c’est vraiment un beau cul. Écarte un peu plus que je vois ta chatte.Elle écarte… beaucoup plus.— Ta chatte n’a vraiment rien à lui envier et tu peux me croire. Je la connais bien ta chatte depuis que je t’ai filmée à t’y enfiler des godes tout un après-midi.Elle n’aime pas trop qu’il lui rappelle cet épisode peu glorieux. Elle préfère changer de sujet :— N’oublie pas qu’on nous attend, dit-elle en se redressant.Il lui appuie sur la nuque :— Il n’y a pas le feu au lac. Même si je la connais, je ne me lasse pas de la regarder.Docilement, elle se remet en position. Il lui caresse la nuque, le dos, les fesses, avant de frôler sa fente. Elle frémit, il insiste, puis lui fait voir ses doigts gluants :— Tu démarres au quart de tour. La preuve : regarde ! Au fait, après combien de godes as-tu apprécié l’exercice ?— Je n’ai pas…— N’oublie pas, j’étais là .Lise est au comble de la confusion, mais elle éprouve un certain plaisir à se faire ainsi pousser dans ses retranchements :— Je ne sais pas exactement. Dès le début, j’ai été troublée, mais ce n’est qu’à partir du quatre ou cinquième que c’est devenu bon.— Maintenant que nous avons été présentés, il faudra que je te fasse voir.Point n’est besoin à Lise de plus de précision. Elle sait de quoi il s’agit. Elle en rosit de confusion. Ce qui ne l’empêche pas de dire :— Quand tu veux, je suis curieuse de voir ça.— Ça en vaut la peine. Ce soir si tu veux.— Ce soir, alors.Il l’aide à se relever. Il hésite un instant, l’air sérieux :— Écoute, Lise, je sais que c’est rapide, mais j’aimerais que tu viennes habiter avec moi. Je sens que malgré toutes nos différences, nous sommes destinés l’un à l’autre.Lise ne s’attendait aucunement à cette demande. Elle le regarde intensément. Son regard se voile un peu. Elle se racle la gorge :— Moi aussi, je le sens. Nous irons chercher mes affaires cet après-midi.Ils s’embrassent à nouveau longuement.— Je… je t’aime.— Je t’aime aussi.Lise se rend compte qu’elle n’a jamais dit cela à un homme avec une telle sincérité. Elle le disait jusqu’à présent presque par convention, un comble pour elle. Pourtant, elle le connaît à peine, pourtant, il brouille tous ses schémas, elle accepte de lui ce qu’elle n’aurait jamais pensé tolérer et malgré cela, rien ne l’a jamais rendue plus heureuse que cette demande.Bernard de son côté est tout aussi troublé. Seule sa femme l’avait jusqu’à présent ainsi chamboulé. Pourtant Lise et elles sont aussi différentes que possible, mais il se sent attiré par cette fille. Il voit que derrière ses dehors d’activiste et de rebelle, il y a une femme sensible qui commence à se libérer des contraintes qu’elle s’imposait pour ajuster son quotidien à des idées trop oppressives. Elle l’émeut. Elle l’embrasse. Le baiser est interrompu par la sonnerie du téléphone, Lise décroche :— As-tu retrouvé Bernard ? On vous attend.— Oui, on arrive.Bernard ouvre une penderie, en sort un peignoir qu’il lui tend. Elle le prend. C’est un peignoir de femme. Elle le regarde :— C’était à ta femme ?— Oui. Comment sais-tu ?— Après la séance photo, j’ai fait un peu parler Paula de l’appart et, de fil en aiguille, elle m’a parlé de toi et du malheur qui t’a frappé. Tu es sûr… ?— Oui.Elle l’enfile, plus émue par ce geste qu’elle l’aurait été par un long discours, et l’embrasse :Quand ils arrivent dans l’autre moitié de l’appartement, les deux autres couples sont déjà attablés. Pierre et Véroniques ont l’air un peu dans le coltard, entre la boisson et les jeux de l’amour qui les ont occupés une partie de la nuit, ils ont du mal à émerger. Paula et Jean-Marie sont plus pêchus, même si eux aussi ont sacrifié à Éros. Tant elle est surprise par la rapidité avec laquelle Lise a ouvert ses bras à Bernard, et pas que ses bras, Paula a bien du mal à se retenir d’interroger sa sœur, mais préfère attendre de se retrouver en tête à tête.Elle doit patienter quelque temps, tout le monde étant plus ou moins au ralenti. En définitive, le petit-déjeuner se transforme en brunch. L’attente lui paraît longue et lorsqu’elle voit sa sœur suivre Bernard, elle la retient en lui demandant de lui filer un coup de main. Sitôt les autres éloignés, elle l’entraîne dans la cuisine :— Alors, il est comment, Bernard ?— Euh… Plutôt sympa.— Euh… Plutôt sympa… Allez, arrête, pas à moi ! Quand on finit la nuit dans le lit d’un mec, c’est un peu court. Surtout lorsque l’on te connaît. Tu n’es pas le genre des coups d’un soir.— Tu… tu as raison… Jamais… jamais avec un autre je n’ai ressenti ça.— Pourtant tu ne le connais que d’hier. Non, c’est vrai, vous vous êtes déjà rencontrés une fois avant. Il t’a vraiment fait une sacrée impression pour qu’à votre deuxième rencontre tu ailles retirer ta culotte pour la lui donner.— Tu… tu as vu !— Lorsque je t’ai vue partir brusquement, j’ai cru que vous aviez eu des mots et j’ai voulu aller parler avec toi. En te voyant faire, j’ai compris que c’était inutile.— Et pourquoi on aurait eu des mots ?— Hé bien, on ne peut pas dire que vous ayez tout à fait les mêmes idées, et après tout ce que tu m’as dit quand je suis venue vivre avec Jean-Marie, ce n’aurait pas été surprenant, parce que, sans vouloir te vexer, tu peux être un peu intolérante.— Je suis désolée, Paula, je ne comprenais pas alors que l’on puisse aimer quelqu’un qui ne pense pas comme soi.— Attends, ne tombe pas dans l’excès inverse, tu le connais à peine. Jean-Marie et moi on a mis plusieurs mois à réaliser et d’être sûrs de nos sentiments.— Ne t’inquiète pas. Je sens… Non… je sais qu’entre lui et moi il y a quelque chose de… de spécial. Je sais que ça fait un peu pompeux de dire ça, mais c’est vrai. Quand je suis avec lui, je ne me sens plus la même.— Ça, je confirme, tu n’es plus la même. Jamais au grand jamais je n’aurais pensé te voir un jour presque tendre les fesses pour te faire mettre la main au cul, surtout après t’avoir vue retirer ta culotte.— Ah, tu as vu ça aussi.— Ben oui, je suis désolée de t’avoir espionnée, mais j’étais tellement estomaquée de te voir agir que je n’ai pas pu m’en empêcher.— Je ne t’en veux pas, j’aurais fait pareil, sauf que moi je serais probablement allée te faire la morale et te traiter de folle.— Moi aussi j’aurais fait pareil il y a encore un an. Dis-moi, il t’avait fait autant d’impressions à votre première rencontre ?Lise se trouve gênée, elle se trouble, hésite avant de murmurer :— Il faut que je t’avoue quelque chose, en espérant que tu voudras bien me pardonner. Si tu savais comme je m’en veux depuis ce jour.— Te pardonner ! Mais de quoi ?Lise, les yeux baissés, après avoir fait promettre à sa sœur de ne pas l’interrompre et de ne le dire à personne, lui raconte tout : son obsession de vouloir briser sa relation avec Jean-Marie, l’idée des papiers pour le compromettre, sa mise en œuvre et une fois dans l’appartement pour se retrouver en face de Bernard, et ce qui s’en est suivi. En entendant le récit, Paula n’en croit pas ses oreilles. D’abord l’idée de Lise pour torpiller son couple, la fait bondir, elle va pour lui dire vertement ce qu’elle pense, mais de voir sa sœur aussi contrite et de savoir la suite la retiennent. Quant à la seconde partie, elle en reste sans voix. C’est si extraordinaire, qu’elle en oublie ce qui en est à l’origine. Quand le récit s’achève, elle reste, un moment, muette avant de bégayer :— Toi ! Tu… tu as fait ça !— J’ai été surprise. J’ai eu peur qu’il appelle la police, avec mon casier, je me voyais mal barrée. J’étais entrée avec effraction et, si je lui disais qui j’étais, comment justifier ma venue alors que je savais que vous étiez absents, que vous ne m’aviez chargée de rien et que les clefs, je les avais chipées.— Les clefs de Jean-Marie ! On n’a rien compris. Je les ai retrouvées dans l’entrée alors que c’est lui qui avait fermé la porte. On s’est demandé comment c’était possible. On a douté de notre raison.— Je suis désolée, mais je t’en supplie, ne dis rien à Jean-Marie.— Et malgré cette petite séance quand même un peu humiliante, tu tombes dans ses bras ?— En partant, même si mon amour propre en avait pris un coup, je n’étais pas mécontente de m’en tirer somme toute à bon compte, d’autant que ça n’avait pas été si désagréable…Paula est à nouveau estomaquée, sa chère sœur lui avoue à demi-mot qu’elle a pris du plaisir à s’enfiler des godes en se faisant filmer par un inconnu.— … Hier lorsque je me suis retrouvée face à lui et qu’il m’a dit qu’il avait tout de suite su qui j’étais, j’aurais voulu disparaître. Et je ne te dis pas quand il a ajouté qu’il avait deviné que mes intentions n’étaient pas claires au vu de mon attitude, et qu’il en avait eu confirmation en voyant les papiers que j’avais apportés. Certes, il m’a donné une leçon humiliante, mais j’avoue que si les rôles avaient été inversés, je lui en aurais fait baver bien plus. Lui pas, au contraire, il n’a rien dit à personne, n’a même pas utilisé les vidéos pour le site et s’est efforcé de me rassurer. Ça m’a fait un choc. Le plus dur pour moi, c’est que ça m’a fait prendre conscience que je n’étais peut-être pas aussi bien que je le pensais et le disais, qu’en définitive, ma manière de me conduire n’était pas à la hauteur de mes idées.— Nous avons changé toutes les deux, mais pour toi ça a été plus brutal que pour moi. Accepter que se faire mettre la main aux fesses n’est pas forcément une offense, ça m’a pris plus de temps qu’à toi, mais si on est d’accord, il n’y a pas de soucis… Il n’y a problèmes que si c’est contre notre gré.— Tu as raison, tout est une question de consentement et que s’il y a, nous n’avons ni à juger ni à nous en mêler.— Cette nuit, il n’y a pas dû avoir de problèmes de consentement.— Pas de problèmes, effectivement.— Et c’était comment ?— Tu es bien curieuse.— J’espère pour toi que c’était aussi bien que Jean-Marie et moi.— Parce que vous deux…— Et Pierre et Véro n’ont pas été en reste. Alors ?— Alors… Hé bien… pour une bonne nuit, ça a été vraiment une bonne nuit.— À ce point-là  ?— Humm… OUI.L’arrivée de Jean-Marie qui s’inquiète de l’absence prolongée de sa chérie abrège la conversation. Chacune rejoint son chacun. Paula reste songeuse des aveux de sa sœur. Malgré le tour pendable qu’elle avait imaginé et commencé à mettre en application, elle ne lui en veut pas trop, car elle se réjouit de ses conséquences pour le moins inattendues. Primo, lui rabattre sa superbe. Secundo, la rendre moins intransigeante. Elle, toujours prompte à juger et donner des leçons, après ce qu’elle a fait et accepté, il faudra qu’elle se montre plus tolérante. Tertio, et sans présager de l’avenir, elle a l’air d’avoir trouvé l’homme qu’il lui faut. Ce qui devrait grandement tempérer son humeur, car connaissant Bernard, il ne se privera pas de lui remettre gentiment les idées en place si elle reprend trop la grosse tête.Lise de son côté est soulagée d’avoir eu le courage de tout avouer à sa sœur. Celle-ci a dû sentir qu’elle avait changé et n’a pas l’air de trop lui en vouloir. D’autre part, elle est presque effrayée par sa conduite et ses sentiments vis-à -vis de cet homme qu’en définitive elle connaît à peine. Ce doit être cela qu’on appelle le coup de foudre et l’amour. Jamais elle n’avait ressenti ça pour aucun autre. Malgré cette inquiétude sourde, elle vient emménager dans l’appartement, aidée de Paula, Jean-Marie, Véronique et Pierre, tous surpris de la rapidité de la décision, d’autant que dès le retour elle rédige sa lettre de préavis de congé pour son propre logement.Après des ablutions bien nécessaires, après le déménagement, ils prennent un dîner en commun. Celui-ci finit, Véronique et Pierre, sobres cette fois-ci, repartent vers leur foyer ; Paula et Jean-Marie vers leur partie d’appartement, laissant Bernard et Lise seuls. Cette dernière murmure alors qu’il se prépare à rejoindre la chambre :— Ce matin, tu m’avais parlé de film.— Tu n’es pas fatiguée ?— Si, un peu, mais une promesse est une promesse.— Alors, c’est parti ! Au fait, et les boules de geishas ?— Les boules de geishas ?— Oui… Les as-tu gardées ? T’en es-tu servie d’autres fois ?Lise se sent délicieusement gênée par la question :— Oui.— Oui quoi ?— Oui, je les ai gardées, elles sont dans les affaires que j’ai amenées aujourd’hui. Oui, je m’en suis servi.— Souvent ?— Une demi-douzaine de fois, pas plus, mais à chaque fois j’ai bien aimé. Ça fait une impression bizarre de les sentir vibrer au milieu des gens. Quelquefois, j’ai eu du mal à garder mon contrôle.— Déshabille-toi ! répond-il en souriant.Ce qu’elle fait prestement, pendant qu’il branche l’ordi sur la télé. Elle s’assoit sur le canapé, mais lui reste habillé et s’installe sur un fauteuil. Elle en est un peu marrie, mais ne dit rien… attendre, et voir. Les images commencent à défiler avec la présentation des lubrifiants, puis vient celle des godes. De se voir et de s’entendre la laisse incrédule. Elle ne se rappelait pas avoir été ainsi démonstrative et prolixe. Lorsque la projection se termine, elle est dans un état second. Il se lève et la rejoint, il glisse sa main entre les cuisses de la belle qui les écarte :— Ils doivent d’apprécier à ton boulot. Quand tu te mets à un travail, tu y mets tout ton cœur. Et de te voir travailler, ça te fait de l’effet, lui dit-il en lui montrant ses doigts poisseux.— Ça dépend du travail.— Dois-je en conclure que c’est uniquement quand celui-ci consiste à t’enfiler des godes ?Elle s’abstient de répondre à cette question.— Au fait, bravo ! Tu as de l’honnêteté et du courage.— Pourquoi ?— D’avoir tout avoué à ta sœur.— Tu nous espionnais !— Pas du tout. En voyant que Paula voulait te parler, pour ne pas vous gêner, je suis allé dans l’office pour faire un petit inventaire. Ta sœur et toi êtes venues dans la cuisine pour causer. Au début, je n’ai pas prêté attention, mais avec les exclamations de Paula difficile de rester sourd, et j’ai entendu, à l’insu de mon plein gré, bien sûr, votre conversation.— Oh toi alors ! Avec ma sœur, on est très proche. À part la période où elle m’a annoncé sa relation avec Jean-Marie, pendant laquelle ça a été un peu tendu…— Un peu ?— Sauf pendant cette période, on n’a jamais eu de secrets l’une pour l’autre.— En ce cas, peut-être voudras-tu qu’on lui montre le film.— Qu’on lui montre le film !— Ben oui, si vous n’avez pas de secrets.— Quand même pas à ce point-là .— Ah bon, c’est toi qui vois.Pour clore la conversation, elle l’embrasse et lui demande :Sans attendre qu’il puisse participer, elle le fait prestement. Elle l’attire sur le canapé en écartant les cuisses. Il ignore l’invite pourtant sans ambiguïté et va s’installer au-dessus d’elle, pointant son sexe vers sa bouche. La veille, il avait remarqué qu’elle avait eu une petite moue un peu dégoûtée quand sa queue s’était trouvée à quelques centimètres de sa bouche et qu’elle s’était abstenue de jouer de la langue. Comme elle avait légèrement bronché quand il lui avait demandé de se mettre à quatre pattes avant d’obtempérer, il pense que c’est une fille qu’il faut un peu brusquer et que cela doit participer à son plaisir. Certainement que jusqu’à présent aucun de ses partenaires n’a osé la bousculer un peu, connaissant sa réputation de militante plutôt intransigeante, de peur de se faire envoyer dans les cordes, alors que lui, avec la mésaventure des godes, avait fissuré sa carapace, lui faisant découvrir une facette de sa personnalité qu’elle ne connaissait pas et même refoulait, car n’entrant pas dans ses schémas de pensées. Oui, il faut qu’il la titille.Il voit sur son visage la même lippe que la veille. Il approche encore plus son sexe, elle se recule. Il insiste, elle va pour protester :— Je n’…— Toi, tu aimes quand on te le fait avec la langue. Alors pas de simagrées, vas-y, suce !Elle a un dernier moment d’hésitation, mais elle doit reconnaître qu’elle a bien apprécié quand il lui a bouffé la chatte. Alors… elle embouche, mais sans grande ardeur. À tel point qu’il finit par faire remarquer :— C’est service minimum. Mets-y un peu plus de conviction ou ce n’est pas la peine. Attends. C’est vrai que la position n’est pas idéale. Je me mets debout, tu auras plus de latitude.Il se lève, sans hésiter, elle s’agenouille et reprend sa fellation avec plus d’allant. Il l’encourage :— C’est mieux… Tu peux lécher sur toute la longueur… Les couilles aussi… Je suis sûr que tu peux faire mieux et prendre plus profond.Elle fait mieux, jusqu’à presque s’étouffer.— Tu vois quand tu veux, tu œuvres bien, je vais bientôt venir.Ce qu’entendant, elle a un moment de flottement.— Ne t’arrête pas au milieu du gué. Continue. Tu n’aurais pas aimé que je te laisse en plan comme ça.De nouveau, elle reconnaît qu’elle aurait peu apprécié qu’il s’arrête au moment psychologique. Elle poursuit donc. Bien qu’il l’ait prévenue, elle est surprise lorsque les premiers jets se répandent dans sa bouche. Elle se recule, les suivants s’écrasent sur son visage. Elle reste figée.— Avale et continue, l’encourage-t-il.Bien que de prime abord elle eût préféré aller cracher et se rincer la bouche, elle obtempère avec un peu de réticence et s’attelle à redonner toute sa vigueur à Bernard. Une fois à l’œuvre, elle se dit qu’après tout, ce n’est pas si écœurant ni désagréable que ça.Il la laisse faire une minute avant de l’amener vers le lit et la remercier d’un cunnilingus qui, à l’image de celui de la veille, la fait gémir et frissonner. Quand il la voit un peu remise, il passe sur elle. Elle écarte les cuisses et monte ses genoux à ses oreilles pour lui offrir le meilleur accès à son intimité.— Zut ! On a oublié les préservatifs. En as-tu encore ?— On s’en fiche ! Moi, ça fait huit mois que je n’ai pas eu de copain, répond-elle impatiente de le sentir en elle.— Et moi, depuis la mort de ma femme il n’y a eu personne.Sans plus attendre, il la pénètre, alternant douceur et lenteur à rapidité et vigueur. Elle réalise que c’est la première fois qu’elle est baisée sans capote. Depuis son dépucelage, compris, ses partenaires ont toujours été couverts. Pas de latex, pas de sexe. Elle ne transigeait pas. Elle contrôlait… jusqu’à ce jour, mais depuis qu’elle a croisé le chemin de Bernard elle se rend compte qu’elle a changé. Cette séance dans le studio l’a changée. Elle se laisse mener, elle, si rétive à toute autorité et elle-même fort autoritaire, avec des idées bien arrêtées, prompte à juger et condamner. Et comble de tout, elle apprécie la chose. Pour l’heure, ce qu’elle apprécie surtout c’est de se faire ramoner. Malgré la volupté qui la gagne, un coin de son cerveau finit par réaliser, certes sans préservatif, elle sait ne rien craindre d’une éventuelle MST du fait de leurs longues abstinences, mais une capote ne sert pas qu’à ça. Or, ayant toujours eu des rapports protégés, elle n’a jamais pris d’autre moyen de contraception.— Je ne prends pas la pilule…— Je vais aller chercher un préservatif.— Non ! N’arrête pas, supplie-t-elle, fais simplement attention.— Beaucoup de bébés pourraient s’appeler « on fait attention ».— Si ça arrive, il faudra quand même lui trouver un autre nom.Elle détend ses jambes pour les nouer autour des reins de Bernard. Il en profite pour aller s’occuper des seins maintenant dégagés. Il les caresse doucement en commençant par les attaches, avant de progressivement s’approcher des pointes. Tandis qu’il les cajole, il se rappelle que durant leur première rencontre, la belle à certains moments, vers la fin de la séance, pendant qu’elle s’enfilait les jouets qu’elle devait tester, n’hésitait pas à se tripoter vivement les nibards. Eh bien, appréciera-t-elle autant si c’est quelqu’un d’autre qui le fait ? se demande-t-il.Il hésite un moment, ne voulant pas « casser l’ambiance », mais après tout, si cela lui déplaît, elle saura le faire savoir. Il commence par malaxer un peu les deux globes, puis plus vigoureusement. Lise ne proteste pas. Doucement, il pince et étire les pointes. Elle ne dit mot. Insensiblement, il se montre de plus en plus rude et va jusqu’à les tordre. Lise réagit, mais aucunement pour protester. Elle a l’air d’apprécier le traitement et son plaisir monte rapidement, avant de finir par exploser fort peu discrètement. Elle se relâche. Lui-même sent qu’il arrive à bout de résistance et se retire à temps pour se répandre sur sa toison. Tous deux assez las vont se laver avant de s’endormir enlacés.Le dimanche matin, Lise a du mal à émerger. Outre la courte nuit, les derniers événements qui ont engagé sa vie sur une voie nouvelle la perturbent malgré tout. Tout a été si rapide, mais elle ne regrette rien. La semaine qui suit la conforte dans l’idée que sa décision est la bonne. Pas seulement pour les sentiments qu’elle a pour Bernard, pas seulement pour les plaisirs du sexe, mais pour l’impression de liberté qu’elle ressent, affranchie du poids de ses préjugés. C’est comme si son esprit s’ouvrait sans le filtre de jugements formatés. Elle n’a pas renoncé à ses idées, mais elle admet que l’on puisse ne pas les partager, et qu’en discuter sans se braquer puisse être enrichissant. En plus, la complicité avec sa sœur est restaurée et, cerise sur le gâteau, elles habitent quasi le même appartement. Et dire que tout ce changement a pour origine ce qu’elle appelle maintenant une crasse qu’elle voulait faire à sa sœur, qui l’avait amenée à s’enfiler des godes plusieurs heures durant devant celui qui était alors un inconnu. Elle serait croyante, elle dirait que les voies du Seigneur sont impénétrables et que celui-ci s’est montré particulièrement malicieux.Bernard de son côté n’est pas moins troublé. Il se demande comment il a pu tomber sous le charme de cette fille, après leur première rencontre où elle n’avait pas montré une facette très plaisante de sa personnalité. Mais quand de nouveau il a croisé sa route, il a succombé en la sentant si fragile et perdue, malgré son air sûr de soi. En réalité, dans le privé, elle a besoin d’être conquise, presque domptée, un peu bousculée. Dans ses relations précédentes, elle se montrait trop dominatrice et c’est probablement pour ça qu’aucune n’a duré. Aucun de ses copains n’avait compris qu’il ne devait pas se laisser mener, surtout dans l’intimité.Après deux semaines, les deux tourtereaux ne regrettent nullement d’avoir vu leur vie bousculée par la soudaineté de leur attirance.