Une histoire toute simple…Bonne lecture :)DelphineEn l’an de grâce 1979, ce samedi en début d’après-midi, Delphine promène son agréable silhouette blonde, enveloppée d’une robe blanche légère dans les rues de la petite ville de province. Mai 68 étant passé par là, le printemps se finissant, l’été arrivant, chapeau de paille sur la tête, la jeune fille, plutôt libérée de nature, affiche un peu plus de peau découverte par rapport à ce que la morale bourgeoise encore fortement ancrée accepte communément.Cela dit, les notables du coin ne se gênent pas pour la reluquer de haut en bas, quitte à la vouer ensuite aux flammes de l’enfer, leurs dignes épouses faisant exactement la même chose, même si certaines auraient aimé pouvoir faire la même chose au même âge.Indifférente aux regards, son petit sac blanc en bandoulière, Delphine poursuit sa route, peu soucieuse de la sulfureuse réputation qu’on lui faisait. Elle aimait les garçons, et alors ? Le seul ennui, c’est qu’il faut embrasser beaucoup de crapauds avant de trouver le Prince charmant. Mais le jour où elle lui mettrait la main dessus, elle se cramponnera à lui telle une moule à son rocher !— Oh oui ! Si je trouve la perle rare, je lui mets le grappin dessus et je ne le lâche plus !Elle rit doucement, puis se ravise :— Oui, mais… c’est peut-être aussi le meilleur moyen de le faire fuir à quatre pattes ! Voire même à cinq ! Coucher, ça, tous les garçons sont OK. Mais dès qu’il s’agit de s’engager un peu, il n’y a plus personne !Chassant cette mauvaise pensée, elle murmure :— Bah, j’ai encore le temps devant moi, même si mes deux grand-mères étaient déjà mariées à mon âge !Sourire aux lèvres, Delphine continue de déambuler sur les trottoirs de la petite ville, dans le cliquetis de ses hauts talons.RomainToujours en l’an de grâce 1979, même jour, même heure ou presque, Romain est actuellement penché sur sa feuille remplie de gribouillis, crayon en bouche, entouré de piles de livres ouverts. Il sent confusément qu’il n’est pas loin de la solution, mais elle n’est pas encore sous son nez.— Pff, Thomas Edison avait raison quand il parlait de 99% de transpiration !Il s’acharne encore un peu, puis il finit par admettre que ça ne vient pas, et que ce n’est pas la peine d’insister. Alors, flegmatiquement, il pose le crayon sur la table, déplie ses presque deux mètres de hauteur, puis il se lève, et décide de se changer les esprits en allant faire un petit tour au dehors, décidant de ne pas se changer, restant en short et T-shirt.Afin d’être un peu plus présentable pour sortir, face au miroir de la salle de bain, il donne un coup de brosse dans ta tignasse brune. Puis accrochant une sacoche autour de son cou, il murmure pour lui-même :— Je prends quand même mes papiers, on ne sait jamais.L’intérêt de vivre en ville est qu’on est tout de suite au milieu des magasins, mais que ça ne vaut pas le calme serein de la nature. Néanmoins, pas loin, il y a un parc public. Tandis qu’il marche dans sa direction, Romain ne peut s’empêcher de penser à son mémoire qu’il aimerait rendre au plus tôt. Avec un peu de chance, il peut le boucler dans un gros mois ou deux, si le déclic daigne se manifester.— C’est idiot, je sens que je suis à deux doigts, mais ça ne vient pas… Et dire qu’à mon âge, Ferdinand de Saussure avait déjà commencé à rédiger son papier sur les coefficients vocaliques du proto-indo-européen, prémices des laryngales…Romain avance de quelques pas, puis murmure :— Peut-être que je ne suis pas le nouveau Ferdinand… Bah, on verra !Il passe devant la seule boutique d’électronique de la ville.— Peut-être un ordinateur pour stocker mes données et les triturer… mais ce n’est pas donné ! Je viens juste d’avoir le permis, il faut que je choisisse : un ordi ou une voiture… Et puis que choisir ? Un Apple II, un PET ou un TRS ?Puis il continue son chemin vers le parc, désireux de se vider l’esprit…Coin de rueQuelques minutes plus tard, au détour d’une rue dans le centre-ville, nos deux protagonistes se retrouvent nez à nez. Ils se connaissent puisqu’ils sont dans la même section à la Fac. Réajustant machinalement son chapeau de paille, c’est Delphine qui adresse la première la parole :— Toi ici, Romain ? Tu te balades au-dehors ? Waow, il va se mettre à pleuvoir des cordes dans quelques minutes ! Je croyais que tu avais un papier important à finir ?— Bonjour Delphine. Je sais que tu me prends pour un rat de bibliothèque, mais j’avais besoin de prendre l’air. Je cale sur un truc, et quand ça ne veut pas sortir, ça ne veut pas !— Ah, OK, je comprends… Et donc, tu te refroidis les méninges ?Romain hoche légèrement la tête :— On va le dire comme ça. Tu allais où comme ça ? C’est bien la première fois que je te vois toute seule ! Tu pars rejoindre ton dernier petit ami en date ?— Même pas ! J’ai rompu avec Alain en début de semaine, et je ne l’ai pas encore remplacé, j’ai décidé de m’accorder un peu de repos.— Alain ? Je croyais que tu étais avec Alexandre !Avançant à nouveau à pas lents, Delphine fait un petit geste de la main :— Tu retardes de deux métros, mon grand ! Alexandre est bien gentil, mais un peu… comment dire… con-con sur les bords. Il s’est recasé avec Nathalie. Quant à Alain, j’ai vite compris qu’il voulait simplement coucher avec moi. J’ai même cru comprendre que c’était un pari…Romain lui emboîte à présent le pas :— Je ne sais pas si c’est le cas avec Alain, mais je sais que pas mal de garçons rêvent de te connaître à l’horizontale. Tu vas au parc ?— Tu dis bien les choses… Oui, je vais au parc. Tu m’accompagnes jusque-là ?— J’avais prévu de me balader là-bas, donc oui, je t’accompagne.— Merci ! Avec ta grande taille, tu joueras les gardes du corps. Tiens, en parlant de corps, toi, tu t’inclus dans ces garçons qui rêvent d’horizontalité ?Se penchant vers sa petite voisine qu’il dépasse allègrement d’une bonne tête, Romain sourit :— Ahlala, tu ne changeras jamais, Delphine ! Tu ne crois quand même pas que je pourrais éventuellement t’avouer un truc pareil ?— Donc, c’est oui ?— Je te signale, chère Delphine, que j’ai utilisé le conditionnel et non l’indicatif. J’ose espérer que tu connais la nuance entre ces deux modes verbaux.— Et si je te réponds que non ?Romain sourit plus encore :— Ne te fais pas plus bête que tu n’es ! Je sais bien qu’on a tendance à dire que les belles filles sont stupides, surtout les blondes, mais je ne pense pas du tout que ce soit ton cas.— Oooh ! Monsieur Romain pense donc du bien de moi ?Romain jette un rapide coup d’œil sur sa voisine : elle est vraiment très mignonne dans sa robe toute blanche, son chapeau de paille sur la tête et la lanière de son sac qui sépare agréablement ses deux mignons seins. Un peu trop mignonne…Détournant les yeux, avançant vers le parc, le grand garçon explique :— Je sais voir au-delà des apparences… C’est une aptitude qu’ont les rats de bibliothèque.Sa voisine proteste :— Je ne t’ai jamais rangé dans cette catégorie, Romain, sache-le. Bon, t’es parfois un peu bizarre, même souvent. Oui, tu es entiché de linguistique, alors que la plupart de tes congénères parlent de foot, mais tu es de bonne compagnie. Ton grand copain Maxime m’a avoué un jour qu’il ne t’avait jamais vu en rogne. Moi non plus, d’ailleurs.— C’est vrai que je ne me mets pas en rogne facilement… Je suis à mon tour épaté que tu penses du bien de moi.Cette réponse égaie la jeune-femme :— Eh bien, mon cher, nous nous épatons mutuellement ! En attendant d’arriver au parc, tu n’as pas un petit truc ou deux à expliquer, à raconter ?— Comment ça ?— T’as toujours un truc à raconter. Tiens, cause-moi un peu de la planète Uranus.— Si ça t’amuse…Romain se lance dans les explications, tandis que sa voisine l’écoute. La route paraît ainsi moins longue. Le parc est bientôt en vue, plus qu’une centaine de mètres. Le jeune homme achève ses explications. Réajustant son chapeau de paille, Delphine dit alors :— Merci ! Tu vois que tu sais causer de tout et de rien ! Pourtant Uranus n’est pas une planète très connue. Ah, c’est dommage que tu ne me racontes pas ce genre de chose, le soir, avant de dormir !— Tu veux que je me transforme en Nounours, chaque soir à ton chevet, Pimprenelle ?— Hmm… Je ne sais pas si tu resterais longtemps dans ton rôle de Nounours…— Tu veux dire quoi par-là ?— Ah, on est arrivé ! On dirait qu’il n’y a pas trop de monde.Romain n’insiste pas, il connaît suffisamment son amie pour savoir que si elle n’a pas envie de répondre, elle ne répondra pas, même sous la torture. Tandis que tous les deux abordent l’entrée du parc, malicieusement, Delphine rebondit sur une précédente phrase :— Tu trouves que je suis une belle fille ?— Il faudrait être aveugle pour le nier.— Je suis ton genre ?— Et moi, suis-je le tien ?La jeune fille met les mains derrière son dos :— Je sens que tu ne me répondras pas…— Je sais que tu aimes jouer. D’autant que tu as les moyens de mener le jeu…— Mais pas trop avec toi, n’est-ce pas ? Au fait, Romain, il n’y a pas si longtemps de ça, tu semblais être très proche de Martine… Il s’est passé quelque chose, car on ne vous voit plus ensemble.À l’écoute de ce prénom féminin, Romain soupire :— Martine avait une idée bien précise me concernant, mais divers points de détail me chagrinaient sérieusement.— Ah ? Lesquels ?— Elle se voyait déjà mariée avec quatre ou cinq enfants, avec la JOC comme seul horizon.— La Jeunesse Ouvrière Communiste ?Romain rectifie :— Non, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Et je suis athée.— Ah… c’est une contre-indication, en effet…— Que Martine soit croyante, ça ne me gêne pas, mais qu’elle essaye de me convertir par tous les moyens, je suis moins d’accord.Ôtant momentanément son chapeau, Delphine répond tout en réarrangeant ses longs cheveux :— C’est vrai que ça ne me plairait pas si mon homme voulait me forcer à me convertir… Je te comprends… Mais quelque chose me dit qu’il y a dû y avoir d’autres faits aggravants, du moins de ton côté. Les relations horizontales, comme tu le dis si bien, je parie.— Je vois que tu es assez perspicace. Il me faut un minimum quand même ! Pourtant, je ne demande pas la lune…Encastrant son chapeau à deux mains sur sa tête, Delphine s’esclaffe :— La lune ? Belle image !— Ce que je veux dire, c’est qu’il me faut un minimum d’affection visible, de bisous et de câlins ! Peine perdue avec Martine !— Sans doute qu’elle pense qu’on attrape les bébés en embrassant un garçon !— Je vais finir par le croire… Bah, de toute façon, le problème est résolu. De plus, elle tourne actuellement autour d’un autre membre de la JOC. Je crois que tu le connais : Pierre-Marie Dufour.Ce prénom lui disant en effet quelque chose, Delphine questionne :— Celui qui a un bouc et qui est toujours habillé en noir, comme un séminariste ?— Tout juste !— Tu sais quoi ? L’année dernière, Pierre-Marie tournait autour de moi…— Ah bon ? Il cherchait à sortir avec toi ou à te convertir ?Elle pouffe de rire :— Eh bien, figure-toi que je n’ai jamais su trancher ! Les deux en même temps, sans doute ! Ah, là-bas, il y a un banc de libre, on s’y pose ?— OK…Peu après, ils sont tous les deux assis, face à une vaste pelouse qui descend vers un petit lac artificiel dans lequel pataugent cygnes et canards.Banc publicDelphine ôte son chapeau de paille, et le pose à côté d’elle, tout en posant sa paume sur le rebord afin qu’il ne s’envole pas. Puis elle positionne son petit sac à côté d’elle, demandant à son voisin :— Tu disais que tu n’y arrivais pas avec ton mémoire ?— Oui, je cale, je sens que la solution est là, à portée de main, mais je n’arrive pas à la saisir. Et comme ça ne sert à rien de s’acharner, j’ai préféré faire un petit tour dehors.— Tu as bien fait, ainsi toi et moi avons de la compagnie. Au fait, tu avais mis de côté tes recherches, il me semble…Romain hoche la tête :— C’est vrai, mais il y a un gros mois, un article du Docteur Oliver Simon a relancé la machine. Je me suis offert le luxe de lui envoyer une papouille, et à ma grande surprise, ce grand savant m’a répondu, il y a quinze jours environ.— Tu as prononcé son nom comme « saille-meune », il est anglais ?— Américain, plutôt…— Comme Simon and Garfunkel ?Romain s’adosse mieux sur le banc :— Oui, mais je ne pense pas qu’il s’agisse de la même famille… Dans sa réponse, il validait la plupart de mes choix et m’incitait à persévérer. Il n’était pas obligé de perdre du temps à me répondre, c’était gentil de sa part.— Arrête de te dévaloriser, Romain, tu n’es pas un imbécile.— Merci, merci, ô grande Pythie de Delphes !Malgré sa petite taille par rapport à son voisin, la jeune fille le toise comme elle peut :— Pff, depuis qu’on se connaît, ça fait 36.000 fois que tu me balances cette stupide vanne à deux balles ! Explique-moi plutôt ton problème. Souvent, c’est en parlant qu’on trouve la solution.— Si ça ne te saoule pas trop !— C’est moi qui viens de te le demander, grand idiot !Sans s’offusquer, Romain se lance dans une série d’explications un peu décousues. Quand il semble en avoir fini, sa voisine lui lance :— Eh bien, achète-le-toi, cet ordi, si ça peut t’aider !— Tu parles ! Le moins cher est à 5000 francs, que le modèle de base, soit à la louche un SMIC et demi ! Pour le même prix, je peux m’offrir une voiture d’occaz pas trop mal.Delphine se mordille les lèvres :— Ah oui ! Rien que ça ? Et tes ordis, ça n’existe pas en occasion ?— Mis à part quelques entreprises et des hobbyistes fous furieux, personne n’a ça chez lui, et comme ça vient juste de sortir, tu ne trouveras rien sur le marché de l’occaz. Un de mes potes m’a dit, il y a une semaine, que je pourrais éventuellement utiliser le Mini-6 de la boîte de son père, mais que durant la nuit et le week-end.La jeune fille lui fait remarquer :— C’est mieux que rien…— Oui, c’est mieux que rien… Mais il faudra que j’aille courir à chaque fois là-bas, et puis il va me falloir du temps pour rentrer toutes mes données, et tout ça pour un résultat peut-être nul, sans oublier que je n’y connais rien à la programmation et qu’il faudra que je l’apprenne, mais ça ne sera sans doute pas perdu. Non, il faut que je trouve quelque chose d’autre, si je veux aboutir rapidement.Sans lâcher son chapeau, se calant mieux contre le dossier du banc, Delphine croise délicatement les jambes, révélant largement ses genoux et un peu plus, puis elle demande :— Tu veux faire quoi au juste avec tes données ?— Je vais essayer de t’expliquer tout ça en faisant simple…— Dis tout de suite que je suis une conne !— Mais non ! Mais la linguistique, ce n’est pas trop ta partie !— J’ai quand même fait du latin et du grec ancien. J’ai trouvé ça tordu, surtout le grec. J’ai eu l’impression que plus la langue est ancienne, plus elle est illogique. Je me rappelle que mon père s’était penché sur le sanskrit qui est encore plus vieux que le grec, et j’avais cru comprendre que c’était pire.À cette évocation, Romain s’étonne :— Ton père s’est mis au sanskrit ?— Oui, c’est un littéraire à la base, il est devenu avocat pour faire plaisir à son père et reprendre l’affaire, mais quand il avait notre âge, il se serait bien vu prof de latin ou de grec.— Ah, OK… Bon à savoir…— Alors, tu veux faire quoi avec tes données indo-européennes ?— Grosso modo, si je rentre toutes les racines et leurs variantes, je pense pouvoir dégager une sorte de squelette, une sorte de logique interne qui existait avant le proto-indo-européen.— La langue d’avant ton proto ?Romain acquiesce :— Oui. Je pense qu’avant, c’était plus simple, plus logique, mais que ça s’est complexifié ensuite, pour diverses raisons, dont des accords phonétiques.— Qui te dit que ce n’était pas encore plus complexe ? L’abstraction est plutôt le fait de l’homme moderne. Plus le peuple est primitif, plus il lui faut trente-six mots pour désigner plus ou moins les mêmes choses. Exemple : le taureau, la vache, la génisse, le veau et le bœuf, plein de mots différents pour désigner finalement la même bête.— Tu as raison, Delphine, mais l’éleveur se devait d’avoir des mots bien précis pour distinguer ses bêtes. Tu remarqueras qu’on est souvent moins précis avec la plupart des bêtes sauvages.Delphine sourit perversement :— Le sanglier, la laie et le marcassin, par exemple ?— J’ai dit : la plupart, pas toutes les bêtes sauvages ! Tu prends la tortue, c’est au féminin aussi bien pour les mâles que les femelles !Delphine pouffe de rire :— Ah oui, c’est vrai que la tortue est un animal trèèès sauvage !Romain soupire bruyamment :— Arrête de te foutre de moi ! Tu vois très bien où je veux en venir !Delphine ne répond pas, elle semble plongée dans une réflexion. Soudain, elle prend la parole :— Si je comprends bien, en tripatouillant tes racines, tu veux dégager une structure commune afin de plonger un peu plus loin dans le passé ?— Oui, c’est le principe.Laissant s’écouler quelques secondes, Delphine pivote, chapeau en main, s’accoudant du rebord arrière du blanc, ce qui met bien en valeur son mignon buste :— Et si tu faisais le chemin inverse ?— Je ne comprends pas…— Si tu imaginais au départ, une langue simple, mais pas pareille que ton proto. Puis petit à petit, ta langue originelle se serait complexifiée.— Pourquoi elle aurait dû se complexifier et en arriver à une déclinaison erratique ?Approchant son visage de celui de Romain, Delphine fronce les sourcils :— J’en sais rien, moi ! C’est toi le linguiste, pas moi ! Moi, ce que j’imagine, c’est que, au départ, tu as un système A régulier, puis paf, tu te retrouves avec un système B qui est totalement irrégulier. Je me trompe ?— Oui, c’est une possibilité. Mais pourquoi le système B est-il devenu si complexe ?— Parce qu’on a changé d’angle de vue en cours de route. Tiens, prends les langues à classes, comme les langues bantoues : dedans, tu as la classe pour ce qui est vivant, la classe des plantes, la classe pour ce qui est long, la classe pour ce qui est rond, et j’en passe. Un peu comme les classificateurs en chinois. Rappelle-toi, notre prof de philo en avait parlé l’année dernière.Assez circonspect, Romain répond :— Oui, je suis au courant des notions de classe et de classificateur… et alors ?— Ben, imagine que ta langue d’avant ait des classes, c’est logique, c’est régulier, et hop, elle passe à la notion de genre, avec un masculin, un féminin et un neutre comme en latin. Ça ne mettrait pas le bordel ? Ben tiens, un peu comme la conjugaison aspectuelle qui bascule en temporelle ! Ou l’inverse.— Je constate que tu n’es pas néophyte en linguistique !Delphine cligne des yeux :— Avec mon père, j’ai fini par retenir quelques mots.— Je vois ça… Mais je ne vois pas en quoi des classes…— Je ne sais pas, moi ! Les terminaisons de tes déclinaisons proviennent peut-être d’autre chose, une autre logique…— Oui… oui… pourquoi pas…Soudain, se figeant, Romain écarquille les yeux, ce qui surprend sa voisine. Celle-ci a la curieuse impression de voir des rouages tourner à toute vitesse dans le cerveau du jeune homme. Soudain, son visage s’illumine :— Mais oui, c’est ça ! Tu as raison, Delphine !— Sache que j’ai toujours raison, Romain ! Même quand j’ai tort !— Mais oui, c’est ça le truc ! Merci !Puis sans prévenir, Romain attrape entre ses mains la tête de la jeune fille et dépose un gros baiser sur ses lèvres rosées !Main dans la mainLe temps semble être suspendu… Relâchant la jeune fille, Romain vient de réaliser ce qu’il vient de faire. De son côté, Delphine commence à reprendre ses esprits.C’est elle qui brise le silence pesant :— Eh bé ! Quand t’es enthousiaste, tu ne fais pas dans la demi-mesure !— Euh… Excuse-moi… Je… je ne sais pas ce qui m’a pris…— J’ai peut-être un commencement de réponse à ma question de tout à l’heure.— Tu tentes de corréler deux faits distincts.— Tout de suite les grands mots, petit filou !Romain ne sait pas quoi répondre. Delphine réajuste machinalement sa coiffure :— Remarque, si cet « égarement » est à l’origine d’une fabuleuse découverte en linguistique, j’espère bien avoir mon nom sur ton papier !— Je ne manquerais pas de te citer, promis.Avec un petit sourire en coin, Delphine rétorque :— Y compris le baiser ?— Euh… je ne sais pas si ça serait bien vu de le mentionner.Posant son chapeau sur ses genoux, elle se contente de sourire. De son côté, Romain reprend contenance et assurance, il montre sa sacoche :— Pour fêter ça et me faire pardonner, ça te dit d’aller dans un salon de thé ? Je paye, bien sûr !— Pourquoi pas ? Pour y faire quoi exactement, hmm ?— Il est bientôt l’heure de goûter, ça ne te dit pas une petite pâtisserie avec une boisson chaude ou froide ?— Si tu me prends par les sentiments… Et puis, c’est vrai que tu as à te faire pardonner !Le jeune homme se défend :— Ce fut sous le feu de l’enthousiasme !— Ah oui ? Et tu n’es plus enthousiaste ? Tu n’as plus envie de recommencer ?— Joker !— Romain, tu es décidément un garçon un peu étrange.— Je sais, tu me l’as déjà dit.Romain se lève, il tend la main pour aider sa voisine à se relever à son tour. Delphine ajuste son chapeau puis elle tend sa menotte qu’il saisit délicatement. Puis ils prennent le chemin de la sortie. Quelques instants plus tard, amusée, Delphine fait remarquer :— Je te signale que tu tiens toujours ma main alors que je suis debout depuis quelques minutes.— Ah… excuse-moi.— Non, non, tu peux la garder.— Si tu insistes.Se dressant sur la pointe des pieds, Delphine regarde son voisin, son petit nez mutin presque sous le menton du jeune homme :— J’aime ta façon de retourner la situation, mon grand. Pour la peine, je prendrais deux pâtisseries !— Tu peux en prendre dix, ça ne me gêne pas !— Et ma ligne ?— Ça te va bien de dire ça, alors que tu viens toujours en cours avec des bonbons ou des Mars !— J’ai besoin de protéines !— Tu es meilleure linguiste que nutritionniste !La jeune fille fait remarquer :— Tiens, en parlant de ça, j’espère que ton idée géniale ne va pas s’envoler !— Non, non, c’est clair dans ma tête. Au pire, tu me rediras ce que tu m’as dit et l’éclair rejaillira à nouveau.— Le baiser aussi ?Romain ne répond pas tout de suite :— Hmm… peut-être…— Tu ne te mouilles pas, Romain.— Pour être franc, mes idées te concernant ne sont pas aussi claires et nettes que celles qui concernent l’indo-européen et son éventuel ancêtre.Avec une pointe de perfidie, Delphine rétorque doucereusement :— Ah bon ? Je dois prendre ça comme une bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle ?— Que veux-tu, les rats de bibliothèque ne sont pas doués pour parler aux belles princesses.— Tu insistes ! Je n’ai jamais pensé que tu étais un rat de bibliothèque !— Non, je suis juste un peu étrange, pardon, bizarre… Nous allons pouvoir en parler sereinement puisque nous sommes presque arrivés au salon de thé.Quelques minutes plus tard, les pâtisseries et les boissons sont sur la table. Ajoutant un sucre dans son chocolat chaud, Delphine attaque :— Tu avais dit qu’on parlerait. Le moment est venu, non ?— C’est vrai… Nous nous connaissons depuis un certain temps, n’est-ce pas ?— Cinq-six ans.— Oui, c’est ça, six ans précisément. Mon naturel inclinait, je le supposais, vers les filles moins… voyantes, plus timorées.— Comme ta Martine ?Romain rectifie aussitôt :— Mon ex-Martine, s’il te plaît. Si je dois m’attacher à une fille, autant que ce soit la bonne. Oui, je sais qu’à mon âge, je ne devrais pas dire ça et profiter de la vie, mais bon, c’est ainsi que je raisonne. Ce qui ne veut pas dire tout de suite le mariage et les enfants.— C’est une façon de voir… Moi aussi, j’aimerais trouver le bon. En attendant, j’embrasse quelques crapauds.— Un peu à l’image des Shadoks qui se dépêchent de construire leurs 999 fusées, sachant qu’il y a une chance sur mille pour qu’elle fonctionne ?— Tu es méchant, Romain !Delphine hésite un peu sur la suite à donner, Romain n’est pas aussi facile à manipuler que les autres garçons. Puis plissant des yeux, elle demande :— Aurais-tu peur d’être un numéro parmi d’autres ?— Il y a de ça.— Tu sais que si tu ne te jettes pas à l’eau, tu ne sauras jamais nager.— Ta comparaison est mauvaise, Delphine.— Pas plus que ton histoire de fusée et de Shadoks ! Je peux te poser trois questions ?— Trois questions ? Pose toujours…Delphine agite sa petite cuillère sous le nez de son voisin :— Non, non et non ! Je souhaite que tu me répondes franchement par oui ou par non, sans faire des tours et des détours. Si ça tourne mal, on dira que ce salon de thé sera une façon d’être quitte. OK ?— Houla ! Tu vas me poser quoi comme questions pour que tu fasses un tel préambule ?— Alors ? Oui ou non ?Le jeune homme respire un grand coup puis lâche :— Pose ta première question.— Est-ce que tu imaginerais sortir avec une fille comme moi ? Je veux dire, dans l’absolu, si tu me voyais pour la première fois ?— J’ai besoin de connaître un peu la personne, le physique si beau soit-il ne fait pas tout.Agacée, Delphine tape la cuillère sur la table :— Romain, j’ai dit : pas de détour !— Si cette fille te ressemble, et pas que physiquement, j’imagine bien.— Je prends ça pour un oui.Romain reprend la main :— Avant de continuer, je peux te poser moi aussi une question ?— Copieur ! Vas-y quand même.— Pourquoi tu t’intéresses soudainement à moi ?Surprise, la jeune fille fait la grimace, puis pour se donner le temps de bien répondre, elle avale trois bouchées de sa pâtisserie. Durant ce temps, Romain reste flegmatique. Delphine explique :— Justement, une des raisons, c’est ce qu’il vient de se passer à l’instant.— Je ne comprends pas…— La plupart des garçons que je connais ne seraient pas restés aussi zen que toi.— À ton expression, j’ai bien vu que tu souhaitais trouver les bons mots. Ne me dis pas que c’est que pour cette raison-là, Delphine.Delphine approche sa tête vers son interlocuteur :— Tu veux des raisons, Romain, je vais t’en donner plusieurs : tu n’es pas moche, tu présentes bien, tu n’es pas idiot, j’aime bien quand tu expliques tes machins, je me sens en sécurité avec toi, je sais que je peux compter sur toi. Ça te convient ? Ah oui, j’ajoute qu’avant, j’étais toujours avec quelqu’un et quand c’est comme ça, je suis aveugle. Mais là, tu vois, je n’ai personne dans ma vie.Avec un petit sourire, Romain répond en louvoyant :— Si nous étions nos arrière-grands-parents, je dirais que c’est une union de raison.— Et si tu veux tout savoir, je reconnais que ton baiser m’a beaucoup plu.— Tu… tu n’as pas été la seule.— Ah bon, ça ne t’a pas déplu, non plus ? C’est bien, on avance !Un certain silence s’installe entre eux, ils en profitent pour manger un peu. Jouant avec sa cuillère, Delphine pose sa seconde question :— Et cette fille, mise à part l’horizontalité, tu veux faire quoi avec ?— Plein de choses à deux, main dans la main. J’aimerais pouvoir être à ses côtés, ensemble, complémentaires. J’aimerais en rester amoureux, peu importent les années qui passent. Elle et moi, comme si c’était évident. Tout ça, quoi. Excuse-moi, Delphine, mais je ne suis pas très bon pour faire des discours improvisés sur ce sujet.Attendrie, la jeune femme sourit :— Je te rassure, Romain, tu ne t’en tires pas si mal. En clair, tu recherches à la fois une compagne et une maîtresse, non ?— C’est ta troisième question ?— Une confirmation de la deuxième, plutôt.Romain fait une sorte de moue :— On peut le résumer ainsi, même si c’est dit de façon assez… disons… crue.— Bah, appelons un chat un chat. Tu sais, quand je sors avec un garçon, ce n’est pas uniquement pour le plaisir de sa conversation. D’ailleurs, la quasi-totalité d’entre eux n’a pas de conversation valable. Toi, j’aime bien quand tu commences à expliquer des tas de choses, tu devrais faire prof, ça t’irait bien.— Je vise plutôt la Recherche, genre le CNRS.— Beaucoup d’appelés et peu d’élus.Il engouffre une bouchée de sa pâtisserie puis répond :— Je sais, je sais… Je fonde justement des espoirs sur mon pré-indo-européen… À ce propos, sais-tu que Ferdinand de Saussure a écrit son mémoire vers ses vingt ans, c’est dingue !— Et après, il a fait quoi de génial ?— Ben… plus grand-chose, il faut le dire… Son fameux cours de linguistique a été publié par ses élèves après sa mort.— En clair, ton Ferdinand, il a brillé une seule fois avec son papier à dix-huit ans et ensuite, plouf, plus rien ? Comme Évariste Galois, le jeune mathématicien.Romain proteste :— Ce n’est pas tout à fait pareil ! Ce pauvre Galois est mort à vingt ans lors d’un duel.— Au moins, Évariste aura échappé à la longue déchéance. Tiens, regarde Rimbaud, génial poète vers seize-dix-sept ans, puis sordide marchand d’armes ensuite.— Tu es dure, tu sais.— Mais c’est comme ça que tu m’aimes.— Oui, c’est comme ça que… Euh, mais qu’est-ce que tu me fais dire ?— La vérité, mon grand…Le jeune homme soupire :— Tu es dangereuse, Delphine.— Mais avoue que ça te plaît bien, Romain.— Je vais dire que ça ne me déplaît pas.— Romain, il faudra que tu saches te jeter à l’eau un de ces jours.— Je suis de ceux qui parient quand ils sont certains de gagner.Delphine fait la moue :— Pour employer des grands mots, je vois mal la corrélation.— Je me comprends, Delphine !Oubliant la troisième question, moins de dix minutes plus tard, ils sont à nouveau dans la rue. Toujours main dans la main.Autre parcDu doigt, Delphine désigne le bout de l’avenue :— Il y a un petit square, là-bas. On y va ?— Pas de problème. Je t’accompagne.— J’espère bien que tu m’accompagnes !Romain réplique, faussement attristé :— Le salon de thé n’a pas suffi à obtenir mon pardon ?— Tu as volé mon innocence de jeune fille, tu en auras pour toute ta vie à te faire pardonner !— Ton innocence de jeune fille ? Vaut mieux entendre ça que d’être sourd !Acide, Delphine lui lance un regard soupçonneux :— Tu insinues quoi, par-là ?— Ne m’avais-tu pas parlé d’un Alain que tu avais largué ?— Tu ne sais pas jusqu’où j’ai pu aller avec lui !— Et Alexandre ? Tu es quand même restée un moment avec lui, il me semble.Sous ces insinuations, la jeune fille s’énerve un peu :— Tu as décidé de faire la liste de tous mes ex ?— Sans oublier ceux que j’ignore. Mais comme tu l’as si bien dit, il est vrai qu’il faut embrasser bien des crapauds…— Je te signale que, toi aussi, tu m’as embrassée !Joyeux, Romain s’esclaffe :— Dans les contes de fées, pour que ça fonctionne, c’est la princesse qui doit embrasser la première, pas le crapaud. Donc, tant que tu ne m’embrasses pas, tu ne peux pas savoir si je suis le bon crapaud !— T’es un petit filou dans ton genre !— Non, vu ma taille, plutôt un grand filou !Pour toute réponse, Delphine soupire exagérément et ne répond pas. À peine arrivée dans le square, elle constate un manque :— Ah, ils ont enlevé les bancs ? Je n’en vois plus aucun !— Peut-être que la mairie va prochainement en mettre des nouveaux. Bah, on trouvera bien un endroit où s’asseoir.— Mais pas dans l’herbe ! J’ai une robe blanche !— Ah oui, en effet, il vaut mieux éviter de la salir !Après quelques déambulations, dans un coin reculé, Delphine avise une souche :— Allons donc nous asseoir là.— Sur une souche ? Et ta robe ?— Je m’assiérai sur tes genoux, voyons ! Je ne suis pas bien lourde, tu sais.— Je sais, tu es aérienne comme une plume.Alors qu’ils sont arrivés au pied de la souche, il est flagrant que Romain est assez hésitant pour servir de siège à sa compagne de promenade. Il sent confusément que ça peut vite déraper, surtout avec une demoiselle sur les genoux, un archétype bien connu, du genre secrétaire et employeur.Indifférente aux états d’âme du jeune homme, Delphine pose son chapeau dans l’herbe, puis place par-dessus une branche morte afin qu’il ne s’envole pas sous l’effet d’un coup de vent. Puis elle se tourne vers Romain :— Bon, une première chose de faite. Passons à la suivante.Néanmoins, tout se passe bien, Delphine étant assise à angle droit sur les genoux du jeune homme, ce qui n’empêche absolument pas Romain de contempler l’avenant profil de la jeune fille, sans parler de son parfum enveloppant.Afin de lancer la conversation sur un sujet pas trop glissant, celle-ci demande :— Tu fais quelque chose durant les grandes vacances ?— Finir mon papier, et comme chaque année, jouer les comptables saisonniers.— Tu pourrais te servir d’un ordi chez eux, non ?— Tout dépend du service dans lequel je vais atterrir. De plus, pour info, dans la plupart des entreprises, tout est enfermé dans une pièce climatisée dans laquelle il faut montrer patte blanche.Delphine tourne la tête vers Romain, ce qui rapproche beaucoup son fin visage de celui de sa chaise humaine :— Tu aimes jouer les comptables ?— Pas plus que ça, mais ça paye mieux que de travailler à la chaîne ou de charger et décharger des camions. Et physiquement, c’est moins épuisant. Mais je ne me vois pas faire ça toute ma vie ! Et toi, tu fais quoi durant juillet-août ?— Cette année, on ne part pas en vacances, on fera ça à Noël. De ce fait, ma mère voudrait me caser au Trésor Public. Mais j’ai une copine qui m’a demandé si ça me dirait d’aider sa sœur esthéticienne.Romain commence à avoir quelques soucis d’être ainsi trop proche de Delphine. Il répond cependant de façon fort neutre :— En effet, c’est pas du tout la même chose.— Ça, oui… Le Trésor Public, c’est en quelque sorte une assurance pour plus tard. Mais ce n’est pas folichon. En revanche, j’ai tout à découvrir avec la sœur de ma copine, mais je ne sais pas où ça me mènera. Oh, tu fais une drôle de tête ! Il y a un problème ? Je suis mal assise sur tes genoux ?— Ça va ! Y pas de problème.— Mais non, je vois bien que ça ne va pas !Aussitôt, Delphine se remet debout, puis elle gronde Romain :— Ah ces bonshommes ! Ils préfèrent souffrir en silence plutôt que de passer pour des chochottes !— Mais non, Delphine, ce n’est pas ça !— Alors c’est quoi ?— Ne discute pas, et rassieds-toi !— T’es sûr ?— Oui, je suis sûr !— OK, mais je change de position…Relevant très légèrement le bas de sa robe blanche, se présentant de face, Delphine encadre de ses fines jambes les cuisses de Romain qui n’en revient pas. C’est avec un naturel désarmant qu’elle s’assoie posément à califourchon sur les genoux, ou plutôt les cuisses du jeune homme, son visage à la hauteur du sien, ses seins frôlant presque le T-shirt.Avec sérénité, elle lance :— Voilà, c’est-y pas mieux comme ça ?— Si… si tu le dis…— T’en fais une drôle de tête !— Delphine ! Comment veux-tu que je conserve un zeste de flegme dans pareille situation ?Elle pose ses mains sur ses épaules, ses coudes contre son torse :— Pourquoi ? C’est une obligation de toujours tout contrôler ?— J’espère que tu sais ce que tu fais, Delphine.— Même si ma robe est blanche, je ne suis pas une oie de la même couleur.— Je ne sais pas si… Et puis zut, pour rester poli !Romain lance ses mains dans le dos de la jeune fille, l’attirant à lui et l’embrasse fiévreusement. Delphine se laisse faire, répondant à son baiser qui dure longtemps. Quelques instants plus tard, leurs lèvres se séparent, la jeune fille reprenant son souffle :— Eh bé ! Faut pas t’en promettre, toi !— Et ce n’est pas fini, ma chère !Romain plaque à nouveau le menu corps féminin contre le sien, et l’embrasse passionnément, éperdument, ses mains caressant le dos de Delphine à travers le fin tissu de la robe d’été. Quand leurs lèvres se séparent à nouveau, Romain continue de maculer de baisers le cou de la jeune fille, allant du lobe de l’oreille au creux de l’épaule.Quand Romain relâche la pression, comme essoufflée, Delphine s’exclame :— Eh bé ! Je ne te savais pas si ardent, tu caches bien ton jeu !— Faut dire que tu ne m’as pas beaucoup aidé à cacher mon jeu !— Je croyais que tu étais un parfait gentleman !— Faut croire que tu t’es trompée, même si tu as toujours raison, comme tu l’as si bien dit tout à l’heure.Toujours plaquée contre Romain, ses menus seins écrasés contre la large poitrine, Delphine sourit :— Tu es obligé de me serrer si fort contre toi ?— J’ai peur que tu t’envoles.— Ce n’est pas mon intention, tu sais.— Si ce n’est pas ton intention, embrasse-moi !— Oh ! Tu donnes des ordres, à présent ?Ce qui n’empêche pas Delphine de poser à son tour ses lèvres rosées sur les siennes. Juste avant que leurs bouches se joignent, elle murmure :— Je tiens à vérifier si tu es le bon crapaud.Puis elle commence un long baiser langoureux qui s’achève dans la fièvre. Après de délicieuses agaceries, la jeune fille reprend à nouveau son souffle :— Ah-pfff ! Va falloir que j’apprenne la plongée en apnée !— En tant que crapaud émérite, je peux te donner des cours particuliers.Delphine demande avec un sourire légèrement vicieux :— Dans une piscine ou dans ton lit, ces cours d’apnée ?— D’abord la piscine puis le lit, bien sûr.— Dans cet ordre-là ?Romain fait semblant de réfléchir :— Commençons par un peu de tissu, pour mieux l’ôter ensuite.— Je vois que Monsieur est connaisseur. Et pour l’apnée, seras-tu un bon prof ?— Si j’en crois une certaine jeune femme qui m’affirmait que j’ai toutes les aptitudes pour être prof, ça ne devrait pas être dur pour moi de t’enseigner cette matière.Les yeux de la jeune fille luisent :— En tout cas, s’il y a bien un truc de dur, c’est bien dans ton short !— Euh… je… tu… tu me fais trop d’effet !— Je vois ça, ou plutôt je le sens ! Ton machin est proportionnel à ta taille ou pas ?— Je suis obligé de répondre qu’il est proportionnel.— Oh oh !— Comme tu dis !Puis ils s’embrassent à nouveau, Delphine ondulant volontairement sur la bosse dure située sous elle. En réponse, les mains de Romain deviennent de plus en plus baladeuses. Une bonne demi-heure plus tard, ils décident de quitter le square, collés l’un contre l’autre, leurs bras autour de la taille de l’autre. Romain demande :— Je te raccompagne jusqu’à chez toi ?— J’habite à l’opposé de chez toi, même si c’est dans la même ville.— Pas de souci pour moi, Delphine. On fait comment ? On se revoit quand ?— Tu veux sortir avec moi ? Vraiment ? Tu n’as pas peur ?— Quelqu’un m’a dit qu’il fallait que je me jette à l’eau.— Tu retiens vite et bien. C’est pour cela que tu racontes si bien.Romain s’arrête dans un coin de la petite place qu’ils sont en train de traverser, puis ôtant le chapeau de paille qui le gène, il enlace sa nouvelle petite amie, la plaquant contre lui :— Parlons peu, mais parlons bien.— Je t’écoute, Romain.Il pose délicatement son front sur celui de Delphine :— Je reconnais que j’ai un peu peur de ce qui arrive, c’est assez irréel, mais j’en suis très heureux, j’ai envie que toi et moi, ça fonctionne très très longtemps.— Je te rassure, contrairement aux apparences, je n’ai pas envie que ce soit une passade.— Je ferai en sorte que ce ne soit pas le cas, crois-moi, Delphine.— Je l’espère bien, Romain.Il la serre contre lui, évitant néanmoins de l’étouffer :— Je te préviens : côté sentiment, je ne fais pas dans le détail.— J’ai cru comprendre.— Je suis assez exclusif.— Tu n’as quand même pas prévu de m’enchaîner ?Délicatement, il embrasse son front :— Bonne idée, on pourrait s’enchaîner définitivement l’un à l’autre, comme ça, on ne se quitterait plus du tout.— Ce ne serait pas plutôt une marque d’absence de confiance ?— C’est vrai… mais j’ai peur que tu t’éloignes de moi, un jour… Nous sommes assez différents, toi et moi, et tu es trop mignonne pour ne pas avoir trente-six adorateurs !— Si tu m’aimes vraiment tout en respectant ma part de liberté et qui je suis, pourquoi irais-je voir ailleurs ?Il saisit son menton entre deux doigts pour mieux plonger son regard dans le sien :— Je te crois.— J’ai toujours raison, ne l’oublie pas.— Dans ce cas, j’espère sincèrement que dans dix ans, dans vingt ans, dans trente ans et plus, tu seras toujours dans mes bras.— Je sais que tu le penses vraiment, Romain…Puis ils s’embrassent, indifférents aux passants et aux voitures.ConsumationTrès assidu, Romain rencontre tous les jours sa nouvelle petite amie et passe beaucoup de temps avec elle. Souvent, Delphine doit même le houspiller pour qu’il daigne terminer son fameux papier, chose qu’il fait un peu avant de dormir. Les parents de la jeune fille ne sont pas mécontents du nouveau prétendant qu’ils connaissent déjà, bien qu’un peu étonnés de cette association de la carpe et du lapin, comme on dit. Idem du côté des parents du jeune homme.À la grande satisfaction de Delphine, Romain sait prendre son temps, sachant être parfois directif et souvent conciliant, mais la jeune femme commence à en vouloir plus. Les gros bisous, les douces caresses, c’est très bien, mais le vif du sujet c’est meilleur ! Parfois pour exciter son petit ami, elle se frotte ostensiblement sur la bosse qu’il a souvent dans son pantalon ou dans son short, et Delphine est très satisfaite de l’effet qu’elle procure chez le jeune homme.— Ça t’amuse, n’est-ce pas ?— Je ne vois pas de quoi tu parles, Romain.— Ça t’amuse de m’exciter à mort ! Tu sais que ce n’est pas toujours évident ! Surtout ici, dans ta chambre, avec ta mère au rez-de-chaussée !— On dit que les hommes ont des besoins, mais les femmes aussi…Romain hoche la tête :— C’est moins commun… Disons que les femmes l’avouent moins facilement.— Et ça te chagrine ?— Pas du tout ! Je dirais même que ça m’arrange !— Alors pourquoi tu fais la tête ?Le grand jeune homme proteste :— Je ne fais pas la tête, je suis très content d’être avec toi, je suis simplement inquiet de savoir ta mère à deux pas de ta chambre.— Pourquoi ? Aurais-tu de mauvaises intentions à mon égard ?— Mets-toi à ma place : je suis dans la chambre de ma sexy petite amie qui m’excite à mort, qui me consume, et sa mère peut ouvrir la porte à tout moment !Delphine se fait encore plus féline :— Sexy petite amie ? Je suis ravie de le savoir. Et je t’excite à mort ? Doublement ravie de le savoir !— Delphine, tu connais très bien le pouvoir que tu possèdes sur la gent masculine.— C’est-à-dire ?— Que tu sais très bien te faire désirer, et même plus !— Et c’est quoi ce « même plus » ?Avec un petit sourire en coin, mains fermement agrippées au matelas, Romain soupire :— Tu es aussi une sacrée chipie, allumeuse et joueuse !— Ne me dis pas que tu l’ignorais ! Rappelle-toi, je t’ai même demandé si tu voulais vraiment sortir avec moi en toute connaissance de cause.— Je savais dans quoi je m’engageais !— Ou plutôt dans qui tu t’engageais !À la grande surprise de la jeune fille, Romain rougit un peu. Elle s’exclame :— Ah bien mince alors ! C’est bien la première fois que je te vois rougir !— C’est juste le sang qui remonte à la tête.— Ton sang, il n’est pas censé descendre plus bas ?— Pas faux… pas faux… Tu sais à quoi tout ceci me fait penser ?— Non, mais je vais le savoir.Romain respire un grand coup puis lâche :— Je vais prendre une image adaptée à tes goûts culinaires : c’est comme si toi, tu étais enfermée dans un salon de thé avec plein de succulentes pâtisseries autour de toi et interdiction d’avaler la moindre miette !— Je me gênerais, tiens !— Même avec les gérants juste derrière la porte ?— Il n’est pas dit que la porte s’ouvre…Delphine fait glisser son regard plus bas, dans l’entrejambe de son petit ami :— Je vois que tu fais des efforts pour me le cacher, mais je ne suis plus une fillette effarouchée. Allez, écarte les jambes et laisse un peu respirer ton machin !— Tu… tu es sûre ?— Si je te le dis !Romain s’exécute, et aussitôt son short affiche un chapiteau révélateur. Sa petite amie contemple la chose un long moment, puis elle demande :— Tu peux te mettre debout, face à moi, que je puisse mieux voir ?— Tu as de ces demandes…Ce qui ne l’empêche pas de s’exécuter à nouveau. Toujours assise sur le lit, ses deux bras en arrière, Delphine contemple la puissance de sa séduction sous la forme d’une grosse déformation dans le short de son petit ami, actuellement debout devant elle.— Y a pas à dire, ça me fait plaisir de savoir que je peux te mettre dans un tel état !— Ah ça ! Tu peux le dire ! Quand nous sommes dehors et que nous venons de faire des petits câlins, j’ai quelques difficultés à revenir à la normale !— Je sais, tu ne m’apprends rien…Baissant un peu la tête, regardant Romain à travers ses longs cils, Delphine s’impatiente :— Allez, on ne va pas y passer la journée : fais-moi voir ton engin !Surpris par cette requête explicite, Romain répond le plus flegmatiquement possible :— Tu es bien impatiente !— Attends, depuis que j’ai senti que c’était un gros machin, j’ai envie de le voir de plus près !— Pourtant, tu en as déjà vu, non ?Spontanément, elle rétorque :— Toi, c’est pas pareil !— Ah bon ?Curieusement, à son tour, elle rougit :— Je… je ne sais pas comment l’expliquer.Puis elle se reprend aussitôt, se redresse sur le lit, puis fermement, elle abaisse le short de son petit ami afin de révéler au grand jour ce qu’elle désire découvrir. Bien qu’assez surpris, Romain se laisse faire, sans doute très intéressé par la tournure des événements. Devant la barre qui se dresse impérieuse sous ses yeux, Delphine s’exclame aussitôt :Interdite, elle contemple la colonne de chair, puis murmure :— Oui, c’est un sacré beau morceau… mais ça doit être une autre paire de manches que de l’avoir en soi !— Ce… ce n’est pas une obligation, ma chérie.— Et toi alors ?— Il existe bien des façons de jouir.— Comme celle-ci, par exemple ?De sa menue main, elle empoigne résolument la verge frémissante et commence un lent et doux va-et-vient. De temps à autre, avec un sourire qui en dit long, elle regarde Romain droit dans les yeux, tandis que celui-ci apprécie vivement la caresse, serrant un peu les dents pour mieux résister.De son autre main, Delphine tâtonne, effleure puis caresse les testicules bien fournis. Après quelques longues secondes, elle s’enhardit à suivre une première veine palpitante puis une autre. Elle couvre ensuite le gland de divers baisers mouillés et furtifs. Romain constate avec joie que sa petite amie s’y connaît assurément dans certaines privautés, se disant qu’il vaut mieux tomber sur une fille un peu garce, mais expérimentée que sur une pure vierge qui ferait plus de mal que de bien. Toujours est-il que le jeune homme a quelques difficultés de self-control !Il en a encore plus quand Delphine enrobe de ses lèvres chaudes et humides son gland, ce qui lui procure comme une décharge électrique ! Il se demande avec curiosité si sa petite amie serait capable d’enfourner toute sa tige dans sa bouche.Fermant les yeux, savourant l’instant présent, il se laisse emporter par cette caresse buccale qui lui procure tant de bien-être. Soudain, il sent que sa verge n’est plus au chaud dans la bouche humide et câline. Son bâton de chair toujours en main, Delphine lui demande :— Si tu te laisses aller, tu seras à nouveau d’attaque ensuite ?— Oui, bien sûr. À condition que tu me laisses un peu de temps pour récupérer.— Tu es sûr de ton coup ?Avec un sourire qu’il essaye de ne pas rendre trop orgueilleux, Romain répond :— Tu n’auras pas assez de doigts dans une seule main pour compter mes coups successifs…— Ah oui ? Et pas assez de doigts dans les deux mains aussi ?— Tu es insatiable !— Je sais.Delphine enrobe à nouveau sa verge de ses lèvres chaudes et humides, tout en malaxant délicatement ses testicules, ce qui lui procure une puissante sensation de barrage qui menace de céder à tout instant ! Romain songe tout bas :— Ah-pouu ! Décidément, cette petite garce s’y connaît ! C’est une sacrée experte !Un premier frémissement secoue son braquemart, il serre les dents, il sait qu’il ne va plus résister bien longtemps encore. Il serre les dents plus fort encore, très fort.— Ah non, ah non ! Houaaargh !Peine perdue, il se libère en longs jets, tel un barrage qui cède. C’est bien la première qu’il jouit d’une façon si puissante ! Il a carrément l’impression de décoller par-dessus les montagnes, de pulvériser les nuages, d’aller frôler la lune ! Durant ce temps, il se vide sans fin dans cette bouche si suave, c’est totalement dingue, pense-t-il, et elle avale tout !Puis le trou blanc, le flottement.Quand Romain revient sur terre, Delphine prend la parole, les lèvres luisantes :— T’as pas baisé depuis combien de temps ? Ça n’en finissait plus de jaillir !— Ah… euh… c’est vrai que… que, souvent, j’en ai un bon paquet à expulser.— J’ai vu ça… T’as l’air complètement crevé ! Tu ne vas pas me faire maintenant le coup de la panne ! Pas toi !Romain bredouille :— Non, non… mais tu… tu m’as fait un tel effet que… que j’ai l’impression de sortir d’une centrifugeuse et qu’on m’a aspiré la moindre goutte !— Ah ça, pour aspirer, j’ai aspiré ! Je crois bien que c’est la première fois que j’en avale autant, enfin d’un seul bonhomme !— D’un seul bonhomme ? Tu veux dire par là que tu l’as déjà fait à plusieurs ?— Joker !Le jeune homme soupire un bon coup. Comme lui aussi a fait le coup du joker, il est mal placé pour reprocher quelque chose. En tout cas, côté câlins et baisers, Delphine était dans le haut du panier, et côté sexe, ça démarre sur les chapeaux de roues ! Il va falloir assurer, c’est clair !— Et tu as tout avalé ? Félicitation, ma chérie !— Je n’avais pas trop le choix, ça a fusé tellement vite. C’était ça ou en mettre partout dans ma chambre. J’ai choisi le moindre mal.Romain hoche la tête :— Tu ne peux pas t’empêcher de railler un peu, n’est-ce pas ? Tu aurais pu dire « oui » simplement, sans m’inventer une explication tordue.— Tu ne me crois pas ?— Je sais reconnaître les variations du ton de ta voix. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups, mais je vais finir par y arriver un jour !Avec un air de défi, Delphine rétorque :— Si tu y arrives un jour, je te quitte, na ! Être avec un type qui me devine en permanence, ce n’est pas amusant !— Alors, je ferais parfois semblant de me tromper.— Pff, ça aussi, c’est pas amusant !Décidément, Delphine est une délicieuse chipie, ça se confirme de jour en jour, à se demander jusqu’à quel point peut-elle aller. En contrepartie, elle est plutôt libérée, ce qui simplifie diverses choses. Changeant brutalement de sujet, souhaitant jouer à son tour, Romain exige d’une voix claire et nette :— Fais-moi voir tes seins ! J’en rêve depuis longtemps !Cette demande surprend sa fiancée :— Mes seins !? Tu veux que je te montre mes seins ? Là, comme ça ?— Commençons par eux, ma chérie, nous aurons l’air moins stupides si ta mère franchit inopinément cette porte !Delphine fait malicieusement remarquer :— C’est vrai que tu n’as pas été silencieux !— Ah merde !— Et puis, avec ta bite à l’air, je me demande quelle excuse tu donnerais !— Mais nous n’avons pas fait l’irréparable, comme disaient nos ancêtres !— C’est vrai ! Pas encore… Et arrête de stresser comme ça, ma mère est sortie dans le jardin, j’ai entendu la porte de derrière claquer.— Tu as une bonne audition…Romain pousse un gros soupir de soulagement. Durant ce temps, Delphine enlève carrément sa robe puis son soutien-gorge, mais garde sa petite culotte. Le jeune homme admire l’aisance et le manque évident de complexe de sa petite amie. Aussitôt que les mignons seins sont découverts, il ne peut s’empêcher de les cueillir dans ses mains pour en tâter, en soupeser les formes et les volumes.— Waow ! Juste comme je les aime ! Ils sont si doux !— Ils ne sont pas trop petits ?— Ils sont impeccables, ni trop ni trop peu.— Les garçons aiment les gros nichons, non ?— Beaucoup de garçons aiment les gros nichons, c’est vrai, mais pas tous.Puis il met sa tête entre les deux petites masses en forme de poire, déposant mille petits baisers, s’enhardissant à sucer ensuite des tétons bien pointus. Caressant les cheveux de son amant, Delphine se laisse faire avec ravissement. Puis Romain la couche délicatement sur le lit, couvrant chaque centimètre carré de peau par des baisers voraces et brûlants. Adepte des préliminaires, les bras derrière sa tête, sa chevelure blonde étalée sur l’oreiller, elle se laisse adorer avec volupté.— Ah, Romain, tu sais t’y prendre… oui… Hmm…— Je n’ai aucun mal à vouloir te dévorer toute crue ! Tu m’excites trop !— Oui, je m’en doute, d’autant que ton machin est déjà bien raide.— Ah ça… je ne peux le nier !Il continue de couvrir de baisers les moindres parcelles du corps qui lui est offert. Il descend à présent sur le ventre, à l’orée de la petite culotte. Son nez constate une certaine odeur qui ne lui laisse pas de doute quant à la disposition de la jeune fille. Ce qui est de bon augure…— Hmmm… j’adore…Petit à petit, Romain s’aventure plus loin, repoussant l’élastique de la culotte. Il arrive vite à la lisière d’un bosquet. N’y tenant plus, d’un doigt leste, le jeune homme abaisse le sous-vêtement vers les cuisses afin de dégager l’accès vers une grotte qu’il souhaite ardemment explorer. Illico, il fourrage son nez dans les poils bouclés.Une vraie blonde… pense-t-il tout bas. Il embrasse le pubis offert puis descend encore plus bas, à la recherche d’une fente déjà humectée. Il ne lui faut pas longtemps pour y glisser la langue et commencer des léchouilles qui font frémir d’aise la jeune fille. Le nez dans la touffe, la langue dans la fente, Romain y va de bon cœur, léchant, lapant, aspirant. Delphine gémit, frémit, ondule sous cette insidieuse caresse.Puis, Romain lève un peu la tête, afin de reprendre son souffle, délaissant momentanément son dessert. Profitant de ce court moment de répit, Delphine enlève définitivement sa petite culotte, puis écarte copieusement les jambes. Se positionnant mieux, le jeune homme repart à l’attaque. Et pendant de longues minutes, il lèche, il suce, il lape, il boit à la source de la jeune fille qui se laisse totalement aller, très heureuse d’avoir déniché un partenaire qui se soucie d’elle ainsi.Soudain, elle repousse la tête de son amant :— J’en peux plus ! Entre en moi !— Là, maintenant ?— Oui, là maintenant, je veux la sentir en moi tout de suite !— Attends au moins que je mette un préservatif !— Pas besoin, j’aurais mes trucs dans deux-trois jours ! Tu peux y aller franco !— Si tu le dis.Sans préambule, il pointe sa queue bien raide à l’entrée de la fente entrouverte et se glisse déjà entre les lèvres humides. Puis lentement mais sûrement, il introduit son pieu dur comme du béton. Delphine gémit de plaisir. S’ouvrant en grand pour lui, elle enlace posément le haut des fesses de son amant par ses jambes. Son empalement sur ce gros membre lui offre une sensation fantastique, une explosion multicolore des sens.— Aaah que c’est bon de t’avoir en moi !Ses lèvres intimes enveloppent sa tige qui n’a aucun mal à s’enfoncer dans sa vulve devenue très accueillante. Romain plonge sa tête dans le cou de son amante, sous ses cheveux, la dévorant de l’oreille au creux de l’épaule. Elle ferme les yeux. Elle gémit doucement. Ses jambes enserrent comme un étau son amant :— Oooh ! Que c’est bon !Bientôt, la verge de Romain arrive au fin fond de l’antre détrempé, les lèvres avides enserrant la base de cette grosse tige déjà bien fichée en elle. Delphine pivote sur le pieu qui la perfore, contrôlant elle-même l’emprise de ce bâton de chair, ainsi que sa lente montée vers la jouissance. Les mouvements qu’elle imprime à son bassin, son sexe qui frotte contre le sien, cette énorme tige qui la masse de l’intérieur, tout ceci augmente terriblement son envie et son désir !Romain la pistonne de plus en plus vite, de plus en plus puissamment, laissant parfois échapper des grognements sourds. Il est aux anges, totalement ravi d’être actuellement plongé dans l’intimité dégoulinante de la jeune fille, se disant que c’est la première fois qu’il fait l’amour avec elle, mais certainement pas la dernière ! Delphine gémit toujours doucement, ses bras rivés au cou de son amant qu’elle attire vers elle, en elle, ses menus seins écrasés par le large torse. Bouche ouverte, elle pousse des tas de petits cris rauques tandis que la verge fourrage démentiellement en elle, happée par une vulve exigeante. Elle sent une grosse tige, une énorme tige veinée la combler, complètement, totalement, elle adore cette sensation !— Ah oui ! Ah ouiii !Soudain, Delphine cède. Elle jouit dans un long râle de plaisir, un cri bestial, primal, ses ongles dans la peau de son amant, ses griffes plantées pour marquer son territoire, son homme ! Ce qui le fait partir à son tour dans une longue gerbe chaude qui tapisse le fond du ventre de la jeune fille, telle une grande vague, un tsunami.Les deux amants se plaquent l’un à l’autre, contre corps contre corps, peau contre peau. Romain continue d’éjaculer par petites saccades, tandis qu’elle est parcourue de spasmes. Vorace, elle lui mord l’épaule, lui broyant les reins de ses jambes tout en continuant à lui griffer le dos. C’est l’orgasme le plus violent qu’elle ait pu avoir depuis longtemps ! Il en est de même pour Romain qui n’en revient pas. Puis ils sombrent à deux… Ailleurs… Réémergeant, le dos déchiré, le jeune homme proteste :— Tu es une vraie tigresse, toi !— Je suis une vraie tigresse amoureuse !Ils s’embrassent passionnément. Il ne leur faut pas bien longtemps pour recommencer.VoiturePresque un mois s’est écoulé depuis leur première fois, les deux tourtereaux passent leur temps libre ensemble. Depuis le début des grandes vacances, Romain joue les comptables. Quant à Delphine, elle a préféré travailler dans une petite boutique d’esthétique, car travailler au Trésor Public ne lui disait trop rien. Ce fut d’ailleurs assez orageux avec sa mère.— Tu étais déjà très belle, ma chérie, mais depuis que tu es esthéticienne, tu es carrément splendide ! Non, sublime !— Merci, mon amour, mais tu ne crois pas que tu en fais un peu trop ?— Avoue que tu es magnifique !— Je vais dire oui, juste pour te faire plaisir !Quand ils sont séparés, le temps s’écoule trop lentement pour ces deux amoureux qui ne rêvent que d’être ensemble… Romain devient de plus en plus entreprenant, et Delphine se laisse joyeusement aller à son versant coquin. Juste à l’instant, Romain vient de téléphoner à sa petite amie pour dire qu’il arrivait dans cinq minutes. Intriguée, la jeune fille le guette à travers la baie vitrée de la salle à manger. Soudain, une petite voiture orange fluo s’arrête juste devant chez elle, puis Romain en sort. Accourant au-dehors, après avoir embrassé son petit ami, Delphine s’exclame :— Mais qu’est-ce que c’est que ce truc !— Une R5, modèle commercial, deux places avec un immense coffre à l’arrière, ma chérie.— Oui, j’ai vu. Je faisais allusion à la couleur…Romain admet du bout des lèvres :— Je reconnais que c’est un peu visible.— Je n’ai jamais vu un orange aussi flashy !— J’ai prévu de la repeindre, mais je n’ai pas encore eu le temps, je l’ai achetée ce matin, par le biais d’un ami de mon père dont l’entreprise renouvelait un peu son parc automobile. Comme je n’achète plus d’ordi, j’ai sauté sur l’occasion.— J’espère que tu l’as eue pour une bouchée de pain.— Je reconnais que personne n’en voulait.Curieuse, Delphine fait le tour du véhicule :— Ça se comprend un peu, car ça pique aux yeux ! Elle est propre en tout cas, c’est déjà un bon point. Je suppose que tu souhaites que nous fassions un petit tour ensemble.— Si mon humble carrosse, pardon, si mon humble citrouille a l’agrément de ma divine princesse…— De toute façon, le mal est déjà fait, tout le quartier est au courant pour ta nouvelle voiture ! L’opticien du coin va se faire un fric fou à vendre des lunettes de soleil pour supporter la vue de ton machin orange fluo ! Allez, on y va. Montre-moi ta nouvelle merveille !Peu après, sortant de la ville, la voiture s’aventure dans des routes de campagne. Son conducteur demande à sa passagère :— Alors, tu en penses quoi, ma chérie ?— Pas mal ! Pas trop bruyante, assez confortable, pas mollassonne. Mis à part la couleur, ça m’a l’air d’être une bonne affaire… Elle a combien de kilomètres ?— Pas grand-chose : 40 000 environ, pour trois ans.— Seulement ? Pour une commerciale d’entreprise ? Je parie que c’était la couleur qui ne plaisait pas dans la boîte de l’ami de ton père !— Sans doute, mais je ne vais pas me plaindre. Ah oui, pendant que j’étais là-bas, j’ai profité pour faire des photocopies de mon mémoire, et je vais envoyer tout ça demain matin.Étonnée, Delphine fixe le conducteur :— Tu as fini ?— Oui, j’ai préféré ne pas trop approfondir, et rester un peu… enfin… abstrait, un peu comme Ferdinand de Saussure qui n’avait pas indiqué de valeur précise à ses coefficients. Il faudra attendre une trentaine d’années pour qu’un autre savant propose les laryngales. Et même maintenant, plus d’un demi-siècle plus tard, on n’est toujours pas certain de la prononciation exacte de ces trois sons !— Eh bé !— À ce propos, il faut que je te remercie doublement, ma chérie.Amusée, Delphine répond guillerette :— Ça te coûtera deux fois plus de pâtisseries ! Et pourquoi doublement ?— Premièrement pour m’avoir mis sur la voie lors de l’épisode du parc.— Et du bisou !Souriant à ce souvenir plutôt récent, Romain concède :— Et du bisou, en effet. Et deuxièmement, quand on a été au restau chinois, et que tu m’as dit : regarde les symboles sur les murs, je ne sais pas les prononcer, mais je connais le sens de quelques-uns.— Ah OK, je comprends. Décidément, je suis ton égérie !Romain la regarde en souriant :— Je te rappelle que, dans la mythologie, Égérie était une nymphe très peu habillée…— Ben voyons ! Cela étant, je ne porte pas beaucoup de vêtements sur moi.— Hmmm, laisse-moi deviner : une robe courte, un soutif et peut-être une culotte.— Parce que tu crois que je me balade cul nu tous les jours ?Le jeune conducteur fait remarquer :— Parfois, tu n’en portes pas.— Oui, c’est vrai, mais c’est uniquement pour toi !— Merci, ma chérie, tu es trop bonne !— Je sais, je sais !Quelques kilomètres plus tard, la voiture s’arrête dans une petite voie latérale, à l’orée d’un bois, bien à l’abri des regards. Delphine sourit :— Oh-oh, je crois que tu as envie de baptiser ta nouvelle acquisition à ta façon.— On ne peut rien te cacher !Puis il l’embrasse. Le baiser dure longtemps, Romain aime les bisous et Delphine le lui rend bien. Au moins un qui connaît le mot préliminaires, a-t-elle souvent pensé. D’autres petites câlineries suivent pour la plus grande satisfaction du jeune couple.— Et si je t’expliquai les avantages d’une voiture commerciale, même petit modèle ?— Tu m’expliques ça comment ? En jouant les Alain Decaux, ou par la pratique ?— À ton avis !Ils sortent tous les deux. Romain ouvre le coffre, dévoilant une assez grande surface plane. Puis il s’empare d’un grand sac plastique niché derrière son siège dont il ôte une couverture qu’il étale ensuite en double épaisseur. Delphine s’en amuse :— Je vois que Monsieur avait déjà planifié la chose… Tu as tout prévu ? Couverture et latex ?— Bien sûr, ma chérie. Je n’aime pas gâcher la fête par des oublis fâcheux…— Tu as bien raison… Bon, on s’y prend comment ?— Comme tu veux… du moment que tu sois à l’aise. Mais permets-moi de te dire que tu manques parfois de poésie !Delphine pose ses mains sur le large torse de son vis-à-vis :— On s’en fiche, de la poésie ! Hmm… j’ai envie d’aller sur toi.— Ça me convient parfaitement !Ôtant son short puis son caleçon, Romain s’installe dans le coffre. De son côté, sans chichi, Delphine enlève sa robe à carreaux, révélant une petite culotte foncée très arachnéenne aux larges mailles à travers lesquelles quelques poils blonds s’évadent. Appréciant la vue, son petit ami remarque aussitôt :— Je vois que tu as coupé la poire en deux en mettant cette espèce de filet de pêche !— Filet de pêche ? C’est tout le respect que t’inspire cette lingerie que je mets spécialement pour toi ?— Un grand merci, en tout cas. C’est très joli et très sexy ! J’adore aussi ton soutif très ajouré, lui aussi.Elle se met nue, ôtant aussi ses sandalettes. Admiratif, Romain s’exclame :— Habillée ou nue, tu es vraiment bandante à souhait !— J’espère bien que je te ferais toujours bander !Puis grimpant à quatre pattes dans le coffre, Delphine vient le rejoindre, un sourire très coquin aux lèvres. Elle s’assied sur les cuisses de son amant, laissant la grosse verge se plaquer contre son ventre légèrement arrondi. Regardant la tige de chair qui oscille à l’orée de son nombril, un peu troublée, elle murmure :— Et dire que ça rentre au moins jusque-là, c’est fou !Elle reste suspendue, absorbée dans sa contemplation, puis elle s’adresse à Romain :— Ça te dérange si on saute les préliminaires ? J’ai trop envie de m’empaler dessus, là tout de suite !— Moi, ça ne me gêne pas ! Mais dans ce cas, attends que je mette un préservatif…— Non, on va faire sans, je préfère. De plus, j’ai eu mes trucs, il y a deux jours.Delphine se redresse, sa tête touchant le plafond de la voiture, puis elle vient se positionner juste au-dessus du méat légèrement suintant. Du bout des doigts, elle dirige la colonne entre ses lèvres intimes qui enrobent bien vite le gros gland. Puis elle regarde son amant droit dans les yeux, avouant d’une voix un peu fêlée :— J’ai trop envie de toi !— Moi aussi !S’affaissant lentement sur la verge bien raide, sentant chaque centimètre de chair coulisser au plus profond en elle, Delphine soupire d’aise !— Houaaa ! Que ça fait du bien ! Ah, la vache !— Aaah, oui ! Moi aussi, j’adore quand je suis en toi.Vicieusement, elle remue du bassin pour mieux se caler :— Je sais, gros cochon ! N’empêche qu’à chaque fois, je me demande comment tout ton engin peut disparaître en moi ! C’est fou !— Tu as des ressources insoupçonnées, ma chérie !— Je vais finir par le croire !Puis elle ferme les yeux, ondulant autour de la colonne de chair solidement ancrée en elle. De temps à autre, elle laisse échapper un soupir, se mordillant les lèvres, les yeux fermés, tandis que son amant caresse délicatement ses seins et joue avec ses tétons dressés. Elle gémit :— Ouiii, continue comme ça… j’adore ça… Hmmm… oui…Il ne lui faut pas longtemps pour sentir la jouissance monter en elle, irrésistiblement. Delphine tente de la contenir encore un peu pour mieux en profiter.— Oh oui ! Continuuue !Elle ondule autour du pieu de chair solidement enfoncé en elle, elle adore ça, quand elle se sent totalement prise, encombrée, envahie ! Elle n’aurait jamais cru avoir une telle inclination pour les gros engins !— Pistonne-moi ! Fais-la-moi bien sentir !Le gros madrier coulisse en elle, d’abord modérément, plus de plus en plus fortement. Puis tout se transforme en une cavalcade dantesque dans laquelle elle ne se sent plus, dans laquelle elle décolle tandis qu’il explose en elle. Le fait de savoir que Romain est en train d’éjaculer en elle, de la remplir, la comble de joie et à son tour, telle une marionnette désarticulée, elle explose en mille cris inarticulés, ses tétons toujours pincés, triturés, martyrisés, mais c’est si bon, si fou, si…Avant de sombrer, elle songe fugacement :— P’tain, ce type me rend folle !Le repos détend les corps. Delphine est affalée sur la couverture, sans le coffre, Romain, au-dehors et assis sur le rebord. Elle ouvre un premier œil, elle se sent si bien, là, ouverte, apaisée, comblée…Le jeune homme admire sa compagne nue, les cuisses largement écartées, du sperme, son sperme s’évadant d’une délicate fente entrouverte, empoissant un bosquet blond.— Tu es délicieusement perverse…— Une façon polie de dire que je suis une vraie petite salope ?— Peu importe que tu sois une vraie petite salope perverse, du moment que tu sois ma vraie petite salope perverse !— Monsieur Romain a le goût de la propriété ?— Dans ton cas, oui !Delphine se redresse un peu :— Ah merde ! J’en ai foutu plein la couv !— C’est pas grave, ça se lave !Elle lui sourit. Elle saisit un essuie-tout afin d’ôter le sperme qui coule toujours. Puis elle regarde les alentours, elle peut apercevoir des coins de campagne à travers les bosquets avoisinants la voiture.— C’est un coin que je ne connaissais pas… C’est ici que tu venais avec tes précédentes petites amies ?— Et comment, s’il te plaît ? Je n’avais pas de véhicule et elles non plus.— Alors comment que ça se fait que tu connaisses cet endroit ?— C’est Paul qui m’a refilé le tuyau…Delphine tourne la tête vers son fiancé :— Le fou de voiture ? C’est vrai qu’il sillonne toutes les routes du coin. On se demande bien pourquoi, il embarque rarement des passagères ! Il est gay, à ton avis ?— Non, je ne pense pas. Je pense qu’il n’est pas intéressé par le sexe, comme une très infime partie de la population.— Eh bien, il ne sait pas ce qu’il rate !Elle se redresse pour mettre un pied dehors, respirer l’air de la campagne. Romain admire sa compagne faire quelques pas, entièrement nue. C’est à la fois attendrissant et diablement sexy ! Elle surprend son regard sur elle :— Mon gros filou apprécie la vue ?— Deux fois plutôt qu’une ! T’es une sacrée nana quand même !Elle se plante face à lui, les mains sur les hanches, un filet de sperme qui glisse le long de sa cuisse, seins arrogants :— Désolée pour toi, mon grand, il faudra t’y faire !Romain la capture pas la taille :— Pas de souci, je savais dans quoi je m’engageais en sortant avec toi.— Dans quoi tu t’engageais ? C’est charmant !— À ce propos, on recommence ?— Si j’en crois le machin que je sens contre mon ventre, je constate que tu es déjà d’attaque. Tu veux me prendre comment ?La réponse fuse aussitôt :— À quatre pattes dans le coffre, le cul vers l’extérieur !— Eh bé ! Tu as de ces exigences !L’instant d’après, Delphine reçoit à nouveau la visite d’un gros calibre en elle, ses hanches fermement agrippées par les larges mains de son amant qui la pistonne allègrement. En elle-même, elle se dit que son petit ami se libère de plus en plus, ce qui n’est pas plus mal. Elle se demande jusqu’où il osera aller prochainement… Un commencement de réponse arrive à ses oreilles :— Ah que c’est bon, mais bordel que c’est bon de troncher une belle garce comme toi !— Tu dis des gros mots maintenant ?— En pleine campagne, on peut en dire sans problème ! Mais si ça te choque…— Moi, être choquée ? Tu peux te lever de bonne heure ! C’est plutôt toi qui risques d’être choqué si je me laisse complètement aller !Pour toute réponse, il la pistonne de plus belle ! Bien que fortement secouée sous les coups de madrier, Delphine riposte :— Tu le prends comme ça, mon coco ?— C’est toi que je prends, ma jolie !— Eh bien, prends-moi à fond, mon salaud, mais fais-moi jouir !— Vos désirs sont des ordres, belle garce !Plein d’entrain, ses mains bien arrimées sur les hanches offertes, Romain se fait un plaisir d’aller et venir dans l’intimité mouillée de sa fiancée, alternant les phases douces avec les périodes plus viriles. Tandis qu’il plonge lentement et profondément, le jeune homme propose :— Et si tu te masturbais pendant que je fais ton affaire, ma jolie ?— Oh ! T’es bien pervers !— Je ne veux que ton plaisir, ma chérie, et le mien aussi.Et il le prouve sans complexe, bien décidé à profiter éhontément de sa fiancée et à la faire jouir par la même occasion. Romain sait comme s’y prendre, alternant les passages tendres avec les étapes plus violentes, en fonction de l’humeur de Delphine. Non, le manuel de fonctionnement de la jeune fille n’est pas aussi simple que de presser un bouton ou de faire tourner un potentiomètre. Il convient d’être adaptatif, et c’est ce qui plaît à sa petite amie.De ce fait, là maintenant, il agit comme un bourrin, car il sent intuitivement que c’est le bon comportement à avoir. Romain pistonne joyeusement, étant à la limite de l’échauffement malgré un vagin détrempé. Ses mains toujours fermement arrimées sur les hanches, le jeune homme résiste du mieux qu’il peut. Pas question de céder avant d’avoir entendu un premier cri de jouissance.Haletante, bousculée par les coups de boutoir, Delphine proteste mollement :— Oh, quel salaud ! T’es qu’un salaud, un gros salaud !— Tais-toi et jouis, petite chienne !À ces mots, la jeune fille vibre, poussant un premier cri. Un autre éclate, plus fort, tandis que son corps tremble complètement sous la jouissance qui s’empare d’elle.Enfin ! pense tout bas Romain, moi aussi je vais pouvoir me laisser aller !La pistonnant toujours pour se nicher au plus profond, il l’accompagne dans ses cris, tout en se vidant copieusement dans cet antre si accueillant qui débordera bientôt, les salissant tous les deux, les souillant, mais les rendant si heureux.Puis vient le flottement, le repos des corps alanguis, épuisés, vidés…Alanguie sur la couverture, épuisée, vannée, en sueur, Delphine récupère lentement :— Pfff, je dois être à moitié folle de faire ce genre de chose là !— Moi, j’aime beaucoup ce genre de folie !— Ben voyons ! Tu en tires avantage !— Du moment que je te tire, ma chérie, tout me va !— Pfff ! Espèce de gros crétin !En souriant, il l’attire à lui, elle se vautre toute frêle contre son large torse, ils s’embrassent langoureusement. Malgré l’inconfort et l’exiguïté du lieu, il ne faut pas bien longtemps pour qu’ils recommencent…Rentrée de septembreTandis que Delphine range sa chambre, elle entend comme un remue-ménage au rez-de-chaussée, puis des pas lourds et désordonnés dans l’escalier. Peu après, Romain déboule dans la pièce, totalement surexcité :— Chérie, c’est dingue ! On me propose un poste d’assistant aux States !— Attends, attends, calme-toi, et explique-moi ça lentement.Romain s’assied sur le rebord du lit, il patiente quelques secondes, Delphine se pose à côté de lui, posant sa main sur le genou de son voisin. Puis une fois calmé, le jeune homme reprend d’une voix plus paisible :— Tu te souviens du savant qui m’avait répondu, Oliver Simon…— Oui, je m’en souviens, j’avais même évoqué le fameux duo de chanteurs.— Eh bien, il a lu le mémoire que je lui avais envoyé, il a réussi à me contacter par téléphone chez mes parents, nous avons discuté et il me propose d’être son assistant !Delphine ouvre de grands yeux :— Sans blague ?— Je pourrais faire des études rétribuées, là-bas sous sa houlette, puis éventuellement passer à mieux, si j’approfondis le sujet de l’ancêtre du proto-indo-européen…— Eh, pas mal ! En effet !Aussitôt, Romain se relève et vient se planter face à sa fiancée. Sans attendre, il capture dans les siennes les menues mains de sa petite amie. Il la regarde intensément. Delphine cligne des yeux, assez intriguée. Puis soudain, il pose un genou à terre :— Delphine, tu veux venir vivre avec moi là-bas ?— Eeeh ?Romain poursuit :— On se marie, ça facilitera les choses, et on s’installe là-bas.— On se marie ? Mais ça ne fait même pas trois mois qu’on sort ensemble !— Ça fait six ans qu’on se connaît. Tu sais ce que je vaux, et je sais aussi ce que tu vaux, pas de surprise. Moi, je suis prêt à prendre le pari d’une vie de couple, même si tu sais être une sacrée chipie dans ton genre !Amusée, Delphine s’offusque faussement :— Tu as l’art des compliments, toi !— On s’établit là-bas pour quelques années pour commencer, tu poursuis tes études si ça te dit. En tout cas, je me vois mal séparé de toi ! Tu es indispensable !— Tu y vas franco, mon chéri ! C’est quand même une sacrée aventure loin d’ici, et mon anglais n’est pas fameux !Romain argumente :— En étant sur place, ton anglais fera un énorme bond en avant ! Ce qui te sera fort utile si nous revenons ici en France ou ailleurs.— Ce sont nos parents qui vont faire des énormes bonds si on s’envole pour les États-Unis ! Ton poste d’assistant est à pourvoir pour quand ?— ASAP (as soon as possible), au plus vite !Ses mains toujours captives, Delphine tente de reprendre pied :— Eh bé, tu n’y vas pas de main morte, toi ! C’est une sacrée décision…— Je sais, mais je sais aussi que toi et moi, c’est pour la vie !— Tu es bien catégorique, mon Romain ! J’avoue que c’est tentant, mais honnêtement, ça me fait un peu peur de quitter tout ça, pour aller carrément plonger dans l’inconnu.— Je serai là pour toi… je serai toujours là pour toi…Elle caresse sa joue :— Je sais, mon chéri…Puis délicatement, elle plonge ses doigts dans les cheveux bruns, et attire la tête de son petit ami entre ses seins. Ils restent longuement ainsi.25 ans plus tardEn cette fin de mois d’avril, diverses personnes se promènent nonchalamment sur cette longue digue qui sert de promenade, et qui borde l’océan, tel un rempart protégeant les basses terres de l’arrière-pays. Le changement climatique a fait que l’ancienne maxime « En avril, ne te découvre pas d’un fil » est devenue obsolète depuis quelques années pour la plus grande satisfaction du secteur touristique, mais moins pour celui de l’agriculture qui a dû changer certaines de ses habitudes.— Delphine ! C’est toi ?— Nathalie ? Qu’est-ce que tu fais ici ?— J’habite ici depuis dix ans, depuis mon remariage avec Didier. Lui, tu ne le connais pas.— Ah bon, tu habites maintenant sur la côte ? Tu es loin de chez toi, ici en bord de mer !— Oh, pas plus de cent kilomètres.Delphine désigne les deux jeunes personnes qui l’accompagnent :— Je te présente Adeline et Thomas, mes enfants.Avec un léger accent, les deux enfants disent bonjour, puis à l’initiative de leur mère, ils s’éloignent, continuant leur balade. Les regardant partir, Nathalie dit :— Ça, j’avais deviné ! Ton garçon ressemble énormément à Romain, et ta fille est presque ton portrait craché ! Et Romain, tu es toujours avec lui ?— Je suis toujours mariée avec lui, et tout va pour le mieux. Actuellement, Romain est retenu à un colloque, ici au Palais des Sports. C’est pour ça que nous sommes dans le coin, je fais visiter à mes enfants, en attendant qu’il se libère.Delphine fait quelques pas en compagnie de son ancienne camarade de fac. Celle-ci se souvient :— Je me rappelle bien que ton mari et toi étiez partis assez vite.— Oui, c’est vrai. Nous avons eu une belle opportunité, nous avons pesé le pour et le contre, et nous nous sommes dit que ce serait idiot de la laisser filer.— Oui, sans doute, mais de là à traverser l’Atlantique…— Pour ma part, je ne le regrette pas, et Romain non plus. Nous avons bougé par trois fois, toujours aux USA, actuellement, nous habitons en Géorgie, à la limite de la Floride. Nous revenons souvent voir nos parents.— Dans ce cas, si tu ne regrettes rien…Delphine demande :— Tu as des nouvelles des autres ?— Pas trop, j’ai un peu coupé les contacts depuis que je suis arrivée ici. Ce que je peux te dire, c’est que Nadège en est à son quatrième mari. Alain a mal tourné, il passe son temps à entrer et sortir de prison. Didier s’est recasé avec une Norvégienne et il est parti vivre là-bas. Attends… tu as aussi Véro, mariée, trois enfants, elle est devenue maire de sa petite commune. Magalie qui change toujours de bonshommes comme de chemises, et Paul qui aime beaucoup plus les voitures que les femmes.Delphine questionne à nouveau :— Et Alexandre ?— C’est vrai que je sortais avec lui quand vous êtes partis. Bien gentil, mais un peu simplet. Mais finalement, comparé à mon premier mari, c’était une crème ! Parfois, je me dis que j’ai peut-être fait une erreur en rompant avec lui. Je ne sais pas ce qu’il est devenu…— Et Martine ?— Ah Martine ! C’est un cas, la Martine ! Tu as sans doute su qu’elle avait épousé Pierre-Marie.Delphine hoche la tête :— Oui, je l’ai appris.— Eh bien, ça s’est mal terminé…— Ah bon ?— T’es pas au courant ? Pourtant ça a fait du foin à l’époque ! Je te raconte ça, tu vas voir, c’est dingue ! Comme elle était fortement croyante, elle ne voulait pas divorcer, même s’il était flagrant que son couple ne fonctionnait pas. Elle s’accrochait à son homme comme une sangsue. Du coup, il a dû fuir dans une ville voisine pour avoir la paix !— Eh bé !— Attends, c’est pas tout ! Elle l’a retrouvé ! Il s’est enfui à nouveau, mais elle l’a encore retrouvé. Ce petit manège s’est répété quatre-cinq fois.— Une vraie sangsue, en effet !Souriant intérieurement, Delphine songe pour elle-même :— Tu l’as échappé belle, mon chéri !Son interlocutrice s’anime encore plus :— Attends, c’est pas fini ! Le Pierre-Marie a ensuite mis le paquet, il s’est carrément sauvé en Amérique du Sud ! Au Brésil, je crois.— Ne me dis pas qu’elle l’a retrouvé ?— Si ! Alors il s’est barré en Australie après trente-six détours. Et c’est là que ça s’est mal terminé. Alors qu’il avait réussi à la semer durant trois ans et qu’il avait refait sa vie là-bas, Martine s’est introduite de nuit chez lui, enfin, chez eux, lui et sa nouvelle femme.— Et alors ?— Ben… elle a été stupidement descendue par la nouvelle compagne de Pierre-Marie, celle-ci a cru que c’était un voleur. L’Australienne a été acquittée. Aux dernières nouvelles, ces deux-là sont toujours en couple.Delphine ouvre de grands yeux, et murmure :Mais visiblement pas pour tout le monde.